Giulia Farnese

Giulia Farnese

Giulia Farnèse

La Dame à la licorne, probablement Giulia Farnèse par Raphaël (1505)

Giulia Farnèse (né à Canino en 1474, morte à Rome le 23 mars 1524) fut une femme d'une extraordinaire beauté provoquant une telle fascination que ses contemporains la surnommèrent Giulia la Bella. Elle fut la maîtresse du pape Alexandre VI.


Sommaire

Biographie

Les origines

Giulia naît à Canino en 1474 dans une des propriétés de la famille, elle est la fille de Pierre Louis Farnèse et de Giovannella Caetani descendante de la dynastie des Sermoneta à laquelle appartient le pape Benoit VIII. Avant elle, le couple a déjà eu un garçon, Alexandre, qui montera sur le trône pontifical en 1534 sous le nom de Paul III. Suivent une sœur, Gerolama, et un frère, Angelo. Il y peu d'information sur l'enfance de Giulia ; très probablement elle a grandi dans la propriété de sa famille aux alentours du lac de Bolsena et comme il est de règle dans l'aristocratie, elle a dû être éduquée dans un couvent de Rome. En 1487, à l'âge de treize ans, Giulia devient orpheline de père.

Le mariage avec Orsino Orsini

L'entrée de Giulia dans le monde aristocratique romain intervient en 1489, quand elle est donnée en mariage à Orso Orsini (dit Orsino) des ducs de Bassanello (aujourd'hui Vasanello), une des familles les plus puissantes du Latium. Orsino, fils de Lodovico et Adriana de Mila, cousine du cardinal espagnol Rodrigo Borgia, est comte de Nola. Il est peu plaisant d'aspect et surnommé Monuculus Orsinus parce que borgne. Les noces sont célébrées à Rome le 21 mai 1489, dans la demeure du puissant cardinal Borgia, qui quelques années après sera élu pape avec pour nom Alexandre VI. À cette époque Giulia est déjà la maîtresse du cardinal depuis au moins un an. Le futur pape est un homme très porté sur la « chose », à l'époque du mariage de Giulia, il a déjà quatre enfants de sa maîtresse Vannozza Cattanei, et d'autres de femmes restées inconnues. Giulia, comme son devoir l'exige, suit son mari dans le château de Bassanello. Rapidement, le moindre prétexte est suffisant pour l'éloigner de sa résidence et les occasions ne manquent pas soit pour se rendre dans la résidence romaine des Orsini, à Monte Giordano, soit pour rendre visite à sa belle mère dans le palais romain à deux pas de la Basilique Saint-Pierre où Adriana vit avec Lucrèce, la jeune fille de son cousin Rodrigo Borgia.

La maîtresse de Rodrigo Borgia

Le pape Alexandre VI

La rencontre avec Giulia est un véritable coup de foudre pour le cardinal âgé de presque soixante ans et qui veut à tout prix faire sienne cette jeune fille. Giulia qui n'a pas encore quinze ans lui est offerte sur un « plateau d'argent » : un pacte silencieux est scellé entre tous ceux qui en tirent les avantages et le cardinal peut ajouter une nouvelle perle à sa déjà riche collection féminine. Giovannella et Adriana utilisent l'ascendant de Giulia sur le cardinal pour obtenir des honneurs et des privilèges pour leur fils respectifs Alexandre et Orsino. Dans les mois qui suivent immédiatement le mariage, Giulia devient la maîtresse officielle de Borgia complètement aveuglé par la passion pour la belle jeune femme. Pour s'assurer la proximité de sa favorite, Rodrigo obtient que ses cousins Orsini demeurent dans le palais de Santa Maria in Portico, résidence de Adriana de Mila. Seul Orsino fait les frais de l'intrigue amoureuse, obligé de jouer le rôle de mari consentant et quelques années après, lui aussi obtiendra sa récompense.

Giulia s'établit à Santa Maria in Portico où elle devient amie de Lucrèce Borgia, la fille du cardinal et la nièce de Adriana à qui elle a été confiée afin d'être éduquée comme une vraie princesse de sang royal. Entre les deux jeunes filles naît un lien d'une profonde sympathie réciproque.

