Histoire de l'Afrique du Sud

Histoire de l'Afrique du Sud
La Protéa, fleur emblème de l'Afrique du Sud
Hommes zoulous en habit traditionnel

L'histoire de l'Afrique du Sud est très riche et très complexe du fait de la juxtaposition de peuples, de cultures et d'ethnies différentes depuis la Préhistoire. La culture des Bochimans y est présente depuis au moins 25 000 ans et celle des Bantous, depuis au moins 1 500 ans. Les deux cultures auraient, selon des sources limitées à l'archéologie, généralement cohabité paisiblement. L'histoire écrite débute avec l'arrivée des Européens, en commençant par les Portugais qui décident de ne pas coloniser la région, laissant la place aux Néerlandais. Les Britanniques contestent leur prééminence vers la fin du XVIIIe siècle, ce qui a mené à deux guerres. Le XXe siècle est marqué par le système législatif séparatiste et ségrégationniste de l'Apartheid puis par l'élection du premier président noir d'Afrique du Sud Nelson Mandela à la suite des premières élections nationales multiraciales organisées dans le pays.

Sommaire

Pré-colonisation

L'histoire précoloniale est difficile à relater en raison notamment de l'absence d'écrits et de la difficulté à dater des évènements passés concernant un territoire étendu, à l'époque inconnu des civilisations maîtrisant l'écriture et peu peuplé. Par conséquent, l'histoire de ce pays n'a longtemps relaté que les évènements postérieurs aux premières explorations européennes. Ce n'est que depuis une vingtaine d'années que les historiens intègrent vraiment les découvertes des archéologues pour commencer à (tenter de) retracer la période précoloniale de l'Afrique du Sud.

Préhistoire

Communauté bochiman

De nombreux fossiles trouvés dans les grottes de Sterkfontein, Swartkrans, Kromdraai et Makapansgat indiquent que des australopithécinés vivaient sur le plateau du Highveld il y a environ 2,5 millions d'années[1]. Il est généralement accepté que Homo sapiens, l'humain moderne, a remplacé Homo erectus il y a 100 000 ans. Des fossiles controversés trouvés dans le site de Klasies River mouth, dans la province du Cap-Oriental, indiqueraient que l'humain moderne vivait en Afrique du Sud il y a 90 000 ans.

L'Afrique du Sud compte également de nombreux sites du Middle Stone Age tels que Blombos, Diepkloof ou Border Cave. Ces sites ont livré des vestiges interprétés comme des indices de l'émergence de la modernité culturelle : blocs d'ocre gravés, perles en coquillage (Blombos), coquilles d'œuf d'autruche incisés (Diepkloof), os incisés (Border Cave).

1 = 3000 - 1500 av. JC, foyer d'origine des peuples bantous
2 = v.1500 av JC, premières migrations
 4 2.a = Bantous orientaux, 22.b = Bantous occidentaux
3 = 1000 - 500 av JC, éclatement de la culture Urewe (Bantous orientaux)
4 - 7 = Avance vers le Sud
9 = 500 av JC - 0 éclatement du foyer Congolais
10 = 0 - 1000 ap. JC dernière phase de migration[2]
Représentation préhistorique peinte d'un éléphant à l'entrée des grottes du Cango

Durant le Later Stone Age se mettent en place des groupes apparentés aux Bochimans et aux Khoïkhoï actuels. En l'absence de documentation écrite et compte tenu de la rareté des vestiges archéologiques, il est difficile de reconstituer précisément l'histoire et l'évolution de ces groupes. Il semblerait que le nombre des Bochimans n'ait jamais excédé une cinquantaine de milliers d'individus sur le territoire de l'actuelle Afrique du Sud[3]. Ces chasseurs-cueilleurs nomades avaient un tel respect de la nature qu'ils n'ont, en termes modernes, laissé presque aucune empreinte écologique à part des peintures rupestres.

Il y a environ 2 500 ans, certains Bochimans ont acquis du bétail des régions plus au nord, ce qui a graduellement changé leur mode de vie économique de chasseurs-cueilleurs vers celui d'éleveurs. Cela a introduit les notions de richesse personnelle et de propriété dans leur société, en solidifiant ainsi les structures et développant sa politique.

Les Khoïkhoï se sont déplacés vers le sud, rejoignant la région du Cap de Bonne-Espérance. Ils ont continué à occuper davantage les côtes, tandis que les Bochimans, qu'ils nommaient San, sont restés à l'intérieur des terres. Leurs liens étaient toutefois étroits et le mélange des deux cultures a donné lieu à celle des Khoïsan.

Expansion des Bantous

À la même époque où les Khoïkhoï apparaissent, des peuples Bantous sont arrivés du nord-ouest, plus précisément du delta du Niger. La première vague de ces peuples migrants issus de l'Âge du fer, agriculteurs et éleveurs, aurait atteint l'Afrique du Sud vers l'an 300[4] pour s'établir dans l'actuelle province du KwaZulu-Natal vers 500. D'autres ont descendu la rivière Limpopo vers les IVe siècle ou Ve siècle pour parvenir vers le Xe siècle dans l'actuelle province du Cap-Oriental. Leur migration n'était pas cohésive et s'est faite en petites vagues, déplaçant tout de même des populations de chasseurs-cueilleurs.

Non seulement éleveurs, les Bantous étaient aussi des agriculteurs, maîtrisant entre autres cultures, celle du blé. Ils travaillaient aussi le fer et vivaient dans des villages. Ce sont les ancêtres des peuples parlant les langues nguni : xhosa, zoulou et diverses autres langues tribales. Les Xhosas seront les seuls à être organisés en États pour se défendre de leurs voisins. Pour tous les autres peuples, l'unité politique ne dépassera pas le groupe de village.

Les deux cultures auraient, selon des sources limitées à l'archéologie, généralement cohabité paisiblement. Toujours est-il qu'on peut observer une intégration d'éléments des cultures Khoïsan et Bantoue. Outre les artéfacts archéologiques, la linguistique révèle que le clic caractéristique des Khoïsan a été incorporé dans plusieurs langues bantoues[5].

L'arrivée des Européens

Article détaillé : Histoire de la Colonie du Cap.
Drapeau hollandais du XVIIe siècle

L'histoire écrite débute avec l'arrivée des Européens. C'est le 3 février 1488, à Mossel Bay que débarque pour la première fois sur ces rives un équipage européen à la recherche d'une nouvelle route vers l'Inde et l'Asie, commandé par le Portugais Bartolomeu Dias. Ils nomment le cap Cabo da Boa Esperança, nom portugais du Cap de Bonne-Espérance.

Le 25 décembre 1497, un autre navigateur portugais, Vasco de Gama, explore la côte sud du continent et baptise une des régions côtières du nom de Natal (Noël en portugais). En 1498, il contourne l’Afrique et pousse au nord-est, explorant des régions de l'actuel Mozambique, avant de se diriger vers l'Inde. Les côtes n'étant pas propices à l'accostage et des tentatives d'échanges avec les Khoïkhoï s'étant révélées source de conflits, les Portugais jettent leur dévolu sur la région du Mozambique. Celle-ci offre en effet de meilleurs points d'accostages, en plus de ressources naturelles intéressantes, dont certains fruits de mer et des gisements d'or.

Le naufrage, en 1647, du navire hollandais, le Nieuw-Haarlem, dont les rescapés avaient survécu un an au pied de la montagne du Cap, incite les Néerlandais à créer en cet endroit un point de ravitaillement. C'est ainsi que la Compagnie néerlandaise des Indes orientales envoie Jan van Riebeeck pour y installer une base fortifiée.

Le 6 avril 1652, Jan van Riebeeck débarque au pied de la Montagne de la Table, avec quatre-vingts hommes à bord d'une flottille composée du Drommedaris, du Reijer et du Goede Hoop pour créer une « station de rafraîchissement », destinée à fournir de l'eau, de la viande, des légumes et des fruits frais aux équipages diminués par le scorbut après quatre mois de mer[6]. Ce territoire était délimité par une haie d'amandes amères dont on retrouve la trace dans les jardins botaniques de Kirstenbosch. Quand les Néerlandais débarquèrent, la péninsule du Cap était habitée par quelques tribus de chasseurs indigènes Khoïkhoï et San que les Hollandais baptisèrent du nom de Hottentot (bégayeur). Dans le reste de l'Afrique du Sud, les peuples Sothos occupaient alors les hauts plateaux au sud du fleuve Limpopo (actuelle province du Limpopo), les Tsongas vivaient dans l'est (actuel Mpumalanga) tandis que les peuples Ngunis (Zoulous, Xhosas, Swazis) se partageaient la région méridionale à l'est de la Great Fish River, à 1 500 km à l'est du Cap[7].

Rencontre en 1652 de Jan van Riebeeck avec les Khoïkhoïs
Le château fort pentagonal de Bonne-Espérance au Cap fut construit de 1666 à 1670

Durant les premières années de cohabitation avec les Néerlandais, les Khoïkhoïs étaient bien disposés à l'égard des nouveaux arrivants. Des relations commerciales se nouèrent entre eux. Les Bochimans échangèrent leur bétail contre toutes sortes d’objets manufacturés hollandais. Une partie d'entre eux fut néanmoins décimée par la variole apportée par les Européens. Les premiers temps furent aussi difficiles pour les colons néerlandais. Dix-neuf d'entre eux ne passèrent pas le premier hiver.

En 1657, van Riebeeck recommanda que les hommes libérés de leurs obligations vis-à-vis de la compagnie, fussent autorisés à commercer et à s'installer comme citoyens libres. En février 1657, les premières autorisations d'établissement sont délivrées à neuf (ex-)salariés de la compagnie qui reçoivent le titre de burgher (citoyen libre). Les Burghers sont autorisés à cultiver la terre pour y planter du blé et des vignes. Des parcelles de terres leur sont attribuées, spoliant les Khoïkhoïs qui y vivaient. Privés de leurs meilleurs pâturages, ils tentent de céder des bêtes malades aux burghers. Les relations dégénèrent et en février 1659, les Khoïkhoïs fédérés sous l'autorité du chef Doman assiégèrent les Néerlandais, obligés de se retrancher dans le fort de Bonne Espérance. La contre-attaque de ces derniers décima les assaillants, réduits en esclavage ou refoulés vers le nord[8].

Entre 1657 et 1667, plusieurs expéditions furent organisées pour reconnaître l'intérieur des terres. Quand van Riebeeck quitta le territoire en 1662, le comptoir commercial du Cap comptait 134 salariés de la Compagnie des Indes Orientales, 35 colons libres, 15 femmes, 22 enfants et 180 esclaves déportés de Batavia et de Madagascar[9]. La colonie était très hiérarchisée, les fonctionnaires de la compagnie des Indes se trouvant au sommet de l'ordre social et politique. Si la couleur de la peau n'était pas déterminante et qu'aucune distinction juridique ne séparait l'homme libre d'un l'esclave affranchi, le clivage se faisait uniquement entre le chrétien et le non chrétien, l'homme libre et l'esclave[10].

En 1679, Simon van der Stel est nommé commandeur de la ville du Cap. Sous son impulsion, Le Cap devient une colonie de peuplement. Des immigrants néerlandais, allemands, danois, suédois, fuyant la misère et les atrocités commises lors de la guerre de Trente Ans, se joignent aux Burghers[11]. Le territoire que van der Stel doit alors administrer s'étend de la région qui s'étend de Muizenberg sur l'océan Indien aux montagnes de Steenberg et de Wynberg. Il entreprend de développer l'agriculture en concédant des terres aux burghers, que l'on commence à appeler Boers, afin de développer les cultures et fait planter plus de huit mille arbres.

Groot Constantia (1685), domaine viticole de Simon van der Stel, exemplaire de l'architecture hollandaise du Cap

En 1685, le groupe de 800 colons est rejoint par 200 huguenots chassés de France par la révocation de l'édit de Nantes[12]. Simon van der Stel leur concède des terres riches en alluvions dans la vallée d'Olifantshoek et de la rivière Berg, protégées des vents du large par un grand cirque rocheux, pour y développer la viticulture. Ils créent les neuf fermes historiques (La Bourgogne, La Dauphine, La Brie, Champagne, Cabrière, La Terra de Luc, La Cotte, La Provence et La Motte) avec des vignes françaises.

En 1691, le territoire accède au statut officiel de colonie et en 1700, compte 1 334 habitants blancs alors qu'elle n'en comptait pas plus de 168 en 1670[13].

Dès la fin du XVIIe siècle, pour pallier la pénurie de main-d'œuvre, des esclaves avaient été importés de Guinée, de Madagascar, d’Angola et de Java[9] (leurs descendants constitueront le groupe ethnique des « Malais du Cap »). En effet, à cette époque, les premières tribus africaines ne résident pas à moins de 1 000 km à l'est au-delà de la rivière Kei. Cette absence de Noirs au Cap, ainsi que dans certaines régions de l'intérieur, déclenche bien plus tard la polémique entre Afrikaners et Noirs quant à l'antériorité de leur présence en Afrique du Sud. Par ailleurs, en raison du faible nombre de femmes d'origine européenne, la compagnie des Indes s'était d'abord accommodée du métissage concrétisé par l'émergence d'enfants métis issus de relations ou d'unions entre néerlandais et hottentotes. Leur nombre augmenta très rapidement faisant apparaitre un nouveau groupe ethnique bientôt appelé Kaapkleurige (métis du Cap) inquiétant les autorités coloniales. En 1678, un édit mit en garde contre les relations intimes entre européens et indigènes et en 1685, les mariages mixtes furent l'objet d'une interdiction[10]. .

En 1706, la première révolte des Boers contre les méthodes de gouvernement et la corruption du gouverneur Willem Adriaan van der Stel[14] aboutit, non seulement sur le renvoi de ce dernier mais aussi sur l'arrêt de l'immigration européenne en Afrique du Sud. Certains Boers, nés en Afrique, revendiquent même leur africanité (« ek been ein afrikander » comme le jeune Hendrik Bibault (1707)[15]). La Compagnie des Indes, en mettant un terme à l'immigration européenne, veut réorienter la colonie vers son utilité originelle, celle de station de ravitaillement et éviter le développement d'un foyer de peuplement revendicatif. À cette fin, la Compagnie avait également entrepris de monopoliser les débouchés commerciaux de la colonie, de fixer les prix des productions locales et d'imposer une administration de plus en plus tatillonne et procédurière. Cette politique restrictive de harcèlement allait cependant encourager l'esprit libertarien chez les colons libres et les paysans néerlandais natifs de la colonie. Ces derniers cherchèrent alors à échapper au contrôle oppressif de la Compagnie et franchirent les frontières de la colonie pour s'établir hors de sa juridiction, dans l'intérieur des terres. Ils furent appelés Trekboers (paysans nomades), pratiquant un élevage intensif et vivant dans des chariots bâchés tirés par une paire de bœufs. Repliés sur eux-mêmes, pratiquant un calvinisme austère et menant une vie fruste et dangereuse, les Trekboers élaborèrent une culture originale influencée par l'immensité désertique où ils vivaient. Ils abandonnèrent progressivement le néerlandais pour une nouvelle langue, l'afrikaans, mélange de dialectes hollandais, de créole portugais et de khoikhoi inventé par les métis du Cap[16].

L'expansion néerlandaise de 1700 à 1795

Au XVIIIe siècle, les Trekboers fondèrent aussi des villes, celles de Swellendam et de Graaff-Reinet, en dépit d'accrochages meurtriers avec les peuples autochtones Khoikhoi et San, obligeant la colonie du Cap à fixer de nouvelles frontières situées au-delà des implantations boers les plus importantes[17].

En 1713 et 1755, deux épidémies de variole ravagèrent la colonie, tuant un millier de blancs mais décimant les peuples Khoikhoi. Au bout de 60 ans de nomadisme et de progression ininterrompue, les Trekboers se retrouvèrent bloqués au nord par l'aridité extrême du Namaqualand, au nord-est par le fleuve Orange où les tribus San leur opposaient une forte résistance, déterminés à sauvegarder leur territoire de chasse mais aussi à l'est, où les Trekboers avaient atteint la Great Fish River, à 1 500 km de la cité-mère, et se heurtaient à des peuples bantous, en l'occurrence de puissantes chefferies Xhosas[18]. En 1779 eurent lieu les premières escarmouches entre Boers du Zuurveld (en aval de la Fish River) et tribus indigènes Xhosas pour la possession de bétail dans les zones frontalières (première guerre Cafre). En 1780, le gouverneur néerlandais Joaquim van Plettenberg fixa alors la frontière est de la colonie du Cap à la rivière Great Fish et à la rivière Gamtoos. Mais les années qui suivirent furent marquées par de multiples guerres de frontières[19].

L'annexion britannique de la colonie du Cap

La faillite de la Compagnie des Indes Orientales en 1798, et les menées de l'organisation des Patriotes, aidés par les Français, contribuent à la présence dans la région des Anglais.

Le Royaume-Uni conquiert la région du Cap de Bonne-Espérance en 1797 pendant les guerres anglo-néerlandaises. La puissance des Pays-Bas est en déclin et la rapidité de l'action britannique s'explique par la volonté d'éviter que la France ne s'approprie la région. Après avoir chassé du pouvoir le Stathouder Guillaume V d'Orange-Nassau, qui se réfugie à Londres avec sa famille, les Pays-Bas récupèrent la colonie en 1803 lors de la paix d'Amiens, mais la déclarent en faillite en 1805[20].

Carte de la colonie du Cap en 1809

En 1806, la colonie est de nouveau occupée par le Royaume-Uni à qui elle est officiellement annexée en 1814 après le traité de Paris[21].

La colonie britannique est alors établie avec 25 000 esclaves, 20 000 colons blancs, 15 000 Khoïsan et 1 000 esclaves noirs libérés. Comme les Néerlandais, les Britanniques voient le Cap comme un point stratégique de ravitaillement, non pas comme une colonie. Les relations avec les Boers ne sont pas meilleures que durant la précédente administration.

En 1807, la colonie du Cap est rattachée au Colonial Office, représentée localement par un gouverneur. Les sociétés missionnaires anglicanes s'installent alors dans la colonie et entreprennent de venir en aide, de conseiller et de convertir les tribus hottentotes locales. La même année, Londres fait interdire le commerce des esclaves au sein de l'Empire. Au Cap, des mesures sont prises en faveur des KhoïKhoï et des esclaves. Des missions méthodistes s'installent en pays xhosas où les évangélistes cherchent à former une élite noire[22]. En 1811, le rapport d'une mission mit en cause plusieurs familles boers pour des mauvais traitements infligés aux esclaves. En 1812, les missionnaires obtiennent que les plaintes déposées par les Hottentots contre leurs employeurs soient traitées par les tribunaux et que les audiences soient publiques. Dans le veld, les Boers perçoivent ces avancées comme une atteinte à leurs libertés. En 1815, Lorsque le jeune boer Frederic Bezuidenhout, qui avait refusé de diligenter à unes convocation judiciaire et avait été condamné par défaut, est tué lors de son arrestation par un policier hottentot, sa mort déclenche un mouvement de rébellion parmi les fermiers. Alliés au chef xhosa Ngqika, ils tentent de soulever la région du Zuurveld contre le pouvoir colonial. Accusés de haute trahison, cinq de ces rebelles boers sont arrêtés, condamnés à mort et pendus à Slachters Neck[23], fournissant les premiers martyrs à la communauté boer. Le fossé entre ceux-ci et les Britanniques ne va dès lors cesser de s'élargir.

Arrivée des Colons britanniques dans la baie d'Algoa

En 1819, après une énième guerre de frontière, les territoires situés en amont de la rivière Fish jusqu'à la rivière Keiskama sont annexés à la colonie du Cap.

En 1820, près de 5 000 colons britanniques débarquent au sud-est du Cap[24] et fondent la ville de Port Elizabeth à la frontière des territoires Xhosas. L'idée est de créer une zone tampon entre les fortifications du Cap et les territoires Xhosas. Cette stratégie échoue et dès 1823, la moitié des colons se sont retirés dans les villes, notamment Grahamstown et Port Elizabeth.

Le fossé entre les Britanniques et les Boers s'élargit, tandis que les premiers dominent la politique, la culture et l'économie et les seconds restent relégués aux fermes.

En 1822, le néerlandais perd son statut de langue officielle dans les tribunaux et les services gouvernementaux. Il recule dans les domaines scolaires et religieux. Le processus d'anglicisation est en marche alors que le patois néerlandais, appelé aussi afrikaans, est dénigré. En 1828, l'anglais devient la seule langue officielle pour les affaires administratives et religieuses. La même année, l'égalité des droits est proclamée dans la colonie du Cap entre KhoïKhoï et Blancs tout comme le droit à la propriété pour les Noirs[25]. En 1833, l'esclavage est aboli et les propriétaires des 40 000 esclaves de la colonie sont indemnisés.

Le Mfecane

A l'époque des premiers contacts entre Blancs et Noirs, les tribus africaines sont en pleine turbulence sociale et politique. Durant le début du XIXe siècle, la carte géo-politique de l'ensemble de l'Afrique australe est complètement bouleversée par un ensemble d'evénements d'origines complexes désignés sous le terme de Mfecane (l'écrasement, le broyage)[26].

A la suite de heurts violents entre tribus, les rescapés des tribus vaincues se reformaient en bandes et dévastaient les régions qu'ils traversaient. L'exemple le plus significatif de cette période arriva au moment de l'apogée de l'Empire Zoulou.

Le Royaume zoulou de Shaka

Article détaillé : Royaume zoulou.
Le roi Chaka
Esquisse par James King, 1824

En ce début de XIXe siècle, les Zoulous sont une petite chefferie lignagère composée d'environ 2000 personnes, vivant sur les rives du fleuve Umfolozi (dans l'actuelle province du KwaZulu-Natal). Deux puissances se partagent à l'époque le pouvoir dans la région : la confédération dirigé par le Roi Dingiswayo, chef de la tribu des Mthethwa et la grande tribu des Ndwandwe du chef Zwide. Le but des guerres tribales de l'époque consiste principalement à saisir le bétail de l'adversaire et les batailles, qui sont plus des démonstrations de forces que de véritables empoignades, n'engagent que les meilleurs guerriers[26].

En 1816, à la mort du chef zoulou Senzangakhona, son fils illégitime, Shaka, parvint à évincer ses frères et à prendre la tête de la chefferie. Shaka avait été auparavant un brillant officier de Dingiswayo et à la mort de celui-ci, il lui succède, prenant en 1818 la tête de la confédération formant la nation des Ngunis-Amazoulou, « ceux du ciel ».

