Gaspard Severin Duchastel

Gaspard Severin Duchastel

Gaspard-Séverin Duchastel

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Gaspard-Séverin Duchastel
Blason des du Châtel
Blason des du Châtel

Nom de naissance Gaspard Séverin du Châtel
Surnom(s) Le revenant de la tyrannie
Naissance 20 février 1766
Cersay
Décès 31 octobre 1793 (à 27 ans)
Place de la Révolution à Paris
Nationalité Blason France moderne.svg Française
Profession(s) L’un des administrateurs des Deux-Sèvres
Chef de légion des gardes nationaux de Thouars
Député des Deux-Sèvres,
Autres activités Garde du corps du roi
Famille Duchastel-du Chastel-du Châtel
Compléments
Ecuyer

Gaspard-Séverin Duchastel est à Cersay (Deux-Sèvres), le 20 février et le 23 février 1766 et il est mort guillotiné le 31 octobre 1793, place de la Révolution, à Paris.

Fils et beau-frère de présidents trésoriers de France au bureau des finances de Poitiers, né dans un château, écuyer, Gaspard Séverin du Châtel est admis dans les gardes du corps du roi en 1786[1] et est seigneur de différents lieux avant 1789. Mais, après la nuit du 4 août, il se fait appeler Duchastel et se dit fermier. Révolutionnaire modéré, il devient l’un des administrateurs des Deux-Sèvres et le chef de légion des gardes nationaux de Thouars avec lesquels il combat les Vendéens. Il est élu député des Deux-Sèvres, à la Convention nationale. Mais, il choisit d’être l’un des députés girondins et ose venir voter contre la mort du roi Louis XVI de France, bien que très malade. En partie de ce fait, il est guillotiné au début de la Terreur avec d’autres chefs girondins.

Sur son acte de baptême, son patronyme est du Châtel. Toutefois avant 1789, ce nom s’écrit parfois du Chastel et après 1789 son nom est Duchastel. Toutefois sur la procédure de 1793 on peut lire du Chastel.

Sommaire

Sa famille

Son père, François du Châtel (1734-1788), sieur de La Pinarderie, est pourvu dès le 13 août 1760 de l’office anoblissant de président trésorier de France au bureau des finances de Poitiers et l'exerce jusqu'en 1781, année où il reçoit des lettres d'honneur, le 12 septembre 1781[2]. François du Châtel reçoit le 29 juin 1781, de la généralité des habitants de la paroisse de Cersay, concession d'un banc dans la dite église. Il achète la seigneurie de Bouillé-Saint-Paul avec ses dépendances : Rochefou et le clos de La Relandière à Louis-Marie-Bretagne de Rohan-Chabot (1710-1791), prince de Léon et pair de France[3].

Les du Châtel, ou Duchastel ou bien encore du Chastel sont une ancienne famille de Chouzé-sur-Loire (Élection de Saumur-Anjou) qui se divise en plusieurs branches, et dont certains membres sont en 1789 en train de s’agréger à la noblesse, alors que d’autres restent marchands. Emmanuelle du Châtel, d’abord mariée au neveu d’un autre conventionnel, Claude-Nicolas Leclerc, mère de Frédéric Le Clerc et qui va vivre 20 ans avec Pierre Bretonneau est une cousine de Gaspard-Séverin Duchastel. Louis Claude du Chastel, futur maréchal de camp et grand officier de la Légion d'honneur, un autre de ses cousins, fait toutes les guerres de la Révolution et les guerres de l’Empire et ne semble pas avoir été inquiété pendant la Terreur[4].. Mais, l'un de ses oncles, Pierre-François Pichereau de Geffrut, maire de Chinon (1790-1791) est guillotiné le 11 janvier 1794. Félix Le Royer de La Sauvagère était le père d'une cousine proche.

