Georges Robert (amiral)

Georges Robert (amiral)
Georges Robert en 1893

Georges Robert est un amiral et administrateur français né à Courseulles-sur-Mer[1]. le 31 janvier 1875, d'une famille de manufacturiers de dentelle et mort à Paris le 2 mars 1965.

Sommaire

Biographie

Fils d’Edmond-Achille Robert et de Léontine-Marie Gombeaux, il est l’ainé de cinq enfants. A dix huit ans, il entré à l'École navale en 1893, après des études à l’Institution Saint-Joseph de Caen, puis au collège naval de Cherbourg, Georges Robert est enseigne de vaisseau en 1900 et participe à une campagne de 18 mois à Madagascar. Lieutenant de vaisseau, commandant le sous-marin Phoque, puis le contre-torpilleur Mameluk en 1915, il participe à la bataille des Dardanelles, où il intervient dans le sauvetage des naufragés du cargo Amiral Hamelin[2]. Breveté de l’École de guerre navale, capitaine de frégate en 1916, commandant le torpilleur Commandant Rivière et le torpilleur Casque, capitaine de vaisseau en 1921, contre-amiral en 1926, vice-amiral en 1930, inspecteur général des forces maritimes en Méditerranée 1932. Grand croix de la Légion d'honneur. Admis en 2e section en 1937 avec le rang et appellation d'amiral (5 étoiles). Il est rappelé à l’activité, sur sa demande, en août 1939. Le 15 septembre, à Fort-de-France, il prend les fonctions de commandant en chef de l’Atlantique Ouest et de haut commissaire de France aux Antilles, à Saint-Pierre et Miquelon et en Guyane. Il y dispose des croiseurs Émile-Bertin et Jeanne d’Arc, du porte avions Béarn, des croiseurs auxiliaires Barfleur et Quercy, du pétrolier Var, de l’aviso Ville-d’Ys, et d’une importante garnison à la Martinique. En outre, il assure la protection d’un stock de 286 tonnes d’or de la Banque de France évacué de métropole[3]. Après l’armistice il refuse les résolutions des Conseils généraux de la Martinique (14 juin 1940) et de la Guadeloupe qui, considérant qu'une pression extérieure est exercée sur le Parlement, demandent la transmission du pouvoir à ceux-ci en application de l'article 1 de la loi du 15 février 1872, et qui votent le ralliement à la France Libre et la continuation du combat aux côtés des alliées. Pendant la période des hostilités, il organise la défense des communications maritimes en liaison avec son homologue britannique des Bermudes.

Le diplomate

Les États-Unis ayant reconnu le gouvernement de Vichy, l’Amiral Robert négocie avec eux. Moyennant la garantie de sa neutralité, il obtient les ravitaillements nécessaires. Après l’entrée en guerre des États-Unis, il confirme à l’Amiral Horne, chef d’opérations navales américaines, qu’il restera fidèle aux engagements passés. En rapport cordial avec son interlocuteur, celui-ci fit la confidence « pour éviter la casse entre amis » qu’il préparait un important débarquement au Maroc à la fin du mois d’octobre 1942. Cette information transmise par un émissaire fut reçue le 17 avril 1942 à l’Amirauté française. En avril 1943, les États-Unis suspendirent le ravitaillement des Antilles. Dans la crise qui en résulte, Vichy qui n’a plus de relation diplomatiques avec Washington, ordonne de saborder les navires et l’or. « Il (l’amiral Robert) put faire croire à Vichy que tous les appareils avaient été détruits[4]. » De même, il use de subterfuges pour sauver les navires, faisant mine d’exécuter cette décision et maintenant sa neutralité tout en préparant sa relève selon les principes proposés par le Comité de libération nationale d’Alger qui désigne le diplomate Henri Hoppenot. Après le ralliement de la Guyane à la France combattante en mars 1943, une insurrection éclate le 24 juin devant le monument aux morts de Fort-de-France. Le 29 juin, la garnison du camp de Balata rejoint la dissidence sous les ordres du commandant Tourtet. Le 14 juillet, Henri Hoppenot — alors ambassadeur de la France combattante à Washington — débarque sur l'île, mandaté par le CFLN. Le lendemain, l'amiral Robert lui transmet ses pouvoirs, puis quitte l'île pour les États-Unis, en passant par Porto-Rico, avec une partie de son entourage. Hoppenot ratifie le ralliement de l'île à la France combattante et nomme un nouveau gouverneur, René Ponton, administrateur des colonies et officier français libre en Afrique équatoriale. À son arrivée à Fort-de-France, Hoppenot explique que son prédécesseur« avait maintenu pendant quatre ans la souveraineté française entière et inviolée sur les Antilles et qu’à l’heure de suprêmes décisions, résistant aux ordres répétés que Berlin lui faisait transmettre par Vichy, l’amiral Robert avait remis une réserve d’or et une flotte intactes à l’autorité française[4]. ».