Shaka remodela l'organisation sociale et militaire de son peuple, réorganisant l'armée (qui comptait à l'origine 400 guerriers) en régiments et en instituant une véritable conscription. Une discipline rigoureuse est imposée à laquelle le moindre manquement n'a que la mort comme sanction[26]. Pourvue d'une véritable armée de métier, chaque homme étant équipé avec un large bouclier de peau, celle-ci devint le pivot de la société, révolutionnant les structures traditionnelles[27]. Le traditionnel jet du javelot est interdit et remplacé par une lance courte. Shaka réorganisa l'État divisant le royaume en districts militaires. Bouleversant également la stratégie militaire de son armée, Shaka opta pour l'attaque « en tête de buffle » où les ailes opèrent un mouvement tournant pour déborder par une manœuvre rapide les troupes adverses[28]. S'il régna à ses débuts sur un territoire de 100 000 km2, ce fut avec son armée gigantesque de 100 000 hommes, divisée en 4 corps et pouvant parcourir à pieds 80 km par jour, qu'il réorienta l'expansion de son royaume vers l’ouest et vers le sud contre les peuples Tembou, Pondo et Xhosa.

Utimuni, neveu de Shaka en tenue de guerre

Ce faisant, il conquit en quatre années un territoire plus vaste que la France, au prix de véritables massacres et de nettoyages ethniques. Il fait ainsi pratiquer un eugénisme systématique. Seuls les clans qui font hommage au chef zoulou échappent à la destruction[26]. Les vieillards des peuples vaincus sont systématiquement supprimés, les femmes et les enfants incorporés dans la nation zoulou alors que les jeunes ont la vie sauve s'ils s'enrôlent dans les régiments (Impis), abandonnant leur identité ethnique pour devenir de véritables Zoulous.

Entre 1816 et 1828, Shaka constitue ainsi un vaste Empire. Tous les clans entre les montagnes Drakensberg et le sud de la rivière Tugela furent ainsi soumis à Shaka de gré ou de force. Ceux qui lui furent indociles durent fuir vers le nord, dispersant sur leur passage les Sothos et les Tsongas, provoquant ainsi de très profonds bouleversements dans toute l'Afrique australe[29]. Ainsi, les Ngwanes, vaincus, se retranchent avec d'autres petits clans dans l'actuel Swaziland alors que les Sothos font de même sur l'oppidum imprenable de Thaba Bosiu d'où ils affrontreront plus tard avec succès les Ndébélés, les Griquas et les Boers[26]. En 1826, la puissante tribu rivale des Ndwandwe s'effondre sous les coups de boutoir de l'armée de Shaka. Plusieurs généraux tels Shoshangane s'enfuirent vers le nord pour se tailler leur propre empire[26]. Au sein même de la nation Zoulou, Shaka est victime de trahison telle celle de Mzilikazi qui doit finalement s'enfuir avec quelques partisans, semant la ruine dans les hauts plateaux du veld, peuplés de Sotho, avant de fonder la nation matabele dans l'actuel Zimbabwe[26]. Selon certains historiens, les conquêtes zoulous et leurs conséquences seraient responsables directement ou indirectement de la mort de plus de deux millions de personnes qui laisseront d'immenses territoires vides de toute population.

Le déclin de Shaka commença avec sa tendance de plus en plus affirmée à la tyrannie, qui lui valut la crainte de son propre peuple. À la mort de sa mère Nandi en 1827, Shaka fit exécuter plus de 7 000 personnes. Durant une année entière, il est interdit aux gens mariés de vivre ensemble et à tous de boire du lait.

En 1828, Shaka fut finalement assassiné, victime d'un complot organisé par son demi-frère Dingane.

Les conséquences indirectes du Mfecane permirent quelques années plus tard aux Boers, lors du Grand Trek, de s'installer sur le plateau intérieur afin d'y ériger leurs républiques[26].

Le Grand Trek

Articles détaillés : Grand Trek et Bataille de Blood River.
Le Grand Trek

Quand les Britanniques abolissent l'esclavage en 1833, les Boers considèrent que c'est un acte contre la volonté divine de la hiérarchie des races. Pour apaiser les esprits, le gouverneur, Sir Benjamin D'Urban instaure un conseil législatif de 12 membres supposé permettre aux administrés du Cap de débattre des affaires publiques.

Cependant, si les compensations financières allouées pour indemniser les anciens propriétaires d'esclaves (principalement les fermiers du Cap) sont estimées insuffisantes par ces derniers, ce furent les Trekboers, pourtant trop pauvres pour posséder des esclaves, qui furent les plus choqués par l'abolition de l'esclavage, y voyant une atteinte à l'ordre divin[25]. L'arrogance des autorités britanniques finit de convaincre des milliers de Trekboers à choisir l'émancipation du pouvoir colonial et de s'exiler à l'intérieur des terres africaines pour y fonder une république boer indépendante.

En 1835, entre 68 000[30] et 105 000 blancs[31] vivaient alors dans la colonie du Cap. Optant pour un nouveau départ vers l'intérieur des terres, quelque 4 000 Boers embarquèrent pour l'inconnu à bord de leurs chars à bœufs, avec femmes, enfants et serviteurs. Les premiers groupes organisés quittèrent les régions et villes du Cap, de Graaff-Reinet, de George et de Grahamstown avec à leurs têtes, des chefs élus par leurs communautés comme Andries Pretorius, Louis Trichardt, Hendrik Potgieter et Piet Retief. Le nombre de ces pionniers s'élèvera à plus de 14 000 dans les dix années qui suivirent[32],[33]. On les appellera les Voortrekkers.

Cette période est connue sous le nom de Grand Trek et a façonné la mythologie des Afrikaners, le peuple élu, la tribu blanche, à la recherche de sa terre promise. Digne du Far West américain, cette aventure constitue la genèse du volk afrikaner dont les motivations sont exposées dans un manifeste rédigé le 22 janvier 1837 par le voortrekker Piet Retief dans lequel il énonce ses griefs contre l'autorité britannique, les humiliations que les Boers estiment avoir subies, leur croyance en un Être juste qui les guidera vers une terre promise où ils pourront se consacrer à prospérité, à la paix et au bonheur de leurs enfants, une terre où ils seraient enfin libres et où leur gouvernement décidera de ses propres lois[34],[35].

Le roi Dingane en tenue ordinaire et d'apparat

En avril 1836, les deux premiers convois, comprenant chacun une trentaine de famille et menés par Louis Trichardt et Janse van Rensburg, franchissent le fleuve Vaal et traversent le haut-veld, poussant vers l'Est. Les deux groupes, après 3 années d'errance, seront finalement décimés par les fièvres et les conflits avec les Tsongas.

Les convois menés par Hendrik Potgieter et Gert Maritz se heurtèrent aux guerriers de Mzilikazi. Celui-ci est défait lors de la bataille de Vegkop et s'enfuit avec ses ndébélés au nord du fleuve Limpopo où il fonde la Matabeleland. Après avoir repoussé plus au sud les Sothos de Moshoeshoe dans les montagnes (dans l'actuel Lesotho), les Boers proclamèrent la création de la république des Voortrekkers à Potchefstroom mais les conditions de vie les poussèrent à redescendre vers le Natal. La trahison dont vont alors être victimes les chefs voortrekkers Gert Maritz et Piet Retief va longtemps symboliser et entretenir la méfiance des Afrikaners envers les Noirs d’Afrique du Sud. En effet, Retief avait entrepris de négocier un accord de co-existence et d’entraide avec Dingane kaSenzangakhona, le Roi des Zoulous. Ayant obtenu un accord de ce dernier, Retief et ses compagnons avaient été invités à un banquet en guise de cérémonie de signature. En confiance, ils acceptèrent de laisser leurs armes. Au cours de la cérémonie, Retief et ses 70 compagnons furent massacrés sur ordre du Roi Zoulou qui ordonna alors de trouver les campements boers et de massacrer tous ceux qui s’y trouvaient[36],[37].

Alertés par des survivants qui échappèrent à ces massacres, des familles boers se rassemblèrent autour de leurs chefs Andries Pretorius et Sarel Cilliers.

Le 16 décembre 1838, à l’aube de la confrontation finale, ils jurent que si Dieu leur accordait la victoire, ils construiraient une église pour rendre grâce au seigneur afin de l'honorer et se promettent de lier leur destin au seul Volk et à Dieu[38].

La confrontation lors de la bataille de Blood River entre les 500 Boers repliés derrière leurs chariots rangés en cercle (Laager) et les 10 000 guerriers zoulous se solde par une véritable hécatombe zouloue, colorant de leur sang la rivière Ncome dorénavant connue sous le nom de Blood River, alors que les voortrekkers n’avaient que quelques blessés. Cette victoire consacre la foi des Boers en leur destin biblique. Ils occupent emGungundlovu, qui fait office de capitale zoulou. Ils reconnaissent Mpande, le demi-frère de Dingane, comme roi des Zoulous, avec qui ils s'allient pour défaire les régiments de Dingane[39]. Celui-ci s'enfuit vers le nord où il est tué par les Swazis. Quant à Mpande, qui maintiendra l'unité du royaume zoulou pendant 30 ans, il cède la moitié du Natal aux Voortrekkers qui y proclament la république de Natalia.

Drapeau de Natalia

Craignant que les Boers ne développent des relations avec des puissances étrangères, les Britanniques envoyèrent un corps expéditionnaire au Natal en 1842 qui aboutit à l'annexion de la région le 12 mai 1843 par les Britanniques[40].

Les Boers reprirent alors leur grand trek vers le nord, au-delà des fleuves Orange et Vaal, rejoignant des communautés déjà établies mais ils se heurtent encore aux Gricquas (des métis khoïkhoï) et aux Sothos de Moshoeshoe.

Parallèlement, des groupes de métis firent leur propre Trek. Les Oorlams, métis de Namas et de Néerlandais, sous la direction de Jager puis de son fils Jonker Afrikaner, s'établirent dans la région du TransGariep. Dans le Namaqualand, des Bastaards érigent des républiques autonomes dotées de règles constitutionnelles mais sous souveraineté britannique. Ainsi, Kommagas, Steinkopf et Concordia sont érigées en marge de la colonie[41]. Dans les années 1860, des groupes de Bastaards iront fonder la communauté de Rehoboth dans le Sud-Ouest africain.

La cafrerie britannique

Article détaillé : Cafrerie britannique.
Frontière est de la colonie du Cap et la cafrerie britannique en 1835

Sur la frontière orientale de la colonie du Cap, les escarmouches entre colons, boers et Xhosas étaient de plus en plus violentes. En 1834, un chef de haut rang Xhosa est tué lors d'un raid des commandos boers. Une armée de 10 000 guerriers, franchit alors la frontière orientale de la colonie, procède à un pillage systématique des fermes et abat tous ceux qui résistent. Un contingent militaire britannique est alors envoyé dans la région sous le commandement du Colonel Harry Smith en janvier 1835. Pendant neuf mois, de sévères combats opposent troupes britanniques et les guerriers Xhosas. Le 10 mai 1835, la région située en amont de la rivière Keiskamma et en aval de la rivière Kei est annexée à la colonie du Cap sous le nom de province de la Reine Adélaïde, en hommage à l'épouse du Roi Guillaume IV. Cependant, le secrétaire d'état aux colonies exigea que la région soit restituée aux indigènes et en 1836, les troupes britanniques se retiraient de la zone tampon pour s'établir près de la rivière Keiskamma.

Du côté de la frontière nord de la colonie du Cap, les premiers traités étaient signés avec les Gricquas en 1843-1844 pour la reconnaissance du Griqualand Ouest.

En mars 1846, une nouvelle guerre Cafre est déclenchée sur la frontière orientale et se conclut par la défaite des guerriers Xhosas. Le district de la Reine Adélaide est déplacé à King William's Town et devient la Cafrerie britannique, administrée séparément de la colonie du Cap en tant que possession de la Couronne britannique.

Nonkosi et Nongqawuse

Le 24 décembre 1850, les Xhosas se soulèvent de nouveau. Les colons établis dans les villages frontaliers sont attaqués par surprise, la plupart sont tués et leurs fermes incendiées. Le conflit débouche finalement sur une nouvelle défaite Xhosa en 1853. La Cafrerie britannique changea alors de statut pour devenir une colonie de la Couronne.

En 1856, une jeune fille xhosa nommée Nongqawuse annonça avoir eu une vision : la puissance des Xhosas serait restaurée, le bétail multiplié et les Blancs chassés à la condition que pour la pleine Lune, tout le bétail soit abattu, les récoltes brulées et les réserves alimentaires détruites. Elle fut entendue et les chefs xhosas ordonnèrent de procéder à la destruction du bétail et des récoltes[42]. La prédiction ne se réalisa pas à la date prévue alors que 85 % du bétail avait été abattu. La faute en fut imputée aux récalcitrants et de violentes querelles achevèrent de plonger la région dans la misère et la famine. La population était affamée, réduite à manger de la nourriture des chevaux, de l'herbe, des racines, des écorces de mimosa, certains s'adonnant jusqu'au cannibalisme pour survivre[43]. D'autres fuirent vers la colonie du Cap pour implorer des secours. En fin de compte, cette famine meurtrière signa la fin des guerres entre Britanniques et Xhosas. La population de la Cafrerie passa en deux ans de 105 000 à moins de 26 000 individus[43]. Les terres dépeuplées furent alors attribuées à plus de 6 000 immigrants européens d'origine allemande.

En 1866, tout le territoire de la cafrerie britannique est incorporée à la colonie du Cap pour former les districts de King William's Town et de East London.

Le développement des républiques boers et des colonies britanniques

Article détaillé : Républiques boers.
Les républiques boers au XIXe siècle
Guerriers zoulous en 1879 lors de la bataille d'Isandhlwana

Après l'annexion du Natal par les Britanniques au début des années 1840, l’épopée boer recommence pour atteindre son apogée dans les années 1852-1854 avec la création des deux républiques indépendantes : la Zuid Afrikaansche Republiek (« République sud-africaine ») au Transvaal et l'Oranje Frystaat (« État libre d'Orange »), reconnues par les Britanniques par le Traité de Sand River.

Ces républiques, économiquement arriérées, sont faiblement peuplées (25 000 au Transvaal et la moitié dans l'état libre lors de leur fondation). Dans l'état libre d'Orange, le droit de vote permettant d'élire un parlement et un président, est accordé à tous les hommes blancs âgés de plus de 18 ans, quelle que soit leur origine[44]. Dans la république sud-africaine (Transvaal), seuls les Voortrekkers sont à l'origine des citoyens. La citoyenneté sera accordée progressivement aux Boers d'arrivées plus récente. Si l'État libre d'Orange réussissait rapidement à parvenir à une stabilité politique, la république sud-africaine au Transvaal devait mettre plusieurs années à assimiler une petite dizaine de micro républiques boers réfractaires. La tentative par le président Marthinus Wessel Pretorius de fusionner les deux grandes républiques au début des années 1860 fut un échec.

Le Transvaal comme l'État libre d'Orange sont des sortes de patriarcats pastoraux, aux infrastructures des plus sommaires. La ZAR est constituée essentiellement de fermes disséminées sur des milliers de kilomètres. Si l'inégalité des blancs et des gens de couleurs que ce soit dans l’État ou au sein de l'église réformée hollandaise est affirmée dans la loi fondamentale de l'État, des traités sont signés entre le Transvaal et les chefs indigènes garantissant un droit de propriété foncier inaliénable dans les 8 territoires tribaux reconnus au sein de la république. Les relations avec celles-ci sont peu conflictuelles même si elles obligent parfois à mener des expéditions militaires, parfois punitives comme celles contre le chef Makapan. Si aucune stricte armée n'existe au Transvaal, la défense du territoire boer est assuré par des Kommandos, composés de fermiers, relevant de chefs de districts lesquels sont sous les ordres du commandant général, élu par les Boers. Si dans l'état-libre, les conflits sont plus nombreux avec les Sothos, les alliances se nouent parfois même entre Boers et Bantous pour faire front face à un ennemi commun.

Cetshwayo, le roi des Zoulous

Toutefois, à partir de 1876, les Boers du Transvaal sont sérieusement accrochés par leurs voisins africains. Dans le Transvaal de l'ouest, où ils cherchent à s'implanter, les Boers subissent de sérieux revers face aux Pedis du roi Sekhukune I, bien armés et retranchés dans les montagnes. Au sud, le militarisme zoulou refait surface. Le roi Cetshwayo, qui a succédé à son frère Mpande, l'ancien allié des Boers, est décidé à expulser ces derniers de la région du fleuve Tugela[45].

De son côté, en mars 1854, la colonie du Cap avait été dotée d'une constitution prévoyant l'établissement de deux assemblées dont les membres étaient élus au suffrage censitaire. Le minimum de propriété pour voter à la chambre basse était ainsi très faible (25 livres) permettant à 80 % de la population masculine d'exercer son droit de vote. La sélection des électeurs de la chambre haute était plus rigoureuse et nécessitait de posséder déjà une certaine fortune (de 2 000 à 4 000 livres). L'égalité des races, reconnues depuis 1828, y avait été réaffirmée. Ainsi, un grand nombre de métis se retrouvaient électeurs de plein droit à la chambre basse.

La colonie britannique du Natal était quant à elle sujette à de profonds troubles à la suite de la farouche résistance des Zoulous. L'autorité coloniale y créé des réserves afin d'assurer la sécurité sur le territoire, satisfaire les besoins en main d'œuvre des fermiers et lutter contre le vagabondage. En 1849, sept réserves sont créés au Natal. Elles sont plus de quarante 15 ans plus tard, après l'extension du territoire[46]. Mais dans les années 1860, pour pallier le manque de main d'œuvre dans les plantations de cannes à sucre du Natal, les Britanniques font venir des milliers d'indiens sous contrat qui resteront dans le pays, constituant un nouveau groupe ethnique à part entière.

En 1870, les deux républiques boers totalisent 45 000 habitants contre près de 200 000 blancs dans la colonie du Cap[47]

Trois ans plus tôt, dans un territoire semi-indépendant, le Griqualand-Ouest, situé à la frontière de la colonie du Cap, de l'état-libre et du Transvaal, des diamants avaient été découverts. À la suite d'un arbitrage international, rendu par le lieutenant-gouverneur du Natal, le territoire fut attribué en 1871 à Nicolaas Waterboer, chef des Griquas, lequel demanda la protection britannique. Tout le gite diamantifère fut alors de la sorte annexé à la colonie du Cap, provoquant la fureur des républiques boers. La proposition faites par le ministre britannique des colonies, Lord Carnavon, de doter l'Afrique du Sud d'une structure fédérale sur le modèle canadien ne pouvait plus qu'échouer, après son rejet à la fois par les républiques boers et par les habitants des colonies. Quant au gîte diamantifère, il donnait naissance à la ville de Kimberley qui devint très rapidement la deuxième ville la plus peuplée d'Afrique du Sud[48] alors que nombreux migrants noirs venus des pays sothos et tswana abandonnent la paysannerie pour s'embaucher volontairement comme mineurs sur les champs de diamants de la région[49],[50]. Certains d'entre eux parviendront notamment à acheter leurs propres concessions et en 1875, plus d'1/5 des propriétaires de mine sont noirs ou métis[51].

L'annexion du Griqualand par la colonie du Cap avait accéléré l'émergence d'un nationalisme afrikaans, englobant à la fois les Boers des républiques que ceux des colonies britanniques. Au Cap, un mouvement de revendication culturel, "Die Genootskap van Regte Afrikaners" (l'« Association des vrais Afrikaners ») s'était constitué avec pour objectif de faire reconnaitre l'afrikaans au côté de l'anglais comme langue officielle de la colonie et d'en faire un véritable outil de communication écrite[52].

La résistance britannique à Rorke's Drift permet de lever l'humiliation d'Isandhlwana avant la victoire décisive sur les Zoulous à la bataille d'Ulundi

En 1876, le mouvement publie Die Afrikaanse Patriot, la première revue en afrikaans afin d'éveiller la conscience nationale des utilisateurs de la langue afrikaans et de les libérer de leur complexe d'infériorité culturelle face aux Anglais[53]. L'année suivante, Stephanus Jacobus Du Toit publie Die Geskiedenis van ons Land in die Taal van ons Volk, le premier livre d'histoire des Afrikaners, écrit en afrikaans, dans une version emprunt de mysticisme[54].

En janvier 1879, l'armée britannique subit une défaite mémorable à Isandhlwana contre les Zoulous du chef Cetshwayo[55]. Et c'est lors d'une escarmouche avec les Zoulous que le jeune prince impérial, fils de Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie, trouve la mort le 1er juin 1879[56]. La guerre anglo-zouloue dure un peu plus de 6 mois et se termine par la victoire de l'armée britannique sous les ordres du général Garnet Wolseley. Le 4 juillet 1879, Ulundi, la capitale zoulou, est investie par l'armée et Cetshwayo fait prisonnier. Le grand Royaume Zoulou est démantelé et divisé en 13 petits royaumes[57]. Débarrassé de toute menace sérieuse en provenance des Zoulous mais aussi des Pedis, vaincus par Wolseley, le gouvernement colonial britannique put reporter son attention sur les républiques boers, véritables épines dorées au milieu de leur Empire.

En effet, le Transvaal s'était révélé immensément riches en or et diamants : leurs découvertes à partir des années 1880 sont perçues par les Boers, fermiers avant tout, comme une véritable catastrophe. Des quatre coins du monde, des milliers d'aventuriers allaient affluer vers le Transvaal apportant avec eux un mode de vie à l’opposé de l'austérité et du puritanisme boer[58].

Les guerres anglo-boers

Article détaillé : Guerre des Boers.

La première guerre des Boers

Article détaillé : Première Guerre des Boers.

