Faust (Gounot)

Faust (Gounot)

Faust (Gounod)

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Faust est un opéra en cinq actes de Charles Gounod, livret de Jules Barbier et Michel Carré, basé sur la légende du même nom et la pièce de Goethe, créé au Théâtre Lyrique le 19 mars 1859.

Sommaire

Historique

L'œuvre de Goethe exerça très tôt une véritable fascination sur Gounod : « J'avais lu "Faust" en 1838, écrit-il dans son Autobiographie, à l'âge de vingt ans, et lorsqu'en 1839 je partis pour Rome comme grand prix de composition musicale, et pensionnaire de l'Académie de France, j'avais emporté le Faust de Goethe qui ne me quittait pas ». Il affirme que les premières inspirations musicales lui vinrent lors de promenades nocturnes à Capri et dans les environs de Naples. Dès 1842, un journal affirme que le jeune compositeur travaille sur un opéra tiré de Faust. Néanmoins, le projet ne dut prendre véritablement corps qu'à partir de 1845, lorsque Gounod rencontra fortuitement le librettiste Jules Barbier et sous l'influence de Léon Carvalho, directeur du Théâtre Lyrique.

C'est Jules Barbier qui est le véritable auteur du livret. La contribution de Michel Carré, auteur d'une pièce intitulée Faust et Marguerite jouée au théâtre du Gymnase, se limita à l'air du Roi de Thulé et à la ronde du veau d'or. L'ouvrage subit toutefois de nombreux remaniements dans le cours des répétitions, qui furent émaillées de diverses péripéties. La partition initiale était beaucoup plus volumineuse et Gounod dut accepter de supprimer plusieurs passages, notamment la remarquable scène du Harz, qui allongeait excessivement l'opéra, le duo entre Marguerite et Valentin au début de l'acte II dans lequel Marguerite donnait à son frère la médaille dont il se sépare malencontreusement à l'acte IV. En revanche, le chœur des soldats, « Gloire immortelle de nos aïeux... », fut rajouté à l'acte IV sur les instances de Carvalho et Ingres : composé initialement pour un Ivan le Terrible, il prit la place d'une chanson dans laquelle Valentin vantait la beauté de sa sœur.

L'opéra fut créé le 19 mars 1859 sur la scène du Théâtre Lyrique. Il comportait encore des dialogues parlés qui furent remplacés par des récitatifs lors des représentations de Strasbourg en avril 1860. Par la suite, Gounod inséra encore à l'acte II l'air de Valentin, « Avant de quitter ces lieux... » à l'occasion des représentations au Her Majesty's Theatre en 1863 et, en 1869 à l'Opéra Le Peletier (Paris), le ballet de la nuit de Walpurgis, d'ailleurs très réussi.

À Paris, Faust fut représenté 314 fois sur les différentes scènes du Théâtre-Lyrique jusqu'en avril 1869, puis 166 fois de 1869 à 1875 à l'Opéra (Salles Le Peletier et Ventadour). L'ouvrage connut une longue carrière internationale et fut immensément populaire : il fut représenté quelque 2 358 fois au Palais Garnier[1] et fut le premier opéra présenté au Metropolitan Opera de New York. Si sa popularité a quelque peu décliné, il continue d'être régulièrement joué sur tous les théâtres lyriques du monde. Le 5 août 2008, l'opéra fut interprété aux Chorégies d'Orange par Roberto Alagna (Faust), René Pape (Méphistophélès) et Inva Mula (Marguerite), sous la direction de Michel Plasson et retransmi en direct sur France 2.

Personnages

Synopsis

L'histoire se déroule au XVIe siècle en Allemagne. L'ouvrage s'ouvre par une brève introduction orchestrale qui campe, avec une grande puissance évocatrice, les aspirations contradictoires qui déchirent le personnage principal, le docteur Faust : le vertige métaphysique et la soif de connaissance et les pulsions humaines, évoquées par le thème, facile et légèrement vulgaire, de l'air « Avant de quitter ces lieux... » que Valentin chantera au deuxième acte.

Acte I : Le cabinet de Faust

Très bref, l'acte I reste au même niveau de densité musicale que le prologue. Au soir de sa vie, le docteur Faust se lamente sur l'inanité de toute connaissance et veut se suicider en absorbant du poison. Mais, par deux fois, les voix de jeunes filles et de laboureurs qui passent sous les fenêtres arrêtent son geste. Se révoltant contre la science et la foi, Faust invoque le diable, qui apparaît sous la forme d'un démon subalterne, nommé Méphistophélès.

