Histoire de l'union nationale des étudiants de france

Histoire de l'union nationale des étudiants de france

Histoire de l'Union nationale des étudiants de France

L'histoire de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) se confond avec celles des autres organisations étudiantes, qui en dehors de l'Union nationale inter-universitaire (UNI) (qui ne se définit pas elle-même comme un syndicat étudiant), et de la CNT, en sont toutes issues, à l'époque de la « grande UNEF » (voir histoire du mouvement étudiant).

Sommaire

1907-1945 : période apolitique et asyndicale

1907-1940 : Les débuts du mouvement étudiant

L'UNEF est constituée le 4 mai 1907 lors d'un rassemblement des Association générale des étudiants à Lille, afin de constituer une structure nationale qui prend le nom d'Union nationale des associations générales d'étudiants de France (UNAGEF). Les premières associations locales recensées sont Nancy (1877), Lille (1881), Paris (1884) et Montpellier (1889). Sont présentes en 1907 les AGE de Lille, Dijon, Lyon et Bordeaux. Paris rejoindra l'UNEF en 1909. La structure est associative (loi de 1901), car les étudiants ne peuvent juridiquement utiliser le droit syndical (loi de 1884), réservé aux salariés.

Le premier bureau (1907) est constitué ainsi :

Poste Nom Ville
Président Debruelle Lille
Vice-président Salsedo Bordeaux
Vice-président Chaumont Dijon
Secrétaire Gosselin Caen
Trésorier Lorentz Nancy

Cette structuration nationale découle d'une volonté des étudiants d'être représentés dans les organes de décision locaux et nationaux, ainsi que de rechercher une plus grande indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques locaux (Mairie, Départements, Rectorat).

Dès ses débuts, elle veut exprimer la voix des étudiants, sans la médiation des recteurs, doyens et directeurs d'école. Mais il faut attendre le lendemain de la Première Guerre mondiale, et le retour sur les bancs de l'Université des anciens combattants pour qu'elle se lance dans la mise en place d'actions concrètes de solidarité. Elle défend les intérêts des étudiants, et incite la création des structures de médecine préventive au sein des universités, ou encore des restaurants universitaires (RU).

Son dynamisme lui vaut la reconnaissance de la part du président Gaston Doumergue, qui la déclare d'utilité publique par décret du 16 mai 1929.

En 1933, elle ouvre le Sanatorium des étudiants de France à Saint-Hilaire-du-Touvet afin de prendre en charge les étudiants malade de la tuberculose qui fait des ravages à cette époque.

En 1936, elle participe à la création du Comité supérieur des œuvres en faveur des étudiants, ancêtre du CNOUS et des CROUS. Désormais, elle représente officiellement les étudiants au sein d'une instance nationale.

1940-1945 : l'UNEF pendant l'occupation

En avril 1941, lors d'une réunion à Tain-l'Hermitage, des représentants d'AGE de la Zone libre et d'Alger adressent un message de soutien au Maréchal Pétain et à sa politique et adoptent parmi d'autres, un vœu en faveur d'un numerus clausus pour les étudiants juifs, mais aussi un vœu de soutien envers les étudiants réfugiés et déplacés[1].

1946-1971 : Syndicalisation et politisation progressive

1946-1950 : le tournant syndical, la Charte de Grenoble

A la suite de la Seconde Guerre mondiale, le débat sur l'apolitisme refait surface. En effet, certaines AGE n'avaient pas pris position contre l'occupation et contre le gouvernement de Pétain au nom de cet apolitisme de l'UNEF, à l'opposé, d'autres AGE, comme celle de Lyon ont été très active dans les réseaux de résistance. Le congrès de Grenoble donne alors lieu a une réflexion sur l'avenir de la structure et sur ses valeurs. Il en ressort la rédaction d'une charte — appelée Charte de Grenoble — signée le 24 avril 1946. Elle se base sur le contexte mondial de l'époque pour y faire figurer ses idées. La clé de voûte de la charte tient dans l'article 1 : « L'étudiant est un jeune travailleur intellectuel ». Cela lui apporte un certain nombre de droits, mais aussi de devoirs : le droit au travail, le devoir de s'intégrer à la société, celui d'acquérir les connaissances requises pour son avenir professionnel, la défense de la liberté, le droit à une sécurité sociale étudiante, etc. Cette charte marque le début de l'UNEF en tant que syndicat étudiant, elle reste à ce jour la base des revendications de l'UNEF.

