Frédéric de Montefeltre

Frédéric de Montefeltre

Frédéric III de Montefeltro

Frédéric de Montefeltro
Tableau de Piero della Francesca (1464-1466)
Blason familial[1]

Frédéric III de Montefeltro, en italien Federico III da Montefeltro ou plus généralement Federico da Montefeltro, (Gubbio, 7 juin 1422 - Ferrare, 10 septembre 1482), duc d'Urbin et comte de Montefeltro de 1444 à sa mort, fut l'un des plus célèbres condottieres de la Renaissance.

Homme de grande culture, il fit de l'ancien municipe romain d'Urvinum Mataurense (Urbino, en français Urbin) le centre d'une cour raffinée où il entretint de nombreux artistes.

Il y fit construire une grande bibliothèque, peut-être la plus grande d'Italie après celle du Vatican, dans laquelle il avait, dans son scriptorium, sa propre équipe de copistes, et réunit autour de lui les plus grands humanistes de son temps dans l'un des grands joyaux architecturaux de la Première Renaissance, le palais ducal d'Urbin, conçu par l'architecte Luciano Laurana que Cosimo Rosselli, Roberto Valturio, Frederico Barocci et Francesco di Giorgio Martini décorèrent. Ce dernier ayant repris les travaux du palais ducal en 1472, est l'auteur également des plans avec Botticelli de son studiolo, cabinet de travail personnel et intime, réalisé entièrement en trompe-l'œil marqueté par Baccio Pontelli.

Sommaire

Biographie

Frédéric naquit à Gubbio, fils illégitime de Guy-Antoine de Montefeltro, seigneur d'Urbin, de Gubbio et Casteldurante, et duc de Spolète.

Dans sa jeunesse, il vécut à Venise et à Mantoue, où il fut retenu comme otage. En 1437, il fut armé chevalier par l'empereur Sigismond, et épousa, la même année, à Gubbio, Gentile Brancaleoni.

À seize ans, il commença une carrière de condottière sous le commandement de Niccolò Piccinino. Le 22 juillet 1444, son demi-frère, le duc Oddantonio II de Montefeltro, qui venait d'être investi duc d'Urbin en 1443, fut assassiné à la suite d'un complot. Frédéric, dont la probable participation à la conjuration n'a jamais été éclaircie, s'empara du pouvoir à Urbin.

Un érudit du XVIe siècle donnait cette définition de la ville d'Urbin, qui, à cette époque, vivait son époque artistique la plus riche et la plus intense tant sur le plan culturel que politique :

« La ville d'Urbin, très civile et riche d'honorables édifices... »

Elle devait cette situation remarquable à Frédéric de Montefeltro, qui, avec l'humaniste Alberti, conçut l'idée d'une « cité idéale et rationnelle, bien protégée, riche, tournée vers les arts et le bonheur. » C'est ainsi qu'est né le palais ducal d'Urbin, qui fut plus un lieu de rencontres qu'un château fortifié. Au début du siècle suivant, Balthazar Castiglione — qui passa dix années à la cour d'Urbin entre 1503 et 1513 — note dans son ouvrage Du courtisan la parfaite intégration du palais, « lieu de force et de spiritualité, mais aussi d'élégance et d'urbanité » au paysage environnant.

Dans les années 1450, Frédéric combattit pour le roi de Naples et son allié le pape Pie II. Il se remaria avec Battista Sforza, issue d'une autre célèbre famille de condottiere qui étaient les maîtres de Milan. Dans l'accord avec les Sforza — Frédéric ne combattit jamais pour rien — il leur transférait le contrôle de Pesaro et recevait en échange Fossombrone, se faisant par là même un grand ennemi dans les Marches, Sigismondo Pandolfo Malatesta, seigneur de Rimini.

À partir de 1459, en Romagne, il combattit pour le pape Pie II, à nouveau contre Malatesta, à qui il infligea une sévère défaite sur le fleuve Cesano, près de Senigallia (1462). Le pape le nomma vicaire des territoires conquis, mais lorsque Pie II voulut reprendre personnellement le contrôle de l'ancienne capitale des Malatesta à Rimini, Frédéric se retourna contre lui et combattit à la tête d'une alliance des villes formée contre la puissance papale.

Blason de Frédéric avec les attributs de gonfalonier épiscopal[2]

En 1474, le duché d'Urbin fut confirmé à Frédéric, par extension aux illégitimes du titre accordé à son demi-frère, par le pape Sixte IV qui maria son neveu favori Jean della Rovere (Giovanni) à la fille de Frédéric III, Jeanne (Giovanna). Dans le même temps, il fut nommé gonfalonnier de l'Église catholique romaine et ajouta, de ce fait, les attributs dits Gonfalone pontificio (Gonfalon pontifical) ou Basilica.
En août 1474, il fut nommé chevalier de l'Ordre de la Jarretière.

Frédéric combattit à nouveau contre ses anciens maîtres florentins à la tête de l'armée pontificale, après l'échec de la conspiration des Pazzi de 1478, dans laquelle Frédéric était fortement impliqué.

Piero della Francesca peignit un diptyque recto-verso (après 1478), titré Le Triomphe de la Chasteté, représentant Frédéric et sa femme Battista Sforza lors de leur entrée dans la ville : le duc, accompagné des vertus cardinales, reçoit d'un ange une couronne de lauriers tandis que la duchesse, trônant sur un char tiré par des licornes (symboles de chasteté) est entourée des vertus théologales. Le portrait a été peint peu après un tournoi où Frédéric avait eu le nez cassé et l'oeil droit crevé, ce qui explique le choix d'un profil gauche.

Frédéric de Montefeltro mourut à Ferrare en 1482, en combattant contre Venise.

Le fils de Frédéric III, Guidobaldo, fut marié à Élisabeth Gonzague, la brillante fille de Frédéric Ier, marquis de Mantoue. À la mort de ce fils, en 1508, le duché d'Urbin revint à sa sœur Jeanne (Giovanna), et passa ainsi dans la famille Della Rovere, la famille de Jules II et de Sixte IV.

Voir aussi

Bibliographie

  • (it) Pierantonio Paltroni, Commentari della vita et gesti dell'illustrissimo Federico duca d'Urbino, Ed. Walter Tommasoli, Urbino, 1966

Annotations

  1. Blason familial : bandé d'or et d'azur, au chef d'or chargé d'une aigle bicéphale de sable, becquée, membrée et couronnée d'or
  2. Blason de gonfalonier : tiercé en pal, coupé au premier et au troisième, au chef du premier et à la pointe du troisième d'or chargé d'une aigle bicéphale de sable, becquée, membrée et couronnée d'or,au chef du troisième et à la pointe du premier bandé d'or et d'azur, au deuxième de gueules, à l’ombrelle à goussets de gueules et d'or, au volant échiqueté de même, sommée d'un globe crucifère d’or, la tige en forme de lance chargée de deux clefs en sautoir avec les pannetons tournés vers l'extérieur et vers le haut, l'une d’or et l'autre d’argent, liées d'azur

Liens externes

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Duc d'Urbin
1444-1482
Guidobaldo Ier de Montefeltro
nota : les couleurs or et azur sont celles de la ville d'Urbin.
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