Albert Londre

Albert Londre

Albert Londres

Albert Londres (1884-1932) était un journaliste et écrivain français.

« Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Cette maxime d’Albert Londres résume bien l'idéal de ce professionnel de l'information qui reste une référence pour de nombreux journalistes français. Depuis 1933, le Prix Albert Londres récompense les meilleurs journalistes francophones.

Sommaire

Les premiers articles

Albert Londres naît en 1884 à Vichy. Après le lycée, il part à Lyon en 1901 pour travailler en tant que comptable, puis décide de se rendre à Paris en 1903. Il y publie son premier recueil de poèmes en 1904, et écrit occasionnellement des articles pour des journaux de sa région, avant de devenir correspondant parisien du journal lyonnais Le Salut Public. Cette même année naît sa fille Florise. Sa compagne, Marcelle (Marie) Laforest décède un an plus tard.

En 1906, il commence sa carrière de journaliste parlementaire au Matin. Il est chargé d'écouter ce qu'il se dit dans les couloirs du Palais-Bourbon, de le rapporter mais il ne signe pas encore ses articles. Lorsque la Grande guerre est déclarée en 1914, Albert Londres, réformé en raison de sa santé précaire et d'une faible constitution, devient correspondant militaire pour le journal au ministère de la Guerre. Correspondant de guerre par la suite, il est envoyé à Reims lors du bombardement de la ville, au côté du photographe Moreau. Le premier grand article de ce téméraire observateur narre l'incendie de la cathédrale le 19 septembre 1914 ; il sera publié deux jours après.

Le grand reportage

Albert Londres désire partir en Orient mais la rédaction du Matin refuse. Commencent alors les reportages à l'étranger pour un autre quotidien, l'un des plus lus en France : Le Petit Journal. En 1915, il se rend au sud-est de l'Europe et raconte les combats en Serbie, en Grèce, en Turquie ou encore en Albanie. Errant sur les fronts, il voit, regarde et transmet. À son retour, il couvre la fin de la guerre en France. En 1919, pour ses reportages sur l'Italie, Albert Londres est licencié du Petit Journal sur ordre direct de Clemenceau. Faisant son métier, il rapporte que « les Italiens sont très mécontents des conditions de paix concoctées par Clemenceau, Lloyd George et Wilson ».

Il travaille désormais pour le journal illustré Excelsior, « quotidien populaire de qualité » qui vient le chercher. En 1920, le journaliste réussit à entrer en Union soviétique, décrit le régime bolchevik naissant, peint les portaits de Lénine et de Trotski et raconte les souffrances du peuple russe. Il n'est pas à l'aise. « Albert Londres est abasourdi. Écœuré par ce qu'il découvre. Ce n'est pas de la propagande bourgeoise. Cela relève du bourrage de crâne martelé par des feuilles stipendiées. »

En 1922, il se rend en Asie. Il raconte le quotidien du Japon et la folie de la Chine (La Chine en folie). Il relate aussi les actions de Nehru, de Gandhi et de Tagore en Inde. Dès 1923, sa notoriété ne cesse de grandir et ses reportages commencent à être publiés sous forme de livres par Albin Michel, au travers d'Henri Béraud, autre grand reporter désormais directeur littéraire du Petit Parisien. Albert Londres écrit désormais pour ce journal et entreprend de nouvelles investigations en France.

Le reporter engagé

Bagnards et forçats

En 1923, il se rend en Guyane au bagne de Cayenne. Décrivant les horreurs de ce qu'il voit, son reportage suscite de vives réactions dans l'opinion mais aussi au sein des autorités.

« Il faut dire que nous nous trompons en France. Quand quelqu'un – de notre connaissance parfois – est envoyé aux travaux forcés, on dit : il va à Cayenne. Le bagne n'est plus à Cayenne, mais à Saint-Laurent-du-Maroni d'abord et aux îles du Salut ensuite. Je demande, en passant, que l'on débaptise ces îles. Ce n'est pas le salut, là-bas, mais le châtiment. La loi nous permet de couper la tête des assassins, non de nous la payer. Cayenne est bien cependant la capitale du bagne. (...) Enfin, me voici au camp ; là, c'est le bagne. Le bagne n'est pas une machine à châtiment bien définie, réglée, invariable. C'est une usine à malheur qui travaille sans plan ni matrice. On y chercherait vainement le gabarit qui sert à façonner le forçat. Elle les broie, c'est tout, et les morceaux vont où ils peuvent » (Au bagne, 1923).

