Grand port maritime de Rouen

Grand port maritime de Rouen
Grand port maritime de Rouen

Le port de Rouen en amont du Pont Gustave Flaubert
Le port de Rouen en amont du Pont Gustave Flaubert

Présentation
Statut Grand port maritime
Tirant d'eau 10,70 m
Activités Transport maritime
Transport fluvial
Logistique
Géographie
Latitude
Longitude
49° 26′ 38″ Nord
       1° 06′ 12″ Est
/ 49.443889, 1.103333
 
Pays Drapeau de France France
Région Haute-Normandie
Département Seine-Maritime
Commune Agglomération de Rouen
Saint Wandrille
Port-Jérôme
Honfleur
Localisation

Géolocalisation sur la carte : France

Localisation sur la carte de France métropolitaine
Grand port maritime de Rouen
Port - Port par pays

Le grand port maritime de Rouen, est un établissement public qui assure la gestion des installations portuaires de sa circonscription qui s'étendent de Rouen jusqu'à Honfleur et l'estuaire de la Seine. Il est en outre chargé de la régulation de la navigation en basse Seine.

Depuis l'Antiquité, le port constitue une part prépondérante de l'activité de la ville en raison de sa situation stratégique entre Paris et la mer dont les marées y sont encore perceptibles. Bien qu'il soit à 80 km par bateau de l'estuaire (6 heures de navigation), le port est en mesure de recevoir des navires très importants (jusqu'à 280 m de long et 150 000 tonnes).

Tous tonnages confondus, Rouen n’est que le 28e port européen et le 5e français, mais c'est le 1er port européen pour les céréales, le 1er français pour la farine et les engrais. Le trafic pétrolier bien moins important que celui du Havre, n'est pour le moins pas négligeable en raison de la proximité de la raffinerie de Petit Couronne.

Tous les 4 à 5 ans, est organisé un grand rassemblement des plus grands voiliers du monde[1]. Cet événement est appelé L'armada de Rouen.

Sommaire

Histoire

Articles détaillés : Rouen, Chronologie de Rouen et La Seine à Rouen.

Des origines à la fin du Moyen Âge

Dès son origine, Rouen connaît un dynamisme économique remarquable. En 50 avant Jésus-Christ, le géographe grec Strabon témoigne déjà du rôle logistique de la Seine, et du port de Rouen.

« Depuis la Saône jusqu’à la Seine, on voiture les marchandises par terre. C’est en descendant cette rivière qu’on les transporte dans le pays des Lexoviens et des Calètes, et de là, par l’Océan, en moins d’un jour, dans la Bretagne. [...] Une des plus belles voies de commerce formées par la nature »

— Strabon, La géographie

Dès cette époque, la Seine confirme son rôle d’axe stratégique de l’Empire romain. Rotomagus (le Rouen actuel), est alors le point ultime de remontée de la marée à l’intérieur des terres. La cité devient le lieu de transbordement entre le fleuve et la mer, des échanges qui se faisaient entre l’Empire et sa province de Bretagne (la Grande-Bretagne actuelle). Le marbre d’Italie, les vins de Provence, l’huile d’olive d’Espagne étaient embarqués à Rouen à destination de la Grande-Bretagne. Les navires qui en revenaient étaient chargés de métaux comme le plomb ou l’étain qui étaient alors réexpédiés par le fleuve vers le Sud.

Proue d'un drakkar exposé à Rouen lors de l'Armada 2008.

La ville est régulièrement nommée dans des traités et autres documents officiels. En 629, Dagobert mentionne le port de Rouen comme un lieu où l'on peut se procurer du vin, du miel et de la farine provenant d’Europe du Nord. En 779, Charlemagne supprime la taxe sur les frets de navires venant à Rouen. La ville connaît alors une période de prospérité : Charles le Chauve en visite à Rouen en 840 compte près de 28 navires dans le port. Autres signe de cet essor, la monnaie frappée à Rouen comporte un vaisseau sur sa face. Cette période de prospérité s'achève, avec l'arrivée des Vikings qui remontent la Seine jusqu’à Rouen et réduisent la ville en cendres en 841-842.

