François Rabelais

François Rabelais
François Rabelais
Francois Rabelais - Portrait.jpg
Activités écrivain et médecin
Naissance entre 1483 et 1494
La Devinière, commune de Seuilly, en Touraine,
Pavillon royal de la France.png Royaume de France
Décès 9 avril 1553
Paris, Pavillon royal de la France.png Royaume de France
Langue d'écriture français
Mouvement Humanisme de la Renaissance
Genres Roman parodique
Œuvres principales

François Rabelais (également connu sous le pseudonyme Alcofribas Nasier ou bien encore sous celui de Seraphin Calobarsy)[1] est un prêtre catholique évangélique, médecin et écrivain humaniste français de la Renaissance, né à La Devinière, près de Chinon (dans l’ancienne province de Touraine), à une date indéterminée entre 1483 et 1494, et mort à Paris le 9 avril 1553.

Son œuvre littéraire tient à la fois du conte avec ses personnages géants et de la parodie du roman de chevalerie.

Admirateur d'Érasme, maniant la parodie et la satire, Rabelais lutte en faveur de la tolérance, de la paix et du retour aux valeurs antiques, par-delà ces « ténèbres gothiques » qui caractérisent selon lui le Moyen Âge. Rabelais s'en prend aux abus des princes et des hommes d'Église, et leur oppose la culture populaire, paillarde, « rigolarde », faite de vin et de jeux, pétrie d'une morale chrétienne légère, loin des lourdeurs ecclésiastiques.

Ses critiques à l'encontre des théologiens de la Sorbonne et ses expressions crues, parfois obscènes, lui valent la mise à l'Index Librorum Prohibitorum[2], quoique cette censure n'intervienne qu'en 1544, lors même que les premiers romans de Rabelais ont été publiés en 1532 et 1535[3]. Il partage avec le protestantisme la critique de la scolastique[4] et du monachisme[5], mais le réformateur religieux Jean Calvin s'en prend à lui de manière très virulente, l'associant aux libertins et aux « pourceaux »[6].

Sommaire

Biographie

Jeunesse

François Rabelais, fils d'Antoine Rabelais, sénéchal de Lerné et avocat, serait né en 1494[7], probablement au domaine de La Devinière à Seuilly, près de Chinon en Touraine, mais aucun document ne permet d’établir avec certitude ses véritables lieu et date de naissance. Ainsi la date de 1494 est très controversée, certains lui préférant 1483[8] ou encore 1489[9].

Sa petite enfance est vraisemblablement similaire à celle des enfants de l'époque, dont il s'inspire sans doute pour décrire celle de Gargantua :

« c'est à savoir : à boire, manger et dormir ; à manger, dormir et boire; à dormir, boire et manger. Toujours se vautrait par les fanges, se mascarait le nez, se chauffourait le visage, éculait ses souliers, bâillait aux mouches et courait volontiers après les papillons,… patrouillait en tout lieu… Les petits chiens de son père mangeaient dans son écuelle. »

Vers l'âge de neuf ou dix ans, l'enfant est envoyé non loin de la Devinière, au village de Seuilly, où se trouve une abbaye dont un Guillaume Rabelais est tenancier une quarantaine d'années auparavant, qui conserve des relations avec la famille du jeune François. La volonté des parents n'est pas connue : peut-être l'y ont-ils envoyé pour consacrer à Dieu leur dernier-né et le faire moine, ou tout simplement pour l'instruire, ou peut-être encore sa mère est-elle morte en couche comme son personnage de Badebec mettant au monde Pantagruel.

Rabelais écrira bien plus tard sur les mères qui destinent dès le bas âge leurs enfants au cloître :

« Je m'ébahis qu'elles les portent neuf mois en leurs flancs, vu qu'en leurs maisons elles ne peuvent les porter ni souffrir neuf ans, non pas sept le plus souvent, et, leur mettant une aube seulement sur la robe et leur coupant je ne sais combien de cheveux sur le sommet de la tête, et avec certaines paroles, les font devenir oiseaux [oiseau = moine, NdlR]. »

Il explique également l'une des raisons les plus fréquentes poussant les parents à mettre leurs enfants en religion, à savoir l'incapacité des moines à hériter :

« Aussi, quand, dans quelque noble maison, il y a trop d'enfants soit mâles, soit femelles, de sorte que, si chacun recevait sa part de l'héritage paternel, comme la raison le veut, la nature l'ordonne et Dieu le commande, les biens de la maison seraient épuisés, les parents se déchargent de leurs enfants en les faisant clergaux. »

Le mot de « clergaux » est particulier à Rabelais (Cinquième Livre).

À Seuilly, un jeune moine nommé Buinart l'étonne par un sens droit et simple, un cœur inébranlable et un poing robuste, et dont il fait plus tard Frère Jean des Entommeures — en ajoutant à la nature. Mais, s'il est vrai que Frère Buinart se fâcha de la peinture, c'est qu'il est simple d'esprit, ou qu'il en juge par ouï­dire et sur l'avis des malveillants.

Rabelais, au sortir de Seuilly, entre comme novice dans le couvent de la Baumette, fondé par le roi René d'Anjou. Il y rencontre le jeune rejeton d'une vieille souche tourangelle, Geoffroy d'Estissac, qui devint évêque de Maillezais à vingt-trois ans, et deux des frères du Bellay, dont l'un est évêque et l'autre capitaine. Il se fait juger favorablement par tous trois et les prévient grandement en sa faveur.

Selon Bruneau de Tartifume (1574-1636), Rabelais est novice, vers la fin de 1510 jusqu'en 1520, au monastère des Cordeliers (ordre des frères mineurs, ou franciscain) de la Baumette, construit devant la Maine, près du roc de Chanzé à Angers. Il y reçoit une formation de théologie.

Vie monacale

Rabelais rejoint plus tard le couvent franciscain du Puy-Saint-Martin à Fontenay-le-Comte, où il devient moine vers octobre 1520. Rabelais achève son noviciat chez les Cordeliers de Fontenay-le-Comte, passe par tous les degrés de la cléricature et reçoit les ordres vers 1520.

À Fontenay-le-Comte, Rabelais se sent brûlé d'une soif inextinguible de savoir. Parmi tous ces moines qui, dit-on, faisaient vœu d'ignorance encore plus que de religion, il s'adonne avec ferveur aux études, et ressemble peut-être au tableau qui orne l'un des chapitres du troisième livre de Pantagruel :

« Contemplez la forme d'un homme attentif à quelque étude, vous verrez en lui toutes les artères du cerveau tendues comme la corde d'une arbalète… de manière qu'en tel personnage studieux vous verrez suspendues toutes les facultés naturelles, cesser tous sens extérieurs, bref, vous le jugerez n'être en soi vivant, être hors soi abstrait par extase… Ainsi est dite vierge Pallas, déesse de sapience, tutrice des gens studieux. Ainsi sont les Muses vierges ; ainsi demeurent les Charites en pudicité éternelle. Et il me souvient avoir lu que Cupido quelquefois interrogé de sa mère Vénus pourquoi il n'assaillait les Muses, répondit qu'il les trouvait tant belles, tant nettes, tant honnêtes, tant pudiques et continuellement occupées, l'une à contemplation des astres, l'autre à supputation des nombres, l'autre à dimension des corps géométriques, l'autre à invention rhétorique, l'autre à composition poétique, l'autre à disposition de musique, qu'approchant d'elles, il détendait son arc, fermait sa trousse, éteignait son flambeau, par honte et crainte de leur nuire. Puis ôtait le bandeau de ses yeux pour plus ouvertement les voir en face et ouïr leurs plaisants chants et odes poétiques. Là prenait le plus grand plaisir du monde, tellement que souvent il se sentait tout ravi en leurs beautés et bonnes grâces et s'endormait à l'harmonie, tant s'en faut qu'il les voulût assaillir ou de leurs études distraire. »

— François Rabelais, Pantagruel III, xxxj.

