Edward Gough Whitlam

Edward Gough Whitlam

Gough Whitlam

Gough Whitlam, à 88 ans avec Mark Latham (septembre 2004)

Edward Gough Whitlam, né le 11 juillet 1916 à Melbourne en Australie, est un homme politique travailliste qui fut le vingt et unième premier ministre d'Australie du 5 décembre 1972 au 11 novembre 1975.

Après avoir raté de peu la majorité aux élections fédérales de 1969, Whitlam amena le parti travailliste à la victoire aux élections de 1972 après 23 ans de gouvernement conservateur. Il remporta de nouveau les élections en 1974 mais fut démis de ses fonctions en 1975 par le gouverneur général Sir John Kerr après une crise constitutionnelle prolongée provoquée par un refus de l'opposition de faire voter un projet de lois de finances par le Sénat et il perdit les élections qui s'en suivirent. C'est le seul Premier Ministre à avoir été démis de ses fonctions par le gouverneur général en utilisant son droit de réserve. Bien que son gouvernement soit resté peu de temps en fonction, beaucoup de ses lois sont encore connues à l'heure actuelle comme la création de Medicare. Son style "présidentiel", la politique de progrès qu'il mena, la façon dont il fut démis de ses fonctions par le gouverneur général et la perte de la majorité qui s'en suivit provoquent encore d'intenses discussions à l'heure actuelle.

Sommaire

Jeunesse

Gough Whitlam est né à Kew, un quartier de Melbourne. Son père, Fred Whitlam, était un fonctionnaire fédéral qui travailla comme conseiller juridique du gouvernement. L'engagement de son père dans la défense des droits de l'Homme eut une profonde influence sur lui. Whitlam fit ses premières études à Sydney puis à Canberra où il devint l'ami de Francis James. Whitlam étudia ensuite le droit à l'université de Sydney. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engagea comme navigateur dans les forces royales aériennes australiennes. Il acheva ses études après la guerre et fut admis comme avocat en Nouvelle-Galles du Sud en 1947.

Le 22 avril 1942, il épousa Margaret Dovey, fille du juge Bill Dovey avec qui il eut trois garçons et une fille. Margaret Whitlam est connue pour son esprit acerbe comparable à celui de son mari et est un auteur connu ainsi qu'une ancienne championne de natation. Pour le soixantième anniversaire de mariage, il demanda d'enregistrer le record d'"endurance matrimoniale" pour un couple politique[1].

Un de ses fils, Nicholas, devint un banquier célèbre et un personnage controversé en raison de son comportement. Un autre, Tony, fut pendant quelque temps député fédéral avant d'être nommé juge en 1993 à la cour fédérale australienne puis en 1994 à la cour suprême du Territoire de la capitale australienne. Son troisième fils est diplomate[2]. Sa fille, Catherine Dovey (née en 1954) a travaillé comme juge d'application des peines (Parole Board) en Nouvelle-Galles du Sud.[3]

Premières années politiques

Le facteur déclenchant de l'entrée en politique de Whitlam fut le référendum d'après guerre du gouvernement Chifley pour augmenter les pouvoirs du gouvernement fédéral. Il rejoignit le parti travailliste en 1945 et fut candidat travailliste aux élections législatives de Nouvelle-Galles du Sud en 1950, une élection qu'il fut heureux par la suite d'avoir perdu. Quand Hubert Lazzarinile, député fédéral de Werriwa, mourut en Whitlam le remplaça en étant élu aux élections partielles du 29 novembre 1952.[4]

Connu depuis l'enfance pour son érudition, son éloquence et son esprit critique, il devint rapidement l'un des meilleurs orateurs du parti et l'un des rares à pouvoir affronter Robert Menzies sur les bancs du Parlement.

Après les années de succès électoral de John Curtin et de Ben Chifley, les années 1950 furent des années difficiles pour le parti travailliste avec ses divisions internes. La coalition parti Libéral - Country Party conduite par Menzies remporta les élections fédérales de 1949 et garda le pouvoir pendant 23 ans. Chifley mourut en juin 1951. Son successeur, H.V. Evatt, n'avait pas les capacités d'arrondir les angles de Chifley.

