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La Petite Église a été fondée suite au double refus de la Constitution Civile du Clergé (1790) et du concordat de 1801 par une partie de l'Église de France.

Il s'agit du terme générique sous lequel on rassemble l'ensemble des groupes qui de 1801 à nos jours ont refusé le Concordat signé entre le Premier consul Bonaparte et le pape Pie VII. Des recherches récentes ont permis d'identifier une quarantaine de ces groupes dans toute la France et également en Belgique, française à l'époque[1]. Ces groupes rassemblaient quelque 100 000 fidèles au début du XIXe siècle. Ce sont les derniers survivants du gallicanisme de la France d'Ancien Régime qui refusent l'ultramontanisme, le concordatisme et la Révolution française. Leurs missels continuent d'utiliser les formulations que lisaient le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette en captivité.

De nos jours, seules quatre communautés subsistent : les « dissidents » du Poitou (3 000 fidèles), les « stévenistes » belges (300 fidèles), les « Blancs » en Bourgogne (300 fidèles) et la Petite Église du Lyonnais (400 fidèles).

Tous ces groupes ont pour point commun de ne plus avoir de prêtres à leurs côtés depuis plus de 150 ans, les derniers prêtres anticoncordataires étant morts vers 1840. Des laïcs ont pris la suite, les prières étant désormais dites à la maison, ou dans des chapelles (comme en Poitou ou en Belgique).

Sommaire

Petite Église de l'Aveyron

Les renseignements suivants concernent l'histoire de la Petite Église de l'Aveyron, mais sont très significatifs de l'histoire de nombreux autres groupes de ce mouvement.

L'évêque de Rodez, Mgr de Colbert-Seignelay, s'opposa au concordat. Suite à l'action du vicaire Bernard Souquières, réfractaire particulièrement convaincu qui se cacha dans la vallée de l'Olt, plusieurs communautés de l'Aveyron le suivirent, notamment Notre-Dame-d'Aynès, Grand-Vabre, et de l'autre côté de l'Olt dans le Cantal, Cassaniouze, Vieillevie, Ladinhac, Saint-Projet, et plus loin dans le Cantal Saint-Illide.

Les membres de ces communautés, menés par les abbés Delhom et Régis, furent surnommés les Enfarinés parce qu'ils gardaient les cheveux longs et poudrés à la mode de l'Ancien Régime.

À partir de 1810, par manque de prêtres, les communauté s'étiolent. Certaines cependant se maintiennent longtemps hors de la « grande Église », se réunissant les dimanches, se baptisant entre eux, refusant d'entrer dans les églises ou bien d'accueillir un prêtre pour le sacrement des malades. Le plus anciens des Enfarinés présidait les obsèques.

La Petite Église se maintint à Cassaniouze, dans le hameau de la Bécarie, jusqu'en 1911, année où l'évêque de Saint-Flour, Paul-Augustin Lecoeur, reçut l'abjuration des derniers fidèles, dès lors réintégrés à l'Église Romaine.

Petite Église en Bretagne

En Bretagne les résistants à l'Église constitutionnelle, puis Concordataire, sont appelés les « Louisets ».

Ce nom provient de celui du dernier lieu de culte public où se réunissaient les catholiques qui résistaient à la constitution civile du clergé, la chapelle de l'hôpital Saint-Louis de Fougères.

Le « patriarche » des Louisets était l'abbé Joseph Goret des Martinais (1753 - 1816), un prêtre issu d'une famille illustre du pays fougerais. Peu de mois après la promulgation du Concordat en avril 1801, l'abbé Goret des Martinais quitta la chapelle Saint-Louis pour ne plus célébrer avec ses fidèles que dans l'enceinte de son hôtel particulier situé impasse de l'Aumaillerie (aujourd'hui rue Chateaubriand).

D'autres prêtres suivirent cet exemple comme l'abbé Fleury (1758-1832), ou son successeur l'abbé de Juvigny, le dernier prêtre des Louisets qui resta présent à Fougères où il mourut en 1843. Ces derniers célébraient chez Mme de la Lézardière, une autre personnalité de la région.

