Gabrielle Chanel

Gabrielle Chanel

Coco Chanel

Coco Chanel
Nom de naissance Gabrielle Bonheur Chasnel
Surnom(s) Mademoiselle / Coco
Naissance 19 août 1883
Saumur, France
Décès 10 janvier 1971 (à 87 ans)
Paris, France
Nationalité France Française
Profession(s) Styliste
Modiste

Gabrielle Bonheur Chasnel dite Coco Chanel (1883-1971) fut une créatrice, modiste et une styliste française célèbre pour ses créations de haute couture et de parfum. Elle est à l'origine de la maison de haute couture Chanel.

Sommaire

Biographie

Enfance

Issue d'une lignée de marchands forains cévenols, de Ponteils-et-Brésis[1], elle est la fille d'Albert Chasnel, un camelot originaire du Gard et de Jeanne Devolle, couturière originaire de Courpière.[2] Elle naît le 19 août 1883 à Saumur et est prénommée Gabrielle.

La mère de Coco Chanel meurt à trente-trois ans à peine,[2] épuisée par des grossesses successives et par le travail qu'elle effectue sur les marchés, dans le froid.[3] La jeune fille n'a alors que douze ans.[2] Son père l'abandonne pour aller faire fortune en Amérique[4] et elle, à l'âge de 15 ans, se retrouve ainsi seule avec ses deux sœurs, Julia, treize ans, et Antoinette, huit ans, dans un orphelinat à Aubazine en Corrèze.[5] Ses deux frères sont, quant à eux, placés à l'âge de dix et six ans dans une ferme comme garçons à tout faire.

À l'âge de dix-huit ans, Gabrielle est confiée aux dames chanoinesses de Moulins, qui lui apprennent le pointilleux métier de couseuse. Elle y retrouve sa tante Adrienne, qui avait le même âge et, surtout, la même ambition de s'en sortir. En 1903, habile à manier le fil et l'aiguille, elle est placée en qualité de couseuse dans une maison spécialisée en trousseaux et layettes.

Gabrielle devient « Coco »

Vers 1907-1908, très courtisée, Gabrielle, qui ne compte pas partager le sort anonyme des « cousettes », est prête à prendre des risques. Lors d'un voyage à Vichy, chez son oncle, en quête d'un avenir dont elle refuse qu'il se limite à broder sur des draps de coton, elle se met à poser sur la scène du Beuglant de la Rotonde, un caf' conc' où elle fait ses premières apparitions, silencieuses. Bientôt, elle ose pousser la chansonnette et se met à rêver de music-hall. Âgée de vingt-quatre ans, elle se produit en spectacle devant les officiers qui la surnomment « Coco », parce qu'elle a pour habitude de chanter Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro ? (paroles de Baumaine et Blondelet, musique de Deransart). Ce surnom ne la quittera plus.

Admirée par une horde de jeunes garçons fortunés ou titrés, sa jolie silhouette séduit Étienne Balsan, un homme du monde, riche gentleman qui vient de rendre ses galons d'officier pour se consacrer à l'élevage de chevaux et aux courses. Il lui fait découvrir la vie de son château, le domaine de Royallieu près de Compiègne resté malheureusement célèbre pour son histoire pendant la seconde guerre mondiale. Pendant près d'un an, elle apprend les arcanes de la haute société, mais l’idylle ne dure que quelques mois : elle se rend compte qu’elle ne l’aime plus, elle s'ennuie et pleure. Elle a vingt-cinq ans et nulle part où se réfugier. Elle s'échappe alors en jodhpurs[6], et galope dans la forêt de Compiègne en essayant de défier son avenir.

Heureusement, les fréquentations de Balsan lui font rencontrer son premier amour, l'anglais Arthur Capel, surnommé « Boy ». On le dit fils naturel du banquier Pereire. Boy est un riche homme d'affaires qui a fait fortune dans les frets charbonniers. Il est aussi un homme de cheval possédant une écurie de polo. Ce sera un amour irrégulier (il épousera malgré tout une Anglaise) et sincère qui durera dix ans, jusqu'à un accident de voiture en 1919 auquel il ne survivra pas.

