Hammoudides

Hammoudides

Hammudites

Histoire d'al-Andalus
Gazelle sur une poterie à l'Alhambra
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711 - 756 La Conquête

756 - 1031 Les Omeyyades de Cordoue


1031-1086 Les Taïfas


1086-1147 Les Almoravides


1147-1226 Les Almohades


1238 - 1492 Le royaume de Grenade


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Les Hammudites[1] ou Banū Hammūd forment une dynastie d’origine arabe en Andalousie à l’Époque des taïfas (1016-1057). Ils règnent sur Malaga et Ceuta et étendent leur domaine à Algésiras. Les trois premiers membres de la dynastie ont pris le titre de calife à Cordoue en le disputant aux derniers Omeyades. La dynastie disparaît absorbée par les berbères Zirides de Grenade (1057) qui sont eux-mêmes balayés par les berbères Almoravides (1090), ces derniers restaurant l’unité d’Al-Andalus.

Sommaire

Histoire

Quand les troupes du calife omeyyade Al-Hakam al-Mustansir commandées par le vizir Almanzor viennent à bout des Idrissides au Maroc, les tribus Ghomaras font alors allégeance au calife. Les Idrissides sont dispersé dans les tribus berbères où ils se cachent[2]. Hammūd l’éponyme de la dynastie qui se réclame d’une ascendance idrisside[3] est mêlé aux Berbères que recrute le vizir Almanzor. Les deux fils de Hammūd, `Alī ben Hammūd et Al-Qāsīm s’illustrent alors à la tête des troupes berbères qui renversent le calife Hichām au profit de son lointain neveu Sulayman (1013). Le nouveau calife qui prend le titre de Al-Musta'īn, n’est que le fantoche du vizir Almanzor qui cumule tous les pouvoir. Sulayman distribue des commandements à ceux qui l’ont aidé dans sa prise du pouvoir. `Alī ben Hammūd reçoit le gouvernement de Tanger et du nord du Maroc[2]. Son frère aîné Al-Qāsīm al-Ma’mūn reçoit Algésiras[4].

`Alī ben Hammūd

`Alī ben Hammūd est d’abord un fidèle serviteur du calife puis il se révolte et passe en Espagne[2]. Profitant de la faiblesse du calife, il se proclame indépendant et s'empare de Malaga. Il se dirige vers Cordoue à la tête d'une importante armée, accompagné de son frère Al-Qāsīm al-Ma’mūn. Le calife Sulayman est rapidement vaincu, fait prisonnier puis mis à mort. `Alī se proclame alors calife avec le titre d’Al-Nāsir « Le victorieux » (7 juillet 1016).

Al-Qāsīm al-Ma’mūn

Devenu impopulaire, le 17 avril 1018 `Alī est découvert assassiné dans son bain[5]. Son frère Al-Qāsīm devient calife avec le titre d’Al-Ma’mūn « Celui en qui on a confiance » après qu’`Abd al-Rahman ait brièvement tenté de restaurer la dynastie omeyyade. Al-Qāsīm est renversé par son neveu Yahyā, fils `Alī ben Hammūd (1021). Il avait reçu de son père, le gouvernement de Tanger. Il est passé en Espagne avec les troupes Ghomaras qui avaient mis au pouvoir son père, pour le disputer à son oncle[6].

Yahyā al-Mu`talī

Yahyā se proclame calife avec le titre d’Al-Mu`talī. Al-Qāsīm se maintient dans son fief de Malaga. Yahyā est abandonné par une grande partie des Berbères, se sentant menacé, il quitte Cordoue et se réfugie à Malaga. Al-Qāsīm reprend son titre de calife (12 février 1023)[7]. Yahyā lui prend Algésiras. Une nouvelle révolte de la population de Cordoue contre le présence des militaires berbères (Date|31|juillet|1023}}[7]. Al-Qāsīm fait le siège da la ville dans laquelle la population s’est enfermée. Le 31 octobre, les insurgés font une sortie désespérée qui met Al-Qāsīm en fuite. Il hésite à se réfugier à Séville mais opte pour Xeres où Yahyā vient l’assiéger. Al-Qāsīm doit se rendre. Il devient le prisonnier de Yahyā qui l’enferme à Malaga jusqu’en 1035/1036 quand Yahyā donne l’ordre de l’étrangler sur le soupçon de préparer un coup d’état[8]. Yahyā règne alors sur Malaga, Algésiras, Ceuta, mais à Cordoue les habitants choisissent comme calife `Abd al-Rahman frère de l’Omeyyade Muhammad Al-Mahdī. `Abd al-Rahman prend le titre d’Al-Mustazhir[9]. Le 18 janvier 1024, après une révolte menée par son cousin Muhammad, `Abd al-Rahman est tué et Muhammad prend le titre de calife sous le nom d’Al-Mustakfī[10]. Le règne de Mohammad est lui aussi très bref, il prend la fuite en apprenant que Yahyā est sur le point d’assiéger Cordoue. Mohammad est empoisonné au cours de cette fuite et la ville de Cordoue reste un moment sans souverain. Les notables voient comme un moindre mal le retour de Yahyā qui accepte sans empressement, mais préfère néanmoins rester à Malaga (novembre 1025)[11]. Yahyā avait envoyé des troupes berbères à Cordoue, la population de la ville s’est rapidement révoltée contre ces occupants berbères. Les notables tentent de rappeler un Omeyyade sur le trône. En avril 1027, ils choisissent Hicham, frère d’`Abd al-Rahman IV al-Murtadhā qui avait brièvement régné en 1018. Hicham prend le titre d’Al-Mu`ttad mais il reste trois ans sans pouvoir entrer dans Cordoue occupé par les armées de Yahyā.[12]. Yahyā n’est plus calife, mais il poursuit son règne à Malaga et Algésiras.

