Albin Chalandon

Albin Chalandon
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Albin Chalandon
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Parlementaire français
Date de naissance 11 juin 1920 (1920-06-11) (91 ans)
Mandat Député
1967 - 1976
1986-1988
Circonscription Hauts-de-Seine
Nord
Groupe parlementaire UDVe (1967-1968)
UDR (1968-1976)
RPR (1986-1988)
Ve République

Albin Chalandon, né le 11 juin 1920 à Reyrieux (Ain), est un homme politique et ancien ministre français.

Sommaire

Biographie

Études

Il possède une licence de lettres et un doctorat de troisième cycle de philosophie (DESS).

Résistant

À 24 ans, il dirige une compagnie dans un groupe de 500 maquisards en forêt d'Orléans (maquis de Lorris), ce qui l'amène à se confronter au régiment SS 1010, basé à Chilleurs-aux-Bois. Il est blessé assez grièvement mais sauvé par le général Leclerc, ce qui le conduit à participer à la libération de Paris, et plus particulièrement à celle du Palais Bourbon et des bâtiments du Quai d'Orsay, alors tenus par les SS ; les combats se soldèrent par d'importantes pertes humaines[1]. Ce fait d'armes lui valut la Légion d'honneur à titre militaire.

Haut fonctionnaire

Albin Chalandon débute sa carrière à l'Inspection générale des finances avant de devenir membre du cabinet de Léon Blum (lequel est alors président de l'ultime gouvernement provisoire – du 16 décembre 1946 au 16 janvier 1947 –, soit juste avant l'entrée en vigueur de la Quatrième République). Il poursuit par la suite sa carrière dans la haute fonction publique.

Banquier

Il crée en 1952 une banque avec Marcel Dassault, la Banque commerciale de Paris[2], dont il fait en seize ans la 6e banque française, revendant alors en 1968 sa participation pour entrer en politique. Cette banque a été fusionnée ensuite, en 1972, dans la Banque Vernes, qui est passée dans le secteur public entre 1982 et 1987.

Dirigeant au sein du mouvement gaulliste

Lors du retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958, il devient trésorier puis secrétaire général (pendant quelques mois en 1959) de l'Union pour la nouvelle République (UNR). Il évolue par la suite dans les directions d'entreprises, et est membre du Conseil économique et social entre 1964 et 1967. Il se fait ensuite élire député de la 2e circonscription des Hauts-de-Seine lors des élections législatives de mars 1967, sous l'étiquette gaulliste de l'Union démocratique pour la Ve République (UD-Ve). Il est réélu aux législatives de juin 1968 avec la nouvelle appellation Union pour la défense de la République (UDR), transformé en Union des démocrates pour la République en 1971.

Ministre de l'Équipement et du Logement (1968-1972)

Brièvement ministre de l'Industrie de mai à juillet 1968 dans le dernier gouvernement de Georges Pompidou, Albin Chalandon participe également au Cabinet de Maurice Couve de Murville (le dernier de la présidence du général de Gaulle) puis à celui de Jacques Chaban-Delmas (le premier de la présidence de Georges Pompidou), en tant que ministre de l'Équipement et du Logement, du 10 juillet 1968 au 5 juillet 1972. À son initiative, le gouvernement se lance à grands pas dans la résorption du retard français en matière d'équipements autoroutiers : le pays passe de la construction de 50 km par an à celle de 500 km. La présence d'Albin Chalandon au ministère est marquée par une révision radicale de la politique du logement (Albin Chalandon parle de « libérer l'urbanisme »). Les investisseurs privés sont davantage invités à participer au financement des grandes opérations d'urbanisme (les ZAC se substituant aux ZUP) ou aux grands équipements publics. Le plan d'épargne-logement est dynamisé. Les plans ambitieux de constructions de grands ensembles qui ont marqué les années 1960 ne sont plus d'actualité et on promeut désormais l'habitat individuel : en 1969 est lancé un Concours International de la Maison Individuelle (dit Concours Chalandon) qui conduit à la construction de 70 000 pavillons individuels familièrement désignés par un néologisme - ce sont les chalandonnettes[3]. Le départ d'Albin Chalandon du ministère de l'équipement est marqué par l'affaire Aranda, du nom d'un de ses collaborateurs qui transmet à la presse des copies de dizaines de documents (interventions pressantes auprès du ministre) des plus compromettants pour plusieurs personnalités notables des cercles du pouvoir[4]. Après la démission de Jacques Chaban-Delmas du poste de Premier ministre le 5 juillet 1972 et son remplacement par Pierre Messmer, Albin Chalandon n'est pas reconduit dans le gouvernement.