Devenu bénédictin, Rabelais s'attache à la personne de Geoffroy d'Estissac, et devient son secrétaire. Il l'accompagne ainsi au cours des tournées d'inspection de ses terres et abbayes. Rabelais séjourne ensuite au prieuré de Ligugé, résidence habituelle de Geoffroy d'Estissac, où il se lie d'amitié avec Jean Bouchet. Au monastère proche de Fontenay-le-Comte, il rencontre le noble abbé Antoine Ardillon.

Rabelais ne se plie pas facilement aux règles monacales et ne reste pas cloîtré dans son monastère. Vers 1528, il prend l'habit de prêtre séculier pour se rendre dans diverses universités.

Rabelais (gravure de 1630).

Le médecin

Rabelais va d'abord à Paris, entre 1524 et 1530, pour y commencer ses études de médecine.

Il quitte alors la vie monastique et sera condamné pour apostasie. De son séjour à Paris, il aura deux enfants d'une femme veuve — Rabelais égratigne volontiers les femmes, raille les maris infortunés et présente le mariage comme une loterie, mais apprécie les dames bien nées et savantes. Il décrit la petite famille idéale sous les traits de Grandgousier, Gargamelle et Gargantua.

Le 17 septembre 1530, il s'inscrit à la Faculté de Médecine de Montpellier, où il donne des cours sur Hippocrate et Galien[10]. Il y est reçu bachelier le 1er novembre suivant. À Montpellier, Rabelais se lie d'amitié avec le médecin Guillaume Rondelet (1507-1566).

Au printemps 1532, Rabelais s'installe à Lyon, grand centre culturel où fleurit le commerce de la librairie. Le 1er novembre, il est nommé médecin de l'Hôtel-Dieu de Notre-Dame de la Pitié du Pont-du-Rhône. Il y enseigne également la médecine et publie des critiques de traités médicaux antiques. Ses proches Étienne Dolet (1509-1546), Mellin de Saint-Gelais (1491-1558), Jean Salmon Macrin (1490-1557) sont protégés par l'évêque de Paris, Jean du Bellay — oncle du poète Joachim du Bellay — qui devient aussi le protecteur de Rabelais.

L'écrivain

En 1532 paraissent à Lyon les Grandes et inévitables chroniques de l'énorme géant Gargantua, un recueil anonyme de contes populaires à la fois épiques et comiques. Ces contes tirent eux-mêmes leurs sources des romans de chevalerie du Moyen Âge, et en particulier du cycle arthurien. Ce recueil obtient un grand succès.

Rabelais se met alors à écrire un texte qui reprend la trame narrative des Chroniques. Il raconte l'histoire de Pantagruel, fils du Gargantua des Chroniques. Pantagruel est donc très marqué par ses sources populaires.

Rabelais publie Pantagruel en 1532 sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais). Ce pseudonyme, qu'il utilisera aussi pour Gargantua, souligne son désir de ne pas confondre ses ouvrages savants et ses fantaisies gigantales : "un savant médecin ne pouvait inscrire son nom sur la couverture d'un ouvrage si peu sérieux."[11] . Pourtant, dans ce premier roman, et plus encore dans Gargantua, le savant médecin présente sa vision humaniste du monde d'une manière allégorique, et le sérieux perce sous la fantaisie. Il écrit une lettre à Érasme dans laquelle il se déclare le fils spirituel de l'humaniste, en ce qu'il a voulu réconcilier la pensée païenne avec la pensée chrétienne, construisant ainsi ce qu'on a appelé l'humanisme chrétien. Car Rabelais, pour écrire ses premiers textes, s'inspire également directement du folklore et de la tradition orale populaire.

Après le succès de son premier ouvrage, Rabelais écrit Gargantua en 1534, sous le même pseudonyme.

Fort du succès de Pantagruel, Rabelais entreprend de réécrire à sa façon l'histoire de Gargantua. S'écartant de ses sources populaires initiales, Rabelais rédige un Gargantua littérairement marqué d'humanisme.

Voyages en Italie

Rabelais accompagne Jean du Bellay à Rome, chargé d'une mission spéciale auprès du pape Clément VII. Après l'affaire des Placards (1534), Jean du Bellay, nommé cardinal, l'emmène de nouveau à Rome. Le pape Clément VII absout Rabelais de ses crimes d'apostasie et d'irrégularité.

D'août 1535 à mai 1536, Rabelais séjourne encore à Rome en tant qu'agent de Geoffroy d'Estissac. Le 17 janvier 1536, un bref de Paul III autorise Rabelais à regagner un monastère bénédictin de son choix, et à exercer la médecine sans pratiquer d'opérations chirurgicales. Le cardinal du Bellay, abbé du monastère bénédictin de Saint-Maur-des-Fossés, lui offre de le recevoir dans ce monastère, mais ce couvent de religieux vient juste de devenir une église collégiale de chanoines. Une nouvelle demande au pape permet à Rabelais de régler ce problème de dates, et de retrouver ainsi sa liberté en toute légalité.

Fin 1539, Rabelais part pour Turin dans la suite de Guillaume du Bellay, frère du cardinal, seigneur de Langey et gouverneur du Piémont.

En 1540, François et Junie, les enfants bâtards de frère Rabelais, sont légitimés par Paul III. Le 9 janvier 1543, Langey meurt à Saint-Saphorin, et Rabelais est chargé de ramener son corps au Mans, où il est inhumé le 5 mars 1543. Le 30 mai suivant, Geoffroy d'Estissac, le premier protecteur de Rabelais, décède à son tour.

Le 19 septembre 1545, Rabelais obtient un privilège royal pour l'impression du Tiers Livre ; édité en 1546, Rabelais le signe de son propre nom. Le livre est aussitôt censuré par les théologiens de la Sorbonne pour hérésie. Cependant le privilège royal le protège.

En mars 1546, Rabelais se retire à Metz, ville de l'Empire, chez Étienne Laurens, et est nommé médecin de la ville de Metz. La maison de Rabelais est un édifice situé en contrebas de la colline Sainte-Croix, en bas de la rue d'Enfer, dans le quartier de l’Ancienne Ville. Envoyé à Metz pour préparer l'annexion française de 1552, François Rabelais, agent du roi Henri II, y séjourne de 1545 à 1547. Il y écrit en 1548 le Quart Livre, qui raconte des expressions venues en droite ligne du patois messin. On y trouve aussi des allusions aux usages, aux coutumes et aux légendes de la ville, notamment celle du Graoully.

En 1547, le roi Henri II succède à François Ier. Jean du Bellay est maintenu au Conseil Royal, et obtient la surintendance générale des affaires du royaume en Italie. Vers juillet 1547, Rabelais revient à Paris en tant que médecin du cardinal, qu'il accompagne dans ses voyages.