Prétextant de l'incapacité du gouvernement de la république sud-africaine à réduire la rébellion Pedi, les Britanniques annexent le Transvaal en 1877. Sur le moment, les Boers n'opposent aucune résistance, leur état étant par ailleurs politiquement instable et au bord de la banqueroute mais en décembre 1880 débute la première guerre anglo-boer menée par un triumvirat composé de l'ancien vice-président du Transvaal, Paul Kruger, de Piet Joubert et de Marthinus Wessel Pretorius[59], sur fonds de nationalisme boer et d'hostilité à l'impérialisme britannique. Durant cette guerre, les Boers portaient des habits kaki de la même teinte que la terre tandis que les soldats britanniques portaient un uniforme rouge vif ce qui en faisait une cible bien visible pour les francs-tireurs. À la suite de plusieurs victoires boers et de la défaite britannique retentissante lors de la bataille de Majuba, le gouvernement britannique décide de se retirer d'un conflit à l'issue incertaine. Il signe la convention de Pretoria qui permet au Transvaal de recouvrer l'indépendance et connaitre un début de développement économique sous la présidence du vénérable et légendaire Paul Kruger. Ce dernier peut compter dans un premier temps au Cap sur le soutien d'un puissant réseau politique, l'Afrikaner Bond, formé par l'association des vrais Afrikaners et celles des fermiers afrikaans, qui détient la majorité parlementaire à l'assemblée de la colonie.

Alors que le nationalisme afrikaner se développe, les bantous scolarisés et éduqués par les missionnaires du Transkei et du Zululand commencent de leur côté à acquérir leur autonomie au sein de la société civile sud-africaine dite civilisée. En 1884, à King William's Town, John Tengo Jabavu fonde Imvo Zabantsundu (opinion africaine), le premier journal bantou indépendant d'une mission religieuse, écrit par des journalistes noirs pour un lectorat noir (principalement xhosa)[60]. En quelques années, plusieurs autres journaux apparaissent dont Izwi Labantu lancé par Walter Rubusana sur une ligne éditoriale opposée à celle estimée trop conservatrice de John Tengo Jabavu, soutenue par les libéraux blancs du Cap.

Mais c'est la découverte des gisements d'or au Witwatersrand en 1886 qui fait du Transvaal le principal sujet préoccupant pour l'administration coloniale britannique. Longue d'environ 70 km d'ouest en est, la zone aurifère du Witwatersrand s'avère alors la plus riche jamais découverte fournissant à la fin du XIXe siècle jusqu'à 1/4 de la production mondiale d'or[61]. Au Cap, l'homme d'affaires Cecil Rhodes s'emploie dès lors à saper la stabilité des républiques boers afin de réaliser sa vision impériale qui aspirait à la formation d'un dominion sud-africain économiquement unifié et à une Afrique britannique du Cap au Caire[62]. En 1889, joignant ses ambitions politiques et ses intérêts privés, Rhodes crée la British South Africa Company (BSAC) qui obtient du gouvernement britannique une « charte royale » pour occuper le Matabeleland, le royaume de Lobengula, successeur de Mzilikazi, situé au nord du Transvaal. En 1890, alors que Rhodes est devenu Premier Ministre du Cap, avec le soutien de l'Afrikaner Bond, la BSAC occupe le Mashonaland. Ces deux territoires et ceux conquis en amont du fleuve Zambèze formeront bientôt la Rhodésie.

À l'ouest, le Bechuanaland est sous contrôle britannique. Le Transvaal est encerclé et, mis à part l'unique débouché maritime que lui offre Lourenço-Marquès dans la colonie portugaise du Mozambique, il ne peut se développer sans concertation avec les autorités britanniques.

L'irruption d'un système industriel dans une société rurale, autarcique et conservatrice tel que le Transvaal allait avoir des répercussions considérables, déplaçant le centre de gravité économique de l'ensemble régional sud-africain vers Johannesburg, ville nouvelle et cosmopolite au cœur du Witwatersrand, fondée en 1886 à une cinquante de Pretoria la capitale du Transvaal. Née de la ruée vers l'or, elle atteint en quelques années plus de 100 000 habitants, principalement originaires du Cap ou d'outre-mer (les uitlanders) qui réclament l'égalité politique avec les Boers de la république. À ces uitlanders se sont ajoutés des milliers de nouveaux prolétaires noirs issus du monde rural qui constituent une nouvelle catégorie urbaine de population déracinée et coupée de ses origines tribales. Afin de gérer la permanence de cette classe ouvrière noire dans le Witwatersrand, les autorités sud-africaines du Transvaal répliquent les lois adoptées à Kimberley sur le travail migrant, combinant confinement spatiale dans des zones définies et emplois réservés[63].

Au milieu des années 1890, les tensions montent encore de nouveau entre le gouvernement colonial du Cap et le Transvaal, à propos notamment du montant des taxes ferroviaires et des tarifs douaniers appliqués par la république. Cette opposition finit par se personnaliser entre le président Kruger, et Cecil Rhodes, premier ministre de la Colonie du Cap.

La deuxième guerre des Boers

Article détaillé : Deuxième Guerre des Boers.
L'Afrique du Sud en 1885

Maintenant que les territoires au nord du fleuve Limpopo étaient sous domination britannique, il ne restait plus aux impérialistes britanniques qu'à contrôler les républiques boers et leurs gisements aurifères.

Depuis des années, les étrangers (uitlanders) de Johannesburg, représentant le tiers des 200 000 habitants blancs du Transvaal, réclamaient la citoyenneté afin de disposer du droit de vote et d'influer les affaires du gouvernement[64]. Paul Kruger refusait obstinément afin de préserver l'identité boer et d'empêcher à terme une majorité de réclamer l'annexion pure et simple de la république indépendante à la couronne britannique.

En 1895, confrontée à l'opposition du Transvaal à toute démarche d'intégration régionale, le docteur Leander Starr Jameson, bras droit de Rhodes, organise un complot doublé d'une expédition punitive contre la république sud-africaine avec pour but de renverser le gouvernement. Le Raid Jameson est un fiasco qui débouche sur l'arrestation de son auteur au Transvaal, la mise en cause de Cecil Rhodes et sa démission en 1896 de son poste de Premier ministre de la colonie du Cap[65].

En septembre 1899, après l'échec d'ultimes tentatives de médiation du président Marthinus Steyn de l'État libre d'Orange, le Ministre des Colonies britanniques Joseph Chamberlain envoie un ultimatum à Kruger exigeant la complète égalité de droits pour les citoyens britanniques résidant au Transvaal, ce que celui-ci ne pouvait accepter. C'est en connaissance de cause que Kruger lance par contre son propre ultimatum avant même d'avoir reçu celui de Chamberlain. Il donnait 48 heures aux Britanniques pour évacuer leurs troupes des frontières du Transvaal, ou la guerre leur serait déclarée en accord avec leur allié, l'État libre d'Orange[66]. La guerre est ainsi déclarée le 12 octobre 1899.

Femmes et enfants boers en camp de concentration (vers 1900)
Ravages des camps de concentration. Plus de 30 000 civils y laissèrent la vie

En dépit des victoires remportées lors des premiers combats, du siège de Mafeking, de celui de Kimberley et du siège de Ladysmith, les Boers ne peuvent résister bien longtemps et les capitales des deux républiques sont occupées dès l'été 1900 par une armée britannique suréquipée et renforcée par les contingents envoyés des quatre coins de l'Empire dont l'Australie et le Canada. Mais les succès de la guérilla qui se développe immédiatement dans le pays allaient prolonger la guerre encore deux années. Désarçonné, le commandement britannique fait placer les civils boers dans des camps de concentration et leurs serviteurs noirs dans d'autres où la malnutrition et les maladies étaient fréquentes. Ils brûlent les fermes et les récoltes afin de couper les combattants de leurs bases et de leur retirer le support populaire dont ils bénéficient. Le sort des civils boers est alors dénoncé par une infirmière britannique, Emily Hobhouse qui fait vigoureusement campagne dans l'opinion en leur faveur. Le gouvernement britannique diligente alors une commission d'enquête sous la responsabilité de Millicent Fawcett qui non seulement confirme les accusations d'Emily Hobhouse mais aussi formule de nombreuses recommandations, telles que l'amélioration du régime alimentaire et des équipements médicaux. L'impopularité de la guerre oblige néanmoins le gouvernement britannique à envisager des négociations. Au total, 136 000 boers accompagnés de 115 000 de leurs serviteurs noirs et métis sont internés dans les camps de concentration qui coutent la vie à plus de 28 000 blancs (essentiellement des femmes, des personnes âgées et des enfants) et 15 000 noirs et métis[67].

Démoralisés, désorganisés et dispersés, les combattants boers finissent par être acculés. Leur commandement se résigne alors à négocier un traité de paix qui est signé à Pretoria le 31 mai 1902 : le traité de Vereeniging. En plus des pertes civiles dans les camps de concentration, 22 000 Britanniques et soldats de l'Empire ainsi que 4 000 combattants boers sont morts[68] auxquels s'ajoutent de nombreuses pertes parmi les Noirs et les Métis engagés au côté des armées respectives.

Vaincus, humiliés et ruinés, les Boers, non seulement se retrouvent dans une détresse totale à la fin de la guerre mais ils perdent aussi leurs républiques pour devenir des sujets britanniques. Si plus de 50 000 uitlanders se retrouvent privés d'emplois, 200 000 réfugiés, Noirs et Blancs affectés par la guerre, se retrouvent entassés dans des conditions de vie très précaires et misérables[69]. Le souvenir des milliers de civils morts dans les camps de concentration britanniques allaient alimenter pendant très longtemps la rancune, voire la haine, d'une partie des Afrikaners (tels qu'ils seront désormais appelés) contre le Royaume-Uni et leurs propres concitoyens d'origine britannique même si Londres multiplie les gestes d'ouverture à leur égard en supprimant notamment la loi martiale, en rapatriant les prisonniers déportés à Ceylan et Sainte-Hélène et en investissant plus de 16 millions de livres sterling dans les régions dévastées[69].

L'ascension des Afrikaners : 1903 - 1948

Les fondateurs du congrès indien du Natal

Sur à peu près 4 millions et demi d'habitants en 1904, un million de personnes est alors d'origine européenne dont plus de deux tiers sont afrikaners[70].

A l'instar des blancs, organisés dans des partis politiques à dominante ethno-linguistique (Het Volk, Orangia uni et Afrikaner Bond pour les Afrikaners du Transvaal, de la colonie de la rivière Orange et du Cap, Unionistes pour les anglophones), les populations de couleurs commencent à s'organiser aussi sur des bases ethniques. En 1902, l'African people organisation (APO) voit le jour au Cap. Très majoritairement coloured (métis), présidé par Abdullah Abdurahman (1872-1942), un petit-fils d'esclave, il prône des « droits égaux pour tous les hommes civilisés ». Au Natal, les indiens sont regroupés dans le congrès indien du Natal (1894), fondé par un jeune avocat, Gandhi. Sous sa direction, jusqu'à son départ pour l'Inde en 1914, la minorité Indienne est mobilisée dans une lutte non violente pour le respect de ses droits dans une forme de résistance appelée satyagraha (fermeté dans la vérité)[71]. Alors qu'en 1906 éclate au Natal une dernière rébellion tribale (la rébellion Bambata[72]), une pétition contre les laissez-passer, lancée par le Congrès des Indigènes du Transvaal, est adressée au gouvernement de Londres mais reste sans réponse[73].

La fondation de l'Union d'Afrique du Sud (South Africa Act - 1910)

Article détaillé : Union d'Afrique du Sud.
Drapeau AFS 1910
Le premier cabinet de l'Union Sud-Africaine en 1910 dirigé par Louis Botha (assis au centre)

Au lendemain de la seconde Guerre des Boers, les républiques boers annexées par la Grande-Bretagne sont conjointement gérées par le Colonial Office au côté des colonies britanniques du Cap et du Natal. Après avoir accordé la formation de gouvernements autonomes et l'élection de parlements au Transvaal et dans la colonie de la rivière Orange, le gouvernement britannique décide de créer, sous la forme d'un dominion, une union étroite entre ces 4 colonies à partir des modèles canadiens et australiens. Cette volonté coïncide avec les aspirations des populations boers. Une Convention nationale sud-africaine est réunie à Durban à partir de 1908. Au bout de 3 sessions qui se tiennent à Bloemfontein et au Cap, la convention achève ses travaux le 11 mai 1909 sur un projet d'Union Sud-Africaine, proposée ensuite aux assemblées législatives du Transvaal et de l'Orange, qui l'approuvent à l'unanimité ainsi qu'à l'assemblée de la colonie du Cap alors qu'Natal, les 3/4 des électeurs donnent leur assentiment au cours d'un référendum. Le projet est ensuite présenté au gouvernement britannique, qui le soumet sous forme de projet de loi au parlement britannique.

Exclus des négociations commencées à Durban, les élites bantoues du pays, souvent formées au sein des missions anglicanes, s'étaient réunis à Bloemfontein en mars 1909, pour participer à une convention indigène, première manifestation nationale d'une résistance politique noire au pouvoir blanc[74]. Sous la conduite de William Philip Schreiner, ancien premier ministre de la colonie du Cap, les représentants des Bantous et des Métis, vinrent à Londres pour exposer leurs doléances mais sans succès. Le projet de loi nommé South Africa Act instituant en Afrique du Sud un régime parlementaire sur le modèle du système de Westminster, est voté par le Parlement britannique le 20 septembre 1909[75]. Son entrée en vigueur est prévue pour le 31 mai 1910. À cette date anniversaire de la fin de la guerre des Boers, la Colonie du Cap, rassemblée avec le Griqualand, le Stellaland et le Béchuanaland britannique, devient la nouvelle province du Cap pour former l'Union d'Afrique du Sud, au côté des provinces du Natal, du Transvaal et de l'État libre d'Orange. La capitale administrative de l'Union est fixée à Pretoria. Le siège du parlement est à Cape-Town et le siège de la cour suprême est à Bloemfontein. L’anglais et le néerlandais sont les langues officielles du parlement. Le pays est doté d’armoiries qui figurent sur le drapeau colonial britannique d’Afrique du Sud, le Red Ensign.

Cette constitution allait permettre aux Afrikaners de reprendre en main la réalité du pouvoir politique à l'échelle d'un grand pays composé de quatre provinces distinctes[76].

La constitution de 1910[77] permet également aux anciennes républiques boers de continuer d'appliquer un système électoral ségrégationniste (favorable ainsi aux Afrikaners au Transvaal et de l’Orange) alors que dans la colonie du Cap les coloureds et les noirs, représentant alors 15% du corps électoral, exercent leur droit de vote sous conditions censitaires[78].

C’est dans ce cadre que les Afrikaners, vaincus militairement, dominés économiquement par la minorité anglophone, s'attellent à la conquête du pouvoir politique.

L'Union sous le Parti Sud-Africain (1910-1924)

Les problèmes économiques et sociaux auxquels le nouveau dominion doit faire face sont multiples et complexes. L'organisation industrielle, la prolétarisation d'une partie des Afrikaners et le surpeuplement des terres africaines constituent les premiers dossiers vitaux du premier gouvernement sud-africain dirigé par le général boer Louis Botha, leader du parti afrikaner Het Volk et ancien héros de la guerre des Boers. Botha symbolise alors le retour des Afrikaners au pouvoir. Son gouvernement, comme ceux qui suivent, est constitué par une alliance d'anglophones et d'afrikaners modérés regroupés dans le parti sud-africain. On y trouve notamment le général Jan Smuts, un de ses camarades de combat[79]. Ce nouveau gouvernement doit affronter une opinion boer hostile au Royaume-Uni et l'opposition de « petits Blancs » déclassés et racistes, inquiets pour leur avenir.

Pour satisfaire leurs aspirations, Louis Botha et son gouvernement allaient s'attacher à promouvoir socialement la communauté afrikaner avec, notamment, le recrutement privilégié dans la fonction publique des membres du Volk, divers soutiens financiers pour l'achat de terres et de fermes (création de la banque afrikaner volkbank) et des mesures sociales d'avant-garde pour les mineurs.

En 1911, l'Afrique du Sud compte 4 millions de noirs, 1,3 million de blancs, 525 000 métis et 150 000 indiens[80]. La politique raciale et indigène du gouvernement Louis Botha s'inscrit alors dans la continuité des lois coloniales britanniques appliquées en fonction du code de couleur, le Colour bar, qui réglemente les relations interraciales. En 1911, pour assurer du travail au nombre croissant de chômeurs blancs, le gouvernement de Louis Botha fait voter des lois spécifiant que certains emplois du secteur minier sont réservés aux seuls blancs. En 1913, la loi sur la propriété foncière indigène limite à 7,8 % du territoire les régions où les Noirs peuvent acquérir des terres[81]. C'est pour protester contre cette loi que se rendent en 1914 au Royaume-Uni des représentants du tout nouveau Congrès National des Natifs Sud-Africains (SANNC) fondé un an plut tôt le 8 janvier 1912 à Bloemfontein pour organiser et unifier les différents peuples africains de l'Union afin de défendre leurs droits et leurs libertés.

Représentants du congrès national des natifs sud-africains en 1914
au premier rang:
Thomas Mapikela, John Dube, Sol Plaatje
au second rang :
Walter Rubusana, Saul Nsane

Le SANNC, qui prendra en 1923 le nom de congrès national africain (ANC), est alors la première organisation à représenter au niveau national les Noirs en prenant le relais des divers groupes et mouvements ethniques ou régionaux qui s'étaient multipliés durant le quart de siècle écoulé. Organisé sous la forme d'un parti politique britannique avec son cabinet fantôme, on y trouve surtout des intellectuels, des éducateurs et des journalistes tels Sol Plaatje, le premier secrétaire général et John Dube, son premier président[82].

La mise en place des lois foncières et le renforcement du color bar n'apparaissent pas suffisantes pour les Afrikaners les plus radicaux, d'autant plus que ceux-ci sont surtout animés par leur rancœur envers la Grande-Bretagne.

Avant même l'engagement de l'Union dans la Première Guerre mondiale au côté du Royaume-Uni, un ancien de la guerre des Boers, le général James B. Hertzog, faisait dissidence en optant pour le combat nationaliste afrikaner et créait en 1914 le Parti national dont le programme radical était de mettre fin aux liens de l'Afrique du Sud avec la Couronne britannique[83]. Dès les élections de 1915, avec 27 députés, le Parti National s'impose comme le troisième parti du pays derrière le Parti sud-africain de Botha et les Unionistes.

La Première Guerre mondiale permet au dominion de conquérir de nouveaux territoires comme la colonie du Sud-Ouest Africain allemande en 1915. Mais cet engagement au côté des Britanniques est dénoncé par les Afrikaners intransigeants, partisans des Allemands du Sud-Ouest Africain. C'est à cette époque qu'une société secrète calviniste est fondée. Le but de la Broederbond, la « Ligue des frères », est la préservation et la promotion de l’identité afrikaner qu’elle soit politique, économique, sociale ou culturelle. Cette société d'entraide afrikaner devient finalement le moteur de la politique du pouvoir blanc et de tous les dirigeants politiques de cette époque[84]. Cette vision est plus tard longtemps partagée par l’Église réformée hollandaise, une autre composante importante de l’identité afrikaner[85].

Les années de guerre ont stimulée l'économie nationale. Les noirs, dont les élites ont soutenu l'effort de guerre, ont espéré une amélioration de leurs conditions de vie et la reconnaissance de leurs droits politiques mais ne voient rien venir sinon au quotidien un renforcement de la ségrégation.

À la mort soudaine de Louis Botha en 1919, son successeur, Jan Smuts, entreprend une politique économique très libérale vis-à-vis des conglomérats miniers. Ces derniers souhaitent notamment avoir des coûts de production les plus bas possibles et donc une main-d’œuvre à bon marché. À la même époque, Clements Kadalie fonde la industrial and commercial worker's union (ICU), le premier syndicat noir du pays.

Le premier ministre Jan Smuts

Aux élections de 1920, Smuts sauve sa majorité en s'alliant aux unionistes et aux travaillistes alors que le Parti National qui détient la majorité relative des sièges, est isolé sans aucun allié[86].

Aux élections anticipées de 1921, la nouvelle majorité de Smuts est reconduite démontrant l'isolement du Parti national qui se met alors en quête d'alliés au prix d'un recentrage politique.

À la fin de l'année 1920, une crise économique frappe le pays qui décide la chambre des mines à remplacer les ouvriers blancs qualifiés par des ouvriers noirs, payés quatre fois moins. En janvier 1922, une grève générale des mineurs afrikaners soutenue par le parti communiste est déclenchée dans tout le pays exigeant le maintien des emplois des ouvriers blancs qualifiés et des améliorations salariales, le slogan étant « Travailleurs de tout pays, unissez-vous pour une Afrique du Sud blanche ». Aux revendications sociales s'ajoutèrent des revendications nationalistes et anticapitalistes initiées par les communistes blancs. Des émeutes éclatent contre la police venue évacuer les mines occupées par les mineurs ; une répression sanglante sur l'initiative de Smuts met fin en une semaine à leur rébellion (mars 1922). La répression est particulièrement sévère contre les communistes dont la hiérarchie blanche fut décapitée[87],[88].

La victoire policière de Smuts se transforme rapidement en une défaite morale. La loi sur les régions urbaines indigènes (natives urban areas act), votée en 1923, qui offre la latitude aux municipalités de pouvoir créer des quartiers réservés aux noirs et de limiter leur urbanisation, ne lui permet pas de reprendre l'ascendant dans l'électorat afrikaner d'autant plus que peu de villes appliquent cette loi, ne voulant pas assumer le coût financier que cette politique représente[89]. Tielman Roos, le leader nationaliste du Transvaal, parvient à rallier le petit parti travailliste (parti pivot au parlement) au parti national en vue des élections parlementaires de 1924.

Le premier gouvernement du parti national (1924-1933)

Dessiné à la suite d’un long débat national, le drapeau d'Afrique du Sud (1928-1994) représente essentiellement l’histoire et les symboles des populations blanches du pays

Le parti communiste ayant été écrasé par la répression policière, ses sympathisants se sont facilement retrouvés dans les thèmes nationalistes et anticapitalistes du parti national.

Les élections générales de 1924 sont alors une déroute électorale pour Smuts et son parti sud-africain contre l'alliance formée du parti national et du parti travailliste de Frederic Creswell[90]. La victoire ainsi acquise, Hertzog fut propulsé aux Union Buildings de Pretoria où il forme un cabinet de coalition comprenant deux ministres travaillistes.

Sa priorité est d'arracher les quelque 160 000 petits blancs à leur misère en étendant les emplois réservés dans l'industrie et le commerce.

