François-Vincent Raspail

François-Vincent Raspail
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François-Vincent Raspail

Personnage marquant du XIXe siècle, François-Vincent Raspail, chimiste, médecin et homme politique, naît à Carpentras (Vaucluse), le 29 janvier 1794. Il mourra à Arcueil (Val-de-Marne) le 7 janvier 1878. Il fut candidat à l'élection présidentielle française de 1848.

Sommaire

Biographie

Son père, aubergiste, très pratiquant, le destine à entrer dans les ordres et le fait entrer, très jeune, au séminaire d’Avignon. Pendant les Cent-Jours, Raspail y composera une chanson à la gloire de Napoléon Ier. Renvoyé pour indiscipline, il est admis au collège de la ville où il devient régent. Il rejoint Paris en 1816 afin d'étudier le droit. Professeur aux collèges Stanislas et Sainte-Barbe, il fut chassé de l'enseignement pour avoir rédigé des pamphlets républicains. Devenu surveillant (répétiteur) pour financer ses études, il s’éloigne peu à peu des convictions familiales, et adhère à la libre-pensée. En 1821, son ouvrage : Les Missionnaires en opposition avec les bonnes mœurs, véritable brûlot, fait scandale.

L’année suivante, dégoûté du droit, il s’inscrit en faculté de médecine. Là, il validera deux options personnelles :

  • la rédaction de plusieurs articles, remarqués, sur les tissus animaux et végétaux.
  • son adhésion à la charbonnerie. Société secrète, intriguant contre le régime en place et organisée sur le modèle italien « des ventes » (une « vente » étant une cellule de quelques conjurés). Il sera d'ailleurs emprisonné à plusieurs reprises, comme carbonaro, sous la Monarchie de Juillet.

Ses recherches embrassant plusieurs disciplines le conduisirent à la découverte des microbes (qui ne fut reconnue que quarante ans plus tard !) et l'exposèrent aux persécutions de l'intelligentsia scientifique.

Un républicain

De 1830 à 1847

En 1830, Raspail, ardent républicain, se joint au peuple parisien insurgé lors des journées d’insurrection révolutionnaire, les Trois Glorieuses, qui les 29, 30 et 31 juillet renverront Charles X en exil. Sérieusement blessé sur une barricade, il sera décoré de la Croix de Juillet. À peine remis, l’insurgé fondera un journal d'opposition républicaine, Le Réformateur, et présidera la Société des Amis du Peuple. Elle sera dissoute en 1832 par le nouveau pouvoir qui le condamnera à quinze mois de prison et 500 francs d’amende pour « offense au roi ».

En 1832, Raspail s'installe comme médecin et accède à la notoriété grâce à deux travaux :

  • Essai de chimie microscopique, en 1830 suivi par le
  • Nouveau Système de chimie organique, en 1833.

Préoccupé de questions sociales, le savant s’intéresse logiquement à la vie dans les prisons (« son second domicile ») et au travail dans les manufactures ('où trop de gens meurent avant l'âge').

Sous la Monarchie de Juillet, entre deux séjours en prison (qui ralentissent énormément ses travaux médicaux et sociaux), Raspail essaye de cultiver ces deux faces de sa personnalité. À Sainte-Pélagie où sont maintenant regroupés les prisonniers politiques, il prend la tête de l’ « Association républicaine de défense de la liberté de la presse ».

En 1840, expert reconnu, sa déposition au procès de Marie Lafarge, accusée d'avoir empoisonné son mari à l'arsenic fait grand bruit. Il devra pourtant attendre 1843 pour voir publier son Histoire naturelle de la santé et de la maladie, suivie d’un Manuel annuaire de la santé en 1845. Ces deux ouvrages de vulgarisation lui assurent de confortables revenus. Il y donnera la recette d'un fameux élixir ; dans ces volumes, Raspail précise également sa théorie parasitaire (évoquant souvent des "helminthes" comme responsables des maladies), qui anticipe de manière remarquée la doctrine microbienne. Cependant sa pratique de l’art médical se veut militante : médecin des pauvres, il sera l’un des premiers propagateurs de l’hygiène[1] et de l’antisepsie dans les classes populaires. Il préconise l'usage systématique du camphre sous différentes formes. Tout cela lui vaut l’hostilité des milieux officiels et une condamnation, en 1846, par la Faculté (une de plus…).

