Histoire de l'europe

Histoire de l'europe

Histoire de l'Europe

Cet article contient un résumé de l'histoire de l'Europe.

Famille du Peuple sami, début du XXe siècle

Sommaire

La Préhistoire

Le Paléolithique

L'âge des premiers indices d'occupation humaine en Europe est discuté : il pourrait être de 1,8 million d'années selon certains chercheurs mais il n'est confirmé par des fossiles humains qu'à partir de - 600 000 ans (Homo heidelbergensis).

Plus tard, il y a environ 200 000 ans, l'Homme de Néandertal apparaît en Europe.

La présence de l'homme moderne, Homo sapiens, est attestée en Europe depuis au moins 35 000 ans. Dans un climat plus froid que le climat actuel, l'homme est un chasseur qui utilise des outils de pierre taillée. Il nous a laissé sur les parois des cavernes des figurations artistiques, peut-être liées à des préoccupations religieuses.

Le Néolithique

Article détaillé : Europe néolithique.

Des preuves de campements permanents datent du VIIe millénaire av. J.-C. en Serbie, Bulgarie, Grèce et Roumanie : apparue au Moyen-Orient, l'agriculture (culture des céréales, élevage) se répand lentement du VIIe au IIIe millénaires av. J.-C. dans toute l'Europe. La sédentarisation (villages) s'accompagne de l'usage d'outils de pierre polie, de la poterie, du tissage, mais aussi de la guerre.

Aux IIIe et IIe millénaires av. J.-C., durant l'Âge du cuivre (Chalcolithique), la civilisation mégalithique se développe. Selon Marija Gimbutas, c'était une civilisation agricole, sédentaire, peu guerrière (les sites ne sont pas fortifiés, il y a peu d'armes et beaucoup d'outils agricoles dans les sépultures), matristique et dont les cultes étaient en relation avec les rythmes de la nature ; les calendriers prédictifs, à la fois lieux de culte et observatoires, les labyrinthes et les parcours initiatiques en étaient les axes[1].

En Crète s'épanouit la civilisation minoenne, et plus tard, en Grèce, la civilisation mycénienne (milieu du IIe millénaire av. J.-C.), avec lesquelles l'Europe entre dans l'Histoire, puisque ces civilisations utilisent l'écriture.

D'après les travaux de R. Peroni[2] ces civilisations agricoles, dont les sites se multiplient, témoignant d'un accroissement de la population, subissent dans la première moitié du XIIe siècle av. notre ère, une crise environnementale qui conduit à l'abandon de la plupart des sites, mais l'on ignore s'il s'agit d'une crise climatique, d'une épidémie ou d'une épizootie, des suites d'éruptions volcaniques, ou de plusieurs de ces causes. Pour la civilisation minoenne au moins, l'impact de l'éruption du volcan de Santorin fait l'unanimité parmi les archéologues.

Les premières civilisations agricoles au IIIe millénaire avant notre ère. En vert : langues chamitiques ; en rose : sémitiques ; en jaune : indo-européennes ; en orange : autres.

Au milieu du IIe, puis à partir du milieu du Ier millénaires av. notre ère, l'Europe entre dans l'Âge du bronze puis dans l'Âge du fer. Une civilisation patriarcale et guerrière remplace progressivement la précédente. Dans les sépultures, chars, armes et boucliers dominent désormais. C'est pendant cette période protohistorique que l'on commence à identifier des peuples : les Ibères en Espagne, les Étrusques, les Ligures, les Italiques en Italie, les Celtes, qui à partir de l'Europe centrale se répandent aux Ve et IVe siècles av. J.-C. dans toute l'Europe occidentale.

La diffusion des langues à l’origine des langues européennes actuelles, se serait faite de l’Est vers l’Ouest lors de la phase de néolithisation de l’Europe. Les langues indo-européennes ont progressivement remplacé les langues antérieures, dont le basque semble être le dernier reliquat. Toutefois, changement de langue ne signifie pas nécessairement remplacement violent des populations, mais plutôt adoption de nouvelles cultures[3].

L'Antiquité

Langues en Europe à l'époque de l'expansion celtique au IVe siècle avant notre ère.
La civilisation grecque a fortement influencé l'ère romaine, puis la Renaissance et la période "classique" du XVIIIe et XIXe siècle, dans l'art et l'architecture notamment, mais aussi pour son "modèle" de démocratie politique (le Parthénon)

Dans l'Antiquité, les auteurs antiques s'accordent pour opposer à la civilisation gréco-romaine méditerranéenne, un barbaricum peuplé de Celtes, de Germains, de divers peuples iraniens tels que les Illyres, les Thraces, les Scythes ou les Sarmates, et dans l'antiquité tardive, de Slaves. Les civilisations de ces peuples étaient initialement moins urbaines, juridiques et scripturaires que celle des Grecs et des Romains, mais non moins élaborées religieusement, socialement et artistiquement.

Les Celtes

Au-delà de la Grèce ou de la Rome étaient présents des peuples qui se nommaient eux-mêmes Kelt, signifiant à peu près « nobles ».

Les Celtes occupaient une grande partie de l'Europe, des Carpates à l'Atlantique. Les auteurs latins utilisent le mot Galli pour désigner les Celtes installés en Gaule, en hommage à leur animal fétiche, le coq (Gallus en latin), mais le mot Galatoi utilisé par les auteurs grecs pour les celtes, semble plutôt renvoyer à la couleur claire des peuples nordiques (Gala signifiant lait en grec). Plusieurs étymologies ont été proposées. Les Celtes étaient de très bons artisans et agriculteurs, sachant fondre et travailler de nombreux métaux et utiliser la roue, ainsi que les tonneaux pour améliorer leur quotidien.
Le commerce est prospère et les Celtes entretiennent de bonnes relations avec les peuples qui vivent sur le bassin méditerranéen.

