Ecoles allemandes d'orgue

Écoles allemandes d'orgue

Les pays germaniques regroupés au sein du Saint Empire Romain Germanique ont connu durant la période baroque plusieurs écoles allemandes d'orgue se rattachant aux traditions de Sweelinck d'une part, de Frescobaldi d'autre part.

Les élèves de Sweelinck furent très nombreux parmi les organistes d'Allemagne du nord, et eux-mêmes (au nombre desquels particulièrement Samuel Scheidt et Heinrich Scheidemann) formèrent de nombreux et talentueux disciples de la génération précédant Johann Sebastian Bach : cette tradition culmine dans l'œuvre de Dietrich Buxtehude.

Les musiciens d'Allemagne méridionale (pays restés de culture catholique) faisaient généralement le voyage en Italie pour y recevoir les leçons des grands maîtres tels Giacomo Carissimi, Girolamo Frescobaldi, Bernardo Pasquini ... ainsi de Johann Jakob Froberger, Johann Kaspar Kerll, Johann Joseph Fux, Georg Muffat. Ils n'hésitaient pas, le cas échéant, à se convertir au catholicisme, condition sine qua non pour se rendre à Rome dont le pape était le souverain temporel.

Ainsi l'Allemagne devint une sorte de carrefour de la culture musicale européenne, car les échanges entre artistes étaient nombreux. D'ailleurs, Frescobaldi avait lui-même fait un séjour dans les Pays-Bas espagnols, et il n'est pas impossible qu'il ait pu rencontrer Sweelinck.

La situation en Allemagne est très différente de celle de la France à la même époque : dans ce pays unifié et très centralisé, Paris est le centre prépondérant de la culture en général et de la musique en particulier - les musiciens y sont employés de façon exclusive par l'Église catholique. Au contraire, les pays germaniques sont politiquement et religieusement divisés, ce qui favorise la multiplication des centres de rayonnement culturel local ainsi que la diversité liturgique.

En ce qui concerne les « écoles » d'orgue, on en distingue en général trois :

L'école d'Allemagne du Nord (Norddeutsche Orgelschule)

• à Hambourg
  • les Praetorius ;
  • Heinrich Scheidemann, élève de Sweelinck ;
  • Matthias Weckmann ;
  • Johann Adam Reinken ;
  • Christian Ritter ;
  • Vincent Lübeck ;
  • Johann Mattheson ;
• à Lübeck
  • Franz Tunder
  • Dietrich Buxtehude ;
• à Lunebourg
  • Georg Böhm ;
• à Husum
  • Nikolaus Bruhns ;
• à Schleswig
  • Johann Nikolaus Hanff ;
• à Dantzig
  • Paul Siefert, élève de Sweelinck ;
• à Stockholm
  • Andreas Düben, élève de Sweelinck.

L'école d'Allemagne centrale

• Samuel Scheidt, élève de Sweelinck (à Halle) ;
• Johann Kuhnau (à Leipzig) ;
• Johann Gottfried Walther (à Weimar) ;
• Friedrich Wilhelm Zachow, maître de Haendel (à Halle).

L'école méridionale

Bavière et Autriche sont les bastions du catholicisme

• Johann Jakob Froberger, élève de Frescobaldi ;
• Johann Kaspar Kerll, élève de Frescobaldi et Carissimi ;
• Johann Pachelbel, élève de Kerll, lié aux Bach ;
• Georg Muffat formé à Paris, a séjourné en Italie ; a travaillé avec Lully et Corelli ;
• Johann Speth ;
• Johann Caspar Ferdinand Fischer, a peut-être été en contact avec Lully.

Quant à Johann Sebastian Bach, si géographiquement il se rattache à la seconde, il doit plutôt être considéré comme le musicien qui opère, presque seul, la synthèse de ces différents courants ainsi d'ailleurs que de la tradition française (il a recopié de sa main le livre de Nicolas de Grigny et l'on sait que le thème de sa grande « passacaille et fugue » est issu d'une pièce d'André Raison). Il a de plus rencontré personnellement plusieurs de ces artistes : Buxtehude auquel il rend une visite de plusieurs semaines à Lübeck, Reincken et Lübeck à Hambourg, Böhm pendant son apprentissage à Lüneburg. Il a étudié de façon approfondie l'ensemble de la production organistique de ses prédécesseurs et contemporains, et il a su, en intégrant ces diverses influences, se former un style très personnel et vraiment inégalable.

• Voir : ses œuvres pour orgue.

Les formes

Les œuvres des organistes allemands peuvent se classer en trois grandes catégories :

• Le prélude de choral et ses différentes déclinaisons (harmonisé, varié, fugué, figuré, orné, etc.) - cette forme est plus spécifique aux régions de religion protestante - et, précisément, luthérienne ;
• les pièces d'improvisation et de virtuosité (préludes, toccatas, fantaisies, ...) caractérisent surtout les œuvres des artistes du nord (le stylus fantasticus) quand les méridionaux cultivent les formes plus archaïques héritées de l'Italie (canzon, cappriccio notamment) ;
• les pièces fuguées, avec un contrepoint souvent très développé. Elles ont un caractère plus brillant dans le nord, plus intériorisé dans le sud.

D'une façon générale, leur pièces sont de proportions beaucoup plus importantes que celles de leur homologues français.

Les organistes de l'école hambourgeoise opèrent une fusion des deux derniers types de compositions dans des œuvres de grandes proportions, comportant des alternances de mouvements libres et de mouvements fugués (Lübeck, Buxtehude, Bruhns etc. et à leur suite J.S. Bach).

voir aussi

• Musique d'orgue
• Musique baroque
• École française d'orgue
• Les organiers Verschneider : Constructeur d'orgue de l'Est de la France

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