Guillaume Gouffier De Bonnivet

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Guillaume Gouffier de Bonnivet

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Guillaume Gouffier de Bonnivet par Jean Clouet (v. 1516)

Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet, amiral de France, (né vers 1488, décédé le 24 février 1525 à Pavie) est un diplomate, courtisan et homme militaire français. Favori de Louise de Savoie, il se vit confier la construction du Havre de Grâce. Son action militaire, d'abord heureuse en Navarre, se poursuivit par une série d’échecs en Italie.

Sommaire

Biographie

Fils de Guillaume Gouffier de Boissy (ca. 1435-1495) et de Philippine de Montmorency, et frère d'Artus Gouffier de Boissy, il « fut, dit Brantôme, en bonne réputation aux armées et aux guerres, au delà des monts où il fit son apprentissage ; et pour ce, le roi ( François Ier) le prit en grande amitié, étant d'ailleurs de fort gentil et subtil esprit et très habile, fort bien disant, fort beau et agréable, comme j'ai vu par son portrait[1]. »

Le diplomate

Favori de François Ier, il se concilia la faveur de ce prince par le courage qu'il déploya au siège de Gênes (1507) et à la journée des éperons (1513). Après la bataille de Marignan, François Ier l'envoya en ambassade en Angleterre, pour corrompre Wolsey, ministre de Henry VIII d'Angleterre, et pour décider ce monarque à se déclarer en faveur de la France[2]. L'année suivante, Bonnivet parcourut toutes les cours d'Allemagne pour faire élire François Ier empereur. Peut-être se serait-il assuré tous les suffrages, s'il avait pu distribuer l'argent avec prudence, au lieu de le prodiguer avec un éclat indiscret ; il gagna quelques électeurs, et flatta longtemps François Ier de l'espoir du succès ; mais, à la nouvelle de la proclamation de Charles Quint, il sortit du château qui lui servait d'asile aux environs de Francfort, et s'enfuit à Coblence. Toutefois, il n'en fut pas moins bien accueilli à la cour, et créé amiral de France ; à la mort de son frère Boissy, grand maître de la maison de France, il le remplaça dans la faveur du roi.

Il épousa le 8 juin 1517 Louise de Crèvecœur, dont il eut deux fils. L'aîné mourut prématurément, et le second, François Gouffier, marquis du Deffends (?-1594), devint maréchal de France.

La campagne de Navarre (1521)

Courtisan de la duchesse d'Angoulême, mère de François Ier, il obtint par son crédit, en 1521, le commandement de l'armée de Guyenne, destinée à réparer les fautes de Lesparre dans la guerre d'Espagne. Bonnivet s'empara d'abord de quelques châteaux situés dans les montagnes de la Navarre, menaça ensuite Pampelune, puis, par une marche habile, tourna tout-à-coup vers Fontarabie ; il passa la rivière d'Hendaye à la vue de l'armée espagnole, enleva le château de Bohobie, et se rendit maître de Fontarabie, regardée alors comme une des principales clefs de l'Espagne. Au milieu de ces hostilités, des pourparlers s'ouvrirent pour la paix avec Charles Quint ; mais Bonnivet déconseilla la restitution de Fontarabie, qu'il regardait comme un trophée de sa gloire, et il promit même au roi de faire suivre la prise de cette ville par la conquête de Saint-Sébastien. François Ier conserva donc Fontarabie, et les hostilités recommencèrent.

François Eudes de Mézeray accuse le seul Bonnivet d'avoir fait rejeter la paix : « C'est ainsi, dit-il, qu'un ministre visionnaire et ambitieux jeta son roi et sa patrie dans une suite infinie de calamités. »

Le courtisan

Bonnivet revint à la cour, et ne songea plus qu'à jouir de sa faveur ; de tous les amis de François Ier, il fut le seul auquel on donna le titre de favori. Il nourrit et servit la haine de la duchesse d'Angoulême contre le connétable de Bourbon, dont il s'était attiré le mépris. La cour allant au château de Bonnivet, en Poitou, dont l'amiral portait le nom, et où il étalait le plus grand faste, le roi y conduisit Bourbon malgré lui, et, arrivé à Bonnivet, il lui demanda ce qu'il pensait de ce château magnifique : « Je n'y connais qu'un défaut, répondit le connétable ; la cage me paraît trop grande pour l'oiseau. - C'est apparemment la jalousie, dit le roi, qui vous fait parler ainsi. - Moi, jaloux! répondit Bourbon ; puis-je l'être d'un homme dont les ancêtres tenaient à honneur d'être écuyers de ma maison? » En effet, la maison de Gouffier était originaire du Bourbonnais.

