Empire d'Akkad

Empire d'Akkad
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Détail de la Stèle de victoire du roi Naram-Sin d'Akkad, musée du Louvre : le souverain domine la scène et porte une tiare à cornes, attribut divin.

L'empire d'Akkad (ou empire akkadien) est un État fondé par Sargon d'Akkad qui domina la Mésopotamie de la fin du XXIVe siècle au début du XXIIe siècle av. J.‑C. selon la chronologie la plus couramment retenue, même s'il est possible qu'il se soit épanoui environ un siècle plus tard, les datations étant incertaines pour une période aussi reculée dans le temps. Cet État a profondément marqué l'histoire de la Mésopotamie et le souvenir de ses rois les plus prestigieux, Sargon et son petit-fils Naram-Sin, a duré de nombreux siècles, donnant lieu à différentes légendes, plus qu'aucune autre dynastie mésopotamienne.

Bien qu'il soit difficile de démêler la réalité de la légende dans ces récits, d'autant plus que la documentation écrite datant de cette époque est essentiellement de nature administrative (tablettes de gestion et de comptabilité), la période de l'empire akkadien semble avoir marqué un profond changement dans le domaine politique, perceptible dans l'organisation du pouvoir et son idéologie, ainsi que dans l'art officiel. Les évolutions sociales et économiques en Basse Mésopotamie sont en revanche moins marquées, tout comme dans la plupart des aspects de la culture matérielle, ce qui explique pourquoi il est encore impossible d'identifier des niveaux archéologiques de la période d'Akkad dans cette région.

Sommaire

Sources

Liste des victoires de Rimush, roi d'Akkad, sur des souverains du Plateau iranien, copie sur tablette d'argile d'une inscription monumentale, c. 2270.

La période de l'empire d'Akkad est documentée par environ 5 000 tablettes cunéiformes contemporaines, provenant de plusieurs sites dispersés géographiquement : en Basse Mésopotamie (Girsu, Umma, Nippur, Adab), dans la vallée de la Diyala (Eshnunna, Khafadje), et dans les régions adjacentes (Suse en Élam, Gasur en Haute Mésopotamie, Tell Brak en Syrie)[1]. Cela constitue un changement par rapport à la période précédente, celle des Dynasties archaïques, documentée par un nombre limité de sites. Il s'agit de tablettes administratives, rédigées en akkadien ancien ou en sumérien, qui documentent essentiellement la gestion de domaines agricoles appartenant à des institutions (palais ou temples) ou parfois des particuliers. Elles présentent une activité de contrôle des ressources de ces patrimoines, enregistrant des mouvements de biens stockés et redistribués, des concessions de terres, des bilans annuels de certaines exploitations ou d'ateliers, parfois des actes de vente, de prêt, etc. La connaissance actuelle de la dynastie d'Akkad reste néanmoins fortement entravée du fait que l'on ignore toujours où se trouvait sa capitale, la ville d'Akkad/Agadé[2].

L'activité des rois d'Akkad est connue par diverses inscriptions qu'ils ont fait rédiger[3]. Si certaines datent de leur règne, beaucoup ont été recopiées plus tard, du fait du prestige de ces personnages, notamment au début du IIe millénaire av. J.‑C., et c'est donc indirectement qu'elles nous sont parvenues. Les rois d'Akkad ont également fait l'objet d'une production littéraire postérieure à la chute de leur royaume, dès les temps de leurs successeurs de la Troisième dynastie d'Ur (XXIe siècle) et jusqu'à la fin de la civilisation mésopotamienne[4]. Il reste cependant à démêler le vrai du faux dans ces traditions bien souvent fantasmées[5].

La période d'Akkad est également documentée par diverses œuvres d'art, elles aussi provenant de divers sites, notamment Suse où un certain nombre d'entre elles avaient été apportées en butin par des souverains élamites de la seconde moitié du IIe millénaire après des campagnes militaires en Babylonie[6]. Il est en revanche difficile d'identifier les niveaux archéologiques de la période d'Akkad sur les sites de Basse Mésopotamie, en l'absence d'une culture matérielle et d'une architecture qui distingue bien celle-ci de la précédente, le Dynastique archaïque III. La question de l'existence d'une céramique caractéristique de la période d'Akkad reste débattue[7]. Du reste, on constate que les évolutions artistiques se produisent progressivement durant la domination de l'empire d'Akkad, et que la vraie rupture se fait sous Manishtusu et Naram-Sin. Les seules constructions attribuables avec certitude à cette période qui aient été identifiées l'ont été sur des sites de Haute Mésopotamie, réaménagées après leur conquête (Tell Brak, Tell Leilan, Tell Beydar).

Histoire

Création du royaume

L'empire d'Akkad est avant tout l'œuvre d'un homme, passé à la postérité dans l'histoire de la Mésopotamie : Sargon d'Akkad[8]. Ce personnage est resté très présent dans la tradition mésopotamienne postérieure, et de nombreuses choses ont été écrites à son propos, à tel point qu'il est bien souvent difficile de distinguer la réalité historique de la légende[9]. Un fait reste certain car présent dans plusieurs traditions : Sargon est un usurpateur. Son nom de règne (le seul qui lui soit connu), Šarrum-kîn, signifie en akkadien « le roi est stable », comme s'il avait cherché à faire oublier qu'il n'est pas roi de naissance. La légende racontant sa naissance et son enfance ne le cache pas : Sargon serait le fils d'une prêtresse, qui l'aurait abandonné, avant qu'il ne soit récupéré puis élevé par un jardinier. C'est grâce à l'aide de la déesse Ishtar que Sargon, devenu ministre du roi Ur-Zababa de Kish, serait devenu roi.

C'est donc un usurpateur qui prend le pouvoir dans la puissante cité de Kish après un coup d'État vers 2334 (ou plus tard vers 2285)[10]. Mais à cette période, le roi le plus puissant est Lugal-zagesi d'Umma, qui règne depuis la cité d'Uruk. D'après les copies de ses inscriptions postérieures à son règne, Sargon le bat, plaçant toute la Basse Mésopotamie jusqu'au Golfe Persique sous sa coupe. Le vaincu est capturé, forcé à porter un carcan, et exhibé lors du triomphe de Sargon. Celui-ci met en place des gouverneurs fidèles à sa cause dans plusieurs des vieilles cités-États de Sumer et d'Akkad, constituant un vaste royaume qui a pour centre une ville qu'il élève au rang de capitale, Akkad[11].

Grandes conquêtes

Étendue approximative du royaume d'Akkad à son apogée sous le règne de Naram-Sin, et direction des campagnes militaires extérieures.

Après avoir soumis le Sud de la Mésopotamie, Sargon dirige des expéditions en direction des régions adjacentes du nord-ouest et de l'est[8]. Vers la Haute Mésopotamie, il a probablement soumis le royaume de Mari, et peut-être celui d'Ebla en Syrie. Mais la chronologie des conquêtes des rois d'Akkad vers l'ouest reste confuse, et on ne sait pas si les destructions attestées sur les sites de la région sont dues aux conquêtes de Sargon, de Naram-Sin, ou bien à des conflits entre royaumes locaux[12]. Une inscription de Sargon dit qu'il s'est rendu jusqu'à Tuttul sur le moyen Euphrate, où il rend hommage au grand dieu Dagan, qui lui aurait alors conféré la domination des terres allant jusqu'à la mer Méditerranée. Un texte hittite plus tardif raconte que Sargon aurait soumis le royaume de Purushanda en Anatolie centrale, mais il est impossible de déterminer si ce récit fait référence à un événement réel ou légendaire[13]. Quoi qu'il en soit, il transparaît que Sargon a effectué plus de conquêtes que les rois l'ayant précédé.