En juin 1947, le syndicat se fait entendre dans la rue suite à l'annonce par le gouvernement de la baisse des bourses et de la hausse des droits universitaires.

La MNEF (Mutuelle nationale des étudiants de France) est créée en 1948 pour gérer le régime étudiant de sécurité sociale qui vient d'être obtenue grâce au travail de pression de l'UNEF. Elle marque l'entrée des étudiants dans le système de la sécurité sociale, ce que revendique la charte de Grenoble. La mutuelle est gérée par les étudiants, et notamment ceux appartenant à l'UNEF.

Cette période d'après-guerre est celle de la reconnaissance pour l'UNEF : hébergée dans les locaux du Comité parisien des œuvres, elle entretient de bonnes relations avec les dirigeants de l'État et des universités.

1950-1970 : les premières scissions

Dans les années 1950, des luttes internes ont lieu entre différents groupes d'idées. La guerre d'Algérie ne fait qu'envenimer ces luttes, même si l'UNEF ne souhaite pas prendre position en sa faveur ou en sa défaveur, car elle est présente — dans les milieux étudiants — à la fois en France métropolitaine et en Algérie. Les « majos », à tendance corporatiste (alors que les « minos » sont politiquement plus à gauche et font prendre à l'UNEF des positions antiguerre dès 1956, avec entre autres la question du service militaire des étudiants), considèrent malgré tout que l'Algérie est et doit rester française. Jean-Marie Le Pen, ancien membre de l'UNEF et président d'honneur de la Corpo Droit[2],[3], est de ceux-là. Certains dissidents créent le Mouvement des étudiants de France, qui ne dure pas, mais cette évolution marque le début de la création de contre-pouvoirs.

Face à ces remous, le gouvernement menace de supprimer le Centre national des œuvres et oblige le syndicat à signer une charte d'apolitisme pour mettre fin aux luttes internes, qui affaiblissent l'UNEF. Malgré cette perte d'indépendance face au pouvoir, un groupe d'étudiants décide de créer, en 1962, la Fédération nationale des étudiants de France (FNEF), qui obtient sans attendre une place auprès du gouvernement dont elle est plus proche des idées.

À la veille des évènements de Mai 68, l'UNEF est discréditée auprès des étudiants et le gouvernement ne subventionne désormais que presque exclusivement la FNEF, qu'il cherche à favoriser. À Strasbourg, à Nantes ou à Nanterre — sous le sigle : Tendance syndicale révolutionnaire fédéraliste[4], des alliances situationnistes et anarchistes prennent le contrôle des assemblées générales d'étudiants. Trotskistes, membres du PSU et autres groupuscules s'affrontent pour le contrôle de l'UNEF. Lorsqu'éclatent les grèves étudiantes de Mai 68, l'UNEF n'a plus de président et est dirigée par son vice-président Jacques Sauvageot qui l'engage dans les grèves. Après les grèves de 1968, l'UNEF aurait besoin d'un renouveau.

