Esther Lekain

Esther Lekain
Nom	Ernestine Nikel
Naissance	1er avril 1870, Nancy
Pays d’origine	France
Décès	2 mars 1960, Nice
Activité principale	Chanteuse Professeur de chant
Genre musical	Diseuse variétés
Années d'activité	1886 à 1956

Esther Lekain, de son vrai nom Ernestine Nikel^[1], est une chanteuse française, née le 1^er avril 1870 à Nancy et morte le 2 mars 1960 à Nice.

Biographie

Il existe une incertitude sur le vrai patronyme d'Esther Lekain, sur son lieu de naissance et sur l'origine de son pseudonyme. La notice de la BNF confirme les informations publiées par Brunschwig, Calvet et Klein^[2] et Serge Dillaz^[3].

Selon Patrick Ramseyer, bibliothécaire à la BNF, cité par Paul Dubé^[4], elle est née à Paris et non à Nancy. Selon le chanteur Charlus, Nathan Niekel et Caroline Newenberg, ses parents tenaient un commerce à Saint-Nicolas-de-Port, où il fit la connaissance d'Esther lors de son service militaire, et il aurait assisté à ses débuts à l'âge de seize ans au Casino de Nancy (tenu par Armand Bel) en 1885  : « J'ai pu suivre la carrière d'Esther Lekain dès ses débuts. Ses parents, du nom de Nickel, tenaient un commerce de ganterie, parfumerie et colifichets, à Saint-Nicolas-du-Port, près de Nancy, alors que j'étais en garnison dans cette ville... Esther Lekain fut une interprète d'une finesse et d'une sensibilité très grandes. Je crois l'entendre encore quand elle lançait La Petite Tonkinoise et L'Amour malin ^[5]! »

Selon Jacques Primack et Gilles Pétard, auteurs du livret accompagnant la réédition du CD Esther Lekain en 1993^[6], citant comme source le journal belge Samedi soir (23 novembre 1946), Ernestine Lekain serait née à Bruxelles, le 1^er avril 1860, dans une famille d'industriels et son beau-frère aurait été l'éditeur de Wagner en France. Ils précisent que Lekain serait l'anagramme approximatif de son patronyme, Nickel, information jusqu'alors inédite dans les ouvrages et sites contemporains.

Selon Brunschwig, Calvet et Klein^[7], Esther Lekain fait ses débuts en 1885 à l'Alcazar de Marseille. Elle « monte » à Paris où elle s'impose rapidement. Elle se produit dans toutes les grandes salles parisiennes : à La Cigale (1895)^[8], au Concert parisien rue de l'Échiquier (devenu plus tard le Concert Mayol), à l'Alcazar d'été, à l'Alhambra, à la Scala, au Parisiana boulevard Poissonnière, aux Ambassadeurs, aux Folies Bergère, etc.^[9].

Yvette Guilbert la surnomme « la reine des diseuses^[10] ». Vêtue sobrement, elle souligne par des jeux de physionomie chaque couplet de ses chansons, mais sans extravagance. Quittant brutalement la scène pour se marier, elle y revient après plusieurs années et retrouve à Parisiana son fidèle public.

Elle fit ses adieux officiels à la scène au Palace, en 1936, âgée de soixante-six ans. Deux ans plus tard, elle ouvre une école de la chanson. Elle fêtera ses soixante-dix ans de carrière.

Georges Millandy dit d'elle : « Esther Lekain fut sans doute la plus intelligente parmi mes interprètes féminines^[11]. » On pouvait lire dans la Revue musicale : « Esther Lekain possède une fort belle voix qu'elle conduit avec adresse et une distinction émouvante... Elle est trop distinguée pour le music-hall^[12]. »

Elle a influencé notamment Damia et Tino Rossi^{[réf. nécessaire]}. Jean Lumière fut son filleul de spectacle : Esther Lekain choisit son pseudonyme de Lumière : « Votre voix est claire, vous êtes du Midi, vous vous appellerez Jean Lumière^[7]. »

La sœur d'Esther Lekain, Olga, l'accompagne au piano^[13].