Du Châtel de La Pinarderie a un frère qui est sieur d’une autre terre, Serre, mais qui meurt jeune. Sa sœur, Jeanne Françoise du Châtel se marie à Charles Aimé Fouqueteau des Mortiers qui succède à son beau-père comme président trésorier de France au bureau des finances de Poitiers. Ils hériteront après la Révolution des biens de Gaspard Séverin. À l’époque où Duchastel et son cousin germain, Louis Claude du Chastel, combattent en Vendée, Charles Aimé Fouqueteau des Mortiers sert dans les armées vendéennes.

Biographie

La jeunesse de Gaspard Séverin du Châtel est très courte. Son père meurt en 1788 et il doit gérer plusieurs seigneuries. Il n’a que 22 ans et dès le début de la Révolution, il se retrouve avec des responsabilités importantes. Il est guillotiné à l’âge de 27 ans. Dans cette courte existence l’on peut toutefois différencier plusieurs périodes.

Sa jeunesse

Gardes du corps de Louis XVI.

Gaspard Séverin du Châtel fait de bonnes études à Poitiers. Contrairement à la légende que forgeront certains historiens au XIXe siècle, il n’a pas été uniquement élevé dans les soins d'une ferme[5] et ne sert pas en qualité de soldat, comme l’affirme pour le défendre son collègue des Deux-Sèvres, Jard-Panvilliers.

S’il a vécu dans une ferme, c’est certainement pendant sa petite enfance et c’est une coutume dans l’aristocratie de confier ses enfants à une nourrice, puis à des métayers. Après ses études, il a le privilège d’être admis en 1786 dans les gardes du corps du roi. Pour être admis aux gardes, il faut être catholique, avoir une taille de 5 pieds[6], 5 pouces[7] soit environ 1,78 m au moins, être vigoureusement constitué, bien visé, et gentilhomme, c'est-à-dire de famille vivant de son revenu ou tout au moins hors du commun. Les officiers appartiennent à la grande noblesse. Les équivalences de grades sont différentes et un simple garde est souvent un ancien officier dans un régiment de ligne ou des milices provinciales. Du Châtel de La Pinarderie, ne doit pas franchir cette étape, ce qui montre que sa famille est très considérée à la cour et qu’il a fait d’excellentes études.

Alphonse de Lamartine nous fait une sorte de portrait de Gaspard Séverin du Châtel : L'élévation de sa taille, l'attitude martiale de son corps, la grâce et la noblesse de sa figure attiraient tous les yeux. Carra, député de Saône-et-Loire à la Convention, était assis à côté de du Chastel. L'expression commune et désordonnée de sa physionomie, son corps courbé, sa tête grosse et lourde, ses habits négligés, qui rappelaient le costume de Marat, contrastaient avec la stature et avec la beauté de du Chastel[8]. Charles Nodier nous parle de sa belle et longue chevelure livrée aux valets du bourreau Sanson... Il étoit avec Jacques Pierre Agricol Mainvielle le plus beau des accusés[9]. Louvet évoque aussi la rare beauté de ces formes et de sa figure apolloniennes.

Seigneur de Bouillé-Saint-Paul

Sénéchaussée de Saumur sous l'Ancien régime : Bouillé-Saint-Paul, Cersay et le village de ses ancêtres, Chouzé-sur-Loire, en font partie.

Son père, François du Châtel meurt le 23 mars 1788 et il se retrouve sieur de La Pinarderie, de La Serre et de la seigneurie de Bouillé-Saint-Paul avec ses dépendances : Rochefou et le clos de La Relandière. Dès ce décès il démissionne et vient habiter à Rochefou à Cersay pour s’occuper d’agriculture, en tant que riche propriétaire d’Anjou. Sa sœur se marie, elle-aussi très rapidement, le 20 juillet 1789 à Saumur.

Malgré ses origines nobles et une très grande fois religieuse, Gaspard Séverin du Châtel va combattre pour défendre les idées nouvelles et être un élu du peuple.

Mais il ne se bat pas contre ses compatriotes, comme l’écrivent certains historiens. Cersay et Bouillé-Saint-Paul sont des communes des marches d'Anjou qui ne se sont jamais senties Vendéennes[5]. Les Deux-Sèvres sont l’un des départements qui compte le plus de prêtres jureurs à l'opposé de ceux de Vendée et de Bretagne.

