HMHS Britannic

HMHS Britannic

Britannic

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Britannic
Le Britannic après sa transformation en navire-hôpital
Le Britannic après sa transformation en navire-hôpital
Noms : Gigantic (à l'origine du projet)
Britannic
Type : Paquebot transatlantique de classe Olympic transformé en navire-hôpital
Histoire
Quille posée : 30 novembre 1911
Lancement : 26 février 1914
En service : 23 décembre 1915 (voyage militaire)
Statut : Naufrage en mer Égée le 21 novembre 1916
Caractéristiques techniques
Longueur : 275,6 m
Maître-bau : 28,65 m
Tirant d'eau : 10,5 m
Tirant d'air : 45,5 m
Déplacement : un peu plus de 53 000 tonnes[b 1]
Tonnage : 48 158 tjb[b 2]
Propulsion : machines à triple expansion alimentant les deux hélices latérales, et une turbine basse pression alimentant l'hélice centrale
Puissance : 50 000 ch (en temps normal)
65 000 maximum[b 2]
Vitesse : 21 nœuds en moyenne (24 au maximum)[b 2]
Ponts : 10
Autres caractéristiques
Passagers : 2 579 en traversée commerciale[b 1]
3 309 en tant que navire-hôpital
Équipage : 950[b 1]
Chantier : Harland & Wolff, Belfast
Armateur : White Star Line
Pavillon : Royal Navy Pavillon
Coût : 1 947 797 £ d'époque[c 1]

Le HMHS Britannic est un paquebot britannique construit par les chantiers navals Harland & Wolff de Belfast pour la White Star Line. Il devait à l'origine être nommé Gigantic et est le troisième navire de classe Olympic, sister-ship de l’Olympic et du Titanic. Construit peu après ces derniers, il est lancé le 26 février 1914.

Réquisitionné par la marine britannique pendant la Première Guerre mondiale en tant que navire-hôpital, il coule en mer Égée le 21 novembre 1916 en un peu moins d'une heure, probablement après avoir heurté une mine. Cependant, les causes exactes du naufrage restent à ce jour inconnues.

Son épave est localisée et explorée par le commandant Cousteau en 1975. Il s'agit de la plus grande épave de paquebot au monde. Bien que ce naufrage ait eu un impact moindre que celui de son sister-ship, il a tout de même donné lieu à la réalisation d'un téléfilm, Britannic, en 2000.

Le Britannic est le deuxième des trois navires de la White Star Line qui portent ce nom. Le premier débute sa carrière en 1874 et le troisième, entré en service en 1930, est le dernier navire à avoir arboré le pavillon de la compagnie.

Sommaire

Historique

Le lancement du Britannic
Le Britannic avant sa transformation en navire-hôpital (photo retouchée)

Construction

C'est en 1907 que Joseph Bruce Ismay, directeur général de la White Star Line, et Lord William James Pirrie, directeur des chantiers navals Harland & Wolff de Belfast décident de la construction d'un trio de paquebots aux proportions inégalées destinés à concurrencer les « lévriers des mers » de la Cunard Line (le Lusitania et le Mauretania) non pas sur le plan de la vitesse, mais sur celui du luxe et de la sécurité[1]. Les noms des trois navires sont décidés ultérieurement et montrent bien les intentions des concepteurs quant à leur taille : Olympic, Titanic et Gigantic. Les deux premiers sont construits dans un premier temps avant de laisser place au troisième[a 1]. L’Olympic effectue son voyage inaugural le 14 juin 1911 et, peu après, la quille du Gigantic est posée dans les chantiers Harland & Wolff. La construction du troisième géant commence donc le 30 novembre 1911 sur la cale précédemment occupée par l’Olympic[a 2], et la mise en service du paquebot est prévue pour le début 1914. La construction débute à une bonne allure, mais est rapidement assombrie par le naufrage du Titanic le 15 avril 1912, ce qui incite les concepteurs à attendre les recommandations de l'enquête pour s'adapter à celles-ci[b 2].

