Eugenie Niboyet

Eugenie Niboyet

Eugénie Niboyet

Eugénie Niboyet
Nom de naissance Eugénie Mouchon
Naissance 11 septembre 1796
Montpellier
Décès 6 janvier 1883 (à 87 ans)
Paris
Nationalité Française
Activité(s) principale(s) Écrivaine
Autres activités Journaliste, politique,

Eugénie Niboyet (1796-1883), écrivaine et journaliste, est une militante du droit des femmes, figure du féminisme.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et origines

Eugénie Niboyet est née Eugénie Mouchon le[1] 11 septembre 1796 à Montpellier. Eugénie présente elle même ses origines dans la dernière partie de son ouvrage le vrai livre des femmes[2] : « Je relève d'une famille lettrée, d'origine genevoise » écrit-elle avant d'insister sur son grand-père Pierre Mouchon, un érudit pasteur à Genève et contributeur à l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert, qui s'est marié avec la fille de Georges-Louis Le Sage, physicien suisse. Ce n'est qu'après qu'elle présente son père venu en France faire ses études à la Faculté de médecine de Montpellier, et sa mère en indiquant simplement « il épouse la fille d'un pasteur du Gar », ce qui indique son origine protestante. Eugénie, souligne l'importance de l'origine Genevoise dans l'ouverture, de son père aux idées nouvelles issues de la révolution mais aussi sa modération, son « refus des excès », qui lui valut de devoir se réfugier dans les Cévennes pour éviter l'échafaud[3].

Son père élève ses trois frères dans « le respect et l'amour » de Bonaparte, Louis, aide de camp du général Teste, trouve la mort à la Moskova et Émile[4], officier de santé, est fait prisonier à Dresde. Lors du retour des Bourbons, la famille habite Lyon, Eugénie est marquée par l'arrestation d'une partie de sa famille, et de ses visites à la prison. Cela ne l'empêche pas d'affirmer « en se temps-là ma religion c'était l'Empire, mon idole Napoléon premier ».

Eugénie a deux soeurs, Aline et Elisa, à qui elle écrira plus tard : ""Nous n’écrivons pas pour les esprits étroits qui veulent borner la femme aux soins du ménage. Les femmes n’ont plus à acquérir leur liberté, mais à l’exercer".

Mariée et mère

Dans son autobiographie Eugénie insiste sur l'attachement de sa famille à Napoléon une des raisons du choix de son époux « Enfant de l'Empire je ne pouvais épouser qu'un impérialiste ». Eugénie à 26 ans lors de son mariage, protestant, avec Paul-Louis Niboyet, le 8 octobre 1822. Paul-Louis est un brillant Avocat de 30 ans, son père est Jean Niboyet, anobli en 1810, fidèle de Napoléon. Ils sont domiciliés à Mâcon, Paul-Louis y exerçant la profession d'avocat, lorsqu'a lieu, le 22 juin 1825, la naissance de leur unique enfant Jean Alexandre Paulin Niboyet.

Débuts de la femme de lettre

Arrivée à Paris le 4 novembre 1829, elle commence à gagner sa vie avec l'écriture. En 1830 elle participe au concours de la Société de la morale chrétienne, elle concours sur le thème des Aveugles et de leur éducation, sa production est remarquée, elle partage le prix avec M. Duffaut.

La Société de la morale chrétienne

Elle rejoint l'organisation protestante La Société de la morale chrétienne. et s’impliqua dans nombre de sujets sociaux : la réforme des prisons ; l’amélioration de l’éducation ; l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.

Saint-Simonienne

En 1830, La Société de la Morale Chrétienne partageait ses salles de conférences avec les saint-simoniens. Eugénie assiste aux prêches des saints-simoniens, conquise par leurs idées elle adhère au mouvement avec son mari et son fils qu'elle a convaincu. Le 20 juillet 1830, Prospère Enfantin nomme quatre femme membres du collège : Aglaé Saint-Hilaire, Caroline Simon, Mme Collard et Eugénie Niboyel. Elles sont chargée de la prédication auprès des ouvriers, mais aussi de leurs apporter secours et instruction. En 1831 Eugénie a, avec Sébastien Bottiau, la charge de la section saint-simonienne des 4e et 5e arrondissements de Paris[5].

