Edmond Louis Alexis Dubois de Crancé

Edmond Louis Alexis Dubois de Crancé
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Dubois-Crancé
AduC 256 Dubois de Crancé (E.L.A., 1747-1814).JPG
Naissance 14 octobre 1747
Charleville
Décès 28 juin 1814 (à 66 ans)
Rethel
Origine Drapeau de France France
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Drapeau français Royaume des Français
Drapeau français République française
Arme Mousquetaires du roi
Armée du camp devant Lyon
Grade Adjudant-général
Années de service 1761 - 1793
Conflits Guerres de la Révolution française
Faits d'armes Siège de Lyon
Autres fonctions Député aux États généraux de 1789
Député à la Convention
Député au Conseil des Cinq-Cents
Ministre de la Guerre

Edmond Louis Alexis Dubois de Crancé, ou Dubois-Crancé, né à Charleville, le 14 octobre 1747, et mort à Rethel, le 28 juin 1814, fut un homme politique français et un général de la Révolution française.

Sommaire

Biographie

Origine et début de carrière militaire

Dubois de Crancé est issu d'une famille de petite noblesse traditionnellement engagée dans l'armée du roi. Il est tout d'abord engagé comme mousquetaire du roi à l'âge de quatorze ans, avec dispense d'âge. En 1775 sa compagnie est licenciée, ce qui le contraint à se retirer à Châlons-sur-Marne puis à Balham.

Député à la Constituante

Un patriote partisan de la conscription nationale

Dubois de Crancé, député de l'Assemblée nationale constituante

Son éloquence le fait élire député du tiers état de Vitry-le-François aux États généraux de 1789. Patriote avancé, il prête le serment du Jeu de paume[1], puis entre dans les différents comités de l'Assemblée nationale constituante, le comité des subsistances, celui des finances et enfin celui de l'armée. En décembre 1789 il prononce un rapport dans lequel il constate le désordre des armées et prône le service militaire obligatoire: « Il faut une conscription vraiment nationale… Il faut que chaque homme, dès que la patrie sera en danger, soit prêt à marcher [...] J’établis pour axiome qu’en France tout citoyen doit être soldat et tout soldat citoyen, ou nous n’aurons jamais de constitution. »[2] En cela il soutient le principe d'armée nationale émis par certains philosophes des Lumières.

Le jacobin

Après les journées d'octobre 1789 qui voient le transfert de la Constituante à Paris, Gourdan trouve à louer la bibliothèque des Jacobins de la rue Saint-Honoré pour le nouveau club qui prend dès lors le nom de Société de la Révolution puis de la Société des Amis de la Constitution avec Isaac Le Chapelier comme premier président et Dubois-Crancé comme secrétaire. À partir de là, l'histoire du Club breton se confond avec celle des Jacobins à ceci près que lorsque les députés bretons ont besoin de discuter d'affaires propres à leur province, ils se réunissent alors au bureau 24 de la salle du Manège.

Sous la Législative

Les constituants ne pouvant légalement être membres de l'Assemblée législative, il reprend du service et devient adjudant-général, aide de camp du général Wimpffen puis du prince de Hesse. En mai 1792 le ministre de la Guerre Servan le charge de surveiller les troubles royalistes du Midi. Dans un rapport à l'assemblée il s'en prend à la négligence de la défense de Perpignan par l'ancien ministre Narbonne, qu'il qualifie de traître.

Dans le même temps Dubois-Crancé publie Le véritable portrait de nos législateurs ou galerie des tableaux exposés à la vue du public du 5 mai 1789 jusqu'au 1er octobre 1791, une série de biographie des constituants dans laquelle il fait notamment l'éloge mesuré de Robespierre, homme sincère de principe certes, mais un peu dogmatique à se yeux. Il s'y montre nettement plus favorable à Pétion ; celui-ci ayant été membre actif de la société des Amis des Noirs, il en tire profit pour clamer sa philosophie antiesclavagiste. Il se montre très violent à l'encontre de Barnave, qu'il accuse d'avoir causé les troubles de la colonie en révoquant le 24 septembre 1791 le décret du 15 mai, et de Lafayette qui le même jour trahit les mulâtres en s'absentant de l'assemblée.