  • Fondation de Massilia (Marseille) vers 600 avant J.-C.

La Grèce

À la fin de l'Âge du bronze, les vieux royaumes grecs s'effondrent et une brillante civilisation voit le jour à leur place. La civilisation grecque prend la forme de plusieurs cités États (les plus importantes étant Sparte et Athènes), qui ont des formes de gouvernement et de culture très différentes. L'art, la musique, la philosophie, les sciences, le théâtre se développent. Les cités grecques fondent un grand nombre de colonies sur les bords de la mer Méditerranée et de la mer Noire, en Asie mineure, en Sicile, dans le sud de l'Italie.

Mais au IVe siècle av. J.-C., leurs guerres internes font d'elles une proie facile pour Philippe II de Macédoine. Les conquêtes de son fils, Alexandre le Grand étendent la culture grecque jusqu'à la Perse, l'Égypte et l'Inde mais permettent aussi de découvrir les connaissance de ces pays.

La Grèce antique, première des civilisations intellectuelles européennes, a légué l'idée de démocratie athénienne, bien analysée par ses philosophes. Ces derniers (Socrate, Platon, Aristote, Héraclite…) réfléchissent également afin d'expliquer l'inconnu par le connu. Toujours dans le domaine intellectuel, on observe une première littérature épique avec Homère, les débuts de la poésie lyrique avec Sapho et Pindare, les débuts du théâtre. Ainsi émerge l'idée de la beauté idéale, que reflètent les arts de l'architecture et de la sculpture. Une somme de connaissances en mathématiques est née du contact des Grecs avec les civilisations plus anciennes d'Égypte ou de Mésopotamie. En outre, la Grèce a permis l'éclosion de la science expérimentale et a créé la monnaie. La Grèce antique, composée de multiples cités États ayant conscience de leur identité commune mais constamment rivales.

Rome

À partir du IIIe siècle av. J.-C., Rome conquiert l'Italie, s'opposant aux Grecs des colonies d'Italie du Sud puis à Carthage, puis tout le pourtour de la Méditerranée. À partir du Ier siècle, la frontière de l'Empire romain est fixée sur le Rhin et le Danube et à la limite de l'Écosse. L'Empire est défendu par un réseau de fortifications appelé le Limes. L'Empire est divisé en provinces. Au début de l'Empire, les habitants sont d'abord citoyens de leur cité, mais en 212, tous les habitants de l'empire reçoivent la citoyenneté romaine. Le latin devient la langue commune à toutes les régions occidentales de l'empire, le grec restant parlé en Orient.

Les legs de Rome sont le christianisme, qui s'impose comme la religion de l'empire romain au IVe siècle, le droit comme base de la vie en société et le latin qui va former les langues espagnoles et italiennes et une grande partie de la langue française.

Moyen Âge

Haut Moyen Âge

  • Le souvenir de l'empire romain

L'Europe de l'Ouest émerge comme berceau d'une civilisation distincte après la chute de l'Empire romain au Ve siècle de l'ère chrétienne, suite aux invasions barbares. La partie orientale de l'Empire romain survit pendant un millénaire : depuis Hieronymus Wolf, nous l'appelons « Empire byzantin ». Les invasions germaniques, slaves et asiatiques bouleversent l'ordre romain, les royaumes barbares s'établissent sur les ruines de l'Empire romain d'Occident, ainsi que dans la partie danubienne de celui d'orient. Mais le souvenir impérial subsiste et s'affirme comme un modèle de gouvernement aux souverains du Moyen Âge. Ainsi, Charlemagne ressuscite le titre impérial en 800 ; les Ottoniens s'en emparent par la suite. Les slaves, eux, créent le titre de Tzar (César).

  • Naissance des royaumes

Au VIe siècle, les Bulgares créent dans le bassin du bas-Danube un État qui intègre les latins d'orient ainsi que les slavons dont la langue devient officielle en Bulgarie : une écriture glagolitique, puis cyrillique dérivée du grec est adoptée. Au VIIIe siècle, dans le centre de la péninsule italienne, apparaît le Patrimonium Petri ("patrimoine de Pierre"), état temporel de l'évêque de Rome placé sous la protection des Carolingiens, à l'origine des États de l'Église.

  • Les relations sociales et politiques

En occident, le système de vassalité et comtal remplace progressivement la notion romaine de Res Publica. Une des rares institutions antiques qui survit à l'effondrement de l'Empire romain d'occident est l'Église chrétienne d'obédience romaine et de langue latine, qui préserve une part de l'héritage impérial (notamment la tenue d'archives, la viticulture, l'irrigation). Le Moyen Âge a exagérément été perçu comme une période sombre où beaucoup de connaissances de l'Antiquité ont été perdues. Ce n'est pas le cas, notamment en orient, où lettrés grecs et arabes ont compilé, étudié et transmis les connaissances de l'Antiquité, et où le système de la Res Publica et du droit (Code de Justinien) ont perduré plus longtemps et se sont transmis aux Arabes et aux Turcs, chez lesquels il n'y avait ni titres ni propriété aristocratique (héritées des coutumes germaniques) mais des offices (révocables) et des domaines alloués au mérite.