Une modiste à contre-courant

Coco Chanel ne reste cependant pas oisive. Comment oublier les rudiments, enseignés à Moulins, du maniement du fil et de l’aiguille ? Saisissant la balle au bond, c’est peut-être par la couture qu’elle franchira l’obstacle qui mène à la liberté et l’indépendance. Ne perdant pas de temps, elle s’imprègne de l’enrichissante initiation prodiguée par Lucienne Rabaté, célèbre modiste du moment. Elle se confectionne de petits chapeaux originaux qu’elle pose très bas sur son front. Pour assister aux mondaines courses de chevaux, elle n’arbore pas les robes des grands couturiers mais ses propres réalisations. Jeune femme charmante mais au style décalé, tantôt écolière en tenue sobre et sage noire et blanche, tantôt garçonne n’hésitant pas à porter polo, cardigan, jodhpurs et pantalons, elle invente déjà un nouveau style, une nouvelle allure. Ses créations avant-gardistes, très sobres, contrastent avec celles que portent les élégantes de l’époque.

En 1909, sur les conseils de Boy Capel, son artisanat débute Boulevard Malesherbes, dans la garçonnière parisienne de son protecteur Étienne Balsan. Les chapeaux qu'elle propose à ses clientes ne sont que des déclinaisons de ceux qu'elle fabrique pour elle-même et qui, au château de Royallieu, près de Compiègne, ont séduit ses amies, des demi-mondaines qui fréquentaient le lieu. Balsan ne croit pas à un succès commercial.

N'ayant pas de formation technique, ni d'outils de fabrication, Gabrielle achète ses formes de chapeaux dans les grands magasins, puis les garnit avant de les revendre. La nouveauté et l'élégance de son style font que, très vite, elle doit faire appel à sa tante Adrienne, et à sa sœur Antoinette, pour la seconder. Ses créations de chapeaux, débarrassées des grandes plumes d'autruches ou autres froufrous volumineux, commencent à être appréciées pour leur exquise simplicité et leur sophistication retenue.

Ouverture des premières boutiques

Devenue la compagne de Boy Capel, Coco Chanel développe ses activités avec l’aide de ce dernier. En 1910, son amant britannique lui prête les fonds nécessaires à l'achat d'une patente et à l'ouverture d'un salon de modiste au 21 rue Cambon à Paris, sous le nom de « CHANEL MODES ». À l’été 1913, alors que le couple séjourne à Deauville, Boy Capel loue une boutique entre le casino et l’Hôtel Normandy. Comme à Paris, elle est modiste mais l’enseigne est changée en mentionnant son nom complet : « GABRIELLE CHANEL » ; la boutique ne désemplit pas. En 1915, à Biarritz, elle ouvre sa troisième boutique et première vraie maison de couture. Suivant sa seule inspiration, elle raccourcit les jupes, supprime la taille, en un mot elle libère le corps de la femme. Ses boutiques bénéficient de la clientèle de toute la société élégante qui s’est repliée pendant la guerre dans ces deux stations balnéaires.

Naissance d'un style : « la reine du genre pauvre »

Dès 1915, l'étoffe manquant, elle taille des robes de sport dans le jersey des sweaters de lads, ces tricots de corps pour les soldats, qu'elle a depuis longtemps adoptés. Libérant le corps, abandonnant la taille, Chanel annonce cette « silhouette neuve » qui lui vaudra sa réputation. Pour s'y conformer, les femmes s'efforcent d'être « maigres comme Coco », qui, d'un coup de ciseaux libérateur, devient une des premières femmes aux cheveux courts à créer des vêtements simples et pratiques, dont l’esthétique s’inspire d'une vie dynamique et sportive qui aime jouer avec les codes féminins/masculins.

