Gaumont Palace

Gaumont Palace
Le Gaumont Palace, en 1914, durant le 10e congrès mondial d'espéranto.
Type	Cinéma
Lieu	Paris
Coordonnées	48° 53′ 06″ Nord        2° 19′ 47″ Est / 48.885132, 2.329718 48° 53′ 06″ N 2° 19′ 47″ E / 48.885132, 2.329718
Architecte(s)	Cambon, Galeron et Duray
Inauguration	1899
Fermeture	1973
Nombre de salles	1
Capacité	Plus : 6 000 Moins 2 400
Gestionnaire	Gaumont
Géolocalisation sur la carte : Paris Géolocalisation sur la carte : France

Le Gaumont Palace est un ancien cinéma, qui se trouvait 1, rue Caulaincourt (18^e arrondissement de Paris). Construit en 1899, il prend le nom de Gaumont-Palace en 1911, est entièrement rénové en 1931, ferme en 1973 et est détruit la même année ; son immense salle pouvait accueillir à son maximum 6 000 spectateurs, ce qui en fit un temps, selon ses promoteurs « le plus grand cinéma du monde ».

Histoire

Genèse du cinéma

Le Gaumont Palace, en 1912.

Le Gaumont Palace naît avec l'hippodrome de Montmartre construit pour l'exposition universelle de 1900 qui s'étend, à partir de 1899 (lors de sa préparation), entre le boulevard de Clichy, la rue Caulaincourt et la rue Forest. Bâti sous la direction des architectes Cambon, Galeron et Duray et derrière une façade de style Beaux-Arts 1900, il peut recevoir 5 000 spectateurs pour des exhibitions de cirque, de football, de pantomime et même de combat naval, sous un immense chapiteau métallique. Par ailleurs, Édouard Niermans y aménage le « Grand restaurant », dans le même style art nouveau tendance rococo, dont il décore le Moulin-Rouge.

L'hippodrome accueille, dès 1907, des démonstrations cinématographiques ; mais, dix ans après l'incendie du Bazar de la Charité, (129 victimes) dû à l'embrasement de la lanterne de projection installée provisoirement dans ses locaux, le projecteur du Gaumont Palace est installé dans une cabine isolée située au fond de la scène, à l'extérieur du bâtiment, sur le terrain du cimetière du Nord. Les pellicules de cette époque sont très inflammables et leur combustion produit des vapeurs toxiques. L'image doit donc être projetée par transparence (les films muets pouvant être inversés droite/gauche dans le couloir de projection), les spectateurs les regardent à travers l'écran. La salle aux dimensions exceptionnelles mesure de mur à mur 40 mètres de large sur 60 de profondeur et 24 de haut.

Le Gaumont Palace

Salle du Gaumont Palace dans une publicité de 1913.

L'ensemble est acheté par Léon Gaumont en 1911, qui y installe le siège de sa société. À sa demande, l'architecte Henri Belloc construit, en un an (1930-1931) le plus grand cinéma du monde (jusqu'à 6 000 places) doté d'un cadre de scène de 25 mètres sur 13 (312 m²) et d'un écran géant de 12 sur 11,85 mètres au format standard de l'époque (1 x 1.33) puis avec l'arrivée du cinéma parlant (1 x 1.37) qui reste la norme internationale jusqu'en 1951, année de l'adoption du format dit panoramique (1 x 1.66), plus étroit en hauteur sur le film, mais qui en s'équipant d'objectifs à focales légèrement moins longues permet de projeter sur un écran plus large. La cabine édifiée au sommet du deuxième balcon est composée de deux projecteurs Radion. Trop élevée par rapport à l'écran, sa position pose un problème de déformation de l'image en forme de trapèze. Après la Seconde Guerre mondiale , le Gaumont - Palace ne compte plus « que » 4 670 places^[1]. Ce n'est qu'en 1954 qu'est dressé un écran large pour les projections de films en Cinémascope (1 x 2.35) toujours en 35 mm, sur des chronochromes manufacturés par la firme, et estampillés du fameux « G » entouré d'une marguerite, en hommage à la mère du fondateur de l'entreprise, Marguerite Dupanloup, épouse Gaumont.