  • Nouvelles invasions et conséquences

Aux IXe siècle et Xe siècle, la Scandinavie, affectée d'une péjoration climatique[4] voit partir en nombre les drakkars des Vikings et des Varègues. L'Europe occidentale subit les incursions dévastatrices des premiers, le long des côtes de la mer du Nord. Ces invasions sont accompagnées de massacres et de pillages mais le pillage permet la remise en circulation de métaux précieux dont la carence pose problème au développement des marchés. À la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle, on voit l'apparition du féodalisme car les États ne peuvent guère assurer la protection de leurs populations. En Europe orientale au contraire, les Varègues commercent pacifiquement avec l'Empire byzantin (dont la supériorité militaire les empêche de s'adonner au pillage) et contribuent à la mise en place de l'état russe.

Moyen Âge classique (XIe siècle / XVe siècle)

  • Le tournant de l'An Mil

Vers le milieu du Xe siècle, la population européenne commence à s'accroître du fait d'une amélioration climatique et de quelques progrès techniques qui trouvent leur application dans l'agriculture, comme le collier d'épaule pour le cheval. Commence lors une période de deux siècles, celle des grands défrichements. En même temps qu'« un blanc manteau d'églises » couvre le continent, les pèlerinages vers Saint-Jacques-de-Compostelle et vers Jérusalem sont les expressions de la vive piété médiévale.

Carte de l'Europe à la fin du XIIIe siècle
  • Les contacts avec la civilisation arabo-musulmane et leurs conséquences

À partir du VIIIe siècle, l'expansion de l'islam touche le Sud de l'Europe, en Sicile, dans le sud de l'Espagne puis au XVe siècle autour de la mer Egée. Les Croisades, de 1095 à 1291, permettent, dans les États latins d'Orient, des contacts avec les mondes grec et musulman, où une civilisation plus élaborée avait perduré et continué d'évoluer. En effet, pour certains lettrés byzantins et musulmans, Dieu d'une part et la science et la raison d'autre part, sont nettement séparés. Les chrétiens d'occident, se référant à saint Augustin, sont encore soumis à Dieu : « Je pense donc Dieu est. » En 1130, l'évêque de Tolède crée une école de traduction des manuscrits arabes et hébreux. Les Occidentaux y redécouvrent alors bon nombre d'écrits de l'Antiquité, notamment grecque, jusque-là inconnus, comme une partie de la philosophie d'Aristote, revue par des philosophes arabes (Averroès…). Ainsi naît un grand humanisme médiéval européen dont les penseurs, théologiens et philosophes, essaient de réconcilier la foi et la raison : saint Thomas d'Aquin, maître Eckart, Roger Bacon, Abélard

  • Le réveil du commerce

On observe les premiers signes d'une renaissance de l'économie d'échanges en Europe de l'Ouest quand le commerce reprend en Italie grâce à la croissance économique et culturelle de puissantes cités États comme Gênes, Florence ou Venise ainsi qu'en Flandre où les manufactures de draps se développent avec Bruges et Anvers. À mi-parcours de ces deux pôles économiques médiévaux, les foires de Champagne sont à leur apogée vers 1250 jusqu'à leur déclin du fait de l'ouverture de la route du Saint-Gothard et d'une liaison maritime directe entre l'Italie et la Flandre (1298), ce qui permet d'échapper aux taxes mises en place par les capétiens en France. Venise, dont les galères vont elles-mêmes chercher les épices et les marchandises au Levant surpasse ses rivales et domine l'économie mondiale de 1380 à 1500 environ, les musulmans ayant cessé de pratiquer le commerce en Méditerranée occidentale.

  • Le retour de l'État

À la même époque, des royaumes commencent à prendre forme en France, en Angleterre et au Portugal, mais leur formation prend plusieurs décennies à cause des rivalités entre l'Église, la monarchie et les nobles.

  • Les crises du bas Moyen Âge

Elles prennent effet au cours du XIVe siècle du fait de la guerre de Cent Ans, interminable conflit entre la France et l'Angleterre, du fait de la pandémie de peste de 1347 et de ses récurrences et du grand schisme d'Occident.

  • La crise est d'abord démographique. La population européenne va passer de 73 à 45 millions d'habitants entre 1300 et 1400, l'espérance de vie recule de 25 ans à 17 ans en Angleterre.
  • La crise est aussi économique et sociale. Faute de main d'œuvre, l'agriculture est insuffisante, les marchés des manufactures textiles de Flandre sont à un bas niveau mais celles du Brabant se développent. Les villes ont augmenté leur population du fait de l'insécurité des campagnes mais n'offrent guère de travail alors que les prix des loyers et des denrées augmentent, plus vite que les salaires. Les « jacqueries » sont fréquentes, les troubles sont nombreux, d'abord en France puis dans toute l'Europe. Cependant, dès le milieu du XVe siècle, débute un essor généralisé de la population et une reprise économique.
  • Enfin, la crise est morale. Le grand schisme d'Occident provoque de vives inquiétudes parmi les fidèles. Le concile de Constance (1414-1418), qui se pose comme au-dessus du pape et de l'antipape, se compose des futures grandes nations européennes qui peuvent examiner séparément les différentes questions. Alors que les hérésies de Wyclif en Angleterre et de Jean Hus en Bohême proposent de rejeter tous les écrits postérieurs à la Bible, l'unité de la chrétienté occidentale est menacée. De ceci va naître la Réforme.
  • Pendant ce temps, de nouvelles puissances émergent en orient : au nord, la Russie se réunifie et se libère des Tatars et Mongols de la Horde d'or, puis devient un empire ; au centre, l'Union de Lublin crée un puissant et vaste royaume de Pologne qui accueille les Juifs chassés d'Occident, tandis que Bohême et Hongrie prospèrent (y compris culturellement) sous Mathias Corvin ; au sud enfin, l'Empire ottoman, musulman mais héritier de la civilisation byzantine, devient à son tour un état européen et accueille de son côté les juifs chassés d'Espagne. Initialement, la tolérance religieuse est de mise dans ces États multi-culturels, et le restera jusqu'au début du XIXe siècle.