Guerre de Vendée

Le 15 novembre 1790, Gaspard-Séverin Duchastel est élu pour siéger au directoire du département des Deux-Sèvres et administrateur des Deux-Sèvres. Il est nommé chef de la légion des gardes nationaux de Thouars.

Carte de la Vendée militaire

Les premiers troubles ayant éclaté dans le nord du département, annonçant ce qui l’année suivante sera le début des guerres de Vendée, il part en mission en août 1792, comme commissaire pour organiser la lutte contre les insurgés. Le 24 août, il sera à la tête des patriotes qui devant Bressuire, remportent la victoire. Il n’est toutefois pas un Carrier : Une partie des membres de la Garde Nationale de Thouars apporte des oreilles des vendéens qu'ils ont tués. Duchastel essaie d'éviter un massacre des prisonniers, mais on les égorge jusque dans ses bras[10].

Les habitants de la région apprennent qu'il a refusé tout avancement, et à cette époque où deux hautes vertus des républiques, le désintéressement et la modestie, sont, par une exception rare dans notre histoire, estimées à leur valeur, le soldat se voit avec surprise transformé en député, sans avoir ambitionné ces nouveaux hasards plus dangereux que ceux des batailles[11]. En effet, Gaspard-Séverin Duchastel, le 5 septembre 1792, est élu député des Deux-Sèvres à la Convention nationale, le quatrième sur sept.

Un député Girondin

Le 5 septembre 1792, Gaspard-Séverin Duchastel est élu par le département des Deux-Sèvres, député à la Convention nationale. Étant donné les circonstances dramatique de l'élection, seuls les citoyens les plus décidés se sont déplacés. De ce fait les élus sont tous de fervents révolutionnaires. Il va rapidement sympathiser avec les Girondins, qui se retrouvent à la droite de la Convention nationale.

Il est l’un des treize membres du Comité d'aliénation des domaines nationaux.

La Convention dite girondine, car dominée par les députés qui seront au XIXe siècle baptisés Girondins doit juger le roi.

Le procès du roi

Appel nominal sur le jugement de Louis XVI, supplément au numéro 77 du journal « Le Républicain », première page

Le 11 décembre 1792, Louis XVI fait son entrée dans la salle de la Convention nationale, où il va être jugé.

Article détaillé : Procès de Louis XVI.

L'aigreur de ces débats, parfois si peu judiciaires et si étrangers à ses mœurs, consterne Duchastel[5]. Dans les discussions préalables au procès du roi, Gaspard-Séverin Duchastel ait déjà laissé entendre, qu’à son sens la Convention n’avait le droit que d’exiger l’abdication du monarque et son bannissement.

Alors que l’appel nominal sur la peine à appliquer au roi est terminé, Duchastel tombe très gravement malade. Il ne peut donc aller à la Convention lors des deux premiers votes. Pierre Daunou, Jard-Panvillier et Auguis, deux députés des Deux-Sèvres discutent fébrilement au sujet de son absence. Pierre Dubreüil-Chambardel les informe qu’il est malade. Mais Auguis affirme que Duchastel est en état de quitter sa chambre qu’il occupe à l’hôtel des Victoires, rue des Fossés-Montmartre, n°39, à Montmartre. Et son ami, le docteur Jard-Panvillier va le chercher en précisant à Pierre Daunou qu’il est prêt à le porter sur ses épaules[12]. Plusieurs autres partisans du roi volent chez Duchastel.

Gaspard-Séverin Duchastel se fait porter devant la tribune pour prendre part au vote. Il est pâle, défait, enveloppé d'une couverture et la tête entourée de linges et coiffé d’un bonnet de nuit. Certains le disent mourant. D’autres en voyant Duchastel monter avec fermeté à la tribune[13] à cause de son costume et de cet acte, le surnomment le revenant de la tyrannie. Mortimer-Ternaux, dans son Histoire de la Terreur, donne une version légèrement différente des faits : ... À ce moment, la discussion est interrompue par une vive agitation qui se manifeste à l’une des portes de la salle. C’est Duchastel (des Deux-Sèvres) qui arrive sur une civière, et qui, quoique tremblant de fièvre, s’est fait apporter pour déposer son vote. Il monte péniblement à la tribune et demande à user de son droit.

