Galleguisme (politique)

Galleguisme (politique)

Galleguisme (politique)

Estreleira : drapeau issu des mouvements politiques de la gauche galicienne et qui est devenu au début du XXIe siècle le symbole du nationalisme galicien.

Le galleguisme (galeguismo en galicien) est un synonyme de nationalisme galicien, toutefois il recoupe plusieurs réalités historiques en Galice depuis la renaissance du prestige littéraire de la langue au XIXe siècle jusqu'au XXIe siècle.

Le galleguisme recoupe en premier lieu les mouvements précurseurs du nationalisme galicien[1] : le « provincialisme galicien » (1840 - 1865), le « fédéralisme galicien » (1865-1875) et le « régionalisme galicien » (1875 - début du XXe siècle).

Par la suite le galleguisme s'exprime dans des partis politiques qui reconnaissent dans leurs valeurs une identité nationale galicienne, et c'est ainsi que sont galléguistes des partis nationalistes, indépendantistes régionalistes et même des partis sans revendications institutionnelles. Aujourd'hui le galléguisme couvre un éventail politique de l'extrême-droite à l'extrême gauche qui y vient tardivement. Il est essentiellement incarnée par des personnalités comme Manuel Lugrís Freire, Celso Emilio FerreiroAntón Villar Ponte, Castelao, Ramón Piñeiro, etc. Le galleguisme s'exprimme aussi dans la société contemporaine par l'activité de bon nombre d'institutions tant publiques que privées.

Le terme galleguisme se différencie du concept nationalisme surtout lorsqu'il est question de la langue de la Galice, communauté autonome du royaume d'Espagne [2]. Effectivement les locuteurs de la langue résistent d'une part au galicien normé, car il apparait comme superficiel face aux variétés locales, et ils ne peuvent pas non plus se reconnaître dans la proposition réintégrationniste aux dires mêmes de Ricardo Carvalho Calero, la différence de prononciation entre les deux langues est un handicap majeur[3].

Le galleguisme ne doit pas être confondu avec le « pangalleguisme », en galicien pangaleguismo, terme utilisé en 1918 par Antón Vilar Ponte, repris par la suite et qui exprime la défense des formes et des valeurs de la conscience d'un civisme et d'une culture propres à la Galice, dans et hors du territoire de la Galice. D'autres termes « historiques », proches du galleguisme sans le recouper, alimentent aussi les nationalisme et régionalisme galiciens  : la galaicidade ou galeguidade, la galusofonía.

Sommaire

Histoire

Le galleguisme, courant idéologique d'un sentiment national apparait vers le milieu du XIXe siècle, dans le contexte européen du romantisme et du positivisme. Au début, fait d'intellectuels, qui accordent à l'histoire la primauté pour identifier une nation, ensuite la langue galicienne passera au premier plan avec les Confréries de langue (Irmandades da Fala), son expression politique apparait sous la IIè République. L'histoire basée sur des faits historiques et sur des faits "inventés" va nourrir et développer une identité ethnique la "galéicité" (galeguidade), base du nationalisme galicien, sentiment identificateur qui va perdurer et se développer, mais aussi revendication régionaliste devenue après la transition démocratique une politique "obligée" pour le centre-droit et en particulier pour l'Alianza Popular (devenue Partido Popular en 1989) qui, de fait, a contribué à une certaine restauration du prestige social du galicien.

Le Provincialisme

Le Régionalisme

Les Confréries de la Langue (Irmandades da Fala)

Le terme est utilisé à partir de la constitution de la première Irmandade da Fala en 1916 à A Coruna. Les Irmandades étaient une organisation à laquelle prenaient part la petite bourgeoisie et les intellectuels, créee à l'initiative essentiellement de Antón Vilar Ponte dont les objectifs comprenaient entre autres, l'autonomie de la Galice. L'organisation des Irmandades est un mouvement, le premier à assummer le monolinguisme, et non un parti politique ; toutefois ce mouvement tente de regrouper avec des objectifs politiques à l'instar des partis politiques.

