Hippothérapie

Hippothérapie

Équithérapie

L'équithérapie, souvent appelée hippothérapie en Belgique, est une médecine non conventionnelle et complémentaire prenant en considération le patient dans son entité physique et psychologique, et utilisant le cheval comme partenaire thérapeutique afin d'atteindre des objectifs fixés en fonction de la spécialité du thérapeute[1].

Sommaire

Définition

Selon la Société française d'Équithérapie, « L'équithérapie est un soin psychique médiatisé par le cheval et dispensé à une personne dans ses dimensions psychique et corporelle. »[2].

Origines de l'équithérapie

Antiquité

Certaines propriétés thérapeutiques liées au cheval sont connues depuis l'Antiquité. La mise à cheval était pratiquée en Grèce dans les temples d'Esculape pour favoriser l'évolution de certaines maladies somatiques et pour fortifier les membres[1]. Les vertus du contact avec des chevaux en faisaient déjà une activité préconisée afin de soutenir l'éducation des enfants et des adolescents, et pour améliorer l'état de personnes souffrantes.

"Le cheval est un bon maître, non seulement pour le corps, mais aussi pour l'esprit et pour le cœur", Xénophon, Ve siècle avant JC.

Société moderne

Récapituler le développement des activités thérapeutiques associant le cheval, c'est également parcourir un chemin qui va du corps vers l'esprit. Les premiers essais d'utilisation du cheval en tant qu'outil thérapeutique sont marqués par l'histoire de Lis Hartel, cavalière danoise qui décrocha une médaille d'argent en dressage aux Jeux Olympiques d'été de 1952 à Helsinki après avoir surmonté sa poliomyélite en poursuivant une pratique équestre intensive[3]. Cet exploit favorisa durablement le développement de pratiques équestres adaptées avec l'implication de personnels médicaux. C'est donc par l'aspect biomécanique du cheval que s'ouvre la longue voie qui mène jusqu'à l'équithérapie telle que nous la connaissons aujourd'hui[4].

La seconde étape fait intervenir Renée de Lubersac, psychomotricienne, et Hubert Lallery, masseur-kinésithérapeute, qui vont ensemble chercher à théoriser les bénéfices psychomoteurs véhiculés par le contact avec le cheval. Il publieront ensemble l'ouvrage princeps "La Rééducation par l'équitation" en 1973, fruit d'un travail de recherche les ayant conduits dans toute l'Europe et marquant l'arrivée en France d'une discipline thérapeutique nouvelle, pratiquée par des professionnels du soin, dans l'intention spécifique de soigner[5].

La création de la Fédération nationale des thérapies avec le cheval, à partir de 1986, marque la libération des activités de soin de la tutelle des fédérations sportives. L'influence de Renée de Lubersac conduit également ce mouvement de soignants au sein d'un courant largement influencé par la psychomotricité, et des activités de soin orientées explicitement vers le corps[6].

La création de la Société française d'équithérapie, à partir de 2005, apporte un nouveau regard sur les pratiques de soin associant le cheval. Après le soin médical, le soin kinésithérapeutique et le soin psychomoteur, c'est à présent le soin psychique médiatisé par le cheval qui se voit ancré par l'apport des différents domaines de la psychologie et de la psychothérapie à l'utilisation du cheval en thérapie[7].

Objet du soin

L'objet du soin est défini comme étant exclusivement l'appareil psychique de la personne prise en charge. L'objectif du thérapeute concerne aussi la diminution de symptômes psychopathologiques, le mieux être, le sentiment de confort.

Moyens du soin

Les moyens mis en œuvre sont de deux ordres :

  • psychiques : la parole, le discours, le sens, le partage émotionnel, l'expérience vécue, le transfert, le désir...
  • corporels : la sensation, le mouvement, la communication infra-verbale, l'expression gestuelle...

Les outils utilisés par le thérapeute correspondent pour la plupart à l'adaptation à la situation incluant le cheval d'outils utilisés au sein de thérapies comme la psychanalyse, la programmation neuro-linguistique, la psychothérapie cognitivo-comportementale, la kinésithérapie ou la psychomotricité.