Une de ses premières mesures symboliques est aussi de remplacer le néerlandais par l’afrikaans comme langue officielle au côté de l'anglais. Il met également en route une consultation populaire devant aboutir à la création d'un hymne officiel sud-africain et d'un drapeau national en remplacement du drapeau colonial aux couleurs britanniques. Le nouveau drapeau national d'Afrique du Sud est adopté par le parlement en 1927[91]. Consensuel, il symbolise l'histoire blanche du pays et l’union entre les quatre provinces, en reprenant les trois couleurs horizontales, orange, blanc et bleu du Princevlag hollandais du XVIIe siècle, les drapeaux Boers et l'Union Jack. L'hymne national adopté est « Die Stem van Suid Afrika » dont les paroles provenaient d'un poème de l'écrivain sud-africain Cornelis Jacobus Langenhoven[92] .

James B. Hertzog, ancien général boer et premier ministre (1924-1939)

Aux élections de 1929, le Parti National obtient la majorité absolue des sièges avec seulement 41 % des suffrages contre 47 % des voix au Parti sud-africain de Smuts. Les travaillistes restent néanmoins au gouvernement[93].

Ce sont des années de prospérité pour les Afrikaners, notamment pour les petits blancs pour lesquels le gouvernement Hertzog manifeste tout autant un souci de promotion sociale que celui de protéger la classe moyenne blanche laborieuse face au « dumping racial » pratiqué par les compagnies minières[94]. Cette politique qui permet au niveau de vie des Afrikaners de s'améliorer va se heurter à la crise économique qui frappe le pays dans les années 1930.

Parallèlement, à partir de 1927, le congrès national africain tout comme l'Industrial and Commercial Union (ICU), le syndicat des ouvriers noirs, se déchirent pour des raisons similaires. Durant les années 1920, l'ICU avait dirigé avec succès d'importants mouvements de de luttes syndicales qui s'étaient étendus jusqu'aux cilles minières du Witwatersrand. En 1927, avec 100 000 affiliés, l'ICU est le plus grand syndicat ouvrier du continent africain. Mais il est en même temps miné par des dissensions internes, des défauts de gestion et un manque de reconnaissance par les partis et mouvements de gauche sud-africain. Une tendance dure exige une action directe combinant grève et refus de l'impôt ainsi qu'un changement de politique et une réorganisatione du mouvement. Une tendance modérée dans la quelle se reconnait Clements Kadalie, le chef et fondateur de ce mouvement syndical, préfère ménager le gouvernement Hertzog. Il ne remet en cause que les aspects marginaux du système politique, économique et sociale de l'Afrique du Sud et ne conçoit aucune alternative globale. Kadalie finit par exclure de l'ICU les représentants de la tendance dure dont les membres du parti communiste sud-africain. L'ICU opère alors un déclin inexorable avant de péricliter au début des années 1930[95]. De son côté, l'ANC se déchire entre une aile conservatrice, qui maintient sa loyauté aux institutions de l'Empire britannique et une aile réformiste panafricaine, favorable à des revendications nettement plus radicales. L'aile conservatrice animée par John Dube est très hostile à Josiah Gumede, le président de l'ANC, qui prône le suffrage universel, la restitution des terres, l'abrogation des laissez-passer. Ce dernier est finalement mis en minorité lors de la conférence du parti en 1930 et remplacé par Pixley Ka Isaka Seme, proche de Dube. Le rapprochement initié par Gumede avec le parti communiste sud-africain, tout en se distinguant de son idéologie, n'est néanmoins pas remis en cause par la nouvelle direction[96] dont l'objectif est de reconstruire un parti qui ne compte plus que 4 000 membres en 1938.

Le gouvernement d'union nationale face à la crise économique (1933-1939)

Femmes boers en costume traditionnel durant les cérémonies du centenaire du Grand Trek en 1938

Le début des années 1930 est marquée par les effets de la crise économique mondiale qui atteint l'Afrique du Sud. Le commerce du diamant s'effondre tout comme les prix agricoles et les exportations se raréfient. L'abandon de l'étalon-or par la Grande-Bretagne provoque en Afrique du Sud une fuite de capitaux vers l'étranger. La rentabilité des mines est menacée, le chômage augmente. L'autorité d'Hertzog est contesté, notamment par les partisans de Tielman Roos, en dissidence du parti. En 1932, après s'y être longtemps refusé, l'Afrique du Sud abandonne à son tour l'étalon-or permettant le retour des capitaux et la baisse des taux d'intérêts. La dette publique s'efface et les budgets deviennent excédentaires. Pour arriver à un tel résultat, les nationalistes d'Hertzog et les libéraux de Smuts se sont accordés pour former en 1933 un gouvernement d’union nationale qui développe un programme d'industrialisation centré autour de l'initiative de l'état sud-africain.

Aux élections de mai 1933, avec 136 députés sur un total de 150, les deux partis marginalisèrent les travaillistes de Cresswell et les centristes de Roos. En 1934, le parti national et le Parti sud-africain fusionnèrent pour créer un nouveau parti, le parti uni, reflétant le gouvernement d'union nationale dirigé par Hertzog[97] qui abandonne alors le principe de distinction des 2 nations blanches d'Afrique du Sud (Afrikaners et anglais) pour celui de son unité. Ce ralliement provoque alors un nouveau schisme. Les partisans et nostalgiques de la tradition impériale se regroupent dans un parti du Dominion tandis que chez les nationalistes, l'aile droite du parti sur l'initiative du pasteur Daniel Malan, refuse l'union et forme un « parti national purifié ». Dix-sept parlementaires rejoignent ce parti national purifié dont les dirigeants renchérissent alors dans les revendications nationalistes : réaffirmation de la rupture avec le Royaume-Uni, instauration de la république, institutionnalisation de la ségrégation et de la domination blanche, promotion de l'histoire afrikaner et du social-christianisme afin de permettre et maintenir la domination politique des Afrikaners sur toute l'Afrique du Sud[98].

La convention panafricaine, ouverte en décembre 1935 à Bloemfontein par le maire blanc de la ville, réunit 500 délégués représentant les zones rurales et urbaines d'Afrique du Sud, le Transkei, le Zoulouland, les protectorats du Bechuanaland, du Basutoland et du Swaziland mais aussi des indiens et métis[99]. Le but de la convention est de manifester contre les projets de lois du gouvernement concernant leurs droits politiques et sociaux. En janvier 1936, elle envoie une délégation auprès du gouvernement. Bien que reçue par Hertzog, celle-ci ne parvient pas à bloquer l'adoption des lois sur la représentation des Indigènes et celle sur les terres indigènes[100], qui avaient reçu dans leur principe le soutien de John Dube[101]. La première de ces lois institue des conseils de représentations indigènes (Native Representative Councils), purement consultatifs et composés de noirs élus, d'autres nommés, et de fonctionnaires. En contrepartie, les électeurs noirs sont radiés des listes communes de la province du Cap et réinscrits sur une liste séparée afin d'élire trois députés blancs représentant leurs intérêts au parlement. La seconde de ces lois controversées, intitulée loi sur le fonds d'investissement foncier et la terre indigènes, agrandit la superficie des réserves indigènes existantes à 13% de la surface du pays, ôtant dans le même temps aux résidents noirs du Cap le droit d'acheter de la terre en dehors des réserves.

Lors des élections de 1938, si les électeurs confirment le Parti Uni, ce sont les nationalistes de Malan qui gagnent dix élus grâce aux voix des Blancs ruraux ou des plus démunis, confirmant leur statut d'opposition officielle. L'année 1938 est marquée notamment par les célébrations du centenaire du Grand Trek, rassemblant autour du même thème, des communautés blanches disparates dont les seuls dénominateurs communs sont la religion et la langue[102]. Ces célébrations marquées par un déferlement sans précédent du nationalisme afrikaner à travers tout le pays se terminent à la date symbolique du 16 décembre par la pose à Pretoria de la première pierre des fondations du Voortrekker Monument, dédié aux pionniers boers.

Mais en 1939, au moment de faire accepter par le parlement l'entrée en guerre au côté du Royaume-Uni, la coalition gouvernementale volait en éclat. Alors qu'Hertzog défendait le principe de neutralité de l'Afrique du Sud, Smuts soutenait celle de l'engagement au côté des Britanniques. Malgré l'appui des voix nationalistes de Malan à Hertzog, l'entrée en guerre est votée à une courte majorité. Hertzog démissionne et Smuts se retrouve seul au pouvoir[103].

Les restructurations politiques internes (1939-1947)

Soldats sud-africains en Éthiopie après leur victoire sur les italiens à Moyale en 1941

Sur le front international, l'Afrique du Sud est engagée au côté des alliés et Jan Smuts fait partie du cabinet de guerre de Winston Churchill. L'intervention de l'aviation sud-africaine permet de libérer l'Éthiopie des Italiens alors qu'un fort contingent sud-africain contribue à éliminer les forces vichystes à Madagascar. Si l'armée de terre sud-africaine subit néanmoins de lourdes pertes lors de la bataille de Tobrouk, les fantassins sud-africains sous le commandement de Montgommery repoussent les troupes allemandes hors de l'Afrique. En Europe, la sixième division blindée participe à la guerre en Italie au côté de la cinquième armée américaine[104]. En tout, 334 000 Sud-africains servirent, à titre volontaire, dans les forces sud-africaines durant la Seconde Guerre mondiale et 12 080 y perdirent leur vie[105]. Si seuls les blancs auront été autorisés à porter les armes et à servir dans les unités combattantes, plusieurs milliers de noirs et de métis servirent dans les troupes auxiliaires et près de 5 000 d'entre eux furent tués dans les combats et bombardements d'Afrique du Nord et d'Italie[106].

Affiche de propagande du parti uni pour soutenir le gouvernement de Jan Smuts (1940)

Sur le plan intérieur, durant les années 1939-1945, des groupuscules armés afrikaners et pronazis tels l'Ossewa Branderwag, « la sentinelle des chars à bœufs », se multiplient et mènent des actions de sabotages[107]. La répression du gouvernement Smuts est impitoyable : ces groupements sont vite dissous et leurs leaders arrêtés et emprisonnés. Parmi les militants et sympathisants de ces organisations figuraient le futur premier ministre Balthazar John Vorster[108]. Ces Afrikaners ne sont pas les seuls à s'opposer à l'entrée de l'Afrique du Sud dans le second conflit mondial. Par hostilité tout à la fois envers le capitalisme, l'impérialisme britannique et le colonialisme, des dirigeants noirs et indiens expriment leur désapprobation. Yusuf Dadoo, un influent dirigeant du congrès indien du Transvaal et membre du parti communiste sud-africain, prononce plusieurs virulents discours contre la guerre et le suivisme du gouvernement sud-africain ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison[109]. En conséquence des discours anti-guerre et par prévention des troubles, les grèves des travailleurs noirs sont déclarées illégales au titre de l'effort de guerre[110].

Malan et les nationalistes auxquels s'étaient joints Hertzog et ses alliés s’unissent dans un « Parti National réunifié », mais très vite en désaccord avec les ultras proches de Malan, Hertzog quittait le parti et fondait le Parti afrikaner repris après sa mort en 1943 par Nicolaas Havenga[111].

Malan et les « nats » évitent dans ces années de guerre d'être impliqués dans des actions de sabotage mais sont équivoques dans leur soutien ou condamnation morale de ces groupuscules. En 1941, Malan prend ostensiblement ses distances vis-à-vis de tous les mouvements sud-africains pronazis ou antiparlementaires faisant condamner dans le journal Die Transvaler, par la plume d'Hendrik Verwoerd, la dissidence de l'ancien ministre Oswald Pirow et de son nouveau parti, «Ordre Nouveau » (Nuwe Order), au programme ouvertement pronazi. Lors des élections de 1943, en remportant 16 sièges supplémentaires par rapport aux élections de 1938 et 36 % des suffrages, le Parti National parvient à juguler le parti de Pirow qui n'a aucun élu alors que le Parti Uni (105 sièges), toujours victorieux, voyait sa majorité encore se réduire[112].

Garde askari sur la base aérienne de Waterkloof à Pretoria en 1943

De son côté, le congrès national africain, qui peine à s'imposer dans la société civile noire sud-africaine, entreprend de se reconstruire sous la direction d'Alfred Xuma. Son but est de transformer l'organisation intellectuelle qu'est l'ANC en un véritable parti de masse. En 1943, il fait adopter une nouvelle charte constitutionnelle qui ouvre l'adhésion à l'ANC aux gens de toute race, élimine de l'organigramme la chambre des chefs tribaux et accorde aux femmes des droits égaux aux hommes au sein du mouvement[113]. En 1944, il facilite, au sein du monde étudiant, principalement à l'université de Fort Hare, la création de la ligue des jeunes de l'ANC par Nelson Mandela, Walter Sisulu et Oliver Tambo, dont l'objet est de former un renouvellement des idées et des cadres d'un parti vieillissant. Cette ligue de jeunesse se révèle vite plus radicale que son aînée dans son mode d'expression, partisan de manifestations de masse pour faire aboutir les revendications d'égalités raciale et politique de la majorité noire[114]. Elle conteste notamment le bilan de ses aînés, plaide pour une émancipation morale vis-à-vis du paternalisme blanc et pour l'affirmation d'un nationalisme sud-africain noir, débarrassé de ses oripeaux ethniques[115].

Le rebondissement des problèmes raciaux intervient au sortir de la Seconde Guerre mondiale, époque où la totalité de la population urbaine noire dépasse pour la première fois celle de la population urbaine blanche pour atteindre 1,5 million de personnes[116]. En 1947, Xuma formalise son alliance avec le Congrès indien du Natal et le Congrès indien du Transvaal du docteur Yusuf Dadoo, afin de présenter un front uni, dépassant les clivages raciaux, face à la classe politique blanche.

Chez les Blancs, les tensions entre les nationalistes afrikaners et les modérés du Parti Uni avaient été de nouveau dopés par la politique raciale ambigüe de Smuts, oscillant entre assouplissement et renforcement de la ségrégation. L'approbation de Jan Smuts aux conclusions du rapport de la commission Fagan qui préconisait une libéralisation du système racial en Afrique du Sud en commençant par l'abolition des réserves ethniques ainsi que la fin du contrôle rigoureux des travailleurs migrants[117] amena le Parti National à mandater sa propre commission (la commission Sauer) qui recommanda à l'inverse le durcissement des lois ségrégationnistes[118].

Auréolé de la victoire des alliés[114] à laquelle s'est jointe l'Afrique du Sud et de la participation du pays à la création des Nations unies, Jan Smuts semblait assuré d'une réélection confortable aux élections générales de 1948 et pouvait ainsi proposer de mettre en forme les propositions de la commission Fagan, alors que les nationalistes proposaient aux Sud-Africains afrikaners mais aussi aux anglophones leur nouveau projet de société fondé sur les conclusions de la commission Sauer : l'Apartheid.

L'ère de l'apartheid

Instauration de l'apartheid (1948-1958)

Contre toute attente, bien que minoritaire en voix, l'alliance du Parti national de Daniel Malan, et du Parti afrikaner (Afrikaner Party - AP) de Nicolaas Havenga, remporte la majorité des sièges aux élections de 1948[119] avec 42% des voix et 52% des sièges. Si les électeurs du Natal, des grandes zones urbaines du Cap et de Johannesburg ont apporté leurs voix au parti du premier ministre sortant Jan Smuts, ce sont les circonscriptions rurales et ouvrières surreprésentées du Transvaal et de l'état libre d'Orange qui permettent au parti de Daniel François Malan de former le nouveau gouvernement. Le thème récurrent des gouvernements nationalistes ne sera plus dès lors la défense de l’identité afrikaans face aux anglophones mais celui du peuple blanc d’Afrique du Sud (anglophones, afrikaners, lusophones soit 2,5 millions de personnes en 1950, 21 % de la population totale) menacé par la puissance de la démographie africaine (8 millions de personnes en 1950 soit 67 % de la population totale)[120]. Le gouvernement Malan constitué en 1948 est d'ailleurs exclusivement afrikaner[121].

La victoire du parti national consacre aussi la victoire du Broederbond. Le danger de domination ou d’acculturation anglophone tant redouté par les Afrikaners est définitivement écarté et l’unité du peuple afrikaans réalisée. Cependant, la cohésion nationale de celui-ci reste menacée par le « Swaartgevaar » (le péril noir)[122]. L’Apartheid, ou développement séparé des races, est alors présenté comme un arsenal juridique destiné à assurer la survie du peuple afrikaner mais aussi comme un « instrument de justice et d’égalité qui doit permettre à chacun des peuples qui constitue la société sud-africaine d’accomplir son destin et de s’épanouir en tant que nation distincte ». Ainsi, beaucoup de nationalistes afrikaners pensent que l’apartheid ouvre des carrières et laisse leurs chances aux noirs, chances qu’ils n’auraient pu saisir s’ils avaient été obligés d’entrer en compétition avec les blancs au sein d’une société intégrée[123].

Si Hendrik Verwoerd, le ministre des affaires indigènes à partir de 1950, est parfois considéré comme le grand architecte de l'apartheid, ses inspirateurs sont à rechercher non seulement du côté de la théorie de la prédestination de l'église réformée hollandaise mais aussi du côté de l'école afrikaans d'anthropologie[124] et de l'un de ses représentants les plus emblématiques, le professeur d'ethnologie Werner Max Eiselen. Si Eiselen avait rejeté le racisme scientifique[125] prédominant dans les années 1920, il avait néanmoins justifié dans l'un de ses ouvrages la ségrégation raciale comme un moyen de maintenir et renforcer les identités ethniques et linguistiques des peuples bantous[126]. Allant plus loin et en conclusion de ses analyses sur les effets acculturant de l'urbanisation et du travail migrant sur les structures traditionnelles africaines, il avait appuyé dès le début des années 1930 l'idée d'un séparatisme géographique, politique et économique non seulement entre les noirs et les blancs mais aussi entre les différentes ethnies entre elles. Rejetant l'idée même d'existence d'une société unique sud-africaine, il est convaincu que les civilisations bantoues ont été corrompues par leur interaction avec la société urbaine de type occidental et qu'elles ne peuvent plus se développer en vertu de leurs propres impératifs culturels.

Avec l'apartheid, auquel Eiselen contribue à mettre en place en tant que secrétaire aux affaires indigènes puis à l'éducation bantoue, le système législatif et constitutionnel d'Afrique du Sud s’enrichissait de nouvelles lois ségrégationnistes alors que les anciennes lois raciales et spatiales comme le Land Act de 1913 étaient durcies. La question raciale finissait par intervenir à tous les stades de la vie avec la codification de lois ségrégationnistes d'applications quotidiennes visant à faire coexister deux mondes qui jamais ne vivraient ensemble.
Les lois organisant l'apartheid, votées en février 1950, étaient organisées autour d'un principe de cloisonnement : les individus sont classés en quatre groupes qui déterminent leur vie (résidence, études, mariage, etc). En fait cette nouvelle législation visait à promouvoir et organiser un séparatisme géographique, politique et économique au sein de l'Afrique du Sud. Procédant alors à un renversement de logique par rapport aux politiques antérieures dont l'impératif était l'unité de la nation et du territoire, l'apartheid vise à sacrifier à l'ordre racial non seulement l'intégrité territoriale du pays mais aussi à gérer les relations entre les groupes[127].

Carte d'Afrique du Sud avec bantoustans

Les Noirs furent progressivement expulsés de quartiers entiers près des villes tels Sophiatown et obligés de vivre dans des townships construits pour eux. Ils devaient souvent parcourir de longues distances pour aller travailler dans les villes blanches.
En amenant la question raciale au cœur du débat politique, le Parti national allait, durant une trentaine d'années, monopoliser le vote de la communauté afrikaner et attirer le vote de la communauté anglophone. La reprise de la doctrine de l'apartheid par les premiers ministres successifs, tous du NP et afrikaner, crée un système institutionnel et législatif unique au monde, approuvé par la majorité des Blancs convaincus de n’avoir d’autres choix pour demeurer dans leur pays.

De son côté, l'ANC, principale organisation anti-apartheid qui luttait pour l'égalité politique, économique et juridique entre Noirs et Blancs, était socialiste et alliée au Parti communiste ce qui en avait fait un adversaire, non seulement des Blancs d'Afrique du Sud mais aussi des États-Unis. Dès l'arrivée au pouvoir du parti national, la ligue de jeunesse de l'ANC se montre déterminée. En interne, ils parviennent à faire écarter le président du parti, Alfred Xuma, jugé trop modéré, pour imposer James Moroka et préparer une grande campagne de défiance[128]. En juin 1952, l'ANC sous la férule de Walter Sisulu organise avec d'autres organisations anti-apartheid une campagne nationale contre les restrictions politiques, sociales et résidentielles imposées aux gens de couleurs. Cette campagne de résistance passive, qui prend fin en avril 1953 quand de nouvelles lois interdisent les rassemblements et les manifestations politiques, permet à l'ANC de gagner en crédibilité, passant de 7000 à 100 000 adhérents[128]. Son option non raciale lui permet de s'ouvrir aux indiens et aux communistes blancs mais les métis restent plus circonspects[128]. Quand James Moroka tente de plaider la conciliation avec le gouvernement, il est renversé par la ligue des jeunes du parti qui impose alors Albert Lutuli à la tête de l'ANC[129].

JG Strijdom, premier ministre (1954-1958)

Aux élections de 1953, le Parti National remporte de nouveau la majorité des sièges du parlement. En 1954, Malan, malade, démissionne de son fauteuil de Premier ministre qui est récupéré par Johannes Strijdom, élu ultraconservateur du Transvaal. Il accentue la politique ségrégationniste et la mise en place de bantoustans noirs (territoires autonomes administrés par les populations autochtones) sur 13 % du territoire sud-africain.

En juin 1955, le Congrès du Peuple, organisé par l'ANC et d'autres groupes anti-apartheid notamment blancs, adopte à Kliptown, la Charte de la liberté (Freedom Charter), énonçant les bases fondamentales des revendications des gens de couleur, appelant à l'égalité des droits quelle que soit la race. Un million de personnes signent le texte[130]. L'ANC se lie alors avec le Parti communiste et la centrale syndicale COSATU. Cent cinquante six membres de l'ANC et des organisations alliés sont arrêtés en 1956, puis acquittés cinq ans plus tard au motif que, selon les attendus du jugement, l'ANC ne pouvait être reconnu coupable d'avoir défendu une politique visant au renversement du gouvernement par la violence[131] .

