Frédéric Mistral

Frédéric Mistral
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Frédéric Mistral
Frédéric Mistral parFélix Auguste Clément (1826 - 1888)
Frédéric Mistral par
Félix Auguste Clément (1826 - 1888)

Activités Écrivain
Naissance 8 septembre 1830
Maillane
Décès 25 mars 1914 (à 83 ans)
Maillane
Langue d'écriture occitan
Mouvement Félibrige
Distinctions Prix Nobel de littérature (1904)

Joseph Étienne Frédéric Mistral est un écrivain et lexicographe français de langue provençale (occitane), né le 8 septembre 1830 à Maillane (Bouches-du-Rhône), où il est mort le 25 mars 1914 et où il est inhumé. Mistral fut membre fondateur du Félibrige, membre de l'Académie de Marseille et, en 1904, Prix Nobel de littérature.

Son nom en provençal est Frederi Mistral (ou Mistrau).

Sommaire

Biographie

Mistral est un fils de ménagers aisés[1] (François Mistral et Adélaïde Poulinet, par lesquels il est apparenté aux plus anciennes familles de Provence : Cruvelier, Expilly, Roux nés Ruffo di Calabria, elles-mêmes très étroitement apparentées entre elles ; marquis d'Aurel). Mistral porte le prénom de Frédéric en mémoire « d'un pauvre petit gars qui, au temps où mon père et ma mère se parlaient, avait fait gentiment leurs commissions d'amour, et qui, peu de temps après, était mort d'une insolation. »[2].

Entrée de l'ancien Collège royal d'Avignon que Frédéric Mistral fréquenta de 1842 à 1847
Plaque apposée sur le pensionnat de la rue Louis Pasteur d'Avignon où Joseph Roumanille eut comme élèves Anselme Matthieu et Frédéric Mistral

Mistral va, dès l'âge de sept ans, à l'école de Maillane. Il y pratiqua lou plantié (école buissonnière) comme il le narre dans ses Memòri e raconte, où au chapitre IV, il part cueillir des fleurs de glai (iris d'eau) pour sa mère. Puis, en 1839, il est inscrit au pensionnat de Saint-Michel-de-Frigolet. Il n'y resta que deux ans, cet établissement ayant fermé, et fut placé au pensionnat Millet d'Avignon. En 1845, il fut logé au pensionnat Dupuy, il fit connaissance de Joseph Roumanille[3].

Durant cette période, il suivit ses études au Collège royal d'Avignon, dans l'actuelle rue Frédéric Mistral, et passa, en 1847, son baccalauréat à Nîmes. Reçu bachelier, il fut enthousiasmé par la révolution de 1848 et se prit d'admiration pour Lamartine. Ce fut au cours de cette année qu'il écrivit Li Meissoun (Les Moissons), poème géorgique en quatre chants, qui resta inédit[3].

Sa famille le voyant bien devenir avocat, il étudia le droit à Aix-en-Provence de 1848 à 1851, où il sortit de la Faculté avec sa licence en droit[3].

Plaque commémorative en langue d'oc, en Haute-Vienne.

Il se fait alors le chantre de l'indépendance de la Provence et surtout du provençal « première langue littéraire de l'Europe civilisée ». C'est au cours de ses études de droit qu'il apprit l'histoire de la Provence, jadis État indépendant. Émancipé par son père, il prit alors la résolution « de relever, de raviver en Provence le sentiment de race (…) ; d'émouvoir cette renaissance par la restauration de la langue naturelle et historique du pays (…) ; de rendre la vogue au provençal par le souffle et la flamme de la divine poésie ». Pour Mistral, le mot « race » désigne un « peuple lié par la langue, enraciné dans un pays et dans une histoire ».

Mistral reçoit le Prix Nobel de littérature en 1904 conjointement à José Echegaray. Il consacrera le montant de ce prix à la création du Museon Arlaten à Arles.

Marié à une Bourguignonne, Marie-Louise Rivière, il n'aura pas d'enfant et meurt le 25 mars 1914 à Maillane.

Félibrige

Portrait de Frédéric Mistral par Jean Barnabé Amy.
Statue de Frédéric Mistral à Arles.

Rentré à Maillane, Mistral organise avec le poète Joseph Roumanille (Jousé Roumaniho en provençal) la renaissance de la langue provençale. En 1854, ils fondent, avec cinq autres poètes provençaux le Félibrige, qui a permis de grandement promouvoir la langue d'oc. Placé sous le patronage de sainte Estelle, ce mouvement accueillera des poètes catalans chassés d'Espagne par Isabelle II.

Les sept « primadié », fondateurs du Félibrige, sont Joseph Roumanille, Frédéric Mistral, Théodore Aubanel (Teoudor Aubanèu), Jean Brunet (Jan Brunet), Paul Giéra (Pau Giera), Anselme Mathieu (Ansèume Matiéu) et Alphonse Tavan (Anfos Tavan). Le Félibrige est encore aujourd'hui une organisation culturelle présente dans l'ensemble des départements de langue d'oc.

Par son œuvre, Mistral réhabilite la langue d'oc en la portant aux plus hauts sommets de la poésie épique : la qualité de cette œuvre sera consacrée par les plus hauts prix. Il se lance dans un travail de bénédictin pour réaliser un dictionnaire et, à l'instar des troubadours, écrire des chants, et des romans en vers, à l'imitation d'Homère, comme il le proclame dans les quatre premiers vers de Mirèio, se définissant comme « un humble élève du grand Homère »:

« Cante uno chato de Prouvenço,
Dins lis amour de sa jouvenço,
A través de la Crau, vers la mar, dins li blad,
Umble escoulan dou grand Oumèro, iéu la vole segui. »

« Je chante une jeune fille de Provence,
Dans les amours de sa jeunesse,
À travers la Crau, vers la mer, dans les blés,
Humble élève du grand Homère. »

Lexicographie : Lou Tresor dóu Felibrige

Frédéric Mistral

Mistral est l'auteur du Tresor dóu Felibrige (1878-1886), qui reste à ce jour le dictionnaire le plus riche de la langue d'oc, et l'un des plus fiables pour la précision des sens. C'est un dictionnaire bilingue provençal-français, en deux grands volumes, englobant l'ensemble des dialectes d'oc.

