Eadbald

Eadbald

Eadbald de Kent

Eadbald
Roi de Kent

Règne
616-640
Prédécesseur Æthelbert
Successeur Earcombert

Autres fonctions
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Biographie
Décès 640
Père Æthelbert
Mère Berthe
Conjoint(s) Ne et Ymme
Descendance Eormenred
Earcombert
Eanswith
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Eadbald († 640) est roi de Kent de 616 à sa mort. Il succède à son père Æthelbert, qui a fait du Kent le royaume prédominant de l'Heptarchie et est devenu le premier roi anglo-saxon à se convertir au christianisme. L'accession au trône d'Eadbald signifie un revers pour l'expansion de l'Église, car il est encore païen à son avènement et ne se fera pas baptiser avant une période comprise entre un et huit ans. Il est finalement converti, soit par saint Laurent, soit par saint Juste. À la demande de l'Église, il se sépare de sa première femme, qui était sa belle-mère avant leur mariage. La seconde épouse d'Eadbald est Emma, une princesse franque, qui lui donne deux fils, Eormenred et Earcombert, et une fille, Eanswith.

L'influence d'Eadbald a été moindre que celle de son père, mais le royaume de Kent est suffisamment puissant pour ne pas figurer dans la liste des royaumes dominés par Edwin de Northumbrie. Le mariage d'Edwin avec Sainte Æthelburge, la sœur d'Eadbald, instaure de bonnes relations entre le Kent et la Northumbrie, qui semblent s'être prolongées pendant le règne d'Oswald. Quand Æthelburge s'enfuit vers le Kent en 633, à la mort d'Edwin, elle envoie ses enfants en Francie, par sécurité, craignant autant les intrigues de son frère que celles d'Oswald. La famille royale du Kent a conclu plusieurs mariages diplomatiques, parmi lesquels celui d'une nièce d'Eadbald, Eanflæde, avec Oswiu, roi de Northumbrie et frère d'Oswald, et de son fils Earcombert avec Seaxburge, fille du roi Anna d'Est-Anglie.

Eadbald est mort en 640 et son fils Earcombert lui succède. Eormenred est peut-être son fils aîné, mais s'il n'a régné, ce n'est uniquement que pendant sa jeunesse et associé à son père.

Sommaire

Biographie

Les débuts du royaume de Kent et les sources contemporaines

Les royaumes anglo saxons à l'époque d'Eadbald.

L'installation dans le Kent de peuples continentaux, principalement des Jutes, s'est achevée vers la fin du VIe siècle[1]. Æthelbert, le père d'Eadbald, monta probablement sur le trône en 589 ou 590, mais la chronologie est difficile à préciser[2]. D'après le chroniqueur Bède le Vénérable, Æthelberht exerça une prédominance, ou imperium, sur les autres royaumes anglo-saxons[3]. Cette domination a contribué à la richesse du royaume, sous forme de tributs, et le Kent était un puissant royaume à la mort d'Æthelbert, avec un commerce bien établi avec l'Europe continentale[4].

Les Bretons romains étaient nombreux à être chrétiens, mais les envahisseurs anglo-saxons étaient à la fois illettrés et païens. En 597, Augustin est envoyé par le pape Grégoire le Grand en Angleterre pour les convertir au christianisme. Augustin s'installe dans l'est du Kent, et réussit bientôt à convertir Æthelbert, qui donne à Augustin des terres à Cantorbéry. Deux autres souverains, Sæberth d'Essex et Redwald d'Est-Anglie, se convertissent également au travers de l'influence d'Æthelbert[5],[6].

