Georges Gimel

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Georges Gimel

Georges Gimel dit le Maître du Feu, né le 8 mars 1898 à Domène (Isère), mort le 21 janvier 1962 à Megève (Haute-Savoie) est un artiste-peintre expressionniste, sculpteur, peintre de figures, de paysages de montagne, de natures mortes, de fleurs, d'art sacré. Graveur, lithographe, illustrateur, décorateur de théâtre, céramiste, peintre fresquiste et peintre émailleur.

Sommaire

Biographie

Il vécut à Domène et à Grenoble jusqu’à l’âge de 16 ans avant de partir pour Paris. Gimel y reste 20 ans, puis partage sa vie entre Megève, Annecy, Grenoble et Paris. Il participe à la Première et à la Deuxième Guerres mondiales. Grenadier au 22e d'infanterie, il part comme engagé volontaire au front à 18 ans, il est blessé par une attaque au gaz, huit jours avant l'Armistice de 1918. Ceci aura, plus tard, des conséquences importantes sur sa carrière artistique.

Il fut élève aux Écoles des Beaux-Arts de Paris, Atelier Jean-Paul Laurens, à l' Académie Julian, puis l'Atelier Jean-Antoine Injalbert, chez le sculpteur Henri Bouchard et aux Arts Décoratifs. En 1919 son adresse parisienne est 17,Rue Campagne-Première. Il travaille chez Bouchard et, le soir, il collabore comme décorateur avec l'équipe du théâtre du Vieux-Colombier qui innove dans le domaine théâtral grâce à Jacques Copeau, Louis Jouvet, Charles Dullin, et les Pitoëff. Décore en 1921 le Bal des Quat'z'Arts puis une partie basse de l'Opéra Garnier pour le bal Symphonie en pourpre et violet , organisé par Paul Poiret. Il n'a plus que le samedi et le dimanche pour peindre.

Il travaille avec Jean de Brunhoff créateur de Babar. Il est remarqué par l'éditeur Jacquard qui lui édite des albums: Musiciens et Sainte Agnès gravures sur bois, son portrait d'Anatole France est retenu par la Bibliothèque nationale de France.

Il a illustré divers ouvrages, dont :

  • en 1921 Janot le jeune homme aux ailes d’or de Roger Dévigne.
  • Musiciens, recueil de bois gravés de musiciens célèbres, Préface d'André Coeuroy, de son vrai nom Jean Belime. Achevé de composer et d'imprimer pour la première fois le trentième jour de juin 1921 sur les presses de François Bernouard pour le Nouvel Essor 40, Rue des Saints-Pères à Paris.
  • en 1922 Printemps de Gabriel Faure.
  • Sainte Agnès de Jacques de Voragine, recueil comprenant vingt-deux bois gravés.

En 1922, la presse parisienne (Le Crapouillot) rend compte de l’exposition des artistes Constant Le Breton, Jean Lebedeff,Paul Hermann, Roger-Maurice Grillon, Jacques Beltrand, Robert Bonfils, Louis Bouquet, Paul-Émile Colin, Georges Gimel, Démétrios Galanis, Carlègle, André Deslignères et de leurs bois gravés à la galerie Le Nouvel Essor, qui précède leur accrochage commun, au début de l’année 1923, au Salon de la Société de la gravure sur bois originale, au Pavillon de Marsan.

Directeur artistique de la revue littéraire Tentatives avec Henri Petiot (Daniel Rops) un numéro spécial est consacré à Stendhal. Il réalise de nombreux bois gravés, dont le portrait de Déodat de Séverac retenu par la Bibliothèque Nationale.

Il participa, à Paris aux Salon d'Automne et au Salon des Indépendants de 1921 à 1934.

Son talent est remarqué très tôt par Andry Farcy, Conservateur du Musée de Grenoble, qui soutient les Modernes à cette époque, aussi, Léon Daudet qui lui préfacera son Chemin de croix, et le célèbre critique d’art, à Paris Félix Fénéon. Ce Chemin de Croix est exposé à la Galerie Jeanne Bucher et connaît un franc succès.

Gimel fait partie des Ateliers d'art sacré, fondés en 1919 par Georges Desvallières et Maurice Denis.

Il élabore également des compositions de figures : des baigneuses. Son trait de caractère et ses coloris lui sont propres : il exprime la vie.

Véritable moteur artistique, il allie les beaux-arts et les arts décoratifs : dessine des motifs de tissu d'ameublement pour les Vogel (avec Le Jardin des Modes, ils créaient la 1e revue présentant la mode parisienne en France et à l'étranger), il dessine également des motifs de tissu de robes pour Paul Poiret, puis Jean Patou.