Quand Sargon meurt en 2279 (ou 2229), son fils Rimush (« Son cadeau ») lui succède[10],[14]. Il semble que la fin de règne du grand roi ait vu une grande rébellion soulever la Basse Mésopotamie, qui fut difficilement matée. Il est en tout cas clair que Rimush fait face à ce problème dès son intronisation. Il tient bon, soumet les rebelles dirigés par Kaku d'Ur, qui s'est rallié plusieurs cités (Adab, Lagash, Zabalam, Kazallu), et assure ainsi la postérité de l'œuvre de son père. Pour la première fois là aussi, les conquêtes d'un grand roi ne sont pas perdues à sa mort. Rimush a également mené des campagnes contre des royaumes du plateau iranien (Élam, Awan, Marhashi), avant de mourir en 2270. Son frère Manishtusu (littéralement « Qui est avec lui ? », c'est-à-dire « Qui est son égal ? ») lui succède[15]. Il mène à son tour des campagnes en direction du Plateau iranien (contre Anshan, Sherihum), et aussi du Golfe Persique, puisqu'il prétend avoir soumis le pays de Magan (Oman)[16].

Son fils Naram-Sin (« Aimé de Sîn ») monte sur le trône en 2254 (ou 2202)[10],[17]. C'est lui aussi une grande figure de l'histoire mésopotamienne, mais qui a laissé une image plus négative que son grand-père. Dès son intronisation, il a dû faire face à une grande rébellion en Basse Mésopotamie, menée par deux personnages : Iphur-Kish à Kish, qui rallie des cités voisines (Sippar, Eresh, Kazallu), et Amar-girid d'Uruk, accompagné par d'autres cités du sud (Ur, Lagash, Adab, Shuruppak, etc.)[18]. D'après les traditions se rapportant à cette grande révolte, la répression fut terrible. Naram-Sin fut un grand conquérant, même si la chronologie de ses conquêtes est difficile à reconstituer. Son règne est marqué par des expéditions en Haute Mésopotamie et en Syrie du nord, vraisemblablement dans la continuité de son grand-père, même s'il demeure possible qu'il soit le premier roi d'Akkad à soumettre fermement cette région. Comme pour Sargon, des traditions postérieures lui attribuent des victoires sur des rois anatoliens (notamment ceux de Kanesh et du Hatti) dont la réalité reste sujette à caution[13]. Naram-Sin a aussi remporté des victoires sur l'Élam et Marhashi, et aurait à son tour soumis Magan[19]. C'est sous ce règne qu'ont lieu différentes réformes et des constructions qui renforcent le caractère impérial du royaume d'Akkad. Naram-Sin n'aurait selon la tradition pas rendu convenablement le culte à Enlil, le plus grand dieu de la Basse Mésopotamie. Les générations postérieures ont condamné cet évènement, qui aurait jeté une malédiction sur le roi d'Akkad et ses successeurs, parce qu'il a suscité l'ire des dieux. Dans les faits, il se trouve que ce roi a fait reconstruire le grand temple du dieu. Mais les dernières années de son règne marquent effectivement le début de la fin de l'empire d'Akkad.

Pour réaliser leurs conquêtes, les rois d'Akkad se sont manifestement appuyés sur une armée très efficace leur permettant de triompher sur des champs de bataille loin de leur base, ce qui n'était pas possible pour les cités-États qu'ils ont supplanté. Les représentation iconographiques de soldats de cette période, notamment la Stèle de la Victoire de Naram-Sin, semblent indiquer une évolution de l'armement des soldats et des techniques de combat par rapport à ce qui apparaît dans les scènes militaires de la période des Dynasties archaïques (Étendard d'Ur et Stèle des Vautours de Girsu). Les chars de combats semblent perdre de l'importance au profit de l'infanterie. Cette dernière est dotée d'un équipement plus léger que précédemment, ce qui facilite sans doute sa mobilité au détriment de sa protection. L'armement de base est constitué de masses d'armes, poignards et de lances comme précédemment, mais aussi de l'arc qui était auparavant absent des scènes militaires. L'analyse des représentations semble indiquer l'usage d'un arc composite, disposant d'une longue portée de tir, permettant la mise en place de nouvelles tactiques de combat à distance[20]. Les soldats d'élite constituent une armée permanente qui est entretenue grâce à la concession de champs appartenant aux domaines des institutions, comme les autres serviteurs de l'État[21].

Chute d'Akkad

Le règne de Naram-Sin voit l'arrivée d'une nouvelle menace : les Gutis[22]. Ce peuple, considéré comme barbare par les Mésopotamiens et originaire des régions occidentales du Zagros, lance plusieurs raids meurtriers en Mésopotamie durant les dernières décennies de l'empire d'Akkad, et la tradition mésopotamienne que rapporte la liste royale sumérienne lui a imputé la chute de cet État. Le règne de Shar-kali-sharri (« Roi de tous les rois »), fils de Naram-Sin qui prend le pouvoir en 2217 (ou 2165)[10], est peu documenté, et ce roi a été oublié dans les récits postérieurs sur la chute d'Akkad, qui ne font référence qu'à son père[23]. Les inscriptions du temps de Shar-kali-sharri mentionnent certaines de ses campagnes vers l'Anatolie du sud-est, ainsi que des victoires en haute Mésopotamie contre les Amorrites, qui apparaissent alors. Aux abords immédiats du pays d'Akkad, à l'est, il doit repousser une attaque élamite, ainsi qu'une autre des Gutis. Cela pourrait indiquer un affaiblissement du royaume. Shar-kali-sharri semble avoir des ambitions plus modestes que son père, se proclamant simplement « roi d'Akkad ».

Pourtant, l'État d'Akkad semble bien survivre quelques décennies après sa mort qui survient vers 2193 (ou 2140)[10], même s'il est considérablement réduit en taille et se limite probablement au nord de la Babylonie autour d'Akkad et Kish, puisque la liste royale sumérienne lui attribue plusieurs successeurs. De l'un d'entre eux, Dudu, sont connues quelques inscriptions d'offrandes et des mentions de campagnes militaires sans doute destinées à préserver les restes de son royaume, tandis que son successeur Shu-turul est connu seulement par une poignée d'inscriptions votives[24]. La chute d'Akkad fut donc progressive.

