Déserter

Déserter

Désertion

La désertion est l'acte d'abandonner ou de retirer l'appui à une entité à laquelle quelqu'un avait prêté serment ou avait prétendu devoir allégeance, responsabilité ou loyauté.

Dans une unité militaire, la désertion est l'acte de quitter l'unité. La désertion est considérée très souvent comme un crime sérieux, particulièrement en temps de guerre, mais les peines varient très largement, de l'exécution à la simple décharge de devoir.

Sommaire

En France, sous l'Ancien régime

Les déserteurs étaient condamnés à mort, jusque l'ordonnance de Louis XVI, le 15 décembre 1776, qui leur impose la chaine et le boulet[1].

Première Guerre mondiale

  • En août 1914, l'état-major de l'armée française escomptait 13 % de réfractaires ; il n'y en eut que 1,5 %. Le nombre des condamnations pour désertion augmente brusquement pendant et après les mutineries de 1917 (21 174 en 1917).
  • Il y a eu environ 600 fusillés dans les rangs des troupes françaises, à la suite de condamnations prononcées pour refus d'obéissance, mutilations volontaires, désertion, mutinerie (en 1917), dont un certain nombre de soldats fusillés pour l'exemple[2].
  • 306 soldats de l'armée britannique furent fusillés pour désertion, mutinerie ou refus de combattre. Sur ce total, 266 militaires britanniques furent exécutés pour désertion durant ce conflit contre un seul durant la Seconde Guerre des Boers.
  • Officiellement, l'armée allemande n'a eu que 28 exécutions pour ce motif.

Seconde Guerre mondiale

  • 30 000 militaires allemands ont été condamnés à mort et 20 000 furent exécutés pour désertion et/ou trahison durant ce conflit par les tribunaux militaires nazis, certains le furent même quelques jours après la reddition du troisième Reich. Environ 100 000 personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement. En 2009, le Bundestag adopte une loi réhabilitant les condamnés comme « traîtres de guerre ».[3]
  • Les forces armées des États-Unis comptèrent environ 40 000 déserteurs officiellement recensés. 2 854 furent traduits en cour martiale, 49 condamnés à mort mais un seul fut exécuté : Eddie Slovik fusillé à Sainte-Marie-aux-Mines (France) le 31 janvier 1945. Les autres reçurent pour la plupart des peines de travaux forcés de moins de 6 mois.
  • Les chiffres concernant l'armée rouge ne sont guère précis mais on compta 450 000 désertions de juin à décembre 1941 durant l'opération Barbarossa, en majorité des soldats dont l'unité s'était disloquée et se retrouvant derrière les lignes ennemis. Les commissaires politiques et le NKVD avaient l'ordre de tirer à vue sur tout soldat n'obéissant pas aux ordres ou reculant devant l'ennemi. Des dizaines de milliers de prisonniers de guerre soviétiques libérés après la guerre furent jugés comme déserteurs.

Guerre du Vietnam

  • On estime à environ à 55 000 le nombre d'américains ayant déserté ou ne s'étant pas soumis aux obligations militaires.

Guerre en Irak

  • La chaîne américaine CBS a déclaré en novembre 2004 que le Département de la Défense reconnaissait 5 500 déserteurs en raison de la Guerre en Irak ; les autorités militaires américaines ont démenti ces assertions et indiqué qu'il s'agissait du nombre de militaires absents sans autorisation dénombrés depuis un peu plus de 2 ans, et que la plupart des cas sont dus à des emprisonnements civils, consécutifs à des crimes ou des délits commis en congé.
    Il a été allégué que le nombre de déserteurs est statistiquement élevé alors que le nombre de militaires américains absents sans autorisation a nettement diminué ces dernières années, passant de 4 597 en 2001 à 2 376 en 2004 pour l’US Army, et de 1 594 à 1 227 pour les US Marines. En 2006, un article paru dans une revue de l'USAF annonçait un total cumulé d'environ 40 000 déserteurs depuis l'an 2000.
  • La chaîne britannique BBC, le 28 mai 2006, avait sorti un article avec comme titre At least 1,000 UK soldiers desert, 1 000 désertions depuis le début du conflit, soit environ 350 par an, mais en 1999, on enregistra environ 2 000 cas de désertions dans l'armée britannique.

Désertion à la Légion étrangère

Au Maroc

  • Désertion D’Aïn el-Hadjar :[4] En 1909, 53 légionnaires, sous la menée d’un pseudo lieutenant de Pal, en réalité légionnaire Paul-Félix Kadur, tentent de déserter. Repris, ils sont jugés par le tribunal d’Oran. Les peines varient de simples mesures disciplinaires, à 18 ans de travaux forcés. Kadur, engagé en 1903 s’est fait remarqué à cette époque en prétendant avoir connaissance d’éléments concernant l’affaire Dreyfus. Présenté devant la cour de Cassation comme témoin, il déserte. Quelque temps plus tard, il rejoint les rangs de la Légion sous une autre identité.
  • Désertion de Casablanca :[5] Le 26 septembre 1908, 6 légionnaires : trois Allemands, un Suisse, un Autrichien et un Russe, tentent de fuir en s’embarquant clandestinement à Casablanca, avec la complicité de messieurs Luderitz, consul de l'empire Allemand et Just, vice-consul d’Allemagne. Découvert par la police militaire de la Légion et par le capitaine du port, le lieutenant de vaisseau Tournemir, ils sont remis à l’autorité militaire.