Réélu député de la 2e circonscription des Hauts-de-Seine aux élections législatives de mars 1973, il est parlementaire en mission auprès du ministre des Affaires étrangères Jean Sauvagnargues en 1974. Il est de plus secrétaire général adjoint de l'UDR de 1974 à 1975, secondant à ce poste le nouveau chef de file de la famille gaulliste, Jacques Chirac. Il siège à l'Assemblée nationale jusqu'au 11 août 1976, date de sa cessation de mandat pour occuper une mission temporaire auprès du ministre de l'Industrie et de la Recherche, le Républicain indépendant Michel d'Ornano.

Dirigeant d'Elf-Aquitaine (1977-1983)

Il est PDG de la société publique d'extraction pétrolière ELF Aquitaine entre 1977 et 1983, ainsi que de l'Entreprise de recherches et d'activités pétrolières (ERAP) jusqu'en 1980.

Garde des Sceaux (1986-1988) 

Il revient en politique en 1986, dans les rangs du Rassemblement pour la République (RPR) fondé en 1977 par Jacques Chirac sur la base de l'ancienne UDR. Élu député cette fois dans le Nord, à la proportionnelle, lors des élections législatives du 16 mars 1986, Albin Chalandon est de 1986 à 1988 le garde des Sceaux du gouvernement de Jacques Chirac, pendant la première cohabitation. La politique en matière pénale est réorientée et prend une tonalité sécuritaire. Dès les premières semaines de la législature, quatre projets de lois allant dans cette direction sont élaborés par le ministère de la Justice et celui de l'Intérieur : les contrôles d'identité sont facilités, une loi durcit les dispositions relatives à la période de sûreté et la comparution immédiate, une troisième facilite la répression des faits de terrorisme (notamment en instaurant une Cour d'Assises spéciale composée de magistrats professionnels), une quatrième enfin restreint les possibilités de remise de peine. Validées par le conseil constitutionnel, les quatre lois seront promulguées dès septembre 1986. Le changement de politique est affiché dès les premières semaines du nouveau gouvernement : le ministre convoque les procureurs généraux pour leur déclarer : « Il faut savoir réprimer et pas seulement prévenir »[5].

Le 23 septembre 1986, une conférence de presse du ministre relative au traitement judiciaire de la toxicomanie déclenche une polémique. Là encore, il s'agit d'annoncer une volonté de plus de répression. À côté de peines accrues pour les trafiquants, le ministre évoque les consommateurs : pour lui, « l'usager est d'abord un délinquant ». S'il refuse de se soigner, il conviendra donc de l'incarcérer - Albin Chalandon évoque le projet de créer 1600 places de prison adaptées aux toxicomanes. Ses déclarations provoquent l'indignation de l'opposition de gauche et de médecins ou éducateurs, mais aussi des protestations dans la majorité, notamment de l'ancienne ministre de la Santé Simone Veil. Un mois plus tard la ministre en exercice, Michèle Barzach, fait elle-même connaître sa désapprobation, obligeant le Premier ministre à trancher ; ce sera en faveur de Mme Barzach[6].