La liste royale prétend que des rois Gutis succédèrent à la domination des rois d'Akkad. Mais la chronologie de cette période est discutée, car on ne dispose plus de sources abondantes avant les débuts de la Troisième dynastie d'Ur, empire successeur de celui d'Akkad, datés de 2112[25]. Selon une proposition de Jean-Jacques Glassner, trente ans seulement sépareraient la chute d'Akkad du début d'Ur III[26]. Il semble que l'affaiblissement progressif de l'empire ait laissé la place à de nouvelles ambitions, dont celles des rois Gutis, mais aussi de personnes originaires des différentes régions de l'empire ou de son voisinage, qui prennent alors leur indépendance, comme il est attesté à Suse avec Puzur-Inshushinak qui a mené des incursions vers Akkad, en Haute Mésopotamie avec Tish-atal à Urkish (Tell Mozan), ou dans le pays de Sumer à Lagash avec la « dynastie » de Gudea, ou Uruk avec le royaume d'Utu-hegal, qui est à l'origine de celui de la dynastie d'Ur III fondé par Ur-Nammu après un coup d'État. La construction politique des Gutis serait à mettre en parallèle à ces royaumes, avec des possibles survivances du royaume d'Akkad. Les conditions de la chute de ce dernier restent donc mystérieuses. Certaines hypothèses suggèrent qu'un changement climatique, consécutif à une éruption volcanique en Haute Mésopotamie, aurait pu influer sur ce déclin en entraînant la désertification de certaines régions et des mouvements de population, mais cela reste très débattu[27].

Idée, image et exercice du pouvoir

Le « premier empire »

Murex portant le nom de Rimush, « roi de Kish », c. 2270, Musée du Louvre.

Avec Akkad, pour la première fois dans l'histoire du Proche-Orient apparaît une grande construction étatique englobant pour plusieurs décennies un ensemble d'anciens micro-États[28]. Cela entraîne progressivement un changement dans la conception de la fonction du souverain. Auparavant lié au cadre de la cité-État, celui-ci avait un rôle limité. Avec la constitution d'un vaste royaume sous la dynastie d'Akkad, le souverain prend peu à peu une nouvelle dimension. Cela est surtout perceptible sous le règne de Naram-Sin, qui développe une véritable pensée « impériale »[29]. Il se dit « Roi des quatre rives (de la terre) » (c'est-à-dire de tout le monde connu), ce qui traduit une ambition de domination universelle, jusqu'alors inédite dans le monde mésopotamien[30]. De plus, nouveauté là aussi, il fait précéder son nom du déterminatif de la divinité, et dans les représentations il porte la tiare à cornes, attribut des dieux : le roi est donc d'essence divine, même s'il n'est pas forcément considéré comme une divinité à part entière, il est au-dessus des autres hommes[31]. On a donc les traits d'un « empereur » qui veut se démarquer des autres rois par son essence et ses ambitions.

L'apparition d'une idéologie de nature impériale à l'époque d'Akkad n'est cependant pas une véritable révolution. On a longtemps voulu voir en Sargon un pionnier, mais il se situe en fait dans la continuité de souverains de Basse Mésopotamie dont la puissance avait déjà excédé celle des rois de cités-États ordinaires. Une grande place doit être accordée à Lugal-zagesi, roi originaire d'Umma mais établi à Uruk, et prédécesseur direct de Sargon, dont il a vraisemblablement inspiré l'œuvre politique[32]. De plus, Sargon débute ses conquêtes à partir du royaume de Kish, qui est depuis plusieurs siècles l'un des plus puissants de la Basse Mésopotamie, et a une grande influence politique voire culturelle[33]. Du reste, la tradition idéologique n'est réellement bousculée que sous les successeurs de Sargon, particulièrement Naram-Sin. Progressivement un nouvel art royal apparaît, suivant l'évolution de la conception de la royauté, et on met en place une administration centralisée sur les cadres territoriaux anciens. On effectue une standardisation des textes administratifs, qui sont écrits dans tous les centres administratifs de l'empire avec une même graphie, et dans un même type d'akkadien, pour être plus facilement compris et contrôlés par un personnel administratif homogène dans tout le territoire, alors qu'à côté subsistent les habitudes locales[34].

Scène de combat, détail d'une stèle fragmentaire du règne de Rimush ou de Naram-Sin.

Les continuités sont toutefois dominantes face aux ruptures, le souverain continuant à diriger l'État de manière traditionnelle. Comme les rois précédents, il se présente comme étant l'élu des dieux, cherchant à accomplir leur volonté. La grande divinité patronnant la dynastie d'Akkad est Ishtar (Inanna pour les Sumériens), qui dispose d'un grand temple dans la capitale du royaume[29]. Mais le pourvoyeur de la royauté reste le grand dieu sumérien Enlil, comme le veut la tradition de Basse Mésopotamie. Dans la pratique, le souverain gouverne entouré de ses fidèles, auxquels il octroie de nombreux présents ainsi que des terres, et il contrôle les temples qui sont des institutions majeures dans la société. Les personnages les plus hauts placés et les gouverneurs des régions-clés sont souvent issus de la famille royale, ou liés de près à elle[28]. Les princes sont parfois nommés gouverneurs, comme les fils de Naram-Sin placés à Marad, Tuttul et Kazallu. Les princesses étaient souvent consacrées prêtresses des grands temples du sud mésopotamien : Enheduanna fille de Sargon (connue par les poèmes qui lui sont attribués) dans le temple de Nanna à Ur, Enmenana fille de Naram-Sin dans même temple, et sa sœur Tuta-napshum, grande prêtresse d'Enlil à Nippur. L'élite de la puissante armée akkadienne est encadrée par les proches du roi, des « généraux » (sumérien GIR3.NITA/akkadien šakkanakkum) et des « capitaines » (NU.BANDA3/lapputāu), et constitue une sorte de garde royale[21].

La question de savoir dans quelle mesure on peut qualifier l'État d'Akkad de « premier empire » reste donc débattue[35] : il est moins novateur qu'on ne l'a longtemps pensé, et est surtout une construction peu durable dont les structures ont été garantes d'une stabilité limitée. La véritable révolution est à chercher dans l'apparition d'un « impérialisme ». Ce dernier se retrouve dans la façon dont est pensé et exercé le pouvoir : la centralisation autour de la figure royale qui incarne le royaume et prétend à la divinisation et à la domination universelle ; la nécessité de la victoire militaire qui assure l'existence et la survie de l'État et de la famille royale ; l'acquisition (grâce aux conquêtes) d'une importante assise foncière pour le régime incarné par le roi mais aussi son entourage[36]. On peut donc considérer que s'il y a bien un aspect impérial dans cette construction politique, il se trouve dans le cercle du pouvoir et dans l'idéologie qu'il cherche à répandre par le biais des inscriptions et des réalisations artistiques officielles. Ces dernières ont servi à faire survivre aux époques postérieures le modèle politique façonné par cet État, qui a ainsi été une étape décisive dans l'affirmation d'une idéologie impériale dans l'histoire mésopotamienne.

Art officiel

Détail du fragment d'une stèle datant du règne de Rimush ou de Naram-Sin.
Tête en bronze d'un roi d'Akkad retrouvée dans le temple d'Ishtar de Ninive, vers 2250 av. J.-C., Bagdad, musée national d'Irak.

La domination de l'empire d'Akkad amène la création d'un art officiel qui, tout en reprenant l'héritage des Dynasties archaïques, apporte des modifications notables. Le règne de Sargon d'Akkad est marqué par de timides évolutions. Il reste néanmoins mal connu du point de vue artistique, car les stèles datant de son temps sont toutes en état fragmentaire[37]. Elles sont encore très proches de celles des Dynasties archaïques, comme la Stèle des Vautours du roi Eannatum de Lagash, mais le rendu des personnages se veut plus réaliste, ce qui est la marque de fabrique des sculptures de la période d'Akkad sous les rois suivants.