L'intérêt de l'utilisation du cheval s'explique alors par ses qualités en tant qu'être vivant ayant un appareil psychique propre, relativement simple, doux et chaud, socialement valorisant et adapté, susceptible de porter et de transporter, non jugeant et non intrusif, apte à accepter les projections, apte au dialogue sur un mode archaïque, digne d'intérêt et de soin. Ces qualités ne font pas du cheval un thérapeute, mais bien un outil qui, utilisé par un thérapeute, sera en mesure d'ouvrir des opportunités, et de rendre possible l'amélioration d'une pathologie psychique ou d'un mal-être.

Débats actuels

Législation

L'équithérapie n'est pas une profession réglementée par la législation française. Il en résulte que le titre d'équithérapeute ou d'hippothérapeute n'est pas protégé par la loi, et qu'il n'existe pas de formation d'Etat garantissant la compétence des professionnels.

Les différents organismes représentatifs s'accordent sur le fait qu'il est nécessaire, afin d'exercer dans de bonnes conditions, que les thérapeutes aient reçu une double formation :

  • une formation paramédicale ou médico-sociale de base, délivrant un diplôme reconnu par l'état ;
  • une formation spécialisée en équithérapie d'au moins 500 heures, délivrant un diplôme privé ou une attestation de participation.

Une large partie des personnes pratiquant l'équithérapie aujourd'hui n'ont pas reçu une telle formation, ce qui soulève le problème de la légitimité de leur pratique et qui implique des considérations d'ordre éthique et déontologique.

Terminologie

Les définitions des différents termes qualifiant les activités thérapeutiques associant le cheval sont controversées. La délimitation précise des champs couverts par les mots équithérapie, hippothérapie, thérapie avec le cheval, thérapie équestre, psychothérapie avec le cheval, rééducation par l'équitation ou rééducation équestre reste floue et peu consensuelle.

De nombreux thérapeutes utilisant les mêmes outils définiront leur pratique en utilisant un qualificatif différent, alors qu'inversement, des thérapeutes ayant une orientation divergente (soin somatique ou soin psychique par exemple) utiliseront la même appellation, faute de consensus quant à la terminologie.

Distinction entre soin, sport et loisir

Autre conséquence du manque de repères légaux, la confusion fréquente entre soin, sport adapté et loisir adapté. Le fait qu'une personne handicapée, malade ou en souffrance côtoie un cheval est souvent qualifié improprement d'équithérapie, alors même que cette activité n'est pas nécessairement encadrée par un thérapeute, et ne comporte pas spécifiquement d'objectifs thérapeutiques.

D'autre part, le souhait des patients n'est pas non plus nécessairement pris en compte, amenant certains vers une pratique sportive de l'équitation alors qu'ils étaient en demande d'un espace thérapeutique, ou au contraire amenant vers des thérapeutes des patients qui sont dans la recherche d'une activité de loisir qui devrait relever d'un enseignant et non d'un soignant.

La distinction entre soin, sport adapté et loisir adapté est difficile à établir en France, dans le sens où la législation actuelle relative à l'éducation sportive tend à classer l'ensemble des structures équestres sous l'égide du ministère de la jeunesse et des sports, compliquant ainsi la possibilité pour un lieu spécifiquement tourné vers l'équithérapie de n'être pas associé à un organisme en lien avec le sport. C'est notamment face à ces difficultés à faire admettre l'indépendance des pratiques thérapeutiques, par rapport au cadre sportif existant actuellement pour les activités équestres, que les organismes représentatifs des praticiens de l'équithérapie ont ouvert une démarche visant à faire reconnaître officiellement la spécificité de leur profession.

Éthique et déontologie en équithérapie

Comme dans toute forme de thérapie, les questions d'éthique et de déontologie sont encadrées en équithérapie, par différentes Chartes relevant des organismes représentatifs des thérapeutes. Ces Chartes n'ont toutefois pas de valeur légale, et les organismes représentatifs nationaux ne sont pas tous dotés des moyens de les faire respecter (mesures informatives ou disciplinaires à l'encontre des thérapeutes pris en faute), de les remettre à jour, et de répondre aux questions des usagers à leur sujet. Elles constituent donc un engagement moral pris par le thérapeute signataire envers son ou ses organisme(s) représentatif(s).