Whitlam admirait beaucoup Evatt et le soutint loyalement pendant toute la période où il fut chef du parti à une époque marquée par la division du parti en 1955, quand l'aile droite catholique du parti le quitta pour former le Democratic Labor Party (DLP). En 1960, après avoir perdu trois élections, Evatt démissionna et fut remplacé par Arthur Calwell et Whitlam remporta le poste de second du parti contre le vétéran Eddie Ward. Calwell fut à deux doigts de remporter les élections fédérales de 1961mais perdit progressivement du terrain après cet échec.

Le parti travailliste avait été créé pour représenter les classes laborieuses au Parlement et continuait de regarder ses élus comme les serviteurs du parti qui devaient se plier aux décisions officielles du Parti. Ceci conduisit à la célèbre caricature des hommes sans visage parue en 1963 qui montre Calwell et Whitlam attendant à l'extérieur d'un hôtel de Canberra les décisions de la Commission Fédérale du Parti. Menzies utilisa son avance aux élections de novembre 1963 en raillant "le fameux groupe des trente-six hommes sans visages dont on ne connait pas les qualifications et qui n'ont pas de responsabilités électorales."

Whitlam fut prompt à réagir et lutta pendant des années pour réformer globalement l'organisation du parti qualifiant ses adversaires d'être "douze trouillards" ("the 12 witless men") et finalement obtint que la conférence Nationale du Parti qui se déroulait en secret se transforme en un forum public où chaque état aurait un nombre de délégués proportionnel à son nombre d'adhérents et où les leaders parlementaires du parti aussi bien au niveau des états que de la fédération seraient membres de droit de l'assemblée.

Pendant les années 1960, les relations de Whitlam avec Calwell et l'aile droite du parti devinrent difficiles. Whitlam s'opposa sur plusieurs points à la politique du parti notamment sur la nationalisation de certaines industries, le refus de l'aide des états aux écoles privées et la décision politique de Calwell de continuer de soutenir l'Australie blanche. Son comportement l'amena plusieurs fois à des conflits ouverts avec la direction du parti et il faillit être exclus du parti en 1966 lorsqu'il apporta son soutien publiquement à l'aide gouvernementale aux écoles privées et ce contre la décision du parti.

En janvier 1966, Menzies se retira du gouvernement après avoir pulvérisé le record de longévité au poste de Premier Ministre. Son successeur au Parti Libéral, Harold Holt, conduisit sa majorité gouvernementale à une écrasante victoire aux élections de novembre 1967 avec un programme pro-américain, pro-guerre du Viêt Nam. Cette cuisante défaite provoqua la chute de Calwell au début 1967. Gough Whitlam devint le chef de l'opposition après avoir battu de peu son concurrent, Jim Cairns.

Leader de l'opposition

Whitlam imprima très vite sa marque sur le parti axant sa campagne sur des réformes internes qu'il mena à terme, restructurant ou supprimant une série de régles qui étaient conservées depuis des décades. Le rationalisme économique fut prôné[5], la politique de l'Australie blanche fut abandonnée, le parti ne s'opposa plus à l'aide de l'État aux écoles privées, et l'usage d'un puritanisme laborieux et triste que donnait le parti dans les années 1950 laissa la place à un parti plus jeune, plus optimiste, plus libéral, plus intellectuel et nettement plus orienté vers les classes moyennes.

Whitlam fut l'un des premiers hommes politiques à comprendre et à savoir utiliser la puissance de la télévision comme outil politique. Redoutable orateur, il réussit à remporter deux élections partielles et aux élections fédérales de 1969, il récupéra dix-huit sièges pour son parti, ne manquant la majorité que de quatre sièges. Après la disparition de Harold Holt en décembre 1967, le parti Libéral commença à succomber à des luttes intestines. Le premier à succéder à Holt fut John Gorton qui laissa sa place à William McMahon. Whitlam prit rapidement le dessus sur eux notamment sur McMahon, considérés comme faisant partie du passé et ne possédant pas le charisme de Whitlam.