L'exécution de Louis XVI.

Gaspard-Séverin réclame en effet à la tribune le droit de voter. Néanmoins de furieuses exclamations se font entendre de la Montagne et des tribunes remplies de sans-culottes. Le scrutin est fermé ! crie la Montagne avec fureur. On fait observer que la délibération n’a pas été déclarée close ; que, bien plus, il existe un décret formel et spécial qui autorise les absents à se présenter au rappel.

Lecointre commet alors une gaffe historique. Le député de Seine-et-Oise met les partisans de la mort dans de beaux draps lorsqu’il déclare : Le scrutin est fermé, le citoyen collègue ne peut voter car, à cet instant le résultat de l’appel nominal est connu. Or le résultat n’est pas proclamé[14]. Mais, Delacroix, régicide portant parmi les plus acharnés se bat pour que Duchastel puisse voter.

Roger Ducos demande le décret d'accusation contre un membre qui a servi dans la garde du roi ; car on ne peut être de la maison du roi sans être coupable, témoin Marbot qui avait été garde du corps du roi, et qui était un des meilleurs patriotes que je connus dans l'assemblée législative.

Satire sur la mort de Louis XVI, caricature anonyme de 1793 présentant un sans-culotte dansant au milieu des horreurs.

Jard-Panvilliers crie : J'atteste que le citoyen Duchastel a servi en qualité de soldat, non de garde du roi.

Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède déclare : Président, maintenez la parole à l'orateur : c'est un trait précieux pour l'histoire que celui qu'offrent deux hommes opinant dans le même sens, dont l'un s'attache à exalter les vertus patriotiques et l'attachement désintéressé des Bourbons à la patrie, et dont l'autre assure qu'on est sans honneur et sans probité, quand pour son malheur on a approché du palais des rois[15].

L’Assemblée, malgré l’opposition de Duhem et de quelques autres Montagnards permet au député des Deux-Sèvres de voter. Il déclare : Je ne pensais pas ici entraîner du désordre. Je viens d’apprendre que la majorité était très peu prononcée… Je me suis alors décidé à venir dans ce costume. La question telle qu’elle est posée me parît vicieuse. La déchéance me serait la seule peine légale. Je vote le bannissement de Louis[14].

Réflexions de G.-S. Duchastel, du département des Deux-Sèvres, sur la condamnation à mort du roi

Mais de nouvelles réclamations s’élèvent contre la tolérance dont il a été l’objet. Un député montagnard de l’Aveyron, Seconds, dénonce le courageux malade :

- Je viens d’entendre Duchastel dire à un collègue assis près de moi : je ne suis venu que pour cela. Je demande que ce vote ne soit pas compté.

- Et moi s’écrie un autre montagnard, Charlier, je demande que Duchastel soit interpelé sur la question de savoir qui l’a envoyé chercher.

Cette proposition inquisitoriale soulève de violents murmures même sur les bancs de la gauche. Un député du département de la Gironde, qui votait d’ordinaire avec la Montagne et venait d’opiner pour la mort, Garrau s’écrie :

- Pour l’honneur de la Convention nationale, au nom de la justice et de l’humanité, au nom de votre propre gloire, je demande que le suffrage du citoyen Duchastel soit compté. S’il eût voté pour la mort, j’eusse moi-même réclamé la radiation de son suffrage ; il a voté pour l’indulgence, je demande que sa voix soit portée au recensement[16].

Ces paroles mettent fin au débat ; un décret formel déclare que le vote de Duchastel sera compté. Mais, il ne se présente pas le lendemain pour voter sur l'éventualité d'un sursis, étant toujours malade. La haine secoue la Convention, on revient sur l’incident Duchastel, on parle de complot, d’atteinte au bonheur du peuple, de trahison, de félonie[17]

Les conséquences de son vote

Peu à peu la Terreur se met en place. Duchastel est l'ennemi idéal : noble, ancien garde du roi, élu du peuple coupable d’avoir voulu sauver le tyran.