Une source importance pour cette période de l'histoire du Kent est l'Histoire ecclésiastique du peuple anglais, écrite en 731 par Bède le Vénérable, un moine bénédictin de Northumbrie. Bède est d'abord intéressé par par la christianisation de l'Angleterre, mais apporte des informations intéressantes sur l'histoire séculière, notamment sur les règnes d'Æthelberht et d'Eadbald. Un des correspondants de Bède était Albinu, abbé du monastère de Saint-Pierre et Saint-Paul de Cantorbéry (rebaptisée depuis l'abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry). Une série de récits connus comme la légende de saint Mildrith (en) fournissent des renseignements complémentaires à propos des évènements des enfants d'Eadbald et des éclairages sur Eadbald lui-même. La Chronique anglo-saxonne, une collection d'annales réunies vers 890 dans le royaume de Wessex, apporte également des informations. D'autre sources regroupent les lettres papales, les listes des règnes des rois de Kent et des chartes anciennes. Ces chartes ont été rédigées pour enregistrer les donations faites par les rois à leurs fidèles ou à l'Église et représentent une des sources les plus anciennes en Angleterre. Aucun original ne s'est conservé jusqu'à nos jours, mais des copies en ont été faites par la suite[7].

Les ancêtres et la famille proche

Ascendance et parenté proche d'Eadbald

Les ancêtres d'Æthelbert, le père d'Eadbald, sont donné par Bède le Vénérable qui indique que la lignée est issue d'Hengist. Toujours selon Bède, le père d'Æthelberht était « Irminric, fils d'Octa[3] ». Irminric (aujourd'hui généralement prononcé Eormenric) apparaît également dans les généalogies du Kent, et les historiens ne mettent en doute ni son existence ni le fait qu'il ait régné sur le Kent[8]. Le nom de la mère d'Æthelbert ne s'est pas transmis jusqu'à nos jours, et l'on sait qu'Æthelberht s'est marié deux fois ; sa seconde épouse ne peut pas être la mère d'Eadbald, car ce dernier l'a épousée après la mort de son père. Il en découle que la mère d'Eadbald est probablement Berthe, première épouse d'Æthelbert et fille de Caribert Ier, roi franc de Paris[9].

Eadbald a une sœur, Æthelburg, qui est probablement fille de Berthe. Elle épouse Edwin, roi de Northumbrie, un des principaux rois du VIIe siècle. Il avait peut être un autre frère, nommé Æthelwald, ainsi que le suggère une lettre du pape adressé à Juste, archevêque de Cantorbéry entre 619 et 625, dans lequel est cité un roi du nom d'Aduluald, apparemment différent de Audubald, qui se réfère à Eadbald. Il n'y a pas de consensus parmi les actuels universitaires sur la manière d'interpréter ceci : « Aduluald » pourrait être une altération d'« Æthelwald », et cela indiquerait un autre roi, peut-être un sous-roi du Kent occidental[10] ; ou alors une mauvaise graphie d'un scribe qui se réfèrerait à Eadbald[11].

Selon la traditionnelle légende de saint Mildrith, Eadbald épouse en seconde noces une femme nommée Ymme et de sang royal franc[12], bien qu'une hypothèse récente propose qu'elle soit une fille du Erchinoald, maire du palais de Neustrie[9],[13].

Le Kent occidental et le Kent oriental

Les listes de règnes ne montrent qu'un seul roi régnant sur le Kent, mais la pratique des sous-rois est fréquente chez les Anglo-Saxons, et, à partir du règne de Clotaire, à la fin du VIIe siècle, c'est devenu une pratique courante que le Kent soit gouverné par deux rois, bien qu'il y en ait souvent un plus important que l'autre. Il est difficile de savoir si c'était le cas avant Clotaire. Des fausses chartes présentent une tradition selon laquelle Eadbald régnait pendant le règne de son père, probablement comme sous-roi du Kent occidental. La lettre papale peut être interprétée comme une indication d'Æthelwald, un frère d'Eadbald, et qualifié de roi ; s'il a réellement existé, il serait certainement une jeune roi d'Eadbald[10].

Les deux royaumes au sein du Kent sont le Kent occidental et le Kent oriental. Le Kent occidental offre moins de découvertes archéologiques que le Kent oriental pour cette période, et les découvertes dans le Kent oriental sont différentes, montrant des influences franques et jutes. Les preuves archéologiques, associées à la division politique des deux royaumes, semblent établir que l'origine des deux royaumes remonte à la conquête du Kent occidental à partir du Kent oriental, qui est la première zone où les envahisseurs se sont installés[14].