Hors du Parlement, Whitlam s'attacha à réformer son parti et à proposer une nouvelle politique. Il se fit le partisan de l'abolition du service militaire obligatoire, du retrait de l'Australie de la guerre du Viêt Nam et, en 1971, il se rendit en République Populaire de Chine s'engageant à établir des relations avec ce pays ce qui provoqua une réaction vive de McMahon, qui attaqua Whitlam sur son projet ... pour se rendre compte que le président américain Richard Nixon travaillait aussi de son côté sur ce projet de reconnaissance. Les élections fédérales de 1972 virent la première victoire travailliste depuis 1946.

Premier Ministre (1972-1975)

Buste de Gough Whitlam à Ballarat.

La tradition aurait voulu que Whitlam attende la fin du dépouillement puis organise une réunion et un vote du parti pour élire les nouveaux ministres qui seraient ensuite nommés par le gouverneur général alors que le Premier Ministre sortant continuerait d'expédier les affaires courantes[6]. Refusant d'attendre, Whitlam et son second, Lance Barnard formèrent le gouvernement dès qu'ils furent sûrs d'être élus en se répartissant tous les portefeuilles entre eux deux.

Bien que le parti travailliste ait une large majorité à la Chambre des Représentants, Whitlam eut devant lui un Sénat acquis à l'opposition, qui empêcherait le gouvernement de faire voter les lois sans l'aide de l'un des partis de l'opposition : parti Libéral, Country Party ou Democratic Labor Party.

Après 23 ans d'opposition, le Parti travailliste avait perdu toute expérience de gouvernement. Neanmoins, Whitlam s'attela à un vaste programme de réformes législatives. En un peu moins de trois ans, le gouvernement Whitlam

  • établit des relations diplomatiques avec la République Populaire de Chine[7] ;
  • prit sous la coupe du gouvernement fédéral l'enseignement supérieur et supprima les droits de scolarité[8] ;
  • baissa les droits de douane de 25% et supprima le "Tariff Board"[9] ;
  • créa une commission scolaire pour distribuer les fonds fédéraux afin d'aider les écoles privées en fonction de leurs besoins ;
  • créa une allocation financière pour les familles monoparentales ;
  • supprima la peine de mort pour les crimes relevant du gouvernement fédéral ;
  • abaissa l'âge de vote à 18 ans ;
  • supprima les dernières traces de lois de l'Australie blanche ;
  • créa des cours de langue pour les australiens ne parlant pas anglais ;
  • exigea l'égalité hommes-femmes dans les employés du gouvernement fédéral ;
  • nomma des femmes aux principales fonctions judiciaires et administratives ;
  • supprima le service militaire obligatoire ;
  • créa le Comité consultatif National pour les aborigènes ;
  • fusionna les cinq départements de la défense ;
  • créa un système d'aides financières fédérales pour les gouvernements locaux ;
  • créa l'"Order of Australia", le système de décorations australien ;
  • améliora l'accès à la justice pour les aborigènes ;
  • introduisit la politique d'autodétermination pour les aborigènes ;
  • proposa la création de droits de propriété pour les aborigènes ;
  • augmenta les fonds d'aide pour le bien-être des aborigènes ;
  • introduisit une politique de multiculturalisme pour les nouveaux immigrants ;
  • créa un système d'aide judiciaire et
  • augmenta le budget de la culture.

Le Sénat s'opposa au vote de six projets de lois et les repoussa par deux fois. Il s'opposa ainsi à :

  • la création du système d'assurance santé connu sous le nom de Medibank (qui sera ensuite adopté par le gouvernement travailliste Hawke sous une forme légèrement modifiée).
  • la création de postes de sénateurs pour les habitants du Territoire de la capitale australienne et du Territoire du Nord.
  • la régulation du nombre de députés pour assurer une représentation proportionnelle au nombre d'électeurs (loi qui sera adoptée plus tard pour les élections fédérales en 1984).
  • la création d'un institut gouvernemental pour superviser l'exploitation minière et pétrolière.