Le conflit entre les deux Pères, Saint-Amand Bazard et Prosper Enfantin, et la volonté de ce dernier de changer radicalement les règles de la morale sexuelle, en établissant la communauté des femmes, le schisme de Bazard et l'orientation radicalement religieuse donnée par Enfantin provoque de nombreux départs, Eugénie va s'éloigner d'un mouvement dont elle ne renie pas les idées sur l'économie.

Début du journalisme féminin

Avec les prolétaires saint-simoniennes, elle fait partie du groupe de femmes qui participent au premier titre écrit intégralement par des femmes : La Femme libre, créé par Marie-Reine Guindorf et Désirée Véret.

Fourriériste

Comme les deux fondatrices et des participantes aux premières livraisons de la Femme libre, elle se rapproche du mouvement de Charles Fourier qui présentait le traitement des femmes comme la mesure la plus vraie du progrès social. Elle va notamment y rencontrer Flora Tristan.

Femme de presse

De retour à Lyon en 1833, Eugénie fonde le premier journal féministe en province avec la création du titre Le Conseiller des femmes, hebdomadaire sans illustration imprimé chez Boitel. Ensuite elle participe à la création de La Paix des deux mondes, et en 1834 d'une L’Athénée des femmes.

En Juillet 1836, de retour à Paris, Eugénie fonde la Gazette des Femmes avec l'aide d'amis tel Charles Frédric Herbinot de Mauchamps. Une sorte de club, réunissant les rédacteurs et les abonnés, se réunit pour soutenir et gérer le journal, mais aussi débattre notamment de la lutte pour l’exercice des droits politiques et civiques des femmes. Eugénie, rassemble de nombreuses femmes lors de ces réunions hebdomadaires du jeudi, au 27 de la rue Lafite. On peut y rencontrer, Flora Tristan, Hortense Allart, Anaïs Ségalas et de nombreuses autres féministes.

Militante féministe politique

La révolution de 1848 provoque un nouvel espoir, notamment la levée des restrictions de réunion permet le développement des groupes qui militent pour les droits des femmes.

En mars 1848, Eugénie Niboyet fonde et dirige un journal ne traitant que de la question des femmes. La Voix des femmes, sous titré journal socialiste et politique, organe d’intérêts pour toutes les femmes, est le premier quotidien français féministe. Sur le modèle du club de la Gazette des Femmes, la Voix des femmes va bientôt s'adjoindre un club politique auquel vont participer de nombreuses féministes déjà impliquées dans les petites parutions précédentes. Eugénie réussit à rassembler autour du combat féministe, autant des femmes déjà impliquées comme Jeanne Deroin, Désirée Gay, Suzanne Voilquin, Elisa Lemonnier, et Anaïs Ségalas, mais aussi des auteures populaires : Gabrielle Soumet, Amélie Prai, Adèle Esquiros. Ce mouvement n'est plus réservé aux femmes, des hommes contribuent, comme Jean Macé ou Paulin Niboyet son fils.

Le club défend un catalogues très large de réformes favorables aux femmes, tant dans le domaine domestique que celui de la politique. L'extension du droit de vote à tous les hommes provoque une initiative retentissante, le 6 avril, La Voix des femmes présente la candidature de George Sand à l’Assemblée constituante. Sand désavoue cette initiative et juge durement ces femmes qu'elle affirme ne pas connaître, les caricaturistes croquent Eugénie et les journalistes de La Voix des femmes. Le bruit de l'affaire est retentissant, il se retourne contre les promoteurs de cette initiative, le gouvernement décide la fin des clubs de femmes. Le 20 juin, Eugénie Niboyet découragée et meutrie cesse la publication de La voix des femmes, les féministes se dispersent pour éviter la répression.

