Halakhot Pessoukot

Halakhot Pessoukot

Les Halakhot Pessoukot (hébreu : הֲלָכוֹת פְּסוּקוֹת Lois décisives ou décidées) est l'une des premières pièces majeures de la littérature gaonique.
Datée du VIIIe siècle, il semblerait qu'il s'agisse de la première compilation de halakhot (lois) depuis la rédaction et la clôture du Talmud de Babylone.

Sommaire

Caractérisation de l'ouvrage

Rédigé en judéo-araméen babylonien, dans un idiome proche de celui du Talmud de Babylone, le livre ne contient que des halakhot d'intérêt pratique, classifiées, à quelques exceptions près, selon l'ordre du Talmud. La concision de la plupart d'entre elles a valu son titre à l'ouvrage.
L'auteur se base principalement sur le Talmud de Babylone, mais aussi sur la littérature tannaïtique, notamment le Midrash halakha et la Tossefta, ainsi que sur des traditions transmises aux Gueonim par leurs prédécesseurs, les Savoraïm.

Les Halakhot Pessoukot sont traditionnellement attribuées à Yehoudaï Gaon, mais il est peu probable qu'il en soit l'auteur. Selon Abraham Epstein, le livre est basé sur un recueil de décisions légales, principalement tirées de ses responsa ou de ses conférences devant ses étudiants[1], mais a fait l'objet de remaniements ultérieurs. En effet, le Talmud de Jérusalem est quelques fois cité, bien que Yehoudaï Gaon en ait été un farouche opposant. De même, l'inclusion des Trefot deEretz Israël (lois concernant les chairs d'animaux impropres à la consommation, selon la position de l'académie talmudique de la terre d'Israël) parmi les sujets traités semble peu compatible avec ses positions, bien qu'il puisse s'agir d'un ajout de copiste, afin d'offrir un point de comparaison entre halakhot de la terre d'Israël et de Babylonie. Par ailleurs, afin d'expliquer le fait que de nombreuses décisions rendues vont à l'encontre de la Halakha traditionnelle, les commentateurs rabbiniques propagèrent la tradition selon laquelle Yehoudaï Gaon était aveugle, et que ses disciples auraient écrit l'œuvre en son nom. Il est cependant fréquemment mentionné, en tant que resh metivta (recteur académique).

Les Halakhot Pessoukot présentent de nombreux points communs avec les Sheïltot de Rav Ahaï, et pourraient s'en être inspirées, mais les deux ouvrages pourraient puiser à un fond commun de traditions conservées dans les académies.

Influence et adaptations

Les Halakhot Pessoukot répondaient à un grand besoin des communautés juives, qui étaient presque toutes tournées, à la période des Gueonim, vers les académies talmudiques de Babylonie : le Talmud de Babylone que promouvaient ces académies était un texte souvent obscur pour le non-initié, dense et riche, et il rendait davantage compte des discussions entre Sages de diverses époques que des conclusions pratiques de celles-ci. Or, les Halakhot Pessoukot fournissaient précisément ces réponses et furent considérées comme indispensables dès l'époque de leur parution. Cependant, elles furent simultanément critiquées par Paltoï ben Abaye, gaon de Poumbedita, qui n'en contestait pas l'exactitude, mais craignait que l'étude de la Torah ne se perde.

Les Halakhot Pessoukot valurent à Yehoudaï Gaon un prestige durable, et connurent de nombreuses adaptations, parmi lesquelles les Halakhot deRav Yehoudaï Gaon et les Halakhot Ketanot, afin de les distinguer des Halakhot Guedolot de Simeon Kayyara. Ces dernières constituent l'adaptation la plus répandue, au point d'en avoir occulté l'original, et d'avoir fait penser au rabbin et chroniqueur médiéval Abraham ibn Dawd que Yehoudaï Gaon s'était inspiré des Halakhot Guedolot et non le contraire.
Quant aux Halakhot Ketzouvot, citées dans un responsum de Rabbi Meïr de Rothenburg, elles ont été compilées dans le Sud de l'Italie, dans la première moitié du IXe siècle.

Les Halakhot Pessoukot furent partiellement traduites en hébreu sous le nom de Hilkhot Re'ou, d'après l'incipit d'Exode 16:29, par lequel elles commencent ; les parties difficiles à traduire ont été laissées dans l'idiome originel. Cette traduction avait été réalisée en terre d'Israël, preuve de son influence.
Une édition de mauvaise qualité a été effectuée par A.L. Schlossberg sur base d'un manuscrit conservé à Oxford en 1886. Le manuscrit est incomplet, mais des fragments retrouvés dans la Gueniza du Caire permettent de combler la plupart des lacunes.
De nombreux fragments de traductions en arabe ont également été retrouvées.

Les Halakhot Pessoukot elles-mêmes n'étaient connues que par des citations d'auteurs ultérieur, jusqu'à ce qu'un manuscrit soit retrouvé par David Sassoon à Sanaa, la capitale du Yémen, et publié par son fils Salomon, en 1951. Bien que fragmentaire, il peut être, lui aussi, en grande partie reconstitué avec des fragments retrouvés dans la Gueniza du Caire.

Notes et références

  1. A. Epstein, Ma'amar 'al Sefer Halakot Gedolot, in Ha-Goren, vol. iii. pp. 57 et suivantes

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, article « YEHUDAI BEN NAḤMAN » par Isidore Singer & Max Schloessinger, une publication tombée dans le domaine public.

Bibliographie



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Halakhot Pessoukot de Wikipédia en français (auteurs)

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