Mireille

Article détaillé : Mirèio.

Son œuvre capitale est Mirèio (Mireille), publiée en 1859 après huit ans d'effort créateur. Mirèio, long poème en provençal, en vers et en douze chants, raconte les amours contrariées de Vincent et Mireille, deux jeunes provençaux de conditions sociales différentes. Le nom Mireille, Mirèio en provençal, est un doublet du mot « meraviho » qui signifie « merveille ». Mistral trouve ici l'occasion de proposer sa langue mais aussi de faire partager la culture d'une région en parlant entre autres des Saintes-Maries-de-la-Mer, qui d'après la légende auraient chassé la Tarasque, et de la fameuse Vénus d'Arles. Mistral fait précéder son poème par un court Avis sur la prononciation provençale.

Mireille, jeune fille à marier d'un propriétaire terrien provençal tombe amoureuse de Vincent, un pauvre vannier qui répond à ses sentiments. Après avoir repoussé trois riches prétendants, Mireille, désespérée par le refus de ses parents de la laisser épouser Vincent, court aux Saintes-Maries-de-la-Mer afin de prier les patronnes de la Provence de fléchir ceux-ci. Mais ayant oublié de se munir d'un chapeau, elle est victime d'une insolation en arrivant au but de son voyage et meurt dans les bras de Vincent sous le regard de ses parents.

Mistral dédie son livre à Alphonse de Lamartine en ces termes :

« À Lamartine
Je te consacre Mireille : c'est mon cœur et mon âme ;
C'est la fleur de mes années ;
C'est un raisin de Crau qu'avec toutes ses feuilles
T'offre un paysan »[4].

Et Lamartine de s'enthousiasmer : « Je vais vous raconter, aujourd'hui, une bonne nouvelle ! Un grand poète épique est né. (…) Un vrai poète homérique, en ce temps-ci ; (...) Oui, ton poème épique est un chef d'œuvre ; (…) le parfum de ton livre ne s'évaporera pas en mille ans. »[5]

Mirèio a été traduite en une quinzaine de langues européennes[6], dont le français par Mistral lui-même. En 1863, Charles Gounod en fait un opéra.

Postérité

Sa célébrité doit beaucoup à Lamartine qui chante ses louanges dans le quarantième entretien de son Cours familier de littérature, à la suite de la parution du long poème Mirèio.

Alphonse Daudet, avec qui il était lié d'amitié, lui consacre, d'une manière fort élogieuse, l'une de ses Lettres de mon moulin, Le Poète Mistral[7].

Plusieurs établissements scolaires portent son nom comme le Lycée Mistral d'Avignon. De nombreuses voies portent aussi son nom, à Nice, Aix-en-Provence, Saint-Gence, Noiseau, Figeac etc.

Philatélie

  • En 1941, la poste émet un timbre postal de 1 franc, brun carminé.
  • En 1980, la poste émet un deuxième timbre postal grand format de 1,40 franc surtaxé 30 centimes, noir qui fait partie de la série Personnages célèbres[8].

Citations

  • « Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut. »
  • « Les cinq doigts de la main ne sont pas tous égaux. »
  • « Quand le Bon Dieu en vient à douter du monde il se rappelle qu'il a créé la Provence. »
  • « Chaque année, le rossignol revêt des plumes neuves, mais il garde sa chanson. »
  • « Le soleil semble se coucher dans un verre de Tavel aux tons rubis irisés de topaze. Mais c'est pour mieux se lever dans les cœurs. »
  • « La Provence chante, le Languedoc combat »
  • « Qui a vu Paris et pas Cassis, n'a rien vu. (Qu'a vist Paris e noun Cassis a ren vist.) »

Œuvres

Odonymie

(Liste non exhaustive)

Bibliographie

  • Firmin Boissin, Frédéric Mistral et les Félibres , 1879, E-J Savigné imprimeur-éditeur, Vienne[9].
  • Les écrivains célèbres, Tome III, le XIXe et le XXe siècles, Editions d’art Lucien Mazenod.
  • Mauron, Claude, 1993, Frédéric Mistral, Paris, Seuil.
  • Charles Maurras, La Sagesse de Mistral, 1926, les Editions du Cadran, grand in-4 broché.

Notes et références

  1. Mes Origines ; Mémoires et récits de Frédéric Mistral.
  2. (fr) - Frédéric Mistral. Mes origines : mémoires et récits de Frédéric Mistral. Paris : Plon-Nourrit, ca 1920. Memòri e raconte éd.Aubanel pour la première édition, éd. Marcel Petit pour la dernière.
  3. a, b et c Biographie de Frédéric Mistral sur le site maillane.fr
  4. Texte original : A Lamartino Te counsacre Mirèio : es, moun cor e moun amo ; Es la flour de mis an ; Es un rasin de Crau qu'emé touto sa ramo Te porge un païsan.
  5. Cours familier de littérature, quarantième entretien, Alphonse de Lamartine, Paris 1859.
  6. Mirèio (Mireille) traduit en espagnol
  7. wikisource
  8. Catalogue Yvert et Tellier, Tome 1
  9. http://www.archive.org/stream/FredericMistralEtLesFelibres-1879/Felibres#page/n3/mode/2up

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Prix Nobel de littérature
1904
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