L'accession d'Eadbald et la réaction païenne

Eadbald monte sur le trône à la mort de son père, le 24 février 616, ou peut-être en 618. Bien qu'Æthelbert soit chrétien depuis 600 environ, et bien que sa femme Berthe ait également été chrétienne, Eadbald est encore païen. Berthe meurt quelque temps avant l'avènement d'Eadbald, et son père s'était remarié. Le nom de la seconde épouse d'Æthelbert ne nous est pas parvenu, mais il semble probable qu'elle était païenne, car à la mort de son premier mari, elle épouse Eadbald, son beau-fils : un mariage entre une belle-mère et un beau-fils était alors interdit par l'Église[2],[3].

Bède raconte que la répudiation du christianisme était une grave revers pour l'expansion de l'Église. Sæberht, roi de l'Essex, s'était converti sous l'influence d'Æthelberht, mais à la mort de Sæberht, à peu près à la même époque, ses fils exilent l'évêque de Londres Mellitus[3]. Toujours selon Bède, Eadbald a été puni de son incroyance par des « crises fréquentes de folie » et des possessions par un « esprit démoniaque » (peut-être fait-il allusion à des crises d'épilepsie)[3],[15], mais a fini par être convaincu de répudier sa femme et d'adopter la nouvelle religion[3]. La seconde femme d'Eadbald, Ymme, est franque[13], et il est fort possible que les relations entre le Kent et les Francs aient été un facteur important dans la conversion d'Eadbald. Il est possible que les missionnaires à Cantorbéry aient bénéficié d'un large soutien franc[11]. Dans les années 620, la sœur d'Eadbald se réfugie dans le Kent, mais envoie ses enfants à la cour du roi Dagobert Ier, en Francie ; en plus des relations diplomatiques, le commerce avec les Francs était également important. La pression franque a certainement joué en persuasion pour inciter Æthelbert à devenir chrétien, et la conversion et le mariage avec Ymme sont probablement le résultat de décisions diplomatiques[11],[16].

La fouille de deux tombes anglo-saxonnes des VIe et VIIe siècle dans le cimetière de Finglesham (en) a révélé un pendentif de bronze et une boucle avec les dessins liés les uns aux autres et clairement symbolique du culte du dieu Woden. Ces objets datent probablement de cette période de réaction païenne[17].

La chronologie de Bède

La chronologie de Bède du rejet de l'Église par Eadbald à sa conversion finale est très détaillée, mais présente quelques incohérences[11]. La version des évènements selon Bède se définit ainsi :

  • 24 février 616 : Mort d'Æthelberht et avènement d'Eadbald[3].
  • 616 : Eadbald conduit une réaction païenne contre le christianisme. Il épouse sa belle-mère, en violation des canons de l'Église, et refuse le baptême. À cette époque, Mellitus, évêque de Londres, est chassé par les fils de Saeberht d'Essex, et se réfugie dans le Kent[3].
  • 616 : Mellitus et Juste, évêque de Rochester, quittent le Kent pour la France[3].
  • 616/617 : Peu après le départ de Mellitus et de Juste, Laurent, archevêque de Canterbury, envisage de partir lui aussi pour la France, mais il a une vision de saint Pierre qui le fouette. Dans la matinée, il montre les cicatrices à Eadbald, qui se convertit[18].
  • 617 : Juste et Mellitus reviennent ensemble de France, « un an après leur départ ». Juste est rétabli à Rochester[3].
  • v. 619 : Laurent meurt, et Mellitus devient archevêque de Cantorbéry[19].
  • 619-624 : Eadbald fonde une église qui est consacrée par l'archevêque Mellitus[18].
  • 24 avril 624 : Mellitus meurt et Juste lui succède comme archevêque de Cantorbéry[19].
  • 624 : après la succession de Juste, le pape Boniface V lui écrit une lettre pour lui dire qu'il a lu dans les lettres du roi Aduluald (peut être une erreur de scribe pour Eadbald) la conversion au christianisme du roi. Boniface envoie le pallium avec cette lettre, ajoutant qu'il doit seulement servir à le célébration des « Saints Mystères »[20].
  • Vers 625 : Edwin de Deira, roi de Northumbrie, demande la main d'Æthelburg, sœur d'Eadbald. Eadbald lui répond qu'il doit lui permettre de pratiquer le christianisme et doit envisager de se baptiser[21].
  • 21 juillet 625 : Juste sacre Paulin archevêque d'York[21].
  • En juillet ou plus tard en 625: Edwin accepte les conditions et Æthelburg se rend en Northumbrie, accompagnée par Paulinus[21].
  • Pâques 626 : Æthelburg accouche d'une fille, Eanflæd[21].
  • 626: Edwin remporte une campagne militaire contre les Saxons de l'Ouest[21]. À cette époque, Boniface écrit à la fois à Edwin et à Æthelburg. La lettre à Edwin le presse de se faire baptiser et rappelle la conversion d'Eadbald. La lettre à Æthelburg mentionne que le pape a appris récemment la nouvelle de la conversion d'Eadbald, et l'encourage à travailler pour la conversion de son mari, Edwin[22].

