Emmanuel Faye

Emmanuel Faye

Emmanuel Faye (né en 1956) est un français, fils de l'écrivain et philosophe Jean-Pierre Faye. Agrégé de philosophie il fait son service civil comme Attaché Culturel au Qatar (1981-1982).

Professeur des Lycées, ses recherches portaient sur le mode de pensée du philosophe dans sa relation à la question de la perfectibilité de l'homme.

Suivant les pas de son père parti traqué les anciens SS afin de commencer l'ébauche de ce qui deviendrait "Les Langages Totalitaires", Emmanuel Faye a su accéder aux archives gardées secrètes par le petit-fils de Martin Heidegger en Allemagne afin de prouver sa capacité à la performance intellectuelle dans le domaine de la dénonciation.

Aussi il est devenu historien de la pensée du nazisme pendant la seconde guerre mondiale.Il entend défendre le sens profond de la pensée humaniste et la force d’émancipation pour l’homme de la pensée métaphysique.

Aujourd'hui il est détaché au CNRS pour la publication et diffusion de ses écrits.

Il se targue d'être vice-président de l'Université Européenne de la Recherche ou UER au 1 rue Descartes à Paris dont son père est président et qui semble être plutôt le siège ministériel de la Direction générale de la recherche et de l'innovation (DGRI).

Emmanuel Faye s'est tout d'abord consacré à la philosophie française de la Renaissance (Charles de Bovelles, Michel de Montaigne) et de l'âge classique (René Descartes, Antoine Arnauld). Il a découvert à la Bibliothèque humaniste de Sélestat un opuscule philosophique inédit de Charles de Bovelles: Sapiens est qui se fecit hominem (Le sage est celui qui se fait homme), par lequel s'effectue la transition d'une philosophie de l'esprit (philosophia de mente) illustrée par Nicolas de Cues à une philosophie de l'homme, qui s'accomplit dans la figure du sage[1]. Par ailleurs, il s'est élevé contre les interprétations scolastiques et théologisantes de Descartes en montrant que l'auteur du projet d'une Science universelle qui puisse élever notre nature à son plus haut degré de perfection[2] s'inscrit dans la continuité des philosophes humanistes de la Renaissance et développe une philosophie de la perfection de l'homme [3].

Plus récemment, il s'est attaché à montrer, dans son édition du dialogue inachevé La Recherche de la Vérité par la lumière naturelle, présenté par Ernst Cassirer comme "la meilleure introduction à l'univers de pensée de Descartes", que l'on peut parler d'un véritable invention cartésienne de la conscience moderne[4].

En s'appuyant sur deux séminaires inédits, il a voulu prouver que les fondements de l'œuvre de Martin Heidegger sont trop radicalement ancrés dans le national-socialisme pour constituer une philosophie. En effet le philosophe n'aurait pas eu la constance intellectuelle dans la pression politique de l'époque de respecter certaines notions humaines élementaires comme le respect de l'autre. Aussi lorsque les "limites" du territoire ne sont pas suffisament matérialisées, les tentations de transgressions voire d'ingérence sont fortes. Comment expliquer la folie par la folie ? La publication, en 2005, de son Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie a suscité une discussion internationale[5] et de nouvelles recherches[6]. En 2006, il a appelé dans Le Monde à l'ouverture des Archives nazis de Heidegger à tous les chercheurs afin qu'ils puissent étudier la pensée nationale socialiste et ainsi mieux comprendre la valeur de cette doctrine à l'époque contemporaine.

Sommaire

Ouvrages publiés

  • Philosophie et perfection de l'homme. De la Renaissance à Descartes, Paris, Librairie J. Vrin, « Philologie et Mercure » 1998 ISBN 2-7116-1331-3.
  • (éd.), Descartes et la Renaissance, Paris, Champion, 1999 ISBN 2-7453-0132-2.
  • (éd.), Cartésiens et augustiniens au XVIIe siècle, Corpus, revue de philosophie, n°37, 2000.
  • (éd.), Chemins de la pensée médiévale, Études offertes à Zénon Kaluza, éd. par P.J.J.M. Bakker en coll. avec E. Faye et C. Grellard, Textes et études du Moyen Age, 20, Turnout, Brepols, 2002.
  • Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie : autour des séminaires inédits de 1933-1935, Paris, Albin Michel, Idées 2005. ISBN 2-226-14252-5 (réédition: Livre de Poche, 2007 ISBN 978-2-253-08382-5 avec une préface inédite et la bibliographie des premières recensions du livre).
  • (éd.), René Descartes, La Recherche de la Vérité par la lumière naturelle, le Livre de Poche, collection "Classiques de la philosophie", traduction et notes par E. Faye, précédée d'un essai introductif: L'invention cartésienne de la conscience, Paris, Librairie Générale Française, 2010 ISBN 978-2-253-06760-3.