La Révolution française de 1848 et l'après 48

Devise de François-Vincent Raspail : In patria carcer laurus in exilio.
  • 22 février 1848 : il est l'un des premiers à proclamer la République comme l'écrit Karl Marx[2]
  • 25 février 1848 : Troisième jour d'insurrection. Formation du gouvernement provisoire, naissance de la IIe République française (elle finira en 1852).
  • Fin 1848 : Raspail fonde un nouveau journal, L'ami du Peuple.

Après avoir participé à l'organisation d'une manifestation de soutien à la Pologne, perçue par le gouvernement comme une tentative de coup de force, il est jugé en 1849 par la Haute cour de justice de Bourges et condamné à six ans de prison. Libéré en 1853, il s'exila en Belgique. Rentré en France en 1863, il fut élu député trois ans plus tard et vota contre la déclaration de guerre à la Prusse. Il fustigea la répression des Versaillais et fut à nouveau condamné à deux ans de prison. Réélu député en 1877, il demanda vainement l'amnistie des communards.

Député des Bouches-du-Rhône de 1869 à 1878, Raspail fustigea la réaction qui suivit la Commune. Ses prises de position lui vaudront de nouveaux tourments judiciaires.

Une famille : les Raspail

Maison de la famille Raspail à Arcueil.

Cinq Raspail ont laissé une trace dans l'histoire révolutionnaire :

  • Camille Raspail, qui fut un élève surdoué, précoce et se fit remarquer au séminaire d'Avignon par « sa rare intelligence et son amour du travail ». Il remporte à quinze ans le grand prix de philosophie puis est banni du séminaire ; nommé régent de collège, il découvre les encyclopédistes. « Je devins un homme nouveau, libéré des entraves religieuses qui me paralysaient » dira-t-il. Marié mais démuni, refusant les secours de ses amis, occupant une modeste demeure à Montrouge, ne se nourrissant, lui et sa famille, que de « légumes et d'eau », il rédigeait sa Physiologie végétale.
  • Benjamin Raspail (1823- 1899) et son frère Camille François Raspail (1827- 1893), députés de la gauche républicaine. Le premier, qui était amputé d'une jambe, légua à sa mort sa propriété pour y fonder une maison de retraite pour invalides du travail. Marie Laubot y voit « la digne fin d'un vrai républicain » (dans Nos grands républicains, éd. Gedalge, Vers 1907, Paris).
  • Xavier Raspail, cadet de la famille, médecin qui s'illustra pendant le siège de Paris ; sa foi républicaine semble moins évidente que celle de son père, François Raspail.

Nous avons donc ainsi :

Les Raspail de la Troisième République (chrono)
François-Vincent Raspail 1794 1878 Époux de Henriette-Adélaïde, née Trousseau. Père des 3 suivants :
Benjamin Raspail 1823 1899 Fils aîné
C. François Raspail 1827 1893 Fils puîné
Xavier Raspail 1840 1926 Fils cadet.

Éléments en relation

voir discussion "Père Lachaise ou Montparnasse" ?
  1. Sépulture au Cimetière du Père-Lachaise, Auteur anonyme (vers 1878)
  2. Sépulture de son épouse, Henriette-Adélaïde Raspail, née Trousseau (1799-1853) également au Père-Lachaise; on y voit Mme Raspail, couverte de son linceul, tendant le bras pour dire adieu à son mari à travers le soupirail de la prison, statue en marbre noir d'Antoine Etex (1808-1888). Elle figure sur la pochette de l'album Within the Realm of a Dying Sun, du groupe Dead Can Dance (1987).
  3. À Paris, le Boulevard Raspail, reliant le boulevard Saint-Germain à la place Denfert-Rochereau en traversant les 7e, 6e et 14e arrondissements, fut baptisé à son nom en 1887.