Sous le règne de son fils Manishtusu, l'évolution est plus marquée[38]. Les artistes développent en outre l'emploi de la diorite, pierre dure, et qui caractérise la sculpture de l'époque. Plusieurs statues représentant le roi en grandeur nature ont été exhumées sur plusieurs sites, ce qui indique une production nombreuse et servant une propagande. Mutilées durant l'Antiquité, il leur manque systématiquement la tête.

Du règne de Naram-Sin date une des œuvres les plus connues de la période, la Stèle de la Victoire[39], commémorant une campagne victorieuse de ce roi contre les Lullubis, un peuple du Zagros. Bien que lacunaire, on y voit bien l'exaltation du roi, surplombant ses soldats et les ennemis vaincus, et dirigeant son regard vers des symboles astraux situés sur le haut de la stèle et évoquant la présence divine.

Une autre grande œuvre des artistes officiels d'Akkad est la tête royale en alliage cuivreux retrouvée à Ninive[40] (Bagdad, musée national d'Irak). Comme toutes les sculptures de la période d'Akkad, elle a été mutilée, mais cette fois-ci c'est la tête qui reste, bien que détériorée. On ne sait pas quel roi elle est censée représenter. Elle est remarquable par le souci du détail typique de la période dans la représentation de la chevelure et la barbe du roi, ainsi que les traits de son visage, et son air qui le place au-dessus des autres hommes. Elle concentre plusieurs des traits caractéristiques de la représentation du souverain dans l'iconographie mésopotamienne depuis le IVe millénaire : le bandeau frontal, la longue barbe finement peignée, et le chignon noué derrière la nuque.

Par sa qualité plastique et notamment son souci du détail anatomique, la sculpture de cette époque est une des plus brillantes de l'histoire mésopotamienne, et annonce celle de la période néo-sumérienne, connue par les statues du roi Gudea de Lagash[41]. Mais c'est dans la thématique que les évolutions sont les plus profondes. L'art officiel des rois d'Akkad se distingue clairement de celui fait pour les notables du royaume, alors que durant la période présargonique l'art royal et l'art des élites étaient similaires. Désormais est réalisé un art ayant pour but d'exalter seulement la personne royale, d'en faire un personnage à part. L'art de la période d'Akkad est donc représentatif de l'évolution idéologique qui touche le pouvoir : le roi n'est plus un homme plus important que les autres, il est au-dessus du reste des humains, et accède au rang divin[42]. Cela se voit surtout à l'apogée de l'art d'Akkad sous Naram-Sin, qui est aussi le souverain aux ambitions impériales les plus évidentes. L'art est attaché à la personne royale, et à clairement un but de propagande. Le roi est souvent montré comme un guerrier victorieux, soumettant ses ennemis. Cet art émane manifestement de véritables ateliers royaux. Mais cela n'entrave en rien l'évolution qualitative que l'on remarque notamment dans le rendu anatomique des personnages sur les sculptures.

Empreinte du sceau-cylindre d'Ibni-sharrum, scribe de Shar-kali-sharri, chef-d’œuvre de la glyptique akkadienne. Musée du Louvre.

La période d'Akkad voit enfin le développement dans la glyptique d'un art religieux représenté sur les sceaux-cylindres des personnages importants du royaume, très souvent gravés dans de la chlorite[43]. L'exaltation de la monarchie est totalement absente de ce type de support, mais la volonté d'uniformiser les thèmes religieux vient peut-être du pouvoir et de ses tendances centralisatrices. C'est en tout cas par ces sources que nous sommes le plus documentés sur la religion de cette période, étant donné que les inscriptions font défaut sur ce point[44]. Cet art, s'il s'inspire de quelques thèmes des périodes précédentes, est également très novateur, et là aussi se veut plus détaillé dans la représentation des personnages. Certaines scènes représentent simplement des divinités, avec leurs attributs caractéristiques. Il semble que les divinités soient plus individualisées qu'à la période précédente. Les plus couramment représentées sont : Enki/Ea, le dieu des flots souvent accompagné de son acolyte Ushmu, le dieu aux deux visages ; la divinité solaire Utu/Shamash ; et la grande déesse Inanna/Ishtar. Deux grands thèmes faisant référence à la mythologie sont récurrents dans la glyptique de l'époque[45]. Le premier est celui d'un combat mettant en scène une divinité affrontant un animal réel ou imaginaire, inspiré de scènes de combats héroïques déjà présentes dans la glyptique des siècles précédents. L'autre thème est celui que P. Amiet a qualifié de « Grande Épiphanie », qui met en scène plusieurs divinités se manifestant sur Terre dans le but d'apporter des forces revitalisant la Nature, en la fertilisant (notamment Enki apportant ses flots). Cela renvoie peut-être à un rituel de fête du Nouvel An, qui a alors lieu au début du printemps. En dehors de ces thèmes, l'un des plus remarquables sceaux de la période est celui d'Ibni-sharrum, scribe de Shar-kali-sharri, deux personnages nus, nommés lahmu, en train d'abreuver deux buffles, la scène étant organisée de façon symétrique autour du cartouche portant le nom et la fonction du détenteur du sceau[46]. Sa qualité plastique en fait un chef-d'œuvre de la glyptique d'Akkad et même de la Mésopotamie antique.

Structures administratives et économiques

La stèle de Manishtusu : à gauche, la stèle complète et, à droite, le détail du texte gravé - Musée du Louvre La stèle de Manishtusu : à gauche, la stèle complète et, à droite, le détail du texte gravé - Musée du Louvre
La stèle de Manishtusu : à gauche, la stèle complète et, à droite, le détail du texte gravé - Musée du Louvre
Localisation des sites principaux de Mésopotamie méridionale à la période d'Akkad.

Les structures administratives de l'État d'Akkad sont peu documentées et donc mal connues[47]. Il est organisé en provinces, dirigées dans le sud par des gouverneurs parfois appelés ENSÍ, titre sumérien auparavant utilisé pour désigner les souverains de certaines cités-États. Elles correspondent apparemment dans cette région aux anciennes limites des États annexés lors de la conquête par Sargon, dont les souverains ont été remplacés par des fidèles du roi, originaires d'Akkad. D'une manière générale, l'élite du royaume est faite et défaite par le roi, et elle est dominée par la famille royale qui accapare les charges les plus importantes comme vu précédemment. En plus de charges importantes, le souverain dispense aussi de nombreuses terres à ses fidèles, comme le montre l'obélisque de Manishtusu, stèle en diorite conservée au Musée du Louvre[48], qui porte une attestation d'achats de terres réalisés par le roi dans la région de Kish, 3 500 hectares environ, redistribués ensuite à des officiers, les « fils d'Akkad », c'est-à-dire ses proches[49].