La Convention

Mission dans le Midi

Dubois-Crancé, par David

Élu dans plusieurs départements (Ardennes, Isère, Var) à la Convention nationale, Dubois-Crancé opte pour les Ardennes. Il siège avec les Montagnards. Promu adjudant-général colonel, il devient aussitôt commissaire à l’armée du Midi avec ses collègues Lacombe-Saint-Michel, officier d'artillerie, et Gasparin, capitaine d'infanterie, notamment en vue de faire exécuter le décret prononçant la destitution du général Montesquiou, et pourvoir à tous les remplacements nécessaires. Il s'y fait remarquer par l'exaltation de ses opinions démocratiques.

Il est ensuite envoyé en mission auprès de l'armée du Nord en compagnie de Danton.

Le procès de Louis XVI

Le 9 décembre 1792 il fait partie de la délégation chargée d'annoncer à Louis XVI qu'il était autorisé à se choisir un défenseur. Il prend position pour que la Convention nationale juge le roi. Lors du procès du roi, il vote pour la culpabilité, contre la ratification du peuple, pour la mort et contre le sursis.

Au Comité de Défense générale

Dubois-Crancé est élu président de l'assemblée le 21 février 1793, après deux tours de scrutin contre Gensonné, le candidat de la Gironde.

Le 26 mars 1793, il fait partie des vingt-cinq membres du nouveau Comité de défense générale, appelé Commission de salut public, ancêtre du Comité de Salut Public, instauré par le décret du 6 avril 1793. Il inspire les mesures qui donnèrent plus de cohésion aux armées républicaines, en particulier l’amalgame (loi du 21 février 1793). Il fait décréter que désormais les soldats de l'armée républicaine auraient la même paye, le même uniforme, la même discipline et les mêmes règles concernant le recrutement et la promotion des officiers. Merlino son ancien collègue du Comité de défense générale compléta ultérieurement sa réforme par la mise en place de l'embrigadement consistant à fondre dans une même unité deux bataillons de volontaires avec un bataillon de ligne[3]. Ennemi des Girondins, il vote contre la mise en accusation de Marat.

Le siège de Lyon

Barère, qui ne l'aime pas, parvient à éloigner Dubois-Crancé au printemps 1793 en le faisant nommer commissaire à l'armée des Alpes. Il fut promu général de brigade le 8 mars 1793. C'est ainsi lui qui dirige le siège de Lyon en compagnie de son collègue Gauthier des Orcières et du général Kellermann. Le 7 août 1793 il adresse une proclamation aux révoltés lyonnais leur promettant la vie sauve en échange de la reddition immédiate. Les Lyonnais répliquent en mettant sa tête à prix.

La lenteur du siège et l'attitude prudente de Dubois-Crancé le font soupçonner de modérantisme par les Jacobins et notamment par Couthon, l'ami de Robespierre envoyé en mission dans la cité rhodanienne. Lorsque le commandant rebelle Précy et ses lieutenants parviennent à s'échapper, il est accusé d'avoir facilité leur fuite. Et en effet, il semblerait que les fédéralistes se soient échappés par une porte gardée par la colonne commandée par Dubois-Crancé[4].

Le 12 octobre 1793 le Comité de Salut public le décrète d'arrestation. Il parvient cependant à se justifier dès le 19 et est blanchi par la Convention grâce à l'intervention de Merlin de Thionville.

Intrigues politiques et mission dans l'Ouest

Dubois-Crancé reprend alors sa place au Comité de la Guerre dont il est le président. Le 12 décembre 1793, lorsque les dantonistes Bourdon de l'Oise et Merlin de Thionville demandent le renouvellement du Comité de Salut public, il est un de leurs candidats à la succession des commissaires sortants mais la manœuvre échoue, compromettant encore plus Dubois-Crancé auprès de Robespierre.

Cela ne l'empêche pas de repartir en mission dans l'Ouest afin d'accélérer l'embrigadement des troupes. Il organise plusieurs cérémonies d'amalgame réunissant des anciens soldats royaux, des volontaires, des requis, mais aussi la population. Il donne également de se personne dans la lutte contre la chouannerie, combattant à Nantes, Rennes et Brest pendant le printemps 1794.

Thermidor et la lutte à mort contre Robespierre

Malgré ses états de service, Dubois-Crancé reste suspect aux yeux de Robespierre, Barère et Couthon. Ce dernier obtient son rappel en juillet 1794 alors qu'il se trouve à Saint-Malo. A peine revenu à Paris, il est exclu du Club des Jacobins, mesure qui précède souvent l'envoi à la guillotine.