Il existe à l'heure actuelle deux chartes assez distinctes :

  • celle proposée par le GIETAC en 2000 [2], reprenant les points essentiels liés aux exigences envers le thérapeute, sa formation, ses devoirs, et son exercice.
  • celle proposée par la Société française d'équithérapie en 2005 [3], amenant davantage de précisions grâce à son fondement sur le Code de déontologie des psychologues.
Article connexe : Éthique de la psychologie.

Notes et références

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Atmadjian, Anaïs (1989). Thérapie équestre, Paris : Atmadjian.
  • Atmadjian, Anaïs (1995). Pathologie mentale, individu souffrant et cheval, Paris : Université Paris-Nord.
  • Aymon, Natacha, dir., L’Animal, un thérapeute pas si bête. In : Le journal des Psychologues, n°165, mars 1999.
  • Belin, Bernard (2000). Animaux aux secours du handicap, Paris : L’Harmattan.
  • Bergeret, Jacqueline (1986). Rééducation des handicapés mentaux par l'équitation. Thèse de santé, Université de Dijon.
  • Brin, Denis (1981). La Rééducation par l’équitation. Thèse de médecine, Université Paris 11.
  • Casanave-Laulive, Maryse (1981). A propos d’une thérapeutique en psychiatrie: la rééducation par l’équitation. Thèse de médecine, Université de Brest.
  • Claude, Isabelle (2007). Le Cheval miroir de nos émotions, DFR. (ISBN 978-2-91-633112-6)
  • Darnaudrey-Point, Jeanne (1992). Equithérapie dans les troubles mentaux. Thèse n° 92BOR2M018, Université Bordeaux 2, 1992.
  • Digard, Jean-Pierre, dir. (1988). Des Chevaux et des Hommes, équitation et société, 1er Colloque des Sciences Sociales de l'équitation, Avignon : Réalisations municipales gestion.
  • Emond, Nicolas et Martin, Karine (2008). Sophrologie, relaxation et équithérapie, Nanterre : Presses Xénophon. (ISBN 978-2-9531783-0-2)
  • Faucon, Claude-Eliane (1977). Equitation thérapeutique et pédo-psychiatrie. Thèse de médecine, Université Paris VI.
  • Girardon, Marie-Laure (1986). Place de l'équitation dans la prise en charge des handicapés. Thèse de médecine, Université d'Aix-Marseille.
  • Guerin-Morice, Sabine (1996). Contribution du cheval à la réhabilitation des personnes handicapées. Thèse n° 96NANT084V, Université de Nantes.
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  • L’Equithérapie, quand le cheval réapprend à vivre. In : Cheval Loisirs, n°149, décembre 2004.
  • Lansalot, Gérard (1988). Essai d'utilisation de l'équitation comme moyen thérapeutique en psychiatrie adulte. Thèse n° 88PA062002, Université Paris VI.
  • Les vertus de l'équithérapie pour aider à mieux vivre. Amalou, Florence, in : "Le Monde", 23 septembre 2007.
  • Lubersac, Renée de & Lallery, Hubert (1973). La Rééducation par l’équitation, Paris : Crépin-Leblond.
  • Lubersac, Renée de, dir. (2000). Thérapies avec le cheval, Vincennes, 2000 : Fentac.
  • Quand le cheval soigne l’esprit. In : L’Eperon, n°252, décembre 2005.
  • Reinert, Patrice (1990). Equitation thérapeutique et psychoses infantiles. Thèse n° 90REIMM036, Université de Reims, 1990.
  • Rousselet-Blanc, Vincent (1992). Les Animaux guérisseurs, Paris : Lattès.
  • Tintrelin, Colette (1972). La rééducation des handicapés physiques par l’équitation. Thèse de médecine, Université Paris 12.
  • Un instrument vivant de thérapie pour les enfants handicapés et autistes. In : Le Monde, 29 novembre 2003.
  • Emond, Nicolas (2003). L'offre et la demande en thérapie avec le cheval. Mémoire de DESS de psychologie, Université Paris V, juin 2003. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
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