Eudoxe de Cnide

Eudoxe de Cnide
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Eudoxe de Cnide
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Naissance -408
Cnide
Anatolie
Décès -355

Champ(s) Astronomie, géographie, mathématiques, médecine, philosophie
Célèbre pour Théorie dite des Sphères homocentriques

Eudoxe de Cnide (-408-355 ou -395-342) était un astronome, géomètre, médecin et philosophe grec. Contemporain de Platon, il tenta le premier de formuler une théorie sur le mouvement des planètes. Ses travaux nous sont connus par Archimède. Lasserre propose une autre chronologie : -395/-342. Il n'est ni vraiment pythagoricien ni vraiment platonicien, c'est « un penseur original » (W. Burkert).

Sommaire

Biographie

Né à Cnide, en Carie (Asie Mineure), il était fort pauvre. Il a appris la géométrie auprès du pythagoricien Archytas (vers -390), la médecine auprès de Philistion de Sicile. A 23 ans, il se rend à Athènes, peut-être chez les cyrénaïques dont il partageait les idées morales (Aristippe identifie le souverain bien au plaisir du moment). Eudoxe voyagea peut-être en Perse, sous Agesilas II de Sparte, roi de -400 à -360. Il séjourna ensuite pendant plus d'un an en Égypte (peut-être en compagnie de Platon mais plus tôt, en -392). Puis il alla à Halicarnasse, auprès de Mausole, satrape de Carie de -377 à -353. Il retourna à Athènes, comme disciple ou assistant de Platon, vers -370, à l'Académie. Du fait de sa fréquentation des Mages[1] et de sa proximité avec Platon (Strabon, XIV, 566), divers commentateurs (W. Jaeger, R. Reitzenstein) estiment qu'il a favorisé chez Platon un certain dualisme[2]. Au début de -367, il fit un deuxième voyage politique en Sicile ; pendant son voyage en Sicile, Platon laisse son école à Eudoxe, puis celui-ci une école à Cnide vers -360, qui concurrençait Platon. Il mourut à 53 ans (-355).

Astronomie

Il est principalement connu pour sa théorie dite des « sphères homocentriques ». L'ébauche de cette théorie est probablement une création de Pythagore que Platon a reprise dans son Timée. Pour Eudoxe, les astres tournent tous autour de la Terre, qui est immobile : le Soleil, la Lune et toutes les planètes alors connues (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne). Les mouvements de chaque astre sont commandés par un groupe de sphères qui lui sont propres. Le nombre de sphères dépend de l'astre considéré (3 pour la Lune, autant pour le Soleil, 4 pour chacune des planètes) ; mais le principe est le même à chaque fois.

Chaque astre est enchâssé dans une sphère qui est centrée sur la Terre et animée d'un mouvement circulaire autour d'un de ses diamètres. Les deux extrémités de ce diamètre sont elles-mêmes fixées à une seconde sphère, également centrée sur la Terre et animée d'un mouvement circulaire autour d'un de ses diamètres (différent bien sûr du précédent). Cette seconde sphère elle-même, etc. Chaque sphère tourne à vitesse constante autour de son axe, mais les vitesses peuvent varier selon les sphères.

Les étoiles bougent elles aussi selon Eudoxe, puisque pour lui la Terre est immobile. Elles sont fichées dans une sphère tournant d'Est en Ouest en 24 heures autour de l'axe des pôles de la Terre. Au total "27 sphères sont nécessaires, dont 1 pour l'ensemble des étoiles, 3 pour la Lune, 3 pour le Soleil et 4 pour chacune des 5 planètes"[3].

Ce système permet à Eudoxe de modéliser (au moins qualitativement) le mouvement de rétrogradation des planètes ; ce que Platon, se cantonnant à deux sphères par astre, ne savait pas faire. Il sera enrichi plus tard par Calippe et Aristote (qui en conservent scrupuleusement le principe tout en augmentant le nombre de sphères de chaque planète). Mais il contient un vice de conception qu'aucun de ses avatars ne peut corriger : il place chaque planète à une distance fixe de la Terre, or - il semble qu'on s'en soit aperçu du vivant même d'Eudoxe - la différence de luminosité de certaines planètes (Vénus ou Mercure notamment) ne peut s'expliquer que si elles s'éloignent et se rapprochent au cours du temps, de même l'inégalité des saisons. Les modèles à base de cercles excentriques ou d'épicycles, celui d'Hipparque (-IIe siècle av. J.-C.) et surtout de Ptolémée (IIe siècle ap. J.-C.) ), qui ne souffrent pas de ces défauts, rendront caduc celui d'Eudoxe - dont l'ingéniosité et l'adoption par Aristote lui vaudront cependant de conserver longtemps des adeptes dans la science arabe[4] puis scolastique.