En 1916, elle utilise la belle et élégante Adrienne comme mannequin à Deauville, qui est alors un lieu de villégiature à la mode. Elle y promène aussi sa propre silhouette androgyne, en testant ses nouvelles tenues contrastant avec leur extrême simplicité et leur confort sous les yeux d'aristocrates européennes encore très couvertes d'apparat et maintenues dans des corsets rigides. La pénurie de tissus due à la Première Guerre mondiale, ainsi que la pénurie relative de main-d'œuvre domestique ont créé de nouveaux besoins pour les femmes. Chanel, femme libre et active, perçoit ces besoins. Elle achète à Rodier des pièces entières d'un jersey utilisé à l'époque uniquement pour les sous-vêtements masculins.

En 1918, immédiatement après la guerre, elle commence à édifier peu à peu l’une des maisons de couture les plus importantes de l’époque, elle emploie plus de 300 ouvrières, et rembourse enfin Boy Capel refusant à jamais le statut de femme entretenue. La guerre terminée, Boy doit prendre femme, selon les codes de l'aristocratie anglaise. Coco en éprouve une insupportable humiliation. Mais, comme sa mère, elle accepte le pire au nom de l'amour. Elle aimera sincèrement Boy jusqu'à cette nuit du 22 décembre 1919 où, réveillée à 4 heures par un messager, on lui apprend qu'il s'est tué la veille sur la route. « En perdant Capel, je perdais tout. » avouera-t-elle 50 ans plus tard.

Profondément affectée par la mort de son amant, afin de ne pas sombrer dans le chagrin, elle se raccroche à son travail comme une forcenée. Cette attitude sera payante, car le succès de ses modèles va grandissant et l'incite à développer encore sa maison.

La « success story » continue

Dès 1921 à Paris, à côté de la luxueuse Place Vendôme, Coco Chanel annexe en quelques années les numéros 27, 29 et enfin 31 de la rue Cambon. Une adresse mythique où se trouve aujourd'hui encore la célèbre maison de couture qui porte son nom. Elle dispose en outre de ses propres fabriques de tissus en Normandie et s'associe avec les propriétaires de la marque Bourjois—les frères Wertheimer—afin de diffuser commercialement ses parfums. Ses liaisons masculines lui donnent souvent de beaux motifs d’inspiration, c’est ainsi qu’elle crée des robes à motifs slaves lorsqu'elle a une liaison amoureuse avec le Grand-duc Dimitri Pavlovitch de Russie, cousin du dernier tsar de Russie en exil qui lui aurait inspiré la forme du flacon de son célèbre N°5 (flasque de vodka des troupes russes). Elle fut aussi la maîtresse du poète Reverdy, avant que celui-ci de plus en plus mystique ne se retire à l'abbaye de Solesmes. Elle héberge Stravinski et les siens pendant deux ans à Garches. Plus tard, elle emprunte à son nouvel amant, le Duc de Westminster, réputé l’homme le plus riche d’Angleterre, des éléments de costume masculin, comme le chandail, la pelisse, le béret de marin ou la veste en tweed. Elle les adapte ensuite à la panoplie vestimentaire de la femme qu’elle souhaite moderne et dynamique, sachant allier le confort à l’élégance.

Elle est l'une des premières à lancer la mode des cheveux courts, elle s’oppose résolument à la sophistication prônée par Paul Poiret (qui accusait Chanel de transformer les femmes en « petites télégraphistes sous-alimentées ») (D'après la télésuite « Coco Chanel », elle aurait répliqué en disant qu'elle ne voulait pas de femmes ayant l'air d’« esclaves échappées de leur harem » en se référant à la mode orientaliste de l'époque). Elle privilégie une simplicité soigneusement étudiée, des tenues pratiques, comme le pyjama, à porter sur la plage comme en soirée ; les premiers pantalons, la jupe plissée courte, le tailleur orné de poches. Une mode qui s'inspire du sportswear en lieux balnéaires (golf, tennis, plage, yachting). Elle propose des cardigans en maille jersey sur des jupes courtes, le tout surmonté d'un chapeau cloche. De même les robes de cocktail taille basse s'arrêtant au-dessus du genou, que l'on peut associer aux danses charleston populaires entre 1925 et 1935.