Lors des élections d'avril 1958, le Parti National remporte une confortable victoire électorale, vainqueur cette fois en voix et en sièges.

L'apogée de l'apartheid (1958-1966)

Hendrik Verwoerd, ministre des affaires indigènes (1950-1958) puis premier ministre (1958-1966), il est considéré avec Werner Max Eiselen comme l'architecte du grand apartheid

En 1958, à la mort soudaine de Strijdom, Hendrik Verwoerd lui succède à la tête du gouvernement. Alors que l'opposition libérale blanche se scinde en deux (des dissidents du parti uni forment le parti progressiste), la politique sud-africaine est de plus en plus contestée au niveau international, notamment aux Nations unies.

Mais dans le même temps, les mouvements noirs de libération eux aussi se divisent quand de nombreux radicaux de l'ANC quittent leur mouvement pour protester contre son ouverture aux autres races et forment une organisation nationaliste concurrente, le Congrès panafricain dirigé par Robert Sobukwe[131].

En novembre 1959, dans le cadre de la politique d'Apartheid mise progressivement en place dans le Sud-Ouest Africain, territoire occupé par l'Afrique du Sud depuis 1915, les autorités sud-africaines déclarent insalubre le quartier de « Old Location » et décident de déplacer les populations indigènes qui y résident vers un nouveau quartier situé à cinq kilomètres plus au nord (le futur township de Katutura signifiant « là où on ne veut pas rester »). Le 10 décembre 1959, la campagne de protestation organisée par la SWANU dérape et se solde par la mort de 13 manifestants, abattus par les forces de police sud-africaines et 54 blessés. La répression policière s'abat sur la province contraignant les dirigeants de la SWANU dont Sam Nujoma à s'exiler au Bechuanaland, en Rhodésie du Sud, puis en Tanzanie quelques années plus tard.

En 1960, le massacre de Sharpeville, où 69 protestataires pacifiques furent tués par la police, mit l'Afrique du Sud à la « Une » de l'actualité internationale[132]. Pour riposter, le gouvernement fait interdire la plupart des mouvements de libération comme l'ANC ou le Congrès panafricain[132]. Leurs dirigeants entrent alors dans la clandestinité. Nelson Mandela fonde alors une aile militaire de l'ANC, appelé Umkhonto we Sizwe, ce qui signifie la Lance de la Nation et qui se lance dans des actions de sabotage des infrastructures industrielles, civiles ou militaires[132]. En fin d'année, le chef de l'ANC, Albert Lutuli, obtient le Prix Nobel de la paix.

Dans un discours mémorable sur le « vent du changement » prononcé au parlement à Cape Town, le Premier ministre britannique Harold Macmillan en profite pour critiquer l’immobilisme et le passéisme des dirigeants d’Afrique du Sud. Exaspérés, les nationalistes proposent de soumettre un projet de référendum pour instituer la république. Bien qu'on ait cru un moment à une sécession des Blancs anglophones du Natal, le principe de la république fut approuvé le 5 octobre 1960. À cette occasion les Blancs se divisent entre républicains (Afrikaners) et loyalistes (anglophones) mais la transition se fait dans le calme sans émigration excessive des anglophones[133].

La « proclamation de la République d'Afrique du Sud » (RSA) le 31 mai 1961 accompagné de la rupture des derniers liens avec le Royaume-Uni (retrait du Commonwealth) et la création effective du premier bantoustan noir, le Transkei marquent l'apogée de l'apartheid.

Aux élections du 8 octobre 1961, la politique de Verwoerd est plébiscitée alors qu'Helen Suzman devient la seule élue du Parti Progressiste au programme ouvertement anti-ségrégationniste.

En juillet 1963, plusieurs des principaux chefs de l'ANC interdite dont Nelson Mandela et Walter Sisulu sont arrêtés à Rivonia et inculpés de haute trahison et de complots envers l'État. En 1964, ils sont condamnés à la prison à vie. L'ANC et Umkhonto we Sizwe, décapités, sont alors totalement désorganisés et installent leur quartier général à l'étranger.

En raison de sa politique d'Apartheid, l'Afrique du Sud est exclue des jeux olympiques d'été de 1964 qui se déroulent à Tokyo au Japon.

En 1965 Verwoerd refuse la présence de joueurs et de spectateurs Maoris à l’occasion de la tournée des All Blacks néo-zélandais en Afrique du Sud, prévue en 1967, ce qui oblige la fédération néo-zélandaise de rugby à XV à la faire annuler.

Aux élections du 30 mars 1966, le parti national remporte 58 % des suffrages alors qu'à ses frontières, la « colonie » de Rhodésie du Sud de Ian Smith a déclaré unilatéralement son indépendance du Royaume-Uni pour maintenir le principe de la domination blanche sur son territoire.

Le 6 septembre 1966, un déséquilibré Dimitri Tsafendas, un métis d'origine grecque et mozambicaine, assassine Verwoerd en plein cœur du parlement[134] mettant ainsi fin à la phase d'élaboration et d'application intensive et méthodique de l'apartheid.

Le pragmatisme de John Vorster (1966-1978)

Une semaine après l'assassinat de Verwoerd, c'est le ministre de la justice, John Vorster, qui succède à ce dernier au poste de président du parti national et à celui de premier ministre après l'avoir emporté contre le ministre des transports, Ben Schoeman, président du parti national dans le Transvaal.

Beaucoup plus détendu que son prédécesseur, John Vorster se fait photographier en short court et accueille les journalistes de l'opposition dans son cabinet pour des réunions d'informations régulières[135]. Il reçoit également des visiteurs étrangers en déclarant « bienvenue dans l'État de police le plus heureux dans le monde »[135]. Il semble alors injecter un peu d'humanité et d'humour dans le lourd climat idéologique de l'Afrique du Sud[135]. Cette nouvelle perspective dans le leadership de l'Afrique du Sud est alors qualifiée par les Sud-Africains blancs de gentillesse raisonnable[135]. Ainsi alors qu'elle avait déclaré que Hendrik Verwoerd avait presque quelque chose de diabolique et d'effrayant, Helen Suzman, unique députée du parti progressiste au parlement sud-africain de 1961 à 1974, considère par contre que Vorster a de la chair et du sang[135].

Au racisme explicite de Johannes Strijdom et à celui implicite d'Hendrik Verwoerd avait succédé un homme qui fut le premier premier ministre nationaliste à affirmer qu'il n'avait pas de races supérieures où inférieures en Afrique du Sud[136]. C'est également sous le gouvernement Vorster que fut définitiement abandonné le concept du Baasskap instauré sous Johannes Strijdom et maintenu sous Hendrik Verwoerd au profit de la lutte contre le communisme.

En 1971, John Vorster refuse de faire modifier le drapeau sud-africain contrairement au projet de Verwoerd d'adopter un nouveau drapeau tricolore, débarrassé de l'Union Jack, et aux bandes verticales orange, blanche et bleue au centre duquel auraient figuré un springbok et des protéas.

En politique intérieure John Vorster a assoupli certaines lois vexatoires du petty apartheid. Il autorise ainsi l'ouverture des bureaux de poste, des parcs, et de certains hôtels et restaurants aux noirs[137].

L'assouplissement de la politique d'apartheid dans les recontres sportives internationales

Sur le plan sportif, Vorster annonce en 1967 un relâchement des règles en qui concerne les rencontres sportives internationales : il annonce que les équipes sportives internationales comprenant à la fois des joueurs blancs et des joueurs de couleur sont désormais acceptées en Afrique du Sud, à la condition qu'elles n'aient pas de visée politique[138]. La même année, son gouvernement abrogea la législation d'Apartheid interdisant des équipes sportives multi-raciales pour permettre à l'Afrique du Sud d’être admise aux Jeux olympiques de Mexico[135]. Toutefois l'équipe sélectionnée pour ces jeux olympiques ne peut participer en raison des protestations de nombreux pays africains[139].

À la même époque éclate l'affaire D'Oliveira du nom du joueur métis de cricket anglais d'origine sud-africaine annoncé dans l'équipe d'Angleterre de cricket venue en tournée en Afrique du Sud au cours de l'hiver 1968-1969. En dépit des assouplissements à l'apartheid dans le sport, le gouvernement de John Vorster décide que si Basil D'Oliveira est sélectionné par le Marylebone Cricket Club dans l'équipe d'Angleterre, il fera annuler la tournée. Au final, la tournée sera effectivement annulée tout comme celle de l'équipe d'Afrique du Sud de cricket en Angleterre en 1970 à la suite de virulentes manifestations anti-apartheid[140].

Si Vorster refusa que d'Oliveira mette le pied en Afrique du Sud, il autorisa en revanche la présence de joueurs et de spectateurs maoris lors des tournées de l'équipe de Nouvelle-Zélande de rugby à XV venue rencontrer les Springboks sud-africains en 1970 et en 1976. Cette décision provoqua un schisme au sein du parti national quand une faction radicale menée par Albert Hertzog (fils du général boer et ancien premier ministre James Barry Hertzog), Jaap Marais et Louis Stofberg fit scission pour créer en 1969 le Parti national reconstitué (Herstigte Nasionale Party - HNP)[141]. Reprise en main par Jaap Marais en 1977, cette dissidence restera marginale (3 à 7 % des voix blanches).

Ce schisme renforça la popularité de Vorster au sein de la communauté blanche, y compris chez les progressistes anglophones (pourtant opposés à la politique d'Apartheid). Après avoir été en tant que ministre de la justice intraitable au début des années 1960 avec les nationalistes noirs anti-apartheid en concoctant les lois les plus répressives du régime, John Vorster se montrait à présence intraitable avec les héritiers spirituels de Verwoerd, n'hésitant pas à aller jusqu'à risquer le schisme politique afin de préserver, selon sa vision, l'unité et la source du pouvoir afrikaner. Pendant les années 1970, il a assumé un contrôle presque complet sur le mouvement nationaliste afrikaner,[136].

Dans les années 1970, le ministre des sports de Vorster, Piet Koornhof annonce la mise en place d'équipes sportives zoulous, xhosas, indiennes, et métisses. En 1976, le gouvernement sud-africain consent qu'une des premières équipes mixtes sud-africaines affronte la grande Argentine en match amical, à cette occasion Jomo Sono, joueur des Orlando Pirates Football Club marque 4 buts et permet à l'Afrique du Sud de s'imposer 5-0[142].

L’inflexion de la politique sud-africaine dans le Sud-Ouest Africain/Namibie sous John Vorster

Contrairement à son prédécesseur qui avait fait interdire l'ANC en Afrique du Sud, suite au massacre de Sharpeville en 1960, John Vorster n'a pas fait interdire la SWAPO, mouvement anti-Apartheid luttant contre l'occupation sud-africaine du Sud-Ouest Africain/Namibie. En 1967, le gouvernement Vorster annonce qu'il accorde une autonomie limitée à l'Ovamboland une zone tribale du Sud-Ouest Africain[135], fief de la SWAPO.

Suite à la grève de milliers d'ouvriers Ovambos entre décembre 1971 et juin 1972, le gouvernement Vorster entreprend des réformes et abroge la loi de 1920 dite maître et serviteurs. Suite à la désignation de la SWAPO comme représentant unique et authentique du peuple namibien par l'Assemblée générale des Nations Unies, le 12 septembre 1973, et percevant les divisions au sein même des mouvements d'opposition du Sud-Ouest Africain, John Vorster abandonne les objectifs du rapport Odendaal, un rapport de 1964, mis en place en 1968 et qui prévoyait la constitution de dix bantoustans sur le territoire namibien, dont six ayant vocation à devenir autonomes, représentant ainsi plus des deux tiers de la population namibienne. Il décide dans le cadre de sa politique de détente avec les pays africains de s'engager dans la voie de l'autodétermination du territoire « y compris celle de l'indépendance.

Il va ainsi faire de la Namibie un terrain de négociations politiques dont il réutilisera les résultats pour la Rhodésie dirigée par Ian Smith. C'est également sous John Vorster que eu lieu les dernières élections où seuls les blancs de Namibie eurent le droit de voter pour élire l'assemblée législative du Sud-Ouest Africain, qui eurent lieu le 24 avril 1974 et furent remportées comme en 1950, 1953, 1955, 1961, 1965, et 1970 par le parti national du Sud-Ouest Africain.

En novembre 1974, l'ensemble des autorités du territoire, y compris les autorités tribales et les représentants des partis politiques noirs sont invités par l'assemblée législative du Sud-Ouest africain, dominée par le Parti national du Sud-Ouest Africain à déterminer leurs avenir politique, toutefois l'invitation fut déclinée par la SWAPO et la SWANU.

En juillet 1975, son ministre de l'administration et du développement bantou, Michiel Coenraad Botha mit fin à un projet de délocalisation des tribus Ovaherero dans le Bantoustan du Hereroland dans l'est du Sud-Ouest Africain (actuelle Namibie). Ce faisant, Botha mettait fin à la mise en œuvre des conclusions du rapport Odendaal et amenait Clemens Kapuuo, chef des Ovaherero à rejoindre les pourparlers constitutionnels de la Conférence de la Turnhalle qui dureront de septembre 1975 à octobre 1977.

Le 1er septembre 1977, Vorster nomme comme administrateur du Sud-Ouest africain, Martinus Steyn, un juge à la réputation libérale, qui un mois après sa nomination abroge les lois d'Apartheid sur les mariages mixtes, et sur l'immoralité, et supprime les contrôles intérieurs sur tout le territoire, à l'exception de la zone diamantifère et de la frontière septentrionale.

La conférence de la Turnhalle débouchera sur les premières élections multiraciales namibiennes (boycottées par la SWAPO, la SWANU et le parti national du Sud-ouest africain) qui ont lieu en décembre 1978 et qui sont remportées par l'Alliance démocratique de la Turnhalle avec 82% des voix.

La politique de détente avec les pays africains

Plus pragmatique, plus émotionnel et surtout moins dogmatique que son prédécesseur, John Vorster entreprit en politique étrangère une politique de détente avec les pays africains. comme Madagascar[143], et noua des relations suivies avec de nombreux chefs d'état africains comme l'Ivoirien, Félix Houphouët-Boigny[144] ou le Zambien, Kenneth Kaunda. Après avoir reçu avec tous les honneurs une délégation commerciale malawite[135], il exempte les diplomates de ce pays de l'application des lois d'Apartheid[145]. Il invita Joseph Leabua Jonathan, le premier ministre du Lesotho à déjeuner dans un majestueux hôtel du Mont Nelson dans la ville du Cap[135]. Dans le même temps il apporte une aide militaire et policière au gouvernement blanc de Ian Smith en Rhodésie.

Son ouverture à l'Afrique a suscitait le plus grand intérêt et lui donna le plus de satisfaction dans sa carrière. L'effondrement de l'empire colonial portugais en 1974 avait créé un vide dangereux en Afrique du Sud. Cette dernière pouvait combler la brèche en devenant une superpuissance régionale vigoureuse, prête à apporter une aide généreuse au développement et à son tour être acceptée par les états africains noirs comme une force de stabilisation.[136].

John Vorster pensait qu'il était prêt à prendre des risques considérables pour y parvenir. John Vorster croyait aussi que les états africains conservateurs accepteraient l'Afrique du Sud à condition qu'il puisse offrir trois choses, un règlement acceptable en Rhodésie et en Namibie et une modification de l'apartheid (donnez-nous six mois pour voir où va l'Afrique du Sud) déclara t'il à la fin de 1974 ce qui déclencha une frénésie de spéculation[136].

En dépit de cette politique de détente, l'Afrique du Sud est de plus en plus critiquée sur la scène internationale. En 1968, l'Assemblée générale des Nations Unies vote la révocation du mandat sud-africain sur le Sud-Ouest africain. La résolution de l'Assemblée générale reste cependant sans effet car l'Afrique du Sud ne reconnaît pas la compétence de celle-ci (ni l'ONU comme le successeur de la SDN). En 1970 le Conseil de sécurité des Nations Unies déclare illégale la présence sud-africaine en Namibie. Le 21 juin 1971 la révocation du mandat sud-africain est confirmée par un avis consultatif de la Cour internationale de justice et en 1974 l'Assemblée générale des Nations Unies refuse les lettres de créance de l'ambassadeur d'Afrique du Sud Pik Botha sous le prétexte de non-représentativité de son peuple alors que le pays est membre fondateur[146].

La médiation de John Vorster dans le conflit en Rhodésie

Pour Robert Jaster, chef de la CIA en Afrique, la Rhodésie était le test majeur de cette politique de détente d'autant plus que les buts Vorster de ce dernier étaient différents de ceux de Ian Smith, premier ministre de Rhodésie et seul homme politique blanc de la région dont la côte de popularité était supérieure à celle du premier ministre sud-africain au sein de la communanté blanche[147].

Au début du mois de janvier 1973, Ian Smith provoqua l'hostilité de son voisin portugais au Mozambique[148] et de son grand voisin sud-africain en prenant la décision de fermer sa frontière avec la Zambie où les intérêts économiques de l'Afrique du Sud sont considérables[149]. L’état tampon de Rhodésie du Sud devenait un fardeau pour son puissant voisin. L'éditorial d’un journal sud-africain exprima cette mauvaise humeur en demandant à Monsieur Smith de « rechercher des solutions aux problèmes existants » au lieu d’en créer de nouveaux[150]. Ainsi, un pont aérien fut mis en place entre la Zambie et l’Afrique du Sud pour le transport de matériel d’exploitations des mines[151]. La frontière fut finalement rouverte dès le 5 février 1973 marquant un échec diplomatique pour Smith lâché par ses alliés. Un épisode qui démontrait par ailleurs la dépendance de la Rhodésie envers l’Afrique du Sud.

Dans le cadre de sa politique de détente avec les pays africains, John Vorster décide d'intervenir auprès de Smith pour tenter de l’amener à négocier la fin de la domination de la minorité blanche en Rhodésie. Le 11 décembre 1974, sous la pression de Vorster, Smith annonce la libération de tous les prisonniers politiques, assuré selon lui de la fin des actes de terrorisme en Rhodésie et de l'organisation prochaine d’une conférence constitutionnelle avec des chefs nationalistes noirs modérés mais c'est un échec.

Avec l'effondrement du colonialisme portugais au Mozambique et en Angola, John Vorster réalisa que le cordon sanitaire des états blancs en Afrique se désagrégeait et qu'il s'est rendu compte que l'Afrique du Sud ne pouvait guère se permettre de soutenir le régime de Ian Smith dans le cas d'une guerre raciale en Rhodésie, en conséquence il ordonna le retrait de 2 000 membres de la police paramilitaire sud-africaine et fit retirer quelque 50 hélicoptères Alouettes appartenant à la flotte sud-africaine qui ont jouait un rôle important dans la lutte contre la guérilla[152]. au moment même où, pour contrer la guérilla, les forces de sécurité du gouvernement rhodésien multiplient les raids contre les bases d’entraînement de la ZANU et de la ZAPU en Zambie, Vorster fit également réduire les liens commerciaux entre l'Afrique du Sud et la Rhodésie. Pour Smith, le comportement de Vorster est une trahison digne de ce qu'il attendait de la Grande-Bretagne et non d'un allié, mais il est obligé de céder. A plusieurs reprises, John Vorster tenta de persuader Ian Smith de se réconcilier avec les leaders nationalistes noirs rhodésiens, après une vaine tentative en juin 1975, l'UNAC dirigée par l'évêque méthodiste Abel Muzorewa déclara que Vorster aboyait sur Smith alors qu'il devait être mordant[152].

En concordance avec Kenneth Kaunda, le président de la Zambie, (avec lequel il déjeuna à l'hôtel intercontinental de Musi-o-tunya en présence de deux leaders nationalistes noirs rhodésiens, Abel Muzorewa et Joshua Nkomo et du secrétaire sud-africain pour les affaires étrangères Brand Fourie) lors de sa visite surprise en Zambie[153]. John Vorster fit organiser dans un wagon sud-africain situé au-dessus des Chutes Victoria, à la frontière entre la Zambie et la Rhodésie, une rencontre entre Smith et les principaux chefs rebelles de Rhodésie. Ian Smith insista pour que la rencontre ait lieu en Rhodésie alors que l'UANC voulut qu'elle est lieu ailleurs car au moins deux de ses représentants le révérend Ndabaningi Sitholé et James Chikerema étaient soumis à une arrestation basée sur des accusations de subversion en cas de retour en Rhodésie[152]. Au bout de 9 heures d'entretien cette conférence entre Smith, Abel Muzorewa, Joshua Nkomo, le révérend Ndabaningi Sitholé, et Robert Mugabe se solda par un échec.

En 1976, inquiet de l'évolution politique du Mozambique et de l'Angola, deux anciennes colonies portugaises récemment indépendantes et dirigées par des gouvernements marxistes favorables aux mouvements de guérilla, Vorster entreprit de calmer la situation en Rhodésie quitte à laisser un gouvernement noir modéré s'y installer. Il avait l'appui des Britanniques mais surtout celui des Américains. En effet Henry Kissinger, le secrétaire d’État américain, partisan de la détente avec les régimes « blancs » d’Afrique et de l'adoucissement des relations avec l’Afrique du Sud, avait entreprit de mettre en place une « diplomatie globale » à l’avantage du gouvernement de Pretoria. En échange de pressions de Vorster sur Ian Smith, le gouvernement américain s’abstiendrait de pressions directes sur les questions concernant l’avenir du Sud-Ouest africain et sur la pérennité de l’Apartheid.

Le 18 septembre 1976 au cours d'un match de rugby à l'Ellis Park Stadium de Johannesburg entre l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, John Vorster réussit à convaincre Ian Smith d'assouplir sa position et d'accepter de rencontrer le secrétaire d’État américain Henry Kissinger, le lendemain matin après 4 heures de discussions, Ian Smith accepte le principe de l'accession de la majorité noire au pouvoir[154]. Mais les obstacles s’amoncelent vite, relatifs notamment au processus de transition (organisation du cessez-le-feu, le désarmement des forces armées, la surveillance des élections, la coordination interne entre les mouvements de guérilla, etc).

