Figuig

Figuig

32°7′0″N 1°13′37″O / 32.11667, -1.22694

Figuig
فكيك
Vue de Figuig
Vue de Figuig
Administration
Pays Drapeau du Maroc Maroc
Province Figuig
Collectivité Municipalité de Figuig
Code postal 61000
Géographie
Coordonnées 32° 06′ 00″ Nord
       1° 14′ 00″ Ouest
/ 32.1, -1.233333
Altitude 900 m
Démographie
Population 12 516 hab.
Localisation
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Figuig

Figuig, فجيج ou فكيك en arabe, ou Ifiyyey en berbère est une ville située à l'extrême-est du Maroc, à la jonction entre les hauts plateaux et le nord du Sahara, à quelque 368 km au sud de Oujda et à 7 km de la ville algérienne de Beni Ounif. Elle est cernée de trois côtés par l'Algérie. La frontière entre les deux pays est, pour le moment, fermée. La ville-palmeraies est nichée au cœur d'un cercle de petites montagnes qui forment une sorte de corolle de fleurs tout autour d'elle. Les dattes satisfaisaient aux besoins premiers des habitants jusqu'à la perte d'immenses territoires dans et au-delà de la corolle. Son climat est de type semi aride méditerranéen, à aride; mais l'intérieur de l'oasis forme un microclimat très contrasté avec les territoires environnants. Malgré son ancienneté et sa beauté, elle reste isolée et manque d'infrastructures.

Figuig connut l'existence d'une ébauche d'université sous l'impulsion de Abdeljabbar el Figuigui puis de son fils, Mohammed Ben Abdeljabbar el Figuigui au XVe siècle, au sein de laquelle étaient enseignés l'algèbre et la théologie islamique. Son autre fils, Ibrahim Ben Abdeljebbar El figuigui, est connu pour avoir composé ce que certains considèrent comme le premier recueil de cynégétique moderne: Rawdat Al soulwan (Le jardin de consolation).

Sommaire

Étymologie

Son nom proviendrait du mot arabe fejj (col) selon beaucoup d'historiens. Cette version est contestée par la majorité des chercheurs en langues berbères. Mais ces derniers allaient contre l'orthodoxie des recherches arabisantes qui, elles, avaient tendance à tout faire entrer dans le moule de la langue pour des raisons idéologiques. En fait, pour les autochtones de Figuig, le nom de la ville est Ifiyyey; et non pas Fijij, Figuig, ou Fikik, non-plus. Même si l'on voulait faire remonter le nom berbère au mot arabe, il y aurait plusieurs invraisemblances dans le chemin[1]. Une version parmi d'autres, qui paraîtrait assez consistante; est que le mot proviendrait tout simplement du verbe berbère afey (courir). À Figuig, on parle plutôt de ajenna n Ifiyyey (le dessus de Figuig) et de attay n Ifiyyey (le bas de Figuig). Cela ferait penser, logiquement, que "Ifiyyey" n'est, ni plus ni moins, que la falaise au milieu de la ville. Et comme une falaise oblige les hommes à courir ou précipiter le pas en la descendant, on aurait appelé l'endroit Ifiyyey. L'adjectif tiré du verbe afey étant ifyey, le substantif qui en est tiré est automatiquement Ifiyyey selon la grammaire berbère locale. La forme Ifeggeg est possible dans d'autres dialectes berbères, puisque le figuiguien se dit une variante en -ey à la place de -eg, d'où probablement le mot figuig comme compression de Ifeggeg, afeggeg, oufeggeg, ou autre; les voyelles ne changeant pas tellement le sens d'un mot chez les Berbères. Deux termes viennent étayer cette version : les mots Azrou et Imouzzar qui désignent deux chemins praticables le long de la falaise. Ces deux mots auraient pour origine linguistique le verbe berbère ezzar (devancer, aller en premier). Azrou, prononcé sans emphase de la lettre « z », serait un substantif. Donc une piste de course ou, plus précisément, un raccourci. Le mot Imouzzar serait un autre substantif désignant la même chose; avec la nuance que, cette fois-ci, c'est pour des courses qui se feraient à plusieurs. Imouzzar est tiré d'une déclinaison du verbe ezzar en emmezzar, qui en est une forme intransitive et réfléchie (mutualité de l'action : se faire la course). Elle prend alors le sens de faire la course, forcément, contre quelqu'un. Cependant, la forme Azro, dans sa vraie prononciation actuelle, avec un « z » emphatique, et un "o" grave, serait plutôt tiré de la racine zer ( Emphase du Z)(Synonyme de voir, rendre visite, visiter). Ce qui donnerait au mot, vue l'endroit, le sens de perchoir, de promontoire, ou de belvédère tout cours; soit encore une autre allusion à la hauteur, voire la course, et l'escarpement géographique de l'endroit.

