Démantèlement Nucléaire

Démantèlement Nucléaire

Démantèlement nucléaire

Réacteur SL-1 retiré du Laboratoire national de l'Idaho (États-Unis) en janvier 1961.


Contrairement à une déconstruction, le démantèlement comprend la destruction de tous les composants, y compris les réacteurs ou charges explosives nucléaires. Il signifie l'arrêt total et définitif de l'exploitation, et implique la destruction des bâtiments et le traitement (incluant l'inertage quand cela est possible) puis l'évacuation des déchets radioactifs ou dangereux (pour des raisons de [toxicité chimique], en évitant les réutilisations illégales possibles).

La notion générale de démantèlement nucléaire décrit :

  • le démantèlement de systèmes d'armes nucléaires (notamment cadré par des conventions internationales visant à freiner la course aux armements) ;
  • le démantèlement d'engins à propulsion nucléaire (sous-marin, porte-avions, brise-glace...)
  • le démantèlement d'une installation nucléaire (militaire ou civile) ; La durée d'un démantèlement d'une centrale est aujourd'hui estimée à 30 ans (de l'arrêt du réacteur à la remise du site à l'état initial). Les matériels et équipements des réacteurs nucléaires ont été dimensionnés pour une certaine durée de vie (parfois revue à la hausse). Certains peuvent être remplacés pendant les arrêts périodiques du réacteurs (dit « arrêt de tranche »), d'autres ne le peuvent pas (ex : caisson, cuve du réacteur...).

Les trois étapes du démantèlement d'un réacteur sont classées comme suit :

  • Niveau I : mise à l'arrêt définitif (MAD) : déchargement du combustible du cœur du réacteur et son entreposage pendant deux ans en piscine de "désactivation" du bâtiment combustible, cela comprend :
    • la décharge du combustible nucléaire
    • la vidange des circuits
  • Niveau II : démantèlement partiel : destruction de tous les bâtiments en dehors du bâtiment abritant le réacteur, cela comprend :
    • la décontamination et destruction de tous les bâtiments en dehors du bâtiment abritant le réacteur nucléaire,
    • le confinement du bâtiment du réacteur nucléaire
  • Niveau III : démantèlement total : démantèlement du bâtiment réacteur, cela comprend :
    • le démantèlement des échangeurs thermiques
    • le démantèlement du bloc réacteur
    • la destruction du bâtiment du réacteur nucléaire

Sommaire

Coûts du démantèlement

Les coûts ne sont qu'estimés et pourraient évoluer selon les exigences réglementaires, le prix des métaux, les accidents ou surprises.
À terme, le démantèlement pourrait bien représenter la plus grosse part des dépenses que devront engager l’industrie nucléaire et les gouvernements qui l’ont soutenue.[1] Aux États-Unis (104 réacteurs), le Nuclear Regulatory Commission (NRC) évalue le coût du démantèlement à 300 millions de dollars par centrale nucléaire.

En France (58 réacteurs), les coûts de démantèlement des centrales du parc REP a fait l'objet d’une estimation en 1991 par le ministère de l'Industrie, à hauteur de 15 % du coût d'investissement net (hors intérêts intercalaires). Cette estimation sert de base à la constitution des provisions pour démantèlement sur la durée de vie des équipements concernés. Au 31/12/2005 cette provision s'élevait à 13,1 milliards d'euros[2]. Ces provisions sont des éléments de passif qui ne garantissent pas par eux-mêmes la disponibilité des fonds correspondants. À cette fin EDF constitue des fonds dédiés. Les engagements nucléaires font l'objet d'une supervision par le Comité de suivi des engagements nucléaires, rattaché au conseil d'administration de la société [3].
Fin 2003, la Cour des Comptes a évalué les fonds effectivement disponibles à 2,3 milliards d'euros. L'estimation de la Cour des Comptes pour le démantèlement du parc électronucléaire français était une fourchette de 20 à 39 milliards d'euros 2003, sommes cohérentes avec le mode d'estimation retenu par EDF et la durée de vie résiduelle des centrales, mais différentes des estimations du Royaume-Uni.
La Cour des Comptes évalue le coût du démantèlement de la centrale de Brennilis à 482 millions d'euros, soit 20 fois plus que l'estimation de la commission PEON qui est à l'origine du parc nucléaire actuel[4].
Un premier décret de 1996 a autorisé le démantèlement des parties périphériques au réacteur (moins radioactives) et un nouvel arrêté (9 février 2006) a autorisé le démantèlement, plus délicat, du bâtiment du réacteur. Mais cet arrêté a été annulé par le Conseil d’État le 5 juin 2007, pour défaut de présentation de l’enquête publique dans les délais réglementaires (Il appartenait au gouvernement « de tout mettre en œuvre » pour que les 700 000 habitants des 50 km alentours puissent consulter l'étude d'impact »).

Le site de Brennilis doit servir de test, mais n'est qu'une centrale de première génération (seul exemple en France de la filière à eau lourde) ; de 70 MW, alors que les prochains démantèlements concerneront des réacteurs de 900 MW et plus. Hormis les centrales, divers réacteurs expérimentaux et sites industriels nucléaires civils ou militaires seront aussi à démanteler. Le premier de grande taille à être démantelé en France est l'usine d'extraction du plutonium de Marcoule (UP1), pour un coût estimé de 5,6 milliards d'euros (plus que 10 fois supérieur à celui de Brennilis).