1971-2001: les deux UNEF

1971-1980 : la scission de 1971

Après mai 68, dans un milieu étudiant agité par de multiples débats politiques, le syndicalisme étudiant est souvent négligé par les organisations et groupes militants de toutes natures au profit de l'intervention politique directe. Les étudiants proches du PSU deviennent minoritaires au sein de l'UNEF. Ils font alliance avec les maoïstes de l'Humanité Rouge pour constituer un bureau de gestion politique sous la présidence de Jean-Pierre Chassine. Les deux autres tendances sont celles animées par l'AJS (Association de la jeunesse révolutionnaire, trotskistes-lambertistes) et celle animée par l'Union des étudiants communistes (UEC) qui s'appelle UNEF-Renouveau et comprend des étudiants de la Convention des institutions républicaines (CIR, mitterrandiste), mais aussi radicaux et catholiques. Le 10 janvier, le bureau provisoire démissionne, et les ESU (Étudiants socialistes unifiés) quittent l'UNEF. Les deux autres tendances se déchirent alors. Une délégation permanente paritaire se met en place, et la Commission de contrôle de l'UNEF présidée par Michel Sérac (US) se charge de préparer le Congrès. Au vu de l'état de division de l'UNEF, les étudiants socialistes (SFIO) fondent la tendance « Unité, indépendance, démocratie » et décident de se retirer du processus.

La participation aux élections (mise en place suite à Mai 68) des facultés et donc à leur gestion, fait débat au sein de l'UNEF. Les militants étudiants communistes de la tendance « Renouveau » décident de maintenir leur participation aux élections étudiantes. Ce clivage entre partisans et adversaires de la participation sera le principal motif officiel de la scission de l'UNEF, largement désertée par les étudiants. L'autre question qui va déclencher les hostilités est l'envoi des cartes aux sections locales de l'UNEF, devenus des comités d'action syndicale. L'UNEF-Renouveau estime être spoliée et dénonce un congrès truqué. Elle réunit alors l'ensemble des membres de l'UNEF-Renouveau pour appeler au Congrès de Paris.

Deux congrès sont donc organisés simultanément en 1971. L'un se déroule à Dijon, et rassemble les partisans de l'UNEF-Unité syndicale (soutenus notamment par la CFDT, Force ouvrière et l'Organisation communiste internationaliste). Pour ce groupe, Il s'agit de refuser toute forme de participation au système, tout en préservant l'indépendance de l'organisation vis-à-vis des partis politiques. Ce Congrès ne rassemble que des étudiants de l'AJS, branche jeunesse de l'OCI, Michel Sérac devient président de l'UNEF-US.

Le deuxième congrès se déroule à Paris, autour de l'UNEF-Renouveau et soutenu par la CGT, le SNESup et le Parti communiste, ce congrès rassemblent principalement des étudiants communistes, mitterrandistes et chevènementistes. Il veut limiter l'UNEF à une simple démarche syndicale orientée vers les étudiants, en laissant la perspective de la transformation sociale aux partis politiques, essentiellement communiste. Guy Konopnicki devient président de l'UNEF-Renouveau.

Désormais, deux UNEF existent simultanément. Les deux revendiquent une action syndicale et n'hésite pas à prendre position sur des questions politques, par exemple, contre la guerre du Viêt Nam.

En 1978, le Comité pour l'organisation du syndicat des étudiants de France (COSEF) d’inspiration socialiste rejoint l’UNEF-US. Les nouveaux venus s’organisent alors dans la Tendance reconstruction syndicale.

En 1979, l'UNEF-US prend la direction de la MNEF alors aux mains des étudiants du CERES, lesquels militaient au sein de l'UNEF dite "Renouveau", proche des communistes. A cette occasion, on parle d'un Yalta étudiant car les socialistes qui avaient rallié l’UNEF-US en1978 obtiennent la direction de la mutuelle laissant aux lambertistes la direction du syndicat (UNEF-US puis UNEF-ID). La création de l’UNEF-ID l’année suivante ne fera qu’accentuer la domination de la nouvelle direction (80% des délégués contre 19% pour l'UNEF-Renouveau au congrès de Strasbourg de 1982).