La Basse Mésopotamie, cœur de l'empire d'Akkad, est divisée en deux grandes régions qui sont appelées plus tard Sumer et Akkad. La première est majoritairement peuplée de Sumériens, comme le révèle l'étude des noms de personnes provenant des archives de cette région, dont plus de 80 % sont dans leur langue[50]. Dans le pays d'Akkad en revanche, on trouve environ plus de 80 % de noms en akkadien, langue sémitique, celle de la dynastie d'Akkad, ce qui en fait la langue principale de l'administration, cohabitant avec le sumérien dans le sud. La question de savoir dans quelle mesure la domination des sumérophones par les akkadophones a pu être ressentie est souvent posée[51]. Il a parfois été tenté de voir les révoltes ayant embrasé le sud de la Mésopotamie comme des soulèvements pour l'indépendance de Sumer contre Akkad, mais en réalité les rebelles sont aussi bien originaires du pays de Sumer que de celui d'Akkad. De fait, même s'ils privilégient les gens de la noblesse d'Akkad et leur langue, du fait de leurs origines, rien n'indique que les rois d'Akkad ont cherché à exclure les Sumériens, dont ils ont repris certaines des traditions, notamment en matière religieuse. Cela se voit dans le destin d'Enheduanna, fille de Sargon portant un nom sumérien, placée à la tête d'un des grands sanctuaires de Sumer, et rédigeant peut-être même des œuvres littéraires dans la langue de cette région[52]. En fin de compte, le facteur ethnique a pu être pris en compte dans certains cas, mais on ne peut déterminer dans quelle mesure. Rien n'indique qu'il a été décisif dans des politiques impériales ou le déclenchement d'événements et il n'a sans doute été qu'un facteur parmi d'autres (identités et traditions locales, intérêts économiques, etc.)

Ruines d'une construction du règne de Naram-Sîn à Tell Brak en Syrie.
Traité d'alliance entre Naram-Sin d'Akkad et un roi d'Awan, c. 2250, Suse, Musée du Louvre.

Dans les régions conquises, quand il n'y avait pas de centre administratif déjà en place, de nouveaux étaient créés, ainsi que des forteresses, ou bien on construisait de nouveaux palais et habitats dans des villes conquises, peut-être sur un modèle identique à celui des marches militaires périphériques que l'on connaît par la suite pour la Troisième dynastie d'Ur. C'est le cas à Tell Brak en Haute Mésopotamie, où a été mis au jour un vaste bâtiment dont les inscriptions de fondation sont au nom de Naram-Sin, servant sans doute de résidence à un gouverneur, entouré d'autres constructions de la même époque et témoignant d'un réaménagement de la ville après sa conquête[53]. D'autres chantiers de ce type avaient été entrepris à Tell Leilan dans la même région. En revanche, on ignore si les rois d'Akkad ont entrepris des travaux à Ninive, comme une tradition locale postérieure le prétend[54]. Les provinces hors de Basse Mésopotamie sont contrôlées par des gouverneurs qui ont une fonction militaire importante, surtout dans les périphéries de l'empire, et qui sont souvent des membres de la famille royale. Les rois d'Akkad peuvent également passer des accords politiques avec les royaumes situés à leurs frontières pour leur sécurité. On dispose ainsi d'une tablette d'un traité de paix passé entre Naram-Sin et un roi d'Awan, retrouvé à Suse et rédigé en élamite, qui semble faire du second un vassal du premier, l'obligeant à suivre sa ligne politique, à ne pas le trahir, et à lui apporter une assistance militaire si nécessaire[55].

Les gouverneurs d'Akkad ont des prérogatives judiciaires, doivent prélever les impôts et sont chargés de la gestion de domaines royaux souvent immenses. Ce sont les domaines des souverains déchus, qui sont gérés selon la tradition locale de trois façons : directement par les dépendants du palais contre des rations d'entretien, indirectement par des métayers, ou encore concédés à des fonctionnaires ou militaires comme rétribution pour le service accompli. Les artisans sont également rétribués en rations d'entretien. Des intendants (ŠABRA) s'occupent de l'administration de ces domaines. De telles institutions sont attestées en plusieurs endroits par des archives : à Lagash, Umma, mais aussi hors de Basse Mésopotamie, à Gasur[56]. Un des mieux connus est celui qui est dirigé par Mesag, peut-être le gouverneur d'Umma, et qui est situé vers la limite entre cette province et celle de Lagash[57]. Il couvre environ 1 270 hectares, et emploie 300 dépendants. Cela correspond à des domaines tels que celui du temple de Ba'u à Girsu durant la période précédant les conquêtes de Sargon. Les structures économiques et sociales de la Basse Mésopotamie n'ont donc pas été modifiées par l'empire d'Akkad, si ce n'est à la rigueur en donnant un plus grand rôle aux membres de l'administration royale[58]. Les travailleurs des grandes institutions sont des dépendants ou des travailleurs indépendants recrutés occasionnellement pour des tâches spécifiques et rémunérés par des rations, et plus rarement des esclaves qui ne constituent pas une force de travail importante[59].

Inscription de Naram-Sin commémorant la construction d'un temple à Marad par son petit-fils Lipit-Ili, gouverneur de cette ville, c. 2250, Musée du Louvre.

Les temples disposent toujours de domaines importants là où ils en avaient auparavant, c'est-à-dire dans la région de Sumer et dans la Diyala. Cela est attesté notamment par les archives de l'Ekur à Nippur[60] et un autre lot provenant d'Eshnunna[61]. Leur administration semble généralement chapeautée par le gouverneur local, mais à Nippur c'est un administrateur spécifique choisi par le roi, le SANGA, qui dirige l'Ekur, le temple du grand dieu Enlil, principale divinité de la Mésopotamie, alors que le reste de la cité de Nippur est dirigé par un gouverneur, situation spécifique sans doute due au statut du temple qui est le sanctuaire de tout le pays sumérien. Le roi participait à l'entretien courant des temples, et la reconstruction de l'Ekur entreprise par Naram-Sin et poursuivie par son fils Shar-kali-sharri est bien connue grâce aux tablettes exhumées dans ce temple. Ils mobilisent des artisans spécialisés dans tout leur royaume à cet effet, charge à l'administration du temple de les entretenir pendant la durée des travaux. En tant qu'organisme économique, le temple fonctionne suivant le même principe que le palais. Les dépendants de l'Ekur sont organisés en équipes de travailleurs dirigées par des chefs (UGULA), eux-mêmes commandés par des administrateurs supervisant les travaux (NU.BANDA3), et rémunérés par des rations d'entretien. Le sanctuaire est aussi amené à jouer un rôle de protection sociale pour des démunis (orphelins, veuves) qu'il entretient[62].

D'autres activités sont attestées par un nombre plus réduit de tablettes. Certains documents provenant de Suse montrent l'activité de marchands (DAM.GÀR) qui agissent sous le contrôle de l'État, et dont les réseaux commerciaux ont pour but d'acheminer des matières premières vers la Mésopotamie qui en est très pauvre[63]. D'autres textes montrent quant à eux l'existence d'activités privées à cette période, certains marchands ou autres agents de l'État pouvant également agir pour leur propre compte[64]. Le commerce international est très actif vers le Plateau iranien, mais aussi le Golfe Persique, allant jusqu'à Oman (Magan) et la Vallée de l'Indus (Meluhha), régions riches en matières premières dont les Mésopotamiens étaient très demandeurs (métaux, pierres), même si on ne sait pas ce qu'ils exportaient en retour[65]. On trouve aussi dans les archives de la période des documents concernant des activités locales, de commerce de produits agricoles, d'achat et de vente de champs, d'esclaves, ainsi que des opérations de prêts. La richesse de ces notables paraît liée au pouvoir central. Ainsi, à Umma, un certain Ur-Shara prend en charge du bétail appartenant au palais. Son épouse Ama-é, véritable femme d'affaires, loue des terres du palais, et effectue d'autres activités avec des personnes privées, notamment des prêts. De plus, il semble que les terres concédées par le palais à ces notables furent progressivement patrimonialisées par leurs détenteurs, qui les considéraient comme des biens familiaux, sans que cela n'affaiblisse forcément le pouvoir central[66]. Comme souvent dans l'histoire mésopotamienne, les limites entre public et privé sont très floues.