Lors de l’embarquement, une bagarre se déclenche entre les marins qui auraient été bousculés par le vice-consul. Ce dernier aurait été menacé par le révolver d’un marin, causant ainsi un incident diplomatique. Cette affaire faisant grand bruit est arbitré devant le tribunal de La Haye.

Les déserteurs sont jugés par le tribunal de Casablanca, présidé par le lieutenant-colonel du 2e régiment de tirailleurs. Les protagonistes sont condamnés à des peines allant de 10 à 5 ans de détention et écroués au fort Ilher.

Pendant que l’Allemagne profère des menaces devant l’attitude inqualifiable des marins français, une enquête découvre que depuis plusieurs mois, le vice-consul couvre une filière de désertion, dirigée par le correspondant de la Gazette de Cologne , monsieur Sievers.

En 1921, les combats ont pratiquement cessé. La Légion « casse du caillou. Le cafard s’installe et les désertions se font plus fréquentes. Le commandant Maire, réussit à freiner le nombre de déserteurs avec une formule décisive, il annonce aux autochtones : « Si vous me ramenez un déserteur, 20 francs pour vous ! Si vous ne ramenez que la tête, 100 francs ! »

Des militants communistes sèment la subversion et provoquent des désertions. Au Nord, les territoires espagnols de Mellila et Ceuta facilitent la tâche des candidats. Au Sud les tentatives finissent souvent de manière tragique. Dans le Tafilalet, deux compagnies sont prêtes à rejoindre la dissidence. Les meneurs sont arrêtés. Lors d’une tentative de fuite…, ils sont abattus par les goumiers.

En Indochine

Lors des séjours en Extrême-Orient (Indochine Française, concessions étrangères en Chine), quelques désertions ont lieu pendant la traversée, surtout dans le canal de Suez et aux escales techniques de Port-Saïd et de Singapour. En séjour, les désertions sont rares et souvent dues à des idéologies particulières. Un certain nombre de déserteurs rejoint les rangs de l’ennemi et parfois certains intègrent son armée avec des grades d’officiers supérieurs.

L'Allemagne, opposée à l'engagement de ses ressortissants dans la Légion étrangère, est souvent génératrice de filière de désertion, mais aussi en 1914, où les consuls d’Allemagne en Chine encouragent et aident leurs compatriotes à quitter les rangs de la Légion.

Deux catégories de désertions se détachent pendant la période indochinoise : Certains légionnaires anti-fascistes, nés autour de 1910, quittent l’Allemagne ou l’Autriche après janvier 1933 et trouvent refuge en France. Ils sont internés en septembre 1939 et certains entrent dans la Légion. Envoyés en Indochine, ils désertent et une douzaine rallient la résistance anti-coloniale par motivations politiques. Les autres, d’origine germanique, ont entre 17 et 25 ans en 1945. Perdus dans l’effondrement du IIIe Reich, ils souscrivent un contrat pour la Légion. Envoyés en Indochine, ils désertent et certains passent au Viêt minh pour diverses raisons. Durant la guerre de 1946 à 1954, le chiffre de 1 325 légionnaires est avancé. Tous se retrouvent dans les camps de prisonniers, mais certains rallient le Viêt minh.

Pendant la Bataille de Điện Biên Phủ, quelques légionnaires ont rejoint les « rats du Nam Young » dans la périphérie de la cuvette.

Le 20 février 1950, Erich Honecker, alors président du mouvement de la jeunesse est-allemande, fait appel aux soldats allemands au Vietnam, incorporés dans la Légion étrangère. « Il n’est pas compatible avec le futur et l’honneur de notre nation » qu’ils restent dans la Légion. Il invite ces soldats à rallier « le camp des révolutionnaires vietnamiens où se trouvent déjà beaucoup d’anciens légionnaires allemands ». Il promet l’amnistie et un emploi à ceux qui rentreront en République démocratique allemande. Le secrétaire général du Parti socialiste unifié, Walter Ulbricht, peu avant l’arrivée du premier transport d’anciens légionnaires du Vietnam, recommande que « par des interviews, des émissions de radio et des photos, une campagne publique doit avoir lieu à propos d’une campagne contre la militarisation de l’Allemagne de l’Ouest.»

Ainsi les anciens ralliés du Viet Minh sont utilisés, en RDA, dans la lutte politique et idéologique.

Entre mars 1951 et la fin de 1955, 761 hommes quittent le Viêt Bac par Pékin et Moscou pour Berlin en 7 rotations. D’autre part, parmi les cadres blancs du Viêt minh, Erich Frey et Georges Wächter gagnent l’Autriche en mai 1951; Rudy Schröder avec Walter Ullrich rejoignent Berlin en nov. Seul, Erwin Borchers reste à Hanoi jusqu’en 1965 (Source: les soldats blancs d'Ho Chi Minh).

En France

Le tribunal militaire de Nîmes se réunit trois fois par ans pour juger des désertions, essentiellement des légionnaires (estimées à 300 en 2007 pour un total de 8 000 hommes), la peine encouru est de 3 ans de prison.[6]

Articles connexes

Liens externes et sources

Notes et références

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