Ces blocages répétés provoquèrent une crise constitutionnelle qui aurait pu entrainer une dissolution des deux chambres et de nouvelles élections mais Whitlam décida de ne pas agir ainsi avant mai 1974. Il préférait attendre le renouvellement du sénat par moitié. Pour augmenter ses chances d'obtenir la majorité au Sénat, Whitlam proposa au leader du "Democratic Labor Party" (DLP), le sénateur du Queensland, Vince Gair, le poste d'ambassadeur en Irlande, ce qui aurait provoqué une élection partielle au Sénat que Whitlam espérait voir remportée par son parti. Mais la manoeuvre fit long feu. Quand le Premier Ministre du Queensland, Joh Bjelke-Petersen, eut connaissance du projet, il en informa le gouverneur de l'état pour qu'il provoque l'élection partielle avant la démission de Gair.

Cette affaire outra tellement l'opposition au gouvernement Whitlam que le leader de l'opposition Billy Snedden menaça de bloquer toutes les lois qui arriveraient au Sénat mais il ne fit rien pour mettre sa menace à exécution. Whitlam, cependant, croyant que Snedden n'était pas populaire dans l'électorat, demanda immédiatement au gouverneur général, Paul Hasluck, la dissolution des deux chambres, chose qu'il obtint le 18 mai. Whitlam mena sa campagne en demandant aux électeurs de lui permettre de "finir son travail". Le parti travailliste remporta les élections mais avec une majorité plus réduite. Le DLP perdit tous ses sièges mais le parti travailliste ne réussit pas à avoir la majorité au Sénat. La majorité dépendait de deux sénateurs indépendants ce qui à court terme conduisit à rassembler représentants (députés) et sénateurs pour voter ensemble ce qui permit de faire voter les six textes de loi. Mais à long terme ce système menaçait le gouvernement.

Pendant son second mandat, le gouvernement Whitlam continua son programme de réformes mais se trouva emmêlé dans une série de problèmes notamment la tentative d'emprunt secrète de grosses sommes d'argent à des gouvernements du Moyen-Orient (affaire Loans) et Whitlam fut obligé de faire démissionner deux de ses principaux ministres : le ministre des Finances, Jim Cairns, et Rex Connor qui avaient menti au Parlement.

Enhardi par cette affaire avec une économie affaiblie et des résultats très favorables lors d'une élection partielle dans la circonscription de Bass en Tasmanie, la coalition Parti-Libéral-Country Party, menée par Malcolm Fraser, expliqua que le comportement du gouvernement en ne respectant pas les règles constitutionnelles ouvrait une brèche dans la façon de gouverner et que le Sénat ne voterait pas la loi de Finances rectificative ce qui couperait les apports de fonds supplémentaires dont avait besoin le Ministère des Finances.

La démission

La crise qui amena à la démission de Whitlam ne se serait certainement pas produite si le Sénat avait gardé sa composition des élections de 1974. La crise fut provoquée par le retard que le Sénat apporta à voter la loi rectificative des Finances. L'un des deux sénateurs indépendants rejoignit le Parti Libéral mais l'autre, Steele Hall, ne voulut pas bloquer le projet et cela aurait suffi à empêcher la crise qui allait naître. La crise fut provoquée par l'arrivée de deux nouveaux sénateurs pour prendre les places laissées vacantes. En effet depuis l'introduction en 1949 du vote à la proportionnelle pour élire les sénateurs, il était de convention que lorsqu'un sénateur mourait ou démissionnait, il était remplacé par un nouveau sénateur du même parti et jusqu'en 1975 les gouvernements des différents états avaient respecté cette convention. La tradition toutefois au Queensland était un peu particulière : elle fut créée par le Premier Ministre travailliste de l'état en 1952 : lorsqu'un sénateur de l'opposition mourait, celle-ci fournissait une liste de trois candidats possibles pour le poste et c'était le Premier Ministre qui désignait le nouveau Sénateur entre les trois candidats.