Enregistrements

Esther Lekain a enregistré sur tous les supports musicaux au fil de leur évolution : cylindre à la fin du XIX^e siècle, disque à saphir en 1906, disque à aiguille (procédé acoustique), disque à aiguille (procédé électrique) dans les années 1930, disque 33 tours vinyl.

Esther Lekain accompagné par Marc Berthomieu (1954, Pathé AT1043)

En 1954, à 84 ans, elle enregistre avec le pianiste Marc Berthomieu († 1991) huit chansons^[14].

1. La Dernière gavotte
2. Le Voyage à Robinson
3. Petite brunette aux yeux doux
4. Ton rire
5. La Petite tonkinoise
6. C'est un petit béguin
7. Je n' sais comment
8. Valse à trois temps

Ré-édition numérique

Une partie de ses chansons a été rééditée sur CD dans des anthologies. Depuis l'arrivée du numérique, plusieurs titres de Lekain figurent sur des anthologies ; en 1993, un CD lui est consacré.

Esther Lekain, succès et raretés (1993, Chansophone 134-DK003)

La notice de 6 pages précise les marques, les matrices et les dates des enregistrements originaux (conception : Jacques Primack et Gilles Pétard, restauration sonore Emmanuel Ramade et Lionel Risler)

1. La Dernière gavotte (3:22)
2. Un vieux farceur (2:44)
3. Les Vieilles larmes (3:15)
4. Ah ! si vous voulez d' l'amour (2:21), avec l'orchestre d'Albert Valsien, paroles de William Burtey, musique de Vincent Scotto (avril 1931, Odéon 238482)
5. Pourquoi s'aimer ? (3:04)
6. Ne dis rien (3:13)
7. [Tout] Ça ne vaut pas l'amour (2:58), avec l'orchestre d'Albert Valsien, paroles de Alexandre Trebitsch, musique de François Perpignan (juillet 1931, Odéon 238888)
8. L'Amour malin (2:36)
9. J'ai passé par là (3:05)
10. Y a qu' l'amour (2:46)
11. Éternelles erreurs (2:42)
12. Ça pousse (2:40)
13. Elle n'est pas du tout si mal que ça (3:07)
14. J'aime tes grands yeux (2:44)
15. Les Oiseaux (2:49)
16. Vous dites (3:11)
17. Cousine et cousin (2:44)
18. Le Cœur de Ninon (2:42), avec l'orchestre de Jean Lenoir († 1976), paroles de Georges Millandy († 1964), musique arrangée par Raphaël Beretta sur les motifs de la valse italienne Teroso Mio de Ernesto Becucci (janvier 1930, Polydor 521662)
19. Le Housard galant (2:40)
20. Bonjour Mimi (2:46)
21. Farandole blanche (2:55)
22. Qui m'aurait dit (3:00)
23. La Petite tonquinoise (2:15)

Anthologies

Les titres du CD (parfois en versions différentes) sont également publiées dans des anthologies. Signalons le titre C'est un petit béguin (3:49), paroles de Gabriel Timmory et musique de Henri Christiné († 1965) (dans « Les 125 chansons les plus populaires du siècle dernier », Marianne Mélodie, 2010).

Ressources libres numérisées

Ces ressources légales (domaine public au Canada) sont proposées par le site Du temps des cerises aux feuilles mortes, un site consacré à la chanson française de la fin du Second Empire aux années cinquante ; le site est recommandé dans les signets Chanson française de la Bibliothèque nationale de France, qui ont pour mission de « sélectionner, d'ordonner, de décrire et de maintenir à jour une collection limitée de ressources importantes, de qualité contrôlée »^[15]. Ces numérisations^[16], d'une qualité identique aux numérisations commerciales, permettent d'apprécier le talent de l'artiste, et de comparer avec des enregistrements des titres de Lekain par d'autres chanteuses.