L'Europe moderne

La Renaissance et la Réforme

Au XVe siècle, des nations puissantes apparaissent, construites par des monarques qui centralisent le pouvoir (France, Angleterre, Espagne).

Née en Italie au XVe siècle pendant le Quattrocento, sous l'influence des échanges avec l'orient (notamment par Gênes et Venise) et de lettrés byzantins tels Bessarion ou Lascaris, la Renaissance est un mouvement intellectuel et scientifique (l'Humanisme) et un nouveau courant artistique (peinture, sculpture, architecture) qui marque l'Europe. On notera la prolifération d'œuvres ayant pour thème l'Antiquité ;

La diffusion de la Réforme protestante inspirée par les moines Luther et Calvin, favorisée par le développement de l'imprimerie, est un bouleversement encore plus important dans l'Europe occidentale. Elle fait éclater l'unité des catholiques, et aboutit à des guerres de religion en Allemagne en France et plus tard en Angleterre.

Les débuts du colonialisme européen

C'est également à cette époque que les Européens commencent à être capables de naviguer sur tous les océans. Ce sont les Grandes découvertes : installation de comptoirs le long des côtes africaines, route des Indes par le contournement de l'Afrique découverte par les Portugais en 1498, et Amérique découverte par les Espagnols en 1492. Le traité de Tordesillas (1494) partage le monde, encore largement inconnu entre un hémisphère portugais et un hémisphère espagnol.

Les Espagnols et les Portugais sont rejoints dans cette expansion coloniale par les Hollandais, les Français et les Anglais au XVIIe siècle. Les Hollandais s'installent sur tous les continents avec, notamment les Indes néerlandaises (future Indonésie). La France va occuper un vaste territoire qui s'étend de Québec à La Nouvelle-Orléans mais n'aura jamais les moyens de le peupler. Enfin, les Anglais créent des colonies sur la façade atlantique de l'Amérique du Nord, chassant les Hollandais de la future New York (1664).

L'Europe profite à partir de ce moment non seulement du développement d'un commerce mondial, la « protomondialisation », mais elle commence par la colonisation à établir sa domination directe sur d'autres continents, principalement l'Amérique au XVIe siècle. Elle commence à développer les religions chrétiennes. Mais cette colonisation s'accompagne de la traite des noirs et de l'utilisation d'esclaves dans les plantations d'Amérique. Les Amérindiens sont décimés par les maladies, le travail forcé, ou exterminés. L'Europe s'enrichit considérablement par la découverte des métaux précieux d'Amérique, dont l'énorme quantité créa une forte inflation au XVIIe siècle et surtout par le commerce triangulaire.

De son côté, la Russie s'étend en Asie et atteint l'océan Pacifique en 1641[5]. Elle ne cessera de s'étendre, aux XVIIIe siècle et XIXe siècle, aux dépens de la Chine et des émirats musulmans d'Asie centrale. Par contre, contrairement aux occidentaux, elle n'y pratique ni esclavage, ni décimation des peuples autochtones, mais se contente de peupler les espaces vides de trappeurs, d'éleveurs et d'agriculteurs slaves. En 1799, elle prend pied en Amérique du Nord et s'implante en Alaska.

L'absolutisme et sa remise en cause

La plupart des monarques européens des XVIIe siècle et XVIIIe siècle sont des rois absolus, qui s'affrontent très souvent dans des guerres de prestige, même si les considérations religieuses, économiques et d'équilibre des puissances n'en sont pas absentes. La rivalité entre le roi de France et les Habsbourgs d'Espagne et d'Autriche est constante. C'est Louis XIV qui parvient à supprimer la menace espagnole en plaçant son petit-fils Philippe V sur le trône après la mort du dernier Habsbourg d'Espagne. L'Allemagne est ravagée par la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le roi de France Louis XIV, modèle du souverain absolu, provoque quatre guerres. Les renversements d'alliance sont fréquents au XVIIIe siècle, marqué par l'essor de la Prusse comme puissance militaire, et la domination maritime, coloniale et économique du Royaume-Uni.

La période voit se développer l'art baroque, puis l'art classique.

Cependant l'absolutisme est contesté. Les Provinces-Unies se soulèvent à la fin du XVIe siècle contre leur souverain, le roi d'Espagne, et parviennent à obtenir leur indépendance au prix d'une longue lutte (Guerre de Quatre-Vingt ans), tout en devenant une grande puissance coloniale et commerciale. L'Angleterre connaît deux révolutions au XVIIe siècle, qui aboutissent à la mise en place d'une monarchie constitutionnelle en 1689. Enfin la France, où s'est développée au XVIIIe siècle la philosophie des Lumières, connaît à son tour une Révolution en 1789 c'est le déclin de l'autorité des nobles sur le peuple et c'est un retour de l'idée de démocratie et de la république en Europe.