En 1926, la célèbre petite robe noire (couleur jusqu’alors exclusivement réservée au deuil), fourreau droit sans col à manches 3/4, tube noir en crêpe de Chine, correspondent parfaitement à la mode « garçonne » effaçant les formes du corps féminin. Maintes fois copiée, cette « Ford signée Chanel » faisant référence à la populaire voiture américaine, ainsi que devait la qualifier le magazine Vogue, ne tardera pas à devenir un classique de la garde-robe féminine des années 1920 et 30.

Récusant le qualificatif de « genre pauvre » souvent accolé à ses créations, Chanel entend distinguer la véritable sobriété du dépouillement : si la toilette féminine doit être simple, celle-ci, en revanche, doit être agrémentée d’accessoires. Chanel recourt, par exemple, à de faux bijoux mêlant pierres semi-précieuses, strass et fausses perles, ainsi qu’à des bracelets ornés d’un motif « croix de Malte », ou encore à des broches d’inspiration byzantine ou à motifs d’animaux, de fleurs ou de coquillages — à la création desquels ont présidé Étienne de Beaumont, Paul Iribe et surtout, entre 1929 et 1937, Fulco di Verdura, qui a su conférer aux bijoux de Chanel leur identité propre.

Un cercle d'amis artistes

Lydia Sokolova et Anton Dolin en costumes du Train Bleu (1924)

Misia Sert, rencontrée en 1919 chez son amie Cécile Sorel, sera la meilleure amie de Chanel pendant l'entre-deux-guerres. Misia tenait salon, était l'hôtesse du gratin culturel et artistique de Paris; elle a ouvert les portes du « monde » à Coco. Égérie de nombreux peintres et musiciens du début du XXe siècle, Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard, Odilon Redon et Auguste Renoir, Misia Sert se fait connaître dans le milieu artistique parisien par ses talents de pianiste (elle était élève de Fauré) et par sa beauté. Elle fréquente Stéphane Mallarmé et Marcel Proust, puis Erik Satie, Colette, elle se lie avec Serge Diaghilev, Picasso, Cocteau et Serge Lifar. Les journalistes la surnomment la « Reine de Paris ».

La proximité de Chanel avec les artistes a toujours été à l'honneur. En 1924 elle réalise les costumes du Train Bleu, ballet de Bronislava Nijinska sur un livret de Cocteau et une partition de Darius Milhaud, créé par les Ballets russes de Serge Diaghilev. Elle était une personnalité du Tout-Paris, amie de Cocteau, pour lequel elle créera des costumes de scène : Œdipe roi (1937) et Antigone (1943). Elle signa des chèques qui évitèrent à Serge Diaghilev quelques précipices; elle paya même ses funérailles à San Michele de Venise. Elle réalise également des costumes pour le cinéma, notamment, en 1939, pour la La Règle du jeu de Jean Renoir.

On lui prête, en suivant Misia Sert, une liaison amoureuse avec le poète Pierre Reverdy à la fin des années 1930.

L'Empire Chanel

Parallèlement, Chanel est la première couturière à lancer ses propres parfums. Avec l’aide de son nez Ernest Beaux qui conçoit : No5 (1921), qui connaîtra une célébrité mondiale, mais aussi No22 (1922), Gardénia (1925) Bois des Îles (1926) et Cuir de Russie (1926). Pour diffuser internationalement son produit, Chanel fait appel à l'expérience commerciale des frères Pierre et Paul Wertheimer qui dès 1924 possèdent 70 % des parfums Chanel. Leurs descendants Alain et Gérard Wertheimer possèdent l'intégralité de la maison Chanel aujourd'hui.