La revendication de base de ce mouvement était la langue galicienne, les Irmandades centraient leur activité presque exclusivement sur la conquête d'un statut de la langue galicienne. Au cours de la décennie suivante le galleguisme se scinde en deux courants : d'une part le courant républicain autonomiste de l'ORGA, conduit par Santiago Casares Quiroga et Antón Vilar Ponte lui-même, fondé à La Corogne en 1929 (l'ORGA sera intégrée pendant la Seconde République dans la Gauche Républicaine de Manuel Azaña), et d'autre part le courant nationaliste, autour du Parti Galleguiste de Castelao, fondé en 1931 et en incluant de nombreux militants provenant de l'ORGA, comme Antón Vilar Ponte. L'ORGA était partie prenante de l'Accord de Saint-Sébastien (1930).


Éclosion politique: un parti politique galleguiste

Avec l'avènement de la Seconde République, en 1931, plusieurs bases et avant-projets d' un statut d'autonomie ont été rédigés, la proposition définitive a été approuvée en décembre 1932 par l'Assemblée Municipale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le statut a été approuvé par référendum le 28 juin 1936 et par les cortès espagnoles en 1937, en pleine guerre d'Espagne. Dès les premiers jours de la guerre civile la Galice est tombé entre les mains des insurgés, de ce fait le statut n'a jamais été appliqué. Beaucoup de galleguistes se sont exilés pour fuir la répression franquiste.


Le galleguisme sous la dicature franquiste

Pendant la dictature franquiste, quelques intelletuels ont maintenu le galleguisme dans l'exil. La fondation de Galaxia Éditoriale en 1950 à Saint Jacques de Compostelle a été un des faits les plus significatifs de la survie du galleguisme. Les nouveaux partis ont intégré la pensée marxiste et préfèrent la dénomination de "nationalistes", et adoptent l'estreleira ( bannière étoilée) comme drapeau nationaliste galicien.


La transition démocratique

Avec la chute du franquisme, le galleguisme se réactive et les forces politiques majoritaires de la Galice s'identifient au "galleguisme".

Le galleguisme dans la société contemporaine

Les institutions publiques et des entités privées (associations, fondations...) organisent des activités pour préserver la culture et la langue galicienne.

La Journée des lettres galiciennes de 2009 rend hommage à Ramón Piñeiro (1915-1990), une des figures historiques du galleguisme du XXe siècle et théoricien du galeguismo difuso (galléguisme diffus) : « A maioría de idade política de Galicia ten que consistir mesmamente en que deixe de existir un partido galeguista para que fosen galeguistas todos os partidos democráticos. » (La majorité d'âge de la politique en Galice doit se traduire expressément par le fait qu'il n'y ait plus de parti galleguiste, mais que tous les partis démocratiques soient galléguistes.)

Le prix Premio Trasalba.

Notes et références

  1. Justo Beramendi González auteur du chapitre 16 « El galleguismo político (1840-1936) » (Le galleguisme politique) in Historia contemporánea de Galicia, 2005, coordonnateurs Jesús de Juana et Julio Prada, éditeur Ariel, ISBN 84-344-6790-9.
  2. Par exemple l'Université de Laval qualifie de galléguiste le Parti Populaire de Galice ; voir ici la rubrique Le galicien normalisé ou officiel , rubrique où l'on trouve les deux phrases « Le galicien officiel (standard) est celui qui est préconisé par un petit groupe d'intellectuels et de politiciens proches du Partido Popular (Parti populaire) au pouvoir très pro-espagnol depuis toujours » et « En Galice, ceux qui ne partagent par l'idéologie galéguiste accusent les autres d'être «isolationnistes» (les isolacionistas) et de condamner le galicien à toujours demeurer une forme régionale et dialectalisée de l'espagnol (en réalité du portugais), une sorte de code alternatif, sans variétés ni registres, utilisé uniquement à des fins administratives et liturgiques, alors que le public parle une langue différente. »
  3. Ricardo Carballo Calero, Sobre lingua e literatura galega, Editorial Galaxia, Vigo, 1971 

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Historia contemporánea de Galicia, 2005, coordonnateurs Jesús de Juana et Julio Prada, éditeur Ariel, ISBN 84-344-6790-9
  • Les nationalismes dans l'Espagne contemporaine -Idéologies, mouvements, symboles, Collectif coordonné par Jean-Louis Juereña, éditions du temps 2001, ISBN 2-84274-183-8
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