Albert Cohen

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Albert Cohen, né à Corfou, le 16 août 1895, mort à Genève le 17 octobre 1981, est un poète, écrivain et dramaturge suisse romand dont l'œuvre est fortement influencée par ses racines juives. Son nom a été évoqué pour le prix Nobel de littérature[1].

Sommaire

Biographie

Né sur l'île grecque de Corfou en 1895, Francis Albert Cohen est né de parents juifs grecs[2]. Son grand-père préside la communauté juive locale. Le nom de Cohen le fait descendant d'Aaron.

Issu d'une famille de fabricants de savon, les parents d'Albert décident d'émigrer à Marseille après un pogrom, alors qu'Albert n'a que 5 ans. Ils y fondent un commerce d'œufs et d'huile d'olive. Il évoquera cette période dans Le Livre de ma mère. Albert Cohen commence son éducation dans un établissement privé catholique. C'est le 16 août 1905 qu'il se fait traiter de « youpin » dans la rue par un camelot de la Canebière, événement qu'il racontera dans Ô vous, frères humains. Le jeune garçon court à la gare Saint-Charles. Il s'enferme dans les toilettes, faute de pouvoir s'enfuir. Sur le mur, il écrit : « Vive les Français ! ». En 1904, il entre au lycée Thiers, et en 1909, il se lie d'amitié avec un autre élève, Marcel Pagnol. En 1913 il obtient son baccalauréat avec la mention « assez bien ».

En 1914, Albert Cohen quitte Marseille pour Genève. Il s'inscrit à la faculté de droit de la ville en octobre. Dès lors, il s'engage en faveur du sionisme mais n'ira jamais en Israël[3]. Il obtient sa licence en 1917 et s'inscrit à la faculté des lettres où il restera jusqu'en 1919. En 1919, il obtient la nationalité suisse (il était ottoman). Il tente sans succès de devenir avocat à Alexandrie. Il épouse cette même année, Élisabeth Brocher. En 1921, sa femme donne naissance à Myriam, leur fille. En 1924 sa femme meurt d'un cancer. En 1925, Albert prend la direction de la Revue juive à Paris, qui compte à son comité de rédaction Albert Einstein et Sigmund Freud. De 1926 à 1931, il occupe un poste de fonctionnaire attaché à la Division diplomatique du Bureau international du travail, à Genève. Il trouvera dans cette expérience l'inspiration qui lui permettra de construire l'univers d'Adrien Deume et de Solal des Solal pour Belle du Seigneur. En 1931 il se marie en secondes noces avec Marianne Goss dont il divorcera.

Au moment de l'invasion allemande en mai 1940, Albert fuit à Bordeaux puis à Londres. En 1941, il propose de regrouper les personnalités politiques et intellectuelles européennes réfugiées à Londres dans un comité interallié des amis du sionisme qui aidera la cause d'un État juif, une fois la paix revenue. En effet, les dirigeants sionistes choisissent de porter tous les efforts sur le sauvetage des Juifs d'Europe quitte à sacrifier l'avenir politique. La stratégie de « propagande » de longue haleine de Cohen n'est donc plus d'actualité. De plus, avec l'entrée en guerre des États-Unis, l'Agence juive comprend que l'avenir du sionisme dépendra plus de l'Amérique que de l'Europe[4]. Cohen est alors chargé par l'Agence juive pour la Palestine d'établir des contacts avec les gouvernements en exil. Il s'irrite vite de la méfiance de ses supérieurs de l'Agence juive. Il démissionne en janvier 1944 très déçu par la cause sioniste.

Le 10 janvier 1943, la mère de Cohen décède à Marseille. Cette même année il rencontre sa future troisième épouse, Bella Berkowich, En 1944, il devient conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour les réfugiés dont font partie entre autres la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Il est chargé de l'élaboration de l'accord international du 15 octobre 1946 portant sur le statut et la protection des réfugiés. En 1947, Cohen rentre à Genève. Il est directeur d'une des institutions spécialisées des Nations-Unies. En 1957, il refuse d'occuper le poste d'ambassadeur d'Israël, pour poursuivre son activité littéraire.

