Falsifiable

Falsifiable

Réfutabilité

La réfutabilité (aussi appelée à ses débuts suite à un abus de langage la falsifiabilité) est un concept important de l'épistémologie. Une affirmation est qualifiée de réfutable s'il est possible de consigner une observation ou de mener une expérience qui démontre que l'affirmation est fausse.

  • Par exemple, l'affirmation « toutes les corneilles sont noires » pourrait être réfutée en observant une corneille blanche.
  • Une proposition réfutable est réputée être scientifique, tant que l'observation qui permet de la réfuter n'a pas été faite. Elles structurent les paradigmes.
  • En revanche, une proposition non réfutable (irréfutable au sens logique) est considérée comme non scientifique.

Forgé par Karl Popper en opposition avec la théorie vérificationniste de la signification soutenue par le positivisme logique, ce concept a eu un très grand impact en histoire et en philosophie des sciences.

Sommaire

Histoire

Le concept est né dans les années 1930 du travail de Karl Popper.

L'école de pensée qui souligne l'importance de la réfutabilité en tant que principe philosophique est connu sous le nom de « falsificationnisme », de l'anglais falsification, un terme employé par Popper lui-même pour désigner son concept. Falsification est, dans ce contexte épistémologique, un faux-ami, car en anglais comme en français, il signifie « cacher la vraie nature des choses ou la contrefaire », mais n'exprime pas la capacité à la juger ou à la remettre en cause. Une meilleure traduction du concept décrit ci-dessus est donc « réfutation » ou « réfutabilité ».

Ce dernier terme a été adopté par Popper pour traduire en français le mot anglais. Conscient du sens courant du mot « falsifiable » (et de ses dérivés) en français, Popper, dans la préface d'un de ses livres (en français) demande d'utiliser[réf. nécessaire] à la place « réfuter », « réfutation » et ses dérivés.

Les problèmes liés à l'application naïve de la réfutabilité ont été exposés par Thomas Kuhn, et traités par Imre Lakatos. On peut trouver un exposé d'ensemble de cette dialectique par exemple chez Alan Chalmers[1].

Réfutabilité naïve

Le fils de Karl Popper, Frank Popper, remarque que deux types de propositions ont une valeur scientifique particulière. Le premier est basé sur l'observation, tel que : « ceci est un cygne blanc ». Les logiciens parlent de « proposition existentielle particulière », puisqu'elle affirme l'existence d'une chose particulière, unique :

Il y a « X » qui est « cygne » et « blanc ».

Le second type est la catégorisation de toutes les instances d'un événement, d'un objet, par exemple « tous les cygnes sont blancs ». Cela peut s'énoncer ainsi :

Pour tout X, si X est « cygne », alors X est blanc.

Les logiciens appellent cela une « proposition universelle ». Les lois scientifiques sont couramment de cette forme. La question de méthode est la suivante : à partir de quand passe-t-on d'un ensemble d'observations à une loi ? C'est le sujet également du paradoxe de Hempel.

Réfutabilité dans les sciences

Un exemple de réfutabilité en histoire des sciences nous est fourni en astronomie par la théorie du géocentrisme, qui fut réfutée par Copernic, puis par les scientifiques du XVIIe siècle : Kepler (lois de Kepler), Galilée (Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, 1633), Descartes (œuvre philosophique à partir de 1637) et Newton (Principia Mathematica, 1687) principalement.

Article connexe : Révolution copernicienne.

La réfutation du géocentrisme ne fut solidement établie qu'après le recueil de l'hypothèse d'Aristarque de Samos par Copernic, les observations (par Kepler et Galilée) et l'établissement d'un modèle mathématique (par Newton).

En raison de quelques passages cosmologiques, dans la version de la Bible en vigueur à cette époque, en décalage par rapport à la théorie de l'héliocentrisme, et en raison de la manière de lire les écritures saintes à cette époque, l'Église ne reconnut la théorie de l'héliocentrisme qu'avec la preuve de l'orbitation de la Terre autour du Soleil, obtenue vers 1714 (Benoît XIV). Au début du XIXe siècle, il y eut encore certaines réticences à accepter cette idée dans les milieux ecclésiastiques, voire dans la société.[réf. nécessaire]

En 2009, il existe plusieurs versions en concurrence de la théorie de l'évolution, de même que pour la théorie de la relativité générale.

Toute théorie scientifique n'est jamais définitive. Les scientifiques reconnaissent au XXIe siècle que la mécanique classique, issue des théories de Newton, dont le fondement est la force de gravitation, ne permet pas d'expliquer tous les phénomènes astronomiques. Pour les spécialistes, cela paraît une évidence, puisqu'ils savent qu'il existe quatre forces fondamentales : la force de gravitation, la force électromagnétique, l'interaction forte et l'interaction faible.

Le modèle selon lequel le Soleil serait fixe, les planètes tournant autour du soleil sous l'effet de la force de gravitation, est un modèle cosmologique dépassé en 2009. Le modèle héliocentrique était réfutable, puisque dans les modèles cosmologiques actuels, on fait appel à des notions scientifiques plus complexes sur la formation des étoiles et des galaxies, dans lesquels interviennent les quatre types de force. Les spécialistes savent comment sont structurées les galaxies, et connaissent la trajectoire suivie par le soleil dans la Voie lactée.

Le modèle de Galilée et de Newton a été réfuté par de nouvelles théories cosmologiques, reposant sur les observations à l'aide des grands radiotélescopes. Il y a deux théories principales : l'univers est en expansion infinie et l'univers se contracterait après une phase d'expansion. Le Big Bang apparaît en 2009 comme une hypothèse sérieuse et généralement retenue par les scientifiques. Mais elle n'est pas encore totalement validée, et n'est pas encore réfuté en date de 2009.

Dans son livre, Le Réalisme et la science, Karl Popper propose vingt exemples tirés de l'histoire des sciences et qui montrent la valeur opérante de son critère[2].

Notes et références

  1. Alan Chalmers, Qu'est-ce que la science. (ISBN 978-2-25305-506-8)
  2. Karl Popper, Le Réalisme et la science, édition Hermann, Paris, 1990, p. 8-11

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