Il dessine des modèles pour les verreries Lalique.

À Paris, sur le Pont Alexandre-III, à l'Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes de 1925, apogée de l'Art déco, Gimel expose ses tissus avec les artistes décorateurs et aussi les architectes créateurs de leurs luxueuses vitrines: René Herbst, Laprade, Edgar Brandt, Sonia Delaunay, Dufy, Jean Dunand, Francis Jourdain, Jacques-Émile Ruhlmann, René Lalique, Mallet-Stevens, Süe et Mare, Crémier, Sorel, Weil, Serge Poliakoff, Prou.

Il réalise le plus grand tableau du Salon d'Automne en 1927 : La Cueillette des amandes (localisation et dimensions actuellement inconnues).

Georges Gimel
La cueillette des amandes
  • 1928 Gimel crée des lithographies et sa technique le mènera jusqu’à 14 couleurs ; les thèmes représentés sont des skieurs, des bouquets de fleurs, des paysages et des personnages de couleurs fauves et de formes cubistes, elles sont mises au point par l'artiste et tirées dans les ateliers de Jean de Bussac à Clermont-Ferrand.

De nombreuses expositions à la Galerie Bernheim-Jeune, Galerie Bignou, Galerie Kleinmann, Galerie Berri-Raspail, Galerie Charpentier, Galerie Katia Granoff, le feront connaître dans le monde.

Georges Gimel
Fresque Lafarge
  • 1935 Il fait construire son chalet « La fresque » à Megève, par l'architecte Henry Jacques Le Même. Gimel décore les façades avec des fresques d'avant garde : Le roi et la reine des neiges.
Georges Gimel
Chalet « La Fresque », Megève

Durant la même période il réalise diverses fresques à Megève et au Plateau d'Assy.

  • Collège Le Hameau.
  • L'Hôtel Albert 1er.
  • Restaurant La Romance.
  • Restaurant Le Chamois.
  • Chalets de Le Même, Maître Sage, Dr Grenet.
  • Hôtel La Résidence (Statue).
  • Sanatorium de Sancellemoz.

Mobilisé en septembre 1939, il se retrouve au Fayet (Haute Savoie) où il décore le mess des officiers.

  • 1940 (8 au 30 avril) Gimel expose à Paris chez Katia Granoff 79 encres de Chine : Visions de guerre
  • 1941 (7 au 17 novembre) Gimel expose à Lyon, chez DOMO 24 œuvres dont le portrait du cinéaste Jean Renoir, et de Suzanne Valadon.
  • 1942 Gimel expose en mars dans le Hall du Messager à Annecy puis à la Galerie lyonnaise Roger, dont une belle toile titrée L'Arlequin (cf. L'Écho des étudiants du 10 octobre 1942, article de Yvan Christ).
  • 1944 (20 décembre) Gimel sort son livre Le Calvaire de la Résistance avec des visions de guerre dont certaines avaient été exposées à la Galerie Katia Granoff à Paris en avril 1940. Celui-ci est accueilli , tant en France qu'à l'étranger, comme une des œuvres parmi les plus représentatives de la Résistance.

Paul Guiton (1882-1944) Grand écrivain des Alpes et de la montagne, professeur, qui avait eu Gimel comme élève au lycée de Grenoble, appréciait beaucoup son œuvre.

  • 1945 Exposition Gimel, Galerie Berri-Raspail, du 30 novembre au 18 décembre 1945. 35 œuvres exposées dont le Joueur de hockey. (no 29)

Tout en continuant à peindre, il se consacre pleinement à son art : la fabrication de ses émaux où son génie lui permet de combiner toutes les techniques et pratiques connues pour aboutir à une peinture émaillée véritable métamorphose de son œuvre rendue inaltérable. Dans son atelier du 10, rue Vaugelas (Annecy), il ne peut construire des fours. Il loue alors les anciennes caves, d'un marchand de vin, appelées caves Garçon (45 rue du Bœuf, puis rue Carnot). Il y installe une salle d'exposition et commence la construction des fours. La cuisson des premiers émaux devient réalisable.

C'est durant cette période qu'il travaillera, entre autres, pour les cloches Paccard à Annecy-Le-Vieux, le Christ et le chemin de croix du Sappey-en-Chartreuse, les fresques du Théâtre de Grenoble.

  • 1949 du 26 mars au 1er avril Gimel expose chez Bernheim-Jeune à Paris une centaine d'émaux.

Par l’intermédiaire du ministère des Affaires Étrangères (AFAA) Association francaise d'action artistique, plusieurs de ses émaux sont envoyés à l’étranger : Rome, États-Unis Yale University Art Gallery.

