Georges Méliès

Georges Méliès
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Georges Méliès

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Georges Méliès

Nom de naissance Marie Georges Jean Méliès
Naissance 8 décembre 1861
Paris, France Drapeau de la France
Nationalité Française
Décès 21 janvier 1938 (à 76 ans)
Orly, France Drapeau de la France
Profession Réalisateur
Films notables L'Affaire Dreyfus,
L'Homme-orchestre,
Le Voyage dans la Lune
Vingt Mille Lieues sous les mers

Georges Méliès, né Marie Georges Jean Méliès le 8 décembre 1861 et mort le 21 janvier 1938, est un réalisateur de films français. Il est connu pour les développements qu'il apporta aux techniques du cinéma, essentiellement dans le domaine du scénario et des trucages (bien avant qu'on ne les rebaptise effets spéciaux). Il est le père des effets spéciaux, le premier réalisateur et le créateur du premier studio de cinéma en France.

Sommaire

Biographie

Georges Méliès est né le 8 décembre 1861 au 45 boulevard Saint-Martin, à Paris dans le troisième arrondissement (acte de naissance N° 2517 du 09/12/1861), en France dans une famille de fabricants de chaussures de luxe. Il fait ses études au Lycée Impérial de Vanves, puis au Lycée Louis-le-Grand en compagnie de Maurice Donnay. En 1881, il fait son service militaire à Blois, la patrie du prestidigitateur Robert Houdin [1]. Certains auteurs parlent de ses visites à Saint-Gervais-la-Forêt près de Blois, dans la propriété « Le Prieuré » d'Houdin, sans que ces visites ne soient attestées[2]. Alors qu’il veut devenir peintre, il travaille un temps dans l'entreprise de son père Jean Louis Stanisla Méliès (il y apprend notamment le métier de mécanicien qui lui sera très utile dans sa carrière), qui l'enverra à Londres en Angleterre en 1883 pour y perfectionner son anglais chez un de ses amis, propriétaire d'un grand magasin londonien de confection : il y est vendeur au rayon des fournitures pour corsets et en profitera pour y apprendre la prestidigitation, notamment à l’Egyptian Hall (en) dirigé par John Nevil Maskelyne (en) et où se produit le célèbre ilusionnistes David Devant (en) qui l'initie à son art, Méliès lui réalisant des décors en échange. De retour à Paris en 1885, il se marie à Eugénie Genin (pianiste accomplie d'origine hollandaise, amie de la famille de sa mère qui lui apporta une belle dot)[3], présente quelques numéros de magie dans des brasseries, à la galerie Vivienne et au cabinet fantastique du musée Grévin tout en étant journaliste et caricaturiste, sous le pseudonyme « Géo Smile », dans le journal satirique et antiboulangiste La Griffe, dont son cousin Adolphe Méliès est le rédacteur en chef. Puis il vend ses parts dans l'entreprise familiale à un de ses frères pour 500 000 francs afin de racheter en 1888 au 8, boulevard des Italiens le théâtre parisien de magie à la veuve Léonie Robert Houdin (pour 47 000 francs il récupère notamment le matériel des Soirées Fantastiques dont une dizaine d'automates construits par Robert Houdin), dont il devient le directeur, et y monte des spectacles de prestidigitation et de « grandes illusions » qu'il présente en Monsieur Loyal. Ces spectacles se clôturant par des projection de photographies peintes sur verre connaissent rapidement le succès grâce à l'inventivité, la poésie et le sens de l'esthétique de Méliès, notamment la collection d'automates raffinés aux gestes plus vrais que nature.