Une chronologie alternative

Bien que le récit de Bède soit généralement accepté, une autre chronologie est proposée par D. P. Kirby. Ce dernier fait remarquer qu'il ressort clairement de la lettre de Boniface à Æthelburg que la conversion d'Eadbald est récente, et qu'il est impensable que Boniface n'en aie pas été informé plus tôt. Par conséquent, Eadbald doit avoir été converti par Juste, comme le montre la lettre de Boniface à Juste. Le pallium accompagnant la lettre précise que Juste était alors archevêque et la durée de l'archiépiscopat de Mellitus signifie que même si les dates de Bède sont erronées, Eadbald s'est converti au plus tôt en 621 et au plus tard en avril 624, quand Mellitus consacre une église fondée par Eadbald, ce qu'il fait avant sa mort durant ce mois d'avril 624. Le conte de la flagellation miraculeuse de Laurent doit être considéré comme une invention hagiographique tardive d'un moine de l'abbaye Saint Augustin[11].

Comme mentionné plus haut, il a été proposé que le roi « Aduluald » adressé dans la lettre à Juste est en fait un roi Æthelwald, peut-être un jeune roi du Kent occidental. Dans ce cas, cela signifierait que Laurent a converti Eadbald, et Juste a converti Æthelwald[10]. Il est aussi proposé que le pallium ne signifie pas que Juste soit archevêque, en raison des restrictions pour l'usage qu'il doit en faire ; cependant Bède utilise la même expression à propos du contenu de la lettre accompagnant le pallium remis à l'archevêque Augustin. Une autre possibilité est qu'il y avait en fait deux lettres. Dans ce cas, Bède a confondu la lettre accompagnant le pallium à une lettre félicitant Juste de la conversion, qui s'accorde au récit de Bède qui place cet évènement sept ans plus tôt ; mais les détails grammaticaux sur lesquels se basent cette hypothèse ne sont pas spécifiques à cette lettre, et a pour conséquence que la lettre est généralement considérée comme un document unique[11].

La lettre à Æthelburg montre clairement qu'elle était déjà mariée au moment où la nouvelle de la conversion d'Eadbald a atteint Rome. C'est tout à fait incompatible avec la date que donne Bède pour la conversion d'Eadbald, et il a été suggéré que le mariage d'Edwein et d'Æthelburg a été célébré beaucoup plus tôt, qu'Æthelburg est restée dans le Kent jusqu'en 625 avant de rejoindre son mari. Cependant, la lettre montre que Boniface pensait qu'Æthelburg vivait déjà aux côtés de son mari. Il en découle que la lettre à Juste est postérieure à celles à Edwin et à Æthelburg, bien que Bède affirme le contraire. Les lettres de Boniface à Edwin et à Æthelburg signalent qu'il tient la nouvelle de messagers, mais il écrit à Juste qu'il l'a appris de la bouche même du roi[11].