Organisation

La ville est formée actuellement de sept ksours, qui sont :

  • Zenaga (Iznayen, iznaguen : isen'hajen. les sen'haja, ou Sanhadja) ;
  • Loudaghir (At Addi : addi est un nom propre) ;
  • Laâbidate (At ennej : ceux d'en haut) ;
  • Oulad Slimane (At Slimane : nom propre) ;
  • Hamam Tahtani (At wadday : ceux d'en bas) ;
  • Hamam Foukani (At Amer : nom propre) ;
  • El Maïz (At Lemaïz: probablement le nom d'une montagne aux environs).

Ce sont d'anciens groupes de population qui étaient totalement autonomes dans leurs ksours éparpillés le long de l'oued Zouzfana. Chacune avait ses propres lois et coutumes. Puis à l'époque de la grande invasion des tribus arabes chassées par les Fatimides de l'Égypte, tous les anciens ksars se sont regroupés à l'endroit actuel, pour mieux se défendre et garder leur caractère culturel et politique.

Ajouté à cela, il y a la Zaouia de Sid Cheikh, connue localement sous le nom d'Aït Wajdal ou de Sidi Abdelkader Mohammed, une tribu de marabouts d'origine arabe qui avait bien implanté son pouvoir moral dans tout le sud oranais depuis quelques siècles, principalement chez les tribus des Laamours de l'ouest (Gherarba), notamment Ch'aamba, et les berbères des oasis. Le plus connu de la tribu est un natif de Figuig : le Cheikh Bouhamama (Bou'amama), qui a combattu les Français dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Cette tribu a des membres dans tous les ksours, en plus des lieux saints qui sont parfois en dehors des agglomérations.

Deux anciens ksours, aujourd'hui disparus, étaient :

  • le ksar d'aït Meh'rez, dont on peut encore voir les ruines, tout près du village administratif, au lieu-dit 'Tasqaqt n ouydi' (Ruelle du chien); à la limite nord de ce qui est, actuellement, le collège: Sidi Abdeljebbar.
  • le ksar d'aït Jaber, dont les ruines sont visibles tout près du lieu-dit Ajdir (Monticule, en français), la zone de partage des eaux de Tzadert (Menaçante d'effondrement, en Français): La source qui était la cause principale des conflits du début de l'ère moderne.

Leurs populations étaient en majorité des nouveaux venus à Figuig, à la suite des guerres de succession des sultans alaouites. Ces populations, meh'erzis, étaient opposées à Moulay Rachid et avaient été pourchassées par lui. Elles avaient conclu un pacte de l'amane (pacte d'accueil et de défense mutuelle très courant dans les société musulmanes de l'époque) avec le ksar Zenaga de Figuig. À la suite de Moulay Rachid, Moulay Ismael s'allia avec les ouled Jaber, toujours pour museler la résistance des ouled Meh'rez dans le sud-est marocain. Le ksar meh'rez finit par être détruit avec l'aide du ksar Loudaghir. Par la suite, le ksar des ouled Jaber fut détruit par les Zenagas.

Les populations de ces ksours sont réparties aujourd'hui, par ordre d'importance, entre Zenaga, Loudaghirs, Laabidate et Aït Lamaïz.

Démographie

Pierre tombale du cimetière juif de Figuig

La population est constituée majoritairement de berbères, notamment des tribus de Senhaja (Zenaga) (berbères du sud) et des Zenata (berbères du nord) auxquelles il faudrait ajouter des familles chérifiennes originaires du Golfe Persique selon certains, ou d'Andalousie et des tribus arabes nomades de Beni Hilal et Beni Selim selon d'autres. Les arabes de Figuig sont tous berbérisés. A part les familles non Figuigui, à savoir celles qui se sont stabilisé à Figuig récemment parmi les tribus Laamours surtout, et celles des employés affectés à Figuig; tous les habitants parlent berbère, y compris les familles chourfas, d'origines arabes pourtant. Une importante composante berbère noire, composante de l'armée Alboukhari du sultan alaouite Moulay Ismail, de celle de Yacob al Mansour Almohades, ou issue de la traite des noirs, est à signaler à Figuig.

Les Juifs ont eux tous quitté la ville, vers la France, les grandes villes du Maroc ou Israël, un peu avant l'indépendance du Maroc. La ville de Figuig possède deux anciens cimetières juifs qui sont abandonnés à ce jour, celui de Zenaga étant mieux préservé que celui de Ouled Sliman qui a perdu son enceinte.

Les chourafa ou chérifiens ont toujours eu un ascendant administratif et religieux, dont la jurisprudence. Aux berbères revenaient l'agriculture et le commerce caravanier. Les minorités noires et juives s'occupaient, elles, surtout de l'artisanat.