La révolution française (1789-1799) a non seulement mis fin à la monarchie absolue et à l'Ancien Régime en France, mais également provoqué un choc dans toute l'Europe. Les autres monarchies européennes se sont vues menacées, ce qui déclenche une guerre entre la France et le reste de l'Europe à partir de 1792. Son véritable début date vraisemblablement de 1788. Les nombreuses intempéries ayant frappé Paris et le mauvais temps qui a saccagé les récoltes ont sûrement contribué à la mauvaise humeur du peuple. Le serment du Jeu de Paume constitue en lui-même une révolution puisqu'il ne tient pas compte de l'avis du roi. Les victoires militaires de la France révolutionnaire, puis de napoléonienne (1799-1815) ont pour conséquence la conquête ou la domination d'une grande partie de l'Europe par les Français, qui suppriment l'Ancien régime, confisquent les biens de l'Église, imposent l'usage du Code civil français et du système métrique.

L'opposition à la France ne se nourrit pas que de sentiments contre-révolutionnaires. Le nationalisme se développe chez les Allemands humiliés en 1806, ou chez les Espagnols qui mènent une longue guerre pour chasser les Français (1808-1813) : ce nationalisme sera à la base de l'histoire des relations internationales européennes jusqu'en 1945. Napoléon Ier réussit à limiter l'influence de l'Autriche en Allemagne en rayant de la carte le Saint-Empire romain germanique après neuf siècles d'existence. L'empereur des Français est finalement vaincu par toute l'Europe coalisée (1812-1815, la France perd quasiment toutes ses conquêtes et la nouvelle carte de l'Europe est établie par le traité de Vienne (1815). Voir aussi la chronologie comparative Europe 1745-1940.

La Révolution industrielle

C'est en Europe que se développe la Révolution industrielle, née vers 1780 au Royaume-Uni. Elle s'étend vers 1830 à la France, la Belgique et la Suède, vers 1850 à l'Allemagne et l'Autriche, vers 1880 à la Suisse et à l'Italie, vers 1900 à la Russie. L'Europe se couvre de mines de charbon, de hauts-fourneaux, de filatures, de voies ferrées, de lignes télégraphiques. En même temps se produit la Révolution agricole qui permet de nourrir une population en augmentation rapide (la population européenne double pendant le XIXe siècle, sauf en France). L'exode rural alimente un forte croissance urbaine. La classe ouvrière se développe, pendant longtemps misérable et exploitée, et les idées socialistes apparaissent. Néanmoins la condition ouvrière s'améliore très lentement, avec les progrès du syndicalisme. Les progrès de l'hygiène se font également sentir : ils permettent d'éradiquer la peste (dès 1720) puis le choléra (vers 1900) en Europe. La tuberculose continue ses ravages jusqu'à la fin des années 1940, vaincue par l'usage de la pénicilline.

L'éveil des nationalités et l'émancipation des peuples

Article détaillé : Relations européennes (1871-1914).

Le XIXe siècle, de 1815 à 1914 est un long siècle sans guerre mettant en jeu toutes les puissances européennes : les conflits sont localisés. 1815 voit le triomphe de la réaction, conduite par la Russie, la Prusse et surtout l'Autriche de Metternich, qui forment la Sainte-Alliance. Néanmoins la monarchie absolue n'est pas rétablie partout : la monarchie constitutionnelle subsiste en Europe de l'ouest, en Scandinavie et dans les Principautés danubiennes. La Sainte-Alliance écrase les mouvements libéraux de 1820 et 1821 à Naples, en Allemagne, en Espagne, en Moldavie et Valachie, mais le soulèvement des Grecs aboutit à leur indépendance vis à vis de l'Empire ottoman en 1829. À la suite de la vague révolutionnaire de 1830, les Belges obtiennent à leur tour leur indépendance, mais les révolutions polonaise et italienne sont écrasés par les Russes et les Autrichiens. Le « Printemps des Peuples » de 1848 voit les mouvements libéraux et nationaux soulever les Allemands, les Italiens, les Hongrois et les Roumains mais dès l'année suivante les armées autrichiennes et russes rétablissent l'ordre ancien. L'intervention française de 1859 contre l'Autriche permet de démarrer l'unité italienne autour du roi du Piémont, en grande partie achevée en 1870. En 1859 également, l'union de la Moldavie et de la Valachie crée la Roumanie. L'unité allemande est réalisée par la Prusse par la guerre : ses victoires contre l'Autriche à Sadowa (1866) et contre la France (1871) lui permettent de fonder l'Empire allemand. La défaite de Sadowa permet à la Hongrie de bénéficier d'un régime de faveur dans cette « prison de peuples » qu'est l'Autriche-Hongrie, née du compromis de 1867.

« Homme malade de l'Europe », à la suite de défaites, l'Empire ottoman perd peu à peu ses possessions en Europe du Sud-Est. Le soulèvement serbe de 1804-1813 est le premier véritable soulèvement national contre l'occupation turc dans les Balkans, ils préfigurent l'ère des nationalités (idées typique de la révolution française de 1789) dans les Balkans qui poussera les Grecs et les Bulgares à suivre l'exemple serbe. À l'époque cela était perçu comme un mouvement de libération des populations chrétiens et cela dans un esprit romantique[6], on verra Lamartine et Victor Hugo soutenir les Serbes contre les Turcs, Hugo écrira même un discours d'unité européenne demandant la création des États-unis d'Europe pour sauver les Serbes encore sous occupation turcs qui subissent des massacres de masse[7]. Ce discours est aujourd’hui considéré comme l’un des actes fondateurs de l’idée européenne[8].