Rodrigo Borgia élu pape

Le 30 novembre 1492, Giulia donne naissance à son unique fille, Laura. Depuis un peu plus de trois mois, Rodrigo Borgia était devenu Alexandre VI. L'enfant est officiellement présentée comme la fille légitime d'Orsino. Certaines chroniques de l'époque évoquent une ressemblance entre la petite fille et le cardinal et certaines coïncidences au moment de la conception confirmeraient la thèse. Alexandre VI, dans une de ses lettres à Giulia nie ces hypothèses. Laura prend le nom des Orsini et devient l'héritière du « borgne ». La naissance de Laura constitue, pour Giulia, le prétexte à l'éloignement définitif de Bassanello.

La fonction pontificale ne met pas fin à la conduite du Borgia et de la belle Farnèse qui continuent à se rencontrer, Giulia n'est plus seulement la maîtresse du cardinal mais aussi la concubine officielle du pape. Les médisances sur Giulia prennent de grandes proportions, les Romains l'appellent des petits noms de concubina papae ou sponsa Christi.

Avec l'accession au trône de Saint-Pierre, Alexandre commence à élargir les cadeaux à tous ceux qui entrent dans le cercle des fidèles, parmi ceux-ci la famille Farnèse, d'une certaine manière récompensée pour les grâces que Giulia continue à donner au pontife : l'année après son élection, Borgia nomme Alexandre, le frère de Giulia, à peine âgé de 25 ans, cardinal. Certains ne laissent pas échapper l'occasion d'ironiser sur la rapide consécration et surnomment Alexandre Farnèse, il cardinale della Gonnella, avec une allusion évidente aux résultats obtenus par les faveurs de sa sœur. Orsino, reçoit une généreuse récompense du pape, en 1494, il lui fait don du fief de Carbognano.

La fin du concubinage

À partir de 1493, la vie de Giulia la Bella subit de profonds changements. En juin, Lucrèce, alors âgée de 14 ans, épouse Giovanni Sforza, seigneur de Pesaro et part dans la ville de son époux. Giulia Farnèse la suit comme dame d'honneur accompagnée de sa belle mère Adriana de Mila. Le séjour de Giulia à Pesaro se passe autrement que prévu parce que le pape commence à la réclamer avec force à Rome.

Les troupes du roi Charles VIII de France envahissent l'Italie se dirigeant directement vers Rome et Alexandre VI, préoccupé pour la sécurité de sa maîtresse, lui ordonne le retour au Vatican. Un nouveau fait vient perturber les plans du pape : Angelo Farnèse, frère de Giulia, est à l'agonie dans son château de Capodimonte. Défiant le pape, Giulia se rend immédiatement au chevet d'Angelo qu'elle trouvera mort. Giulia profite de l'occasion pour passer l'été dans les propriétés de la famille en compagnie de son frère Alexandre. En automne, la situation se précipite, en plus des menaces du pape qui exige le retour de Giulia à Rome, son mari Orsino, pour sa part, exige le retour de sa femme à Bassanello. Borgia traite la situation toujours de la même manière, avec une détermination arrogante, il écrit des mots très durs à Giulia et Adriana les menaçant d'excommunication ainsi qu'envers le cardinal Alexandre Farnèse et Orsino Orsini.

L'intimidation réussit, parce que Giulia, sa belle mère et sa sœur Gerolama reprennent la route vers Rome. À la hauteur de Viterbo, le convoi des dames escorté de trente cavaliers que le pape a envoyé spécialement depuis Rome est intercepté par l'avant-garde française. Les trente cavaliers d'apparat plus que combattants ne tentent aucune résistance. Les Français, découvrant de qui il s'agit, les séquestrent dans le château de Montefiascone, demandant au pape une rançon de 3 000 ducats qu'Alexandre VI paie immédiatement. Après quelques jours passés à Montefiascone, plus comme hôtes que comme prisonnières, les trois femmes reprennent le voyage escortées par une véritable armée. Elles entrent dans Rome le 1er décembre et d'après les récits, Giulia passe la nuit au Vatican, immédiatement pardonnée pour son insolence envers le pontife.

Malgré les apparences, c'est le dernier acte des relations entre Alexandre VI Borgia et Giulia la Bella.

La fuite de Rome

La nouvelle de l'avancée de Charles VIII est toujours plus préoccupante et une peur croissante envahie Rome. Le pape n'a pas l'intention de laisser le Saint-Siège alors que beaucoup le lui suggèrent. Giulia, rentrée depuis peu, craint pour elle-même et sa fille et souhaite abandonner Rome le plus rapidement possible. Elle demande de l'aide à son frère Alexandre pour organiser son départ de la ville. Deux semaines avant l'arrivée de Charles VIII et de ses soldats, Giulia quitte Rome sans en avertir le pape qui ne reverra plus sa maîtresse.

