Furies

Furies

Érinyes

Page d'aide sur l'homonymie Pour la pièce d'Eschyle, voir Les Euménides.
Oreste tourmenté par une Érinye et soutenu par Pylade (centre), sarcophage romain, 130-140, Glyptothèque de Munich (Inv. 363)

Dans la mythologie grecque, les Érinyes (en grec ancien Ἐρινύες / Erinúes, d'ἐρίνειν / erínein, « pourchasser, persécuter »), ou parfois « déesses infernales » (χθόνιαι θεαί / chthóniai theaí) sont des divinités persécutrices. Elles sont aussi appelées Euménides (grec Εὐμενίδες / Eumenídes, « les Bienveillantes »), après l'acquittement d'Oreste par l'Aréopage, occasion à laquelle, selon la tradition, Athéna aurait obtenu d'elles qu'elles devinssent des divinités protectrices d'Athènes sous le rôle de gardiennes de la justice, où l'on utilise dans le même esprit la périphrase σεμναὶ θεαί / semnaì theaí, « vénérables déesses ».

Elles correspondent aux Furies (en latin Furiæ ou Diræ) chez les Romains.

Sommaire

Ascendance

Filles de Gaïa et du sang d'Ouranos mutilé d'après Hésiode, ce sont des divinités chtoniennes. Leur nombre reste généralement indéterminé, quoique Virgile, s'inspirant sûrement d'une source alexandrine, en dénombre trois :

Épiménide en fait les sœurs des Moires, filles de Cronos et d'Eurynomé, Eschyle les filles de Nyx (la Nuit), Sophocle les filles de Gaïa et de Scotos, la Ténèbre. Dans les traditions orphiques, elles naissent d'Hadès et de Perséphone (cet attachement au monde infernal se retrouve également dans l'Iliade).

Rôle

Clytemnestre essayant de réveiller les Érinyes endormies tandis qu'Oreste purifié par Apollon, cratère apulien à figures rouges, 380-370 av. J.-C., musée du Louvre (Cp 710)

Divinités anciennes, elles ne sont pas soumises à Zeus et habitent l'Érèbe (ou le Tartare, suivant les traditions), le monde du dessous, se reposant jusqu'à ce qu'elles soient de nouveau appelées sur Terre. Malgré leur ascendance divine, les dieux olympiens éprouvent une profonde répulsion pour ces êtres qu'ils ne font que tolérer. De leur côté, les hommes les craignent et les fuient. C'est cette marginalisation et le besoin de reconnaissance qu'il entraîne qui, chez Eschyle, amènent les Érinyes à accepter le verdict d'Athéna et ce malgré leur inépuisable soif de vengeance.

Elles personnifient la malédiction lancée par quelqu'un et sont chargées de punir les crimes pendant la vie de leur auteur, et non après. Toutefois, leur champ d'action étant illimité, si l'auteur du crime décède, elle le poursuivront jusque dans le monde souterrain. Justes mais sans merci, aucune prière ni sacrifice ne peut les émouvoir, ni les empêcher d'accomplir leur tâche. Elles refusent les circonstances atténuantes et punissent toutes les offenses contre la société et à la nature tels que le parjure, la violation des rites de l'hospitalité et surtout les crimes ou l'homicide contre la famille. À l'origine, les êtres humains ne peuvent ni ne doivent punir les crimes horribles. Il revient aux Érinyes de poursuivre le meurtrier de l'homme assassiné et d'en tirer vengeance. Némésis correspond à une notion semblable, et sa fonction recouvre celle des Érinyes.

Ces divinités vengeresses hideuses ont :

  • de grandes ailes ;
  • des serpents pour cheveux ;
  • des fouets et des torches ;
  • du sang qui coule de leurs yeux.

Elles ont été comparées aux Gorgones, aux Grées ainsi qu'aux Harpies en raison de leur apparence effrayante et sombre et du peu de contact qu'elles entretiennent avec les dieux olympiens.