Avec le départ des Vikings, le port retrouve sa prospérité. En 911, Rollon et les Plantagenêt y créent des entrepôts pour les produits venant de la Mer Baltique et de la Méditerranée. La Seine redevient le lien essentiel avec l’Angleterre. Dès lors, le Port et sa ville voient leurs destinées s’épanouir. Avec le règne de Guillaume le Conquérant, Rouen devient pendant trois siècles, capitale des Ducs de Normandie et dispose d’un port particulier à Londres, « Dunegate », où les vins de Bourgogne et d’Île-de-France sont livrés. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais occupent Rouen de 1418 à 1449. C’est à cette époque que fut jugée puis brûlée Jeanne d’Arc, en 1431.

De la fin du Moyen Âge au début du XXe siècle

Rouen et son port au XVIIe siècle.

Dès la fin du Moyen Âge, le port de Rouen développe ses échanges maritimes avec l’Italie comportant essentiellement des produits textiles. Du XVe siècle au XVIIIe siècle, armateurs et navigateurs s’associent, à partir des ports de Rouen et de Honfleur, aux grandes épopées océaniques et nouent des relations commerciales avec le monde entier. Peuplée alors de 40000 habitants, Rouen accède au rang de seconde ville de France derrière Paris. L'industrie textile se développe et le commerce avec les Antilles, le Canada et les Pays-Bas.

Le pont transbordeur, symbole du dynamisme du port au début du XXe siècle.

Au XIXe siècle, le port commence à rencontrer des difficultés à accueillir les navires dont les tirants d’eau ne cessent d'augmenter. L'accès au port de Rouen devient de plus en plus difficile, le fleuve s'ensable, le chemin de fer arrive à Rouen en 1843 et vient sérieusement concurrencer la voie d'eau. L'avenir du port de Rouen est menacé. C’est dans ce contexte qu'en 1846, Lamartine défend les travaux d'endiguement du fleuve devant la chambre des députés.

«  [...] Mais je dis plus. Quand cette expérience n'aurait pour résultat même en échouant, que d'arracher enfin son secret au fleuve, son secret à la marée, son mystère à la navigation maritime de la Seine, oui, quand elle n'aurait pour résultat que d'arracher le oui ou le non définitif à la nature, sur la possibilité ou l'impossibilité de prolonger de cent vingt kilomètres la navigation française, ce oui ou ce non arrachés à la nature valent à eux seuls vos deux millions ! »

— Lamartine, Discours devant le chambre des députés

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, suite à la destruction de la quasi totalité des vignobles français par le phylloxéra de la vigne, l'activité portuaire augmente grandement en recevant la production vinicole de l'Algérie.

Du début du XXe siècle à nos jours

Avec le début de la Première Guerre mondiale, le trafic augmente fortement. Celui-ci est notamment porté par le développement des importations de charbon anglais. Le Port de Rouen devient le premier port français, place qu’il conserve jusqu’aux années 1930.

La Seconde Guerre mondiale sera dramatique pour le port de Rouen : le trafic est réduit à néant pendant trois années consécutives (de 1941 à 1943) et la quasi-totalité des installations portuaires est détruite.

La reconstruction fait de Rouen un port pratiquement neuf, très bien adapté aux trafics qu’il a à traiter. Les installations portuaires se déplacent vers l’aval du port et le développement de la rive gauche se fait en étroite liaison avec celui de l’industrie. Les liaisons d’avant-guerre avec les Iles britanniques, l'Europe du Nord et l’Afrique du Nord retrouvent rapidement leur niveau d'avant-guerre. Des nouvelles lignes régulières sont mises en place vers la Côte occidentale d’Afrique, l’Océan Indien ainsi que l’Amérique du Sud ou encore les États-Unis. Même s’il n’est plus le premier port français, le Port de Rouen ne cesse de se développer.

Des progrès très importants sont réalisés grâce à l’aménagement du nouveau chenal de l’estuaire ouvert en 1960. Le trafic passe de 10 Mt en 1963[2] à 13 Mt en 1970 et atteint pour la première fois le seuil des 20 Mt en 1979. La structure du trafic se modifie profondément. En 1968, les céréales, farines, sucres et produits pétroliers, deviennent majoritaires pour la 1re fois dans le trafic.