L'histoire selon laquelle le mariage d'Æthelburg dépendait de l'autorisation d'Edwin à la laisser pratiquer sa foi, laisse penser, depuis la remise en cause de la chronologie de Bède, que le mariage était négocié avant la conversion d'Eadbald. Dans ce cas, cela veut dire que c'est l'Église qui s'est opposé au mariage, et qu'Æthelburg aurait été baptisée avant Eadbald. L'histoire du sacre de Paulin pose également problème, car il n'a pas été sacré avant 625 et peut-être plus tard, après la date du mariage d'Æthelburg. Il toutefois pu se rendre d'abord en Northumbrie, puis devenir ensuite évêque[11].

Toutes ces informations modifient la chronologie de la manière suivante :

  • 616 : Eadbald conduit une réaction païenne contre le christianisme.
  • 616 : Mellitus et Juste, évêque de Rochester, quittent le Kent pour la France[3].
  • vers. 619 : Laurent meurt, et Mellitus devient archevêque de Cantorbéry[18].
  • début 624? : Juste convertit Eadbald. Des messagers partent annoncer la nouvelle à Rome[20]. À cette époque, le mariage d'Æthelburg avec Edwin est conclu, peut-être avant la conversion[21]. Eadbald fonde une église, qui est consacrée par Mellitus[18].
  • 24 avril 624 : Mort de Mellitus. Juste lui succède comme archevêque de Cantorbéry[19].
  • mi-624 : Edwin accepte les termes du mariage et Æthelburg se rend en Northumbrie, accompagné par Paulin[21].
  • plus tard en 624 : le pape est averti de la conversion d'Eadbald et écrit à Æthelburg et à Edwin[22].
  • encore plus tard en 624 : le pape apprend d'Eadbald sa conversion ainsi que la mort de Mellitus. Il écrit à Juste et lui fait parvenir le pallium[20].
  • 21 juillet 625 ou 626: Juste sacre Paulin comme évêque d'York[21].

Cette nouvelle chronologie augmente la durée de la réaction païenne, qui était d'une année selon le récit de Bède à environ huit ans. Cela représente un sérieux recul de l'Église[11].

Relations avec les autres royaumes anglais et avec l'Église

Descendance et alliances d'Eadbald

L'influence du Kent sur les autres royaumes anglo-saxons n'a pas été aussi importante sous Eadbald que sous le règne de son père. La perte de pouvoir d'Eadbald est visible dans son incapacité à rétablir Mellitus sur le siège épiscopal de Londres : selon Bède, son autorité sur l'Essex n'était pas aussi forte que celle de son père[18]. Toutefois, le prestige et la puissance du Kent étaient suffisants pour que les autres royaumes considèrent une alliance avec une parente d'Eadbald comme intéressante. Le mariage d'Edwin avec Æthelburge, sœur d'Eadbald, était aussi probablement motivé par le désir d'ouvrir des débouchés commerciaux avec le continent[23]. L'alliance était également précieuse pour Eadbald ; c'est peut-être cette alliance qui explique que la prédominance d'Edwin sur la Grande-Bretagne ne s'étendait pas sur le Kent[3],[21],[24]. Un autre facteur de la puissance d'Eadbald peut aussi résider dans la localisation de l'archevêché de Cantorbéry : Edwin est particulièrement conscient du statut métropolitain de Cantorbéry et prévoit de faire d'York un archevêché, avec saint Paulin comme premier titulaire[25]. Paulin finit par revenir dans le Kent, à la demande d'Eadbald et d'Honorius, pour devenir évêque de Rochester, et York n'est pas érigé au rang d'archevêché avant un siècle[26],[27]. Dans l'année qui suit la mort d'Edwin, en 633 ou en 634[27], Oswald monte sur le trône de Northumbrie, et il semble que ses relations avec Eadbald soient calquées sur celle d'Edwin avec Eadbald. Le successeur d'Oswald, Oswiu, épouse Enfleda, fille d'Edwin et nièce d'Eadbald, consolidant ainsi les relations entre le Deira et le Kent[28],[29].

Eadbald et Ymme ont eu une fille, Eanswith, qui fonde un monastère à Folkestone, dans le Kent, et deux fils, Earcombert et Eormenred. Eormenred est l'aîné des deux, et a pu avoir le titre de regulus, impliquant peut-être qu'il tint la jeune royauté du Kent. Il semble être mort avant son père, laissant Earcombert hériter du trône[13],[30]. Un autre fils, Ecgfrith, est mentionné dans une charte d'Eadbald, mais cette charte est un faux, probablement forgé au XIe siècle[31],[32].