Postérité

L'expérience qu'a constituée l'empire d'Akkad a profondément marqué l'histoire de la Mésopotamie. L'ancien système des cités-États laisse place à une nouvelle forme étatique qui se donnait pour vocation la domination universelle. Le royaume de la Troisième dynastie d'Ur, qui se forme quelques décennies après la chute d'Akkad, se situe dans la continuité de ce « premier empire ». À partir de ce moment, les rois d'Akkad, en premier lieu Sargon et Naram-Sin, deviennent les héros de véritables épopées qui servent d'illustration à l'idéologie royale mésopotamienne qu'ils ont eux-mêmes contribué à forger[67].

Dès les débuts d'Ur III, les cercles royaux ressentent le besoin de justifier la chute d'Akkad par une explication théologique, et procèdent à la rédaction d'un texte en sumérien, appelé par les historiens actuels la Malédiction d'Akkad[68]. Ce récit raconte que Naram-Sin a perdu le soutien des dieux, et que le plus grand d'entre eux, Enlil, ne lui donne pas le droit de reconstruire son temple à Nippur. De rage, Naram-Sin le fait détruire, et s'attire la malédiction des dieux, qui condamnent son royaume à la destruction, les Gutis jouant le rôle d'exécuteur inconscient du châtiment divin. Cette justification de la chute d'Akkad permet de légitimer le pouvoir des rois d'Ur III. C'est cette image de roi orgueilleux et pécheur qu'a forgé la tradition mésopotamienne à propos de Naram-Sin. Elle se retrouve dans la Légende de Kutha, dans laquelle le roi refuse d'entendre les mauvais présages à propos d'une bataille qu'il va mener, et perd. Mais il finit par l'emporter en combattant quand les présages lui sont favorables[69]. La grande révolte qui a lieu au cours de son règne a également donné lieu à une tradition littéraire comme vu précédemment[70].

Tablette paléo-babylonienne relatant la légende de la naissance de Sargon.

Sargon a également été à l'origine d'une abondante littérature, qui est parfois sur-interprétée par les historiens modernes dans la mesure où on dispose de peu d'inscriptions et de textes datant de son règne. Il est difficile de savoir dans quelle mesure ces récits, attestés jusqu'à la fin de l'époque néo-assyrienne (VIIIe-VIIe siècles), suivent la réalité historique. C'est le cas du plus célèbre, l'Autobiographie de Sargon[71], récit racontant comment Sargon est abandonné à sa naissance par sa mère (une prêtresse qui ne doit pas avoir d'enfants), qui le place dans un panier en osier sur l'Euphrate, sur lequel il dérive jusqu'à Kish où il est recueilli par un puisatier, avant d'être plus tard soutenu par la déesse Ishtar, qui l'aide à prendre le pouvoir. Plusieurs récits racontent ses exploits guerriers, notamment celui dit Sargon, roi de la bataille[72]. Il relate une campagne, sans doute légendaire, qu'il aurait mené en Anatolie, contre la ville de Purushanda. Un exemplaire en hittite a été mis au jour à Hattusha, capitale des Hittites, ainsi qu'une version akkadienne du récit à Tell el-Amarna, en Égypte, ce qui montre que la légende de Sargon trouvait un écho au-delà de la Mésopotamie.

La tradition mésopotamienne a donc distingué deux rois d'Akkad, Sargon et Naram-Sîn, symbolisant toute l'importance qu'ils ont eue dans son histoire, et dans la construction de la fonction royale et de l'impérialisme dans la région. Elle a surtout retenu d'eux leur puissance militaire, aspect qu'ils ont eux-mêmes le plus mis en avant. Au long de l'histoire mésopotamienne les scribes ont recopié les inscriptions des souverains d'Akkad, en plus des légendes les concernant. Plusieurs souverains reprennent au cours des deux millénaires suivants le titre de « roi d'Akkad », se plaçant dans la continuité de leurs illustres prédécesseurs. Sargon et Naram-Sîn ont également fait l'objet d'un culte, sans doute dès la période d'Ur III, et leurs statues de culte sont encore vénérées sous la domination des Perses achéménides (VIe-Ve siècles). Un peu auparavant, des prêtres de Sippar de la période précédente créent une fausse charte de donation qu'aurait octroyé Manishtusu à leur temple[73].