Après la Seconde Guerre mondiale, les pays européens se trouvent dans une situation de pénurie alimentaire. Afin de sortir de cette dépendance, une Politique Agricole Commune est mise en place en 1962. La production agricole est encouragée et un soutien est apporté aux exportations ce qui permet au Port de Rouen de faire un véritable bond en avant. Dès lors, Rouen se situe au premier rang des ports européens d’exportation céréalière. Plus de quatre décennies plus tard et malgré les fortes évolutions enregistrées au niveau communautaire, Rouen occupe toujours cette position de leader.

L’application du statut d’autonomie en 1966 consacre le port de Rouen comme l’un des grands ports français appelés à jouer un rôle national.

La dernière décennie (1990-2000) génère de profondes transformations provoquées par la réforme de la politique agricole commune en 1992. Cette période voit le trafic céréalier reculer au port de Rouen de 1994 à 1996. Pendant ce temps, la réforme nationale de la manutention portuaire de 1992 permet de redonner fiabilité et compétitivité au port.

Le port de commerce

Principales caractéristiques

Tonnage annuel traité par le port de Rouen de 1970 à 2008.
Terminal de Saint-Wandrille.

Rouen avec un trafic de 26,7 millions de tonnes (2010) est le 5e port français pour les marchandises, tous tonnages confondus, (derrière Marseille, Le Havre, Dunkerque, Saint-Nazaire) et le 28e port européen. Adossé à la région céréalière la plus importante d'Europe occidentale, c'est le 1er port européen pour les céréales, avec 6,9 Mt en 2009[3]. C'est le 1er français pour la farine et les engrais. Le trafic pétrolier, moins important que celui du Havre, est lié à l'activité des raffineries de Petit-Couronne et Port-Jérôme ainsi que des installations de stockage. Les silos portuaires de Rouen représentent une capacité de stockage d'1,2 million de tonnes sur 6 sites[4].

Les principaux échanges se font avec l'Europe (53,45%), l'Afrique (34,58%) et l'Amérique (9,23%). En 2010 les principaux pays partenaires sont dans l'ordre les Pays-Bas (4,25 millions de tonnes), l'Algérie (3,5 Mt), le Maroc (2,2 Mt), le Royaume-Uni (1,64 Mt), la France (1,4 Mt), la Russie (1,4 Mt) les États-Unis (1,12 Mt), et la Belgique (1 Mt)[5].

Installations portuaires et activité

L'activité portuaire se répartit le long de la Seine entre Rouen et Honfleur sur environ 120 km. Le port du Havre, port en eau profonde au bout de l'estuaire de la Seine, constitue une entité séparée. Le port de Rouen dispose en tout de 12,6 km de quais, d'une capacité de stockage de 1,2 millions de tonnes de céréales, de 860000 m de vracs liquides et d'une superficie d'entrepots couverts de 240000 m² (hors vracs et industriels)[6].

Les principales installations du port de Rouen sont :

  • Les plus grosses emprises sont regroupées dans le site dit amont situé dans l'agglomération de Rouen, en aval du pont Guillaume-le-Conquérant, et s'échelonnent principalement le long de la rive gauche du fleuve représentent en tout 18,3 millions de tonnes en 2010. Ils comprennent en allant vers l'aval les terminaux de Rouen (3,3 millions de tonnes en 2010, Le Grand-Quevilly (2,7 Mt), Petit-Couronne (3,7 Mt en 2010), Grand-Couronne (5,3 Mt en 2010) et Canteleu/Val de la Haye sur la rive droite (3,35 Mt en 2010) [7].
  • le terminal de Port-Jérôme et Radicatel (6,9 millions de tonnes en 2010) est situé sur la rive droite de l'agglomération de Rouen. Le trafic porte sur les vracs liquides, les produits pétroliers, les bio-carburants.
  • le terminal de Saint-Wandrille / Le Trait (0,48 millions de tonnes en 2010) est installé sur la rive droite juste en amont du pont de Brotonne. Il dispose de 650 mètres de quai, de deux grues et de 15 hectares de terre-plein. Il dispose d'un embranchement fer. Il est spécialisé dans l'importation de bobines d'acier et de vrac tels que la tourbe et les granulats. Il peut recevoir des navires à pleine charge allant jusqu'à 50000 tonnes de port en lourd[8],[7].