• Ah ! Si vous voulez d' l'amour ! (1934, non précisé)^[17]
• C'est un petit béguin, accompagnement piano par Marc Berthomieu († 1991) (1953, disque Pathé AT 1043)^[18]
• Le Doux cœur de Ninon (1930, non précisé)^[19]
• Tout ça n' vaut pas l'amour (1920, non précisé)^[20]
• La petite Tonkinoise, accompagnement piano par Marc Berthomieu († 1991) (1953, disque Pathé AT 1043)^[21]

à comparer avec la version par la version par Joséphine Baker († 1975)^[22]

Théâtre

• 1937 : Le Crime du boulevard Haussmann de Georges Vaxelaire, mise en scène Fernand Mailly, Théâtre des Capucines

Cinéma

• 1928 : La Faute de Monique de Maurice Gleize : M^me Dermond

Adaptation du roman-éponyme de Thérèse Trilby (Flammarion, 1928)^[23] aux côtés de Rudolf Klein-Rogge, un des acteurs favoris de Fritz Lang^[24].

Notes et références

1. ↑ Chantal Brunchwig, Louis-Jean-Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chansons françaises, coll. Points actuels, Le Seuil, Paris, 1981 (nouvelle édition), p.233.
2. ↑ Chantal Brunchwig, Louis-Jean-Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chansons françaises, op. cit., p.233.
3. ↑ Serge Dillaz, La Chanson sous la III^e république (1870-1940), Tallandier, 1991, p.270. La notice BNF attribue le renseignement à Dillaz.
4. ↑ Cf. Esther Lekain sur le site « Du Temps des cerises aux Feuilles mortes » ; Patrick Ramseyer contribue au site en tant que « spécialiste en dates, lieux de naissance et de décès », ce qui permet au site de Paul Dubé de devenir « une référence absolue par rapport à ces nombreuses erreurs qui se perpétuent, de livres en livres, depuis des années » ; les informations sur les datations publiées par le site sont ensuite rajoutées sur les notices d'autorité de la BNF (par exemple, pour Gaston Dona : FRBNF16161319. La BNF recommande depuis 2004 ce site de référence dans ses signets (dernière actualisation au 04/11/2011.
5. ↑ Charlus, J'ai chanté (Souvenirs) sur le site « Du Temps des cerises aux Feuilles mortes ». N. B. : Ni les références précises du document, ni le lieu de consultation de l'original ne sont indiqués ; selon Paul Dubé qui a mis en ligne cette publication avec une nouvelle maquette éditoriale, le texte aurait été recueilli par J.-M. Gilbert et publié dans les années 1950 par Le Progrès de l'Oise.
6. ↑ Collection Chansophone 134-DK003 (Notice BNF). Le livret de ce CD, rédigé cite les sources des enregistrements originaux.
7. ↑ ^{a et b} Chantal Brunchwig, Louis-Jean-Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chansons françaises, op. cit., p.241.
8. ↑ La Grisette, revue populaire illustrée (Gallica) n^o 30, 27 juillet 1895, p.3.
9. ↑ Philippe Chauveau, Dictionnaire historique des cafés-concerts et des music-halls de Paris cité in André Sallée et Philippe Chauveau (dir.), Music-hall et café-concert, Bordas, 1985, pp.113-189. Cet ouvrage propose un index des noms de personne fort utile pour retrouver les participations des artistes dans les salles.
10. ↑ Centre national du patrimoine de la chanson, des variétés et des musiques actuelles
11. ↑ Georges Millandy, Lorsque tout est fini : souvenirs d'un chansonnier du Quartier latin, éd. A. Messein, 1933.
12. ↑ Henry Prunières, La Revue musicale, éd. Richard-Masse, 1935.
13. ↑ Selon Paul Dubé, « Les inclassables » (18 août 2011), site Du temps des cerises aux feuilles mortes ; Olga, également chanteuse, a enregistré Sans amour (paroles d'Alex Farel, musique de Charles Borel-Clerc chez Idéal (12.235 cf. image de l'étiquette), enregistrement du domaine public (numérisation originale d'un disque original) [1]. Cette chanson a également été enregistrée par Joséphine Baker.
14. ↑ Notice BNF.
15. ↑ Cf. Signets chansons (dernière vérification 04/11/2011) ; la BNF précise que le site contient de nombreux « extraits sonores », et conseillait déjà ce site à l'époque où il était hébergé par l'Université de Napierville (2201-2011).
16. ↑ Il arrive parfois que les références des disques originaux ne soient pas fournis, car les étiquettes sont illisibles.
17. ↑ (2:24), domaine public (enregistrement original d'un disque original, numérisation et collection David Sylvestre), site Du temps des cerises aux feuilles mortes (page Esther Lekain).
18. ↑ (3:49), domaine public (enregistrement original d'un disque original), site Du temps des cerises aux feuilles mortes (page Esther Lekain) ; la BNF donne ce disque de 1954, le nom exact du pianiste, mort en 1991, est Marc Berthomieu, et non Marc Berthomieux, comme précisé par Dubé.
19. ↑ (2:42), domaine public (enregistrement original d'un disque original), site Du temps des cerises aux feuilles mortes (page Esther Lekain) ; le titre exact de la chanson est Le Cœur de Ninon.
20. ↑ (3:01), domaine public (enregistrement original d'un disque original), site Du temps des cerises aux feuilles mortes (page Esther Lekain).
21. ↑ (3:13), domaine public (enregistrement original d'un disque original), site Du temps des cerises aux feuilles mortes (page Esther Lekain) ; la BNF donne ce disque de 1954, le nom exact du pianiste, mort en 1991, est Marc Berthomieu, et non Marc Berthomieux, comme précisé par Dubé.
22. ↑ (2:41), domaine public (enregistrement original d'un disque original), site Du temps des cerises aux feuilles mortes (page Joséphine Baker).
23. ↑ Réédité en 1951 sous le titre Monique, poupée française (notice BNF).
24. ↑ Fiche de l'œuvre sur le site de la BIFI.