1980-1984 : le retour au syndicalisme et la création de l'UNEF-ID

En mai 1980, est créée l'UNEF-ID (Indépendante et démocratique), à l'initiative de plusieurs groupements étudiants, dont principalement l'UNEF-Unité Syndicale (animée par des militants étudiants trotskistes de l'OCI), le MAS (Mouvement d'Action Syndical) lors du congrès de Nanterre. Son premier Président est Jean-Christophe Cambadélis membre de l'OCI.Ce congrès dote le nouveau syndicat d’un document de référence appelé Charte de Paris. Inspirée de la Charte de Grenoble de 1946, la nouvelle charte définit les axes de travail prioritaires : la lutte en faveur de l'aide sociale étudiante et contre la sélection à l'université.

L'un des premiers grands combats de l'UNEF-ID est l'obtention de l'abrogation de la loi Faure par la nouvelle majorité parlementaire issue des élections de 1981, loi qui sera remplacée par la loi Savary en 1984.

L'abrogation de la Loi Faure sera invoquée pour justifier la participation de la nouvelle UNEF-ID aux élections étudiantes et aux différents conseils dans les établissements universitaires, ce qu'elle refusait depuis 68.

En 1980, au congrès de Reims, l'UNEF dite Renouveau adopte la ligne Solidarité étudiante. Elle sera désormais couramment appelée UNEF-Solidarité étudiante ou UNEF-SE.

1984-1994 : l'essor de l'UNEF-ID

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En 1986, le retour au pouvoir de la droite cause des remous parmi les trotskistes du PCI. Des dissidents emmenés par Jean-Christophe Cambadélis, décident de rejoindre le Parti Socialiste. C’est notamment le cas l'essentiel de l'équipe dirigeant l’UNEF-ID notamment son président Philippe Darriulat. La direction du syndicat est donc changée puisqu’elle comporte désormais une majorité d’étudiants proche du Parti Socialiste. Mais localement, certaines AGE, notamment Nantes, Tours, Metz, Besançon, etc. refusent le changement de cap.

L'UNEF-ID devient très vite le principal syndicat étudiant. Il montre sa force lors du mouvement contre le projet Devaquet. Celui-ci prévoyait d'accorder aux universités la possibilité de sélectionner leurs étudiants, un allègement du cadre national des diplômes et la possibilité de moduler le montant des droits d'inscription. La contestation, que tente d'encadrer l'UNEF-ID, démarre notamment à l'université Paris XIII de Villetaneuse, où s'illustre Isabelle Thomas et s'étend au reste de la France. Le mouvement entre en résonance avec les protestations de SOS Racisme contre le ministre de l'intérieur Charles Pasqua. Le 27 novembre, on comptait 600 000 manifestants. Lors de la répression brutale des manifestations du 5 décembre, Malik Oussekine, est tué par la police ; Alain Devaquet démissionne le lendemain et son projet est abandonné le 8 décembre. Le discrédit qui frappe alors le gouvernement ne sera pas sans rapport avec l'échec de Jacques Chirac à la présidentielle de 1988. Pour tenter de donner une suite au mouvement, l'UNEF-ID comme l'UNEF-SE participent aux États généraux de l'enseignement supérieur qui se sont tenus en mars 1987 à Saint-Denis.

Au début des années 1990, l'UNEF-ID commence à être concurrencée, électoralement parlant, par des regroupements des associations étudiantes, principalement la FAGE puis PDE à partir de 1994. En outre, cette période correspond une politisation de plus en plus forte de l'UNEF-ID. En effet, le passage de la majorité de l'UNEF-ID au PS, courant jospiniste, entraîne une politisation de plus en plus importante du syndicat. Les militants désormais majoritairement socialistes calquent de plus en plus leurs alliances et mésententes sur ce qui se passe au Parti socialiste. Cela a un effet désastreux pour le syndicat tant en termes d'image, car il est désormais considéré comme une officine socialiste, qu'en termes de fonctionnement, car les controverses importées perturbent les débats internes. On assiste alors à une véritable cartellisation du syndicat avec un nombre toujours plus important de tendances et sensibilités parfois directement importées du PS.