Dans les années 1970, Albert Cohen souffre de dépression nerveuse et manque de mourir d'anorexie en 1978. Cette mort qu'il attend à chaque instant depuis toujours, ne veut pas de lui. Il change alors radicalement de vie (à plus de 80 ans…) et va employer ses dernières années à faire ce que son grand ami Pagnol avait fait toute sa vie : faire la promotion de son œuvre. Sortant de l'ascétisme, il publie ses Carnets 1978 et répond aux demandes d'interview. Une interview télévisée exclusive de Bernard Pivot, réalisée depuis son domicile genevois situé 7, avenue Krieg, pour Apostrophes le propulse au-devant de la scène littéraire. Un numéro du Magazine littéraire lui est enfin consacré.

Il publie son dernier texte dans Le Nouvel Observateur en mai 1981 en forme de dernière glorification de l'amour de sa femme pour sa personne et proclamant son angoisse de la mort qu'il craindra jusqu'au bout.

Albert Cohen décède à 86 ans, le 17 octobre 1981 (très tôt après la publication de son texte), des complications d'une pneumonie. Il est enterré au Cimetière israélite de Veyrier, près de Genève.

Son œuvre

En 1921 il publie Paroles juives, un recueil de poèmes. Il publie ensuite un roman, Solal (1930), premier volume d'un cycle que Cohen a pensé un temps intituler « La geste des juifs », ou « Solal et les Solal ». Le roman, préfigurant en quelque sorte Belle du seigneur, raconte la jeunesse du jeune grec sur l'ile de Céphalonie, ainsi que ses premières amours. Le livre bénéficie en France d'une critique exceptionnelle. Il est traduit dans de nombreuses langues et le succès du roman devient universel : « Une œuvre stupéfiante », écrit le New York Herald Tribune ; pour le New York Times, Cohen, c'est James Joyce, Erskine Caldwell, Rabelais réunis, avec en plus la magie des Mille et Une Nuits. Les critiques anglaise, autrichienne, italienne ou helvétique s'expriment sur le même ton.

Vient ensuite Mangeclous en 1938. Aux analyses sentimentales s'ajoutent l'observation amusée de la gent S.D.N.. Après seize ans de silence, Cohen publie Le Livre de ma mère en 1954, poignant portrait d'un être à la fois quotidien et parfaitement bon qu'il évoquera une nouvelle fois dans ses Carnets (1978).

Belle du Seigneur

1968 est l'année de consécration pour Albert Cohen qui publie son œuvre majeure: Belle du seigneur. L'œuvre reçoit le Grand Prix de l'Académie Française. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1970. Belle du Seigneur, considéré par certains dont Joseph Kessel comme un roman central de la littérature française, est un hymne éternel à la femme, objet de fascination et de désespoir pour l'auteur. La leçon de séduction de Solal, donnée à Ariane au Chapitre XXXV, détruit plus vite et brutalement encore que Les Liaisons dangereuses l'espoir d'un amour qui ne serait pas basé sur une stratégie guerrière. Le livre est un succès public.

Œuvres

Notes et références

  1. Alain Schaffner Philippe Zard, Albert Cohen dans son siècle, Le Manuscrit, 2003, p 13
  2. albertcohen.gr
  3. Alain Schaffner Philippe Zard, p 13
  4. Alain Schaffner Philippe Zard, p 118

Diverses reprises et Utilisation de ces œuvres

  • Dans le livre Aladin et le crime de la bibliothèque, le livre Mangeclous est, page 119, l'indice d'une énigme à résoudre .

Voir aussi

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Bibliographie

  • C Auroy, Albert Cohen, une quête solaire, Presses universitaires de la Sorbonne, Paris, 1996
  • B Cohen, Albert Cohen, mythe et réalité, Gallimard, 1991
  • Goitein-Galperin, Visage de mon peuple. Essai sur Albert Cohen, Nizet, Paris, 1982
  • Alain Schaffner, Le Goût de l'absolu. L'enjeu sacré de la littérature dans l'œuvre d'Albert Cohen, Champion, Paris, 1999.
  • Philippe Zard, La Fiction de l'Occident. Thomas Mann, Franz Kafka, Albert Cohen, PUF, 1999. Texte intégral : Texte intégral : http://atelier-albert-cohen.org/images/stories/Documents/ouvragezard.pdf
  • Alain Schaffner, Philippe Zard, Albert Cohen dans son siècle, Le Manuscrit, 2003 ISBN 2-7481-5563-7, 9782748155631 disponible sur Googlesboooks books.google.fr
  • Gérard Valbert, Albert Cohen, ou le Pouvoir de vie, L'Âge d'homme, Lausanne-Paris, 1981

Liens externes


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