Notes et références

  1. (en) B. R. Foster, « Archives and Record Keeping in Sargonic Mesopotamia », dans Zeitschrift für Assyriologie 72, p. 1–27 ; (en) id., « Archives and Empire in Sargonic Mesopotamia », dans K. R. Veenhof (dir.), Cuneiform Archives and Libraries, Leyde, 1986, p. 46–52. B. Lafont, « II. La société sumérienne », dans Sumer 1999-2002, col. 146
  2. (en) C. Wall-Romana, « An Areal Location of Agade », dans Journal of Near Eastern Studies 49/3, 1990, p. 205–245 ; Westenholz 1999, p. 31–34
  3. E. Sollberger et J.-R. Kupper, Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Paris, 1971, p. 97-114 ; (de) I. Gelb et B. Kienast, Die altakkadischen Königsinschriften des dritten Jahrtausends v. Chr., Stuttgart, 1990 ; (en) D. Frayne, The Royal inscriptions of Mesopotamia, Early periods, vol. 3/2, Sargonic and Gutian periods : 2334-2113 BC, Toronto, 1993
  4. Présentation et traduction en anglais dans Goodnick-Westenholz 1997 et (en) J. Cooper, The Curse of Agade, Baltimore, 1983
  5. Sur les difficultés à analyser ces sources, voir notamment : (en) M. Liverani, « Model and Actualization, The Kings of Akkad in the Historical Tradition », dans Liverani (dir.) 1993, p. 41-67 ; (en) P. Michalowski, « Memory and Deed: the Historiography of the political Expansion of the Akkad State », dans Liverani (dir.) 1993, p. 69-90 ; (en) J. Goodnick-Westenholz, « Objects with Messages: Reading Old Akkadian Royal Inscriptions », dans Bibliotheca Orientalis 55, 1998, p. 44–59 ; (en) D. T. Potts, « Reading the Sargonic ‘Historical-Literary' Tradition: Is There a Middle Course? (Thoughts on the Great Revolt against Naram-Sin) », dans T. Abusch et al. (dir.), Historiography in the Cuneiform World Part I, CRRAI 45, Bethesda, 2001, p. 391–408
  6. Amiet 1976
  7. (en) H. J. Nissen, « Settlement Patterns and Material Culture in the Akkad Period: Continuity and Discontinuity », dans Liverani (dir.) 1993, p. 91-106 ; (en) McG.Gibson et A. McMahon, « Investigation of the Early Dynastic-Akkadian Transition: Report of the 18th and 19th Seasons of Excavation in Area WF, Nippur », dans Iraq 57, 1995, p. 1–39 ; (en) D. Matthews, « The Early Dynastic-Akkadian Transition Part I: When Did the Akkadian Period Begin? », dans Iraq 59, 1997, p. 1–7 ; (en) McG. Gibson et A. McMahon, « The Early Dynastic-Akkadian Transition Part II: The Authors' Response », dans Iraq 59, 1997, p. 9–14
  8. a et b Westenholz 1999, p. 34–40. F. Joannès, « Sargon Ier (d'Akkad) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 754-756 ; P. Michalowski, « 3. Histoire », dans Sumer 1999-2002, col. 115 ; M.-J. Seux, « VI. Sumériens et les Sémites », dans Sumer 1999-2002, col. 346-347
  9. Goodnick-Westenholz 1997
  10. a, b, c, d et e B. Lafont et B. Lion, « Akkad », dans Joannès (dir.) 2001, p. 25 pour les dates de la chronologie moyenne, couramment utilisée. Glassner 2002, p. 46 pour les propositions plus basses.
  11. Akkad existait probablement avant le règne de Sargon, qui ne l'aurait donc pas fondée : Westenholz 1999, p. 31
  12. (en) A. Archi et M. G. Biga, « A Victory over Mari and the Fall of Ebla », dans Journal of Cuneiform Studies 55, 2003, p. 1–44. D. Charpin, « Tell Hariri/Mari : Textes », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 77-78, 2008, col. 223-224.
  13. a et b (de) H. Klengel, Geschichte des Hethetischen Reiches, Leyde 1999, p. 19–20 ; (en) A. Westenholz, « Relations between Mesopotamia and Anatolia in the Age of the Sargonic Kings », dans H. Erkanal et al. (dir.), XXXIV Uluslararasÿ Assiriyoloji Kongresi, CRRAI 34 (Istanbul, 1987), Ankara, 1998, p. 5–22 ; (en) G. Beckman, « Sargon and Naram-Sin in Hatti: Reflections of Mesopotamian Antiquity among the Hittites », dans D. Kuhn and H. Stahl (dir.), Die Gegenwart des Altertums, Heidelberg, 2001, p. 85–91
  14. Westenholz 1999, p. 41–44. P. Michalowski dans Sumer 1999-2002, col. 115 ; M.-J. Seux dans Sumer 1999-2002, col. 347-348
  15. Westenholz 1999, p. 44–46
  16. Pour les relations de ces deux rois d'Akkad avec les régions du sud-ouest iranien, voir (en) D. T. Potts, The Archaeology of Elam: Formation and Transformation of an Ancient Iranian State, Cambridge, 1999, p. 103–106. Voir aussi Westenholz 1999, p. 90–93 et p. 97–98 pour les régions du Golfe.
  17. Westenholz 1999, p. 46–55. B. Lafont, « Narâm-Sîn (d'Akkad) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 557–560. P. Michalowski dans Sumer 1999-2002, col. 116 ; M.-J. Seux dans Sumer 1999-2002, col. 347-348
  18. (en) T. Jacobsen, « Iphur-Lish and Its Times », dans Archiv für Orientforschung 26, 1978-79, p. 1–14 ; (en) S. Tinney, « A new look at Naram-Sin and the ‘great rebellion' », dans Journal of Cuneiform Studies 47, 1995, p. 1–14 ; (de) C. Wilcke, « Amar-girids Revolt gegen Naram-Su'en », dans Zeitschrift für Assyriologie 87, 1997, p. 11–32
  19. (en) D. T. Potts, op. cit., p. 106–108
  20. B. Lafont, P. Villard et C. Castel, « Armement », dans Joannès (dir.) 2001, p. 76-77
  21. a et b Westenholz 1999, p. 65–68 ; Ph. Abrahami, « L'armée d'Akkad », dans Ph. Abrahami et L. Battini (dir.), Les armées du Proche-Orient ancien (IIIeIer mill. av. J. –C.), Oxford, 2008, p. 1–22
  22. N. Ziegler, « Guti », dans Joannès (dir.) 2001, p. 356
  23. J.-J. Glassner, La chute d'Akkadé, L'événement et sa mémoire, Berlin, 1986. Westenholz 1999, p. 55–57. P. Michalowski dans Sumer 1999-2002, col. 116-118
  24. Westenholz 1999, p. 57. (en) D. Frayne, The Royal inscriptions of Mesopotamia, Early periods, vol. 3/2, Sargonic and Gutian periods : 2334-2113 BC, Toronto, 1993, p. 210–217
  25. Westenholz 1999, p. 57–59 ; Glassner 2002, p. 32
  26. J.-J. Glassner, « La fin d'Akkadê : approche chronologique », NABU 1994/9
  27. (en) H. Weiss et A. Courty, « The Genesis and Collapse of the Akkadian Empire: the Accidental Refraction of Historical Law », dans Liverani (dir.) 1993, p. 131–155 ; débat poursuivi, cf. par exemple S. Cleuziou, « La chute de l'empire d'Akkadé : homme et milieux au Moyen-Orient », dans Les nouvelles de l'archéologie 56, 1994, p. 45–48 et J.-J. Glassner, « La chute d'Akkadé, les volcans d'Anatolie et la désertification de la vallée du Habur », dans Ibid., p. 49–51 ; puis H. Weiss et A. Courty, « La chute de l'empire d'Akkadé ... (suite). Entre droite épigraphique et gauche archéologique, y a-t-il une place pour la science ? », dans Les nouvelles de l'archéologie 57, 1994, p. 33–41
  28. a et b B. Lafont et B. Lion, « Akkad », dans Joannès (dir.) 2001, p. 24–25
  29. a et b B. Lafont, « Narâm-Sîn (d'Akkad) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 559
  30. Glassner 2002, p. 158–160
  31. Glassner 2002, p. 191–193 parle d'une « pseudo-divinisation »
  32. (en) P. Steinkeller, « Early Political Development in Mesopotamia and the Origins of the Sargonic Empire », dans Liverani (dir.) 1993, p. 107–129