En 1548, onze chapitres du Quart Livre sont publiés ; la version intégrale ne paraîtra qu'en 1552.

Le 6 août 1550, Rabelais obtient du roi un privilège d'édition pour toutes ses œuvres, avec interdiction à quiconque de les imprimer ou de les modifier sans son consentement.

Le 18 janvier 1551, le cardinal du Bellay octroie à Rabelais les cures de Saint-Martin de Meudon et de Saint-Christophe-du-Jambet. Rabelais n'est curé de Meudon que l'espace de deux ans moins quelques jours. Il n'est pas certain qu'il ait jamais rempli les fonctions curiales, pouvant toucher les bénéfices de cette cure sans devoir y séjourner en permanence[12]. Le nouvel évêque de Paris, Eustache du Bellay, faisant sa première visite pastorale, au mois de juin 1551, est reçu à Meudon par Pierre Richard, vicaire, et quatre autres prêtres ; il n'est pas question de Rabelais. En tout cas, il semble évident qu'il ne peut laisser dans le pays ces profondes traces, ces souvenirs vivaces qu'auraient retrouvés cent ans plus tard Antoine Leroy, François Bernier, Guillaume Colletet et les autres : la légende du curé de Meudon s'est vraisemblablement formée après coup.

La mort et après

Le Quart livre est censuré par les théologiens de la Sorbonne, et la publication en est suspendue par un arrêt du Parlement en date du 1er mars 1552, portant qu'« attendu la censure faite par la Faculté de théologie contre certain livre mauvais, exposé en vente sous le titre de Quatrième livre de Pantagruel, avec privilège du roi, la cour ordonne que le libraire sera promptement mandé en icelle et lui seront faites défenses de vendre et exposer ledit livre dedans quinzaine : pendant lequel temps ordonne la cour au procureur du roi d'avertir ledit seigneur roi de la censure faite sur ledit livre par ladite Faculté de théologie, et lui en envoyer un double pour suivre son bon plaisir. »

Défense est faite à l'imprimeur, Michel Fezandat, mandé devant la cour, de vendre l'ouvrage pendant quinze jours sous peine de punition corporelle.

Après un délai non déterminé, la suspension est levée. Une rumeur infondée court en novembre 1552 que Rabelais, jeté en prison, est chargé de chaînes. Mais l'auteur du Pantagruel, bien que libre, touche à sa fin.

Le 7 janvier 1553, Rabelais résigne ses cures. La date et le lieu de sa mort sont inconnus — il meurt sans doute à Paris en avril 1553.

Rabelais laisse en mourant son Pantagruel incomplet. Neuf ans après sa mort, seize chapitres d'un Cinquième Livre sont publiés, puis une publication intégrale en 1564, sans indication de lieu ni de librairie. Attribué par son éditeur à Rabelais, cette attribution sera par la suite contestée par de nombreux commentateurs, dont Anatole France pour certaines parties seulement. En particulier, l'ouvrage contiendrait des tendances calvinistes, alors que Rabelais traitait de « démoniaque » Calvin, qui le traitait d'athée. Ces tendances se borneraient cependant essentiellement à des attaques contre les moines, récurrentes chez Rabelais.

Épitaphes

En ce temps là, poètes et humanistes se plaisent à composer les épitaphes des morts illustres. Rabelais en reçoit ainsi un certain nombre.

Épitaphe de Tahureau

Son épitaphe, composée par Jacques Tahureau, donne lieu de croire que des amis l'entourent à ses derniers moments et qu'il plaisante leur douleur. Colletet dit qu'il est mort à Paris dans une maison de la rue des Jardins et qu'il est enseveli dans le cimetière Saint-­Paul.

Épitaphe de Ronsard

Ronsard consacre à Rabelais une épitaphe en forme d'ode où il le célèbre surtout comme buveur :

« Jamais le soleil ne l'a vu,
Tant fût­il matin, qu'il n'eût bu,
Et jamais au soir la nuit noire,
Tant fût tard, ne l'a vu sans boire.
Il chantait la grande massue
Et la jument de Gargantue,
Le grand Panurge et le pays
Des Papimanes ébahis,
Leurs lois, leurs façons, leurs demeures,
Et frère Jean des Entommeures
Et d'Épistémon les combats.
Ô toi, quiconque sois, qui passes,
Sur sa fosse répands des tasses,
Répands du brit et des flacons,
Des cervelas et des jambons. »

— Ronsard

Ces vers pourraient aujourd'hui paraître au pire injurieux, au mieux incongrus de la plume du poète Ronsard, mais cette épitaphe serait imitée de quelques petits poèmes de l'anthologie grecque, consacrés à la mémoire d'Anacréon, et donc du point de vue de Ronsard un honneur pour Rabelais.

Épitaphe de Baïf

Un autre poète de la Pléiade, Jean-Antoine de Baïf, compose pour Rabelais une épigramme funéraire :

« Ô Pluton, Rabelais reçoi,
Afin que toi qui es le roi
De ceux qui ne rient jamais
Tu ais un rieur désormais »

— Jean-Antoine de Baïf

Épitaphe de Pierre Boulanger

Pierre Boulanger, lui aussi médecin qui a bien connu Rabelais, compose en son honneur une épitaphe en latin, dans laquelle le médecin poitevin exprime l'esprit, l'âme et le génie. Une traduction littérale en est :

« Sous cette pierre est couché le plus excellent des rieurs. Quel homme il fut, nos descendants le chercheront ; car tous ceux qui ont vécu de son temps savaient bien quel était ce rieur ; tous le connaissaient, et, plus que personne, il était cher à tous. Ils croiront peut­-être que ce fut un bouffon, un farceur qui attrapait les bons plats à force de bons mots. Non, non, ce n'était pas un bouffon, ni un farceur de carrefour. Mais, avec un génie exquis et pénétrant, il raillait le genre humain et ses désirs insensés et la crédulité de ses espérances. Tranquille sur son sort, il menait une vie heureuse, les vents soufflaient toujours pour lui favorables. Cependant on n'eût pas pu trouver un plus savant homme, quand, laissant les plaisanteries, il lui plaisait de parler sérieusement et de jouer les rôles graves ! Jamais sénateur au front menaçant au regard triste et sévère, ne s'est assis plus gravement sur son siège élevé. Qu'une question fût proposée, grande et difficile, qu'il fallût pour la résoudre beaucoup de science et d'habileté, vous auriez dit qu'à lui seul les grands sujets étaient ouverts et que les secrets de nature n'étaient révélés qu'à lui. Avec quelle éloquence il savait relever tout ce qu'il lui plaisait de dire, à l'admiration de tous ceux à qui ses facéties mordantes et ses bons mots habituels avaient fait croire que ce rieur n'avait rien d'un savant ! Il savait tout ce que la Grèce et tout ce que Rome ont produit. Mais, nouveau Démocrite, il riait des vaines craintes et des désirs du vulgaire et des princes, et de leurs frivoles soucis, et des travaux anxieux de cette courte vie où se consume tout le temps que nous veut bien accorder la Divinité bienveillante. »

Épitaphe de son éditeur posthume et anonyme

L'éditeur anonyme place en tête du livre le train suivant :

« Rabelais est-­il mort ? Voici encore un livre.
Non, sa meilleure part a repris ses esprits,
Pour nous faire présent de l'un de ses écrits
Qui le rend entre tous immortel et fait vivre. c'est­-à­-dire, autant que je puis comprendre :
Rabelais est mort, mais il a repris ses sens pour nous faire présent de ce livre. »

L'Homme

François Rabelais est optimiste, curieux, sceptique, libre penseur, joyeux, ambitieux, puissant, patriote et généreux.