Dès 1912, à la suite de la première guerre balkanique, l'Empire ottoman ne conserve que les alentours d'Istanbul en Europe. Les quatre États balkaniques ne peuvent pas faire coïncider leurs frontières avec l'extension de leurs nations, car celles-ci se mélangent sur de vastes territoires. De plus ils sont instrumentalisés par les jeux d'influence des grandes puissances. Il en découle la deuxième guerre balkanique qui règle la question, tout en laissant des frustrations qui s'ajoutent à celles des peuples de l'Autriche-Hongrie. La Russie soutient les Slaves du Sud, que la Serbie souhaite réunir dans un même État. L'Autriche-Hongrie qui est bloquée dans ses ambitions territoriales ne peut que s'étendre vers le Sud : elle occupe la Bosnie-Herzégovine (1878), finit par l'annexer (1908), et soutient les Albanais et la Bulgarie, qui revendique la Macédoine à la Serbie.

La seconde expansion coloniale

Après l'indépendance des États-Unis en 1776 et des colonies espagnoles et portugaises d'Amérique vers 1820, les Européens n'avaient plus beaucoup de colonies à part les Britanniques qui contrôlent une grande partie des Indes, le Canada, l'Australie et l'Afrique du Sud et les Hollandais qui possèdent les Indes néerlandaises. La France se lance dans la conquête de l'Algérie en 1830, ce qui relance la conquête coloniale.

Ainsi, la fin du XIXe siècle voit l'impérialisme européen se lancer dans l'établissement d'un second empire colonial, en Afrique, en Asie et en Océanie. En 1885, lors de la Conférence de Berlin sur la colonisation, « pour le bien être moral et matériel des populations indigènes » (sic), des règles sont mises en place par les métropoles. Comme toute nouvelle conquête doit être soumise à l’approbation des autres puissances, la compétition est lancée et la colonisation s’accélère : c'est la « course au clocher » qui provoque des frictions entre les puissances européennes : Fachoda (1898) entre la France et le Royaume-Uni, Tanger (1905) et Agadir (1911) entre la France et l'Allemagne.

En 1914, l'Europe à son apogée domine alors le monde et les territoires cumulés que contrôlent les pays européens (y compris la Russie en Sibérie) correspondent à 66 % de l’espace mondial et 60 % de la population mondiale. Lénine écrira que l'impérialisme est le « stade suprême du capitalisme », ce qui fait que les Partis communistes européens se rangeront dans la lutte anticoloniale au moins avant la Seconde Guerre mondiale.

Après la Première Guerre mondiale alors que les mouvements d'indépendance tentent de se faire reconnaître, la France, le Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, la Belgique et le Japon se partagent les colonies allemandes et les territoires arabes de l'Empire ottoman. Seule l'Égypte parvient à une certaine indépendance en 1922. La crise de 1929 entraîne un repli des Européens sur leurs Empires coloniaux par le système de la « préférence impériale ». Les mouvements d'indépendance sont de plus en plus pressants, notamment aux Indes et au Maghreb.

Les guerres mondiales

Le nationalisme et l'impérialisme des grandes puissances européennes les poussent à une course aux armements et à la constitution de deux grandes alliances militaires opposées, la Triple-Alliance et la Triple-Entente. Si le désir de revanche de la France, désireuse de récupérer l'Alsace-Lorraine annexée par l'Allemagne en 1871, est puissant, c'est une autre question nationale qui déclenche le conflit. À la suite de l'attentat de Sarajevo (28 juin 1914), l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, mais la guerre s'étend à presque toute l'Europe par le jeu des alliances. Ce conflit qu'opinions et média imaginaient court (mais que le complexe militaro-industriel a rendu très long) est une effroyable boucherie qui dure plus de quatre ans, car la Première Guerre mondiale est une guerre de position, une guerre des tranchées, qui a provoqué la mort de 9 millions de soldats et profondément traumatisé toute une génération. C'est l'intervention des États-Unis qui permet à l'Entente de finalement vaincre l'Allemagne et ses alliés (les Empires centraux) en 1918, l'Italie ayant entre temps changé de camp.

Outre les dégâts humains et matériels qu'elle a provoqués, la « Grande Guerre » a radicalisé certains mouvements politiques de droite comme de gauche, et bouleversé l'Europe :

  • la carte de l'Europe a été fortement modifiée par les traités de paix qui ont suivi le conflit (traité de Versailles, 1919) : l'Allemagne et la Russie ont perdu des territoires, l'empire austro-hongrois disparaît, et beaucoup de peuples accèdent à l'indépendance (suivant plus ou moins le principe des nationalités et les 14 points du président Woodrow Wilson), avec la formation de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, de la Yougoslavie, des états baltes, de la Finlande;
  • autre conséquence majeure de la guerre, en Russie la Révolution russe (Février 1917) voit pour la première fois un régime communiste s'installer durablement au pouvoir (à partir d'Octobre 1917);
  • la prise du pouvoir par les fascistes en Italie (1922) est une réaction à la vague révolutionnaire qui a touché l'Europe au lendemain de la guerre.

Si la démocratie progresse avec la disparition des monarchies autoritaires vaincues en 1918, cela n'est pas le cas partout (une dictature basée sur un système concentrationnaire se met en place en Russie) et cela ne dure pas. Pendant l'entre-deux-guerres, des régimes autoritaires (dictatures conservatrices), se mettent en place dans presque toute l'Europe centrale et orientale (sauf en Roumanie et Tchécoslovaquie, qui succomberont respectivement en février 1938 et en mars 1939). La xénophobie et l'antisémitisme montent, finissant par être traduits en lois discriminatoires. Le choc créé par la crise économique mondiale des années trente, qui apporte misère et insécurité avec un chômage massif, renforce cette tendance. Après une longue guerre civile (1936-1939), Franco établit sa dictature en Espagne. En 1933, Hitler arrive au pouvoir en Allemagne, y établit le Troisième Reich, et met également en place un système concentrationnaire.