  33. (en) I. Gelb, « Ebla and the Kish Civilization », dans L. Cagni (éd.), La Lingua di Ebla, Naples, 1981, p. 9–72 ; id., « Mari and the Kish Civilization », dans G. D. Young (dir.), Mari in Retrospect, Winona Lake, 1992, p. 121–202
  34. (en) B. R. Foster, « Archives and Empire in Sargonic Mesopotamia », op. cit. ; id., « Management and Administration in the Sargonic Period », dans Liverani (dir.) 1993, p. 25–29
  35. Sur ces questions, voir les différents articles de Liverani (dir.) 1993, ainsi que S. Lafont « Les "premiers" empires mésopotamiens », dans Méditerranées 8, 1996, p. 11–26
  36. Glassner 2002, p. 31–32
  37. Amiet 1976, p. 8–13
  38. Amiet 1976, p. 18–28
  39. Description sur le site du Musée du Louvre (Paris, musée du Louvre). Amiet 1976, p. 29–32 ; (de) D. Bander, Die Siegestele des Naramsîn und ihre Stellung in Kunst- und Kulturgeschichte, Idstein, 1995 ; Benoit 2003, p. 260–261. Voir aussi les trois articles de Irene Winter compilés dernièrement dans (en) I. Winter, On Art in the Ancient Near East, Volume II From the Third Millennium B.C.E., Leyde-Boston, 2010, p. 85–149
  40. (en) M. E. L. Mallowan, « The Bronze Head of the Akkadian Period from Nineveh », dans Iraq 3/1, 1936, p. 104–110 ; Benoit 2003, p. 258–259
  41. Amiet 1976, p. 64
  42. Glassner 2002, p. 274–275 ; Benoit 2003, p. 82–83
  43. (de) R. M. Boehmer, Die Entwicklung der Glyptik wärhend der Akkad-Zeit, Berlin, 1965 ; Amiet 1976
  44. Westenholz 1999, p. 78–84
  45. Amiet 1976, p. 44–63 ; Benoit 2003, p. 262–267
  46. Description sur le site du Musée du Louvre. Benoit 2003, p. 268–269
  47. Westenholz 1999, p. 60–65 ; (en) C. Wilcke, « Early Dynastic and Sargonic Periods », dans R. Westbrook (dir.), A History of Ancient Near Eastern Law, Leyde, 2003, p. 145–151
  48. Description sur le site du Musée du Louvre. Transcription et traduction dans (en) I. J. Gelb, P. Steinkeller et R. M. Whiting, Earliest Land Tenure Systems in the Near East: Ancient Kudurrus, Texts, Chicago, 1991, p. 116–140
  49. (en) B. R. Foster, « The Forty-nine Sons of Agade », dans S. Graziani (dir.), Studi sul Vicino Oriente Antico dedicati alla memoria di Luigi Cagni, Naples, 2000, p. 308–219
  50. (en) B. R. Foster, « Ethnicity and Onomasticon in Sargonic Mesopotamia », dans Orientalia 51, 1982, p. 297–353
  51. Westenholz 1999, p. 25–26 ; M.-J. Seux dans Sumer 1999-2002, col. 347-349
  52. Westenholz 1999, p. 76–78. J.-J. Glassner, « En-hedu-Ana, une femme auteure en pays de Sumer au IIIe millénaire ? », dans F. Briquel-Chatonnet, S. Farès, B. Lion et C. Michel (dir.) Femmes, cultures et sociétés dans les civilisations méditerranéennes et proche-orientales de l’Antiquité, Topoi supplément 10, 2009, p. 219–231
  53. (it) D. Oates, « Gli Accadi lungo l'Eufrate e nella Gezira », dans O. Rouault et M. G. Masetti-Rouault (dir.), L'Eufrate in tiempo, La civiltà del medio Eufrate e delle Gezira siriana, 1993, p. 61–63 ; (en) D. Oates et J. Oates, « Akkadian Buildings at Tell Brak », dans Iraq 51, 1989, p. 193-211 ; (en) D. Oates, J. Oates et H. Mc Donald, Excavations at Tell Brak, Vol. 2, Nagar in the third millennium BC, Londres et Cambridge, 2001.
  54. (en) J. Goodnick Westenholz, « The Old Akkadian Presence in Nineveh: Fact or Fiction », dans Nineveh. Papers of the XLIXe Rencontre Assyriologique Internationale: London, 7-11 July 2003, Iraq 66, Londres, 2004, p. 7–18
  55. (de) W. Hinz, « Elams Vertrag mit Naram-Sîn von Akkad », dans Zeitschrift für Assyriologie 58, 1967, p. 66–96
  56. (en) B. R. Foster, « Administration of State Land at Sargonic Gasur », dans Oriens Antiquus 21, 1982, p. 39–48 ; Id., « People, Land and Produce at Sargonic Gasur », dans Studies on the Civilization and Culture of Nuzi and the Hurrians 2, 1987, p. 87–107
  57. (en) B. Foster, Umma in the Sargonic Period, Hamden, 1982
  58. Vue générale des structures agraires de la période dans (en) P. Steinkeller, « Land-Tenure Conditions in Southern Babylonia under the Sargonic Dynasty », dans B. Böck, E. Cancik-Kirschbaum et T. Richter (dir.), Munuscula Mesopotamica, Festschrift für Johannes Renger, Münster, 1999, p. 553–571 ; (it) G. Visicato, « Gestione e sfruttamento dei terreni agricoli nella Babilonia dal periodo tardo-Uruk al periodo sargonico », dans M. Perna et F. Pomponio (dir.), The Management of Agricultural Land and the Production of Textiles in the Mycenaean and Near Eastern Economies, Naples, 2008, p. 23–31
  59. Westenholz 1999, p. 68–69
  60. (en) A. Westenholz, Old Sumerian and Old Akkadian Texts in Philadelphia, part II: The 'Akkadian' Texts, the Enlilemaba Texts, and the Onion Archive, Copenhague, 1987. Westenholz 1999, p. 60–65.
  61. (en) G. Visicato, « A Temple Institution in the Barley Records from Sargonic Ešnunna », dans ASJ (Acta Sumerologica) 19, 1997, p. 235–259
  62. Westenholz 1999, p. 61–63
  63. (en) B. R. Foster, « ‘International’ Trade at Sargonic Susa (Susa in the Sargonic Period III) », dans Altorientalische Forschungen 20/1, 1993, p. 59–68
  64. (en) B. R. Foster, « Commercial Activity in Sargonic Mesopotamia », dans Iraq 39/1, 1977, p. 31–43 ; (en) P. Steinkeller et J. N. Postgate, Third Millenium Legal and Administrative Texts in the Iraq Museum, Bagdad, Winona Lake, 1992
  65. Westenholz 1999, p. 100–102
  66. S. Lafont, « Fief et féodalité dans le Proche-Orient ancien », dans J.-P. Poly et E. Bournazel (dir.), Les féodalités, Paris, 1998, p. 529–532
  67. J.-J. Glassner, « Sargon, un modèle », dans P. Bordreuil, F. Briquel-Chatonnet et C. Michel (dir.), Les débuts de l'histoire, Paris, 2008, p. 161–165
  68. (en) J. Cooper, The Curse of Agade, Baltimore, 1983. B. Lion, « Malédiction d'Akkad », dans Joannès (dir.) 2001, p. 490-491.
  69. Goodnick-Westenholz 1997, p. 262–367
  70. Goodnick-Westenholz 1997, p. 221–261
  71. Goodnick-Westenholz 1997, p. 33–50
  72. Goodnick-Westenholz 1997, p. 57–139
  73. B. Lafont et B. Lion, « Akkad », dans Joannès (dir.) 2001, p. 25–26. J.-J. Glassner, « Sargon, un modèle », op. cit., p. 165.

Annexes

Articles connexes

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Bibliographie

  • P. Amiet, L'art d'Agadé au musée du Louvre, Paris, 1976 
  • (en) M. Liverani (dir.), Akkad, the first World Empire : structure, ideology, traditions, Padoue, 1993 
  • (en) J. Goodnick-Westenholz, Legends of the Kings of Akkade, Winona Lake, 1997 
  • (en) A. Westenholz, « The Old Akkadian Period: History and Culture », dans W. Sallaberger et A. Westenholz, Mesopotamien, Akkade-Zeit und Ur III-Zeit, Fribourg, 1999, p. 17-118 
  • « Sumer », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 72-73, 1999-2002, col. 77-359 
  • F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001 
  • J.-J. Glassner, La Mésopotamie, Paris, 2002 
  • A. Benoit, Art et archéologie : les civilisations du Proche-Orient ancien, Paris, 2003 


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Empire d'Akkad de Wikipédia en français (auteurs)

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