Gilles Saussier

Gilles Saussier (1965 à Suresnes en France -) est un photographe français.Il est représenté par la Galerie Zürcher, Paris

Biographie

Gilles Saussier réside aux Andelys dans l'Eure en France.

Après cinq années passées à l'agence Gamma (1989 - 1994), Gilles Saussier rompt avec le photojournalisme et commence à travailler à des projets expérimentaux qui entrecroisent les genres de la photographie documentaire, de l'art conceptuel et l'anthropologie visuelle.

De 1995 à 1996, Saussier réside à Dhaka, Bangladesh et travaille sur le projet Living in the fringe, un corpus de portraits et de paysages consacré aux habitants des îles fluviales (chars) du Brahmapoutre et du Golfe du Bengale.

Dans Retour au pays, exposé pour la première fois à la Dokumenta XI (2002), il propose une médiation poétique sur la cohabitation des usages et les imaginaires du paysage en vallée de l'Epte à la frontière de l'Île-de-France et de la Normandie.

Un autre projet, Studio Shakari Bazar, débute en 1997 par une exposition sous chapiteau dans la vieille ville de Dhaka et la distribution de 74 portraits aux habitants du quartier hindou de Shakhari Bazar. Depuis, Gilles Saussier rend visite à ses images et à leurs propriétaires. Il documente la dissémination de ses images dans la rue et réalise de nouvelles générations de portraits (2001, 2004, 2006-2007).

En 2003-2004, il intervient dans le cadre de deux grands projets de renouvellement urbain : dans le quartier de l’Amont-Quentin à Cherbourg, dans le quartier Malakoff à Nantes, où il réalise deux expositions in situ (L'appartement témoin & Bivouac) à partir desquelles se met en place un projet à l'échelle de l'estuaire de la Loire Envers des villes, endroit des corps.

Avec Le tableau de chasse, Gilles Saussier engage, en 2005, un travail d'archéologie de ses propres photographies de la révolution roumaine à Timisoara. Les premières séries de ce projet, qui propose une méditation complexe sur le rapport des photographies d'actualité à l'histoire, à la mémoire, au monument, sont présentées, en 2005, au Kunstmuseum de Bâle dans le cadre de l'exposition Covering the real. Le projet a fait l'objet d'une rétrospective et de la publication d'un livre en mars 2010, avec le centre d'art-éditeur Le Point du Jour de Cherbourg.

Pour Gilles Saussier, la photographie est un acte qui sans cesse modifie la relation entre le photographe, le sujet photographié et le spectateur.

« On conviendra que c’est l’extériorité que problématise Saussier. À l’inverse d’un modèle psychologique où le moi existe plein de ses significations avant d’entrer en contact avec le monde extérieur, elles permettent une expérience qui admet que le moi se réalise en s’extériorisant. La vision et la représentation de soi et de l’autre se modifient sans cesse dans l’expérimentation. (...) Autrement dit, les photographies de Saussier ne font pas image. Elles renvoient le spectateur à sa propre définition. Celui-ci est pris dans une confrontation entre la perception de lui même en tant qu’image et ce qui mine cette perception, entre vision et engagement dans la vision (et par là même une forme particulière de corporéité), entre formes fixes et formes mouvantes, variables à l’infini. Partages d’une réalité et d’une fiction, les propositions de GIlles Saussier ne fixent pas les gestes et un récit, mais bousculent le travail de définition stable de la mémoire des images. La photographie, cette trace fragile, circule entre les corps et les regards. Le spectateur n’est assujetti à aucune juste place. Engagé dans la complexité du processus représentationnel, il reste libre, dispose de ses mouvements, de ses émotions et de ses jugements. Son regard se déplace en même temps que les objets et sa pensée (même théorique) est migrante. » Emmanuelle Cherel : L’appartement-témoin, de l’invité au citoyen, 2004.