Sources historiques

Paris qui chante, revue hebdomadaire illustrée, n^o 336 (7^e année), 11 juillet 1909 (16 pages, numéro spécial Esther Lekain illustré par 6 photos plus la photo de couverture, contient un article (entretien avec Esther Lekain, p. 2, signée XXX) ; et quatre chansons de Lekain : La garde qui passe (pp. 3-5) ; C'est qu'un béguin ((pp. 6-7)) ; Farandole blanche (pp. 8-10), La pavane (pp. 12-13) ; et Pour toi polka-marche pour piano de L. Ithier (pp. 14-15))

Bibliographie

• Chantal Brunschwig, Louis-Jean Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chanson française, coll. Points actuels, Seuil, Paris, 1981 (ISBN 2-02-00-2915-4) (1^re éd. reliée)
• Serge Dillaz, La chanson sous la III^e république (1870-1940), Tallandier, 1991 (ISBN 2-235-02055-0)
• Guy Erisman, Histoire de la chanson, éd. Hermès (Connaissances), 1967
• François Caradec, Alain Weill, Le Café-concert (1848-1914), Fayard, Paris, 2007 (ISBN 978-2-213-63124-0)
• Claude Fléouter (préface Eddy Mitchell, illustrations Gabriel Gay), Le Siècle de la chanson française, éd. Scala, 2008 (ISBN 978-2-35012-211-3)
• André Sallé et Philippe Chauveau (dir.), Music-hall et Café-concert, Bordas, Paris, 1985
• France Vernillat, Jacques Charpentreau, Dictionnaire de la chanson française, éd. Larousse, 1968

Iconographie

• Affiche de l'Alcazar d'été (Gallica)