  • 1952 Le 15 octobre, inauguration du nouveau Théâtre de Grenoble, dont les fresques cloisonnées ornent la façade au bord de l'Isère.
  • 1954 Exposition d'émaux à Saarbrücken.
  • 1955 Le 2 octobre inauguration de l'Église du Sappey en Chartreuse. Gimel a réalisé un grand Christ en émail et le chemin de croix en fresques émaillées.

De grands fours lui permettent maintenant la cuisson d'émaux de dimensions importantes sur aluminium, et sur ciment. Il décore durant cette période le casino de Megève, le Bar des 5 rues.

En 1956 Gimel réalise le chemin de croix en émail de l'église de Megève, ainsi que le coq du clocher de cette même église, il est demandé par le Rotary-club des Alpes de Haute-Provence pour une intéressante conférence sur les émaux, secondé par son ami Jean Giono.

  • 1957 du 9 au 14 novembre, Gimel expose chez Bernheim-Jeune : Un demi siècle de peinture et d'émaux, 64 œuvres.

Quoique n'ayant jamais abandonné la peinture et le dessin, il continue avec acharnement ses recherches sur les émaux : dimensions toujours plus importantes, nouvelles possibilités dans la palette des couleurs, travail difficile et délicats (plusieurs fois des explosions ont retenti dans l'atelier de « La Fresque »...), lorsque l'on sait que chaque couleur demande une température et un temps de cuisson différent.

Très intégré à Megève, Gimel a la fin qu'il aurait pu souhaiter : Cet homme actif, artiste, amoureux de la féminité et surgi de la montagne, un 21 janvier 1962 neigeux et ensoleillé, après avoir patiné et valsé sur la glace, tombe foudroyé aux pieds de sa partenaire, une belle jeune femme, au cœur de cet amphithéâtre admirable que domine au loin le Mont Blanc.

En 1968, lors des jeux Olympiques à Grenoble, a eu lieu une rétrospective de Gimel au Palais des expositions, avec notamment des œuvres ayant décoré le Pavillon du Dauphiné lors de l’Exposition universelle de 1937 à Paris.

En 1980, il était représenté, avec l’Oiseleur à l’exposition du château de la Condamine (Mairie de Corenc), 150 ans de peinture dauphinoise.

En 1992, 1993, et 1994, à l'Hôtel des ventes d'Annecy, ont lieu des ventes des Œuvres dépendant de la succession de l'artiste et provenant de son atelier de Megève.

En 2000, deux panneaux décoratifs de Gimel, créés à la fin des années 1930, pour la salle des fêtes du sanatorium Centre médico-universitaire Daniel Douady à St-Hilaire-du-Touvet sont classés monuments historiques par le patrimoine français.

Illustrations

  • Gimel, Georges (1918), Visions de guerre, dessins - encres de chine .Dans la Marne, Vrigny,Reims...
  • Gimel, Georges (1920), Descente de croix et Crucifixion , bois gravés: Ateliers d'art sacré. Paris.
  • Dévigne, Roger (1921), Janot le jeune hommes aux ailes d'or, bois gravés. Paris: L'Encrier.
  • Gimel, Georges (1921), Musiciens, bois gravés.Préface d'André Coeuroy (Jean Belime). Paris: Nouvel Essor.Imprimé par François Bernouard.
  • Gimel, Georges (1921), Portrait de Déodat de Séverac. Gravure sur bois pour la Bibliothèque Nationale de France.
  • Faure, Gabriel (1922), Printemps, bois gravés. Paris: R.Chiberre.
  • Voragine, Jacques de (1922), Sainte Agnès, bois gravés. Paris: Nouvel Essor.
  • Hervieu, Louise (1924), l'Âme du cirque, bois gravé. Paris: Librairie de France.
  • Gimel, Georges et Petiot, Henry (1924), Stendhal, 70 bois gravés. Chambéry: Tentatives.
  • Gimel, Georges (1933), Chemin de Croix, lithographies. Paris: Jeanne Bucher.
  • Gimel, Georges (1939-1940) Visions de Guerre, encres de chine. Paris: Katia Granoff.
  • Gimel, Georges (1944), Le Calvaire de la Résistance, gravures, lithographies, bois gravés. Grenoble: Didier et Richard.
  • Gimel, Georges (1953), Album de lithographies, les fresques du théâtre de Grenoble.
  • Gimel, Georges (1956), Portrait de Minou Drouet Dessin à la plume : Collection privée.
  • Gimel, Georges (1957), Venise, œuvres d'art originales à Venise et Megève.

