Haute-Cour de justice de Versailles

Haute-Cour de justice de Versailles

Haute Cour de justice de Versailles

Après avoir siégé une première fois à Bourges du 7 mars au 3 avril 1849 (Haute Cour de justice de Bourges) pour juger les responsables de la manifestation du 15 mai 1848, la Haute Cour de justice instituée par la constitution de 1848, réunie à Versailles, eut à connaître d'une nouvelle affaire, du 12 octobre au 15 novembre 1849.

Sommaire

L’affaire du 13 juin 1849

La Haute Cour de justice de Versailles fut convoquée pour juger les auteurs des faits en relation avec la tentative de prise du pouvoir par l’extrême gauche par Ledru-Rollin et quelques députés de la Montagne lors de la journée du 13 juin 1849. Il s’agissait à l’origine d’une manifestation de protestation populaire contre l’envoi d’un corps expéditionnaire français à Rome (expédition de Rome) afin d’y restaurer le pouvoir temporel du Pape. Le préambule de la constitution interdisant toute action gouvernementale « contre la liberté d’aucun peuple », il était initialement prévu de porter à l’Assemblée une proclamation rappelant les termes de la constitution, mais l’affaire dégénéra bientôt en une tentative de prise du pouvoir avec la formation d’un gouvernement imposé par la rue. L’échec total de cette « journée » révolutionnaire – la dernière de la Seconde république - largement improvisée, entraîna la fuite de la plupart des « meneurs » (Ledru-Rollin, Félix Pyat, Victor Considérant) et l’arrestation de députés compromis, la plupart sans envergure et inconnus du public.

Le procès

La procédure de renvoi

Après une ordonnance de prise de corps du tribunal de première instance de la Seine, le 4 août 1849, la Chambre des mises en accusation renvoya le 9 août les accusés devant la Cour d’assises de la Seine. Cependant, considérant que l’affaire présentait un caractère politique et impliquait de nombreux députés, l’ Assemblée nationale décida le renvoi des accusés devant la Haute Cour de justice instituée par la constitution du 4 novembre 1848. Conformément à la procédure prévue par cette constitution, l’Assemblée vota le 10 août la convocation de la Haute Cour et désigna Versailles pour la tenue du procès.

Le procès

Le procès s’ouvrit le 12 octobre 1849, et s’acheva le 15 novembre. Les accusés étaient pousuivis pour "avoir participé à un complot ayant pour but 1° de détruire ou de changer la forme du gouvernement ; 2° d'exciter à la guerre civile, en armant ou portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres ;"

Sur 67 accusés, 36 (dont 16 députés) étaient en fuite :

Selon la ligne de conduite définie par Michel de Bourges[2] , les avocats (Jules Favre, Crémieux, Théodore Bac, Madier de Montjau aîné, Combier, Thourel, Laissac, etc., défenseurs habituels des républicains) entendaient plaider le droit à l’insurrection en cas de violation de la constitution. Juridiquement, l’application de ce droit était contestable en la matière, car la formule « la République n’emploie jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple » figurait dans le préambule, et non pas dans la constitution proprement dite. De ce fait, il y avait manquement à l’esprit de la constitution plutôt que forfaiture caractérisée. Devant le refus de la cour de se laisser entraîner sur ce terrain, les avocats refusèrent alors de plaider. Selon certains contemporains, cette stratégie s'avéra désastreuse pour les accusés[3].

Le verdict

Le 15 novembre, la cour condamna à la déportation les 36 contumaces. Parmi les accusés présents, 11 furent acquittés (Forestier, Achintre, Lemaître, Maillard, Vernon, Merliot dit Mérillo, Angelot, Baune aîné et Alyre Bureau), 3 condamnés à 5 ans de prison (Montbet, Suchet et Fraboulet de Chalandard) et 17 à la déportation (Chiron, Dufélix, Fargin-Fayolle, Deville, Gambon, Langlois, Payat, Schmitz, André Pasquet, Napoléon Lebon, Sébastien Commissaire, Maigne, Daniel-Lamazière, Vauthier, Pilhes, Boch et Guinard).