Ces enquêtes entraînent de nombreuses modifications, et la première concerne le nom même du navire. Ce nom est jugé trop orgueilleux, surtout suite au naufrage de son sister-ship. Le Gigantic est ainsi rebaptisé Britannic, nom déjà porté par un navire de la compagnie lancé en 1874[Note 1],[b 3]. Par la suite, la White Star Line a nié avoir envisagé de nommer le navire Gigantic, et si certains le nient encore, il est généralement reconnu que ce nom a été envisagé, des affiches et articles de journaux appuyant ce fait[2]. Le navire n'ayant pas encore été lancé, d'autres modifications sont effectuées, concernant en grande partie la sécurité du navire. Une double coque est ajoutée, les compartiments étanches centraux sont rehaussés (ce défaut avait en grande partie accéleré le naufrage du Titanic) et des canots de sauvetage sont ajoutés. Les nouveaux compartiments étanches permettent au navire de rester à flot avec six compartiments inondés, quels qu'ils soient[c 2]. De plus, de grands bossoirs sont ajoutés pour permettre de descendre les canots plus rapidement[a 2], même en cas de gîte sur le côté[Note 2].

Le lancement du Britannic a lieu le 26 février 1914 sous les yeux de centaines de spectateurs[b 4]. Ce jour est même chômé à Belfast[b 5]. Il est alors prévu qu'il soit terminé à la fin du mois de septembre 1914, puis il est annoncé en juillet que la mise en service du paquebot est repoussée au printemps suivant[b 6]. Cependant, ce scénario est bouleversé par la déclaration de guerre du Royaume-Uni à l'Allemagne. La construction du navire cesse un temps, puis, encore inachevé, il est réquisitionné par l'Amirauté britannique le 13 novembre 1915 pour transporter des soldats blessés sous le nom d'HMHS Britannic[Note 3],[b 7].

Transformation en navire-hôpital

Transformé en navire-hôpital, le Britannic subit quelques modifications, notamment visuelles. Alors que sa construction est sur le point de s'achever, sa coque est repeinte en blanc et se voit ajouter une ligne verte ainsi que trois croix rouges sur chaque flanc, éclairées par des ampoules[3]. À l'intérieur, 3 309 lits et plusieurs salles d'opération sont installées. Les espaces communs des ponts supérieurs sont transformés en salles pour les blessés, les cabines du pont B servent à loger les médecins, et la salle à manger de première classe ainsi que la salle de réception des premières classes, sur le pont D, sont transformées en salles d'opération[c 1]. Les ponts inférieurs accueillent les blessés légers.

Cette transformation impromptue entraine également un problème au niveau des embarcations de sauvetage : seuls cinq des huit bossoirs géants ont eu le temps d'être installés. L'équipement du navire est donc complété par des bossoirs de type Wellin (ceux qui équipent l’Olympic et le Titanic), capables de descendre deux canots : un solide et un pliant. Ces bossoirs sont placés sur la partie centrale du pont des embarcations, et deux d'entre eux sont ajoutés sur le pont de poupe, offrant ainsi un total de 58 canots de sauvetage à bord[c 1].

Le Britannic en guerre

Le Britannic n'a jamais vu New York (tout comme son prédécesseur, le Titanic) car son voyage inaugural (le 23 décembre 1915) est militaire et il ne fait jamais de traversée transatlantique par la suite puisqu'il est coulé avant la fin du conflit. Sa tâche est simple : il doit effectuer la liaison entre Southampton et le port de Mudros sur l'île de Lemnos en mer Egée afin de ramener des soldats malades ou blessés. Il rejoint plusieurs bateaux sur la même ligne tels que le Mauretania, l’Aquitania et même son sister-ship l’Olympic (qui contrairement aux trois autres, ne sert pas en tant que navire-hôpital mais en tant que transport de troupes). Les quatre bâtiments sont rejoints un peu plus tard par le Statendam. L'équipe formée est ainsi en mesure de transporter près de 33 000 hommes de troupe et 17 000 blessés et malades.

Lorsqu'il est déclaré bon pour le service, le 12 décembre 1915, on lui attribue une équipe médicale constituée de 101 infirmières, 336 sous-officiers et 52 officiers, ainsi qu'un équipage de 675 personnes. Il fait tout d'abord une escale à Naples pour refaire ses stocks de charbon et prend seulement ensuite le cap de Mudros et du front des Dardanelles, revenant en Angleterre le 9 janvier 1916 avec 3 000 soldats qui sont répartis dans les hôpitaux londoniens. Ce voyage est marqué par deux décès dus à la tuberculose et la disparition d'un homme tombé à la mer[c 1]. Son deuxième voyage est de plus courte durée car il fait seulement un aller-retour vers Naples. Il passe les quatre semaines suivant son retour au large de l'île de Wight en tant qu'hôpital flottant. À la fin de son service militaire, le 6 juin 1916, il retourne à Belfast pour y subir les modifications nécessaires à son service transatlantique originel.