Le ressenti des Antillais

Durant cette période de pénurie très incertaine, il est fortement décrié par un bon nombre d’Antillais et de Guyanais, qui lui reprochent ses excès autoritaires, un certain accaparement des rares ressources disponibles (vivres rationnés notamment) et surtout un mépris affiché des populations de couleur (malgré des photos montrant le contraire). On lui reproche de ne pas avoir fait le choix du général de Gaulle et d'avoir entravé la dissidence par des moyens répressifs[5]. La période de l'administration de l'amiral Robert reste présente à la mémoire de nombreux Martiniquais, surtout les plus anciens. L'absence de commerce avec la métropole entraîna une pénurie quasi générale. En avril 1943, la suspension du ravitaillement en provenance des Etats Unis transforma les conditions de vie en une disette chronique. Les produits de première nécessité comme la farine, la viande salée, le savon, le tissu firent défaut et furent remplacés tant bien que mal par des productions locales. On alla jusqu’à couper l’essence avec du rhum pour alimenter les voitures. La mortalité infantile crût de façon dramatique. Les aînés n'ont pas oublié cette période qu'ils évoquent encore en disant "an tan Robè", c'est-à-dire "du temps de Robert".

Le procès

En septembre 1944, l’amiral Robert accusé de collaboration, est incarcéré à Fresnes. Mis en liberté provisoire le 24 mars 1946, il comparait devant la Haute Cour de justice le 14 mars 1947 et est condamné à 10 ans de travaux forcés. Cependant, la peine est remise à la demande de la Haute Cour de Justice qui l'a prononcée ; les juges ont constaté qu’il avait été très favorable aux Anglais et qu’après leur opération « Catapult » du 3 juillet 1940, il avait conclu un « modus vivendi » avec eux ; qu’il avait maintenu sa neutralité lors de l’occupation de Saint-Pierre par les FNFL (Forces Navales françaises libres) ; que son obédience à Vichy n’était que de pure forme et maintenue pour des buts diplomatiques et utilitaires locaux ; que les témoignages des autorités américaines étaient élogieux et qu’il avait contesté la procédure de serment au chef de l’État comme étant « superflue et dangereuse ». Il sort libre du Tribunal. Six mois plus tard, sa peine lui est remise. Il bénéficie d’une amnistie totale et de la réintégration dans ses grades et décorations le 15 avril 1954. il est libéré six mois après. Il est relaxé en 1957.

Les reproches du général de Gaulle

De Gaulle, dans ses Mémoires de guerre note :

« Depuis 1940, l'Amiral Robert, haut-commissaire, maintenait ces colonies [Antilles et Guyane françaises] sous l'obédience du Maréchal. Disposant des croiseurs Émile Bertin et Jeanne d'Arc, du porte-avions Béarn, des croiseurs auxiliaires : Barfleur, Quercy, Esterel... ainsi que d'une importante garnison, il appliquait un régime de rigueur et, moyennant la garantie de sa neutralité, obtenait des Américains le ravitaillement nécessaire. Mais, à mesure des évènements, la population et de nombreux éléments militaires marquaient leur désir de se joindre à ceux qui combattaient l'ennemi[6]. »

« Au début de 1943, tout annonçait qu'un grand mouvement entraînerait, bientôt dans le camp de la libération les territoires français d'Amérique et les forces qui s'y trouvaient[6]. »

« En juin, la Martinique accomplit les actes décisifs. Depuis des mois, l'Amiral Robert recevait de ses administrés d'innombrables pétitions l'adjurant de laisser ce territoire ardemment français faire son devoir envers la France. J'avais moi-même trouvé l'occasion de faire passer à Fort-de-France, en avril 1943, le médecin général Le Dantec pour offrir à l'Amiral Robert une issue satisfaisante. Mais mes démarches restaient sans réponses. Par contre, menaces et sanctions redoublaient sur place contre les résistants[7]. »

Décorations

  • Ordre de la Francisque

Bibliographie

  • Mers el-Kébir. La rupture franco-britannique, H Contan – Bégarie et Cl. Huan, Paris 1994
  • La France aux Antilles de 1939 à 1943, Paris, Plon, 1950, 228 pages
  • Département d’État Américain, Communications entre Fort-de-France et Washington 1940–1943 (avec message d’adieu de Roosevelt à l’amiral Robert). 2 fasc
  • Journal de bord du contre-torpilleur Mameluck n° - / 1915 (20 août – 3 déc. 1915) – alors commandé par le lieutenant de vaisseau Robert – (Extrait ; S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 336, p. num. 245).

Notes et références

  1. Une rue à Courseulles-sur-Mer, dans le Calvados, honore sa mémoire
  2. Cargo des Chargeurs Réunis réquisitionné au Havre le 15 septembre 1914 et coulé le 7 octobre 1915 par une torpille du sous-marin U 33 (KL Conrad Gansser) en mer Ionienne par environ 35°30 N et 19°10 E
  3. Or de la Banque de France arrivé le 24 juin 1940 sur le croiseur Émile Bertin
  4. a et b René Schneyder, Le soulèvement des Antilles : Mars-juin 1943
  5. Dès 1940 bon nombre de dissidents politique sont emprisonnés, déportés en Guyane ou mis aux fers dans les cales de la Jeanne d'Arc, in : Chemins de la Mémoire N° 216 - juin 2011 - p 8 Susie Jouffa, Thomas Pouty et Jean-Baptiste Romain, La dissidence en Guadeloupe et en Martinique en 1940-1945
  6. a et b Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, deuxième partie : « L'unité 1942-1944 », « Alger », Paris, Plon, 1956 (édition illustrée, 1962, p. 140) (ISBN 2-259-02135-2)
  7. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, deuxième partie : « L'unité 1942-1944 », « Alger », Paris, Plon, 1956 (édition illustrée, 1962, p. 141) (ISBN 2-259-02135-2)

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