Petites histoires autour de F.-V. Raspail

  • Sa devise: « N'embrasser jamais la cause d'un homme, mais toujours celle de l'humanité. »
  • Raspail avait publié en 1845 son premier almanach : «  Manuel de Santé à l'intention des milieux populaires ». Il y donnait la recette d'une Liqueur hygiénique de dessert : la liqueur de Raspail. L'élixir Raspail, repris à Saumur par la famille Combier assurera la fortune de cette dernière.

En voici la recette : Ingrédients : pour 1 personne: 4 doigts de Cognac (ou Armagnac)+ 2 doigts de crémant de Loire. Verser directement dans une flute, le Cognac puis le crémant. Agiter doucement avec une petite cuiller. Savourer très lentement.

  • Vocabulaire argot/français par François-Vincent Raspail, 1835.

L'ouvrage est un petit lexique Argot-Français donné par F.V. Raspail et Kersauzie, deux "républicains des débuts de la République" qui ont beaucoup goûté aux prisons. Il parait dans le Le Réformateur[3].

Voir aussi

  • Affaire Lafarge

Bibliographie

  • Yves Plessis, Bibliographie raisonnée de l'argot et de la langue verte, sous le numéro 130.
  • Daniel Ligou, Du Bon usage de la prison, Paris, 1968.
  • Yves Lemoine et Pierre Lenoël, Avenues de la République - Souvenirs de F.V RASPAIL sur sa vie et son siècle, 1794 - 1878, Hachette, 1984, 384 Pages → biographie imaginaire basée sur des faits réels.
  • Mona Ozouf, « Le Panthéon » in Pierre Nora, Les lieux de mémoire, Tome 1 “La République”, Paris, Gallimard, 1984.