Histoire

La présence humaine est attestée dans la région de Figuig depuis l'Antiquité par de multiples sites de gravures rupestres le long du parcours de Zouzefana. C'est le Figuig de la littérature coloniale qui englobait tout le bassin de l'oued. Pour l'anecdote, la nomination Zouzfana proviendrait vraisemblablement d'une princesse ou notable de la période romaine nommée Josephina. Mais le plus probable est qu'il viendrait du nom Sidi Youssef dans sa version romaine, Joseph, qui serait rattaché au suffixe ine (in aux masculin)pour l'appartenance; à moins que ce ne soit vraiment une femme qui est enterré au lieu dit Tamezzought. Mais il n y a aucune étude sur le sujet, d'autan qu'il y a beaucoup de lieux datant de la période anté-islamique et qui seraient sacralisés comme marabouts dans le Grand Maghreb. Les sus-mentionnées gravures ne laissent aucun doute sur l'identité des populations qui ont habité la région depuis, à savoir les Berbères. Elles sont composées d'images d'animaux parsemées de mots ou de signes en caractères Tifinagh. Les sites connus jusqu'à maintenant sont ceux de Tadrart n Hammou Hakkou Cheda (col de Zenaga), Ighzer Acherquiy, et El Arja[2].

La période suivante manque cruellement de documentation dans l'histoire officielle. On ne peut que se fier à la mémoire collective et à l'approche ethnologique pour espérer retrouver des informations dignes de ce nom, ce qui pourrait aider à reconstituer une vraie histoire des Berbères dans la région. Les histoires suggèrent souvent des sociétés bien organisées sur un modèle matriarcal fort jusqu'à l'arrivée de l'islam (dans Leïla d'Amar, Leïla a tué 99 hommes et son amour Amar. Dans Lalla Mehaya, Mehaya a fini par percer un trou dans la montagne juste avec ses cheveux enduits de henné et enfin Mamma Tamza (l'Ogresse, la Lionne) est, le plus souvent, la plus forte dans les histoires).

L'arrivée de l'Islam s'est faite sans heurts. Beaucoup d'historiens s'accordent sur le fait que l'islam a été diffusé dans la région par les autochtones et des moines chrétiens fort probablement manichéens, convertis pendant leur pèlerinage à Jérusalem. De ce point de vue aussi, il n'y a pas de textes précis pour le confirmer. La société berbère avait déjà oublié l'usage de l'écrit à cause de la domination romaine et vandale.

À part les écrits d'Ibn Khaldoun et de Léon l'Africain, et le fait d'avoir fait partie du Royaume Zianide, on ne connait que peu de choses sur le Moyen Âge dans la région.

L'époque moderne a été dominée par les Turcs d'Algérie et marquée par des tentatives d'incursions des sultans Alaouites, Moulay Ismael spécialement, puis Moulay Slimane en 1805[3], et par les conflits sanguinaires pour la domination des sources d'eau, Tzadert tout particulièrement, vers la fin XVIII, début XIXe siècle.

En 1903, les Figuiguis se sont livrés à deux batailles contre les troupes françaises venues d'Algérie. La littérature est, de ce côté-là, abondante. Vaincus lors de la seconde bataille, ils ont dû payer un lourd tribut. Le 16e jour (Tanettaout) du cycle hydrique (Kharouba) vient de là.

La période suivante a été, sciemment et conjoncturellement, dédiée à un encerclement de la zone habitée. D'abord par les Français qui ont imposé un tracé de frontières qui limita Figuig aux seuls ksars et à l'espace aride qui les sépare de l'oued Zouzfana, le vivrier des habitants. S'ensuivra une période d'« usufruit », accordée aux Figuiguis selon la volonté du colon et parsemée de périodes, plus ou moins longues, d'interdiction. Les querelles frontalières algéro-marocaines d'après-indépendance (Guerre des sables en 1963) n'ont fait qu'achever le dessein militaire des Français des années 1903 1912, ce qui débouchaA à l'automne 1976 sur la fermeture totale de l'accès à l'oued. Toutes les palmeraies étant laissées à l'abandon par le pouvoir algérien, elles ont fini par disparaître. Le résultat en a été un fort exode de ce coté ci de la frontière des habitants de Figuig vers la France et les grandes villes marocaines.

Un autre épisode digne d'être cité a été l'expédition punitive des armées de Hassan II en 1973 contre les habitants de Figuig, accusés, à tort ou à raison, de connivence avec l'aile putchiste du leader Mohammed Lefqih Elbasri au sein de l'union nationale des forces populaires de l'époque (l'USFP actuel).

Personnalités

Jumelage

Lien interne

Liens externes

Notes, sources et références

"Notes sur FIGUIG 1882", Henry de la Croix de Castries, Paris 1882 Société de Géographie, reprint 2010 Kessinger Legacy USA

  1. . Voir à ce sujet : Maarten G. Kossmann, Grammaire du parler berbère de Figuig, Éd.Peeters, 1997
  2. [1]
  3. Histoire du Maroc par Jean Brignon, p. 264.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Figuig de Wikipédia en français (auteurs)

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