Fort des Dunes

Fort des Dunes
Fort des Dunes
Fort des Dunes.JPG
Description
Type d'ouvrage Fort
Dates de construction
Ceinture fortifiée Dunkerque
Utilisation
Utilisation actuelle
Propriété actuelle
Garnison
Armement de rempart
Armement de flanquement
Organe cuirassé
Modernisation béton spécial
Programme 1900
Dates de restructuration
Tourelles
Casemate de Bourges
Observatoire
Garnison
Programme complémentaire 1908
Coordonnées 51° 03′ 12″ N 2° 26′ 49″ E / 51.053458, 2.44700851° 03′ 12″ Nord
       2° 26′ 49″ Est
/ 51.053458, 2.447008
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Fort des Dunes

Le fort des Dunes est un fort du système Séré de Rivières situé sur la commune de Leffrinckoucke à 6 km à l'est de Dunkerque.

Sommaire

La construction

La création du fort des Dunes répondait, à la suite de la guerre de 1870, au besoin de protéger les villes-frontières par une ceinture de forts.

En 1874, le général Séré de Rivières qui dirigeait les services du génie était maître d'œuvre de la construction d'un système de fortifications.

Un seul fort terrestre de type « Séré de Rivières » fut construit sur le littoral : Le fort des Dunes qui devait devenir l'une des pièces maîtresses de la stratégie de défense du territoire et de l'agglomération dunkerquoise.

On choisit le goulet de Bray-Dunes formé du cordon dunaire et de polders primitifs, possédant un canal, deux routes et une voie ferrée venant de la frontière belge, pour édifier le fort.

Le secteur dunaire permettait d'incorporer au paysage un ouvrage fortifié. Qui pourrait se douter que le mont de sable à la sortie de Leffrinckoucke abrite un fort de douze hectares et réalisé avec plus de 40 000 000 briques faites sur place ?

Le fort

Le fort pouvait accueillir 13 officiers, 22 sous-officiers et 416 soldats[1].
Il comprenait une caserne pour la troupe et un pavillon pour les cadres, boulangerie, abattoir, magasins, poudrière, puits et citerne, infirmerie, prison...
Il était entouré d'un fossé défendu par une caponnière simple, une caponnière double et une caponnière double de gorge.
L'accès se faisait par un pont levis. Un magasin des poudres lui fut annexé en 1898. Placé à quelques centaines de mètres, au sud-ouest du fort, il était conçu pour le stockage et l'assemblage des nouveaux types de projectlies d'artillerie

Opération Dynamo

En juin 1940, le fort fut le poste de commandement de la 12e Division d'Infanterie Motorisée (DIM)

Son commandant, le général Guillaume Janssen fut tué le 2 juin 1940, dans une cour intérieure, avec une partie de ses cadres, lors d'un bombardement aérien.

Le 3 juin 1940, un nouveau bombardement aérien provoqua la mort d'une centaine de soldats et causa d'important dégâts matériels.

les faits :

Le 2 juin 1940, le général Janssen se rendit sur le front pour diffuser auprès de ses commandants d’unités les consignes du rembarquement prévu pour la nuit du 3 au 4 juin.

De retour vers 16 h, il monta au sommet du fort afin d’observer les bombardements sur l’aile droite de son dispositif dans le secteur de Téteghem.

Vers 18h15 ou 18h45, il se trouvait devant le P.C. d’artillerie du colonel Blanchon où il discutait avec plusieurs officiers lorsque plusieurs bombardiers légers attaquèrent en piqué la forteresse (en fonction des sources ou des témoignages, le nombre varie entre 1 et 2 et même 6 avions).

Deux bombes explosèrent dans la cour du pavillon des cadres détruisant des véhicules stationnés devant les bâtiments. Au contact du sol pavé, elles ne firent qu’un faible entonnoir d’impact : leur effet n’en fut que plus meurtrier. Le général Janssen fut mortellement blessé au crâne, à ses côtés gisaient le capitaine Hellé avec une horrible plaie au ventre et le capitaine de Varine-Bohan dont le cou était profondément entaillé.

Dans le fond de la pièce, étaient étendus les corps sans vie des adjudants-chefs Princet et Deruel. Le capitaine Bourgerie qui avait la cuisse droite arrachée décédera le lendemain au Sanatorium de Zuydcoote où furent amenés les multiples blessés de ce bombardement.

Le colonel Blanchon qui prit le commandement de la division fit inhumer les victimes sur le talus sud-ouest près d’une plate-forme d’artillerie.

Vers 23 heures, le lieutenant-colonel Melnotte et le capitaine de Pommery portèrent sur une civière la dépouille du général roulée dans une toile de tente et couverte par son fanion de commandement jusqu’à la fosse où il sera enterré avec les officiers et sous-officiers tombés à ses côtés.