Optimiste : sa morale, le thélémisme

Rabelais invente le thélémisme dans son Gargantua. Cette philosophie aux accents libertaires se résume au précepte « Fay ce que voudras », la seule règle de l'Abbaye de Thélème[13]. Dans les faits, Rabelais a repris une sentence d'Augustin d'Hippone, lequel s'exclamait « Aime et fais ce que tu voudras »[14], et a détourné le sens de ces propos.

En définitive, « Fais ce que voudras » peut devenir la plus sévère des règles, dès l’instant qu'un esprit scrupuleux et exigeant pour lui-même s’impose un art de vivre d’autant plus fidèlement respecté qu’aucune force extérieure ou surnaturelle ne le lui a dicté.

La morale de Rabelais se résume tout entière dans le principe de Thélème : « Fais ce que voudras ». Puisque la nature est bonne, aucune manifestation de la nature ne saurait être mauvaise (du moins « chez gens libérés, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnêtes ») : la nature veut toujours ce qui doit être, quand elle n’est ni déviée ni comprimée. Le pantagruélisme consistera donc à débrider toutes les forces de l’être et à les satisfaire aussi complètement que possible.

Le mal est ce qui contrarie et mutile la nature : l'ascétisme catholique, le rigorisme huguenot, le jeûne, la claustration, toutes inventions diaboliques de la hideuse Antiphysie, voilà les choses qui excitent l’indignation de Rabelais.

Il faut donc voir dans les règles morales que les thélémites s’imposent librement eux-mêmes une profession de foi humaniste et évangélique, ainsi que la solennelle proclamation de l’idéal humain de la Renaissance.

L'esprit encyclopédique et la soif de savoir

La Renaissance en Italie et dans toute l'Europe est l'antiquité retrouvée et surtout requinquée, les lettres, les sciences antiques restaurées, et surtout enfin appréciées. Les chefs d'œuvre de la Grèce et de Rome sortent de la poussière. De ces vestiges épars, ensevelis depuis plus de mille ans, jaillit une source éternelle de rajeunissement. Les esprits, nourris de scolastique, formés aux disciplines étroites de l'école, trouvent au commerce des anciens une inspiration libératrice. En ces fragments grecs et latins, que l'on tire de l'ombre des cloîtres, revivent deux grandes civilisations, régies par des lois sages, soutenues par des vertus héroïques, honorées par l'éloquence, embellies par la poésie et les arts. Le génie grec est par lui­-même libérateur et sauveur ; mais c’est surtout l'effort qu'elles font pour le pénétrer qui délivre les âmes. Les idées de Platon et de Cicéron sont fécondes, sans doute ; l'application et la discipline des esprits qui s'étudient à les pénétrer sont plus fécondes encore. Croyant penser par les anciens, les hommes pensent par eux-­mêmes. Voir ce que donnent les contes de Lucien (IIème siècle) sous la plume de Rabelais : voilà la Renaissance. L'imprimerie, qui « par suggestion angélique », comme dit Rabelais, inventée vers le milieu du XVe siècle, aide beaucoup à cette renaissance des études qui, pour son excellence, fut appelée du seul mot de Renaissance. L'imprimerie en ses commencements, cachée et déguisée, humble imitatrice de la calligraphie et tout occupée à copier des bibles, grandit, s'étend et devient l'universelle dispensatrice des lettres sacrées et profanes. La presse multiplie les textes ; c'est, pour parler avec pantagruélisme, l'énorme pressoir d'où jaillit pour tous le vin de la connaissance.

Paris, qui a sa première presse sous Louis XI, dans une cave de la Sorbonne, en compte bientôt vingt ou trente. La docte ville de Lyon en possède déjà cinquante au commencement du XVIe siècle. L'Allemagne en a quant à elle plus de mille. La foire des livres est pour Francfort une source inépuisable de richesse. Les trésors de l'antiquité renfermés naguère dans les coffres de quelques humanistes courent et circulent partout. Virgile est imprimé en 1470, Homère en 1488, Aristote en 1498, Platon en 1512. Les lettrés de tous les pays échangent entre eux leurs idées et leurs découvertes. Dans la ville de Bâle, au fond d'une boutique d'imprimeur, un petit vieillard maigre, Érasme de Rotterdam, conduit d'un cœur inlassable l'humanité vers plus de science et de conscience.

En même temps que le passé se révèle dans sa gloire et sa beauté classiques, les navigations de Vasco de Gama, de Christophe Colomb et de Fernand de Magellan font apparaître la vraie figure de la terre, et le système de Copernic, brisant les cercles étroits du ciel astrologique, découvre soudain l'immensité de l'univers.

En France, les études sont restaurées ; les collèges s'y créent de toutes parts, protégés par les évêques contre la paresse et la barbarie des moines. La scolastique sèche et stérile se meurt : sa mort est, dans le domaine de l'esprit, la mort de la mort.

Frère Rabelais, en son couvent de Fontenay, ressent cette ardeur de savoir et de comprendre qui embrase alors l'élite des esprits. Là, parmi tous ces moines qui n'étudient point de peur d'attraper les oreillons, il se trouve trois ou quatre religieux, adonnés, comme lui, aux études antiques. L'un d'eux ne nous est connu que par le surnom grec de Phinétos. Un autre est ce Pierre Lamy qui, déjà très avancé dans les études grecques lorsque Frère François, plus jeune, s'y essaie, a acquis par ses connaissances l'estime des plus fameux humanistes.

Rabelais manifeste donc très tôt une curiosité pour le mouvement humaniste. Pierre Lamy l'encourage à écrire à Guillaume Budé. Rabelais s'intéresse aux auteurs antiques, et correspond plus tard avec d'autres humanistes célèbres.

Avec Pierre Lamy, Rabelais fréquente l'hôtel du légiste fontenaisien André Tiraqueau, où se réunissent de beaux esprits de la région. Il y rencontre notamment Amaury Bouchard et Geoffroy d'Estissac, prieur de l'abbaye bénédictine de Ligugé et évêque de Maillezais.

En 1525, suite aux commentaires d'Érasme sur le texte grec des Évangiles, la Sorbonne tente d'empêcher l'étude du grec. À la fin de cette année, les supérieurs de Rabelais et de Pierre Lamy confisquent leurs livres de grec.

Bien que ses livres lui soient peu à peu restitués, Rabelais se résout à changer d'ordre monastique. Soutenu par Geoffroy d'Estissac qui l'accueille, Rabelais présente une requête au pape en ce sens, en la motivant par l'excessive austérité de la règle de Saint-François.