Et le récit se poursuit : « On me conduisit dans les locaux. D'abord je fis un pas en arrière. C'est la nouveauté du fait qui me suffoquait. Je n'avais encore jamais vu d'hommes en cage par cinquantaine. [...] Ils se préparaient pour leur nuit. Cela grouillait dans le local. De cinq heures du soir à cinq heures du matin ils sont libres – dans leur cage ».

Albert Londres dénonce aussi un fait que l'on ignore souvent : le « doublage ». « Quand un homme est condamné de cinq à sept ans de travaux forcés, cette peine achevée, il doit rester un même nombre d'années en Guyane. S'il est condamné à plus de sept ans, c'est la résidence perpétuelle. Combien de jurés savent cela ? [...] Le bagne commence à la libération. Tant qu'ils sont en cours de peine, on les nourrit (mal), on les couche (mal), on les habille (mal). Brillant minimum quand on regarde la suite. Leurs cinq ou sept ans achevés, on les met à la porte du camp. » Nous pouvons imaginer la suite.

Son livre est une galerie de portraits : Hespel, Bel-Ami, Ullmo, Duez, Dieudonné, Roussenq, Marcheras... les bagnards sont des hommes ! – même si dans ce lieu, ils tendent à devenir des animaux. En 1924, il poursuit ses enquêtes sur les travaux forcés et se rend en Afrique du Nord où des bagnes militaires accueillent les condamnés des conseils de guerre qui n'en finissent pas d'expier leur très grande faute (Dante n'avait rien vu).

Les cyclistes et les fous

Il s'intéresse ensuite au Tour de France et dénonce l'impitoyable et intolérable exigence physique réclamée aux cyclistes dans ce « tour de souffrance », ainsi que la bêtise du règlement (Les Forçats de la route et Tour de France, tour de souffrance)[1]

Il se rend ensuite dans les asiles psychiatriques, y dénonce les mauvais traitements, les abus de neuroleptiques ou les carences alimentaires et sanitaires et rappelle que « notre devoir n'est pas de nous débarrasser du fou, mais de débarrasser le fou de sa folie » (Chez les fous).

Les opprimés et les exclus

En 1928, toujours pour Le Petit Parisien, il voyage du Sénégal au Congo et découvre que la construction des voies ferrées ou les intolérables exploitations forestières provoquent un nombre effroyable de morts parmi les travailleurs africains. « Ce sont les nègres des nègres. Les maîtres n'ont plus le droit de les vendre. Ils les échangent. Surtout ils leur font faire des fils. L'esclave ne s'achète plus, il se reproduit. C'est la couveuse à domicile. » Il conclut en s'insurgeant contre la colonisation, responsable de ces crimes (Terre d'ébène).

En 1929, alors que l'antisémitisme est très présent en Europe, il se rend en Palestine. Il rencontre la communauté juive et tombe face à un peuple exclu. Il se prononce alors pour la création d'un État israélien mais doute sérieusement d'une possible entente entre Juifs et Arabes. « Le déséquilibre démographique laisse présager des jours sombres : 700 000 Arabes contre 150 000 Juifs. » (Le Juif errant est arrivé)

Il part ensuite pour les Balkans et enquête sur les mécanismes du terrorisme des Comitadjis, des nationalistes macédoniens qui contestent la division de leur territoire entre la Bulgarie, la Serbie et la Grèce (Les Comitadjis). Cela sera son dernier reportage.