En 1891, il crée l'Académie de Prestidigitation, qui se transformera en 1904 en Chambre syndicale de la prestidigitation, afin de légitimer la présence des magiciens ambulants assimilés à des romanichels par la police. Il en fut le président pendant une trentaine d'années. Invité à la première projection publique de cinématographe des frères Lumière le 28 décembre 1895, au sous-sol du Salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines à Paris, il comprend tout de suite ce qu'il peut faire du cinéma naissant et fait une offre d'achat aux frères Lumière. Leur père tente de l'en dissuader : le cinéma bénéficie selon eux d'un attrait de nouveauté, mais sa réalisation coûte cher et le retour sur investissement n'est pas assuré. Méliès pourrait s'y ruiner. Le fils Auguste Lumière fait de même : « Remerciez-moi, je vous évite la ruine, car cet appareil, simple curiosité scientifique, n'a aucun avenir commercial »! Peut-être, d'ailleurs, les frères Lumière ne voulaient-ils qu'écarter un concurrent potentiel, car pour leur part ils envoient des équipes de tournage sur toute la planète pour rapporter des images dans les salles. Peine perdue : il achète le procédé de l'Isolatograph des Frères Isola et le projecteur Theatograph commercialisé à Londres par l'opticien anglais William Paul. Il fonde sa propre société de production qu'il appelle Star Film - sans imaginer la signification universelle que ces mots allaient connaître, et dès le 5 avril 1896, projette des films classiques (scènes de villes et de champs) dans son théâtre grâce au kinétograph qui s'inspire des modèles qu'il a achetés et qu'il transforme bientôt en caméra en inversant le mécanisme et en perforant à la main des pellicules[4]. Afin de renouveler l'intérêt du public, il a l'idée non plus de tourner des scènes de la vie quotidienne mais de monter des fictions. Cette idée, née par sérendipité, vient lorsqu'il visionne avec un technicien une scène de rue avec un omnibus tournée sur les grands boulevards : lors du tournage, la manivelle s'est bloquée pendant une minute si bien que lors du visionnage, l'omnibus se transforme en corbillard. Alors que son technicien est prêt à jeter la pellicule, Méliès réalise le ressort comique de l'incident et choisit dès lors d'exploiter le « cinéma dans sa voie théâtrale spectaculaire », parodiant notamment les films des Lumière en « vues[5] fantastiques »[1].

En 1897, il crée dans sa propriété de Montreuil le premier studio de cinéma en France, un studio de 17 mètres sur 66, sa toiture vitrée à 6 mètres du sol dominant la scène, la fosse et la machinerie théâtrale[6]. Il y filme ses acteurs (amateurs recrutés dans la rue, artistes de music-hall, danseuses du Châtelet et souvent des proches ou lui-même) devant des décors peints directement inspirés par les spectacles de magie de son théâtre, ce qui lui vaut le surnom de « mage de Montreuil ». Il filme également, faute de pouvoir être sur place, des actualités reconstituées en studio (son chef d'œuvre étant Le Couronnement (ou sacre) du roi Édouard VII présenté à la cour du Royaume-Uni en 1902). Il développe aussi un atelier de coloriage manuel de ses films, procédé largement inspiré de ce qui se fait pour la colorisation de photos en noir et blanc. Il se fait ainsi tour à tour producteur, réalisateur, scénariste, décorateur, machiniste et acteur.

De 1896 à 1914, il réalise près de six cents « voyages à travers l'impossible », autant de petits films enchanteurs, mystérieux, naïfs, à la beauté poétique aujourd'hui parfois surannée. Courts métrages de quelques minutes projetés dans des foires et vus comme une simple évolution de la lanterne magique.