Plusieurs des parents proches d'Eadbald sont impliqués dans des mariages diplomatiques. Le roi Anna d'Est-Anglie marie sa fille Sexburge, à Earcombert, et leur fille Eormenhild épouse Wulfhere de Mercie, un des rois les plus puissants à son époque. Eanflæd, nièce d'Eadbald, épouse Oswiu, roi de Northumbrie et le dernier des rois angles du nord à exercer, selon Bède, un imperium sur le sud de l'Angleterre. Eafe, petite-fille d'Eadbald, épouse Merewalh, roi de Magonsæte[33].

Le commerce et les relations avec les Francs

Il n'existe que peu de documents décrivant les aspects du commerce pendant le règne d'Eadbald. Il est certain que les rois de Kent ont établi un contrôle sur le commerce à la fin du VIIe siècle, mais on ne sait pas à quelle date ce contrôle débute. Les découvertes archéologiques suggèrent que l'influence royale s'exerce avant que les documents n'en parlent, et c'est peut-être Aethelbert, le père d'Eadbald, qui commença à contrôler le commerce aux dépens de l'aristocratie et à en faire un monopole royal. Le commerce avec le continent apporte au Kent un accès aux marchandises de luxe, ce qui lui donne un avantage auprès des autres nations anglo-saxonnes, et des revenus du commerce sont plus importants en eux-mêmes[34]. Les productions locales du Kent sont le verre et la joaillerie vendus aux Francs, et des marchandises provenant du Kent ont été trouvées dans des endroits aussi lointains que la vallée de la Loire, au sud de la Bretagne péninsulaire. Il y avait aussi probablement un commerce d'esclaves florissant. La prospérité de ce commerce est peut-être à la base de la perpétuation, bien qu'affaiblie, de l'importance du Kent pendant le règne d'Eadbald[4].

Les premières pièces frappées dans le Kent l'ont probablement été sous le règne d'Æthelbert, bien qu'aucune ne mentionne son nom. Ces premières pièces d'or sont probablement des shillings (scillingas en vieil anglais), mentionnées dans les lois d'Æthelbert[34]. Ces pièces sont aussi connues des numismates comme des « thrymsas »[35]. Les thrymsas sont connus dès le règne d'Eadbald, mais peu mentionnent son nom ; une seule frappée à Londres porte l'inscription « AVDVARLD ». Une hypothèse suggère que les rois n'avaient pas le monopole du battage de la monnaie au cours de cette période[34].

Les relations avec les Francs ne se limitent pas au commerce et aux mariages des rois Æthelbert et Eadbald avec des princesses franques. La petite-fille d'Eadbald, Eorcengota, devient nonne à l'abbaye de Faremoutiers, et son arrière-petite-fille Mildrith est nonne à Chelles. Quand Edwin est tué vers 632, sa veuve Æthelburge, escortée par Paulin, s'enfuit par la mer vers la cour d'Eadbald, mais, signe supplémentaire des liens avec les Francs, elle envoie ses enfants à la cour de Dagobert Ier, roi des Francs, pour les mettre à l'abri des intrigues d'Eadbald et d'Oswald de Northumbrie[16],[26],[28].

Décès et succession

Eadbald meurt en 640 et c'est son fils cadet Earcombert qui lui succède, selon la légende de saint Mildrith. Toutefois, le fils aîné Eormenred a peut-être été roi associé sous Eorcenbert, et la version des évènements de la légende de saint Mildrith peut être une tentative de discréditer les prétentions au trône des héritiers d'Eormenred[36].