A partir de ce moment, il est marqué pour la mort, même si le 13 avril 1793 il peut encore voter pour la mise en accusation de Marat. Dans sa région, la municipalité de Brissac-Quincé, localité d’où partiront en janvier 1794, deux colonnes infernales, l’arrête et le fait conduire à Doué-la-Fontaine. Il présente un passeport de la Convention nationale et est remis en liberté. Ces accusations viennent de Pierre Bourbotte qui bien que montagnard sera accusé de mesures oppressives pendant la Terreur, du fait de sa responsabilité dans les milliers de condamnations à mort dues à la Commission Bignon.

Le 28 mai, il vote pour que le décret qui avait cassé la Commission des Douze la veille soit rapporté.

Un décret du 29 mai 1793 désigne Gaspard-Séverin Duchastel aux fonctions de commissaire à l’armée du Nord. Il est élu par la majorité des députés. Mais attaqué par Collot d'Herbois qui l’accuse d’avoir voulu sauver le tyran, il répond : J’ai donné mon opinion contre la mort de Louis Capet au président qui ne put la lire je me rendis quoique malade à l’Assemblée. Au surplus puisque je n’ai pas la confiance de ces Messieurs, je n’accepte pas la commission.

Duchastel n’est pourtant pas proscrit comme les autres Girondins après le 2 juin 1793 et le commencement de la deuxième phase de la Terreur. Toutefois, il juge plus prudent de quitter Paris pour rejoindre des fugitifs à Caen.

Fuir la Terreur

Gaspard-Séverin Duchastel est conduit de Bordeaux à Paris garrotté, comme par la suite les insurgés espagnols que peindra Francisco de Goya.

Le 15 juin 1793, sur rapport de Berlier, au nom du Comité de Salut public, Duchastel est décrété d'accusation d'avoir déserté son poste et entretenu une correspondance criminelle avec les chefs des rebelles de Vendée.

Le 11 juillet 1793, il est remplacé par son suppléant Chauvin-Hersault.

Gaspard-Séverin Duchastel passe à Nantes, puis à Quimper, d’où il parvient à atteindre Bordeaux. Il est prêt à s'embarquer pour Philadelphie, lorsqu'il est dénoncé et arrêté par le représentant Ysabeau, le 3 Brumaire an II.

Dans ses Mémoires, Jean-Baptiste Louvet de Couvray le décrit comme un jeune insouciant pourtant très courageux : « c’était un jeune homme intrépide que Duchastel ; mais sa légèreté son imprudence allaient jusqu'à la témérité. En ce moment, par exemple, il logeait à l’auberge et sous son nom ; il se promenait par toute la ville, ne cachait à personne qu’il était député et proscrit… Au reste que de qualités rachetaient ce défaut ! De quel véritable courage il avait fait preuve en des temps difficiles ! »

Gaspard-Séverin Duchastel est conduit de Bordeaux à Paris garrotté par ses gardiens qui craignent qu’il ne s’évade et jeté dans un cachot à la Conciergerie[18].

L’insurrection fédéraliste est rapidement matée, obligeant les chefs à se suicider (Buzot, Clavière, Pétion, Roland).

La prison

Les Girondins à la prison de la Force après leur arrestation. Gravure de 1845

Gaspard-Séverin Duchastel est incarcéré à la Conciergerie, le 3 octobre 1793 avec les vingt autres chefs girondins. Il voit et condamne ses erreurs passées et adopte une attitude différente à celle ses collègues.