Elles tourmentent ceux qui font le mal. Elles les poursuivent inlassablement sur la terre en les rendant fous. Au sens large, les Érinyes sont les protectrices de l'ordre établi. Dans l’Iliade, elles ôtent la parole à Xanthe, le cheval d'Achille, et privent Phénix de descendance. Le philosophe Héraclite dit que si le soleil décidait de renverser sa course, elles l'en empêcheraient. Dans Electre de Giraudoux, elles sont représentées par trois jeunes filles cyniques et méchantes à la croissance très rapide (de petite fille a adulte en quelques jours), appelées les Trois Euménides. Elles chantent des comptines satiriques sur les personnages de la pièce et vont poursuivre Oreste jusqu'a la perte de sa raison.

Tragédie d'Eschyle

William Bouguereau, Les Remords d'Oreste, 1862

Dans les Euménides d'Eschyle, la troisième pièce de l'Orestie, les Érinyes poursuivent Oreste. Celui-ci tue sa mère, Clytemnestre, pour venger le meurtre de son père Agamemnon. À la première représentation, cette tragédie provoque une véritable terreur chez les spectateurs. Les Érinyes forment le chœur. Les représentations qui nous sont parvenues nous les montrent tenant des torches et des fouets. Elles sont aussi parfois entourées de serpents.

Seul l'acte commis par Oreste intéresse les Érinyes. Il n'est question ni de le juger ni de lui trouver des circonstances atténuantes. Apollon lui-même doit s'opposer à leur vengeance implacable, bien qu'il ait encouragé le meurtre de Clytemnestre par Oreste et qu'il lui accorde sa protection. Les Érinyes, nous rapporte Eschyle, poursuivent Oreste jusqu'à Delphes, le plus important sanctuaire d'Apollon. Elles ne le délivrent que lorsque les dieux les persuadent d'accepter le verdict du tribunal d'Athènes, l'Aréopage.

Là, Athéna intervient comme patronne de la cité et équilibre les suffrages. Oreste est acquitté, mais il doit ramener de Tauride une statue sacrée d'Artémis. Les Érinyes sont alors accueillies à Athènes sous la forme plus clémente des « Euménides » (les bienveillantes) ou des « Semnai Theai » (les vénérables déesses).

Les Érinyes poursuivent également Alcméon, qui a tué sa mère. Comme Oreste, Apollon l'a encouragé à venger son père. II est pourchassé par une Érinye à travers la Grèce, jusqu'à ce qu'il trouve refuge sur une terre qui n'existe pas encore au moment du meurtre de sa mère, échappant ainsi au pouvoir de ses poursuivantes.

Culte

On leur sacrifiait des moutons noirs, et des libations de νηφάλια / nêphália, mélange de miel et d'eau.

Il y a en Arcadie un endroit qui possède deux sanctuaires consacrés aux Érinyes. Dans l'un des deux, elles portent le nom de Μανίαι / Maníai (Mania, celles qui rendent fou). C'est en cet endroit que, vêtues de noir, elles assaillent Oreste pour la première fois. Non loin de là, raconte Pausanias, se trouve un autre sanctuaire où leur culte est associé à celui des Charites (« déesses de la rémission »). C'est en ces lieux qu'elles purifient Oreste, vêtues de blanc. Après sa guérison, il offre un sacrifice expiatoire aux Mania.

Apparition

Les Erinyes apparaissent dans de nombreux jeux de rôle ou dans des jeux vidéo. Par exemple dans les jeux vidéo Castlevania Aria Of Sorrow et sa suite Dawn Of Sorrow les Erinyes sont l'un des ennemis, elles sont ici une évolution d'un ennemi appelé valkyrie et n'ont donc pas du tout une apparence correspondant a la mythologie grecque.


Les Erinyes sont aussi des diablesses venant des 9 enfers dans l'univer des Royaumes Oubliés, (univer des Donjons et Dragons).

Le tome 9 de la bande dessinée Sandman, scénarisée par Neil Gaiman, est titré "les bienveillantes" et présente une interprétation des furies.

Sources

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Harry Thurston Peck, Harper's Dictionary of Classical Antiquities, Harper & Brothers, New York, 1898 [lire en ligne]

Liens externes

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