Une pensée équivoque

Buste de Rabelais à Meudon (dont il fut curé)

La personnalité de Rabelais cristallise un débat entre historiens sur la question de l'incroyance au XVIe siècle. Abel Lefranc, auteur de la première édition critique de Rabelais au XXe siècle, soutient ainsi dans une série d'articles introductifs (19121930) la thèse de l'athéisme de son auteur. Il s'appuie sur des extraits de son œuvre (en particulier la lettre de Gargantua à Pantagruel) et les accusations portées contre lui par Calvin (Des scandales, 1550) et par Robert Estienne (préface de l'évangile selon Matthieu, 1553).

La thèse opposée est soutenue en 1924 par le théologien catholique Étienne Gilson[15], et surtout par l'historien des Annales Lucien Febvre dans Le problème de l’incroyance au XVIe siècle, la religion de Rabelais (1942). Pour ce dernier, les accusations d'athéisme portées à l'encontre de Rabelais ne doivent pas être interprétées à la lumière du rationalisme moderne, mais replacées dans le contexte de l'époque. En effet, était considérée comme athée toute personne qui ne se conformait pas à la religion dominante, ou du moins à la religion de son accusateur. Ce débat, portant initialement sur l'analyse de l'œuvre de Rabelais, ouvre ainsi la voie à une réflexion plus générale sur les représentations mentales de l'époque.

Cependant l'œuvre de Rabelais superpose tellement de lectures différentes qu'on ne peut affirmer quelle fut sa véritable doctrine. Selon Laurent Gerbier, "la seule « vérité » qui se laisse absolument nommer, depuis l’ordre propre du texte, c’est-à-dire à partir de son économie interne, c’est la puissance d’une parole capable d’accueillir en même temps des registres de langue et de doctrine différents et même opposés."[16]

Humoriste

Rabelais pratique l'humour et la facétie tant dans son œuvre que dans sa vie. Il est réputé être le créateur de la contrepèterie. Les deux exemples les plus anciens proviendraient de Pantagruel : « la femme folle à la messe » et « à Beaumont-le-Vicomte »[17].

Nombre d'anecdotes encore colportées sur sa vie ne sont cependant pas historiquement authentiques.

  • Ainsi, la légende raconte que tandis que Rabelais professe la médecine, le chancelier Duprat aurait fait rendre un arrêt qui abolit les privilèges de la Faculté de Montpellier. Les maîtres auraient alors eu recours à ce collègue dont ils estiment l'esprit, François Rabelais. Ils l'auraient député à la cour pour obtenir la cassation de l'arrêt qui les frappait. Arrivé à Paris, Rabelais se serait présenté à l'hôtel du chancelier, et n'ayant point été reçu, se serait promené devant la porte en robe verte, une longue barbe grise pendue au menton. Chacun s'arrêtant pour le regarder, il aurait répondu à ceux qui l'interrogeaient qu'il était l'écorcheur de veaux et que ceux qui voulaient être les premiers écorchés devaient se hâter. Le chancelier, attablé lorsqu'on lui aurait rapporté les propos de cet homme extravagant, aurait ordonné qu'on le fasse entrer. Rabelais l'aurait alors harangué avec tant de savoir et d'éloquence que le chancelier lui aurais promis de rétablir et de confirmer à sa considération les privilèges de l'Université de Montpellier. Ce récit semble invraisemblable et il est probable qu'il ait été inventé après coup.
  • On peut lire encore dans les anciennes vies de Rabelais un trait qui rappelle l'épisode du médecin de Sancho Pança dans l'île de Barataria (Don Quichotte) : Rabelais, médecin de Guillaume du Bellay, assistant au dîner de ce seigneur, aurait frappé de sa baguette un plat contenant un beau poisson, le déclarant indigeste. Sur cet arrêt, les serviteurs auraient remporté intact à la cuisine le poisson, que Rabelais aurait couru dévorer. Au seigneur Guillaume qui, surprenant son médecin attablé, lui aurait demandé pourquoi il mangerait d'un mets déclaré à l’instant mauvais pour l'estomac, il aurait répondu : « Ce n'était pas le poisson que, du bout de ma baguette, je désignais comme indigeste ; c'était le plat qui le contenait. »
  • Une autre histoire raconte que se trouvant à Lyon sans argent, et désirant se rendre à Paris, Rabelais aurait laissé en évidence plusieurs sachets de sucre qu'il aurait intitulé : « Poison pour le roi ». Arrêté, il aurait été conduit à Paris par des gens d'armes. Le roi François Ier en aurait tellement ri qu'il aurait payé la note sans discuter — ce fameux épisode colporté serait à l'origine de l'expression « le quart d'heure de Rabelais », instant délicat lors du règlement d'une dette alors que l'on se trouve sans argent.

Ambitieux, puissant et patriote gallican : « géant »

Rabelais raconte les faits et gestes de deux géants, Pantagruel et Gargantua, depuis leur naissance jusqu'à leur maturité. Ce ne sont pas des ogres cruels, mais des géants débonnaires et gloutons. Au fil des aventures la taille des géants peut varier ; ils restent des géants pour les épisodes comiques et l'épopée mais retrouvent taille humaine pour les parties philosophiques. Au fur et à mesure que l'on avance dans le roman, la différence de taille avec les autres personnages tend à disparaître.

Pantagruel par Gustave Doré.

Le gigantisme de ses personnages permet à Rabelais de décrire des scènes de festins burlesques. L'infinie goinfrerie des géants ouvre la porte à de nombreux épisodes comiques. Ainsi, le premier cri de Gargantua à sa naissance est : « À boire ! À boire ! ». Le recours aux géants permet aussi de bouleverser la perception habituelle de la réalité. Sous ces aspects, l'œuvre de Rabelais s'inscrit dans le style grotesque, qui appartient à la culture populaire et carnavalesque.

Néanmoins, le thème du géant n'est pas exploité uniquement pour son comique. Il symbolise l'idéal humain de la Renaissance : il est la transposition physique de l'immense appétit intellectuel de l'homme de la Renaissance. Rabelais s'efforce ainsi, à travers ses textes, de concilier culture savante et tradition populaire.

Face à cette oscillation entre fantaisie débridée et symbolisme intellectuel, comment comprendre l'œuvre de Rabelais ? Ses intentions restent assez énigmatiques. Dans l'avis au lecteur du Gargantua, il dit vouloir avant tout faire rire. Puis, dans le Prologue, par une comparaison aux silènes et à Socrate, il suggère qu'une intention sérieuse et un sens profond se cachent sous l'aspect grotesque et fantaisiste. Mais dans la seconde moitié du prologue, il critique les commentateurs qui cherchent des sens cachés dans les œuvres. Manifestement, Rabelais aime laisser planer l'ambiguïté et perturber son lecteur.

Généreux : l'anatomiste, le botaniste, l'auteur, doublés d'un très bon médecin praticien, joyeux et mort

L'œuvre

Pantagruel

Pantagruel est le héros éponyme du premier livre de François Rabelais publié en 1532 dont le titre complet est : Pantagruel. Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua. Composés nouvellement par maitre Alcofribas Nasier.

Dans Pantagruel, Gargantua adresse dans une célèbre lettre à son fils Pantagruel un programme d'études et une réflexion humanistes ; on y retrouve notamment l'avertissement suivant : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. »

Rabelais met tout son talent au service du rire et de l’ouverture d’esprit. Le fils de Gargantua, Pantagruel, est le héros, géant, de cette farce qui oppose le Moyen Âge obscurantiste et l’extension des savoirs de la Renaissance. Mieux que quiconque, Rabelais érige un manifeste culte de l'Humanisme en signant cette œuvre.