Références

  1. D'après l'acte d'accusation dressé par le procureur général Baroche reproduit par Sébastien Commissaire, dans ses mémoires
  2. Louis-Chrysostome Michel, dit Michel de Bourges (1797-1853) commença par être avocat à Bourges. Républicain ardent, il fréquenta Emmanuel Arago, Ledru-Rollin, Barbès, etc. Sous la monarchie de Juillet, puis sous la Seconde république, il plaida dans divers procès politiques.
  3. Sur ce point voir les souvenirs de Sébastien Commissaire, l'un des accusés

Sources et bibliographie

  • Haute Cour de Versailles, Compte-rendu complet du procès du treize juin. Physionomie des débats, par P. Dugers, Paris, s.d. [1850]
  • Les archives de la Haute Cour de Versailles sont conservées aux Archives nationales sous les cotes W 576 à 585.[1] Inventaire de la série

Liens externes

[2] Mémoires de Sébastien Commissaire (un des députés condamnés), IIIe partie, chapitre IV, "Procès de Versailles".

[3] Dictionnaire des parlementaires français (biographie des parlementaires cités dans cet article)

Ce document provient de « Haute Cour de justice de Versailles ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Haute-Cour de justice de Versailles de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Haute Cour de justice de Versailles — Après avoir siégé une première fois à Bourges du 7 mars au 3 avril 1849 (Haute Cour de justice de Bourges) pour juger les responsables de la manifestation du 15 mai 1848, la Haute Cour de justice instituée par la constitution de 1848, réunie à… …   Wikipédia en Français

  • Haute Cour de Justice (France) — Pour les articles homonymes, voir Haute Cour de justice. Droit constitutionnel | Constitutions françaises  …   Wikipédia en Français

  • Haute cour de justice (France) — Pour les articles homonymes, voir Haute Cour de justice. Droit constitutionnel | Constitutions françaises  …   Wikipédia en Français

  • Haute cour de justice (france) — Pour les articles homonymes, voir Haute Cour de justice. Droit constitutionnel | Constitutions françaises  …   Wikipédia en Français

  • Haute Cour de justice (France) — Pour les autres articles nationaux, voir Haute Cour de justice. Droit constitutionnel en France Histoire constitutionnelle … de 1791 · te …   Wikipédia en Français

  • Haute Cour de Versailles — Haute Cour de justice de Versailles Après avoir siégé une première fois à Bourges du 7 mars au 3 avril 1849 (Haute Cour de justice de Bourges) pour juger les responsables de la manifestation du 15 mai 1848, la Haute Cour de justice instituée par… …   Wikipédia en Français

  • justice — [ ʒystis ] n. f. • 1080; lat. justitia 1 ♦ Juste appréciation, reconnaissance et respect des droits et du mérite de chacun. ⇒ droiture, équité, impartialité, intégrité, probité. Agir avec justice. « La justice est le respect de la dignité humaine …   Encyclopédie Universelle

  • cour — [ kur ] n. f. • v. 1352; curt, cortXe; lat. pop. curtis, class. cohors, cohortis « cour de ferme » confondu avec lat. curia I ♦ Espace découvert, clos de murs ou de bâtiments et dépendant d une habitation. Cour d honneur d un château. La cour… …   Encyclopédie Universelle

  • haute — → haut (I, C) ● haut, haute adjectif (latin populaire haltus, du latin classique altus, avec l influence du germanique hôh) Qui a telle dimension dans le sens vertical : Un mur haut de trois mètres. Sa maison est moins haute que la nôtre. Qui a… …   Encyclopédie Universelle

  • cour — (kour) s. f. 1°   Domaine rural : sens primitif, tombé en désuétude, et qui ne se trouve plus qu en composition et écrit court dans des noms de lieux en Normandie, en Picardie, en Lorraine : Harcourt, Brucourt, etc.    Se dit, en Normandie, du… …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”