Diverses ONG rassemblée au sein du réseau Sortir du nucléaire reprochent à EDF d’avoir sous-estimé les coûts de démantèlement qui se compteraient en centaines de milliards d'Euros et non en dizaines de milliards comme l'a annoncé EDF ; La Grande-Bretagne prévoit 103 milliards d'Euros pour le démantèlement de son parc, qui est bien moins important que celui de la France.

Au Royaume-Uni (35 réacteurs), le démantèlement du réacteur de Windscale d'une puissance de 32 MW a coûté 117 millions d'euros. Le gouvernement a annoncé, le jeudi 30 mars 2006, sa décision de confier au secteur privé le démantèlement de ses centrales nucléaires, pour un coût estimé à 103 milliards d'euros [5].

En Allemagne (36 réacteurs), la centrale de Niederaichbach, un réacteur à eau lourde d'une puissance de 100 MW, a été arrêtée après 18 mois d'essais. Elle a été totalement démantelée pour un coût d'environ 90 millions d'euros. Le démantèlement des cinq tranches de 440 MW du site de Greifswald est évalué à plus de 4 milliards d'euros sur 20 ans.

Démantèlements dans le monde

Selon Nicholas Lenssen, en 1999, 94 réacteurs nucléaires ont été arrêtés définitivement, tandis que 429 continuaient de fonctionner dans le monde. Cela signifie qu’un réacteur sur 5,5 a été fermé, dont seuls quelques-uns ont été démantelés.

Démantèlement d'installations nucléaires en France


En France, en 2008, Neuf réacteurs étaient en cours de déconstruction :

Il faut y ajouter d'autres installations (listées ci dessous), dont plusieurs installation du CEA également en cours de démantèlement[7] ;

Installations démantelées ou en cours de démantèlement en France

  • Les réacteurs de puissance
    • La centrale des monts d’Arrée (EL4).
    • Les réacteurs de la filière uranium naturel-graphite-gaz (UNGG).
    • Le réacteur Chooz A D (centrale nucléaire des Ardennes).
    • Le réacteur Superphénix.
  • Les réacteurs de recherche
    • Le réacteur Rapsodie[8].
    • Le réacteur Harmonie [9],[10].
    • Les réacteurs Mélusine et Siloé.
    • Le réacteur universitaire de Strasbourg.
  • Les laboratoires et ateliers du CEA
    • L’atelier pilote de retraitement AT1.
    • L’atelier de fabrication de sources de césium 137 et de strontium 90 (ELAN IIB).
    • Les ateliers de traitement de l’uranium enrichi (ATUE).
    • Le laboratoire de découpage d’assemblages combustibles (LDAC).
    • Le laboratoire de chimie du plutonium (LCPu).
    • Le laboratoire d’études de combustibles à base de plutonium.
    • L’accélérateur Saturne.
    • L’accélérateur linéaire de Saclay (ALS).
  • Autres installations

D'autres réacteurs nucléaires sont à démanteler (définitivement arrêtés en 2006) :

Voir la liste des réacteurs nucléaires en France

  • Sous-marins nucléaires : En 2009, les 6 bâtiments de la série « Le Redoutable » sont retirés du service. « Le Redoutable est devenu un musée après les opérations de dénucléarisation (séparation et stockage de la tranche réacteur et décontamination éventuelle des autres compartiments) et de déclassification (enlèvement ou dénaturation des équipements classifiés)[11]. Les autres actuellement stockés à Cherbourg, à divers stades de dénucléarisation »[11]. La « déconstruction des coques de SNLE  » concerne environ 36 000 t de métal. Le démantèlement des sous marins, a été - pour le niveau III - « différée de plusieurs dizaines d’années » [11].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. Centrales nucléaires, une bombe à retardement ? - Le courrier de l'Unesco, 03/1999
  2. (fr) Comptes du groupe EDF 2005 p 82
  3. Source site EDF
  4. Rapport intégral de janvier 2005 page 119
  5. M. Blair confie au secteur privé le démantèlement de ses vieilles centrales nucléaires - Article du Monde publié le 1er avril 2006
  6. Communiqué de presse commun des associations AE2D (Agir pour l’Environnement et le Développement Durable) et Sortir du Nucléaire Cornouaille - publié le 26 octobre 2005
  7. Dossier Assainissement/Démantèlement sur le site internet du CEA Cadarache [pdf]
  8. le réacteur Siloette (CEA) a été déclassé le 15 août 2007 (date de publication au journal officiel); Note d'information Déclassement de l'installation nucléaire de base n°21 (réacteur de recherche Siloette - CEA Grenoble) sur le site internet de l'Autorité de sûreté nucléaire
  9. le réacteur Harmonie, du CEA au centre de Cadarache sur la commune de Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône), dont le démantèlement total s’est achevé le 5 octobre 2007 ; page "Les INB du Centre de Cadarache" sur le site internet du CEA Cadarache (lien vérifié le 14/05/2008).
  10. L'installation a été déclassée le 26 mai 2009 ; Arrêté du 26 mai 2009 portant homologation de la décision n° 2009-DC-0133 de l'Autorité de sûreté nucléaire du 31 mars 2009 portant déclassement de l'installation nucléaire de base n° 41, dénommée Harmonie, sur le territoire de la commune de Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône), JORF n°0132 du 10 juin 2009 page 9388.
  11. a , b  et c SYNTHESE DU RAPPORT SUR LE DEMANTELEMENT DES MATERIELS D’ARMEMENT (Ministère de la défense, 2008)


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