Le dernier voyage

Il meurt dans l'incendie du Georges Philippar, le bateau qui le ramenait de Chine en France. Il semblait avoir découvert un grand scandale : « Il est question d'armes, de drogue, d'immixtion bolchévique dans les affaires chinoises » rapporte la biographie de Pierre Assouline. Mais son reportage brûle également dans l'incendie. Le doute plane alors sur cet incendie : accident ou attentat ? Toujours est-il que les personnes auxquelles il a confié le contenu de sa découverte – le couple Lang-Villar – meurent à leur tour dans un accident d'avion.

Lors de sa construction dans les Chantiers de Saint-Nazaire, le Georges Philippar avait déjà échappé à deux départs de feu dus à des problèmes sur le circuit électrique. Lors de son voyage aller, les électriciens du bord n'ont cessé d'être sollicités pour traiter des courts-circuits, neutraliser des réseaux électriques victimes d'échauffements de câbles dangereux. Des câbles de secours ont dû même être achetés lors des escales techniques. Le bureau Veritas avait ordonné, avant le départ, le déplacement du tableau électrique général, le jugeant insuffisamment protégé.

Enfin, dans son très documenté ouvrage Paquebots vers l'Orient[2], Philippe Ramona relate le témoignage du mécanicien de bord Sadorge, apercevant un passager qui tente d'échapper aux fumées de sa cabine en passant par un hublot. Sadorge lui descend un tuyau d'arrosage, mais l'homme, paniqué, s'en saisit avant que Sadorge ait le temps d'assurer le tuyau qui se déroule, précipitant l'homme dans la mer. La description physique faite par le mécanicien, correspond trait pour trait à celle du célèbre reporter, qui serait donc mort noyé, à l'instar de nombreux autres passagers.

Éléments critiques

On saisit au travers de cette courte biographie quelques traits de la personnalité d'Albert Londres : un homme curieux et rétif qui observe le monde et transmet ses impressions comme par devoir. Tous ses reportages interrogent les marges du monde, les zones d'ombre, les périphéries pourtant si centrales. Il dialogue avec les petits, les médiocres, les infâmes. Il investit le quotidien, peint des portraits et des tableaux. Albert Londres lutte au travers de ses écrits contre les injustices, les absurdités et les incohérences du pouvoir. Il lutte contre le silence en questionnant et en informant.

Ensuite, il est intéressant de voir qu'Albert Londres utilise souvent l'histoire pour expliquer l'actualité. Dans ses reportages sur les asiles psychiatriques, il revient en de nombreuses reprises sur l'article 64 du Code pénal de 1810 et sur la loi du 30 juin 1838. « À quoi peut aboutir, ad-mi-nis-tra-ti-ve-ment, la grande misère des fous criminels ? » se demande Londres. Il répond ironiquement et gravement : « À des vaudevilles. Ces vaudevilles ont deux auteurs. (...) L'un s'appelle : l'article 64 ; l'autre : la loi de 38. Ils se valent. S'ils ne partagent pas équitablement les droits d'auteur, c'est que l'un vole l'autre. L'article 64 fait bénéficier d'un non-lieu ou fait acquitter le personnage principal de la pièce, lequel porte toujours le nom d’« aliéné criminel ». Aussitôt, la loi de 38 s'empare du monsieur. » Terminant son reportage, il affirme : « La loi de 38 n'a pas pour base l'idée de soigner et de guérir des hommes atteints d'une maladie mentale, mais la crainte que ces hommes inspirent à la société. C'est une loi de débarras. » De plus : « La loi de 1838, en déclarant le psychiatre infaillible et tout-puissant, permet les internements arbitraires et en facilite les tentatives. (...) Sous la loi de 1838, les deux tiers des internés ne sont pas de véritables aliénés. D'êtres inoffensifs, on fait des prisonniers à la peine illimitée. » Il est important de citer les mots de l'observateur pour comprendre qu'au-delà d'un simple reportage, Albert Londres met en accusation l'institution psychiatrique. Ses conclusions sont implacables et sans appel. L'intolérable des asiles s'explique directement au travers de cette loi qui régit la procédure de l'internement de l'aliéné mental. Albert Londres utilise essentiellement le terme « fou », sans doute parce que celui-ci ne renvoie pas au caractère discursif du pouvoir juridico-psychiatrique.