Le nazisme est la cause directe de la Seconde Guerre mondiale : Hitler veut effacer le « diktat » de Versailles et conquérir un « espace vital ». Il réalise d'abord une série de coups de force, qui agrandissent l'Allemagne sans qu'elle ait à combattre (annexion de l'Autriche en 1938 et de la partie occidentale de la Tchécoslovaquie en 1938 et1939), du territoire de Memel aussi en 1939, en l'absence de réaction des démocraties occidentales. Puis le 1erseptembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne et le 3 septembre la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne. L'armée allemande remporte d'abord une série de victoires fulgurantes, grâce à la « guerre-éclair » Blitzkrieg : conquête de la Pologne (1939), du Danemark et de la Norvège (avril 1940), des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Belgique et de la France (mai-juin 1940), de la Yougoslavie et de la Grèce (avril 1941), d'une partie de l'URSS (1941-1942). Toute l'Europe occupée par les nazis vit sous la terreur : les allemands réquisitionnent récoltes et productions industrielles et font subir à la population civile des représailles terribles, surtout à l'est où la convention de Genève n'est pas appliquée. Des millions se personnes sont déportées dans les camps de concentration. Les nazis mettent en oeuvre une politique d'extermination des « races » que leur doctrine considère comme « inférieures et nuisibles » : slaves (4.200.000 Polonais, 1.280.000 Serbes, 7.500.000 Biélorusses, Russes et Ukrainiens)[9], Roms (entre 50.000 et 220.000)[10] et Juifs (à partir de 1942, les nazis mettent en œuvre le seul génocide industrialisé de l'histoire: la « solution finale » qui fera près de 6.000.000 de victimes). Mais finalement l'Allemagne nazie est vaincue, grâce à la résistance du Royaume-Uni, et à l'entrée en guerre de l'URSS (attaquée par Hitler le 22 juin 1941) et des États-Unis (attaqués par les japonais le 7 décembre 1941) auxquels Hitler et Mussolini ont déclaré la guerre immédiatement après Pearl Harbor. La marche vers la victoire des alliés est marquée par le triomphe soviétique de Stalingrad (février 1943) et Koursk (juillet 1943), et les débarquements anglo-américains en Afrique du Nord (Novembre 1942), Italie (1943) et en France (1944). L'Allemagne capitule le 8 mai 1945, mais la guerre a causé la mort de millions de personnes (une cinquantaine de millions au total), dont beaucoup de civils, à cause de l'étendue des zones des combats, des bombardements aériens et des déportations.

Guerre froide et construction européenne

La grande conséquence politique du second conflit mondial est la partition de l'Europe par le « rideau de fer » : dans toute l'Europe de l'Est occupée par l'Armée rouge les communistes imposent leur dictature (appelée « démocratie populaire »). Symbole de cette division, l'Allemagne elle-même est coupée en deux (naissance de la RFA et de la RDA en 1949). Les démocraties pluralistes occidentales s'allient aux États-Unis (OTAN, 1949), face à la menace soviétique (Pacte de Varsovie, 1955). Mais paradoxalement, si l'Europe a vécu dans la peur d'un troisième conflit mondial, sous la menace des fusées à tête nucléaire, l'« équilibre de la terreur » entre les deux blocs a duré pendant presqu'un demi-siècle de stabilité, avant l'effondrement des régimes communistes en Europe de l'Est en 1989-1991.

La Seconde Guerre mondiale a ruiné l'Europe, qui a subi des destructions considérables. Mais rapidement l'Europe de l'Ouest se reconstruit grâce à son potentiel industriel et à l'aide économique américaine (plan Marshall, 1947) et connaît durant les « Trente Glorieuses » un essor économique marqué par la hausse du niveau de vie et l'entrée des classes moyennes dans la « société de consommation ». Mais ces trois décennies de prospérité et de social-démocratie, durant lesquelles les acquis sociaux furent nombreux, ne concernèrent ni l'Europe du sud (Italie exceptée), ni surtout celle de l'Est : la première n'accède à la croissance du niveau de vie et à la démocratie qu'à partir de 1970, le seconde qu'à partir de 1990.

L'Europe a beaucoup perdu de son prestige auprès des peuples colonisés (qui ont participé au côté des britanniques et des français aux deux guerres mondiales) : la décolonisation, fortement soutenue par les États-Unis et l'URSS, a lieu principalement entre 1945 et 1965.

À l'Ouest, l'Union européenne commence à se construire par l'union économique de six états : création de la CECA en 1951 et surtout création de la CEE par le traité de Rome en 1957.

L'Europe d'aujourd'hui

Blason Union européenne.svg

Après l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle (1958), l'entente franco-allemande se manifesta lors de rencontres entre le chancelier Konrad Adenauer et le président Charles de Gaulle (juillet 1962). Le 8 juillet 1962, François Marty, archevêque de Reims, célébra une messe de réconciliation dans la cathédrale de Reims, qui avait été mutilée pendant la Première Guerre mondiale.

Depuis cette réconcilation franco-allemande, l'Europe s'est construite autour de l'amitié entre les deux peuples : par la CECA (1950) d'abord, avec pour objectif de créer des solidarités de fait. Puis par l'intégration économique (CEE, 1957) suite à l'échec de l'intégration politique (CED, 1954). La CEE s'élargit par adhésions successives en 1973, 1981, 1986 et 1995.

Le mur (de Berlin) tombe en 1989, l'Europe se réunifie. L'Allemagne se réunifie le 3 octobre 1990. La démocratie s'étend à l'est, touchant jusqu'à l'Ukraine où elle s'enracine en 2004.