En mai 1977, la rencontre au palais Hofburg de Vienne en Autriche entre Vorster et le vice-président américain Walter Mondale aboutit à une impasse[155]. La solution interne rhodésienne basée sur un gouvernement multiracial visé par les accords de Salisbury du 3 mars 1978, signés entre Smith et trois leaders africains modérés, Abel Muzorewa, le révérend Ndabaningi Sitholé et le chef Jeremiah Chirau, ne recevra pas ainsi l'aval de la nouvelle administration américaine. Deux ans plus tard, suite aux accords de Lancaster House, un nouveau processus sous patronage britannique aboutit à l'indépendance du Zimbabwe (ex-Rhodésie) qui sera gouverné par Robert Mugabe, le chef marxiste de la ZANU.

L'invasion de l'Angola par les troupes sud-africaines (aôut-décembre 1975)

En 1975, soutenu par le gouvernement américain de Gerald Ford, John Vorster avec le soutien de Hendrik van der Bergh, chef des services de renseignements sud-africains envisagea une implication minimum et circonstanciée des forces armées sud-africaines pour installer un gouvernement pro-occidental dans le nouvel État indépendant d'Angola, gouverné alors par les marxistes du MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola). Mais Pieter Willem Botha et son chef des armées, Magnus Malan, convaincus de l'existence d'un plan global soviétique dont le but est la prise de pouvoir en Afrique du Sud, se firent alors les avocats d'un plan plus radical, une invasion du pays par les troupes sud-africaines pour chasser le MPLA de Luanda.

Finalement c'est la première option qui est approuvée et en août 1975, les troupes sud-africaines envahirent le sud de l'Angola et poussèrent jusqu'à Luanda. En décembre, le congrès américain fit retirer son aide financière aux mouvements et aux troupes hostiles au MPLA alors que l'armée sud-africaine était aux portes de la capitale angolaise. Furieux et humiliés, les sud-africains apparurent alors comme les seuls coupables de l'invasion et furent obligés de se retirer du pays. Ils apporteront dorénavant une aide logistique au mouvement rebelle de l'UNITA de Jonas Savimbi afin notamment de protéger la frontière nord de leur colonie du Sud-Ouest africain contre les infiltrations de l'organisation indépendantiste SWAPO.

La répression des émeutes de Soweto (1976-1977)

Nelson Mandela, condamné le 12 juin 1964 à la prison à vie pour des actions armées, passe 18 ans au pénitencier de Robben Island avant d'être transféré en 1982 à la prison de Pollsmoor puis à celle de Victor Verster dans la péninsule du Cap. Erigé en icône emblématique de l'opposition internationale à l'apartheid, il sera libéré en février 1990.

En 1976, l'imposition par le vice-ministre de l’administration et de l'éducation bantoue Andries Treurnicht, membre de l'aile dure du parti national de l'enseignement obligatoire en afrikaans au lieu de l'anglais ou d'une langue locale pour les écoliers noirs provoque un soulèvement de ces derniers dans les Townships. Une marche de protestation est organisée dans le district noir de Soweto près de Johannesburg le 16 juin 1976. Environ 20 000 étudiants se présentent et, malgré des appels au calme des organisateurs, affrontent les forces de l'ordre[156]. La répression des forces de sécurité sud-africaine et de la police de Jimmy Kruger est très féroce et fera près de 1500 victimes[157]. La plupart des autres pays, à l'exception du Royaume-Uni et des États-Unis qui craignaient le basculement du pays dans le camp de l'Union soviétique, condamnent la répression et imposent une limitation du commerce ou même des sanctions. Les images et les témoignages sur le massacre de Soweto feront le tour du monde alors que l'Umkhoto We Sizwe reçoit l'apport de nouvelles recrues en provenance des townships.

À partir de 1977, l'organisation est de nouveau capable de commettre des attentats plus ou moins ciblés, voire parfois meurtriers sur le sol sud-africain, visant en priorité les postes de police des townships et les noirs accusés de collaborer avec le régime blanc. En 1977, un des chefs très populaire de la « Conscience noire », Steve Biko, est enlevé et assassiné par les forces de sécurité[157]. C'est le journaliste et éditeur Donald Woods qui alertera l'opinion publique mondiale sur les conditions de la disparition de Biko[158]. Un embargo sur les ventes d'armes à la RSA est alors voté au conseil de sécurité des Nations unies[159] alors que le pays est engagé militairement en Angola contre le gouvernement marxiste en place en soutenant directement ou indirectement le mouvement rebelle de l'UNITA. Cet échec diplomatique pour Vorster s'accompagne d'un scandale financier impliquant son ministre de l'information et de l'Intérieur Connie Mulder[160]. Pourtant lors des élections du 30 novembre 1977, le parti obtient le meilleur score de son histoire (64,8 % des suffrages) laissant en miettes l'opposition parlementaire, désormais principalement représentée par le parti progressiste fédéral (16 %)[161]. John Vorster ne tarde pas cependant à être rattrapé par le scandale de l'information et doit céder sous la pression son fauteuil de Premier ministre[137]. En compensation, il obtient d'être élu président de la république[162], fonction symbolique de laquelle il est contraint de démissionner, officiellement pour raisons de santé, un an plus tard.

Les doutes du pouvoir afrikaner (1978-1989)

Suite à la démission de John Vorster des élections internes au sein du parti national ont lieu pour désigner son successeur au poste de président du parti et à celui de premier ministre d'Afrique du Sud. Trois candidats sont en lice, Pik Botha, ministre des Affaires étrangères, représentant de l'aile libérale du parti très populaire chez les blancs sud-africains et considéré comme le favori de John Vorster[163], et deux conservateurs Pieter Botha, ministre de la défense, et président du parti national de la province du Cap et Connie Mulder, président du parti national du Transvaal. Au premier tour du scrutin, Pik Botha est éliminé. Au deuxième tour du scrutin c'est Pieter Botha, homme du sérail nationaliste mais réputé pragmatique et réformiste[164] qui l'emporte contre Connie Mulder par 78 voix contre 72.

Le gouvernement dirigé par Pieter Botha forme alors un subtil équilibre entre conservateurs (les verkramptes ou crispés en afrikaans) et les libéraux (verligtes ou éclairés en afrikaans). Si Botha confie le ministère de la Défense à un proche, le général Magnus Malan, il maintient au ministère des affaires étrangères Pik Botha et nomme au ministère de l'énergie, Frederik de Klerk, un conservateur du Transvaal, fils de l'ancien ministre Jan de Klerk. Si Botha fait figure à l’origine de partisan intransigeant de l'apartheid, ses fonctions à la tête de l'État l'amènent à trancher en faveur du camp des « verligtes ». Ses discours tels que "Adapt or die[165]" annoncent des changements dans la politique raciale du gouvernement. En 1979, son ministre de l'emploi Fanie Botha (ami proche et partenaire de classe de John Vorster) procède à l'abandon de la loi d'apartheid réservant les emplois dans les mines aux blancs et autorise la formation de syndicats noirs dans le domaine minier.

Le 8 mai 1980, Botha crée une commission parlementaire dirigée par son ministre de la justice Alwyn Schlebusch afin d'examiner les réformes proposées par la commission Theron mise en place par John Vorster trois ans plus tôt. Dans ses rapports, la commission Theron stipule que le système parlementaire de Westminster est obsolète, inadapté pour une société multiculturelle et plurielle comme la société sud-africaine, qu'il renforçait les conflits politiques et la domination culturelle d'un groupe sur les autres, formant ainsi un obstacle à la bonne gouvernance du pays. La commission en appela au changement de système mais ne remit pas en question le principe des lois d'apartheid[166]. Soutenu par les éléments de l'aile libérale du Parti national, Botha et son ministre de la réforme constitutionnelle, Chris Heunis, entreprennent alors une vaste réforme visant à présidentialiser le régime et surtout octroyer un droit de vote et une représentation séparée pour les métis et les Indiens en instaurant un parlement tricaméral. Mais rien n’est prévu pour les Noirs, pourtant majoritaires. Bien que cette réforme soit limitée et soit qualifiée de bancale par les libéraux, que le principe de la domination blanche ne soit pas remis en question, les conservateurs se crispent[167]. Aux élections de juin 1981, le HNP obtient 13 % des voix révélant la méfiance des ruraux afrikaners vis-à-vis du gouvernement PW Botha alors que le Parti national avec 53 % des voix perd corrélativement 11 points par rapport aux élections de 1977.

À l'annonce des propositions sur les nouvelles institutions, les conservateurs du NP menés par Andries Treurnicht, tentent de censurer le gouvernement. Botha impose cependant sa réforme à la majorité des parlementaires du NP provoquant une cassure idéologique entre Afrikaners du Transvaal et de l'Orange avec ceux du Cap et du Natal. Au Transvaal, Pieter Botha se repose sur Frédérik De Klerk et Pik Botha pour évincer Treurnicht, le président du NP transvaalien en ralliant la majorité des élus du Transvaal. Andries Treurnicht et un autre ministre du gouvernement, Ferdinand Hartzenberg, ne tardent pas à tirer les conséquences de leur échec et à quitter le parti national avec une dizaine de parlementaires NP pour fonder, le 20 mars 1982, le Parti conservateur (Conservative Party - CP)[168],[169]. Lors de son congrès fondateur, celui-ci reçoit le soutien d'anciens hauts dignitaires du parti national en rupture de ban comme Jimmy Kruger (ancien ministre de la justice et ancien président du sénat sud-africain aboli en 1981), Connie Mulder, chef du Parti national-conservateur, de John Vorster[170], ou Betsie Verwoerd (la veuve d'Hendrik Verwoerd). Le CP échoue cependant à rallier le HNP, resté fidèle à son héritage verwoerdien, hostile à l'intégration des anglophones et au démembrement même de l'Afrique du Sud pour y créer un réduit blanc (le Volkstaat).

En 1983, les mouvements opposés à l'apartheid s'allient au sein de l'United Democratic Front (UDF) pour coordonner la résistance au régime[171]. L'UDF devint vite le représentant dans le pays de l'ANC. Dans la même année, après le succès d'opérations symboliques comme l'attentat contre la centrale nucléaire de Koeberg[172], Umkhoto we sizwe commet l'attentat à la bombe le plus meurtrier de son histoire à Pretoria le 20 mai 1983 (19 personnes tués, 217 blessés)[173],[174].

En novembre 1983, Pieter Botha fait adopter sa réforme par référendum. Avec 76 % de participation, les Blancs approuvent à 65 % la nouvelle constitution instituant un système présidentiel et parlementaire tricaméral. Le poste de Premier ministre est supprimé et Botha prend la fonction de président de la république (State President). Il s'agit moins pour les blancs d'accorder le droit de vote aux minorités de couleurs que de maintenir l’exclusion des Noirs de toute représentation parlementaire[175].

En 1984, les émeutes raciales se multiplient dans le pays alors que la situation internationale de l'Afrique du Sud se détériore. Le pays est soumis à un embargo économique et financier de plus en plus contraignant sous la pression de divers groupes de pressions internationaux anti-apartheid qui exigent la fin de la discrimination et des élections multiraciales. L'armée sud-africaine est alors envoyée dans les townships alors que s'organise une campagne de boycott des paiements des loyers et services et que des conseillers municipaux noirs sont assassinés pour trahison envers leur communauté. Ses alliés naturels comme les États-Unis se désolidarisent sous la pression de l'opinion publique et des mouvements noirs américains. En Afrique du Sud, les présidents des puissants conglomérats miniers, craignant pour leurs intérêts financiers, demandent au gouvernement d'adopter une politique plus libérale et d’engager des pourparlers avec les organisations noires.

Panneau whites only sur la Plage de Durban en 1989

En 1985, la police tue 21 personnes lors d'une manifestation commémorative du massacre de Sharpeville. L'ANC appelle à rendre les townships ingouvernables. Durant l'année, 35 000 soldats sont déployés pour rétablir l'ordre dans les townships et plus de 1 000 personnes sont tuées. De leurs côtés, les principaux syndicats noirs s'unissent dans la COSATU tandis qu'Umkhoto we sizwe lance une campagne de terreur dans les zones rurales du Transvaal contre les fermiers blancs. En décembre 1985, une mine anti-personnelle déposée par l'aile militaire de l'ANC tue la famille d'un touriste afrikaner dans le nord du pays puis le 23 décembre, un jeune activiste fait exploser une bombe dans un centre commercial d'Amanzimtoti (5 morts, 40 blessés)[176]. En 1985, Botha met fin à l'interdiction des mariages mixtes et des rapports entre personnes de couleurs différentes.

En 1986, Botha proclame l'état d'urgence dans les townships[177]. Les camps de squatters près du Cap sont détruits en masse puis en signe d'ouverture, Botha abolit certaines lois emblématiques de l'apartheid comme la loi sur le « passeport intérieur[178] et reconnait l'obsolescence du système ainsi que la pérennité de la présence des Noirs dans les frontières de la RSA blanche[179].

L'abolition des mesures vexatoires du « petty apartheid » comme les bancs ou les bus réservés aux Blancs provoque de vives réactions dans les milieux conservateurs[180]. Aux élections du 6 mai 1987, avec 26 % des suffrages, le parti conservateur gagne le statut d'opposition officielle au détriment des progressistes en fort recul[181]. Aux municipales de 1988, le CP s'empare de 60 des 110 municipalités du Transvaal et d'une municipalité sur quatre dans l'État Libre d'Orange. Le NP conserve de justesse Pretoria. Botha se retrouve alors gêné sur sa droite et doit ralentir sur les réformes. Il veut éviter une fracture irrémédiable entre Afrikaners.

En 1988, la COSATU est interdite ainsi que 18 autres organisations politiques

Alors qu'elle est engagée dans la lutte contre les forces cubaines depuis l'indépendance de l'Angola en 1975, un retrait réciproque est négocié sous l'égide des Nations-Unis au cours de l'année 1988. Les forces cubaines acceptent de se retirer d'Angola. En contrepartie le gouvernement Sud-Africain accepte de retirer son soutien militaire et financier au mouvement rebelle UNITA et d'engager le processus politique devant aboutir rapidement à l'indépendance de la Namibie (21 mars 1990) qu'elle considérait jusque là comme sa cinquième province.

La transition vers la fin de l'apartheid (1989-1992)

Le président Frederik de Klerk

En janvier 1989, victime d'une congestion cérébrale, le président Pieter Botha se retire pendant un mois. À son retour, il renonce à la présidence du Parti National (NP) mais déclare vouloir se maintenir jusqu'aux élections générales de 1990[182].

À la tête du NP lui succède le président du parti dans le Transvaal, Frederik de Klerk, soutenu par l'aile droite du parti.

Durant l'été 1989, Botha est contraint de démissionner par les membres de son cabinet qui voulaient placer De Klerk le plus rapidement possible à la présidence pour sortir d'une situation bloquée et impulser un nouveau souffle au pays.

Dès sa nomination à la présidence de la république, De Klerk s'entoure d'une équipe favorable à des réformes fondamentales. S'il maintenait quelques piliers de l'apartheid comme Magnus Malan à la défense et Adriaan Vlok à la sécurité intérieure, c'était pour donner des gages à l'électorat conservateur. Il maintenait l'inamovible Pik Botha aux affaires étrangères pour rassurer les libéraux ainsi que le pragmatique Kobie Coetsee à la justice et Barend du Plessis aux finances. La nouveauté consiste surtout en la montée en puissance au sein du gouvernement et du parti de nationalistes réformistes comme Leon Wessels, Dawie de Villiers ou Roelf Meyer. Bien que catalogué comme conservateur, De Klerk voulait changer l'image du parti national et du pays. Proche des milieux économiques, il savait que les sanctions internationales étaient de moins en moins supportables pour le pays. Il avait pris conscience que le poids démographique des Noirs était trop important et que les Blancs étaient devenus trop minoritaires (18 %) pour pouvoir le diriger efficacement. Il avait compris enfin que l'apartheid avait atteint ses limites et avait échoué à empêcher les Noirs de devenir partout majoritaires en RSA blanche à l'exception du Cap-Occidental où les métis demeuraient les plus nombreux et dans quelques zones urbaines comme Pretoria où les Afrikaners dominaient encore significativement. Dans le programme électoral qu'il propose, il envisage d'instaurer dans les 5 ans une nouvelle constitution fondée sur la participation pleine et entière de tous les sud-africains et dans le respect des aspirations des groupes, notion remplaçant dorénavant celle de race et définie comme un ensemble libre d'individus partageant les mêmes valeurs[183].

De Klerk convoque des élections générales anticipées en septembre 1989. Celles-ci sont mauvaises pour le NP avec la perte d’une trentaine de sièges au profit du Parti Conservateur - CP (39 sièges pour 33 % des voix) et du nouveau parti démocratique (Democratic Party - DP), issu d'une fusion entre les petits partis progressistes et libéraux (avec 33 sièges et 21 % des voix)[183]. Le NP gardet néanmoins une petite majorité mais il n'est plus le premier parti des électeurs afrikaners qui lui ont préféré le CP pour 45 % d'entre eux (et seulement 7,5 % des voix anglophones).

Le nouveau président reste prudent, annonçant comme priorité, durant son discours d'investiture, la rédaction d'une nouvelle constitution permettant la cohabitation pacifique de toutes les populations d'Afrique du Sud. Il prend néanmoins des mesures concrètes dès l'automne 1989 en autorisant les manifestations multiraciales, dont celles de l'ANC, à Johannesburg, Soweto et au Cap, en prononçant l'élargissement de quelques figures de l'opposition anti-apartheid comme Walter Sisulu et en autorisant la création de 4 zones résidentielles multiraciales dans les provinces du Cap, du Natal et du Transvaal[184].

En janvier 1990, il provoque la fureur des ultras et la stupeur du monde entier en prononçant la levée de l'interdiction de l'ANC, du PAC et du parti communiste, la levée de la censure, la suspension de la peine capitale et la libération prochaine des derniers prisonniers politiques dont Nelson Mandela, figure emblématique de la lutte anti-apartheid[185].

Eugène Terre'Blanche, le chef du mouvement paramilitaire AWB, en 1990 à Pretoria

La riposte de l'ultra-droite ne se fait pas attendre ; des défilés de milices et autres organisations paramilitaires ont lieu dans la plupart des villes afrikaners. Eugène Terre'Blanche, le chef du groupement paramilitaire « Mouvement de résistance afrikaner » (AWB), organisation reconnaissable à son sigle formant une svastika à 3 branches, devient aux yeux de l'opinion mondiale le symbole de l'oppression raciste sud-africaine et de la résistance au changement. Cette image très négative sert cependant les partisans des réformes.

La libération de Nelson Mandela en février 1990 et les pourparlers entre le gouvernement et les ex-partis interdits déchaînent les passions au sein de la communauté blanche. Contre ceux qui crient à la trahison et au suicide politique d’un peuple, les partisans des réformes affirment leur croyance en une transition pacifique des pouvoirs à la majorité noire, transfert jugé inéluctable et seul moyen pour permettre l’obtention de garantie pour les minorités.

Le 21 mars 1990, après des négociations sous l’égide des Nations Unis et une période de transition de près d'un an, l'Afrique du Sud abandonne sa tutelle sur la Namibie qui accède alors à l'indépendance. En septembre, le parti national ouvre ses rangs aux non blancs, obtenant un certain succès auprès des métis du Cap alors que toutes les lois raciales relatives à la vie quotidienne des individus dans le cadre du Separate Amenities Act sont abrogées au mois d'octobre 1990[186].

De mars à juin 1991, De Klerk fait abolir par le parlement toutes les dernières lois d'apartheid encore en vigueur concernant l'habitat et la classification raciale[187]. L'état d'urgence est levé à l'exception du Natal où des violences meurtrières entre ANC et partis noirs conservateurs ensanglantent la région.

Alors que les négociations continuent, les élections partielles dans les régions afrikaners constituent de multiples revers pour le NP au profit du CP. De Klerk décide durant l’année 1991 de faire de l'élection locale de Potchefstroom, fief NP du Transvaal, un enjeu national sur l'approbation des Blancs à ses réformes. Cette élection, qui a lieu au début de l'année 1992, est un cuisant revers électoral pour le NP avec la victoire du CP qui profite alors de l’aubaine pour réclamer des élections anticipées[188]. De Klerk est affaibli par cette élection qui survient à la suite d'autres revers électoraux au profit des conservateurs. Les sondages sont mauvais pour le parti nationaliste. Tous indiquent sinon une défaite face au CP, en tout cas la perte de la majorité absolue si des élections anticipées ont lieu. Une seule issue parait apporter des chances de succès, c'est l'organisation d'un référendum sur le bien fondé des réformes qui permettrait aux électorats du NP et du DP de s’additionner dans un même vote face au CP[189].

La campagne est très dure entre les partisans et les adversaires des réformes. Le but en est la validation ou non par l'électorat blanc de l'abolition de l'apartheid, la continuation des négociations en vue du transfert de pouvoir à la majorité noire avec en contrepartie l’obtention des garanties quant aux libertés fondamentales.

Durant la campagne, De Klerk reçoit l'appui critique des libéraux lesquels dénonçaient l’exclusivité des négociations NP-ANC et la mise à l’écart des autres formations politiques. De son côté, les adversaires aux réformes réunissent dans un même camp l’extrême droite, le CP et plusieurs conservateurs du NP en dissidence de leur parti, notamment Pieter Botha, l'ancien président. Utilisant adroitement la répulsion que provoque l’extrémisme de l’AWB d’Eugène Terreblanche dans l'électorat blanc modéré, assénant un message efficace par sa dichotomie (Moi ou le chaos) et bénéficiant d'un grand avantage financier et médiatique sur ses adversaires conservateurs, le NP a à cœur de mobiliser l'électorat sur le péril immense et irréversible manifesté par la généralisation de la violence et la faillite économique qu'enclencherait un vote négatif[190].

Le référendum eu lieu le 17 mars 1992. Avec un taux de participation supérieur à 80 %, les Blancs votent à 68,7 % pour le « oui » aux réformes. Le CP n'avait pu mobiliser davantage de son électorat et subit alors une cruciale défaite. Le référendum oblige les Blancs à décider concrètement de leur avenir et à faire un choix clair et définitif sur la politique de réformes constitutionnelles du gouvernement. La défaite des partisans de l’apartheid est sans appel. La plupart des régions fiefs du CP votent oui aux réformes (51 % à Kroonstad et 58 % à Bloemfontein dans l'État Libre d'Orange ; 54 % à Kimberley dans le Cap-nord ; 52 % à Germiston et même 54 % à Pretoria dans le Transvaal). Seule la région de Pietersburg dans le Northern Transvaal manifeste à 57 % son hostilité aux réformes[191]. Dans les régions anglophones, c'est un raz de marée en faveur du oui (78 % à Johannesburg, au Cap, à Port Elizabeth), les records en sa faveur ayant lieu au Natal (78 % à Pietermaritzburg ; 84 % à Durban). C'est la consécration pour De Klerk qui déclare qu'en ce jour les Sud-Africains avaient décidé par eux-mêmes de refermer définitivement le livre de l'apartheid. Sans condamner le régime passé, il rappelle que le système né de bonnes intentions avait dérapé sur la réalité des faits. Il s’avérait bien que les Blancs ne renonçaient pas au système parce qu'il était moralement condamnable, mais parce qu’avec pragmatisme, la communauté afrikaner prenait acte du fait que l'apartheid était un échec n'ayant pu lui assurer ni la sécurité économique ni la sécurité physique[192],[193]. Une issue négociée était alors d'autant plus vitale, pour la « tribu blanche ».