Albert Londres met en scène des situations, sait utiliser le témoignage afin d'informer et de sensibliliser l'opinion. Londres use d'une stratégie discursive pertinente en mêlant le fait, le descriptif à l'ironie. Si Albert Londres n'utilise pas toujours le « je », celui-ci est constamment implicite par le fait même qu'il se met en scène dans ses reportages. Il ne cache pas ses opinions et refuse les compromis. Il répond par exemple à l'éditorialiste du Quotidien en 1923 qui lui reproche de n'être pas dans la ligne du journal : « Messieurs, vous apprendrez à vos dépens qu'un reporter ne connait qu'une seule ligne, celle du chemin de fer. » (Florise Londres, Mon père, 1934 ; cité par Assouline.) Ne pratique-t-il pas en cela un « journalisme radical » ? Qui plus est, ses enquêtes qui font scandales débouchent à plusieurs reprises sur des changements concrets importants...

Son investigation dans les bagnes français, en Guyane ou en Afrique du Nord, suscite tant de réactions que les autorités doivent prendre position. Un nouveau gouverneur est nommé en Guyane. Si, le 14 septembre 1924, Londres écrit dans Le Petit Parisien que le bagne est supprimé, la réalité est en fait tout autre. Certes le cachot est supprimé, les peines de cellules sont réduites, la nourriture est améliorée, des salaires sont octroyés et les forçats sont désormais séparés en fonction de la gravité de leur peine. Mais ce n'est qu'en 1937 qu'un « décret-loi sonne le glas du bagne » (Pierre Assouline, Albert Londres. Vie et mort d'un grand reporter (1884-1932), 1989). Albert Londres y est en revanche pour beaucoup. Il permet également à Dieudonné, condamné sans preuve au bagne comme membre de la bande à Bonnot, de clamer son innocence en obtenant la révision de son procès et son retour en France. Il sera gracié. Indirectement également, il permet l'amélioration des conditions de vie dans les asiles. Ses violentes enquêtes et sa renommée incontestable obligent les autorités à réagir, parfois même... à réformer.

Bibliographie

Textes d'Albert Londres

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Voir sur Wikisource : Albert Londres.

  • Visions orientales (1902), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2002
  • Contre le bourrage de crâne (1917-1918), Arléa, 1993
  • Dans la Russie des Soviets (1920), Arléa, 1993
  • La Chine en folie (1922), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1997
  • Au bagne (1923), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2002. Première publication dans Le Petit Parisien en août-septembre 1923
  • Dante n'avait rien vu (1924), Arléa, 1997 ; coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1999
  • Les Forçats de la route ou Tour de France, tour de souffrance (1924), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1996
  • Chez les fous (1925), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1999
  • Le Chemin de Buenos Aires (1927), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2005
  • Marseille, porte du sud (1927), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1999
  • L'Homme qui s'évada (1928), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2002
  • Terre d'ébène (1929), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1994
  • Le Juif errant est arrivé (1930), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1998
  • Pêcheurs de perles (1931), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2001
  • Les Comitadjis (1932), coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1997
  • La Guerre à Shanghai (1932), coll. « Arléa Poche », Arléa, 2008
  • Œuvres complètes, Arléa, 2008
  • Câbles & Reportages, Arléa, 2008

Avant de se faire connaître en tant que journaliste, Albert Londres a publié quatre recueils de poèmes:

  • Suivant les heures, 1904
  • L'Âme qui vibre, 1908
  • Le poème effréné contenant Lointaine et La marche à l'étoile", 1911

Études et témoignages

  • Florise Londres, Mon père, Albin Michel, 1934
  • Pierre Assouline, Albert Londres. Vie et mort d'un grand reporter (1884-1932), Balland, 1989, rééd. Gallimard « Folio »
  • Paul Mousset, Albert Londres, l'aventure du grand reportage, Paris, Bernard Grasset, 1972, 267 pp.

Film

  • Les Amants du bagne de Thierry Binisti (France 2004), 95 min, l'histoire de son voyage au bagne de Cayenne

Sources

Voir aussi

Liens internes

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