Chanel saura s’adapter aux mutations des années 1930, au cours desquelles elle affrontera à la fois les revendications syndicales de ses ouvrières et l’étoile montante de la Haute Couture parisienne qu'était Elsa Schiaparelli. Privilégiant alors une silhouette plus épurée, Chanel présente notamment des robes du soir légères et transparentes en mousseline de soie, en tulle ou en laize de dentelle, le plus souvent dans des couleurs faussement neutres (blanc, noir ou beige), parfois brodées de perles ou de strass. Comportant une combinaison cousue à l’intérieur, la coupe très simple de ces robes permet à la femme du monde de s’habiller sans l’assistance d’une domestique. Un peu plus tard, elle crée les premières robes à balconnet, puis, en 1937, le style « gitane ».

Féminine, Mademoiselle ne se déplaçait jamais sans ses perles et avait un goût très prononcé pour les bijoux. Dès 1924, elle ouvre donc son atelier de bijoux fantaisie. Comme à son habitude, la créatrice sait s'entourer : Étienne de Beaumont puis le duc Fulco de Verdura contribuent au développement des bijoux de la maison. Mais, c'est en 1932 que Gabrielle Chanel défraye à nouveau la chronique. À la demande de la Guilde internationale du Diamant, Coco crée Bijoux de Diamants sa première collection de Haute Joaillerie. À l'honneur, les diamants sont montés sur platine, une extravagance que seule Coco peut se permettre après le krach de 1929.

En 1939, elle était alors à la tête d'une entreprise de 4 000 ouvrières qui fournissaient 28 000 commandes par an.

La guerre : fermeture de la maison et liaison amoureuse gênante

À l’annonce de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, elle ferme subitement sa maison de couture et licencie l'intégralité du personnel, se consacrant uniquement à son activité dans le domaine des parfums. Elle profitera alors de la confusion et de l’antisémitisme ambiant pour tenter de récupérer la marque de parfum Chanel No5. La célèbre fragrance dont elle ne détient les droits qu’à hauteur de 10 % est en fait la propriété d’une famille juive, les Wertheimer. Elle attire l’attention des pouvoirs publics sur la fausse « aryanisation » de la société Bourjois qui protège leurs intérêts alors qu’ils sont réfugiés aux États-Unis. Installée à l'Hôtel Ritz, parmi ses paravents en laque de Coromandel, elle y vit durant la Seconde Guerre mondiale de 1941 à 1944 avec l'officier nazi des services de renseignements SS Hans Gunther von Dincklage. Ils auront une liaison amoureuse au cours de laquelle Chanel tentera d'organiser une action de paix entre l'Allemagne nazie et la Grande-Bretagne (1943), mais l'opération, baptisée « Chapeau de couture », échouera. Seule l'amitié de Winston Churchill, qu'elle avait connu pendant sa liaison avec le duc de Wesminster, lui évite de graves ennuis à la Libération.

L'après-guerre, l'escapade en Suisse

En 1944, Coco Chanel décide de s'installer en Suisse, sur les hauts de Lausanne, au bord du lac Léman, elle y séjournera pendant 10 ans. Elle se fait soigner à la clinique Valmont et on peut souvent la rencontrer au tea-room Steffen, sur les hauts de Montreux, lieu de rencontre de nombreuses célébrités. Pendant ce temps à Paris le « newlook » de Christian Dior fait fureur : taille de guêpe et seins pigeonnants obtenus par la pose d'un corset ou d'une guêpière. Elle est effondrée, tout son travail de libération du corps de la femme serait-il réduit à néant ?