Le 12 novembre 1986, Albin Chalandon présente au Conseil des ministres un projet de loi « portant réforme du code de la nationalité », qui va dans le sens des revendications formulées par le Front national. Le « droit du sol » qui accorde annuellement la nationalité à 40000 enfants nés en France de parents étrangers est remis en cause ; désormais l'acquisition de la nationalité par les enfants d'étrangers sera volontaire et devra faire l'objet d'une déclaration - a de plus initialement été envisagée une prestation de serment. François Mitterrand rend public son désaccord, et le projet de loi est finalement enterré. S'entretenant quatre ans après avec des journalistes, Albin Chalandon assure n'avoir défendu que du bout des lèvres des mesures qui étaient voulues par les ultras de la majorité mais lui semblaient excessives[7].

Face au problème alors aigu de la surpopulation carcérale, et après avoir essuyé le refus des ministres de l'Économie et du Budget Édouard Balladur et Alain Juppé, de débloquer un budget significatif en vue de construire de nouvelles prisons, Albin Chalandon se tourne vers une solution libérale : la concession au secteur privé. Un projet de loi est présenté le 19 novembre 1986 en Conseil des ministres, qui autorise le financement et la gestion privée d'établissements pénitentiaires. Comme la semaine précédente pour la réforme du droit de la nationalité, le président de la République prend la parole pour désapprouver cette solution. Ceci n'empêche pas la procédure parlementaire de se mettre en route, le projet de loi étant tout d'abord examiné au Sénat. Mais, inquiet de la tournure de l'affaire (avis défavorable du Conseil d'État, mobilisation des syndicats de gardiens, réticences au sein même de la majorité), le Premier ministre décide de revoir le plan initial ; le budget nécessaire à la construction de nouvelles prisons publiques est débloqué et la rédaction du projet de loi profondément modifiée au fil de la navette parlementaire. En son état final, les prisons pourront être bâties par des entreprises privées, mais la gestion publique n'est plus remise en cause[8].

Cette période de la vie publique d'Albin Chalandon est enfin marquée par l'« affaire Chaumet ». Alors que la société Chaumet, une très ancienne et fameuse joaillerie installée place Vendôme, a été mise en faillite et ses dirigeants inculpés pour « banqueroute et escroquerie », le quotidien Le Monde du 12 octobre 1987 affirme que le garde des Sceaux dispose d'un compte courant rémunéré dans les écritures de la société Chaumet. Celle-ci fournissait en effet à ses clients fortunés un service bancaire clandestin autant qu'illégal. Si aucun élément ne laisse soupçonner que les sommes déposées par Albin Chalandon sur ce compte aient une provenance douteuse (le compte a été crédité par la vente de bijoux familiaux), cela n'empêche pas l'opposition de gauche – alors embarrassée par l'affaire du Carrefour du développement et l'affaire Luchaire – d'ouvrir un contre-feu et critiquer vertement la situation délicate d'Albin Chalandon, à la fois client d'un montage douteux et chef hiérarchique du parquet. L'intéressé se déclare « de marbre » et souligne qu'il s'agit de ses deniers propres et non de détournements de fonds. Selon Pierre Favier et Michel Martin-Rolland – qui jugent par ailleurs avec du recul ses explications « quelque peu embarrassées » – le garde des Sceaux était alors persuadé que la médiatisation de l'affaire n'était pas fortuite, mais bien orchestrée par l'Élysée en rétorsion au traitement judiciaire de l'affaire des Irlandais de Vincennes. Comme les autres clients des activités bancaires occultes de la joaillerie Chaumet, Albin Chalandon n'a pas été poursuivi en justice[9].

Après la réélection de François Mitterrand à la présidence de la République contre Jacques Chirac le 8 mai 1988, Albin Chalandon renonce à briguer un nouveau mandat de député dans la nouvelle 6e circonscription du Nord lors des législatives de juin. Il se retire ensuite de la politique active.

Retraité de la vie politique

Albin Chalandon encourage Rachida Dati tout au long de son ascension sociale, l'aidant à obtenir en 1988 un emploi à Elf-Aquitaine[10]. Il assiste à sa prise de fonctions au ministère de la Justice en 2007[11].