Acte II : La kermesse

L'acte II va permettre à Faust et Marguerite de se rencontrer. Un chœur de soldats, d'étudiants et de villageois chante joyeusement une chanson à boire, « Vin ou Bière ». Valentin, partant à la guerre, confie la garde de sa sœur Marguerite à ses deux amis, Wagner et Siébel. Il chante une invocation, rajoutée quelques années après la création de l'opéra sur des paroles d'O. Pradère, « Avant de quitter ces lieux... ». Cet air, assez conventionnel, est extrêmement populaire et met bien en valeur les voix de baryton : l'interprétation d'Ernest Blanc, gravée au disque dans la version enregistrée sous la direction d'André Cluytens, permet de prendre la pleine mesure de cet air lorsqu'il est chanté par un très grand artiste ; malheureusement, il donne le plus souvent aux titulaires du rôle l'occasion de trompetter à pleins poumons. Valentin est, dans l'opéra, l'incarnation du conformisme bourgeois. Aussi se voit-il gratifier avec constance de la musique la moins originale et la plus facile.

Méphistophélès apparaît alors et chante la très célèbre ronde « Le veau d'or est toujours debout ». Extrêmement entraînant, l'air produit toujours un grand effet. Le rythme démoniaque de la musique, les paroles produisent de manière assez convaincante un frisson satanique dans cette atmosphère de foire. Son personnage ainsi campé, Méphisto se livre à divers tours de magie de moins en moins anodins. Après qu'il s'est moqué de Marguerite, Valentin tente de le frapper avec son épée mais celle-ci se brise. Valentin et ses alliés repoussent le démon avec la poignée en forme de croix de leurs épées (chœur: « De l'enfer qui vient émousser nos armes... »), scène en soi un peu ridicule et qui le devient tout à fait lorsqu'on voit Méphistophélès, à l'acte IV, évoluer sans encombre dans une église.

'Par la suite, Méphistophélès, Faust et les villageois sont entraînés dans la célèbre valse « Ainsi que la brise légère ». Apparaît Marguerite à qui Faust offre son bras que Marguerite refuse ; cette scène fugitive est l'occasion d'un échange de répliques extrêmement célèbre :

- Ne permettrez-vous pas, ma belle demoiselle,
Qu'on vous offre le bras pour faire le chemin ?
- Non, monsieur, je ne suis demoiselle ni belle,
Et je n'ai pas besoin qu'on me donne la main.

L'acte se conclut sur la reprise de la célèbre valse qui laisse le spectateur à la fois transporté et légèrement inquiet pour la suite. C'est aussi au commencement de ce deuxième acte que se trouvent les célèbres vers:

Vin ou bière,
Bière ou vin,
Que mon verre
Soit plein!
Sans vergogne,
Coup sur coup,
Un ivrogne
Boit tout!
Jeune adepte
Du tonneau,
N'en excepte
Que l'eau!
Que ta gloire,
Tes amours,
Soient de boire
Toujours!

Acte III : Le jardin de Marguerite

L'acte III est le point culminant de la partition. Une superbe introduction orchestrale débouche sur les couplets de Siébel, sautillants et légers comme le personnage, qui laisse un bouquet pour Marguerite (« Faites-lui mes aveux »). Méphisto se moque de lui avec esprit et va chercher « un trésor plus merveilleux, plus riche encor que tous ceux qu'elle voit en rêve ! » laissant Faust seul pour chanter son admirable et célébrissime cavatine « Salut, demeure chaste et pure », culminant sur un contre-ut redoutable que certaines écoles qualifient de prétexe à la mise en scène du ténor, du moins s'il possède avec aisance cette note aiguë. Suit un rapide dialogue avec Méphisto qui revient avec un coffret plein de bijoux et qui s'exclame : « Si le bouquet l'emporte sur l'écrin, je consens à perdre mon pouvoir ! » Cette réplique révèle la complexité du personnage de Marguerite, écartelé, comme l'est celui de Faust, entre la pureté et la coquetterie.

Apparaît enfin Marguerite que, jusqu'alors, le spectateur n'a que furtivement entrevue à l'acte II. Elle s'assied à son rouet et chante la belle et célèbre ballade « Il était un roi de Thulé » dont la musique évoque à la fois le mouvement circulaire du rouet et le mystère des légendes nordiques. Marguerite trouve alors le bouquet de Siébel, puis les bijoux. Elle hésite d'abord, puis s'en pare. Le célèbre air dit « air des bijoux » (« Ah! je ris de me voir si belle en ce miroir »), (popularisé comme archétype du grand air d'opéra interprété par la Castafiore des bandes dessinées de Tintin), est naturellement un morceau à effets, et même à grands effets c'est-à-dire parfois à effets faciles (le triangle pour évoquer le scintillement des diamants lorsque Marguerite ouvre le coffret...). Surchargé de trilles, il exprime toutefois superbement l'exaltation croissante de l'héroïne, dont la coquetterie s'empare comme un véritable délire.