Notes et références

  1. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 26.
  2. a  et b Kirby, Earliest English Kings, pp. 31–33, débat de la chronologie du règne d'Æthelbert.
  3. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k  et l Bede, Ecclesiastical History, bk. II, ch. 5, p. 111.
  4. a  et b Campbell et al., The Anglo-Saxons, p. 44.
  5. Bede, Ecclesiastical History, bk. I, ch. 25, p. 74.
  6. Kirby, Earliest English Kings, pp. 30–37.
  7. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 25.
  8. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 28.
  9. a  et b Yorke, Kings and Kingdoms, p. 29.
  10. a , b  et c Yorke, Kings and Kingdoms, pp. 32–33.
  11. a , b , c , d , e , f , g , h  et i Kirby, Earliest English Kings, p. 37–42.
  12. Après avoir hésité entre Théodebert II et Clotaire II, il semble qu'Ymme ou Emma soit fille de Clotaire II, pour des raisons chronologiques (en 618 le seul roi des Francs était Clotaire II) et onomastique (un petit-fils d'Eadbald et d'Ymme se nomme également Clotaire) (Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), éd. Patrick van Kerrebrouck, 1993 (ISBN 2-9501509-3-4), p. 98 ).
  13. a , b  et c Rollason, Mildrith Legend, p. 9.
  14. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 27.
  15. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 175.
  16. a  et b Yorke, Kings and Kingdoms, p. 39.
  17. Des commentaires et des photos de ces deux objets peuvent être trouvés dans S. Chadwick Hawkes, Finglesham. A Cemetery in East Kent et dans The Archaeology of Conversion: Cemeteries, tous deux inclus dans Campbell, The Anglo-Saxons, pp. 24–25 and 48–49.
  18. a , b , c , d  et e Bede, Ecclesiastical History, bk. II, ch. 6, p. 113.
  19. a , b  et c Bede, Ecclesiastical History, bk. II, ch. 7, p. 114.
  20. a , b  et c Bede, Ecclesiastical History, bk. II, ch. 8, p. 116.
  21. a , b , c , d , e , f , g , h  et i Bede, Ecclesiastical History, bk. II, ch. 9, p. 117.
  22. a  et b Bede, Ecclesiastical History, bk. II, ch. 10, p. 120.
  23. Kirby, Earliest English Kings, p.61.
  24. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 36.
  25. Kirby, Earliest English Kings, p.79.
  26. a  et b Bede, Ecclesiastical History, bk. II, ch. 20, p. 141.
  27. a  et b Kirby, Earliest English Kings, p.80.
  28. a  et b Kirby, Earliest English Kings, p.88.
  29. Kirby, Earliest English Kings, p.92.
  30. Yorke, Kings and Kingdoms, p.35.
  31. Voir Ecgfrith à Prosopography of Anglo-Saxon England. Consulté le 22 September 2007. Le texte de la charte peut être consulté à Anglo-Saxons.net S 6, Sean Miller. Consulté le 22 septembre 2007
  32. Stenton, Anglo-Saxon England, p. 141.
  33. Kirby, Earliest English Kings, p.43.
  34. a , b  et c Yorke, Kings and Kingdoms, p. 40.
  35. M.A.S. Blackburn, "Coinage", in Lapidge, Encyclopedia of Anglo-Saxon England, pp. 113–116.
  36. Kirby, Earliest English Kings, p.44.

Voir aussi

Articles connexes

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Eadbald of Kent ».

Sources primaires

Sources secondaires

  • (en) James Campbell, Eric John et Patrick Wormald, The Anglo-Saxons, Penguin Books, London, 1991 (ISBN 0-14-014395-5) 
  • (en) D.P. Kirby, The Earliest English Kings, Routledge, London, 1992 (ISBN 0-415-09086-5) 
  • (en) Michael Lapidge, The Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Blackwell Publishing, Oxford, 1999 (ISBN 0-631-22492-0) 
  • (en) D.W. Rollason, The Mildrith Legend: A Study in Early Medieval Hagiography in England, Leicester University Press, Atlantic Highlands, 1982 (ISBN 0-7185-1201-4) 
  • (en) Frank M. Stenton, Anglo-Saxon England, Clarendon Press, Oxford, 1971 (ISBN 0-19-821716-1) 
  • (en) Barbara Yorke, Kings and Kingdoms of Early Anglo-Saxon England, Seaby, Londres, 1990 (ISBN 1-85264-027-8) 

Liens externes

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