Gargantua

Les pélerins mangés en salade - Illustration de Gustave Doré, 1873
Article détaillé : Gargantua.

La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel. Jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quinte essence. Livre plein de Pantagruélisme, ou plus simplement Gargantua, est le deuxième roman de François Rabelais, qui utilise de nouveau le narrateur du nom d'Alcofribas Nasier. La première publication datée du Gargantua remonte à 1534. L’auteur a retravaillé le texte ultérieurement. Gargantua a été écrit après Pantagruel (publié en 1532), mais Gargantua est le père de Pantagruel et lorsqu’en 1542 les deux ouvrages furent publiés simultanément, Gargantua fut placé en tête[18].

Gargantua est sans doute le texte narratif le plus célèbre de la Renaissance française. D’une structure comparable à celle de Pantagruel, mais d’une écriture plus complexe, il conte les années d’apprentissage et les exploits guerriers du géant Gargantua. Plaidoyer pour une culture humaniste contre les lourdeurs d’un enseignement sorbonnard figé, Gargantua est aussi un roman plein de verve, d’une grande richesse lexicale, et d’une écriture souvent crue, volontiers scatologique.

Tiers Livre

Illustration du Quart Livre par Gustave Doré

Le Tiers Livre des faits et dits Héroïques du noble Pantagruel, composés par M. François Rabelais, docteur en médecine et Calloier des Iles d'Hyères est une œuvre de François Rabelais parue en 1546.

Le Tiers Livre est jugé obscène et censuré par la Sorbonne, à l’égal de Pantagruel et de Gargantua. Pourtant, il sera protégé et publié en 1546.

L’ouvrage se donne comme une œuvre humaniste à l’adresse des gens « studieux et savants ». L’abondance des citations latines notamment et des références, suffit à confirmer ce caractère. Il se fait l’écho des débats médicaux, juridiques, moraux et religieux de son temps, en s’interrogeant sur la question du mariage, à travers le personnage de Panurge, mais c’est aussi un livre comique.

Le Quart Livre

Le Quart Livre des faits et dits Héroïques du noble Pantagruel. Composé par François Rabelais, Docteur en Médecine et Calloier des Iles d'Hyeres version intégrale est sortie en 1552. Dans ce livre Pantagruel et ses compagnons se dirigent vers l'oracle de la Dive Bouteille qu'ils n'atteindront que dans le Cinquième Livre.(Lagarde et Michard XVI)

Cinquième Livre (attribué à Rabelais)

Article détaillé : Cinquième Livre.

Ce livre posthume donne la suite et la fin du voyage de Pantagruel et de ses compagnons à la recherche de l'oracle de la Dive Bouteille. Ce serait dans son ensemble l'œuvre de Rabelais, mais sans doute pas dans toutes les parties, et en outre, l'allégorie, qui refroidit déjà tant de chapitres du quatrième livre, tenant dans ce cinquième livre, une très grande place, y répand tristesse et ennui, avec un ton de plus en plus âpre et des attaques contre les farfadets et les chats fourrés plus violentes que dans tout ce que l'auteur avait déjà livré au public.

Postérité

L'œuvre comme modèle

Postérité immédiate : XVIe et XVIIe

Certes, les contemporains de Rabelais ont pu apprécier son œuvre, et la section "Réception critique" ci-dessous l'indique clairement : notre auteur ne laissa pas son siècle indifférent. Cependant il faut avant toute chose rappeler combien cette œuvre devint un modèle littéraire, et pas seulement l'objet de quelques allusions éparses. Ainsi Johann Fischart, l'un des premiers grands écrivains de langue allemande, pour traduire en cette langue le récit de Rabelais, en proposa sa propre version, bien plus longue que son modèle, intitulée Geschichtsklitterung (1575-1582). A l'image de Fischart, l'Écossais Thomas Urquhart adaptera plus qu'il ne traduira en anglais les trois premiers livres du récit rabelaisien (1653-1693). Aux siècles suivants (voir ci-après) nombreux seront cependant les "imitateurs" de Rabelais, les admirateurs qui ne cesseront de le prendre comme modèle, Laurence Sterne en tête.

Rabelais et la modernité (XVIIIe siècle et suivants)

Rabelais eut donc, au XVIIIe siècle, une certaine influence sur les romanciers britanniques, notamment Swift, l'auteur des Voyages de Gulliver, Fielding, auteur de Tom Jones, et Sterne, auteur d'un Fragment à la manière de Rabelais et de Vie et opinions de Tristram Shandy. En 2007 et 2008 les agrégations de Lettres proposèrent à leur programme de littérature comparée un objet d'étude intitulé "Naissance du roman moderne" ; Rabelais fut bien évidemment de la partie, et, à côté du Don Quichotte de Cervantès et de Vie et opinion de Tristram Shandy de Sterne, Le Tiers Livre se trouva à sa place, qui est la première. Sterne lui-même est à l'origine de cette triade d'auteurs essentiels pour la modernité romanesque (triade à laquelle Milan Kundera[19] viendra adjoindre le Diderot de Jacques le fataliste) ; au chapitre XIX du Livre III le narrateur de Tristram Shandy renvoie ses lecteurs à ses grands prédécesseurs Lucien, Rabelais et Cervantès : "Par le tombeau de Lucien s'il existe (sinon pourquoi pas par ses cendres ?), par les cendres aussi de mon cher Rabelais et de mon plus cher Cervantès [...]" ; et il ne cesse de citer l'auteur de Gargantua et Pantagruel. A sa suite Nerval, dans Angélique, rappela quelle était la place de Rabelais dans l'histoire d'un genre encore récent :

« Et puis… (C’est ainsi que Diderot commençait un conte, me dira-t-on.)

- Allez toujours !

- Vous avez imité Diderot lui-même.

- Qui avait imité Sterne…

- Lequel avait imité Swift.

- Qui avait imité Rabelais.

- Lequel avait imité Merlin Coccaïe…

- Qui avait imité Pétrone…

- Lequel avait imité Lucien. Et Lucien en avait imité bien d’autres… Quand ce ne serait que l’auteur de L’Odyssée [...] »[20]

Balzac, quant à lui, écrivit des Contes drolatiques dans la joyeuse langue rabelaisienne et n'hésita pas à utiliser, parmi ses nombreux pseudonymes, celui de Rabelais lui-même, Alcofribas.

Au XXe siècle Alfred Jarry, auteur d'un livret d'opéra-bouffe, Pantagruel, René Daumal, auteur d'un curieux récit intitulé La Grande Beuverie, faisant apparaitre comme personnage Rabelais lui-même, Léon Daudet, et, plus près de nous, Patrick Chamoiseau, dans Texaco[21], et Raphaël Confiant, confirmèrent dans leurs œuvres l'influence immense du génie rabelaisien.

Réception critique

XVIe siècle

Le Pantagruel est un livre presque uniquement écrit pour des lettrés ; au XVIe siècle le pantagruélisme n'est véritablement accessible qu'à une élite d'esprits rares. Parmi ces rares esprits, se signale le cardinal du Perron, qui appelle le Pantagruel le livre par excellence, la vraie bible, et fait dîner à l'office ceux de ses convives qui confessent ne l'avoir pas lu.