« Véritable cartographie généalogique du travail du temps, Studio Shakhari Bazar invente un geste photographique inscrit dans la durée, qui désamorce l’immobilisme morbide du souvenir. Depuis les anciens portraits stylisés, jusqu’aux ultimes saisies contenant leurs propres mises en abymes, tout se passe comme si Gilles Saussier avait inventé une posture inédite qui ne bloque plus la fluidité du temps, mais qui, à l’inverse, appelle à soi la vaste agitation des métamorphoses provenant tant du passé que de l’avenir. Les visages vieillissent autant qu’ils rajeunissent, les lieux se font et se défont, changeant de couleurs et de formes, les artisans modifient leurs pratiques, sans qu’à aucun moment l’ombre de la mélancolie ne flotte sur cette mémoire vive. Ce tour de force qui installe une dynamique éthique dans l’esthétique n’est pas le fruit d’un génie hasardeux, mais plutôt le résultat d’une réflexion maîtrisée autour de l’histoire et des enjeux de la photographie. » Stéphanie Katz : Studio Shakhari Bazar, 1997-2007.

« Il y a un cas qui me semble absolument excellent aujourd’hui, d’un parcours qui a consisté à faire la critique et la théorie de sa propre pratique pour aller vers l’art contemporain ; c’est le cas de Gilles Saussier. C’est quelqu’un qui justement à un moment donné s’est retourné sur sa pratique et a décidé de prendre le temps de travailler et de quitter la sphère d’information et de communication pour faire un travail de fond, documentaire, artistique, conceptuel et qui l’a engagé du côté maintenant des galeries d’art. C’est aujourd’hui la personne la plus intelligente, la plus ancrée dans un passage, un croisement entre photojournalisme et art contemporain, mais au prix d’un reniement, au prix d’un reniement critique. Comme Depardon a été un cas particulier par le caractère expiatoire de sa pratique, Gilles Saussier a un caractère critique et non expiatoire de sa pratique antérieure. Mais ce sont peut être les premiers grands cas, en tous cas en France, de passage et on passe avec des dégâts et de la douleur d’un monde à un autre. » Michel Poivert, Photojournalisme à la croisée des chemins.

Expositions collectives (sélection)

• Paysages de la conscience, Musée d'Art Moderne de Bogota, Colombie, 6 mai - 8 juin 2009
• Oh quel beau déni que le débit de l’eau, Abbaye Saint-André - Centre d'Art Contemporain, Meymac, France, 2009
• Exposition inaugurale - Images du renouvellement urbain, Centre d’Art Le Point du Jour, Cherbourg-Octeville, France, 2008
• L'archive universelle, la condition du document et l'utopie photographique moderne, MACBA Barcelone, Espagne, 2008
• La Région humaine, Musée d'Art Contemporain de Lyon, 24 septembre - 31 décembre 2007
• Post-doc, Musée de la photographie, Thessalonique, Grèce, printemps 2006
• Fifty-Fifty, avec Karim Daher, Galerie Zürcher, Paris, France, décembre 2005 – janvier 2006
• Covering the Real, Kunstmuseum de Bâle, Suisse, 30 avril – 22 août 2005
• Scènes de la rue : Studio Shakhari Bazar, Musée des Beaux-Arts Thomas Henry/ Centre régional de la photographie de Cherbourg-Octeville, Cherbourg, 22 avril-19 juin 2005
• Documenta 11, Kassel, Allemagne, 8 juin-15 septembre 2002
• Des territoires, École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA), Paris, 9 octobre-30 décembre 2001
• Mother Jones International Fund for documentary photography awards, Gallery 16, San Francisco, États-Unis, 16 juillet-27 août 1999

Expositions personnelles (sélection)

• L'île d'après, Galerie Zürcher, Paris, France, mai-juin 2009
• Studio Shakahari Bazar 1997-2007, Galerie Zürcher, Paris, France, janvier-février 2007.
• Studio Shakahari Bazar, Centre la Photographie de Genève, Suisse, novembre - décembre 2006
• Envers des villes, endroit des corps, Galerie Zürcher, Paris, France, mars 2005
• Bivouac, l’Appartement témoin, Nantes, en collaboration avec l’association Peuple & culture 44, 11 décembre 2004, 20 février 2005
• Retour au pays, Galerie Zürcher, Paris, France, 5 juin-12 juillet 2003
• Waterwereld, leven in de delta van Bangladesh, installation dans le barrage anti-tempête de Waterland Neeltje Jans, Burgh-Haamstede, Seeland, Pays-Bas, 9 Juillet-1^er Octobre 1997.
• Dhaka matière d’une ville, Dhaka City Museum, et Visages de Shankhari bazar, installation sous chapiteau dans l’hôtel Kalpana, 57 Shankhari bazar, Dhaka, Bangladesh, 19-27 mars 1997