En février 1975, le Premier Ministre de Nouvelle-Galles du Sud, Tom Lewis, ne respecta pas la tradition en choisissant un sénateur indépendant, Cleaver Bunton, pour remplacer le Ministre de la Justice, le sénateur Lionel Murphy, qui avait été nommé à la Haute Cour. Cette décision ne changeait rien à la situation politique car on savait que Bunton était opposé au blocage des lois par le Sénat mais elle créa un précédent qu'utilisa rapidement le Premier Ministre du Queensland, Joh Bjelke-Petersen, membre du Parti National quand un sénateur du parti travailliste, Bert Milliner, mourut le 30 juin. Comme le permet la section 15 de la constitution australienne, Bjelke-Petersen refusa de nommer le candidat choisi par le parti travailliste, Mal Colston, et demanda au parti de lui proposer trois candidats comme Gair l'avait fait en 1952. Bjelke-Petersen expliqua qu'il avait des doutes sur l'honnêteté de Colston mais le Parti travailliste prétendit que la véritable intention du Premier Ministre était de nommer un sénateur qui soutiendrait l'opposition et par conséquent provoquerait la chute du gouvernement.

Comme le parti travailliste insista pour que Colson soit élu, Bjelke-Petersen nomma un autre candidat, Albert Field, président du syndicat des travailleurs de l'ameublement et membre du parti travailliste depuis 38 ans. Bjelke-Petersen expliqua qu'il avait bien respecté les conventions mais cependant selon les règles du Parti Travailliste, Field cessa d'être membre du parti à partir du moment où il avait accepté d'occuper un poste promis à un autre membre du parti. Field se déclara hostile au comportement de Whitlam et affirma que c'était lui qui avait contacté Bjelke-Petersen pour lui demander d'être nommé au poste laissé vacant. Le parti travailliste dans ces conditions affirma que Field était un Sénateur de l'opposition et que Bjelke-Petersen n'avait pas respecté les conventions.

Field dut démissionner quand la Haute Cour décréta qu'il ne remplissait pas les conditions pour être élu. En effet Field était salarié de l'Education Nationale et il aurait du quitter son poste au moins trois semaines avant sa nomination alors qu'il n'avait démissionné que la veille. Mais plutôt que de provoquer la chute du gouvernement, l'opposition choisit de faire trainer le vote ce qui aurait pour conséquence de bloquer le fonctionnement de l'état par suite du manque de recettes financières. Fraser prévint que la loi ne serait pas votée si Whitlam ne réclamait pas de nouvelles élections. Whitlam était déterminé à faire plier l'opposition et proposa d'emprunter aux banques pour permettre au gouvernement de continuer de fonctionner. Il était sûr que quelques sénateurs libéraux modérés feraient marche arrière quand la situation s'aggraverait en novembre ou décembre.

Le gouverneur général Sir John Kerr était aussi inquiet sur la légalité des projets de Whitlam d'emprunter de l'argent et de pouvoir gouverner sans que la loi des finances soit votée, bien que les ministres concernés par l'affaire aient assuré en avoir vérifié la légalité[10].

Kerr contacta le Président de la Haute Cour, l'ancien ministre libéral de la Justice Sir Garfield Barwick, qui lui donna son avis privé dans une lettre du 10 novembre qui déclarait en particulier :

"... le Sénat ne peut pas être à l'origine ou ne peut pas modifier une loi des Finances... Le Sénat a le droit de refuser de voter une loi des Finances : il a le droit de refuser de traiter du sujet... un Premier Ministre qui ne peut faire voter les lois de finances pour faire fonctionner le gouvernement doit ou organiser des élections générales... ou démissionner." Barwick ajoutait aussi que le gouverneur général "avait aussi le pouvoir constitutionnel de retirer sa charge au Premier Ministre".

Kerr fut aussi informé par le gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud, Sir Roden Cutler qu'il devait avertir Whitlam de sa possibilité d'être démis de sa charge.

Le 11 novembre 1975, Kerr selon la section 64 de la Constitution exerça ses pouvoirs : il mit fin aux fonctions de Whitlam et nomma Fraser Premier Ministre chargé d'expédier les affaires courantes avec comme consignes de ne pas faire de changement politique, de ne nommer ou démettre personne de ses fonctions et d'organiser immédiatement de nouvelles élections fédérales[11]. Comble de l'ironie, les Sénateurs travaillistes ne furent pas informés de la démission de Whitlam et à 14 h 15, ils présentèrent le projet de loi des Finances au Sénat et celui-ci fut immédiatement voté ce qui permit à Fraser de récupérer l'argent dont il avait besoin pour faire fonctionner le gouvernement. A 14 h 45, Fraser annonça qu'il avait été nommé Premier Ministre, que la loi rectificative des Finances avait été votée et qu'il organisait de nouvelles élections.