La Yougoslavie se fragmente dans la violence à partir de 1991 : les guerres marquées par l'épuration ethnique voient s'affronter pour leur indépendance et/ou leur unité les peuples qui la composaient, instrumentalisés par des politiciens ex-communistes devenus nationalistes (tels Slobodan Milosevic), et parfois par les intérêts divergents des pays occidentaux et de la Russie. La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo sont les plus lourdement touchés.

En 1992, le traité de Maastricht crée l'Union européenne, institue la citoyenneté européenne et décide de l'introduction d'une monnaie unique dans la plupart des États à l'horizon du changement de millénaire, après une longue politique de convergence (serpent monétaire européen (SME)).

L'Union s'élargit en 1995 (Autriche, Suède, Finlande), puis une nouvelle fois en 2004 et 2007 dans une grande vague d'élargissement qui double quasiment le nombre d'États membres. La Turquie entame également en 2004 les négociations d'entrée dans l'Union européenne, gelées en décembre 2006.

Parallèlement, le processus de réforme de l'Union, qui visait à simplifier son fonctionnement et à l'orienter vers un mode de gouvernance plus démocratique se heurte à la méfiance des citoyens quant à l'orientation des décisions européennes, jugées soit trop politiques (souverainisme au Royaume-Uni, en République tchèque, au Danemark ; attachement au libéralisme et à la neutralité militaire en Irlande) soit pas assez (demande d'Europe sociale en France) : le projet de constitution européenne est rejeté en 2005 par référendum en France puis aux Pays-Bas, et le traité de Lisbonne, pourtant moins ambitieux, est bloqué par un pays, la République Tchèque.

En ce début de millénaire, les souverainismes locaux reprennent de l'ampleur et conduisent à des tensions dans les États les plus fragiles : en Serbie, le Monténégro se détache en 2006 et le Kosovo déclare son indépendance en 2008 ; en Belgique les partis politiques flamands se radicalisent et les élections de 2007 provoquent une crise politique grave ; en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni les partis régionalistes (Pays basque, Catalogne, Padanie, Écosse) obtiennent des scores importants aux élections et des concessions de la part du pouvoir central.

Galerie de cartes

[11]

Notes et références

  1. Marija Gimbutas, Le langage de la déesse, éd. Des femmes, Paris, ISBN : 2721005200, et Selma Sevenhuijsen (Univ. Leyden, Pays-Bas)[www.labyrintwerk.nl/]
  2. Introduzione alla protostoria (1994) et [www.unige.ch/lettres/archeo/introduction_seminaire/protohistoire/protohistoireitalique.html - 1k]
  3. Colin Renfrew, L’Énigme indo-européenne, Flammarion, 1990
  4. Jérôme Gaillardet et al., Les climats passés de la terre, Vuibert, 2007, ISBN 978-2-7117-5394-9
  5. 1641: Fondation d'Okhotsk.
  6. Alexis Troude, "Géopolitique de la Serbie", éditions Ellipses (ISBN 2-7298-2749-8) page 32
  7. (fr)[pdf] Victor Hugo, Pour la Serbie, 1876 sur http://www.franceurope.org, La France et l’Europe. Consulté le 29 avril 2008 - Texte du discours de Victor Hugo
  8. (fr) Le visionnaire européen sur http://www.senat.fr, Site officiel du Sénat français. Consulté le 29 avril 2008
  9. Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte, 1985, ISBN 3-14-100919-8, page 161
  10. Denis Peschanski, La France des camps, l'internement 1938-46, Gallimard, 2002, p. 379
  11. La galerie de cartes est une synthèse du "Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte", 1985, ISBN 3-14-100919-8, du "DTV Atlas zur Weltgeschichte", 1987 traduit chez Perrin, ISBN 2-7242-3596-7, du "Putzger historischer Weltatlas Cornelsen" 1990, ISBN 3-464-00176-8, de l'"Atlas historique Georges Duby" chez Larousse 1987, ISBN 2-03-503009-9, de la série des "Atlas des Peuples" d'André et Jean Sellier à La Découverte : "Europe occidentale" : 1995, ISBN 2-7071-2505-9, "Europe centrale" : 1992, ISBN 2-7071-2032-4, "Orient" : 1993, ISBN 2-7071-2222-X, avec des détails pris dans le Történelmi atlasz de l'Académie hongroise, 1991, ISBN 963-351-422-3 CM et dans l'Atlas istorico-geografic de l'Académie roumaine, 1995, ISBN 973-27-0500-0.

Voir aussi

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Articles connexes

Histoire par États et nations d'aujourd'hui

  1. l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie sont des pays associés à l'Europe, mais existent aussi dans la portion continentale asiatique du Caucase
  2. le Groenland est politiquement européen (car faisant partie du Danemark), il est peuplé essentiellement par les Inuits. D'un point de vue géographique, il peut être classé en Amérique du Nord. Le Groenland ne fait plus partie de la CEE depuis 1982.
  3. L'Islande est européenne, des géographes la considèrent isolée par la jonction de la crête subatlantique entre les plateaux continentaux américain et européen. L'Islande est membre de l'AELE et de l'EEE, mais pas de l'UE.
  4. L'ouest de la Russie se situe en Europe, mais la plupart de ses terres sont en Asie (voir Sibérie)
  5. La Turquie est à cheval entre l'Asie et l'Europe. La Turquie est en négociations pour l'adhésion à l'UE.

Institutions européennes actuelles

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Histoire des institutions européennes

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