La salle possède alors des fauteuils spécifiques Gaumont à dossiers courbes entourés par un rutilant tube chromé. Cinéma populaire, il n'y a pourtant que deux séances par jour (une l'après-midi à 15 heures et une en soirée à 21 heures) ce qui amène la direction à diffuser également avant le « grand film » des courts-métrages ou documentaires^[2] ainsi que des attractions sur scène. Il s'essouffle dans les années 1960, la salle apparaissant trop grande pour les films plus « intimistes » alors tournés, et annonçant la Nouvelle Vague.

L'année 1958 voit l'installation de deux projecteurs Philips DP 35/70 pour des films au format 70 mm. comportant six pistes sonores magnétiques (comme par exemple : Salomon et la Reine de Saba, Ben-Hur, Les Chevaliers Teutoniques, etc.) sur un écran répondant aux proportions 1 x 2.20. Les dimensions passent dans ces cas-là à 24 mètres de base sur 12 de haut. Chaque format étant encadré par des bordures mobiles de velours noir se déplaçant horizontalement et verticalement sur rails. Cependant la projection et l'acoustique sont jugées d'une qualité très moyenne, en raison de l'énorme volume du bâtiment, en comparaison avec les salles édifiées au milieu des années soixante.

Entre 1962 et 1967, l'immense vaisseau transformé en Cinérama se voit doté d'un écran courbe (selon un angle de 100 °), de 38,60 m de base sur une hauteur de 15 mètres (d'une surface de près de 600 mètres carrés). Monté devant l'ancienne scène, il est dissimulé pendant les entractes par un majestueux rideau à la française de couleur dorée. Trois cabines synchronisées construites au niveau du premier balcon y projettent les trois images parallèles du gigantesque procédé, avec des appareils Century JJ-1 et National Ventarc 160A parfaitement perpendiculaires à l'écran, et donc sans déformation optique. En 1963, la société Cinérama exige que soit fermé au public le deuxième balcon, pour le confort des spectateurs. Le Gaumont-Palace ne possède alors plus que 1 850 places à l'orchestre et 550 à la mezzanine. Le contrat avec Cinérama prenant fin en 1967, la salle peut reprendre son aspect prestigieux. Malheureusement le public n'est plus au rendez-vous. La société Gaumont se voit contrainte de vendre terrain et immeuble en 1972 à des promoteurs qui entament sa démolition début 1973. Les lieux sont vidés dans la précipitation, affaires et archives laissés au regard des passants sur les trottoirs. Le dernier film à y être diffusé est un film de John Wayne^[1]. Ainsi disparait le plus grand cinéma d'Europe. La seule consolation pour le groupe Gaumont, est grâce à l'argent de cette vente, la réalisation d'une vaste restructuration et rénovation de son parc de salles dans toute la France, notamment l'Olympia et Club à Bordeaux, le Gaumont-Palace à Grenoble, le Familia à Lille, le Tivoly et le Royal à Lyon, le Français à Marseille, l'Empire à Nancy, le Casino, le Paris-Palace et le Rialto à Nice, l'Empire, l'Alhambra et l'AC'Cin à Reims, l'Alhambra à Saint-Étienne, le Gaumont-Palace à Toulon et le Gaumont-Palace à Toulouse.

L'orgue du Gaumont Palace

Article détaillé : Orgue du Gaumont Palace.

En 1932, l'orchestre qui joue avant les projections est remplacé par un grand orgue Christie (IV/14) qui est entièrement électrique. Quand la console, surgissant de la fosse d'orchestre, apparait sur scène, on ne soupçonne pas qu'elle commande plus de 1 500 tuyaux en étain, en zinc et en bois, disposés sur toute la largeur du plateau à 25 mètres au-dessus de la scène et qui sont alimentés par une soufflerie équipée de deux fortes turbines. Cet instrument à dédoublement de jeux compte 14 jeux initiaux pouvant se démultiplier en près de 100 jeux. La console ne compte pas moins de 175 registres différents équipés de 2 500 électro-aimants. En mettant bout à bout tous les fils électriques utilisés, on arriverait à un longueur totale de 50 kilomètres. Il reste le plus grand orgue de cinéma importé en France.

Vanté comme étant le plus grand du monde, il ne soutient cependant pas la comparaison avec les instruments anglais ou américains souvent trois ou quatre fois plus grands que lui. L'organiste dont le nom reste attaché à l'instrument est Tommy Desserre, qui fut également titulaire de l'orgue de chœur de Montmartre. Un microsillon souvenir 33 tours 30 centimètres intitulé 30 ans d'orgue au Gaumomt-Palace est édité en 1972 aux éditions Stil Discothèque. L'instrument a été déplacé au Pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne qui malheureusement le laisse à l'abandon. Deux autres orgues existaient dans les cinémas Madeleine et Paramount-Opéra ; ils ont tous les deux été détruits.