Son premier film important, l'Affaire Dreyfus (1899), est une reconstitution de 10 minutes qui témoigne de son intérêt pour le réalisme politique. Si son Voyage dans la Lune (1902), chef-d'œuvre véritable d'illusions photographiques et d'innovations techniques, premier « long métrage » de 16 minutes, remporte un certain succès au point d'être exporté aux USA[7], G. Méliès ne parvient cependant pas à rivaliser avec les sociétés à production élevée, ce qui fait dire à Méliès amer : « Laissons les profits au capitaliste acheteur et marchand soit, mais laissons au réalisateur sa gloire, ce n'est pas trop demander, en bonne justice ».
Voici comment sa petite fille, Madeleine Malthête-Méliès, relate en 1961 cette période : « Méliès cessa toute activité cinématographique en 1913. C'est en mai de cette même année qu'il perdit sa femme et resta seul avec ses deux enfants, Georgette, née en 1888, dont je suis la fille, et André, né en 1901. Il ne pouvait disposer de ses fonds comme il le voulait à cause de la présence de son fils mineur dans la succession. Il se trouvait donc dans une situation financière extrêmement embrouillée lorsqu'éclata la guerre de 1914, Le Théâtre Robert-Houdin qui était devenu un cinéma avec séance de prestidigitation le dimanche seulement fut fermé dès le début des hostilités par ordre de la police...» En 1911, Pathé devint le distributeur exclusif de la Star Film et prend progressivement le contrôle éditorial sur les films.
De 1915 à 1923, Méliès montera, avec l'aide de sa famille, de nombreux spectacles dans un de ses deux studios cinématographiques transformé pour l'occasion en théâtre.
En 1923, poursuivi par un créancier, il doit revendre à Pathé sa propriété transformée en cabaret d'opérette et quitte Montreuil.
« Toutes les caisses contenant les films furent vendues à des marchands forains et disparurent. Méliès lui-même, dans un moment de colère, brûla son stock de Montreuil » selon Madeleine Malthête-Méliès.
Ses films sont alors en majorité détruits (notamment fondus pour en extraire l’argent) ou vendus (récupérés au poids et transformés en celluloïd pour les talonnettes de chaussures destinées aux Poilus). En 1925 il retrouve une de ses principales actrices, Jeanne d'Alcy (de son vrai nom Charlotte Faës, dite Fanny). Elle tient une boutique de jouets et de sucreries dans la gare de Paris-Montparnasse. Il se remarie avec elle et ils s'occupent ensemble de la boutique. C'est là qu'il sera retrouvé en 1929 par Léon Druhot, directeur de Ciné-Journal, qui le fera sortir de l'oubli.

Son œuvre est redécouverte par les surréalistes et il obtient la Légion d'honneur en 1931.

En 1932, il est placé au château d'Orly, maison de retraite de la Mutuelle du cinéma (la Mutuelle du cinéma fut fondée en 1921 par Léon Brézillon, Président du syndicat français des exploitants du cinématographe), il y terminera sa vie avec son épouse Jeanne d'Alcy, mourant d'un cancer à l’hôpital Léopold Bellan à Paris.

Claude Autant Lara, dans ses mémoires "La rage dans le cœur", raconte Méliès,en 1925, vendeur de bonbons gare Montparnasse.

Il repose au Père-Lachaise à Paris.

Parmi ses nombreuses inventions : les pellicules de films percées de 4 trous par image, le développement de film sur tambour, pour éviter le développement image par image. L'introduction du mouvement horloger "croix de malte" dans le premier projecteur (transformer un mouvement continu en mouvement à arrêts instantanés) premières projections au monde de publicité en 1896 "biberon Robert", etc. Il est le premier à travailler avec des films de plus de 17 mètres, à pratiquer les fondus enchaînés, le premier tournage avec acteur avec le film "Escamotage d'une Dame".

Peu de temps avant la mort de G. Méliès, en 1938, Henri Langlois, créateur de la Cinémathèque française, parvient à sauver une partie de ses films (aussi bien issus de sauvegardes effectuées directement à partir des négatifs d’origine que de copies illégales) et en dirige la restauration. À la charnière du théâtre et du cinéma, G. Méliès - au sujet duquel D.W. Griffith déclara « je lui dois tout » - fut un véritable « inventeur », l'inventeur du cinéma de divertissement. Depuis 1946, le prix Méliès couronne chaque année le meilleur film français ou de coproduction française.

Le 13 mars 1961, la Poste française a émis un timbre d'une valeur de 50 centimes à l'effigie de Georges Méliès. Il fut retiré de la vente le 14 octobre 1961 après avoir été tiré à 5 270 000 exemplaires[8].

