Hendrick Goltzius

Hendrick Goltzius

Hendrik Goltzius

Hendrik Goltzius
Autoportrait de Hendrik Goltzius
Autoportrait de Hendrik Goltzius
Nom de naissance Hendrik Goltz
Naissance janvier ou février 1558
Bracht-am-Niederrhein (Venlo)
Décès 1er janvier 1617
Haarlem
Nationalité néerlandaise
Pays-Bas espagnols
puis Provinces-Unies Provinces-Unies
Activité(s) Dessinateur,
Graveur,
Peintre
Mouvement artistique Baroque
Maniérisme
La Chute d'Icare, d'après Cornelis Cornelisz. van Haarlem, 1588.

Hendrik[1] Goltz, connu sous la forme latinisée de son nom, Goltzius (Bracht-am-Niederrhein - Venlo, janvier ou février 1558Haarlem, 1er janvier 1617), est un dessinateur, peintre et graveur néerlandais (Pays-Bas espagnols puis Provinces-Unies).

Ses gravures, très prisées, issues de ses propres dessins ou transposant les œuvres de ses contemporains, contribuèrent efficacement à la diffusion du maniérisme en Europe.

Sommaire

Biographie

Formation et ascension sociale d'un graveur renommé

Né en 1558 à Mühlbracht (auj. Bracht-am-Niederrhein, près de Venlo) dans le Duché de Juliers – à la frontière des Pays-Bas espagnols et de l'Empire germanique –, Hendrick Goltz appartient à une véritable dynastie d'artistes. Son grand-père, Hubert Goltz le Vieux, était en effet déjà peintre, tandis que son grand-oncle, Syberdt Goltz était un sculpteur talentueux. Le père d'Hendrick, Jean Goltz, était également peintre (ou peintre verrier) et son autre fils, Jean, embrassa la carrière de peintre verrier. Le cousin d'Hendrick, Hubert Goltzius (1526-1583) fut quant à lui un artiste et un antiquiste renommé.

La Main droite de Goltzius, 1588.

Alors qu'il est âgé d'à peine un an, une chute dans des charbons ardents lui laisse la main droite paralysée (infirmité qu'il décrira avec virtuosité dans un croquis de 1588). Il montre cependant un talent précoce pour le dessin et, en 1575, après avoir suivi dans un premier temps l'enseignement de son père, il entre comme apprenti dans l'atelier d'un graveur néerlandais réfugié à Xanten, Dirck Volkertszoon Coornhert, qu'il suit en Hollande, s'installant à Haarlem en 1577. Tout d'abord chargé de transposer des dessins et des tableaux en gravures pour le compte de ses maîtres (Coornhert, puis un élève de ce dernier, Philippe Galle), il devient rapidement capable d'imiter de nombreux styles artistiques.

Vers 1579-1580, il épouse une riche veuve dont il adopte le fils, Jacob Matham (1571-1631). La fortune de son épouse lui permet de créer son propre atelier de graveur, à Haarlem, en 1582. Cette entreprise allait bientôt diffuser ses productions à travers toute l'Europe, brisant ainsi le monopole des éditeurs anversois.

Les gravures de Goltzius ont dès lors un retentissement considérable à travers tout le continent et constituent une véritable mine d'innovations iconographiques pour un grand nombre d'artistes.

C'est en 1583 qu'il fait la connaissance d'un artiste flamand réfugié à Haarlem, Carel van Mander. Ce dernier – qui allait devenir le premier biographe de Goltzius – lui fait découvrir l'œuvre de Bartholomeus Spranger, dont la hardiesse maniériste allait avoir une influence déterminante sur la sensibilité artistique du jeune graveur. En collaboration avec un peintre local, Cornelis Cornelisz van Haarlem, Goltzius et Van Mander fondent une académie de peinture destinée à permettre aux artistes néerlandais de rivaliser avec leurs confrères italiens.

Le voyage en Italie (1590-1591)

Malgré son succès, Goltzius est frappé de « mélancolie » (dépression) et, en dépit de la détérioration préoccupante de son état de santé, il choisit le voyage comme remède et prend le chemin de l'Italie à l'automne 1590. Son voyage, qu'il choisit de faire incognito[2] en passant par Hambourg et Munich, lui rend effectivement la santé et lui permet d'enrichir ses ressources artistiques. Ce séjour italien, qui place Goltzius dans la tradition des artistes romanistes néerlandais, allait exercer une influence déterminante sur l'évolution de son art.

Hercule Farnèse, gravure exécutée d'après un dessin de 1591 et publiée en 1617.

Arrivé à Rome le 10 janvier 1591 après être passé par Venise, Bologne et Florence, il y est tellement absorbé par l'étude et le dessin des chefs-d'œuvre de la Rome antique (recueillis dans un Carnet d'esquisses romaines comprenant des dessins à la pierre noire ou à la craie blanche sur papier bleu et des dessins à la sanguine sur papier blanc[3]) qu'il ne s'alarme pas d'une épidémie de peste qui ravageait alors la ville. Il réalise notamment une impressionnante étude de dos de l’Hercule Farnèse qui allait faire l'objet d'une gravure en 1617. Cette œuvre témoigne à la fois de l'intérêt de l'artiste pour les chefs-d'œuvre de l'Antiquité et des recherches qu'il consacra à l'anatomie et au rendu du relief. De même, les copies (gravées en 1592) qu'il fait des fresques en trompe-l'œil réalisées sur le Quirinal par Polidoro da Caravaggio, témoignent de cette dernière préoccupation, l'illusion du relief ayant été obtenue au moyen d'un clair-obscur novateur. Il grave également l'Isaïe de Raphaël.