Le colonel Blanchon fit une allocution en hommage à son supérieur. Un peloton du 3e G.R.D.I. rendit les honneurs militaires et l’abbé Roche, prêtre-soldat, bénit les dépouilles.

Des croix en bois faites de planches, sur lesquelles furent peints en rouge les noms, marquèrent les tombes fleuries par des plantes que des officiers cueillirent sur le parapet. La cérémonie funéraire dut être abrégée en raison de la recrudescence des tirs de l’artillerie ennemie.

Malheureusement, le calvaire des hommes du fort n’était pas fini. Dans la matinée du 3 juin, un nouveau pilonnage fit encore des victimes.

Alors que dans l’après-midi le commandant de la 12e D.I.M. avait reçu confirmation du décrochage et de la planification de l’embarquement de ses unités, le fort était survolé par une vingtaine de bombardiers.

Vers 17 h 30, six stukas quittèrent cette formation et prirent une nouvelle fois pour cible cet ouvrage du XIXe siècle. Plusieurs projectiles atteignirent leur objectif.

Six bombes, dont certaines étaient à retardement, déflagrèrent à l’intérieur de l’enceinte fortifiée. Malgré une fumée dense, les rescapés s’aperçurent, tout de suite, que les dégâts étaient importants.

De nombreux véhicules brûlaient dans les cours. À l’entrée, les débris d’une partie du corps de garde et du pont-levis obstruaient le fossé. Plus loin, des éléments de la voûte d’accès s’étaient affaissés sur des hommes du 3e G.D.R.I. et du Train. Dans la cour centrale, l’escalier extérieur amenant à l’étage était détruit. Le plancher maçonné d’une salle du bâtiment des troupes s’était effondré sur l’infirmerie.

La galerie permettant d’accéder au pavillon des cadres était endommagée ainsi que des pièces attenantes. La voûte des casemates de flanquement de la caponnière du fossé Nord s’était écroulée.

Un abri de traverse affecté à la prévôté militaire fut entièrement détruit par l’un des projectiles.

Les pertes humaines furent nombreuses. Plusieurs cadres étaient parmi les victimes :

  • le colonel Le Nôtre;
  • le commandant Fenouillez;
  • le commandant de Rufz de Lavison;
  • le Lieutenant Besnoit;
  • le lieutenant Hubert de Labbey de la Besnadière;
  • le pharmacien-lieutenant Gobert (porté disparu).

L’étendue des destructions rendit difficile l’intervention du groupe sanitaire qui depuis l’Usine des Dunes avait assisté à la tragédie. D’importantes masses de sable devenues instables à la suite de l’affaissement de nombreuses maçonneries empêchèrent toutes tentatives de dégagement des militaires ensevelis sous les gravats.

Les éléments architecturaux de ce fort du XIXe siècle n’avaient pas résisté aux effets dévastateurs de l’armement du XXe siècle. Peu de temps après le terrible bombardement, des avions ennemis revinrent mitrailler le fort qui subit ensuite les coups de l’artillerie allemande.

À la suite de ces événements, l’état-major de la 12e D.I.M. décida de quitter le fort, vers 19 heures, pour s’installer à l’école de la cité de la gare de Leffrinckoucke (l’école Jules Ferry) afin de gérer les dernières opérations de replis avant l’attente d’un embarquement au port de Dunkerque.

En raison de la destruction du pont-levis, il fallut descendre dans la douve en profitant d’un éboulement d’une portion du mur d’escarpe côté Nord pour franchir le rempart extérieur sur les débris de maçonnerie de l’entrée.

La 12e Division d’Infanterie Motorisée assurant la défense du front entre Uxem et Bray-Dunes avait choisi d’installer son état-major au Fort des Dunes, peu soumis jusqu’alors aux bombardements ennemis.

Quelques heures après la mise en place des unités de commandement au sein des bâtiments, l’ouvrage subissait de violents bombardements aériens et des tirs d’artillerie causant de nombreux décès dont celui du général Janssen.

Un tel acharnement tenterait de prouver que les allemands avaient connaissance de l’installation du commandement de la 12e D.I.M. dans cette enceinte. Le général Barthélémy, responsable du secteur fortifié des Flandres abonde dans ce sens.

D’après l’un des ces rapports, un radiogramme qui comportait des indications révélatrices pour les services d’écoutes ennemies avait été émis imprudemment par les transmissions de la division des Coqs : « P.C. Dunes à P.C. X... ». D’autre part il est fort probable que des éléments fournis par des agents de renseignements infiltrés dans le camp retranché de Dunkerque avaient permis de préciser le dispositif d’organisation de la division.

Déjà, les positions précédentes du rond-point de Malo-Terminus avaient été visées par l’artillerie allemande.

