Frères de Saint-Gabriel

Frères de Saint-Gabriel
Louis de Monfort, fondateur des frères Saint-Gabriel, en compagnie d’un des premiers frères (image du XIXe siècle).

Les Frères de Saint-Gabriel, dont le nom officiel est Frères de l'instruction chrétienne de Saint Gabriel [SG] (connus également comme Montfortains) forment une congrégation religieuse fondée en 1715 pour l'éducation et l'instruction de la jeunesse par saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Connue d'abord sous le nom de Frères du Saint-Esprit la congrégation changea de nom lors de sa reconnaissance canonique de 1910.

Sommaire

Histoire

Première phase

Saint Louis-Marie de Montfort fonda une congrégation de religieuses, les Filles de la Sagesse (dont la co-fondatrice est la bienheureuse Marie-Louise Trichet) et une autre, de pères et de frères, nommée indifféremment Compagnie de Marie ou Communauté du Saint-Esprit. Juridiquement, les premiers frères sont les quatre qui prononcèrent leurs voeux en juin 1715.

Pères, frères et sœurs dépendent d'un seul supérieur général qui réside à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée) où Montfort mourut et fut inhumé.

Le septième supérieur est le père Gabriel Deshayes (1767 - 1841). Il entre dans la Compagnie de Marie à 53 ans, sur la demande instante de son prédécesseur qui voyait en lui un sauveur, non des sœurs qui étaient prospères, mais de la congrégation masculine réduite à un nombre presque squelettique.

Grâce à son zèle, les pères se multiplient et plus encore les frères, qu'il décide de diviser en deux groupes. Les uns restent avec les pères et sont leurs auxiliaires pour des tâches temporelles ou pastorales. Les autres, plus nombreux, sont destinés à l'enseignement.

La maison principale qu'il leur donne à Saint-Laurent-sur-Sèvre est appelée Saint-Gabriel en son honneur, et l'on prend vite l'habitude d'appeler ses habitants Frères de Saint-Gabriel. Ce nom, qui remplace le premier, Frères du Saint-Esprit, deviendra officiel quand les frères seront autorisés à enseigner par toute la France par un décret de l'empereur Napoléon III, le 3 mars 1853. Il est canoniquement reconnu par le Saint-Siège en 1910.

La division des frères en deux groupes opérée par Gabriel Deshayes préparait un autre changement plus important: l'autonomie des frères enseignants par rapport à la Compagnie de Marie. En septembre 1842, quelques mois après la mort du père Deshayes, son successeur n'est pas un prêtre, mais un frère.

Le rôle joué par les trois premiers supérieurs frères, Frère Augustin (1842-1852), Frère Siméon (1852-1862) et Frère Eugène-Marie (1862-1883) a été déterminant pour façonner le visage de l'institut.

Deuxième phase: de 1842 à nos jours

Depuis son autonomie jusqu'à nos jours, la congrégation a vécu une histoire où se succèdent quatre périodes principales.

Au XIXe siècle

Les effectifs de la congrégation augmentent. Alors qu'au XVIIIe siècle, ils ne furent jamais très nombreux - une trentaine au total, on en compte 184 en 1850, 398 en 1860, 1027 en 1900. Leur mission principale est l'éducation. Ils l'exercent dans des centaines d'écoles primaires, quelques pensionnats importants, neuf établissements de sourds-muets, cinq d'aveugles, quelques orphelinats et des classes primaires de collèges dirigés par des ecclésiastiques ou des jésuites.

Tous leurs établissements se trouvent en France, avec une présence au Canada à partir de 1888 et en Égypte à partir de 1890. En France, les plus nombreux sont situés dans l'ouest; les autres dans le sud-est (la Provence), le centre de (l'Auvergne), le nord et la région parisienne.

De 1900 à 1945

En 1903, la congrégation est légalement dissoute (en France). L'administration générale se fixe en Belgique. Plus de 400 frères quittent l'institut. D'autres, qui restent en France, sont contraints de se « séculariser » : suppression de l'habit religieux, interdiction de vivre en communauté. D'autres encore partent pour l'étranger. Les pays où ils se fixent au début du siècle sont situés en Europe, en Afrique et en Asie.

  • En Europe, l'implantation de la congrégation reste passagère en Suisse et aux Pays-Bas et sans grand développement en Angleterre, mais en Belgique , en Italie et en Espagne, elle a donné naissance à des provinces qui existent encore, malgré leurs épreuves, comme la mort violente de 49 frères en 1936 pendant la guerre civile espagnole.
  • En Asie, il en est de même pour les deux pays, la Thaïlande et l'Inde, où ils arrivent respectivement en 1901 et 1903.