Le retour à Paris, le triomphe du tailleur en tweed gansé

Pourtant, en 1954, âgée de 71 ans, elle accepte de rouvrir sa maison sur l'insistance de ses commanditaires, les frères Wertheimer, qui comptent sur sa présence pour relancer la vente des parfums. Par ce biais, elle renoue avec la création. Sa première collection est pourtant mal accueillie, dans la mesure où elle s’inscrit résolument à contre-courant du style « newlook » de Christian Dior. Négligeant les balconnets et les formes bouffantes qui faisaient le succès de ce style d'après-guerre, Chanel impose de nouveau des robes près du corps, une silhouette androgyne au service de vêtements sobres et raffinés.

Le tailleur de tweed, dont la veste à quatre poches - d'inspiration militaire - est décorée de boutons-bijoux et ornée d’une ganse de couleur contrastée, complété par une blouse de soie réalisée dans le même tissu que la doublure, des chaussures bicolores et un sac matelassé à chaîne dorée, façonnent la nouvelle silhouette Chanel qui deviendra un classique.

Son style est copié partout dans le monde. Elle habille les actrices du moment, notamment Romy Schneider ou Jeanne Moreau dans Les Amants (1958) de Louis Malle, et Delphine Seyrig dans L'Année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais. Jackie Kennedy portait un tailleur Chanel rose lors de l'assassinat de son mari John F. Kennedy.

À partir de 1954, la création de bijoux est confiée à Robert Goossens. Parallèlement, de nouveaux parfums sont créés sous l’impulsion d’Henri Robert, nouveau « nez » de la maison, qui lance Pour Monsieur (1955), No 19 (1970) et Cristalle (1974).

Coco Chanel n'a pas d'appartement ni de maison, elle ne se sent pas chez elle dans le petit 2 pièces situé dans sa maison de couture. Elle s'installe alors dans une suite de l'Hôtel Ritz, pour des raisons pratiques tout d'abord, car l'hôtel est traversant entre la Place Vendôme et la Rue Cambon - juste à côté de la maison Chanel-, et certainement pour la luxueuse discrétion qu'offrent les grands palaces. Elle y séjournera fidèlement pendant une quinzaine d'années.

Mais Chanel est encore plusieurs fois confrontée à l’Histoire. Après les deux guerres mondiales, c'est la minijupe popularisée autour de 1965 par Mary Quant et Courrèges qui a fait l'effet d'une bombe et la met en colère. Rien n'y fera, « Mademoiselle » ne relèvera pas la jupe au-dessus du genou, car elle pense que les genoux sont laids. Elle continue donc de varier son classique tailleur avec des jupes sous le genou, faisant fi de la mode des midinettes de l'époque, qui importaient des apparences anglaises et américaines, véhiculées par la musique pop. Les défilés de haute-couture ont toujours eu lieu dans les salons du 1er étage du 31 rue Cambon dans un silence religieux, Coco, comme à son habitude, est assise sur les marches de l'escalier qui mène à l'étage supérieur, elle observe les réactions de ses clientes par le biais de miroirs qui tapissent les parois de l'escalier.

Fin de carrière

En mai 68, la vague hippie change la donne de la mode. Chanel affirmait que les modes n’étaient bonnes que lorsqu’elles descendaient dans la rue, et pas quand elles en venaient. Chanel devient tyrannique, s’enferme dans son monde, fait d’essayages, de défilés, de mannequins et de courtisanes.

Sèche et acariâtre, Coco Chanel est très seule, elle est accompagnée dans ses dernières années par sa confidente de longue date Lilou Marquand. Elle souffre de blessures intimes jamais cicatrisées que masque mal sa renommée professionnelle de femme de fer ne montrant pas son désespoir.

Le 10 janvier 1971, à l'âge de 87 ans, elle meurt dans sa suite de l'Hôtel Ritz à Paris. Elle est enterrée au Cimetière du Bois-de-Vaux à Lausanne, Suisse.

Anecdotes

  • C'est Coco Chanel qui lança la mode des peaux bronzées, après un bronzage accidentel lors de ses vacances en mer du Nord, alors qu'avant les peaux claires étaient à la mode. À la fin de sa vie, elle reviendra sur cette mode en insistant sur l'aspect dangereux de trop fortes expositions au soleil.
  • Ses intimes la surnommaient « Mademoiselle ».
  • De 1955 à sa mort, elle se rendait à son travail presque quotidiennement vêtue d'un imperméable attaché à la taille qu'elle nommait « caoutchouc ».