Toujours est-il que les 2 et 3 juin 1940 furent des journées tragiques pour les hommes de la 12e D.I.M. La plupart des écrits rappelant ces événements évoquent un nombre impressionnant de victimes.

Entre 150 et 200 militaires auraient péri dans l’enceinte de l’ouvrage fortifié pendant ce laps de temps. L’étude de la liste des soldats inhumés au cimetière militaire de Leffrinckoucke tendrait à modifier à la baisse un tel chiffre.

Sur 303 soldats dont la sépulture se trouvait sur le territoire communal (recensement de 1943), 96 hommes avaient été enterrés provisoirement au fort des Dunes en mai et juin 1940. Même si l’on tient compte des blessés décédés après leur transfert au sanatorium de Zuydcoote, de quelques disparus et des ultimes inhumations opérées en 1955 après la fouille des ruines de la caponnière nord, il parait difficile atteindre le total des victimes habituellement avancé.

Un nombre avoisinant la centaine de tués aurait sûrement été plus réaliste.


Cimetière du fort des Dunes

Au cours des événements qui marquèrent la Libération, les mouvements de Résistance eurent pour mission d’entraver la retraite ennemie par des actes de sabotages et de renseignements ainsi que de tenter de s’attaquer à des isolés.

L’effervescence qui régnait au début du mois de septembre 1944, en raison de l’avancée des armées alliées, engendra des actions dont les conséquences furent tragiques.

Le 4 septembre 1944, à Rosendäel, un résistant décida d’intercepter un soldat de l’artillerie de marine allemande qui circulait sur le boulevard de la République. Cette tentative échoua.

Le militaire allemand réussit à localiser l’habitation dans laquelle son agresseur s’était réfugié. Les autorités allemandes organisèrent le bouclage du quartier avec un déploiement de force impressionnant avant d’assaillir cette maison qui servait de cache à la Résistance locale.

Un seul homme Yvon Miron) évita le piège tendu par les troupes d’occupation. Les 7 autres ainsi que le père de l’un d’eux (Marcel Reynaert) furent arrêtés. À l’origine, internés à la Batterie de Zuydcoote où l’un d’eux (Daniel Decroos) avait été tué à la suite d’une tentative d’évasion, ils furent ensuite détenus au fort.

Le bâtiment central du casernement possédait une prison, mais des modifications apportées à certains abris de traverse laissent à penser que les résistants furent répartis dans plusieurs geôles.

Conformément aux ordres du tribunal militaire, le 6 septembre à 9h15, les Allemands fusillèrent les six derniers hommes valides dans le fossé Nord à l’angle de la caponnière. L’un des résistants gravement blessé par une grenade lors de l’arrestation fut euthanasié.

Les 7 corps (ceux de Georges Claeyman, Vincent Dewaele, Henri Gadeyne, Roger et Marcel Reynaert, Robert Vangheluwe et Élysée Williaert) furent ensuite ensevelis dans une fosse creusée au pied des rempart.

Le mur d’enceinte contre lequel les fusillés avaient été adossés fut détruit. La maçonnerie s’écroula sur la sépulture des martyrs effaçant toute trace de l’exécution.

Après la libération de Dunkerque, les membres de la Résistance locale aidés par les autorités militaires françaises effectuèrent une enquête auprès des prisonniers de guerre allemands afin de retrouver le lieu d’inhumation des corps de leurs camarades.

Grâce aux indications fournies par l’ancien greffier du tribunal militaire allemand, des fouilles furent organisées sur le lieu de l’exécution.

Cette tâche fut accomplie par plus d’une dizaine de prisonniers de guerre exempts de travaux de construction et déblaiement pour raison de santé.

Le 30 juillet 1945, au milieu des blocs de briques qu’il avait fallu détruire à l’explosif, un terrassier allemand exhuma un crâne. En élargissant les recherches, une fosse de 4 m de diamètre fut dégagée.

Les 7 corps se trouvaient, là, entrelacés. L’un d’eux avait été apparemment ligoté. Le médecin légiste procéda aux constatations d’usage mais la chaux qui avait été versé sur les dépouilles rendit leur identification difficile.

Après l’exhumation, les familles vinrent reconnaître les corps dans un local qui fut aménagé dans l’école Pasteur à Rosendäel.

Le lundi 6 août 1945, la population rendit un hommage solennel à ses martyrs lors de la cérémonie funéraire.

Le 20 août, la dépouille du résistant qui avait été abattu dans les dunes fut découverte par des militaires français chargés des recherches.

source : L'histoire de Fort des Dunes par Olivier Vermesch revue de SDHA no 33

Liens internes

Liens externes

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Notes et références

Histoire du fort des dunes par Olivier Vermesch Société Dunkerquoise d'Histoire et d'Archéologie revue no 33


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Fort des Dunes de Wikipédia en français (auteurs)

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