La dimension internationale donnée ainsi à la congrégation a eu pour conséquence de justifier son statut : de droit diocésain jusqu'alors, elle devient de droit pontifical en 1910.

En 1936, l'institut gagne encore deux autres pays : le Congo belge (L'actuelle République démocratique du Congo) et Singapour.

De 1946 à 1965

Une fois passée l'épreuve de la Deuxième Guerre mondiale, la congrégation repart de plus belle. Pendant vingt ans, de 1946 à 1966, elle passe de 1200 à 1800 frères ; elle crée douze provinces nouvelles ; elle ouvre dix-huit juvénats, cinq noviciats et sept scolasticats ; elle prend en charge une moyenne de dix écoles par an d'un continent à l'autre ; elle gagne onze nouveaux pays : le Brésil (1936), le Sénégal (1954), la Malaisie (1955), le Sri Lanka (1956), l'Irak (1957), le Congo[Lequel ?] (1957), le Centrafrique (1957), la Colombie (1961), le Pérou (1962), le Cameroun (1964), le Rwanda (1965), auxquels on peut ajouter en 1968, la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle est toujours présente dans ces pays sauf au Sri Lanka et en Irak.

Depuis 1965

Le concile Vatican II (1962 - 1965) marque le début d'une nouvelle étape dans l'histoire de l'institut. « La rénovation adaptée de la vie religieuse » demandée par le décret conciliaire Perfectae Caritatis du 28 octobre 1965 va mobiliser pendant des années les énergies des frères, en particulier ceux qui participent aux chapitres généraux successifs d'une longueur inhabituelle. Leurs travaux aboutissent en 1971 à la rédaction d'une nouvelle règle, appelée Règle de vie sera approuvée officiellement par l'Église en 1986.

D'autres changements sont apparus : un approfondissement du charisme montfortain ; un souci de collégialité dans le gouvernement par les Conseils d'institut dont le premier remonte à 1972 ; le fait de considérer les laïcs avec qui les frères collaborent comme des partenaires à part entière (quelques-uns seront même présents au chapitre général d'avril 2000) ; le déplacement des forces vives de la congrégation de l'Occident (Europe et Canada) vers l'Afrique et l'Asie.

En effet, malgré les perturbations apportées par la violence et la guerre dans certains pays (Congo Kinshasa, Congo Brazza, Rwanda), les deux provinces d'Afrique centrale et du Sénégal n'ont cessé de s'affirmer et leur avenir est désormais aux mains des Africains eux-mêmes. En Thaïlande, un élève sur cinq dans l'enseignement catholique est éduqué par les frères de Saint-Gabriel. L'Inde compte presque 500 frères, présents dans seize États et appartenant à six provinces religieuses. Elle est devenue à son tour «missionnaire», en envoyant des frères hors de ses frontières : Île Maurice (1969), Tanzanie (1963), Fidji (1973). Tonga (1989), Madagascar (1997), les Philippines (1998).

Supérieurs généraux

Durant le XIXe siècle, après la mort du P. Deshayes (décembre 1841), quatre Supérieurs généraux, les Très Chers Frères Augustin, Siméon, Eugène-Marie et Hubert vont à leur manière donner corps à cet Institut naissant.

  • Le F. Augustin (1842 - 1852), un breton de Morbihan, esprit pratique et administrateur avisé, est le premier Supérieur général Frère. Il continue l’œuvre de Gabriel Deshayes, son père spirituel. Il établit la congrégation sur des bases solides. Il lui donne son autonomie, lui construit une maison mère, fait imprimer sa règle et son premier manuel de piété, la fait reconnaître légalement en France par un décret de Napoléon III, sous son nouveau nom de Saint-Gabriel.
  • Le F. Siméon (1852 - 1862), un Angevin de Beaupréau, avait été maître des novices et assistant général avant son mandat de supérieur général : il sera ensuite (fait unique dans l'institut) de nouveau assistant général et directeur des jeunes profès : c'est donc pendant cinquante ans qu'il exerce une influence décisive sur l'institut. Par son esprit de prière, il donne aux frères une haute idée de leur consécration religieuse et, par sa douceur et sa bonté proverbiales, il est au point de départ de l'esprit gabriéliste, fait de simplicité, de paix et de charité.
  • Le F. Eugène-Marie (1862 - 1883), né en Provence, loin du petit groupe originel apporte à l'institut un nouveau souffle. Il cherche à implanter et à financer des noviciats aux quatre coins de la France. D'une culture biblique prodigieuse, il rédige une nouvelle règle moins juridique où la place faite à la pédagogie est considérable. Sa priorité est de donner aux frères une solide formation religieuse et profane, sans jamais séparer «la science et la vertu». Il meurt subitement, à 59 ans, après avoir été, malgré sa mauvaise santé, élu cinq fois de suite (autre fait unique dans l'histoire de l'institut).
  • Le F. Hubert, (1883 - 1898), doit se débattre dans le maquis des nouvelles lois scolaires. En 1888, l’année même de la béatification de Montfort, Il envoie les premiers Frères au Canada et, deux ans plus tard, en Égypte.