Le sang appelle le sang, et quiconque a tué de l'épée sera dévoué à l'épée. Sacrifice pour sacrifice, ajoute du Châtel après l'homicide, l'expiation…Je n'ai point de terreur, je vais mourir. La terreur est pour les coupables… Du Châtel malgré leur opinion différente sur les évènements passés tend la main à Vergniaud. Il ne veut pas copier l’attitude de certains Girondins lors du procès du roi[19]. Mais il se lève enfin, avec cet air calme et fier qui donne à son jeune âge quelque chose de la gravité d'une vieillesse solennelle, et crie : Vive le roi ! et puis Vivent le Roi et la Liberté!. Dieu m'est témoin, ou il me sera témoin bientôt que mon patriotisme ingénu et fidèle ne s'est réconcilié avec la pensée d'une monarchie populaire, assise sur les droits imprescriptibles de l'humanité, que dans le désespoir d'une république impossible, ou dans la honte d'une république mensongère et hypocrite qui s'allaite pour grandir du sang des plus pures victimes[20].

Ce jeune homme que tout le monde dit discret et prude, devient encore plus pathétique. Aucun sentiment agréable ne semble éclaircir sa physionomie naturellement grave et rêveuse. On le voie immobile, silencieux, pénétré d'une préoccupation inconnue, comme un homme qui cherche à se recueillir et à se rendre compte d'un mystère pénible et mal débrouillé[21].

Le procès

Du Châtel est accusé d’avoir envoyé Charlotte Corday tuer Marat.

Gaspard-Séverin du Châtel est avec les vingt autres chefs Girondins traduit devant le tribunal révolutionnaire.

L’accusateur public l’accuse d’avoir comploté avec Pétion et envoyé Charlotte Corday tuer Marat. Il le dit aussi à l’origine de l’insurrection fédéraliste. Du Châtel lui réplique que quand il a rencontré Pétion Marat était déjà mort. Il lui réplique aussi qu’il ne peut être déclaré coupable de conspiration contre l'unité et l'indivisibilité de la république, car quand il est arrivé dans le Calvados l’insurrection fédéraliste était déjà commencée. Il précise qu’il ne s’y serait pas rendu s’il en avait été averti.

Martial Joseph Armand Herman, président du Tribunal révolutionnaire sur la proposition de Maximilien de Robespierre, lui demande s’il était bien venu en bonnet de nuit voter contre la mort du monarque, il répond courageusement : Comme je n’ai à rougir d’aucune de mes actions, je déclare que c’est moi. Il est condamné à mort le 9 Brumaire an II et exécuté le lendemain 31 octobre 1793.

Tous les accusés sont condamnés sans exception, et ils accueillent leur sentence par le cri de : Vive la République ! Du Châtel se contente de rester méditatif[22].

Sa mort

L’exécution des Girondins.

La veille de l’exécution, du Châtel et Pierre Lehardy obtiennent d'être réunis, en ce dernier moment aux abbés Émery et Lothringer[23].

En allant de leur prison à la Place de la Révolution, le 31 octobre 1793, des hurleurs leur crient : Mort aux traîtres !. La plupart des Girondins les écoutent sans réagir ou en criant : Vive la république ! Gaspard Duchastel est dans la première charrette avec Armand Gensonné, Jean-Louis Carra et Marc David Lasource. Aux insulteurs, il riposte avec mépris : Pauvres Parisiens ! Nous vous laissons entre les mains de gens qui vous feront payer cher votre plaisir d’aujourd’hui[24].

Devant l’échafaud un bouquet de marguerites et d'immortelles tombe à ses pieds. Un billet s'en détache. L'officier de justice croit à une conspiration et essaie en vain de le lire. Le greffier vient au secours de son embarras. Il s'approche et lit. Il s’agit du message d’une certaine Cécile de ... aimée à la fois de du Châtel et Minvieille qui se termine par : Mon cœur et ma main vous appartiennent dans l'éternité.

Du Châtel meurt heureux et il se dit fier d’avoir défendu la cause des innocents enfants des émigrés[25]. Il meurt en même temps qu'Armand Gensonné, Jacques Pierre Agricol Mainvielle et Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède. Ils chantent encore. Le nombre des vivants est réduit à deux : Pierre-Victurnien Vergniaud et Louis-François-Sébastien Viger.On entend encore le refrain de leur Marseillaise de la mort :

Plutôt la mort que l'esclavage !

C'est la devise des Français.

Une fois mort la foule continue à les insulter et à agiter ses chapeaux en l'air. Les misérables ! se récrie le rédacteur des Révolutions de Paris[26].