Cependant, l'Amirauté britannique le rappelle à son service deux mois plus tard, le 28 août 1916 et le navire reprend le large pour un quatrième voyage le 24 septembre[c 1]. L'équipe médicale est alors composée de secouristes volontaires. Il repart le 9 octobre pour Southampton et fait ensuite un cinquième voyage. Le quatrième voyage du bateau est marqué par son arrestation officielle quand celui-ci arrive à Mudros. En effet, l'équipage a été frappé par des intoxications alimentaires et le paquebot doit rester à quai pendant la durée de l'enquête[4].

La vie à bord du Britannic suit une routine bien huilée. À six heures, les patients sont réveillés et les locaux nettoyés. Le petit-déjeuner est servi à 6 heures 30, puis le capitaine fait une tournée d'inspection du navire. Le déjeuner est servi à midi et demie, et le thé à 16 h 30. Les patients sont soignés entre les repas, et ceux qui le souhaitent peuvent se promener sur le pont, à condition de ne pas porter d'uniforme militaire, pour ne pas déclencher d'attaque ennemie. À 20 h 30, les patients regagnent leurs lits puis le capitaine fait une nouvelle tournée d'inspection[b 8].

Le naufrage

Le naufrage du Britannic.

La sixième traversée, également à destination de Mudros, débute le 12 novembre 1916. Au matin du 21 novembre, aux alentours de 8 h 12, le Britannic, sous le commandement de Charles Alfred Bartlett[5],[Note 4],[b 9], heurte une mine allemande[Note 5] entre l'île de Kéa et l'îlot de Makronissos, ce qui provoque l'ouverture d'une brèche à l'avant dans le flanc bâbord ainsi qu'un début d'incendie. Ce dernier engendre alors une deuxième explosion (plus semblable à un coup de grisou), due cette fois-ci à la poussière issue du charbon entreposé dans les chaufferies. Au moment du choc, le personnel hospitalier se trouve dans la salle à manger pour le petit déjeuner. L'infirmière Violet Jessop note par la suite que contrairement à ce qui s'était passé durant le naufrage du Titanic, la prise de conscience de la situation a été presque immédiate. Pour le commandant Bartlett et son commandant en second Hume, qui se trouvent alors sur la passerelle, le danger est évident[b 10].

Ayant touché les compartiments 3 et 4, l'explosion provoque également des avaries qui touchent les deux compartiments avant. Le couloir reliant la chaufferie six aux dortoirs commence également à s'inonder, provoquant de fait l'inondation de la chaufferie. Le commandant donne l'ordre de fermer les portes étanches, mais celle qui sépare les chaufferies 5 et 6 est endommagée et ne se ferme pas, aggravant encore l'inondation. Cependant, les cloisons suivantes étant closes, le navire est théoriquement hors de danger[c 3]. L'arrêt de mort du Britannic est signé par le fait que nombre de hublots des ponts inférieurs sont ouverts au moment du drame pour aérer le navire[b 11]. De plus, le navire accuse une forte gîte sur tribord.

Les soutiers et chauffeurs doivent évacuer les salles de chaudières 5 et 6 deux minutes après l'explosion[Note 6],[b 12]. Une tentative est alors faite pour échouer le navire sur l'île voisine de Kéa, mais en vain. La proue commence déjà à s'incliner de la même façon que celle du Titanic quatre ans et demi plus tôt, avec une certaine gîte du côté touché. Utilisant les hélices (le gouvernail ne pouvant être utilisé efficacement à cause de la gîte), Bartlett réussit à faire virer le navire par tribord.

Sur les 1 125 personnes présentes à bord, 30 périssent et 45 sont blessés[Note 7],[c 4]. Des passagers n’ont pas attendu le feu vert du commandant pour la mise à l'eau des canots de sauvetage, et les deux embarcations non autorisées ainsi que leurs occupants ont été happés et broyés par les hélices du navire qui fonctionnaient encore à ce moment. Le capitaine, apprenant la nouvelle et considérant les chances d'échouer le navire comme nulles, fait stopper les machines et donne l'ordre d'évacuer le navire à 8 h 35. Les passagers ont tout juste le temps de monter dans les chaloupes et de s'éloigner du bâtiment. Le dernier canot quitte le paquebot à 9 heures[b 13]. Bartlett est le dernier à quitter le navire, sautant du pont pour rejoindre un canot à la nage[6]. En effet, alors que la poupe est déjà assez élevée au-dessus de la surface de l'eau, la proue touche le fond de la baie qui est très proche (un peu plus d'une centaine de mètres). Il y a alors un effet de levier qui fait chavirer le bateau du côté tribord (on peut d'ailleurs observer les traces de frottements sur l'étrave du navire) et la poupe disparaît sous l'eau aux alentours de 9 h 07. L'épave du Britannic repose en 2009 par 120 mètres de fond.