Montaigne nomme une fois Rabelais dans ses Essais :

« La continuation et contention trop ferme éblouit mon jugement, l'attriste et le lasse. Ma vue s'y confond et s'y dissipe… Si ce livre me fâche, j'en prends un autre et ne m'y adonne qu'aux heures où l'ennui de rien faire commence à me saisir. Je ne me prends guère aux nouveaux, pour ce que les anciens me semblent plus pleins et plus roides ; ni aux grecs parce que mon jugement ne sait pas faire ses besognes d'une puérile et apprentisse intelligence. Entre les livres simplement plaisants, je trouve des modernes, le Décaméron de Boccace, Rabelais et les Baisers de Jean Second, s'il les faut loger sous ce titre, dignes qu'on s'y amuse. Quant aux Amadis et telles sortes d'écrits, ils n'ont pas eu le crédit d'arrêter seulement mon enfance. »

— Montaigne, Essais, livre II, ch. x.

Ainsi Montaigne range le Pantagruel parmi les livres de simple plaisanterie qui l'amusent. Cette opinion semble aujourd'hui pour le moins légère et frivole, mais quel contraste entre le Tourangeau solide, massif, compact, carré, rude, coloré, et le souple Gascon, ondoyant et divers.

Ce Rabelais, que Montaigne trouve léger, Estienne Pasquier, légiste, historien, philosophe, le met pour le jugement et la doctrine au­-dessus de tous les écrivains de son temps :

« Celui-ci, aux gaîtés qu'il mit en lumière, se moquant de toutes choses, se rendit le non pareil. De ma part, je reconnaîtrai franchement avoir l'esprit si folâtre que je ne me lassai jamais de le lire, et ne le lus onques que je n'y trouvasse matière de rire et d'en faire mon profit tout ensemble. »

— Étienne Pasquier, Recherches

Estienne Pasquier n'est pas le seul magistrat de son temps à se réjouir en Rabelais. Le président de Thou, historien, loue Rabelais d'avoir écrit avec la liberté de Démocrite et une gaîté bouffonne un ouvrage très ingénieux où, sous des noms fictifs, il met en scène tous les ordres de l'État et de la société. Jacques-Auguste de Thou ne tombe pas plus qu'Estienne Pasquier dans l'erreur de Montaigne qui ne voit en Rabelais qu'un bouffon ; toutefois, quand il compose des vers latins sur Rabelais, se conformant à la tradition populaire, il en fait un joyeux buveur.

En 1598, Jacques-Auguste de Thou compose les vers suivants, et voici dans quelle circonstance. S'étant rendu cette année­-là à Chinon, il loge dans la maison d’Antoine Rabelais, père de François, maison paternelle devenue une hôtellerie. À la demande d'un compagnon de voyage, il fait des vers sur ce sujet et fait parler l'ombre de Rabelais, réjouie de ce changement.


J'ai passé tout mon temps à rire ;
Mes écrits libres en font foi.
Ils sont si plaisants qu'à les lire,
On rira même malgré soi.

La raison sérieuse ennuie
Et rend amers nos plus beaux jours.
Que peut­on faire de la vie,
Sans rire et plaisanter toujours ?

Aussi Bacchus, Dieu de la Joie,
Qui régla toujours mon destin,
Jusqu'en l'autre monde m'envoie
De quoi dissiper mon chagrin.

Car de ma maison paternelle
Il vient de faire un cabaret
Où le plaisir se renouvelle
Entre le blanc et le clairet.

Les jours de fête on s'y régale,
On y rit du soir au matin.
Dans le salon et dans la salle,
Tout Chinon se trouve en festin.

Là, chacun dit sa chansonnette ;
Là, le plus sage est le plus fou,
Et danse au son de la musette
Les plus gais branles du Poitou.

La cave s'y trouve placée
Où fut jadis mon cabinet.
On n'y porte plus sa pensée
Qu'aux douceurs d'un vin frais et net.

Que si Pluton, que rien ne tente,
Voulait se payer de raison
Et permettre à mon ombre errante
De faire un tour à ma maison,

Quelque prix que j'en puisse attendre,
Ce serait mon premier souhait,
De la louer ou de la vendre
Pour l'usage que l'on en fait.

Ainsi pour les Muses, pour la muse latine de de Thou comme pour la muse française de Ronsard, Rabelais est un ivrogne.

XVIIe siècle

Parmi les Pantagruélistes du XVIIe siècle, on note Bernier, philosophe admirateur de Gassendi, ami de Ninon de Lenclos et de madame de La Sablière, le savant Huet, évêque d'Avranches, Ménage, madame de Sévigné, la Fontaine, Racine, Molière, Fontenelle, etc.

Quant à Jean de la Bruyère, tel est son jugement : « Où il est mauvais, il passe bien loin au-delà du pire, c'est le charme de la canaille ; où il est bon, il va jusqu'à l'exquis et à l'excellent ; il peut être le mets des plus délicats. »

Certes, le Pantagruel est le mets des plus délicats, de la Fontaine, de Molière, de la Bruyère lui-même. Quant à charmer la canaille, si l'on entend par canaille les gens qui n'ont ni esprit, ni lettres, ni belles connaissances, comment Rabelais l'eût-il pu faire à l'époque où la Bruyère écrit, vers 1688, puisqu'alors sa langue n'était plus intelligible qu'aux lettrés et non pour un paysan, un crocheteur, un petit commis, un marchand ?

XIXe siècle

La critique du XIXe siècle, très avertie, très curieuse, et, dans son ensemble, très souple, habile à pénétrer les sentiments, les mœurs, les caractères, le langage du passé, est très favorable à Rabelais, reconnait son génie, consacre sa gloire. Mais, comme il est difficile de sortir de son temps, même à une époque d'évocations, de restitutions, de reconstructions, à une époque où Michelet fait de l'Histoire une résurrection, la tendance générale des grands et des petits critiques de 1830 et de 1850 est de « romantiser » l'auteur du Pantagruel et de l'incliner, sinon à la mélancolie (c'était trop évidemment impossible), du moins à la gravité, à la profondeur méditative, et, pour peu qu'on soit libéral et libre penseur, de le tirer à une philosophie indépendante, qui n'est ni de son esprit ni de son temps. Cela est sensible dans Michelet, dans Henri Martin, dans Eugène Noël.

Sainte-Beuve redresse ce travers et rend à Rabelais son indépendance et sa libre humeur. Lamartine dit beaucoup de mal de Rabelais, Victor Hugo en dit beaucoup de bien. Ils ne l'ont sans doute pas lu ni l'un ni l'autre, mais ils en ont chacun une sorte d'intuition. Lamartine le devine tout différent de lui, d'un génie tout opposé et contraire au sien. Victor Hugo s'imagine, au contraire, qu'il y a entre le créateur de Gargantua et celui de Quasimodo une parenté, une ressemblance. Chacun en parlant de Rabelais ne songerait qu'à lui-même.

Guizot consacre une longue et substantielle étude à la pédagogie de Rabelais.

Rabelais et Balzac

Honoré de Balzac s'est inspiré de l'œuvre de Rabelais et de son langage pour écrire Les Cent Contes drolatiques. Il ne cesse de lui rendre hommage en le citant dans plus de vingt romans et nouvelles de La Comédie humaine. «  Balzac est à l'évidence un fils ou un petit-fils de Rabelais […] Il n'a jamais caché son admiration pour l'auteur de Gargantua qu'il cite dans Le Cousin Pons comme « le plus grand esprit de l'humanité moderne »[22],[23]. ».