Au cours de l'Empire les autorités civiles ne tracassèrent guère les Louisets. Ils formaient un milieu relativement nombreux mais très fermé et ils n'ont jamais été perçus comme un groupe susceptible de menacer l'ordre public comme ce pouvait être le cas dans d'autres régions. C'est avec la Restauration qu'ils subirent les plus fortes persécutions sous la pression du clergé, bien décidé à faire rentrer toutes les ouailles dans les rangs et soucieux d'imposer pleinement son autorité. Cet acharnement clérical prit de multiples formes (encouragement des tracas policiers qui allèrent jusqu'à des arrestations, défense de commercer avec les Louisets ou de leur donner du travail).

En conséquence le petit monde des Louisets devint extrêmement suspicieux et secret envers toute personne externe à son milieu. Cette défiance fait qu'il est très rare qu'un Louiset se reconnaisse publiquement comme tel. De cette période naît l'usage de ne jamais parler de religion hors du cercle familial et de limiter le plus possible les contacts sociaux surtout vis-à-vis des « Haineux » (sobriquet donné à l'origine aux prêtres qui avaient acceptés de prêter serment de « haine à la monarchie » pendant la Révolution, puis attribué à l'ensemble des catholiques qui admettent le « nouvel ordre des choses »).

Il poussa enfin un certain nombre de ces familles acculées à la misère ou simplement soucieuses d'échapper aux tracasseries pour pouvoir suivre en paix leur conscience à quitter la Bretagne pour rejoindre la capitale où ils pouvaient plus facilement passer inaperçus ou parfois même à émigrer à l'étranger. Cette persécution poussa à son paroxysme un dégoût viscéral pour le clergé acquis au nouvel ordre politique et religieux, sentiment qui passe de génération en génération : un des comportements classique du Louiset est de ne jamais admettre le moindre contact avec le clergé issu de la Révolution, ni de mettre les pieds dans une église pendant le déroulement d'une célébration religieuse. Peu communautaire dès l'origine, il n'existe aucune volonté de mettre en place une quelconque organisation ou une forme associative pour structurer ce courant religieux ou fédérer les familles. Les Louisets ne demandent rien et n'aspirent qu'à être invisibles pour être laissés en paix. De plus, à l'horreur que suscite chez eux le clergé héritier de la Révolution et de l'Empire, ainsi que ses orientations actuelles (le « dialogue avec le monde moderne » n'est pour eux que le dernier avatar de l'inacceptable esprit de compromission de l'Église de France manifesté dans l'acceptation du concordat napoléonien) s'ajoute celui pour les groupes ou mouvements qui se situent aux frontières du catholicisme, catalogués sans appel comme des dérives schismatiques ou sectaires.

Les Louisets (comme tous les Dissidents de la Petite Église) frémissent à la seule idée que leur glorieuse Tradition de fidélité aux « éveques légitimes de Bretagne » puisse offrir un paravent d'honorabilité à des aventuriers du religieux qui se présentent aujourd'hui comme les héritiers de l'Église gallicane. Cette dimension religieuse exclusivement familiale ou même individuelle est revendiquée aujourd'hui comme une identité propre et un gage de pleine appartenance à l'Église catholique. À cette fin, subtilement, ils insistent sur le fait qu'ils « prient pour le Pape » et ils refusent en général, à débattre de la question de la légitimité du clergé en France. Ils affirment seulement « ne pas pouvoir recourir à leur ministère » et s'en tenir pour leur vie religieuse aux dernières dispositions pastorales laissées par les évêques légitimes pour les temps de persécutions qui, affirment-ils, ne sont pas clos.

Le culte suit le calendrier religieux de l'Ancien Régime et les anciennes observances (surtout en ce qui concerne la discipline du jeûne). Depuis 1801 il est devenu exclusivement domestique, ce qui fait d'eux par définition des « chambristes ». Il se caractérise le plus souvent par la présence dans la demeure ou l'appartement familial d'une « chapelle », nom donné à une haute et vaste armoire placée dans la plus belle pièce de la demeure, privée de tout signe sacré extérieur susceptible de dévoiler sa réelle destination. Elle reste habituellement fermée, surtout en présence d'étrangers à la famille. À l'heure de la « Messe » ou des vêpres ou du rosaire, le doyen ou la doyenne de la famille ouvre l'armoire et découvre ainsi un autel domestique en forme de triptyque dont la richesse du décor intérieur contraste avec l'anonyme sobriété externe. Les ornements du jour sont tirés des tiroirs de la partie basse (nommée « sacristie ») et sont placés sur l'autel. Sur la partie supérieure de l'autel, comme sur les parties internes des portes de l'armoire, plusieurs étagères supportent des images sacrées, des statues de saints et des chandeliers.