Rescapés à bord du HMS Scourge

Vers 8 h 15, le destroyer britannique Scourge reçoit le SOS du Britannic. Il fait alors route vers le lieu du drame avec deux remorqueurs français. À 8 h 27, le croiseur auxiliaire Heroic fait de même. Cependant, les premiers à secourir les naufragés sont des pêcheurs grecs venus de Kéa. À 10 heures, le Scourge aperçoit des canots et commence à les récupérer, prenant à son bord 339 naufragés[c 3]. Peu avant, l’Heroic avait fait de même avec 494 naufragés. Les deux navires ne pouvant accueillir plus de personnes, le Foxhound, un autre destroyer, prend la relève à 11 h 45. Au total, 1 036 personnes sont secourues. Les rescapés les plus sévèrement blessés ont été au préalable transférés dans les deux canots à moteur du Britannic et sont ainsi transportés jusqu'à Port St Nikolo[b 14].

Parmi les survivants du naufrage, se trouvent deux personnes (un chauffeur du nom de Arthur John Priest et une infirmière de la Croix-Rouge britannique nommée Violet Constance Jessop) qui avaient tous deux servi sur l’Olympic quand celui-ci avait percuté le Hawke et sur le Titanic lors de son unique voyage[7]. Priest, quant à lui, sert encore durant la guerre sur l’Alcantra et le Donegal, qui sombrent également. Il ne retrouve plus de travail par la suite dans la marine[8]. Lors du naufrage, Violet Jessop se trouve même dans un des canots aspirés par les hélices et doit lutter pour sauver sa vie, s'assommant contre la quille d'un canot de sauvetage avant d'être repêchée[b 15].

Interrogations

Le naufrage du Britannic pose plusieurs questions dont certaines ne seront peut-être jamais élucidées. La première et la plus logique est : pourquoi le paquebot a-t-il coulé en 2,5 fois moins de temps que son prédécesseur alors que ses mesures de sécurité avaient été renforcées ? Plusieurs causes apparaissent pour l'expliquer. La première vient du fait que les portes étanches n'ont pas été verrouillées[9] (on peut alors s'interroger sur la responsabilité de l'équipage) ce qui semble risqué dans des eaux aussi dangereuses en temps de guerre. La deuxième cause serait due là aussi à l'équipage et en particulier au personnel médical. Ce dernier aurait en effet ouvert bon nombre de hublots pour permettre une meilleure aération du navire[b 11].

Une autre question concerne la cause du naufrage : le Britannic a t-il heurté une mine ou une torpille ? La première thèse est celle retenue par l'Amirauté lors de l'enquête[c 5].

La thèse du projectile explosif seul semble elle aussi bancale car, lors des premières explorations de l'épave par Cousteau dans les années 1970, il s'est avéré que l'explosion semblait s'être faite de l'intérieur vers l'extérieur, ce qui corroborerait la thèse du coup de grisou carbonique[2] d'autant plus que le Titanic avait connu pareil incident du 2 au 13 avril 1912 quand un incendie s'était déclaré dans la soute à charbon no 6[a 3]. Cependant, une plongée en 1999 a prouvé que les soutes à charbon sont intactes[c 5].

Caractéristiques

La différence entre les ponts promenade de l’Olympic et du Titanic.

Bien que leurs plans généraux soient quasiment identiques, les trois sister-ships présentent des différences plus ou moins apparentes, pour la plupart dues aux transformations effectuées après le naufrage du Titanic. Sur le plan de l'esthétique, le pont promenade (pont A) est couvert à l'avant, tout comme le Titanic (ce qui n'est pas le cas à bord de l’Olympic). Le Britannic a de plus un pont de coffre arrière couvert, contrairement à ses deux sister-ships. Le navire diffère également par la présence de gigantesques bossoirs au nombre de huit.