Œuvres Décoratives

  • 1930 Fresque « La carrière » pour le siège social de la Compagnie des chaux et ciments. Lafarge à Paris. (disparue à ce jour).
  • 1935 Fresque « Le roi et la reine des neiges » pour son chalet, à Megève.(en réserve Musée de Megève).
  • 1937 Deux tableaux réalisés en 1933 : « Patineuses et joueurs de Hockey », huile sur toile, 227 cm x 216 cm « Le Saut » huile sur toile, 234 cm x 216 cm, exposés au Pavillon du Dauphiné, pour promouvoir les sports d’hiver lors de l’Exposition Universelle de Paris. Gimel offre ces deux tableaux à la Mairie de Domène, son village natal,(en attente de restauration).
  • 1938 Deux tableaux : «Les Sports à la Mer» et «Le Carnaval à Nice», peintures à l’huile sur toiles marouflées sur panneaux, 505 cm x 192 cm. Centre médico-universitaire Daniel Douady, à Saint-Hilaire-du-Touvet. Œuvres classées Monuments Historiques, 2000-Référence ISBN PM380 00873.Sanatorium des étudiants de France.
  • 1948 Fresques à la cire, « L’activité des travailleurs d’hier et d’aujourd’hui » 320 cm x 600 cm, Bourse du travail d’Annecy.(en restauration).
  • 1952 Fresques «Comédiens des années vingt» Nouveau Théâtre de Grenoble,façade Isère. (en réserve)
  • 1955 Christ émaillé, de grandes dimensions ( 240 cm x 150 cm ), Église du Sappey en Chartreuse.
  • 1956 Chemin de Croix en XIV stations, émail sur or, Église Saint-Jean-Baptiste, de Megève.

Bibliographie

  • Hans Vollmer, Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler des XX jahrhunderts, p. 248.
  • Bénézit, Dictionnaire des peintres, t.V, p. 7.
  • Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, 1910-1930.
  • Françoise Gimel-Recoura, biographie sur son père, archives conservées par la famille Marlin, Recoura, Warmé.
  • René Herbst, Devantures, Vitrines, Installations de Magasins à l'Exposition internationale des Arts Décoratifs, Paris 1925 Éditeur C.H Moreau VIII rue de Prague Paris XII.
  • Raymond Cogniat Décors de Théâtre Editions des Chroniques du jour Paris 1930.
  • 1918-1938 Vingt Ans de Peinture de Gimel. Préface Andry Farcy. Grands Etablissements de l'Imprimerie Générale, Grenoble 1941.
  • Robert-J.Laurent, Peintres d'Aujourd'hui Thonon-les-bains 1948 p. 29 impr. Société d'édition Savoyarde.
  • Barbara Vivienne, Reporter à l'AFP (Agence France Presse), Paris 1949.
  • Médecine de France, Les Émaux de Gimel par Nicolas Ollier p. 28 Olivier Perrin, Éditeur Paris 8e -1949.
  • Albert Fournier, Métiers curieux de Paris. Jeheber. p. 22 Imp Crété juillet 1953.
  • Yves Sjöberg - Mort et résurrection de l'Art sacré.Grasset,Eglise et temps présent,Paris, 1957.
  • Maurice Wantellet, Deux Siècles et plus de Peinture Dauphinoise, Imprimerie Eymond, Grenoble, 1994.
  • Maurice Wantellet, L'Effort groupe d'action d'art, Bulletin mensuel de l'Académie Delphinale. Mai-Juin 1995.
  • Anne Buttin Sylvain Jacqueline, Les Peintres de Savoie 1860-1960, les éditions de l'amateur/Amis des Musées de Chambéry, 2e édition, 1997.
  • Anne Buttin, Michèle Pachoud-Chevrier, Potiers et Céramistes des pays de Savoie 1900-1960, Éditions Le vieil Annecy, Juin 2002.
  • Marlin Warmé, (2005), Gimel 1898-1962. Annecy: Doc'Factory. (ISBN 2-9524879-0-1).
  • Thierry Lambiel, Université des Sciences Sociales de Grenoble. Maitrise d'histoire contemporaine, Les Arts Plastiques à Grenoble et la seconde guerre mondiale 1939-1944.
  • Luc Monod, Manuel de l'amateur de livres illustrés Modernes-1875-1975, Ides et Calendes Neuchâtel, 1992.
  • La Tribune de Megève, Noël 2004 Janvier 2005 "Le maître du feu" rubrique Patrimoine p. 10 Michèle Robert.
  • Alain Raffin, Mémoire en Images, Domène, édition Alan Sutton, 2006.

Liens externes


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