Le lieu de la fuite de Giulia n'est pas connu, différentes hypothèses existent ; il est possible qu'elle ait rejoint son mari à Bassanello ou qu'elle se soit réfugiée dans le château de Carbognano où nous la retrouvons quelques années après. En 1500, à Bassanello, Orsino meurt et ses possessions vont à sa fille Laura.

Les années à Carbognano

Nous retrouvons les traces de Giulia vers fin 1503. le 18 août, Alexandre VI est mort et la la situation des Borgia commence à décliner. Pour les Farnèse, il est temps de confier à d'autres leur fortune et encore une fois, c'est Giulia qui est la protagoniste d'un de ces moments clef de cette ascension. Après le bref pontificat de Pie III, qui meurt un mois après son élection, le conclave élit pape Giuliano della Rovere qui prend le nom de Jules II. La belle, désormais âgée de trente ans, retourne à Rome pour organiser le mariage de son unique fille. Les Della Rovere sont à leur apogée et Giulia comprend bien l'opportunité d'un mariage avec cette puissante maison. Les négociations aboutissent et le 15 novembre 1505, Laura Orsini, âgée de treize ans, épouse Niccolò della Rovere, fils d'une sœur du pape. Pour Giulia, le temps des amours n'est pas fini, après une série d'amants inconnus, elle épouse, en 1506, Giovanni Capece di Bozzuto, membre de la petite noblesse napolitaine.

En 1506 est aussi l'année où Giulia prend en main la possession de Carbognano, le fief que Alexandre VI avait donné à son mari. La belle s'établit dans le château de la petite ville, sur le portail est gravé son nom. Les chroniques du château racontent que Giulia fut une habile administratrice et sut gérer ses terres d'une main ferme et énergique pendant que son frère à Rome poursuivait sa brillante carrière ecclésiastique. En octobre 1517, Giulia est veuve pour la seconde fois.

La mort

Giulia reste à Carbognano jusqu'en 1522. Elle quitte le château et fait son retour à Rome où elle passe les deux dernières années de son existence. Le 23 mars 1524, dans le grand palais du cardinal Alexandre, Giulia Farnèse meurt pour une raison inconnue à l'âge de 50 ans. Dix ans après, son frère accède au trône de Saint-Pierre avec le nom de Paul III. Sa fille Laura eut trois enfants de son mariage qui héritèrent des possessions des Orsini. Un de ceux-ci, Elena, épousa Stefano Colonna, des princes de Palestrina.

La beauté de Giulia Farnèse

Giulia est décrite comme une femme d'une taille moyenne, bien proportionnée, de grand yeux noirs, un visage rond et gracieux et une très belle chevelure.

Sa description physique nous est arrivée grâce à des fragments de lettres écrites par ses contemporains, par exemple, une correspondance entre Cesare Borgia de la cour de Pesaro qui parle de niger oculos. Lorenzo Pucci, mari de sa sœur Gerolama écrit à son frère : « elle a la plus belle chevelure que l'on puisse imaginer ». Ses dames de cour racontent que pour mettre en évidence sa peau claire, elle dort avec des draps noirs.

Sur la beauté légendaire de Giulia Farnèse, dont on parla tant de son temps et dont on écrit aujourd'hui encore, il n'existe que peu de témoignages et beaucoup de suppositions ; parmi celles-ci un des personnages de la transfiguration que Raphaël aurait représenté avec les traits de Giulia la Bella [1]. Giorgio Vasari dans ses Vite, identifie Giulia dans la Madonna col Bambino peinte par Pinturicchio dans la Sala dei Santi de l'appartement Borgia au Vatican. Cette dernière pourrait être l'hypothèse la plus plausible d'autant plus que Lucrèce Borgia, fille du pape et grande amie de Giulia est représentée. Certains supposent que l'absence d'images serait la volonté de Paul III qui aurait cherché à éliminer tous les portraits de Giulia, son souvenir étant d'un grand embarras.

Notes

Bibliographie

  • (it)Edoardo del Vecchio, I Farnese, Istituto di studi romani editore, Rome 1972
  • (it) Antonio Spinosa, La saga dei Borgia, Mondadori - Milan, 1999 - ISBN 88-04-48662-7

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Sources

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Giulia Farnese ». du 16.12.2007
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