Lors de son service militaire, le Britannic a une capacité d'accueil telle que plusieurs transbordeurs sont nécessaires aux opérations d'embarquement ou de débarquement des patients[c 1]. Il n'est cependant pas le navire-hôpital ayant la plus forte capacité, ce titre appartenant à l’Aquitania, d'une capacité de 4 200 places (soit 900 de plus que le Britannic)[10].

Amélioration de la sécurité du navire

Le Britannic reçoit de nombreuses améliorations visant à combler les faiblesses mises en évidence lors du naufrage du Titanic. Le double fond du navire est épaissi, et se prolonge sur les flancs de la coque jusqu'au pont F, le long de la partie centrale du paquebot. Ainsi, l'eau ne peut en théorie pas pénétrer dans les salles des chaudières en cas de collision[b 16]. Sa double coque donne au Britannic une longueur légèrement plus importante que celle de ses deux sister-ships : il mesure 275 mètres au lieu de 269. Pour lui permettre d'atteindre une vitesse moyenne de 21 nœuds comme les deux autres, sa puissance est donc augmentée de 16 000 à 18 000 CV, faisant de sa turbine la plus grande au monde[3].

Les compartiments étanches du bâtiment sont également améliorés. Comme ses jumeaux, le Britannic en possède seize. Cependant, les cloisons de certains compartiments sont rehaussées. Cinq d'entre elles atteignent le pont B : la cloison avant, dite « d'abordage », la cloison séparant les cales et la première salle des chaudières, celle séparant les chaufferies 4 et 5, la cloison séparant la salle des chaudières arrière et la salle des machines et celle au centre de la salle des turbines. Les autres montent jusqu'au pont E, plusieurs mètres au dessus de la ligne de flottaison. Ainsi, en cas de collision, le navire peut rester à flot avec ses six compartiments avant inondés (contre quatre sur le Titanic) ou sept à l'arrière. Sa double coque le protège théoriquement des inondations en son centre, mais le navire peut se maintenir à flot si ces compartiments sont inondés. Il est donc protégé contre tous les dangers que peut rencontrer un paquebot en service commercial[b 16].

Les bossoirs des canots de sauvetage sont également très différents de ceux des deux autres navires. En effet, les canots ne reposent plus sur le pont des embarcations mais sont suspendus à l'aide d'impressionnants bossoirs, qui détériorent plus ou moins l'esthétique du navire. Ceux-ci, capables de supporter jusqu'à six canots chacun, doivent être au nombre de huit : deux à l'avant du pont supérieur, deux groupes de deux à l'arrière de ce même pont, et deux autres sur le pont de poupe[c 6]. Cependant, faute de temps, seuls les quatre bossoirs de l'arrière du pont supérieur, et le bossoir tribord de l'avant de ce pont sont installés. Des bossoirs de type Wellin sont provisoirement ajoutés sur le pont supérieur (sur la partie centrale de celui-ci), et sur le pont de poupe[c 1].

Un autre défaut du Titanic est réparé sur le Britannic : l'absence de liaison entre la passerelle et la salle de radio avait empêché les opérateurs de transmettre aux officiers certains avis indiquant la présence d'icebergs. Sur le nouveau paquebot, un tube pneumatique relie les deux installations, évitant ainsi aux opérateurs de se déplacer[b 17].

Différences prévues pour le RMS Britannic

Dessin de l'orgue destiné à occuper le Grand Escalier du Britannic

Les plans du navire montrent que le Britannic devait être plus luxueux que ses sister-ships, ceci dans le but de concurrencer les récents Imperator, Vaterland et Aquitania. Ainsi, on peut noter des changements au niveau du Grand Escalier qui devait être pourvu de grandes orgues aux ponts supérieurs et A[c 7]. Le Café parisien, si populaire à bord du Titanic[Note 8] disparaît sur le Britannic pour laisser plus de place au Restaurant à la carte dont la capacité augmente de 30 places[Note 9],[c 8]. L'ajout le plus important est cependant celui de salle de bains individuelles dans toutes les cabines de première classe, ce qui aurait été une première sur un paquebot. Les enfants de première classe se voient également accorder une salle de jeu qui devient le pendant du gymnase sur le pont des embarcations[b 18].

