Fulu (taoïsme)

Fulu (taoïsme)
Fu

Le terme fulu (符籙), de « insigne » et « registre », désigne globalement les formules magiques écrites en usage dans le taoïsme, en particulier au XXIe siècle le courant Zhengyi, par lesquelles le daoshi (maître taoïste) requiert l’aide des esprits et soumet les forces négatives. Les lu servent également de certificat de daoshi. Les formules courtes écrites sur du papier jaune utilisées par les fidèles comme talismans sont aussi appelées fuzhou (符咒).

Comme tous les textes taoïstes, fu et lu sont considérés comme des concrétions du souffle céleste et sont transmis aux daoshis par des immortels ou des dieux.

Sommaire

Fu et lu

Les fu, « insignes-talismans », portent des formules en sinogrammes, le plus souvent archaïsants et/ou déformés ou dédoublés, et parfois aussi des diagrammes stellaires, des représentations de divinités ou des symboles à valeur apotropaïque. Ces formules sont en principe difficilement compréhensibles par ceux qui n’ont pas reçu la même initiation que leur auteur, particulièrement celles des écoles post-Song pratiquant le « rite du tonnerre » leifa (雷法), qui apparaissent comme des images et des formes noires mystérieuses. Néanmoins, elles sont toutes lisibles et récitables par les initiés, souvent avec une prononciation différente de celle du langage ordinaire. Le plus souvent écrites en noir sur papier jaune, elles peuvent porter des sceaux rouges. Hormis leur fonction dans les rituels, les fu sont collés dans les habitations, portés sur soi ou dissous et bus en potion pour protéger ou guérir.

La caractéristique principale des caractères des fu est leur aspect contourné, qui rappelle les volutes des nuages et leur origine en tant que concrétion du souffle céleste. Le plus souvent de type sigillaires ou archaïsants (« insectes et traces d’oiseaux » 蟲書鳥跡), ils sont appelés « sigillaires célestes et écriture-nuage » (天篆雲書) ou « sigillaires-nuages » (雲篆).

Les lu ou « registres », appelés aussi « registres religieux » falu (法籙) ou «précieux registres » baolu (寶籙), sont des documents plus longs qui comportent, outre les formules, les noms des dieux et esprits dont le maître taoïste peut requérir l’aide ainsi que leurs images et les symboles associés. Ils commencent par l’énoncé du serment que le daoshi a prononcé lors de son entrée dans l’école, et parfois aussi les règles qu’il doit respecter. Outre leur rôle dans les rituels, ils constituent une preuve de la qualification de leur propriétaire et sont remis lors d’une cérémonie solennelle d’intronisation. Il en existe divers types, selon l’école, le niveau de qualification et le type d’acte qu’ils permettent d’effectuer. On en comptait 120 différents sous les Tang. Le courant Zhengyi actuel, qui regroupe la majorité des écoles en faisant usage, en compte 36.

Origine et évolution

Le fu était dès la Chine pré-impériale un insigne de délégation de pouvoir consistant en un élément d’un ensemble de deux pièces qui devaient s’assembler comme un puzzle. L’autre élément était détenu par une partie qui pouvait vérifier l’authenticité de la délégation. Faits à l’origine en bambou comme l’indique le caractère[1], on en fabriqua plus tard dans d’autres matières comme le métal ou le jade. Le fu taoïste doit sa puissance à sa forme de document émanant des autorités et à la puissance propre de l’écriture, déjà évoquée dans le Huainanzi[2] qui dit que « lorsque Cangjie (倉頡) inventa l’écriture, le millet descendit du ciel et les esprits nocturnes se lamentèrent. ». Leur utilisation magique par les sorciers et fangshi est attestée dans les textes de l’époque Han où ils sont appelés yufu (禹符 fu de Yu le Grand) ou wufu (巫符 fu de sorcier)[3]. Le courant religieux des Maîtres célestes, l’un des premiers à être qualifié de taoïste, en faisait aussi usage, selon Dao'an. Dès les Han postérieurs, des recueils de fu apparaissent : Caractères doubles du Livre de la Grande paix (taipingjing fuwen 太平經複文), Les Cinq Talismans de Lingbao (lingbao wufu 靈寶五符), Livre des cinq pousses (wuya zhenwen 五芽真文), Livre des trois empereurs (sanwangwen 三皇文). Ge Hong dans le Baopuzi recense 56 types de fu différents.

À partir de la dynastie Yuan, une partie des écoles taoïstes se joignent au courant Quanzhen qui concentre ses activités sur le monachisme et l’ascèse de l’alchimie interne. Les rituels et savoir-faire magiques associés aux fulu deviennent la spécialité d’un certain nombre d’écoles du Sud[4] qui se regroupent sous la bannière Zhengyi.

Notes

  1. 符 : la partie supérieure représente le bambou, la partie inférieure, à la fois phonétique (fu) et sémantique, signifie « correspondre »
  2. Cité dans le Livre des Han postérieurs, biographie de Xe Nugu (解奴辜)
  3. Lunheng (論衡) de Wang Chong par ex.
  4. Les Trois montagnes - Longhu (龍虎), Maoshan (茅山) et Gezao (閣皂) - Jingming (淨明), Shenxiao (神霄), Qingwei (清微), Donghua (東華), Tianxin (天心) et Taiyi (太一)

Source

(en)[1](zh) [2] Centre Quanzhen de la culture taoïste, Hong Kong ; analyse de deux talismans dans Structure of talismans.

Voir aussi

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Fulu (taoïsme) de Wikipédia en français (auteurs)

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