Plutôt que de se laisser déférer devant le Tribunal révolutionnaire, il décide de se présenter à la barre de la Convention le 7 thermidor, 25 juillet 1794. Se défendant de son action à Lyon, il prétend que Robespierre s'est trompé sur son compte et qu'il reconnaîtra bientôt son erreur. Mais il échoue à émouvoir l'assemblée, et n'obtient qu'un rapport sur sa conduite que le Comité doit remettre trois jours plus tard.

Le surlendemain a lieu le 9 thermidor et la chute de Robespierre. Sa vie ne tient qu'à un fil au cours de cette journée fatidique, puisqu'il est mis hors la loi par la Commune insurrectionnelle de Paris. La mort de l'Incorruptible et de ses amis le sauve ainsi très certainement de l'échafaud. Il est réintégré par les Jacobins dès le 15 thermidor (2 août 1794).

La Convention thermidorienne

De retour au Comité militaire après thermidor, Dubois-Crancé fait rendre une loi sur l'embrigadement. Le 7 décembre 1794 il entre au Comité de Salut public où il prend en charge avec Carnot les affaires militaires. Il reste cinq mois au Comité avant d'être remplacé le 4 avril 1795 par le royaliste Aubry.

Il s'occupe ensuite des questions agricoles et financières avant de devenir après l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire membre de la commission des Cinq chargée de maintenir l'ordre dans la capitale.

Fonctions sous le Directoire

Député du Var au Conseil des Cinq-Cents, Dubois-Crancé siège peu et devint inspecteur général de l'armée du Rhin. Il garde néanmoins ses opinions jacobines et n'hésite pas à déclarer que l'on a eu tort de supprimer la loi sur le maximum. Aux élections législatives de 1797 il n'est pas réélu et abandonne ainsi provisoirement la vie politique.

Ministre de la guerre du 14 septembre 1799 au 10 novembre de la même année, il fit adopter plusieurs projets pour l'organisation générale de l'armée, l'embrigadement des troupes et la formation de l'infanterie légère. Le 18 brumaire, il presse le Directoire de faire arrêter Bonaparte, mais il n'obtient pas satisfaction.

Retraite

Méprisé par le nouveau maître du pays, Dubois-Crancé perd son ministère, ce qui met un terme à sa carrière politique. Il quitte alors l'armée et se retire à Balham, dont il devient le maire. Il se consacre à l'organisation de la Société d'agriculture, des arts et du commerce de Mézières et publie plusieurs ouvrages.

Dubois-Crancé est mort à Rethel, le 28 juin 1814, âgé de 66 ans.

Source

  • « Edmond Louis Alexis Dubois de Crancé », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition]
  • Annie Crépin, « Analyse de la Révolution Française, suivie du compte rendu de son administration au Ministère de la Guerre », Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 341 | juillet-septembre 2005.
  • Jean- Paul Bertaud, "Dubois-Crancé"[ dans Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF,1989, collection Quadridge 2005.
  • Edna Le May (dir), "Dubois Crancé (Edmond-Louis)" dans Dictionnaire des constituants, 1789-1791, Paris, Centre d'Etudes d'histoire du XVIIIème siècle, 1991, 2 vol, tome 1.
  • Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs dans la Révolution française(1789-1795), Paris, Karthala, 2002.

Notes et références

  1. Le peintre David dans son célèbre "Serment du Jeu de Paume" représenta son ami Dubois-Crancé parmi les acteurs du "Serment", debout sur une chaise. On connait une étude préparatoire à ce tableau, un dessin du peintre qui montre Dubois-Crancé nu (cette étude est vendue aux enchères à Bruxelles le 23 mai 2007).
  2. Soboul, p.371
  3. BN 8 Le 38-411, rapport imprimé par ordre de la Convention
  4. Gérard Walter, Robespierre, Gallimard, coll. « NRF biographies », 1989, p.615-616.


Précédé par Edmond Louis Alexis Dubois de Crancé Suivi par
Jean-Jacques Bréard
Président de la Convention nationale
(21 février - 7 mars 1793)
Armand Gensonné
Lazare Carnot
Membre du Comité de Salut Public chargé de la Guerre
(7 décembre 1794 - 7 avril 1795)
François Aubry
Jean-Baptiste Jules Bernadotte
Ministre français de la Guerre
(14 septembre - 10 novembre 1799)
Louis-Alexandre Berthier

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