Les projets ne mettent pas en reste les autres classes, prévoyant notamment l'ajout d'un gymnase pour les passagers de seconde classe[b 19], et la couverture d'un espace de promenade réservé aux passagers de troisième classe. Le fumoir est également remonté d'un pont, et permet ainsi à ses occupants d'avoir une vue sur la mer[c 9]. Enfin, la disposition des canots non plus le long du pont, mais suspendus à plusieurs ensembles de grands bossoirs a deux avantages : le premier est purement esthétique, puisque le pont des embarcations est dégagé sur toute sa longueur (à l'exception des trois ensembles de bossoirs)[Note 10], mais le second a un intérêt bien plus notable : comme un ensemble de canots se trouve sur le pont de poupe, les passagers de troisième classe ont un accès direct aux embarcations, ce qui leur avait fait défaut durant le naufrage du Titanic[c 10].

Ces installations n'ont jamais été achevées sur le Britannic puisque celui-ci n'a jamais effectué de traversée commerciale, et ses éléments décoratifs ainsi que son mobilier sont entreposés lors de sa conversion en navire-hôpital[b 20].

Postérité

Les expéditions

L'épave est découverte le 3 décembre 1975[b 1] par Jacques-Yves Cousteau et est localisée aux coordonnées 37°42′05″N 24°17′02″E / 37.70139, 24.28389 par 120 mètres de fond[3]. En 1976, Cousteau pénètre pour la première fois avec des plongeurs à l'intérieur de l'épave. Les champs de débris sont explorés avec la soucoupe plongeante SP-350, l'équipe étant accompagnée de Sheila Mitchell, survivante britannique du naufrage. Certains éléments de l'épave sont repêchés. Un documentaire est produit pour la série télévisée L'Odyssée sous-marine du Commandant Cousteau.

En 1995, Kostas Thoctarides y effectue 20 minutes de plongée en solo. Il est l'un des premiers à utiliser la technique de plongée en circuit ouvert. La même année, Robert Ballard[3] (qui a découvert dix ans plus tôt l'épave du Titanic) utilise un ROV et le NR-1, un sous-marin nucléaire de la marine des États-Unis. Il n'y a pas de pénétration à l'intérieur de l'épave. Un documentaire télévisé est réalisé. En 1997, Kevin Gurr cartographie certains débris dans les environs et explore l'épave[11].

En 1998, Nick Hope pénètre dans l'épave et réalise des documentaires télévisés. En 1999, Jarrod Jablonski effectue environ 96 plongées et pénètre également dans l'épave. En 2001, Kostas Thoctarides filme l'épave à partir du submersible grec Thétis lors d'un test de plongée dans le canal de Kéa. Le film a ensuite été présenté dans une émission de télévision produite par le journaliste grec Giorgos Avgeropoulos qui était à bord du submersible.

En 2003, Carl Spencer pénètre pour la première fois dans la chaufferie no 6 par la porte étanche laissée ouverte[c 11], et découvre des explosifs immergés (mines) près de l'épave. Deux documentaires télévisés sont produits. En 2006, une pénétration plus profonde en chaufferie no 6 et un examen plus approfondi de la coque sont effectués. Un documentaire télévisé est réalisé pour la chaîne Histoire, animé par John Chatterton et Richie Kohler. En 2008 s'est tenue une expédition internationale du 12 au 25 octobre[12]. Malgré divers soucis, notamment d'ordre météorologique, les onze plongeurs effectuent sept descentes sur l'épave, la plus longue durant un peu plus de quatre heures[13].

Le 24 mai 2009, Carl Spencer décède suite à un accident de décompression au cours de plongées sur l'épave dans le cadre de la réalisation d'un documentaire pour National Geographic. Il avait déjà participé à trois expéditions sur l'épave[14],[15].

L'épave du Britannic est la plus grande épave de paquebot au monde[c 11].

Héritage

Carte postale commémorant le lancement du Britannic.

Ayant sombré en temps de guerre, n'ayant jamais connu de carrière commerciale, et n'ayant fait que peu de victimes, le Britannic n'a jamais connu l'engouement suscité par le Titanic[3]. Cependant, son nom est réutilisé par la White Star Line, lorsqu'elle met en service le Britannic de 1930. Ce navire est le dernier à arborer le pavillon de la compagnie lors de son retrait du service en 1960[16].

Le nom a également inspiré Richard Lester pour son film Terreur sur le Britannic[Note 11] avec Richard Harris et Omar Sharif. Dans ce film de 1974, le Britannic est piégé par un terroriste surnommé « Juggernaut »[17].