En 1027, Yahyā assiège Séville. Le cadi donne son fils en otage à Yahyā contre le fait que les troupes berbères ne pénètrent pas dans la ville. Ce cadi devient alors le seigneur local et prétend étendre son territoire en prenant Beja[13]. Il essaie ensuite de prendre Badajoz et s’attaque à Cordoue. Yahyā, son suzerain en titre, est en fait obligé de le laisser faire[14]. A la fin de l’année 1035, Yahyā se sent assez fort pour se venger du Cadi de Séville. Il part faire le siège de cette ville. Dans cette campagne précipitée, Yahyā est tué (1035)[15].

Les émirs hammudites

La nouvelle de la mort de Yahyā causa une joie indicible tant à Séville qu’à Cordoue et le cadi n’avait plus rien à craindre des Hammudites. Idrīs un frère de Yahyā est bien proclamé calife à Malaga sous le nom d’Al-Muta'ayyid et dans le même temps son cousin se fait proclamer calife à Algésiras sous le nom d’Al-Mahdī[16].

Pendant cette période la puissance des émirs zirides de Grenade, vassaux des Hammudites, se développe grâce entre-autre à la politique avisée du vizir juif Samuel ibn Nagrela[17].

Idrīs meurt de maladie en 1039[18].

Deux candidats s’opposent pour la succession : Yahyā al-Qa`im fils d’Idrīs et son cousin germain Al-Hassan al-Mustansī fils de Yahyā al-Mu`talī. Ce dernier était en Afrique et lorsque sa flotte apparaît devant Malaga Yahyā al-Qa`im s’enfuit. Hasan feint de lui pardonner mais le tue peu de temps après (1040)[18]. Al-Hassan est empoisonné par son épouse, sœur du défunt Yahyā al-Qa`im, qui venge ainsi son frère (1043)[19].

Nadja, le vizir eunuque d’Al-Hasan qui l’avait porté au pouvoir, pense alors prendre le pouvoir pour lui-même. Il se met en campagne pour prendre Algésiras tenu par Muhammad al-Mahdī, fils d’Al-Qāsīm al-Mā’mūn, depuis la mort de son cousin germain Yahyā al-Mu`talī. Nadja est tué au cours de cette campagne (5 février 1043))[19],[6].

Idrīs II al-`Alī, frère d’Al-Hasan prend la succession à Malaga[19]. Idrīs II est un souverain paisible, mais certains le trouvent trop faible. Muhammad, un cousin d’Idrīs II, fils d’Idrīs Ier al-Muta'ayyid, est poussé au pouvoir par les militaires africains (1047)[20]. Ce nouveau souverain est tout le contraire du précédent, ceux qui trouvaient Idrīs trop faible trouvent Muhammad trop sévère.

Un nouveau coup d’état est organisé pour rétablir Idrīs et renverser Muhammad. Idrīs est néanmoins contraint de se réfugier en Afrique où il est reçu par les gouverneurs berbères de Tanger et de Ceuta. Ces derniers craignant que leur hôte ne les dépossède, le renvoient en Espagne tout en continuant à se dire ses vassaux. Idrīs trouve refuge à Ronda[21]. Les mécontents de Malaga appellent au secours le Ziride Badis ben Habus qui règne sur Grenade depuis 1038. Il s'empare de Malaga en 1053, pour lui-même ou pour le compte de son suzerain Idrīs II été évincé en 1047[22]. On place sur le trône Muhammad al-Mahdī al-Mu`tarim fils d’Idrīs Ier al-Muta'ayyid (1047), puis Idris III al-Muwaffaq fils de Yahyâ II al-Qa`im (1053) pour un règne très bref. On restaure finalement Idrīs II al-`Alī (1054). Celui-ci est alors très âgé, il meurt en 1055[23]. Muhammad al-Musta`lī, un autre fils d’Idrīs Ier al-Muta'ayyid monte sur le trône mais c’est inalement Badis qui prend complètement le pouvoir à Malaga en 1058 mettant ainsi un terme à la dynastie hammudite[23].