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Filmographie sélective

Article détaillé : Filmographie de Georges Méliès.

On estime qu'en dix-sept ans d'activité, Georges Méliès réalisa près de 600 courts métrages de 1 à 40 minutes, en privilégiant trois genres : la féerie, la science-fiction et la reconstitution historique. Il est à noter que selon la législation en vigueur concernant les droits d'auteur, l'ensemble des réalisations de George Méliès sont passées dans le domaine public au 1er janvier 2009, l'année suivant la soixante-dixième depuis sa mort[9].

  • 1903 : La Lanterne magique
  • 1903 : Le Rêve du Maître de Ballet
  • 1903 : Faust aux Enfers
  • 1904 : Les Cartes vivantes
  • 1904 : Le Thaumaturge chinois
  • 1904 : Le Bourreau turc
  • 1904 : Le Juif errant
  • 1904 : Le Roi du Maquillage
  • 1904 : Le Voyage à travers l'Impossible
  • 1905 : Le Tripot clandestin
  • 1905 : Les Affiches en goguette
  • 1905 : Le Palais des Mille et Une Nuits
  • 1905 : Le Raid Paris-Monte Carlo en 2 heures
  • 1905 : Les Chevaliers du chloroforme
  • 1906 : Les 400 Farces du Diable
  • 1906 : L'Alchimiste Parafaragamus ou la Cornue infernale
  • 1907 : L'Éclipse du soleil en pleine lune (image)
  • 1907 : La Prophétesse de Thèbes
  • 1907 : 20 000 lieues sous les mers
  • 1908 : Le Rêve d'un fumeur d'opium
  • 1908 : Tartarin de Tarascon
  • 1908 : La Fée libellule
  • 1909 : Le Locataire diabolique
  • 1909 : Le Mousquetaire de la reine
  • 1910 : Le Secret du Médecin
  • 1910 : Les Hallucinations du Baron de Münchausen
  • 1912 : À la Conquête du Pôle
  • 1912 : Le Chevalier des neiges
  • 1912 : Cendrillon ou La pantoufle mystérieuse
  • 1913 : Le Voyage de la famille Bourrichon

Notes et références

  1. a et b Georges Méliès (1861 - 1938) - Le fondateur du 7ème Art
  2. Georges Méliès sur Magiczoom
  3. Georges Méliès
  4. L. Mannoni, L'art trompeur - De la lanterne magique au cinématographe, trois siècles de cinéma, Réunion des Musées nationaux, 1995, p. 251
  5. Nom des premiers films muets mesurant 125 mètres, durant 4 minutes et diffusés dans les baraques de foire.
  6. Georges Méliès sur Larousse.fr
  7. Le 24 octobre 1907, la justice américaine interdit définitivement la projection du film Voyage sur la lune, Edison prétendant détenir les droits. Ceci après des années de bataille judiciaire (menées par Gaston, son frère, résidant à New York depuis 1903 pour ouvrir une succursale de la Star Film afin d'éviter le piratage), deux cents plaidoiries, trois cents plaidoiries en appel. Il avait tout de même pu toucher jusqu'en 1914, 50 000 francs or de rente annuelle, lié à toutes les contrefaçons de films Méliès.
  8. http://www.phil-ouest.com/Timbre.php?Nom_timbre=Melies_1961
  9. Vianney Aubert, « Le patrimoine du cinéma se découvre sur Internet », Le Figaro du 14 août 2008

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Malthête, Michel Marié, Georges Méliès, l'illusioniste fin de siècle ?, Presses Sorbonne Nouvelle, 1997, 456 p. [lire en ligne] .
  • Madeleine Malthête-Méliès, Méliès L'enchanteur, Ramsay, 1995, 443 p. .

Liens externes

Citations

D.W. Griffith dit de Méliès : « Je lui dois tout. » et Charles Chaplin rajoutera « C'était l'alchimiste de la lumière. »

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