Le Gaumont-Palace de Toulouse

Ce cinéma donne un exemple de l'importance du circuit Gaumont en province. Au début du XX^e siècle existe déjà le Théâtre Français situé au 3, place Lafayette (aujourd'hui place Wilson). En 1909, il prend le nom de Théâtre Lafayette, où les programmes font une large part au cinéma muet, sous la direction de messieurs Gérin et Signoret^[3]. Peu de temps après la Première Guerre mondiale, la société Gaumont achète les lieux et confie à l'architecte Thuriès le soin de transformer la salle, composée d'un parterre et de deux balcons. « Avec ses 1638 places assises et parfaitement disposées pour une excellente visibilité », le Gaumont-Palace et sa scène de 10 mètres d'ouverture devient une des plus luxueuses salles de la « ville rose » sous la direction de Monsieur Sénac^[3]. Dès 1930, il est l'un des tous premiers à être sonorisé.

De novembre 1942 à août 1944, réquisitionné par les occupants allemands, il fait office de Soldatenkino, et est pourtant le seul cinéma de Toulouse à ne subir aucun attentat. En 1951, un écran de 9 mètres de base est dressé, répondant aux proportions du format 1 X 1,66 (panoramique). C'est la première étape de sa modernisation qui lui permet quelques mois plus tard de projeter le film couleur du couronnement de la reine d'Angleterre Elizabeth II, aux dimensions des grandes productions tournées pour écran large sans anamorphose. Pendant l'été 1963 a lieu la première rénovation d'une longue série : la cabine de projection est descendue du deuxième au premier balcon et équipée de projecteurs Philips D.P. 35/70 tandis que la scène (portique, coulisses, cintres) est détruite pour permettre l'installation d'un écran de 13 mètres de base sur 6,50 m. de haut, sur lequel peuvent être projetées les images des films tournés en 70 m.m. avec son stéréophonique sur 6 pistes magnétiques. Un grand rideau à la française s'écarte sur un vaste plateau scènique, au fond duquel un autre rideau, à l'italienne celui là, se lève sur l'écran entouré de bordures mobiles, sur rail, encadrant chaque format de film projeté. Dix ans plus tard, en 1973, cette grande salle est à son tour démolie, et remplacée par la construction de trois autres :

• La première d'une capacité de 800 fauteuils.
• La deuxième pouvant accueillir 600 spectateurs grâce au prolongement du deuxième balcon.
• La troisième enfin 140 places, sur l'emplacement de l'escalier monumental dans l'ancien hall d'entrée.

L'année 1978 voit l'édification de deux petites salles supplémentaires dans le prolongement de l'ancien premier balcon. Puis, à l'occasion de la sortie du film de Francis Ford Coppola : Apocalypse Now (septembre 1979), la salle batie sur l'emplacement du deuxième balcon ,est équipée pour la diffusion du son Dolby-Stéréo 4.0 (soient trois voies derrière l'écran, et une piste de sons d'ambiance autour des spectateurs). En 1988, devant le succès croissant des grands écrans, cette même salle est transformée en premier Gaumontrama d'une capacité de 550 places , pourvu d'un écran courbe d'une surface de 120 mètres carrés pour une base de 16 mètres. Le système sonore, quant à lui (C.P.200) 5.1 (permet l'exploitation de trois voies d'écran, d'une piste dédiée aux basses fréquences, et de deux autres pistes diffusées sur les murs droit et gauche, par 24 haut-parleurs répartis dans la salle avec une puissance de 8 KW). Aujourd'hui, ce complexe comprend un total de 13 salles au centre ville.

Notes et références

1. ↑ ^{a et b} http://silverscreens.com/forum/viewtopic.php?t=986
2. ↑ http://www.youtube.com/watch?v=h3TvGxiNvbY
3. ↑ ^{a et b} Pierre Gaches, Toulouse,les jours heureux, imprimerie Boisseau, 1975.

Liens externes

• Site de la société Gaumont, sur le Gaumont Palace
• L'histoire du son au cinéma, et du grand orgue du Gaumont Palace