Portrait de Giambologna, pierre noire et sanguine sur papier, 1591.

Il quitte Rome au mois d'avril pour se rendre à Naples puis à Pouzzoles en compagnie de deux compatriotes. Revenu à Rome par les galères pontificales[4], puis par la route terrestre (une tempête ayant contraint le navire de relâcher à Gaète), Goltzius y rencontre de nombreux artistes et réalise le portrait (à la pierre noire et la sanguine, avec des rehauts blancs et des lavis colorés) de plusieurs d'entre eux (et notamment de ses compatriotes Jan van der Straet ou Giambologna).

Il repart de Rome le 3 août 1591 et rentre chez lui en passant par Bologne, Venise, Trente et Munich. Son retour à Haarlem occasionne cependant une rechute contre laquelle Goltzius doit lutter au moyen de la consommation de lait de chèvre ou de femme et, surtout, par la pratique de promenades quotidiennes.

Le « chef-d'œuvre » (1593-1594)

Il exécute entre 1593 et 1594 un cycle de six planches – connu sous le nom de « chef-d'œuvre de Goltzius » – illustrant la vie de la Vierge et les premiers épisodes de l'enfance du Christ. Il s'y applique à reproduire les styles de différents maîtres tels que Dürer, Lucas de Leyde, le Baroche, le Parmesan, Raphaël ou le Bassan. Le trait de Dürer est si bien imité dans la planche de la Circoncision que le facétieux graveur en profite pour jouer un tour aux connaisseurs en leur faisant croire en l'existence d'une œuvre inédite du maître allemand. Il ne peut d'ailleurs prouver sa supercherie qu'en faisant remarquer aux connaisseurs dupés que le décor était celui de l'église Saint-Bavon de Haarlem et en leur signalant l'inclusion d'un autoportrait au troisième plan. Il monte un canular semblable en faisant passer son Adoration des mages pour une gravure de Lucas de Leyde[5].

Une carrière de peintre tardive (1600-1617)

Bien qu'il ait utilisé des toiles préparées à l'huile dès les années 1580 pour réaliser de grandes compositions à la plume, ce n'est qu'en 1600, alors qu'il était déjà âgé de 42 ans, que Goltzius s'adonne à la peinture à l'huile. Tout d'abord profondément influencé par l'art maniériste raffiné de Bartholomeus Spranger, dont il grave plusieurs œuvres célèbres, Goltzius adopte très vite le style plus naturaliste propre aux artistes de l'Académie de Haarlem.

Il meurt le 1er janvier 1617 et est enterré dans l'église Saint-Bavon de Haarlem, celle-là même qui avait servi de cadre à la Circoncision de 1594.

Goltzius avait eu pour élèves J. de Gheyn (1565-1629), son fils adoptif Jacob Matham (1571-1631) ainsi que Pierre de Jode (1570-1634) et Cornelis Drebbel (1572-1633).

Devise et emblème

Conscient de la valeur de son art et animé de la volonté d'indépendance propre aux créateurs passionnés et désintéressés, Goltzius adopta pour devise Eer boven Golt, ce qui signifie littéralement « l'honneur est au dessus de l'or » ou, par jeu de mot, « l'honneur est sur Golt[z] ». Il illustra cette devise en 1607, sur la page d'un album conservé à la Bibliothèque royale de La Haye, par un emblème représentant un angelot ou un petit génie ailé couronné de lauriers juché sur un caducée hermétique surmontant des sacs remplis de pièces d'or[6].

Œuvres

Gravures

Dessins

  • Main droite de l'artiste, 1588 (Teylers Museum, Haarlem) ;
  • Sine Cerere et Libero friget Venus, v.1599-1602 (Philadelphia Museum of Art, Philadelphie).

Peintures

Galerie

Notes et références

  1. Ou Hendrick.
  2. Cet anonymat était tout autant dicté par des considérations de sécurité que par l'esprit farceur et mystificateur du graveur, dont Van Mander (cf. Sources) nous rapporte le goût pour les quiproquos.
  3. Ces dessins romains sont conservés au Teylers Museum de Haarlem.
  4. Selon Van Mander (p. 184), Goltzius avait choisi ce moyen de transport afin de pouvoir croquer le travail des esclaves nus enchaînés à leurs rames.
  5. Il s'inspirera à nouveau de la manière de ce maître pour son cycle de la Passion (1597).
  6. P. Falguières (2004), p. 31.

Sources

  • (fr) Patricia Falguières, Le Maniérisme - Une avant-garde au XVIe siècle, Gallimard, Paris, 2004.
  • (nl) Fiche consacrée à H. Goltzius sur le site du Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie (RKD).
  • (fr) Carel van Mander, Le Livre de peinture, textes présentés et annotés par Robert Genaille, Hermann, Paris, 1965, p. 175-194.
  • (fr) Carel van Tuyll van Serooskerken, « Hendrick Goltzius », dans Fiamminghi a Roma 1508-1608 : Artistes des Pays-Bas et de la principauté de Liège à Rome à la Renaissance, Société des Expositions du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles - Snoeck-Ducaju & Zoon, Bruxelles - Gand, 1995 (ISBN 9053491643), p. 200-209.

Voir aussi

Liens externes

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