Les « chapelles » les plus aimées sont celles qui conservent, en outre, un « Trésor », nom donné à des vases liturgiques qui ont été utilisés par le clergé réfractaire ou qui ont été soustraits pendant la Révolution pour leur éviter d'être « souillés par le culte concordataire ». La célébration est assurée par le doyen qui dirige à voix basse la récitation de l'Office de la Messe à laquelle répond le reste de la famille, à l'exception des prières consacratoires qui sont lues dans le plus grand silence, ponctué au début et à la fin par les roulements des clochettes d'autel qui signalent le temps de la « consacration ». La communion eucharistique est spirituelle.

Les mariages mixtes sont vécus comme de véritables drames et ils entrainent une rupture immédiate des rapports avec le jeune couple si le(a) fiancé(e) n'accepte pas d'adopter les usages religieux de la famille (« se louiser »)[2] [3]

La plupart des ouvrages qui étudient la Petite Eglise font à peine quelques allusions à ce mouvement de résistance catholique en Bretagne [4] pour concentrer presque exclusivement leur attention sur la région vendéenne.

Petite Église des Deux-Sèvres

Article détaillé : Petite Église des Deux-Sèvres.

Notes et références

  1. Guy Janssen, La Petite Église en 30 questions, La Crèche, Geste Éditions, 1999, p. 20, cité dans Jean-Pierre Chantin, « Anticoncordataires ou Petite Église ? Les oppositions religieuses à la loi du 18 germinal an X », p.103.
  2. Etienne Aubrée, Les Louisets, éd. Librairie Académique Perrin, Paris, 1943
  3. cf. revue Historia n° 423, février 1982, revue Le Colporteur n° 17, décembre 1995, de l'Association EGBMN (Entraide Généalogique Bretagne, Maine et Loire)
  4. La Petite Église, deux siècles de dissidence, Geste Éditions, 1991, p. 108

Bibliographie

  • Camille Latreille, L’opposition religieuse au Concordat de 1792 à 1803, éd. Hachette, 1910
  • Camille Latreille, Après le Concordat, l’opposition de 1803 à nos jours, éd. Hachette, 1910
  • Émile Torfs, Le stévenisme dans le sud-ouest du Brabant, Cercle Archéologique d'Enghien, 1955
  • Jany Rouger et Jean-Louis Neveu (dir.) , La Petite Église, deux siècles de dissidence, Parthenay, éd. UPCP/Geste Paysanne, 1987
  • Guy Janssen, La Petite Église en trente questions, éd. Geste Édition, 1999, recension par Gourdon Vincent, in Histoire, économie et société, 2002, vol. 21, n° 2, pp. 281-282
  • Jean-Pierre Chantin, Anticoncordataires ou Petite Église ? Les oppositions religieuses à la loi du 18 germinal an X dans Chrétiens et Sociétés. XVIe ‑ XXe siècles, RESEA, Lyon, n° 10, 2003 pp. 95-107 [lire en ligne]

Articles

  • André Latreille, Les origines de la Petite Église en Poitou, in Mélanges littéraires et historiques publiés à l'occasion du centenaire de sa restauration, 8 octobre 1845, série Science de l'homme, n° 10, Les Belles Lettres, Université de Poitiers, 1946, pp. 99-119
  • Marguerite Rebouillat, Étude comparée des schismes anti-concordataires en France, in Revue du Bas-Poitou n°73, Fontenay-le-Comte, 1962
  • H. Maisonneuve, article Petite Église in Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain, t.XI, fasc.49, col.63-80, éd. Letouzey et Ané, 1986
  • Pascal Paineau, Vendée : les derniers survivants de la « Petite Église », in L’Histoire, n°169, septembre 1993, pp. 68-71

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