A la chambre des députés, Whitlam fit voter une motion qui lui renouvelait sa confiance et demandait au Speaker de la chambre de demander au gouverneur général de lui laisser former son gouvernement. Les résultats du vote furent transmis directement à Kerr par le Speaker Gordon Scholes, mais Kerr refusa de le recevoir après que son secrétaire officiel ait lu officiellement la lettre de double dissolution à 16 h 45. (Weller & Smith, Ibid.)

De nombreux syndicats se mobilisèrent et se préparèrent à la grève mais le Président des Syndicats Bob Hawke leur demanda de ne pas faire de provocation. Bien que nombre de manifestations de protestations publiques avaient eu lieu contre Fraser pendant la campagne électorale, les médias (et plus particulièrement la presse de Rupert Murdoch, qui avait soutenu le Parti travailliste en 1972) avaient perdu toute confiance en Whitlam, révélant une cohorte d'échecs de son gouvernement. La presse joua un grand rôle sur l'opinion publique et il en résulta une victoire de la droite aux élections générales.

Ensuite

Whitlam devint chef de l'opposition et il mena le combat aux élections fédérales de 1977 mais le parti travailliste fut presque aussi sévèrement battu qu'en 1975. Le soir même des élections, Whitlam annonça sa démission immédiate de son poste de leader et il démissionna du Parlement en 1978. Après quelques années à faire des conférences un peu partout dans le monde, il fut nommé ambassadeur australien auprès de l'UNESCO par son successeur travailliste, Bob Hawke. Bien qu'il sut que cette nomination avait surtout pour but de l'éloigner du pays, il fut très heureux d'être envoyé à Paris.

Références

  1. After 50 years' hard Labor, Gough tells it like it was, The Age, 7 November 2002
  2. There is no official or academic biography of Gough Whitlam. Sources on his early life include Laurie Oakes and David Solomon, The Making of an Australian Prime Minister, Cheshire 1973, and Laurie Oakes, Whitlam PM: A biography, Angus and Robertson 1973. Whitlam has not published memoirs, but discusses his father's influence in Gough Whitlam, Abiding Interests, University of Queensland Press, 1997
  3. "Whitlam's daughter quits parole board", The Sun-Herald, 22 février 2004.
  4. 1952 By-election, Werriwa, NSW, Psephos - Adam Carr's Electoral Archive. Consulté le 2006-07-11
  5. John Quiggin - Journal Articles 1997 - Economic rationalism
  6. La tradition veut qu'au parti travailliste, les ministres soient élus par l'ensemble des parlementaires du parti ("Caucus") et que le Premier Ministre se contente de distribuer les portefeuilles. Au parti Libéral, au contraire, le Premier Ministre choisit librement ses ministres.
  7. Whitlam Institute (archived, originally published by the governments of Australia and the People's Republic of China). Joint communique establishing diplomatic relations between China and Australia. Communiqué de presse. Consultée le 2006-07-14.
  8. Gough Whitlam, « Speech transcript, Launch of Social Justice and Social Change Centre », 2003-11-06, Whitlam Institute. Consulté le 2006-07-14
  9. Tariff reduction, 1973-07-18, Statement by the Prime Minister, Mr. E.G. Whitlam, Q.C., M.P., and by the Minister for Overseas Trade and Secondary Industry, Dr. J.F. Cairns, M.P., The Whitlam Institute (originally published by the Government of Australia). Consulté le 2006-07-14
  10. (en) Graham Freudenberg, A Certain Grandeur: Gough Whitlam in Politics, Sun Books, 1977, p. p. 384 
  11. Weller & Smith, 'The rise and fall of Whitlam Labor'


Précédé de :
William McMahon
Premier ministre d'Australie
5 décembre 1972 - 11 novembre 1975
Suivi de :
Malcolm Fraser

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