Principales études traduites

  • "The Cartesianism of Desgabets and Arnauld and the Problem of the Eternal Truths", Oxford Studies in Early Modern Philosophy, Daniel Garber and Steven Nadler (éd.), Oxford, Clarendon Press, vol.II, 2005, p.193-209.
  • René Descartes (1596-1650), Dictionary of Seventeen-Century French Philosophers, Dictionary of Seventeen-Century French Philosophers, éd. par Luc Foisneau (éd.), Thoemmes-Continuum, London/New York, 2008, p.339-346.
  • Heidegger. Die Einführung des Nationalsozialismus in die Philosophie. Im Umkreis der unveröffentlichten Seminare zwischen 1933 und 1935, avec une postface inédite à l'édition allemande, Matthes & Seitz, Berlin, 2009.
  • Heidegger. La introduccion del Nazismo en la filosofia. En torno a los seminarios ineditos de 1933-1935, Madrid, Akal, 2009.
  • "I fondamenti nazisti dell'opera di Heidegger", Rivista di filosofia, n°3/2006, p.439-456.
  • "Der Nationalsozialismus in der Philosophie: Sein, Geschichtlichkeit, Technik und Vernichtung in Heideggers Werk", Philosophie im Nationalsozialismus, Hans Jörg Sandkühler (éd.), Hambourg, Felix Meiner Verlag, 2009, p.133-155.
  • "Heidegger und die Zerstörung der Ethik", "Moralität des Bösen, Ethik und nationalsozialistische Verbrechen, Jahrbuch 2009", Fritz Bauer Institut, Werner Konitzer, Raphael Gross (Hg.), Campus Verlag, Frankfurt, New York, 2009, p.210-231.
  • Heidegger. The Introduction of Nazism into Philosophy in Light of the Unpublished Seminars of 1933-1935, Translated by Michael B. Smith, Foreword by Tom Rockmore, Yale University Press, 2009, 436 p. FW Award: Book of the year 2009 for Philosophy.
  • "The Political Motivations of Heidegger's anti-Cartesianism", Insiders and Outsiders in Seventeenth-Century Philosophy, G.A.J. Rogers, Tom Sorell and Jill Kray (eds.), Routledge Studies in Seventeenth-Century Philosophy, New York-London, 2010, p.177-191.

Notes

  1. "Nicolas de Cues et Charles de Bovelles dans le manuscrit "Exigua pluvia" de Beatus Rhenanus", AHDLMA, Vrin, 1998, p.415-450.
  2. Lettre au P. Mersenne de mars 1636, Œuvres de Descartes, éd. AT, I, p.339.
  3. "Descartes et les philosophes français de la Renaissance", Conférence et Discussion, avec Jean-Marie Beyssade, Jean-Claude Margolin, Geneviève Rodis-Lewis, etc., L'Enseignement philosophique, n°4/1999, pp.27-71, consultable sur: http://www.appep.net/articles_confs/faye01.pdf.
  4. Site du Livre de Poche: http://www.livredepoche.com/livre-de-poche-3046794-rene-descartes-la-recherche-de-la-verite-par-la-lumiere-naturelle.html
  5. Voir notamment les interventions de Michèle Cohen-Halimi, Jean-Michel Salanskis et Philippe Lacoue-Labarthe dans Le Magazine littéraire, juin 2005, la discussion avec Herman Philipse, Donald Ipperciel et Sonia Sikka dans Dialogue. Revue canadienne de philosophie, Hiver 2008, p.141-179, et celle par Arnau Pons, Manuel Carbonell et Joan Ramon Resina dans la revue catalane L'Espill, n°32, 2009, 82-131.
  6. Voir par exemple Julio Quesada, Heidegger, de camino al Holocausto, Madrid, Biblioteca Nueva, 2008.

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