Publications (sélection)

• Studio Shakhari Bazar, in Journal N°5, Scènes de la rue, du Centre Régional de la photographie de Cherbourg-Octeville (CRCO), France, p 16-17, 2005
• Le Ruban documentaire, préface Octave Debary et Arnaud Tellier, Une ligne faite en photographiant, éd. par 779 Editions et Société française de photographie (SFP), Paris, France, 76p., 2003
• Restes d’une visite au musée, livret d’artiste éd. avec le concours du Musée d’ethnographie de Neufchatel (MEN), de la Maison des Sciences de l’Homme (MSH), de l’Association des amis du Musée Nicéphore Niépce, accompagnant La Fin du Creusot ou l’art d’accommoder les restes, Octave Debary, coll. le regard de l’ethnologue, Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (Ministère de la recherche), Paris, 2003
• Documenta 11_Platform 5 : exhibition, catalogue d’exposition, éd. par Documenta et Museum Fridericianum Veranstaltungs-GmbH, Kassel, Allemagne, p 486-487, 2002
• Shakari Bazar – Chatou, in Des territoires en revue 5/5, Des territoires/ une exposition, Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA), Paris, France, p 84-89, octobre 2001
• Situations du reportage, actualité d’une alternative documentaire, in : Communications n° 71, Le parti pris du document, littérature, photographie, cinéma et architecture au XX° siècle, Ecole des Hautes Etudes en Sciences-Sociales (EHESS)- Centre d’Études Transdisciplinaires (Sociologie, Anthropologie, Histoire) (CETSAH), éd. par Seuil, Paris, France, p 307-331, 2001
• Du reportage au jardinage, in Des territoires en revue 3/5, École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA), Paris, France, p 48-57, avril 2000
• Bangladesh, terre mouvante, Les calamités sont-elles naturelles ? in: le Monde Diplomatique N° 537, Paris, France, p 16-17, décembre 1998
• Living in the fringe, préface En face de la terre nue, éd. par association Figura, Paris, France, 144 p, 1998
• Dhaka, matière d’une ville, catalogue d’exposition Dhaka City Museum, Ambassade de France au Bangladesh, Dhaka, Bangladesh, mars 1997
• Voyages pittoresques : Normandie 1820-1909, Milan, Silvana editoriale, 2009, 543 p. (ISBN 9788836613687) (OCLC 690603127), p. 458-459 

Entretiens – Essais (sélection)

• Emmanuelle Cherel, « L’eau m’échappe... me file entre les doigts », dans Journal n^o 5, Scènes de la rue, du Centre Régional de la photographie de Cherbourg-Octeville (CRCO), France, p. 20-21, 2005
• Dominique Baqué, Pour un nouvel art politique, de l’art contemporain au documentaire, éd. Flammarion, France, p. 202, 207-209, 211-216, 2004
• Estelle Bories et Michel Poivert, « Attitude documentaire, entretien », dans Le Bulletin de la Société française de photographie, n^o 15, Paris, France, p. 3-6, décembre 2002
• Documenta 11_Platform 5 : exhibition short guide, guide de l’exposition, éd. par Documenta et Museum Fridericianum Veranstaltungs-GmbH, Kassel, Allemagne, p. 202-203, 2002
• Sylvain Maresca, « Le document est une forme », dans Living in the fringe, éd. par association Figura, Paris, France, p. 130-137, 1998
• Rukh Selim Lala et Towfiqur Rahman, Gilles Saussier on photography, entretien, dans ART a quarterly journal, vol. 2 n^o 4, Dhaka, Bangladesh, p. 18-23, avril-juin 1997