Premier échec dans le Milanais

Devenu dès lors l'ennemi le plus actif du connétable, Bonnivet contribua aussi à sa défection. La duchesse d'Angoulême n'eut pas de peine à persuader au roi que Bonnivet réussirait mieux que Lautrec en Italie. Il eut le commandement de l'armée française et pénétra en 1523 dans le Milanais. Plutôt que d'attaquer Milan, il préféra en faire le blocus, dans l'espoir de l'affamer ; mais l'armée impériale entreprit de l'affamer lui-même dans son camp. Bonnivet se retira au delà du Tessin, et par de mauvaises dispositions, il laissa battre à Rebec le chevalier Bayard, qui lui dit : « Vous m'en ferez raison en temps et lieu, maintenant le service du roi exige d'autres soins. » Bonnivet ne répondit pas à ce défi, et ne crut pas devoir irriter Bayard, l'oracle de l'armée. Pressé par le marquis de Pescaire, il confia même la retraite à Bayard, qui sauva l'armée à Romagnano, et se fit tuer. L'évacuation du Milanais fut entière.

Le désastre de Pavie (1525)

Les historiens voient une nouvelle preuve du crédit excessif de la duchesse d'Angoulême dans l'accueil que le roi fit à Bonnivet au retour de cette campagne malheureuse. Lorsqu'en 1524, François Ier entreprit en personne la conquête du Milanais, ce fut encore par le conseil de Bonnivet qu'il résolut de faire le siège de Pavie. Bonnivet s'indigna de l'idée d'une retraite, proposée par les généraux les plus expérimentés, et, voulant épargner au roi la honte d'une fuite, il fit dans le conseil, pour déterminer la bataille, une harangue que Brantôme nous a conservée[1] : il emporta la décision du roi. Voyant ensuite les déplorables effets du conseil qu'il avait donné, et l'inutilité de ses efforts pour arracher son maître aux périls qui l'environnaient, il lève la visière de son casque, et, jetant un triste regard sur le champ de bataille, il s'écrie : « Non, je ne puis survivre à un pareil désastre. » et court se précipiter au milieu des bataillons ennemis, le 24 février 1525. Le connétable de Bourbon, voyant les restes sanglants de son ennemi, se serait écrié, en détournant les yeux : « Ah! Malheureux! Tu es cause de la perte de la France et de moi-même! »[1].

Anecdotes

Brantôme assure que la comtesse de Chateaubriant était infidèle au roi en faveur de Bonnivet, et que le roi l'ayant surpris un jour chez elle, il n'eut que le temps de se cacher. Bonnivet aimait la duchesse d'Alençon, sœur du roi, qui, connaissant cette inclination, ne s'en offensait point ; mais ce favori, ne pouvant toucher le cœur de la princesse, s'introduisit pendant la nuit par une trappe dans sa chambre ; la duchesse se défendit avec tant de courage, et fut secourue si à-propos par sa dame d'honneur, que Bonnivet se vit contraint de se retirer honteusement. Elle raconte elle-même cette aventure dans l' Heptaméron (4e nouvelle : sous des noms supposés)[3].

Bibliographie

  • Brantôme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, J. Sambix le jeune, 1583 (réimpr. 1699 en 6 vol., 1722 en 4 vol.) 
  • F.Ambière, Gouffier de Bonnivet, amiral de France, Paris, 1937.

Notes et références

  1. a , b  et c Pierre de Brantôme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, livre III.
  2. La Bibliothèque Nationale conserve, sous les n° 8552 et 8553, un recueil de lettres manuscrites de l'amiral Bonnivet, ambassadeur extraordinaire en Angleterre en 1519, 2 vol. in-fol°.
  3. Dreux du Radier a tenté de démontrer la fausseté de cette anecdote dans un de ses ouvrages manuscrits.

Sources

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