Les 14 et 15 décembre 2010, il est placé en garde à vue à son domicile. Il est en effet soupçonné d'être intervenu en 2008 auprès de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l'intérieur, pour obtenir l'autorisation des bornes internet de la société Visionex, lesquelles auraient permis des paris en ligne illicites. Son fils aîné, Fabien Chalandon, responsable de cette société, a lui-même été mis en examen. Selon le Canard Enchaîné, Rachida Dati serait intervenue en 2008 en tant que Garde des sceaux pour demander la clôture des investigations judiciaires dans cette affaire[12].

Vie privée

Il s'est marié le 10 juillet 1951 à la princesse Salomé Murat (née en 1926), descendante de Joachim Murat[13]. Le couple a trois enfants : Fabien (né le 11 janvier 1953), qui épouse Thora Mahdavi (dernière compagne de Bernard Giraudeau), Aurèle (né en 1956) et Emmanuel Chalandon (né le 8 janvier 1959[14])[15]

Sans jamais divorcer de son épouse, Albin Chalandon a vécu longtemps avec la journaliste Catherine Nay, rencontrée à la fin des années 1960[16].

Synthèse des fonctions gouvernementales

Décorations

Il est élevé à la dignité de grand-croix dans l'ordre de la Légion d'honneur, dans le cadre de la promotion du 14 juillet 2009[17].

Notes et références

  1. Le maquis de Lorris par l'amicale des anciens du maquis de Lorris. 1947.
  2. Source Who's Who
  3. Le bilan de l'action de A. Chalandon au ministère de l'équipement et du logement est issu de Serge Bernstein et Jean-Pierre Rioux, La France de l'expansion - 2 : L'apogée Pompidou, Paris, Points Histoire, coll. « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1995 (ISBN 978-2-02-025632-2) (LCCN 92186327) , p. 167-168 pour le paragraphe jusqu'à ce niveau, à l'exception de l'information sur la construction d'autoroutes (référence souhaitée)
  4. Karl Laske et Laurent Valdiguié, Le vrai Canard, Paris, Stock, 2008 (ISBN 978-2-234-06078-4) (LCCN 2009402727) , p. 106-123
  5. Pierre Favier et Michel Martin-Rolland, La décennie Mitterrand t. 2 : Les épreuves (1984-1988), Seuil, 1991, 4 vol. (ISBN 2-02-024015-7), p. 704-706
  6. Pierre Favier et Michel Martin-Rolland, op. cit., p. 719-721
  7. Pierre Favier et Michel Martin-Rolland, op. cit., p. 717-719
  8. Pierre Favier et Michel Martin-Rolland, op. cit., p. 721-724
  9. Pierre Favier et Michel Martin-Rolland, op. cit., p. 880-882
  10. Claude Askolovitch, Rachida Dati, Je vous fais juges, Éditions Grasset & Fasquelle, 2007 (ISBN 978-224673401) , p. 131-135, Michaël Darmon et Yves Derai, Belle-Amie, Paris, Éditions du Moment, 2009 (ISBN 978-2-35417-042-4) (LCCN 2009405375) , p. 18-19
  11. Darmon et Derai, op. cit., p. 84-85
  12. Article de Libération sur la garde à vue des 14 et 15 décembre 2010
  13. Généalogie
  14. Le jour même où Charles de Gaulle devient officiellement, à 68 ans, le premier président de la Cinquième République française.
  15. voir : "le Gotha Français - État présent des familles ducales et princières (depuis 1940)", de Hubert Cuny et Nicole Dreneau - L'Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux (1989) ISBN 2-908003-00-7
  16. Christophe Deloire et Christophe Dubois, Sexus politicus, Albin Michel, 2006
  17. Décret du 13 juillet 2009 portant élévation aux dignités de grand’croix et de grand officier (Journal Officiel de la République Française du 14 juillet 2009 - Edition numéro 0161).

Liens externes

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