Survient dame Marthe, la voisine de Marguerite, rôle secondaire mais qui, par tradition, est attribué à de très grandes artistes, comme les trois dames de La Flûte enchantée. Elle convainc Marguerite de conserver les bijoux. Surviennent Faust et Méphisto, qui flirtent avec dame Marthe. Une scène d'une grande habileté entrecroise l'intrigue de Méphisto et dame Marthe avec celle de Faust et Marguerite. Tout le monde sort mais Méphisto revient seul sur scène et chante son invocation à la nuit (« Ô nuit, étends sur eux ton ombre... »), autre air extrêmement célèbre, qui met superbement en valeur les voix de basse. C'est un morceau inquiétant, le seul passage de l'opéra dans lequel Méphisto apparaît véritablement diabolique. Il ouvre la scène suivante, celle de la séduction de Marguerite, qu'il marque d'une empreinte magique : ainsi, Marguerite n'est peut-être pas simplement coquette et pécheresse, puisqu'elle est sous l'emprise d'un sortilège ; est ainsi entretenue une hésitation sur la nature réelle du personnage qui lui confère sa profondeur et sa complexité, malheureusement pas toujours bien rendue par les interprètes du rôle.

Le duo de Faust et de Marguerite est l'un des plus beaux passages de la partition. Les premières mesures donnent l'impression que les deux amoureux, qui se sont éloignés, reviennent sur scène et qu'au fur et à mesure qu'ils se rapprochent, on reprend progressivement le fil de leur conversation : sur le plan musical, c'est une construction d'un art consommé. Marguerite permet à Faust de l'embrasser (« Laisse-moi, laisse-moi, contempler ton visage »), mais lui demande peu après de s'en aller. Elle chante à sa fenêtre pour demander à Faust de revenir, ce qu'il fait.

Acte IV : La chambre de Marguerite, l'église, la rue

L'acte IV débute dans la chambre de Marguerite alors qu'elle a donné naissance à un enfant de Faust. Elle chante l'air « Il ne revient pas », air magnifique, extrêmement dramatique, malheureusement souvent coupé.

Tourmentée, elle se rend à l'église pour prier mais elle est arrêtée, d'abord par Méphistophélès et après par un chœur de démons. Elle finit sa prière mais s'évanouit lorsqu'elle est maudite par Méphistophélès. La scène, qui fait intervenir l'orgue, est saisissante.

La scène change. Dans la rue, Valentin et les soldats reviennent de la guerre. Ils chantent un chœur martial extrêmement populaire, « Gloire immortelle de nos aïeux ». Valentin entre dans la maison de sa sœur. Arrivent Faust et Méphistophélès. Ce dernier chante une sérénade grinçante (« Vous qui faites l'endormie »). Valentin revient et cherche à savoir qui est le père du fils de Marguerite. Faust et Valentin se battent en duel. Avant de croiser le fer Valentin a la sottise de se séparer de la médaille que lui a donnée Marguerite, ce qui le laisse sans protection face aux sortilèges de Méphisto. Faust le tue dès lors sans difficulté.

Acte V : Les montagnes du Harz, la vallée du Brocken, la prison

L'acte V commence dans les montagnes du Harz, pendant la Nuit de Walpurgis. Méphistophélès et Faust sont entourés de sorcières (« Un, deux et trois »). Faust est transporté dans une caverne où il assiste au banquet des reines et courtisanes de l'Antiquité. Faust a une vision de Marguerite et la demande.

Méphistophélès aide Faust à pénétrer dans la prison où Marguerite est enfermée pour avoir tué son enfant. Ils chantent alors un duo d'amour (« Oui, c'est toi je t'aime »). Lorsque Marguerite apprend que Faust avait fait un pacte avec le diable, elle demande une protection divine. Faust prie, pendant que l'âme de Marguerite s'élève vers le paradis et est accueillie par un chœur d'anges (« Christ est ressuscité »).

Grands airs

  • Invocation de Valentin : « Avant de quitter ces lieux... »
  • Ronde du veau d'or (Méphisto) : « Le veau d'or est toujours debout » (Acte II)
  • Valse : « Ainsi que la brise légère... » (Acte II)
  • Air du roi de Thulé (Marguerite) : « Il était un roi de Thulé... » (Acte III)[2]
  • Air des bijoux (Marguerite) : « Ah ! je ris de me voir si belle... » (Acte III)
  • Cavatine (Faust) : « Salut ! Demeure chaste et pure... » (Acte III)
  • Invocation à la nuit (Méphisto) : « Ô nuit ! étends sur eux ton ombre... » (Acte III)
  • Chœur des soldats : « Gloire immortelle de nos aïeux... »
  • Final "Anges purs Anges radieux..." et i a mal au cul

Notes et références

  1. Mille et un opéras Piotr Kaminski - éditions Fayard 2003
  2. Cette chanson que chante comme par hasard Marguerite l'avertit que Faust lui sera infidèle [1]

Voir aussi

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