La dynastie

Filiations

┌Hammud éponyme la dynastie[24],[25]
├─┬`Alī ben Hammūd al-Nāsir		(1) Malaga[26]		1016-1018,
│ │					(1) Ceuta[27]		1016-1018,
│ │					calife de Cordoue[28]	1016-1018.
│ ├─┬Yahyā al-Mu`talī			(3) Malaga[26]		1021-1023 et 1025-1035, 
│ │ │					(3) Ceuta[27]		1021/1023-1035,
│ │ │					(2) Algésiras[29]		1025-1035,
│ │ │					calife de Cordoue[28]	1021-1023 et 1025-1027.
│ │ ├──Idrīs II al-`Alī			(7) Malaga[26]		1043-1047 et 1054-1055,
│ │ │					(7) Ceuta[27]		1050-1061.
│ │ └──Al-Hassan al-Mustansī		(6) Malaga[26]		1040-1043,
│ │					(6) Ceuta[27]		1040-1050.
│ └─┬Idrīs Ier al-Muta'ayyid	(4) Malaga[26]		1035-1039,
│   │					(4) Ceuta[27]		1035-1039.
│   ├─┬Yahyâ II al-Qa`im		(5) Malaga[26]		1039-1040,
│   │ │					(5) Ceuta[27]		1039-1040.
│   │ └──Idrīs III al-Muwaffaq	(9) Malaga[26]		1053-1054.
│   ├──Muhammad al-Mahdī al-Mu`tarim	(8) Malaga[26]		1047-1053.
│   ├──Hasan
│   └──Muhammad al-Musta`lī	(10) Malaga[26]		1055-1058.
└─┬Al-Qāsīm al-Mā’mūn			(2) Malaga[26]		1018-1021 et 1023-1025,
  │					(2) Ceuta[27]		1018-1021/1023,
  │					(1) Algésiras[29]		1018-1025,
  │					calife de Cordoue[28]	1018-1021 et 1023.
  └─┬Muhammad al-Mahdī			(3) Algésiras[29]		1035-1048.
    └──Al-Qāsīm II al-Wâthiq		(4) Algésiras[29]		1048-1058.

Notes et références

  1. Hammudites, Hammoudites, Hammudides ou Hammoudides en arabe : banū ḥammūd بنو حمود « Les descendants de Ḥammūd ».
  2. a , b  et c Ibn Khaldūn, op. cit., vol. 2, « Domination des Hammoudites et de leurs partisans à Ceuta et à Tanger. Histoire de leurs successeurs, les Ghomara », p. 153 
  3. (en) Clifford Edmund Bosworth, op. cit., « The Mulūk al-Tawaʿif or Reyes de Taifas in Spain », p. 26 
  4. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 3, chap. XVI, p. 316 
  5. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 3, chap. XVI, p. 325 
  6. a  et b Ibn Khaldūn, op. cit., vol. 2, « Domination des Hammoudites et de leurs partisans à Ceuta et à Tanger. Histoire de leurs successeurs, les Ghomara », p. 154 
  7. a  et b Reinhart Dozy, op. cit., vol. 3, chap. XVI, p. 332 
  8. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 3, chap. XVI, p. 334 
  9. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 3, chap. XVI, p. 336-337 
  10. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 3, chap. XVIII, p. 355 
  11. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 3, chap. XVIII, p. 358 
  12. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 3, chap. XVIII, p. 360 
  13. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. I, p. 14 
  14. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. I, p. 15-17 
  15. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. I, p. 22-23 
  16. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. I, p. 24 
  17. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. II, p. 27-46 
  18. a  et b Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. IV, p. 58 
  19. a , b  et c Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. IV, p. 59-60 
  20. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. IV, p. 63 
  21. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. IV, p. 65-66 
  22. Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, L'Art de vérifier les dates depuis l'année 1770 jusqu'à nos jours..., vol. 2, Arthus-Bertrand, libraire, 1821 
  23. a  et b Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, chap. IV, p. 66-67 
  24. Reinhart Dozy, op. cit., vol. 4, « Les Hammoudites de Malaga », p. 299 
  25. Les dates d’après (en) Clifford Edmund Bosworth, op. cit., « The Mulūk al-Tawaʿif or Reyes de Taifas in Spain », p. 14-16  ont souvent une année d'écart avec les autres sources.
  26. a , b , c , d , e , f , g , h , i  et j (ar) بنو حمود في مالقة (Les Hammoudites à Malaga) sur تاريخ الحكام والسلالات الحاكمة (Histoire des souverains et des dynastie)
  27. a , b , c , d , e , f  et g (en) Clifford Edmund Bosworth, op. it., 389 p., « The Mulūk al-Tawaʿif or Reyes de Taifas in Spain / 2. The Ḥammūdids of Ceuta », p. 14-16 
  28. a , b  et c (ar) الأمويون/أمويو الأندلس/بنو أمية في الأندلس- ثم بني حمود (Les Omeyyades d'Andalousie, puis les Hammoudites) sur تاريخ الحكام والسلالات الحاكمة (Histoire des souverains et des dynastie)
  29. a , b , c  et d (ar) بنو حمود في الجزيرة (Les Hammoudites à Algésiras) sur تاريخ الحكام والسلالات الحاكمة (Histoire des souverains et des dynastie)

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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