Fin de vie

Eugénie Niboyet se retire de la vie publique et s'exile à Genève où elle vie difficilement avec des traductions : Charles Dickens et des livres pour enfants édités par Lydia Maria et Maria Edgeworth. Néanmoins elle reprend la plume après la « Commune de Paris » pour soutenir les demandes de grâces des condamnés.

En 1860, Eugénie Niboyet revient en France, elle publie en 1863 le Vrai livre des femmes[6]. Ses lettres à Léon Richer, directeur de la revue Le Droit des femmes, attestent qu'elle s'intéresse toujours au mouvement féministe. En 1878, à 82 ans, elle est célébrée au congrès féministe de Paris.

Eugénie Niboyet décède à Paris le 6 janvier 1883.

Femme de lettre

Publications

  • Le Vrai Livre des femmes, par Mme Eugénie Niboyet, E. Dentu, Paris, 1863, 245p.

Hommages

  • Crèche Eugénie Niboyet. 42 rue Joliot Curie 69100 Villeurbanne.

Annexes


Article connexe

Bibliographie

Liste chronologique

  • F. Rude, « Eugénie Niboyet », article dans Un fabuleux destin, Flora Tristan, présenté par Sébastien Michaud, EUD, 1985, p. 143-143.
  • Michèle Riot-Sarcey, Histoire et autobiographie : « Le Vrai livre des femmes » d'Eugénie Niboyet in Images de soi : autobiographie et autoportrait au XIXe siècle, dans revue centre de recherches révolutionnaires et romantiques, voume 17, n° 56, Clermont-Ferrand, 1987, pp. 59-68 (ISSN 00488593).
  • Michel Cordillot, Un inédit de Charles Fourier à Eugénie Niboyet, Cahiers Charles Fourier, n° 2, décembre 1991, pp. 3-8 lien site Fourier.
  • Maurice Agulhon, Le XIXe siècle et la Révolution française, Société d'histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle (France), Université de Paris X: Nanterre, creaphis editions, 1992, pp. 207-216 1992 lien Google livres.
  • Michèle Riot-Sarcey, La démocratie à l'épreuve des femmes: trois figures critiques du pouvoir, 1830-1848, A. Michel, 1994, (lien Google livres)
  • Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle: les protestantes françaises, 1810-1960, Editions de Paris, 2003 (ISBN 9782846210317), lien Google livres.
  • Flora Tristan, Stéphane Michaud, Mario Vargas Llosa, Flora Tristan, la paria et son rêve: correspondance, édition 2, Presses Sorbonne Nouvelle, 2003, pp. 53-55-65-153-312-318-319 lien Google livres.

Notes et références

  1. Geneviève Poujol, Notice Eugénie Niboyet (lien Google livres)
  2. A mes lecteurs et lectrices, p. 222 à 226 (lien Google livres)
  3. Recherche genéalogique conduite par son arrière arrière petite fille Claire-Juliette Beale : Cependant, si elle est bien la petite-fille de Pierre Mouchon, elle n'est pas affiliée à Georges-Louis Lesage. Le père d'Eugénie est issue d'une première union de Pierre Mouchon avec une demoiselle Jeanne Louise Elizabeth Richard, fille de tanneur genevois. L'erreur peut être attribuée au second mariage de Pierre Mouchon avec une demoiselle Marie-Antoinette Marguerite Sage.
  4. Émile Mouchon, sera un pharmacien réputé de Lyon (Google livres)
  5. Michèle Riot-Sarcey, Histoire et autobiographie : Le Vrai Livre des femmes d'Eugénie Niboyet , note 37 : « Eugénie Niboyet dirigeait avec Bottiau le degré industriele des 4e et 5e arrondissdements de Paris. Voir la lettre manuscrite adressée aux « Pères », le 2-12-1831 (Arsenal, Fonds Enfantin, 7815) » Persée, lien du 27/07/2009
  6. Le vrai livre des femmes, ouvrage libre de droits, Google livres lien du 27/07/2009
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