Balzac va jusqu'à emprunter le pseudonyme-anagramme de Rabelais, Alcofribas, pour signer la nouvelle Zéro, conte fantastique dans le journal La Silhouette du 3 octobre 1830.

Rabelais, revisité par Anatole France

Anatole France fait en son temps une excellente synthèse des jugements portés sur Rabelais dans son opuscule « Rabelais ». Il affirme avoir lu d'excellents travaux sur Rabelais médecin, Rabelais botaniste, Rabelais humaniste, Rabelais légiste, Rabelais architecte.

Parmi les travaux les plus modernes, Anatole France cite « les intéressantes analyses de Jean Fleury et la très bonne étude littéraire de Paul Stapfer, les notices de Rathery, de Moland, les travaux de Marty-Laveaux et les très précieux articles de la Revue des Études rabelaisiennes que M. Albert Lefranc, du Collège de France, dirige avec tant de zèle et de savoir. »

Monument à Rabelais, de Montpellier.

Rabelais et Montpellier

Rabelais a laissé à Montpellier une véritable tradition : pas un médecin ne quitte la Faculté de médecine sans avoir prêté serment sous la « robe de Rabelais ». De même dans les traditions estudiantines telles que la faluche, l'hommage à Rabelais est toujours présent.

Aujourd'hui, c'est sous l'ombre d'un micocoulier qu'il se prélasse. Le Jardin des Plantes de Montpellier l'a immortalisé, sa statue veillant sur les centaines d'espèces du domaine.

Œuvres principales

Notes et références

  1. François (orthographié "Françoys" dans la plupart des premières éditions) Rabelais publia ses premières œuvres de fiction sous son pseudonyme anagrammatique Alcofrybas (ou Alcofribas) Nasier ; il est possible aussi qu'il ait utilisé son autre pseudonyme, également anagrammatique, pour certains de ses opuscules astrologiques, celui de Serafino Calbarsi (ou Calbarsy) ; c'est ce que semble dire Madeleine Lazard (dans Rabelais, Hachette Littératures, coll. "Pluriel", 1993, p. 104) et Raymond Lebègue ("Les anagrammes de Villon à Malherbe", Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 113e année, N. 2, 1969, p. 243-250.) Dans Pantagruel Alcofrybas (avec y) raconte comment il a voyagé dans la gorge du géant. Dans la première version de Gargantua, Alcofribas (avec i) raconte comment le médecin Seraphin Calobarsy ("maistre Theodore" dans la version de 1542) a purgé Gargantua de toutes les erreurs de ses précepteurs sophistes ; voir la version en ligne : http://books.google.fr/books?id=OHtaRNg8q8EC
  2. « Index des livres interdits » par l'Église catholique romaine.
  3. Voir à ce sujet l'"Introduction" de Jean Céard à l'édition du Tiers Livre, LGF, 1995.
  4. Il caricature dans Gargantua le théologien Jean Duns Scot, « Maître Jean d'Ecosse ».
  5. Voir le célèbre épisode de l'Abbaye de Thélème dans Gargantua, ch.52 et suivants.
  6. Dans le Traité des scandales, 1550.
  7. Ce qu'avancent Abel Lefranc et Jean Plattard[citation nécessaire]
  8. Un épitaphier de l’église Saint-Paul, recopié au XVIIIe siècle, mentionne : « François Rabelais, décédé âgé de 70 ans, rue des Jardins, le 9 avril 1553, a esté enterré dans le cimetière de Saint-paul »
  9. Gilles Henry, Rabelais, éd. Perrin, 2000
  10. Les œuvres de Galien font alors autorité, et sont surtout connues dans leur édition incomplète et latine de 1490 ; en 1525, elles sont éditées dans la langue du manuscrit, le grec. À l'époque de Galien, le droit romain interdit la dissection de cadavres humains. Aussi, son anatomie humaine se déduit d'observations de singes, ou de porcs pour les organes internes.
  11. Jacques Boulenger, Introduction à l'édition des Œuvres complètes de Rabelais, Bibliothèque de la Pléiade, 1941
  12. François Rabelais, in Dossier pédagogique Tous les savoirs du monde sur le site pédagogique de la bibliothèque nationale de France. Consulté le 10 novembre 2010.
  13. Gargantua, ch.57.
  14. Traités sur l'Epître de Saint Jean aux Parthes, VII, 7-8.
  15. De la Bible à François Villon: Rabelais Franciscain d'Étienne Gilson. ISBN 2-7116-0281-8
  16. Laurent Gerbier, "« Un chien sans maître », Lucien Febvre et l’athéisme de Rabelais", article paru dans les Actes de la Société chauvinoise de philosophie, 2004-II, pp. 5 à 58. Voir l'article en ligne http://www.philosophie-chauvigny.org/spip.php?article46
  17. Respectivement « La femme molle à la fesse » et « À beau con le vit monte ».
  18. Samuel Kinser, Rabelais’s Carnival, University of California Press, 1990
  19. Voir L'Art du roman et Testaments inédits.
  20. Nerval, Angélique, « Réflexions »
  21. "Rabelais, mon cher… d’abord." (Texaco, 1992, p. 288-289 de l’édition Folio)
  22. Bibliothèque de la Pléiade, 1977, t.VII, p.587
  23. Michel Brix, Balzac et l'héritage de Rabelais, PUF, 2002-2005, vol. 102, p.838

Voir aussi

Bibliographie

  • Manuel de Diéguez, Rabelais par lui-même, Éditions du Seuil, Paris, 1960.
  • Mikhaïl Bakhtine, L’Œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, Paris, 1970.
  • Michel Ragon, Le Roman de Rabelais, Paris, Albin Michel, 1993, 221 p. (ISBN 2-226-06731-0) 
  • « Le Rire de Rabelais », dans Le Monde, Les Dossiers et documents littéraires, no 53, octobre 2006 (ISSN 1253-7896) 
  • Claude Gaignebet, À plus hault sens : l'ésotérisme spirituel et charnel de Rabelais, Maisonneuve et Larose, Paris, 1986
  • Thierry Martin, Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d’Orléans à Rabelais. (Anthologie bilingue.) QuestionDeGenre/GKC, 2007.
  • Georges Lote, La vie et l'œuvre de François Rabelais, 1938 (Prix Michaut de l'Académie française)
  • Marcel De Grève, La Réception de Rabelais en Europe du XVIe au XVIIIe siècle, études réunies par Claude De Grève et Jean Céard, préface de Jean Céard. Éditions Honoré Champion, 2009.
  • Jean-Jacques Loisel, Pieyrre de Clythère, Jean-Pierre Félix, Christiane Grosbois-Pihouée, Sur la route des muses et des géants (Éditions du Cherche-Lune (Vendôme - 41) 2006 (Ouvrage collectif sur Ronsard, Racan, Rabelais et Balzac)
  • Michel Lécuyer, Rabelais et Balzac éditions Les Belles lettres, 1956.
  • Lucien Febvre, Le problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais, Paris, Albin Michel, coll. « L’évolution de l’humanité », 1947, 549 p. [lire en ligne] 

Vidéographie

Articles connexes

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