Rouen est également un port fluvial important avec un trafic de 0,3 millions de tonnes (2010). La Seine navigable (gabarit classe V péniches allant jusqu'à 5000 tonnes) le met en relation avec l'Île-de-France, qui représente un arrière-pays à la fois dense et proche. Rouen est à 24 heures de navigation du port de Gennevilliers, qui est l'installation la plus importante du port autonome de Paris.

Dans le domaine des passagers, Rouen reçoit périodiquement des paquebots de croisière.

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Administration

Le port maritime de Rouen est administré par un directoire de trois membres. Un conseil de surveillance est chargé de contrôler le directoire. Il comprend des représentants de l'État, des collectivités territoriales telles que la région Haute-Normandie, le département de la Seine-Maritime, la communauté de l'agglomération rouennaise et la ville de Rouen, ainsi que de la Chambre de commerce et d'industrie de Rouen. Le port autonome de Rouen' a été institué par le décret no 65-937 du 8 novembre 1965. Une nouvelle réforme entraîne sa transformation en grand port maritime par le décret no 2008-1146 du 6 novembre 2008.

Accessibilité & navigation en Seine

Vedettes de pilotage en attente au Havre, prêtes à prendre en charge un navire remontant la Seine.

Bien qu'il soit situé à 80 km par le fleuve de l'estuaire et à 6 heures de navigation, l'effet des marées est sensible jusqu'à Rouen et permet de recevoir des navires très importants jusqu'à 280 m de long et de 150 000 tonnes de port en lourd. En aval, les ponts sur la Seine dégagent un tirant d’air de 50 mètres tandis que des dragages permanents maintiennent un tirant d’eau de 10 mètres minimum. Afin de préserver l'accès aux navires les plus hauts, seuls trois ponts, laissant un grand tirant d'air au navire (plus de 50 mètres), franchissent la Seine entre Rouen et Le Havre : en partant de l'embouchure de la Seine le pont de Normandie, le pont de Tancarville et le pont de Brotonne. Ces possibilités de franchissement du fleuve sont complétés par plusieurs bacs permettant de transporter piétons et voitures.

De 3 500 à 4 000 navires font escale chaque année dans le port de Rouen. L’accès au port est assuré par un entretien régulier du chenal de navigation et de dragages permanents. Cet entretien permet l'accueil de navires ayant les caractéristiques suivantes [9] :

  • 10,70 mètres de tirant d'eau pour les navires remontant la Seine.
  • 10,30 mètres de tirant d'eau pour les navires descendants.

Ainsi, le port peut accueillir en escale, des navires de 30 000 à 40 000 tonnes de port en lourd (tpl) ou encore de porte-conteneurs de 2 000 à 2 500 EVP.

Les condition particulières de navigation (tirant d'eau limité, chenal étroit, brume et brouillards fréquents) nécessitent une maîtrise parfaite de la conduite des navires. C'est pourquoi la plupart des navires ayant des dimensions importantes doivent être manœuvrées avec l'aide d'un pilote de Seine à bord.

Le port de plaisance

Le patrimoine portuaire

Le projet Seine Ouest

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L'armada de Rouen

Article détaillé : Armada de Rouen.
L'Armada de Rouen rassemble les plus grands voiliers du monde.

L'Armada est un large rassemblement de grands voiliers organisé à Rouen. Évènement majeur du monde de la mer, il a lieu tous les quatre à cinq ans sur les quais de la Seine. Cette manifestation dure en général une dizaine de jours.

Durant les dix jours, les quartiers de Rouen sont aux couleurs des différentes nationalités des bateaux invités. Près de 8000 marins sont présents dans les rues de la ville. Au terme de ces dix jours, les navires descendent la Seine les uns à la suite des autres. Cette « parade de la Seine » s'achève au large de Honfleur et du Havre et les navires retrouvent alors la mer.

Annexes

Notes et références

Bibliographie

  • Michel Croguennec, [L']Aménagement du port de Rouen de 1800 à 1940 : contraintes, techniques et stratégies, ANRT, Lille, 1999
  • Jérôme Decoux, Rouen, port de mer, Images du patrimoine, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Rouen, 1999 (ISBN 2-910316-20-3)
  • Jérôme Decoux, Le Port de Rouen de l'île Lacroix à la Bouille, no 07, collection histoire(s) d'agglo, Agglomération de Rouen, 2003 (ISBN 2-913914-44-6)

Voir aussi

Liens internes

Liens externes


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