Citations

  • « Dans une réception, si l'on dit à une femme : quelle belle robe ! c'est que sa robe est ratée. Mais si l'on dit : quelle belle femme ! c'est que sa robe est réussie. »
  • « Je ne fais pas la mode, je suis la mode. »
  • « J'ai rendu au corps des femmes sa liberté; ce corps suait dans des habits de parade, sous les dentelles, les corsets, les dessous, le rembourrage. »[7]
  • « Quand on me demande mon âge, je réponds: après 50 ans, ça dépend des jours. »[7]
  • « La mode se démode, le style jamais. »

Cinématographie

Notes et références

  1. Philippe Pierre, Chanel : La vie comme un roman, Sodaperaga, 2003 (lire la présentation)
  2. a , b  et c Caroline Constant, « Coco Chanel », dans l'Humanité [lire en ligne]
  3. Le Portail des Antiquaires, Coco Chanel – « Un parfum de solitude et de réussite », (page consultée le 4 août 2007), <http://www.leportaildesantiquaires.com/index.asp?ID=652>
  4. Colombe Pringle, « La double vie de la Grande Mademoiselle », dans l'Express.fr, (page consultée le 4 août 2007), <http://www.lexpress.fr/mag/arts/dossier/vieprivee/dossier.asp?ida=22997>
  5. Martine Marcowith, « Chanel », dans Weekend, lire en ligne
  6. Pantalon d'équitation importé des Indes par les officiers anglais, ajusté du genou à la cheville et qui se porte sans bottes. Empr. à l'anglais jodhpurs « id. », abréviation de Jodhpur breeches « pantalon de Jodhpur » (nom d'une ville de l'état du Rajasthan, dans le nord-ouest de l'Inde). Cf. angl. Jodhpur riding-breeches. Source : http://atilf.atilf.fr.
  7. a  et b Sylviane Degunst. Coco Chanel : Citations. Paris : Éditions du Huitième Jour, 2008. ISBN 978-2-914119-82-5
  8. "Coco Chanel" telepic boasts pleasing aroma, Reuters, 11 septembre 2008.
  9. À la RTBF les 13 et 20 décembre 2008 (journal belge Le Soir des 13-14 décembre 2008, page 42 : La loi de Coco — Avant le film avec Audrey Tautou, le téléfilm avec Shirley MacLaine).
  10. Sur France 2 les 29 et 30 décembre 2008.

Voir aussi

Articles connexes

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Bibliographie

  • Edmonde Charles-Roux, L'Irrégulière ou mon itinéraire Chanel, Grasset, 1974
  • Paul Morand, L'Allure de Chanel, Hermann, 1976
  • Edmonde Charles-Roux, Le temps Chanel, Éditions du Chêne, 1979
  • Lilou Marquand, Chanel m'a dit…, JCLattés, 1990
  • Isabelle Fiemeyer, Coco Chanel, un parfum de mystère, Éditions Payot & Rivages, 1999
  • Louise de Vilmorin, Mémoires de Coco, Éditions Gallimard, 1999
  • Henry Gidel (textes), Coco Chanel. – Paris : J'ai lu, 2000
  • Claude Delay, Chanel solitaire, Gallimard, 1983 : J'ai Lu, 2001
  • Brigitte Labbé et Michel Puech (textes), Jean-Pierre Joblin (illustrations), Coco Chanel. – Toulouse : Milan jeunesse, coll. « De vie en vie » no 17, 2005
  • Cyril Eder, Les comtesses de la Gestapo. Grasset, Paris 2007
  • Marcel Haedrich, Coco Chanel, Coco par Chanel, Gutenberg, 2008 (ISBN 2352360404)
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