Le siècle suivant, le XXe, semble se présenter en deux parties : de 1898 à 1965, une période d'extension et de mission et de 1965 à l'an 2000, une révision en profondeur de la vie religieuse apostolique et gabriéliste.

  • Avec le F. Martial, (1898 - 1922), ce sont les dures épreuves de la sécularisation de 1903 en France et celles de la Première Guerre mondiale. Il répand alors l'Institut dans une dizaine de pays en Europe et en Asie. Il fait approuver les Constitutions par le Saint-Siège en 1910.
  • Le F. Sébastien, (1922 - 1935), est considéré comme un administrateur rigoureux, qui fut aussi Économe général pendant 21 ans. C'est lui qui a favorisé la préparation intellectuelle des Frères, l'expansion missionnaire et créé le second noviciat (une période de reprise spirituelle).
  • Avec le F. Benoît-Marie, (1935-1946), reviennent les épreuves successives : fin de la mission d'Abyssinie ; mort violente de 49 frères pendant la Guerre d'Espagne ; situations difficiles créées par la Deuxième Guerre mondiale. Il démissionne le 7 janvier 1946.
  • Le F. Anastase, (1946-1953), ouvre son généralat par la canonisation de Montfort en 1947. Après les épreuves de la guerre, il favorise un retour à la discipline religieuse et crée cinq nouvelles provinces.
  • Le F. Gabriel-Marie, (1953-1965), dans un enseignement très abondant donné par des lettres et des retraites, anime et ranime la vie spirituelle des Frères qui n'auront jamais été aussi nombreux (presque 1800 en 1965).

Le Concile Vatican II proposait un «aggiornamento» de la vie de l'Église et de la vie religieuse. Le dernier tiers du XXe siècle sera dans cette foulée.

  • F. Romain Landry, (1965-1976), est le supérieur du Chapitre (rencontre internationale de délégués de l'Institut) de l'aggiornamento qui prépare la Règle de Vie. Il travaille aussi à la réconciliation de la famille montfortaine. Cette période est marquée par un développement rapide des Provinces d'Asie.
  • Le F. Jean Bulteau, (1976-1988), fait approuver la Règle de Vie et suscite, chez les Frères, le désir de la mettre en pratique. Il forge entre les Provinces une meilleure connaissance et une plus grande solidarité.
  • Sous la gouverne du F. Jean Friant, (1988-2000), le patrimoine montfortain et les racines deshaysiennes de l'Institut sont redécouverts. Il intensifie la collaboration dans la famille montfortaine, encourage le partenariat avec les laïcs, favorise l'internationalité entre les Frères et suscite une nouvelle expansion de l'Institut.

Avec le XXIe siècle, s'amorce une nouvelle ère.

  • Le F. René Delorme, élu en l'an 2000 13e Supérieur général, met en œuvre les décisions du 29e Chapitre général. Les axes de renouveau se font dans la ligne de la mission pour les pauvres, les plus petits. L'Institut veut encourager la participation des laïcs dans sa spiritualité et sa mission. Enfin, on se veut présent et actif dans le domaine des moyens modernes d'information et de communication.

Sources

  • Bauvineau, Louis, Histoire des Frères de Saint-Gabriel, Rome 1994, 613 pages
  • Bauvineau, Louis, La mémoire de Saint-Gabriel, Rome 2000, (non paginé)
  • Laveille, Mgr, Gabriel Deshayes et ses familles religieuses, Union des Œuvres de Presse Catholique, 1924
  • Bernoville, Gaétan, Grignion de Montfort apôtre de l'école et les Frères de Saint-Gabriel, Paris, Albin, Michel, 1946, 370 pages

Voir aussi

Articles connexes

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