La fin de la domination blanche (1992-1994)

Si le référendum de mars 1992 donne un mandat sans ambigüité à Frederik de Klerk, les travaux de la CODESA qui rassemblent depuis 1990 18 partis et le gouvernement sud-africain autour de négociations constitutionnelles pour l'établissement d'une nouvelle Afrique du Sud se retrouvent dans une impasse à cause des exigences des dirigeants zoulous de l'Inkatha Freedom Party. Après le massacre de Boipatong au cours duquel des militants zoulous abattent une soixantaine de résidents d'un township favorables à l'ANC, avec la complicité passive de la police, les travaux de la CODESA sont ajournés[194].

Du côté des nationalistes, des scandales éclaboussent le gouvernement De Klerk. Magnus Malan abandonne son poste de ministre de la défense pour celui des eaux et forêts à la suite de plusieurs mises en cause dans la fourniture d'armes au parti zoulou Inkhata pour contrer les militants de l'ANC. Le ministre de la loi et de l'ordre, Adriaan Vlok, est lui aussi impliqué dans ce scandale et cède également son poste pour un autre moins sensible[195]. La mise à l'écart de ces deux piliers conservateurs du gouvernement compromis dans les exactions des forces de sécurité oblige De Klerk à accélérer les négociations en vue de l'élection d'une assemblée constituante en 1994. Un forum multipartite, composé de 26 partis dont le Parti Conservateur (CP) à titre d'observateur, succède à la CODESA. Ces négociations qui se tiennent à Kempton Park près de Johannesburg doivent aboutir à la proposition d'une constitution provisoire[194]. Ne voulant pas brader les intérêts de la minorité blanche, De Klerk recherche des garanties pour les droits des minorités, pour le maintien et le respect de certaines valeurs fondamentales : respect du droit de propriété afin de prévenir toute redistribution de terres abusive, garantie des intérêts culturels, économiques et sociaux. Il s'agit pour les Blancs de transférer le pouvoir politique à la majorité noire mais de conserver le pouvoir économique pour plusieurs années encore et éviter le sort des ex-colonies d'Afrique. Lors des négociations de Kempton Park, des garanties sont également confirmées concernant la rédaction de la future constitution par la future assemblée constituante. Toutes les négociations entreprises depuis 1990 se déroulent dans le cadre d'un « séminaire géant permanent » sans aucune aide ou interférence extérieure comme ce fut le cas pour la Rhodésie du Sud (accords de Lancaster House) ou pour des pays plus éloignés comme la Bosnie-Herzégovine ou pour le conflit israélo-palestinien[196].

Parallèlement, les sanctions internationales imposées bilatéralement ou par l'ONU sont progressivement levées.

En aout 1992, l'Afrique du Sud, exclue depuis 1964, est réintégrée aux jeux olympiques de Barcelone auxquels elle participe sous un drapeau olympique, l'ANC refusant que des sportifs noirs soient représentés sous les couleurs de l'apartheid. Pour la première fois depuis longtemps, une équipe de rugby étrangère vint en RSA durant l'été 1992 sans opposition mais sous conditions imposées par l'ANC concernant le comportement des officiels sud-africains. Mais lors du premier test-match contre la Nouvelle-Zélande à l'Ellis Park de Johannesburg, en faisant jouer l'hymne national « Die Stem » repris en cœur par un public agitant abondamment les couleurs bleues, blanches et orange, l'ANC menaça d'en appeler à nouveau aux sanctions internationales[197].

En mars 1993, alors que les négociations continuent, un des leaders les plus populaires du parti communiste, Chris Hani, est assassiné. L'enquête trouve rapidement les instigateurs de l'attentat parmi les milieux d'extrême-droite. Le commanditaire de l'assassinat était Clive Derby-Lewis, un des chefs anglophones du CP[198]. L'arrestation de ce dernier devient le symbole de la fin de l’impunité pour les tenants de la ségrégation. En avril 1993, un nouveau coup dur frappe le CP : Andries Treurnicht meurt à la suite de problèmes cardio-vasculaire. Un nouveau chef, Ferdinand Hartzenberg, lui succède mais ne peut empêcher le déclin du parti.

Le 18 novembre 1993, l'ANC et le NP approuvent une nouvelle constitution intérimaire, multiraciale et démocratique, des élections pour tous les adultes en avril 1994 et le statut de langue officielle pour neuf langues locales soit un total de onze[199]. Une grande partie de cette constitution intérimaire est d'ailleurs consacrée à rassurer la minorité blanche de toute politique revancharde et qui se traduit notamment par un grand compromis sur la formation d'un gouvernement ouvert aux partis minoritaires[200].

Du côté des radicaux de droite, un front du refus se constitue, regroupant le CP et divers mouvements afrikaners avec les partis et dirigeants conservateurs noirs. Ce regroupement au sein d'une « Alliance pour la liberté » marque l'arrivée sur la scène politique du Général Constand Viljoen, un Afrikaner très respecté jusque dans les rangs de l'ANC. Il regroupe derrière lui la totalité des partis nationalistes, conservateurs ou d'extrême-droite. Mais l'Alliance pour la liberté se brise rapidement, le seul point commun entre ses membres étant le refus des élections. Très vite, certains dirigeants noirs quittent l'alliance, contraints de rejoindre le processus électoral. C'est le cas des chefs du Ciskei ou du Bophuthatswana après l’échec par ce dernier d’une tentative de sécession[201].

L'un des projets de Volkstaat proposé par le front de la liberté

Quand Viljoen obtient la garantie de l'ANC que le prochain gouvernement nommerait une commission pour étudier la faisabilité du projet d'un Volkstaat (État Afrikaner) en Afrique du Sud en contrepartie de la renonciation à la violence et de la participation des mouvements afrikaners aux élections, il est désavoué par ses partenaires du CP, du HNP et de l'AWB. L’idée du Volkstaat était pourtant au cœur des revendications des afrikaners conservateurs. Le CP avait été créé sur ce programme. Comme une sorte de bantoustan à l’envers, ce Volkstaat regrouperait sur un territoire assez vaste l'ensemble des Afrikaners avec Pretoria pour capitale. Mais ils étaient divisés sur les limites géographiques de ce territoire indépendant ; les plus radicaux voulaient le constituer sur les frontières des anciennes républiques Boers alors que les plus modérés le voulaient dans le nord-ouest de la province du Cap faiblement peuplée et dont la population avait l'afrikaans pour langue maternelle[202]. Déjà, dans une bourgade à la lisière entre l'État Libre d'Orange et la province du Cap s'était constituée un embryon de Volkstaat à Orania, ville habitée uniquement par des Afrikaners[203].

À la suite du désaveu de Viljoen par le CP, le général afrikaner crée un nouveau parti, le Front de la liberté (Freedom Front - FF) pour représenter les Afrikaners aux élections de 1994.

Quant au CP, il livre ses dernières batailles parlementaires puis symboliquement, en pleine session parlementaire, entonne pour oraison funèbre de la domination blanche, l'hymne national « Die Stem van Suid Afrika » après que le gouvernement a fait adopter les dernières lois mettant sur pied un régime multiracial de transition chargé d'élaborer dans les cinq ans une nouvelle constitution[204].

En avril 1994, après une campagne électorale sous tension où les attentats de gauche et de droite se sont succédé, la RSA va procéder à ses premières élections multiraciales.

Deux jours avant le vote, un attentat attribué à l'extrême droite a lieu à Johannesburg devant le quartier général de l'ANC. Des attentats meurtriers suivent à Germiston et à l'aéroport Jan Smuts de Johannesburg. Considérés comme un baroud d'honneur de l'extrême-droite, ils ne remettent pas en cause les élections[205].

La nouvelle Afrique du Sud

À partir du 27 avril 1994, les Sud-Africains votent pour élire leurs représentants au parlement et dans les conseils provinciaux des neuf nouvelles provinces du pays, intégrant les anciens bantoustans.

Lors de ces premières élections multiraciales, l'ANC remporte 62,5 % des voix contre 20,5 % au NP. Grâce aux métis, ce dernier remporte la province du Cap-Occidental avec 59 % des voix[206],[207].

L'Inkhata Freedom Party obtient 10 % des voix et une représentation provinciale presque uniquement au KwaZulu-Natal alors que le Front de la liberté parvient à rassembler 2,8 % des électeurs. Le parti démocratique arrive en 4e position avec 1,8 %.

Un gouvernement d'union nationale est alors formé début mai 1994, réunissant les représentants des partis ayant obtenu plus de 5 % des voix, c’est-à-dire l'ANC, le NP et l'IFP.

Le 10 mai, Mandela est élu Président de la République par le parlement. Il nomme Thabo Mbeki comme premier vice-président et Frederik De Klerk comme second vice-président et un gouvernement multiracial d'union nationale à majorité ANC.

La commission vérité et réconciliation

Avec l'objectif de permettre une réconciliation nationale entre les victimes et les auteurs d'exactions politiques, une Commission de la vérité et de la réconciliation, présidée par Mgr Desmond Tutu, archevêque du Cap et prix Nobel de la paix, est chargée de solder les années d'apartheid en recensant tous les crimes et délits politiques, commis non seulement pour le compte du gouvernement sud-africain mais aussi pour le compte des différents mouvements anti-apartheid, sur une période s'étalant du 1er mars 1960 (massacre de Sharpeville) au 10 mai 1994. Sa première audience a lieu le 15 avril 1996 et ses travaux durent pendant deux ans. En échange de l'amnistie, les auteurs d'exactions sont invités à confesser les méfaits qui pouvaient leur être reprochés. Certains anciens ministres comme Adriaan Vlok ou Piet Koornhof notamment expriment des regrets pour certains de leurs actes commis au nom de la défense de l'apartheid[208] tandis que l'ancien président de Klerk affirme pour sa part que selon ses termes, jamais la torture n'avait été encouragée ou couverte par les gouvernements successifs[209]. Si le rapport final de la Commission épingle l'absence de remords ou d'explications de certains anciens hauts responsables gouvernementaux, il dénonce également le comportement de certains chefs de l'ANC, notamment dans les camps d'entrainements d'Angola et de Tanzanie[210].

La présidence de Nelson Mandela (1994-1999)

Le gouvernement d'union nationale met en place dès 1994 un programme de reconstruction et de développement (RDP) pour pallier les conséquences socio-économiques de l'apartheid, comme la pauvreté et le grand manque de services sociaux dans les townhips[211]. Entre 1994 et début 2001, plus d'un million de maisons à bas coût sont construites permettant d'accueillir 5 millions de sud-africains sur les 12,5 millions mals logés[212]. L'accès à l'eau potable dans les bantoustans est amélioré alors que plus de 1,75 million de foyers sont raccordés au réseau électrique. Le RDP est cependant critiqué pour la faible qualité des maisons construites dont 30% ne respectent pas les normes[212], un approvisionnement en eau dépendant beaucoup des rivières et des barrages[213] et dont la gratuité pour les ruraux pauvres est couteuse[212]. À peine 1% des terres envisagées par la réforme agraire ont été effectivement distribuées et le système de santé est impuissant à combattre l'épidémie de SIDA qui fait baisser l'espérance de vie moyenne des africains du Sud de 64,1 à 53,2 ans de 1995 à 1998[212].

Une politique d'affirmative action (discrimination positive) est mise en place à partir de 1995. Elle vise à promouvoir une meilleure représentation de la majorité noire dans les différents secteurs du pays (administration, services publics et parapublics, sociétés nationalisées et privées). Ce programme contribue au développement d'une nouvelle classe moyenne noire et urbaine (environ 10 % de la population noire)[214]. En contrecoup de cette politique, mais aussi pour des raisons liées à l'insécurité qui ravage le pays, plus de 800 000 blancs, souvent très qualifiés, dont l'écrivain J. M. Coetzee, quittent le pays entre 1995 et 2005 (soit 16,1 % des Sud-africains blancs)[215],[216].

En 1996, la constitution transitoire est remplacée par une nouvelle constitution, adoptée au parlement par la quasi unanimité des députés de l'ANC et du parti national. En juin 1996, ce dernier quitte le gouvernement peu après son adoption. Accusé d'avoir trop cédé à l'ANC durant la période transitoire, le parti national se divise. L'ancien ministre nationaliste Roelf Meyer quitte le parti et fonde avec Bantu Holomisa, le mouvement démocratique uni, le premier nouveau parti multiracial de l'ère postapartheid. Une partie des membres les plus conservateurs du parti national rejoignent le parti démocratique dirigé par Tony Leon, nettement plus énergique à leurs yeux dans son opposition à l'ANC, ou bien le front de la liberté. En 1998, sous la direction de Marthinus van Schalkwyk, le parti national devient le Nouveau Parti national, une formation qui se veut plus centriste que son prédécesseur.

La présidence de Thabo Mbeki (1999-2008)

Thabo Mbeki, le 9 juillet 2003.

En 1999, Thabo Mbeki succède à Nelson Mandela à la suite des élections générales de 1999 qui consacrent une nouvelle victoire de l'ANC et l'effondrement du Nouveau Parti national supplanté par le Parti démocratique. Les deux formations d'opposition s'unissent pour gouverner la province du Cap-Occidental avant de fusionner dans l'Alliance démocratique (DA)[217].

Durant les deux mandats qu'effectue Mbeki[218], le pays connait une croissance économique de 5 à 6% annuelle et l'amélioration des conditions sanitaires et d'hébergement dans les townships[219]. Cependant, le maintien de 10% de la population dans une misère extrême, le chômage en hausse, estimé à près de 40 %, la forte progression de la criminalité, l'expansion de la pandémie du Sida dont il nie le lien avec la maladie, la dégradation de l'état des routes, des hôpitaux publics et des écoles publiques, l'inefficacité de l'administration et la dégradation de la qualité de l'enseignement public s'affirment comme les grands points noirs de sa politique[220]. Vers la fin de son mandat, le président Mbeki est accusé d'avoir perdu le contact avec le peuple pour privilégier une nouvelle bourgeoisie noire, tout aussi repliée sur elle-même que le fut la bourgeoisie blanche[220] alors que les critiques politiques dénoncent même l'autoritarisme d'un gouvernement, tiraillé entre sa propre aile gauche et son aile droite. Ses relations avec son vice-président, Jacob Zuma, se détériorent d'autant plus qu'il doit congédier ce dernier de ses fonctions à la suite d'un scandale politico-judiciaire[221]. En 2007, Thabo Mbeki décide de se présenter de nouveau à la présidence de l'ANC, notamment pour contrer Jacob Zuma en pleine ascension. Lors de la conférence élective du président de l'ANC qui se tient du 15 au 20 décembre 2007 à Polokwane, Jacob Zuma reçoit néanmoins le soutien de près des trois quarts des 3 900 délégués face à Thabo Mbeki[222]. Le 18 décembre, Zuma est élu président de l'ANC alors que les proches de Thabo Mbeki sont tour à tour éliminés du bureau national du parti[223].

En 2008, une grave pénurie d'électricité achève le bilan économique du président à qui la presse reproche l'imprévoyance de son gouvernement, et de celui de Nelson Mandela, pour avoir refusé, en 1996, d'investir dans la construction de nouvelles centrales électriques alors que le pays connaissait une croissance de la demande en électricité de 10 % chaque année. Les grandes villes sont pendant plusieurs semaines périodiquement plongées pendant quelques heures dans l'obscurité alors que le gouvernement est contraint de promouvoir le rationnement, de renoncer à certains grands projets créateurs d'emplois et de suspendre ses exportations d'électricités vers les pays voisins[224].

En mai 2008, le gouvernement de Thabo Mbeki est confronté à une vague de violences contre les immigrés, caractérisé notamment par des meurtres, des pillages et des lynchages[225],[226].

L'interim présidentiel de Kgalema Motlanthe (2008-2009)

Mis en cause indirectement pour des « interférences » politiques dans des affaires judiciaires impliquant son ancien vice-président[227], Thabo Mbeki est contraint de démissionner de la présidence sud-africaine le 21 septembre 2008 après avoir été désavoué par son parti. L'ANC nomme alors le vice-président du parti, Kgalema Motlanthe, pour lui succéder. Cette démission s'accompagne d'un schisme au sein de l'ANC et la création du Congrès du Peuple (COPE) par les partisans de l'ancien président.

La présidence de Jacob Zuma (depuis mai 2009)

Le président Jacob Zuma
Du 11 juin au 11 juillet 2010, l'Afrique du Sud est le premier pays africain à être l'hôte de la coupe du monde de football.

En mai 2009, Jacob Zuma est élu président de la république après la victoire de l'ANC (65,90%), lors des élections générales, face notamment à l'alliance démocratique (16,66%) d'Helen Zille, qui remporte la province du Cap-Occidental, et face au Congrès du Peuple (7,42%) de Mosiuoa Lekota. Il hérite d'un pays toujours considéré comme le poumon économique de l'Afrique noire (40% du PIB de l'Afrique subsaharienne) mais où le crime Avril , sans distinction raciale, est omniprésent faisant de ce pays l'un des plus dangereux du monde au côté de l'Irak et de la Colombie, où l'écart entre les plus riches et les plus pauvres s'est accentué, où la politique de discrimination positive est contestée pour son inefficacité et où les tentatives de réforme agraire n'ont débouché que sur des échecs[228]. Le nouveau gouvernement qu'il forme est alors plus ouvert aux autres partis et autres races que ne l'était celui de Mbeki. Il fait notamment entrer au gouvernement Jeremy Cronin, un blanc par ailleurs secrétaire général adjoint du parti communiste sud-africain et Pieter Mulder, chef du front de la liberté, le parti de la droite afrikaner qui a succédé à l'ancien parti conservateur.

En 2010, 15 ans après avoir organisé avec succès la coupe du monde de rugby, marquée par la victoire en finale de l'équipe nationale, les Springboks, l'Afrique du Sud sera le pays hôte de la coupe du monde de football.

Un pays en proie aux doutes

Or, deux mois avant l'évènement sportif, le 3 avril 2010, l'assassinat dans sa ferme d'Eugène Terre'Blanche par deux de ses ouvriers agricoles réveille les tensions raciales dans une Afrique du sud toujours minée par ces conflits latents[229],[230]. Le très influent leader de la Jeunesse de l'ANC, Julius Malema, déjà connu pour ses outrances verbales à l'encontre de Thabo Mbeki et des opposants à Zuma pour qui il se déclarait prêt à tuer, est notamment mis en cause dans la mort violente de Terre-Blanche pour avoir remis au gout du jour dans ses discours une chanson prônant de "tuer les Boers" parce que "ce sont des violeurs[231]". Le meurtre, qui a en partie tiré de sa léthargie l'AWB, a provoqué plusieurs heurts qui témoignent des tensions entre blancs et noirs, lesquels n'avaient jamais vraiment disparu et se multipliaient depuis des mois, notamment en milieu rural. Si plus de 2500[232] fermiers blancs ont ainsi été tués en une dizaine d'années (souvent des familles entières)[228], bien souvent après avoir été torturés et mutilés[229], des ouvriers agricoles noirs sont aussi malpayés et maltraités sur ces mêmes terres par leurs employeurs si bien que dans les campagnes sud-africaines, le modèle zimbabwéen reposant sur la carte raciale et la carte de la terre a beaucoup de partisans. En attendant, politiques et analystes s’interrogent sur la portée de l’événement. Le meurtre de Terreblanche est une « allumette jetée sur de l’herbe sèche » et peut déclencher « une vague énorme de haine et de rage refoulées », estime Helen Zille, leader du second parti du pays, l’Alliance démocratique. Le parti zoulou, l’Inkatha Freedom Party (IFP), n’a pas manqué l’occasion d’attaquer l’ANC, dénonçant la « détérioration de l’État de droit et de l’ordre constitutionnel ». « Les fermiers blancs sont tués en Afrique du Sud à un rythme qui, dans d’autres pays, aurait justifié l’instauration de l’état d’urgence », estime l’IFP, qui accuse l’ANC et le président Jacob Zuma, en soutenant plus-ou-moins Julius Malema, de cautionner les meurtres de fermiers. Pour avoir mis en évidence dans un livre la volonté de revanche qui se développe dans les campagnes, l'écrivain John Maxwell Coetzee a été contraint de quitter l'Afrique du Sud, affirmant "qu'il n'y avait plus sa place et qu'il ne se reconnaissait plus dans ce pays[229]".

Les craintes d'une guerre civile semblent lointaines, mais le miracle sud-africain demeure fragile. Il s'est construit, voilà à peine deux décennies, sur une poignée de mythes[233], notamment celui d'une nation arc-en-ciel, une notion inventée par l'archevêque Desmond Tutu afin de désigner son rêve de voir construire une société sud-africaine post-raciale. Ce fut aussi une façon métaphorique de penser la cohabitation des groupes, non par leur fusion mais juste par leur juxtaposition[234]. Critiquée pour sa symbolique, la notion, qui a succédé à celle voisine de société plurale développée sous l'apartheid[235] est restée un mirage au regard de l'évolution du pays. La nouvelle Afrique du Sud aura fonctionné durant les 15 premières années sur l'image de Nelson Mandela, figure érigée en emblème fondateur par ses partisans nationaux et ses admirateurs étrangers comme, en France, Jacques Derrida[236] mais cette "mandelamania" apparaitra comme un palliatif rassurant pour des citoyens en quête d'identité dans le monde nouveau et incertain qui s'installe en Afrique du Sud en 1994[236].

