Gemma Augustea

Gemma Augustea, Kunsthistorisches Museum

La Gemma augustea ou gemme Auguste est une sardonyx à deux couches. Les personnages sont en blanc avec des nuances de bleu sur un fond brun-bleuté. Elle mesure 19 cm sur 23 cm. Son épaisseur oscille entre 14 et 35 mm. Sa largeur originelle pourrait avoir atteint 24,5 cm, mais il manque une partie à gauche. En effet l'aile de la victoire n'est pas entière et l'on s'aperçoit que la main de Tibère est coupée. On admet généralement que le camée a été exécuté dans l'atelier de Dioscourides, entre 10 et 20 ap. J.-C. Dioscourides avait gravé le portrait d'Auguste sur une intaille qui est restée jusqu'à la fin de l'Empire le sceau d'État. La gemme Auguste a fait partie des trésors impériaux, puis ecclésiastiques. Elle est actuellement conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne.

Histoire

La gemme Auguste a été transportée de Rome à Constantinople, lors du transfert de la capitale par Constantin. Elle a été ramenée en Occident lors de la quatrième croisade, en 1204. Le 14 septembre 1246, la gemme apparaît dans l'inventaire de la basilique Saint-Sernin de Toulouse. C'est à cette époque qu'elle fut montée sur une plaque d'or. Entre 1447 et 1453, la gemme se trouve à Florence. En 1470, le pape Paul II essaie de l'acquérir en échange de la construction d'un pont en pierre sur la Garonne, mais sans succès. En 1553, sous François I^er, la gemme entre dans le cabinet du Roi, à Fontainebleau. À la même époque, le pape Clément VII essaie de la récupérer, mais en vain. En 1591, pendant les guerres de religion, la gemme est volée. Elle est achetée 12 000 ducats par Rodolphe II en 1612. Depuis lors elle fait partie de la collection impériale de Vienne, où elle est mentionnée dans un inventaire pour la première fois en 1619.

Description

Le décor du camée se rapporte à l'un des triomphes germaniques de Tibère. On voit Auguste divinisé, sous les traits de Jupiter. Ce camée se compose de 2 registres.

Registre supérieur

Dans le registre supérieur sont présentées les divinités, accompagnées d'Auguste et de Tibère. Auguste est assis à côté de la déesse Roma (personnification de la cité qu'il a en effet sauvée de la guerre civile). Roma porte le casque de l'Athéna Parthénos et elle regarde l'empereur vers qui le regard de tous les personnages se fixe. Le visage d'Auguste se détache de tous les autres, car c'est le seul qui est représenté de profil. Roma tient une lance dans la main droite ; elle effleure l'épée de la main gauche et elle a le pied appuyé sur un bouclier ennemi afin de montrer sa puissance.

Auguste s'est fait représenter sous les traits et avec les attributs de Jupiter, c'est-à-dire le torse nu, les pieds posés sur un bouclier et un aigle sous son siège. Il tient le sceptre dans la main gauche et le lituus des augures dans la main droite. Le Capricorne, représenté au-dessus de sa tête dans un disque, rappelle le jour faste de sa conception, un 23 décembre, et donc sa prédestination. Ces symboles mythologiques et religieux lui donnent donc, avant même sa mort, le statut d'une nouvelle divinité.

Oikouménè, la divinité des terres habitées élève au-dessus de l'empereur une couronne ; c'est la corona civica, à feuilles de chêne. Cette guirlande était offerte aux soldats qui, dans une bataille, avaient sauvé la vie d'un camarade et tué un adversaire. À côté de cette dernière se trouve Okéanos, ainsi que Tellus, personnification de la terre nourricière, parfois assimilée à Gaïa. Elle est assise, elle tient une corne d'abondance dans la main ; du lierre orne ses cheveux ; ses deux enfants sont présents, l'un tient un épi.

Le personnage qui se tient à côté de la déesse Roma est Caius César le fils aîné d'Agrippa. Dans cette scène, sa présence le désigne comme le successeur d'Auguste au second degré.

Sur la gauche, un homme couronné de lauriers descend d'un char conduit par une Victoire. Il apparait donc comme le triomphateur. Sans doute s'agit-il de Tibère, qui va faire l'hommage de ses succès à Auguste.

Registre inférieur

Le registre montre des soldats érigeant un trophée d'armes pour célébrer la victoire qu'ils viennent de remporter sur des barbares représentés avec des cheveux longs et hirsutes. Le trophée est composé d'un casque, d'un bouclier et d'une cuirasse. Un couple de barbares est assis à terre.

Dans la partie droite, un légionnaire accompagné d'un auxiliaire thrace amène deux autres captifs en les tirant par les cheveux ; l'auxiliaire thrace est coiffé de la causia macédonienne.

Cette scène précède le triomphe qui se déroule au registre supérieur et l'on peut imaginer la main de Roma frappant les peuples qui refusent de se soumettre à la domination d'Auguste.

Sources

• Adolf Furtwängler, Die antiken Gemmen, Berlin, Giesecke & Devrient, 1900, II, p. 257, planche 56 ; réédition anastatique : Amsterdam, Adolf M. Hakkert, 1965
• Fritz Eichler, Ernst Kris, Die Kameen Im Kunsthistorischen Museum, Vienne, A. Schroll, 1927, p. 52-56, n.7 et planche 4
• Marie-Louise Vollenweider, Die Steinschneidekunst und ihre Künstler in spätrepublikanischer und augusteischer Zeit, Baden-Baden, Grimm, 1966, p. 80, n. 85
• Albert Rubens, Heinz Kähler, Alberti Rubeni Dissertatio De Gemma Augustea, Berlin, Mann, 1968
• Erika Zwierlein-Diehl, Antike Gemmen und ihr Nachleben, Berlin, New York, Walter de Gruyter, 2007, p. 432-434 (ISBN 978-3110194500)
  Une bibliographie importante est donnée dans cet ouvrage

Liens externes

• La forme originale de Gemma Augustea sur la page du gemmarius-sculptor