Article détaillé : Exécution des Girondins.

Les Girondins sont inhumés dans le Cimetière de la Madeleine aujourd'hui square Louis XVI à Paris. Gaspard Séverin du Châtel ne verra pas ce qu'il avait prédit : la Terreur et la misère s'étendre à tout le pays et même aux donneurs d'ordre de ses bourreaux. Deux ans après la mort de Gaspard du Châtel, des députés demanderont qu'une fête soit organisée pour commémorer ce funeste évènement[27]. Il sera inhumé à la chapelle expiatoire à Paris.

Notes et références de l'article

  1. "Les gardes du corps du roi Louis XVI", dictionnaire biographique, de Gilbert Bodinier.
  2. Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers - Page 366, de Frank W. Tober Collection - Poitiers (France) – 2001.
  3. Monographie de la commune de Bouillé-Saint-Paul, Chouc.
  4. Gustave Louis Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. Evreux, 1903-1929, 20 vol. in-8, tome: 10, Cote B.n.F. : 8° Lm1. 164 + Henri, Paul, puis Joseph Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, 2e éd., Poitiers, puis Chef-Boutonne, 1891-1978, 6 vol. gr. in-8, tome : 2, B.n.F. : 4° Lm2. 103 A + Régis-Marie-Joseph de L'Estourbeillon de La Garnache, Inventaire des archives du château de Sainte-Verge près Thouars, Vannes, 1895, in-8, XXXIV-259, B.n.F. : 8° Lk7. 29982 Archives de la châtellenie de Bouillé-Saint-Paul avec ses dépendances: Rochefou et la Relandière. Elles s'accompagnent d'un tableau des mouvances de ces seigneuries et de leurs possesseurs successifs, en tête. + Vicomte Albert Révérend, Armorial du Premier Empire, Paris, 1894-1897, 4 vol. gr. in-8, tome : 2, 88-9, B.n.F. : 4° Lm1. 154
  5. a , b  et c Souvenirs de la révolution et de l'empire, de Charles Nodier, p.196.
  6. 1 pied = 33 cm
  7. 1 pouce = 27,07 mm
  8. Histoire des Girondins, p.30, de Alphonse de Lamartine.
  9. Souvenirs de la révolution et de l'empire, de Charles Nodier, p.192.
  10. Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein / éd. originale publiée sur son manuscrit autogr..., La Rochejaquelein, Marie-Louise-Victoire de Donnissan (1772-1857 ; marquise de), 1889, p.91.
  11. Souvenirs de la révolution et de l'empire, de Charles Nodier, p.196.
  12. Conte Arthur, Sire, ils ont voté la mort, p.179.
  13. Histoire de la Révolution française / par M. A. Thiers,... p.254.
  14. a  et b Paul Lombard, Le procès du roi, p.284.
  15. Histoire parlementaire de la révolution française De Philippe-Joseph-Benjamin Buchez, p.243.
  16. Révolution de 1830, et situation présente (septembre 1832), expliquées et éclairées par les révolutions de 1789, 1792, 1799 et 1804, et par la Restauration / par M. Cabet,...p.41.
  17. Paul Lombard, Le procès du roi, p.285.
  18. Conte Arthur, Sire, ils ont voté la mort, p.387.
  19. Souvenirs de la révolution et de l'empire de Charles Nodier, p.201 et 202.
  20. Souvenirs de la révolution et de l'empire de Charles Nodier, p.231.
  21. Souvenirs de la révolution et de l'empire, de Charles Nodier, p.197.
  22. Souvenirs de la révolution et de l'empire, de Charles Nodier, p.200
  23. Souvenirs de la révolution et de l'empire de Charles Nodier, p.231.
  24. Vergniaud, Eugène Lintilhac, p.260.
  25. Souvenirs de la révolution et de l'empire, de Charles Nodier, p.192.
  26. Vergniaud, Eugène Lintilhac, p.262.
  27. Arnault, Antoine Vincent (1766-1834). Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la Révolution française, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers, p.104 et 105.

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