Le vrai problème sud-africain reste la pauvreté qui touche aujourd'hui surtout les noirs, mais aussi, dans une moindre mesure, les blancs. Ainsi, selon le chercheur Vincent Darracq du Centre d'études d'Afrique noire de Bordeaux, les inégalités n'ont jamais été si fortes que durant la période précédente[237]. Pour la première fois depuis dix-sept ans, la croissance a été négative en 2009 (- 1,8 %). Jacob Zuma avait promis pendant la campagne électorale de 2009 la création de 1 million d’emplois ; le taux de chômage officiel est de 25 %, contre 23 % un an plus tôt. L’effet Coupe du monde est donc bien limité. L'ambiance délétère qui règne depuis quelques mois au sein de la coalition en inquiète certains. Le secrétaire général de la Cosatu, dénonce le « matérialisme crasse qui gangrène l’ANC » et prédit même l’implosion de la coalition au pouvoir. L’ANC pourrait entrer, prévient-il, dans « la plus grande crise qu’elle a jamais connue ».« La plupart des cadres que nous avons maintenant à l’ANC sont des criminels en Gucci et Prada », dénonce également un avocat d’affaires et membre du parti. « Il n’y a plus que deux catégories : les privilégiés et les aigris. Les premiers sont ceux qui ont les faveurs du pouvoir, les autres sont ceux qui soudainement perdent leurs privilèges », estime-t-il[réf. nécessaire].

Le parti de Mandela éprouve toujours d’énormes difficultés à passer de son statut de mouvement de libération à celui de parti de gouvernement et de gestionnaire. Le plus grand défi de ces dernières années a été de réduire les inégalités, notamment en assurant la promotion professionnelle de la majorité noire. Mais l’Affirmative Action (la discrimination positive) et surtout le Black Economic Empowerment (BEE) ont eu bien plus d’impacts néfastes que de retombées positives. C’est en tout cas ce que clame depuis des années nombres d'économistes et d'analystes. À engager des gens selon leur race, leur appartenance politique, syndicale plus que pour leur compétence, l’administration a beaucoup perdu en efficacité. Quant au BEE, il n’a guère eu qu’un seul impact, celui de « créer une petite classe de privilégiés » autour de Mbeki et plus généralement autour de l'ANC.

Notes et références

  1. Georges Lory, L'Afrique du Sud, Karthala, 1998 p 21-22
  2. d'après Derek Nurse et Gérard Philippson: The Bantu Languages, Routledge, London 2003
  3. Georges Lory, infra, p 24
  4. Georges Lory, infra, p 26
  5. Georges Lory, infra, p 25
  6. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 18 et s.
  7. Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 27
  8. Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 16-18
  9. a et b Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 20
  10. a et b Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 22-23
  11. Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire séparée, p 20-21
  12. F.-X. Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, 2006, p.142
  13. Paul Coquerel, infra, p 24
  14. Paul Coquerel, infra, p 27 et s.
  15. Georges Lory, infra, p 39
  16. Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire séparée, p 25-26
  17. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 23
  18. Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire séparée, p 27
  19. Paul Coquerel, infra, p 23-24
  20. Paul Coquerel, infra, p 29-30
  21. Henri Wesseling, Le partage de l'Afrique, 1880-1914, Denoel, 1991, p 356
  22. Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 32
  23. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 32
  24. Paul Coquerel, infra, p 33
  25. a et b Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 34
  26. a, b, c, d, e, f, g et h Serge Thion, le pouvoir pâle: essai sur le système sud-africain, Le Seuil, 1969
  27. Georges Lory, infra, p 40 et s.
  28. Henri Wesseling, supra, p 357
  29. Henri Wesseling, supra, p 358
  30. Jean Sévry, l'Afrikaner vue par les historiens et les écrivains : portraits ou caricatures ?, revue Palabres, Vol. V, n°1, 2003, p 37
  31. Georges Lory, ibid p 33
  32. Christopher Saunders, Historical dictionary of South Africa, New York, Scarecrow Press, 1983, p73
  33. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2-02-048003-4), p.243. L'auteur évoque le chiffre de 15 000 voortrekkers sur 5 ans.
  34. Jean Sévry, ibid, p 39
  35. W.A. De Klerk, the puritans in Africa, the story of Afrikanerdom, Londres, Pelican Books, 1975, p 24
  36. François-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 252
  37. Henri Wesseling, supra, p 359
  38. François-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 252-253
  39. François-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 253-254
  40. Georges Lory, infra, p 46
  41. François-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 256
  42. Georges Lory, infra, p 44
  43. a et b Death of a civilisation de David Deming (Université d'Oklahoma)
  44. Henri Wesseling, supra, p 360
  45. Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 57
  46. François Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 274
  47. Paul Coquerel, infra, p 47
  48. Henri Wesseling, supra, p 362-364
  49. François-Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 279
  50. En 1872, on compte une trentaine de travailleurs noirs engagés par les prospecteurs de Kimberley
  51. François-Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 281
  52. F.X. Fauvelle-Aymar, infra, p 296-297
  53. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 72
  54. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 81-82
  55. Georges Lory, infra, p 47
  56. Georges Lory, infra, p 196-197
  57. Henri Wesseling, supra, p 369-370
  58. Paul Coquerel, infra, p 48
  59. Paul Coquerel, infra, p 50
  60. News and Media
  61. François Xavier Fauvelle-Aymar, infra, p 282
  62. François Xavier Fauvelle-Aymar, infra, p 318
  63. François Xavier Fauvelle-Aymar, infra, p 280-285
  64. Georges Lory, infra, p 33
  65. Paul Coquerel, infra, p 53-54
  66. Paul Coquerel, infra, p 54
  67. Georges Lory, infra p 51
  68. Paul Coquerel, infra, p 56
  69. a et b Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 78
  70. Georges Lory, infra, p 55
  71. François-Xavier Fauvelle-Aymar, infra, p 355-356
  72. La rébellion Bambata fut la dernière révolte tribale. Elle fut brisée par une rapide intervention militaire des troupes britanniques, se soldant par la mort de 3 à 4 000 noirs (principalement bambatas) et d'une trentaine de blancs. Ce fut la dernière révolte tribale d'Afrique du Sud (1906)
  73. Serge Thion, ibid, chapitre IV
  74. Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 80
  75. Robert Lacour-Gayet, Histoire de l'Afrique du Sud, Fayard, 1970, pp 310-319
  76. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 89 à 92 consacrées à la formation de l'Union Sud-Africaine.
  77. Le South African Act de 1909
  78. FX Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, infra, p 340
  79. Paul Coquerel, infra, p 92 et s.
  80. Georges Lory, infra, p 57
  81. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 101 et s.
  82. FX Fauvelle-Aymar, infra, p 356 et suivantes
  83. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 94 et s.
  84. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 116 et s.
  85. Sur le rôle des églises réformées, voir Paul Coquerel, ibid, p 75 et s.
  86. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 98-99
  87. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 99 et s.
  88. Georges Lory, infra, p 59 et suivantes
  89. Claire Benit, Gouvernement urbain et production de la ségrégation, Revue européenne de migrations internationales, 1998, Volume 14, Numéro 14-1, p 161
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  92. Historique de Die Stem van Suid Afrika
  93. Paul Coquerel, ibid, p 102 et s.
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  95. S. Thion, supra, chapitre 4, la sédimentation
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  103. Paul Coquerel, ibid, p 140 et 141.
  104. Georges Lory, infra, p 63
  105. L'Afrique du Sud dans la seconde guerre mondiale
  106. Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, p 96
  107. Paul Coquerel, ibid, p 141.
  108. Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, ibid, p 146-147.
  109. Biographie de Yusuff Dadoo
  110. François-Xavier Fauvelle-Aymar, p 357
  111. Paul Coquerel, ibid, p 145-146.
  112. Paul Coquerel, ibid, p 147 à 150 et 153-154.
  113. Biographie de Alfred Xuma
  114. a et b Georges Lory, infra, p 64
  115. François-Xavier Fauvelle-Aymar, p 358
  116. Paul Coquerel, ibid, p 155-156
  117. Paul Coquerel, ibid, 174.
  118. Paul Coquerel, ibid, p 171-172.
  119. The 1948 election and the National Party Victory, Sa History
  120. La crainte que 8 millions de noirs ne se soulèvent et balayent les Afrikaners et leur culture de toute la surface de l’Afrique du Sud définissent le swaartgevaar
  121. Ce n'est qu'au début des années 1960 que le gouvernement s'ouvrira à des ministres issus de la communauté anglophone
  122. P. Coquerel, p 67
  123. Hermann Giliomee, professeur de sciences politiques à l’université du Cap, Une histoire en mosaïque dans l’Afrique du Sud, riche, dure, déchirée", HS n° 15, novembre 1985, Collection Autrement, p 76
  124. Adam Kuper, Les catégories anthropologiques en Afrique du Sud, revue de synthèse, Volume 121, Numbers 3-4, juillet 2000, Springer Paris, p 265-290
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  127. FX Fauvelle-Aymar, infra, p 359 360
  128. a, b et c Georges Lory, infra, p 67
  129. Georges Lory, infra, p 67-68
  130. Georges Lory, infra, p 68
  131. a et b FX Fauvelle-Aymar, infra, p 370
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  133. Becoming a Republic and withdrawal from the Commonwealth in 1961, SA History
  134. L'assassinat de Verwoerd, reportage de la BBC, 6 septembre 1966
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  139. (en) The Olympics : Boycotting South Africa sur Time, 8 mars 1968
  140. Jack Williams, Cricket and Race, Berg Publishers, 2001 (réédition), p 64
  141. E. J. Verwey, E. W. Verwey & Nelly E. Sonderling, New Dictionnary of south african biography, Human Sciences Research Council Press, 1999, p 98-101
  142. Le pelé de Soweto, article paru dans le n°2377 du nouvel observateur du 27 mai au 2 juin 2010
  143. Jusqu'en 1972 - Voir Daniel Bach, La France et l'Afrique du Sud: histoire, mythes et enjeux contemporains, Karthala, 1990, p 207 et suivantes
  144. [http://www.dialprod.com/memoire/paix.html Dès 1970, le président ivoirien préconise l'ouverture d'un dialogue avec le pays de l'apartheid, il recevra John Vorster en présence du président sénégalais Léopold Sédar Senghor à Yamoussoukro en 1974 .
  145. Daniel Bach, ibid, p 204 - le Malawi sera le seul état africain à entretenir avec l'Afrique du Sud des relations diplomatiques au niveau des ambassades. Et c'est au Malawi que John Vorster effectura sa première visite officielle dans un pays africain en 1970. Le président malawite Kamuzu Banda se rendra en visite officielle en Afrique du Sud un an plus tard
  146. L'un des rédacteurs de sa charte était Jan Smuts
  147. "BJ Vorster et le cheval du sultan", article du professeur et politicologue Hermann Giliomee
  148. Le port de Beira se trouvait ainsi privé de l’essentiel de ses ressources
  149. Le groupe sud-africain Oppenheimer contrôlait les mines zambiennes de l’Anglo-American corporation et l’Afrique du Sud vendait chaque année pour 100 millions de dollars de produits manufacturés à la Zambie
  150. The Sunday Times du 28 janvier 1973
  151. Roland pichon, ibid, p 175
  152. a, b et c www.time.com/time/magazine/article/0,9171,913423,00.html : RHODESIA: A Bizarre Venue, 25 août 1975
  153. www.tleg.co.nz/history.php
  154. journal télévisé d'Antenne 2 du 19 septembre 1976 sur le site de l'INA
  155. (en) SOUTH AFRICA: Mondale v. Vorster: Tough Talk sur Time, 30 mai 1977
  156. June 16th Student Uprising
  157. a et b Paul Coquerel, ibid, p 239
  158. Ces évènements seront l'objet du film Le Cri de la liberté réalisé en 1987.
  159. Répertoire de la Pratique du Conseil de Sécurité - supplément 1985-1988, publication des Nations Unies , 2004, p 203
  160. The Information Scandal, South African History Online
  161. Paul Coquerel, ibid, p 240
  162. The Information Scandal, ibid
  163. (en) SOUTH AFRICA : The Not-So-Favorite Choice sur Time, 9 octobre 1978
  164. Paul Coquerel, ibid, p 253-254
  165. South Africa : Adapt or Die, 15 octobre 1979
  166. www.sahistory.org.za/.../tricameral-parliament.htm
  167. Robert Britt Horwitz, ibid, p 95 et suivantes
  168. Biographie d'Andries Treurnicht
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  171. Historique de l'United Democratic Front
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  173. 1983: Car bomb in South Africa kills 16, BBC
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  179. Paul Coquerel, ibid, p 269
  180. Paul Coquerel, ibid, p 270 et s.
  181. Paul Coquerel, ibid, p 276
  182. Paul Coquerel, ibid, p 276 et s.
  183. a et b Paul Coquerel, ibid, p 278
  184. Paul Coquerel, ibid, p 278-279
  185. Paul Coquerel, ibid, p 279-280
  186. Paul Coquerel, ibid, p 281
  187. Paul Coquerel, ibid, p 282
  188. Roger B. Beck, The history of South Africa, Greenwood Press, 2000, ISBN 978-0-313-30730-0, p 186
  189. De Klerk's Job on the Line in White Vote, article du New York Times, 21 février 1992
  190. Véronique Faure, Afrique du Sud : Référendum 92. le passage, Revue de politique africaine, avril 1992, p 128-129
  191. Martin Schönteich et Henri Boshoff, Proportion du vote non dans quelques régions, chap. Evolution of the white right in Volk Faith and Fatherland : The Security Threat posed by the White Right, Monograph 81, mars 2003
  192. BBC News, mars 1992
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  194. a et b Georges Lory, infra, p 84
  195. Cabinet's Vlok, Malan, brought down in scandal, AP & Wilmington Morning Star, 30 juillet 1991
  196. Allister Sparks, ibid, chapitre 13, p 232
  197. Timothy John Lindsay Chandler & John Nauright, Making the rugby world: race, gender, commerce, ed. Frank Cass and Co, 1999, p 186, ISBN 0-7146-4411-0
  198. Allister Sparks, Demain est un autre pays, Ifrane éditions, 1996, traduit de l'anglais Tomorrow is another country, Heinemann, 1995. Chapitre 13, p 224-227
  199. Allister Sparks, ibid, p 231-234.</
  200. Allister Sparks, ibid, chapitre 13 p233
  201. Allister Sparks, ibid, Chapitre 14 La bataille du Bophuthatswana, p 235 et s.
  202. Frank Genin, Afrique du Sud le pari, p113-114
  203. Carte proposée de Volkstaat
  204. PARLIAMENT Dec 22 Sapa
  205. Allister Sparks, ibid, chapitre 15 Un autre pays, p 267-268
  206. (en)U.S. Department of the Army, South Africa Country Study, "The 1994 elections"
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  208. Dominique Darbon, L'après Mandela, Karthala, 2000, p 143
  209. Dominique Darbon, ibid, p 148
  210. Amnistier l’Apartheid. Travaux de la Commission Vérité et Réconciliation sous la présidence de Desmond Tutu, traduction française, Philippe-Joseph Salazar (dir.), Paris, Le Seuil, coll. "L’Ordre Philosophique", 2004, 352 p, (ISBN 978-2020686044)
  211. (en) The Reconstruction and Development Programme, ANC, 1994.
  212. a, b, c et d (en) Tom Lodge, "The RDP: Delivery and Performance" in "Politics in South Africa: From Mandela to Mbeki", David Philip:Cape Town & Oxford, 2003.
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  214. Le « modèle sud-africain » doute de lui-même, article de Fabienne Pompey dans le journal Le Monde du 26 février 2008
  215. Les Blancs qualifiés fuient l’Afrique du Sud sur Afrik.com
  216. Pierre Malet, En Afrique du Sud, les Blancs n'ont plus d'avenir, Slate, 11 septembre 2009
  217. À l'automne 2001, le NNP dirigé par Marthinus van Schalkwyk se retire de l'alliance pour former un nouveau partenariat avec l'ANC, bouleversant l'échiquier politique sud-africain. Lors des élections d'avril 2004, le NNP s'effondre à 1,9% des suffrages, recevant le soutien d'une majorité relative des Coloureds. Présent dorénavant au gouvernement, le NNP se dissout en septembre 2005 après le ralliement de la majorité de se cadres à l'ANC
  218. Les élections de 2004 sont remportées par l'ANC qui accroit sa majorité au niveau national et remporte pour la première fois les neuf provinces, grâce notamment à l'appui de ses alliés du nouveau parti national
  219. Article du Monde du 19 décembre 2007
  220. a et b La difficile fin de règne de Thabo Mbeki, coupé de la population et piètre médiateur africain, article de Fabienne Pompey dans Le Monde du 28 février 2008
  221. Article du Figaro du 21 décembre 2007 intitulé Jacob Zuma accusé de corruption
  222. Article de l'AFP du 17 décembre 2007 intitulé Afrique du Sud : Mbeki paraît devoir perdre le contrôle du parti au pouvoir
  223. Dépêche de l'AFP du 18 décembre 2007 - Jacob Zuma plébiscité à la présidence du parti au pouvoir
  224. Article du Sowetan repris sur le site de Courrier International le 21 janvier 2008
  225. Flambée xénophobe en Afrique du Sud, article de Libération du 25 mai 2008
  226. Mbeki au Japon, près de 100.000 migrants dans des camps de fortune, article de l'AFP du 27 mai 2008
  227. (en) SA court rejects Zuma graft case, BBC News, 12 septembre 2008.
  228. a et b Les crimes «à la chaîne» devenus une banalité en Afrique du Sud, L'Express de Toronto, 30 avril 2007
  229. a, b et c Pierre Malet Afrique du Sud: la fin d'un tabou, 8 avril 2010, Slate.fr.
  230. Dead of Terre'Blanche, Reuters 3 avril 2010
  231. Le président des jeunes ANC attise les tensions raciales, Le Temps, 6 avril 2010
  232. Peurs blanches, colères noires Jeune Afrique, 19 avril 2010
  233. Les mythes de la nation arc en ciel battus en brèche, BBC, décembre 2009
  234. François-Xavier Fauvelle Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Seuil, 2006, p 101
  235. Paulus Zulu, les illusions perdues de la réforme politique in La république sud-africaine, état des lieux (sous la direction de Dominique Darbon), Karthala, 1992, p 46 et s.
  236. a et b Dominique Darbon, La nouvelle Afrique du Sud, Hérodote, revue de géographie et de géopolitique, n°82/3, 1996, p 5 et s
  237. Le rêve reste inachevé

Voir aussi

Bibliographie

Histoire générale de l'Afrique du Sud

  • François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, 469 p. 
  • Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Éditions Perrin, coll. « « Vérités et légendes » », 1986/1990/1995, 272 p. (ISBN 2-262-00419-6, 2-262-00847-7 et 978-2-7298-5463-8) 
  • Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, 303 p. 
  • Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire séparée, Gallimard, 1992, 176 p. (ISBN 2-07-053181-3) 
  • Robert Lacour-Gayet, Histoire de l'Afrique du Sud, Fayard, 1970, 487 p. 

La Nouvelle Afrique du Sud

  • Raphaël Porteilla, Le nouvel État sud-africain : Des Bantoustans aux provinces (1948-1997), Paris, L'Harmattan, Espace Afrique australe, 2000.
  • Sophie Pons, Apartheid, l'aveu et le pardon, Bayard, 2000, 210 p.
  • Paul Coquerel, La nouvelle Afrique du Sud, Gallimard - La Découverte, 1999
  • Georges Lory, L'Afrique du Sud, Karthala, 1998, 213 p.
  • Dominique Lanni, Afrique du Sud, naissance d'une nation plurielle, éd. de l'aube, 1997, 84 p.
  • Philippe Gervais-Lambony, La nouvelle Afrique du Sud, La Documentation française, problèmes politiques et sociaux, no 810, 16 octobre 1998, 80p.
  • Philippe Gervais-Lambony, L'Afrique du Sud et les états voisins, Armand Colin, 1997, 254p.
  • William Bellamy, Une identité nouvelle pour l'Afrique du Sud, Publications de la Sorbonne, 1996, 191 p.
  • Allister Sparks, Demain est un autre pays, Ifrane, 1996, 292 p.
  • Tidiane N'Diaye, Mémoire d'errance, Chap Nelson Mandela, A3, Paris, 1998, 206 p. (ISBN 2-84436-000-9)
  • Tidiane N'Diaye, Par-delà les ténèbres blanches, Gallimard, coll. « Continents noirs », 176 P. septembre 2010 (ISBN 978-2070130412)
  • Jacques Suant, Afrique du Sud, du principe à la nécessité, l'Harmattan, 1996, 122p.
  • Frank Genin, Afrique du Sud, le pari, l'Harmattan, 1995, 231 p.

L'ancienne Afrique du Sud, les républiques boers et le royaume Zoulou

  • Tidiane N'Diaye, L'Empire de Chaka Zoulou, L'Harmattan, coll. « Études africaines », 2002, 218 p. (ISBN 2-7475-1920-1)
  • Jean-Claude Rolinat, Aube noire pour crépuscule blanc, 1994, 292 p.
  • La République sud-africaine, état des lieux (sous la direction de D. Darbon), Karthala, 1993.
  • Pierre Haski, L'Afrique blanche : Histoire et enjeux de l'apartheid, Le Seuil, 1987
  • John Gunther, L'autre Afrique, Gallimard, 1958, 570 p.
  • Morvan Lebesque, Un héros de la Liberté, le président Krüger, Sorlot, 1941
  • Paul Kruger, Mémoires, ed. Félix Juven, v.1910, 414 p.
  • Poultney Bigelow, Au pays des Boers, ed. Félix Juven, Paris, 1900.

Glossaire

  • Christopher Sauders et Nicholas Southey, A dictionary of South African History, ed. David Philipp, Le Cap & Johannesburg, 1998, 198.

Romans historiques

  • James A. Michener, L'Alliance, roman historique qui reprend toute l'histoire de l'Afrique du Sud à travers une saga familiale s'étalant depuis l'arrivée des premiers Européens jusqu'à nos jours.
  • Wilbur Smith, les romans relatifs à la saga des Courtney (Quand le lion a faim, Les feux du désert, Le Royaume des tempêtes, Le serpent vert, la piste du renard, La piste du chacal ...).
  • Stuart Cloete, "Turning Wheels", fiction qui décrit le Grand Trek.
  • Noni Jabavu, "The Ochre People", roman qui raconte la vie des Xhosa en zone rurale pendant les années de l'apartheid.

Liens externes

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