Notes

  1. De la pureté à la qualité de l'air : l'exemple de F.-V. Raspail au XIXe siècle et Biographie de Raspail par les amis d'André Arru
  2. Récit et analyse de Karl Marx, dans 'Les luttes de classes en France' : « Le 25 février (1848), vers midi, la République n'était pas encore proclamée, mais, par contre, tous les ministères étaient déjà répartis entre les éléments bourgeois du Gouvernement provisoire et entre les généraux, banquiers et avocats du 'National'. Mais, cette fois, les ouvriers étaient résolus à ne plus tolérer un escamotage semblable à celui de juillet 1830. Ils étaient prêts à engager à nouveau le combat et à imposer la République par la force des armes. C'est avec cette mission que Raspail se rendit à l'Hôtel de ville. Au nom du prolétariat parisien, il ordonna au Gouvernement provisoire de proclamer la République, déclarant que si cet ordre du peuple n'était pas exécuté dans les deux heures, il reviendrait à la tête de 200 000 hommes. Les cadavres des combattants… à peine refroidis, les barricades n'étaient pas enlevées, les ouvriers n'étaient pas désarmés et la seule force qu'on put leur opposer était la Garde Nationale (faible et peu sûre). Dans ces circonstances, les considérations politiques et les scrupules juridiques du Gouvernement provisoire s'évanouirent brusquement. Le délai de deux heures n'était pas encore écoulé que déjà sur tous les murs de Paris s'étalaient en caractères gigantesques :
    République française ! Liberté, Égalité, Fraternité ! ».
  3. Le Réformateur, journal quotidien des intérêts matériels et moraux, industriels, politiques, littéraires et scientifiques, publiés par MM. Raspail et Kersause, année 1835. Nos 306, 308, 326, 329, 332, 333, 336, 337, 341, 346, 353, 356 entre le 11 août et le 31 sep. 1835. Le n° 346 renferme, après la lettre en première page, un long vocabulaire argot/français, qui tient la moitié du journal Référence citée par Yves-Plessis, dans Réforme pénitentiaire. Lettres sur les prisons de Paris (par F.V. Raspail) Vocabulaire argot – français :
    AFFRANCHIR; connaître une chose, un truc.
    AFFRANCHI; celui qui est au courant, au parfum.
    AFFURER; gagner.
    ARGOT ou ARGUCHE ou JAR ou BIGORNE; patois dont se servent entre eux les voleurs ou les filles de joie.
    ARPIONS; les doigts.
    BARBILLON; mac, macro, proxo, proxénète, homme vivant des filles de joie.
    BARON; compère du bonimenteur qui fait le niais pour attirer le client.
    BLAYE; mouchoir.
    BLOT; manière, (du même Blot : de même manière).
    BOGUE; montre ordinaire.
    BONJOURIER; voleur qui s'introduit dans les logements ouverts, où, s'il rencontre quelqu'un, s'excuse en saluant (bonjour) et en prétextant qu'il s'est trompé.
    BONNIR; dire, assurer.
    BRÊMES; cartes.
    BROQUILLE; minute.
    CAME, CAMELOTTE; marchandise volée.
    CARAMBOUILLE; vente d'une marchandise qui n'est pas à soi.
    CAROUBLEUR; voleur à l'aide du carouble, qui fait sauter les portes et les fenêtres, ou les ouvre à l'aide de fausses clefs.
    CARRE ou PLANQUE; cachette.
    CAVE, CAVÉ ou PANTRE; homme simplet.
    CHANTEUR; homme qui en feignant de se prêter aux goûts des sodomites finit par les faire contribuer selon leur fortune, en les menaçant de les dénoncer, ou même en les dénonçant à un faux commissaire.
    CHARRIEUR; homme qui trompe les passants (les pantres) et les amène dans un piège, en feignant une conversation avec un camarade qui fait le niais, l'étranger et se nomme l'AMÉRICAIN.
    CHASSES; yeux.
    COLTINER; porter.
    CRAMPER; voir 'Entifler, Repasser'.
    DAB; père.
    DÉTOURNEUR; le voleur qui vole les objets à l'étalage, au-devant d'une boutique.
    DOUILLES; cheveux.
    ENGANTER une bogue; voler une montre.
    ENTIFLER; avoir commerce avec une femme. (Cramper ou Repasser.)
    ENTRAVER; comprendre.
    ESBROUFFER; faire des embarras.
    FADE; part, lot dans un partage.
    FADE, GRIMPANT; pantalon.
    FIALLES ; voir : PASSIFS.
    FLOUER; tricher en jouant, duper quelqu'un.
    FOURGUA, FOURGUE, - receleur, marchand qui achète les objets volés aux voleurs.
    GODILLER ; avoir un accès de priapisme. (On dit aussi ÊTRE TOUT EN NŒUD.).
    GONZE, GONZESSE ; un mec, une fille.
    GRABUGE, PET; danger.
    GRINCHE, GRINCHEUR, - voleur.
    JASPINER; parler, causer.
    JONC, CIGNE; Or.
    LIMACE, LIME; chemise.
    LINGUE ou SURIN ou Vingt-deux; couteau, lame.
    LOURDE; porte.
    MACARON; celui qui trahit ses camarades.
    MAQUERELLE; la Mère, proxénète, femme vivant des filles de joie.
    MOUCHARDE; la lune.
    MOUNICHE; partie génitale de la femme.
    NAZE, NAZICOT; nez.
    PAUMER, ÊTRE EN DRÊCHE ; perdre au jeu.
    PÈGRE, PÉGRILLON, GRINCHE ; voleur, petit voleur, grand voleur de profession.
    PICTON; vin.
    PLOMBE; heure.
    POIVRE (piler du); voler un homme ivre.
    POSTICHE (faire); faire semblant de se battre pour ramasser du monde.
    PROFONDES, VALADES; poches.
    RAMASTIC (le); manière de voler par compérage, en feignant de trouver quelque chose de prix, que le passant va faire estimer pour en débourser la moitié au voleur.
    RENGRACIER; finir.
    ROULOTIER; voleur qui dévalise les voitures sur la grande route.
    SAPINER, ALLER AU SAPIN; aller en fiacre.
    SESZIGUES; elle ou lui.
    TANTE; homme qui a les goût des femmes, la femme des prisons d'hommes,
    TIREUR; voleur dont la spécialité est de voler dans les poches.
    TRÉPE; peuple.
    TRIPETTE; rien, des nèfles.
    VANTERNIER; voleur à l'escalade par les fenêtres.
    ZIG; un bon enfant.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article François-Vincent Raspail de Wikipédia en français (auteurs)

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