Eudoxe fut le premier à calculer la durée de rotation de l'année terrienne. Il l'évalua à 365 jours 1/4. Ce résultat, très proche de la valeur connue de nos jours, a été amélioré par Clavius à la demande de Grégoire XIII pour la création du calendrier grégorien. Cependant, en raison des erreurs de sa théorie, il s'est trompé sur la distance de la Terre au Soleil et sur la dimension de cet astre dont il évalua le diamètre à neuf fois celui de la Lune.

Il inventa un nouveau cadran solaire (l'araignée)[5] qui pour certain désigne l'astrolabe plan [6] , trouva en géométrie plusieurs théorèmes nouveaux, avança la théorie des sections coniques, et composa plusieurs ouvrages qui ne nous sont point parvenus.

Cependant son traité des Phénomènes se retrouve presque tout entier dans le poème d'Aratos.

Le premier en Grèce, Eudoxe a institué une correspondance entre les douze signes zodiacaux et les douze mois attiques, depuis le Bélier, à l'équinoxe de printemps (élaphèbolion = mars), jusqu'aux Poissons (anthestèrion = février). D'autre part, ce même Eudoxe a institué une correspondance entre ces mois et les Douze Dieux de la religion officielle. Dès lors, chaque mois se trouvait bénéficier d'une double tutelle : il était sous la présidence d'un signe zodiacal et il était sous la protection de l'un des grands dieux. Eudoxe a emprunté ces doctrines à la Chaldée" (André-Jean Festugière, Études de philosophie grecque, Vrin, 1971, p. 52). Bélier = Athéna, Taureau = Aphrodite, Gémeaux = Apollon, Cancer = Hermès, Lion = Zeus, Vierge = Déméter, Balance = Héphaistos, Scorpion = Arès, Sagittaire = Artémis, Capricorne = Hestia, Verseau = Héra, Poissons = Poséidon.

On doit à Eudoxe le grand principe méthodologique des astronomes de l'Antiquité : "sauver les phénomènes" (sôzein ta phainomena)[7]. Il s'agit d'avancer des explications qui rendent compte de ce qui apparaît dans le ciel : les mouvements des astres.

Ludwig Ideler et Antoine Jean Letronne (1841) ont écrit sur les travaux d'Eudoxe.

Mathématiques

On lui attribue la méthode d'exhaustion, qui permet de rapprocher autant que possible deux quantités inégales par épuisement de leur différences. Il se serait occupé des questions relatives aux coniques.

Philosophie

Il aurait fondé l'hédonisme en affirmant l'identité du plaisir et du bien (Aristote, Ethique à Nicomaque, I, 12, 1101 b 27).

Notes et références

  1. (Pline, XXX, 3)
  2. (Platon, Politique, 270 a ; Timée ; Lois X, 896 e)
  3. Ludwik Marian Celnikier, Histoire de l'astronomie, Technique et documentation-Lavoisier, Paris, 1986
  4. cf. le chapitre Critique du ptolémaïsme et nouvelles écoles (1025-1450) dans Astronomie arabe
  5. Vitruve (Arch., ix, 9 « Eudoxe l’astrologue (l’astronome) ou, selon quelques-uns, Apollonius (a inventé) l’araignée »
  6. François Nau dans l'introduction à la traduction du Traité de l'astrolabe de Sévère Sebôkht
  7. Jürgen Mittelstrass, Die Rettung der Phänomene, 1962, p. 16.

Bibliographie

Fragments

  • fragments astronomiques dans Aratos (IIIe s. av. J.-C.), Les phénomènes, trad., Paris, Les Belles Lettres, 1998, 2 t.
  • fragments mathématiques dans Archimède, dans le livre IV des Éléments d'Euclide
  • fragments traduits par Antoine-Jean Letronne, Œuvres choisies, 1883.
  • fragments traduits par F. Lasserre, Eudoxe de Cnide, Berlin, 1987.

Études

  • Michel Onfray, Les sagesses antiques, contre-histoire de la philosophie, tome I, Grasset (2006), ISBN 2-246-64791-6, p.159-164.
  • Paul Tannery, La géométrie grecque, 1887.
  • F. Lasserre, Eudoxe de Cnide, Berlin, 1987.

Sources

  • Aratos de Soles, Les phénomènes (IIIe s. av. J.-C.), trad., Paris, Les Belles Lettres, 1998, 2 t.
  • Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres (vers 200), VIII, 86-91.

Voir aussi

Lien externe

(en) John J. O’Connor et Edmund F. Robertson, « Eudoxus of Cnidus », dans MacTutor History of Mathematics archive, université de St Andrews [lire en ligne] .


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