Enfin, l'histoire du Britannic a inspiré un téléfilm à Brian Trenchard-Smith, Britannic, sorti en 2000. Le téléfilm présente cependant de nombreuses erreurs historiques[18].

Notes et références

Notes

  1. Le nom de Gigantic avait déjà été envisagé pour un navire de la compagnie en 1892 : celui-ci devait mesurer 213 mètres de long et atteindre une vitesse de 27 nœuds, ce qui en aurait fait le navire le plus rapide et le plus imposant au monde. Cependant, le navire ne fut jamais construit.
  2. L’Olympic reçoit pour sa part un supplément de bossoirs de type Wellin (ceux qui l'équipaient déjà, ainsi que le Titanic), soutenant chacun deux canots, lors de sa refonte de 1912.
  3. Le sigle HMHS signifie « His Majesty's Hospital Ship », en français « Navire-hôpital de Sa Majesté ».
  4. À 47 ans, Bartlett est un capitaine de la compagnie depuis de nombreuses années. Bien que compétant et très populaire auprès des passagers, il n'est pas très apprécié par la White Star qui lui reproche de faire passer la sécurité avant la vitesse. En 1906, il a eu affaire à une situation périlleuse quand le Gothic, dont il était le commandant, a pris feu. Avec son équipage, il a combattu les flammes, faisant preuve d'un grand courage.
  5. Certains contestent cette thèse et parlent plutôt d'une torpille, ce qui ferait du torpilleur un criminel de guerre.
  6. Lors de son naufrage, le Titanic s'est trouvé dans la même situation près d'une heure après avoir heurté l'iceberg.
  7. Il est possible que deux autres victimes soient à déplorer, qui seraient décédées par la suite.
  8. Ce Café avait même été ajouté à bord de l’Olympic durant sa refonte de 1913.
  9. Toutefois, le magazine The Shipbuilder mentionna la présence d'un « Café promenade » qui se serait probablement siué sur le pont A.
  10. Sur l’Olympic, après les mesures prises suite au naufrage du Titanic, l'intégralité du pont principal est bordée de canots qui l'encombrent fortement.
  11. Le titre original de ce film étant Juggernaut.

Références

  • Gérard Piouffre, Le Titanic ne répond plus, Larousse, 2009
  1. p.41
  2. a  et b p. 307
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  • (en) Mark Chirnside, Olympic-class ships: Olympic, Titanic, Britannic, Tempus, 2004
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  1. a , b , c , d , e , f  et g (en)Hospital Ship, Hospital Ship Britannic. Consulté le 28 juillet 2009
  2. (en) History, Hospital Ship Britannic. Consulté le 28 juillet 2009
  3. a  et b (en)The Disaster, Hospital Ship Britannic. Consulté le 12 juillet 2009
  4. (en)FAQ: The disaster, Hospital Ship Britannic. Consulté le 12 juillet 2009
  5. a  et b (en) The enigma, Hospital Ship Britannic. Consulté le 28 juillet 2009
  6. (en) RMS Britanic: General, Hospital Ship Britannic. Consulté le 28 juillet 2009
  7. (en)RMS Britannic: A deck, Hospital Ship Britannic. Consulté le 29 juin 2009
  8. (en)RMS Britannic: B deck, Hospital Ship Britannic. Consulté le 29 juin 2009
  9. (en) Third class areas, HospitalShip Britannic. Consulté le 28 juillet 2009
  10. (en)RMS Britannic: Boat deck, Hospital Ship Britannic. Consulté le 29 juin 2009
  11. a  et b (en) The Wreck, Hospital Ship Britannic. Consulté le 28 juillet 2009
  • Autres sources
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  2. a  et b (fr) Britannic, l'histoire du RMS Olympic, RMS Titanic et HMHS Britannic. Consulté le 1er juin 2009
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Annexes

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Article connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Hugh Brewster et Laurie Coulter, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Titanic, Glénat, 1999, 96 p. (ISBN 2723428826) 
  • (en) Mark Chirnside, The Olympic-class ships: Olympic, Titanic, Britannic, Tempus, 2004, 349 p. (ISBN 0-7524-2868-3) 
  • Olivier Le Goff, Les Plus Beaux Paquebots du Monde, Solar, 1998, 143 p. (ISBN 2-263-02799-8) 
  • Gérard Piouffre, Le Titanic ne répond plus, Larousse, 2009, 317 p. (ISBN 978-2-03-584196-4) 
  • Portail du monde maritime Portail du monde maritime
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