Mais le débat ne se limite pas à cela. Il se pose aussi en termes d’actualité. En 1990 - 1991, c’est la Guerre du Golfe qui divise les campus. En effet, si l'UNEF-SE et quelques membres de l'aile gauche de l'UNEF-ID se prononcent clairement contre la guerre, la majorité de l'UNEF-ID adopte une position plus ambiguë. Ce syndicat étudiant défend alors une ligne "ni Bush ni Saddam".

Du point de vue pédagogique, c’est la réforme proposée en février 1992 par le ministre de l'Education national, Lionel Jospin qui domine les débats. Celle-ci prévoit notamment de concentrer les DEUG. On doit passer d'une quarantaine de diplômes correspondant à des matières spécifique à onze DEUG multidisciplinaires. Ces derniers seraient composés de modules capitalisables, c'est-à-dire dont on pourrait conserver le bénéfice d'une note supérieur à la moyenne en cas de redoublement. Il est également envisagé de définir un nombre minimum d'étudiants par filière (100 en DEUG, 40 en licence et 30 en maîtrise) ainsi que de limiter à un seul le redoublement en licence et maîtrise. L'UNEF-SE s'oppose immédiatement à cette réforme et participe à un mouvement largement dominé par des indépendants. De son coté, l'UNEF-ID semble plus hésitante. L'aile gauche appelle à la grève tandis que les autres prônent la prudence mettant en avant les aspects positifs de la proposition de loi (DEUG multidisciplinaire et capitalisation). Fin mars, face à un mouvement qui dure et qui se radicalise, la direction de l'UNEF-ID prend l'initiative de créer une deuxième coordination dite "Coordination unitaire de province". Cette dernière appelle à des négociations sur les points contestables de la réforme, alors que le première (dirigée notamment par l'UNEF-SE et des indépendants) demande le retrait pur et simple du texte. Début avril, le gouvernement change et Jack Lang, nouveau ministre de l'Education nationale, annonce la "suspension" du texte.

En interne à l'UNEF-ID, la crise enfle. Les divisions sur le mouvement viennent s'ajouter à la problématique de l'indépendance politique et le recul électoral. Début 1993, l'aile gauche de la majorité, mené par la secrétaire général Emmanuelle Paradis et le trésorier David Rousset fait sécession et créée la Tendance indépendance et action. Cette nouvelle tendance parvient à cristalliser autour d'elle toutes les oppositions à la majorité. Aussi, le congrès de Clermont-Ferrand s'avère difficile, majorité et oppositions sont au coude à coude. Un accord de gestion permet d'éviter la scission. Mais ce congrès, difficile et tendu, ne règle pas le contentieux sur le fond. Il annonce une année d’affrontement interne débouchant sur le renversement de la majorité au congrès de 1994.

1994-1995 : le tournant

En 1994, les deux UNEF luttent ensemble contre le Contrat d'insertion professionnelle, dit "SMIC jeune" proposé par le gouvernement d'Édouard Balladur. Faut-il voir dans ce combat commun la première pierre dans la réunification de l'UNEF? Quoi qu'il en soit, ce mouvement permet à l'UNEF-ID de respirer et de masquer, grâce à cette victoire, pour un temps ses divisions internes dans ce combat unitaire.

Cependant, en interne, la crise continue à l'UNEF-ID jusqu’au congrès de Paris tenu en décembre 1994. Lors de cette réunion, la Tendance indépendance et démocratie (TID), qui fédère la majorité des forces d’oppositions, alliée à la Tendance reconstruire, rocardienne, renverse la majorité incarnée dans la Tendance pour une confédération de la jeunesse scolarisée, réputée proche de Jean-Christophe Cambadélis. Pouria Amirshahi, dirigeant de la TID, est élu président du syndicat étudiant. La nouvelle équipe de direction, à laquelle il appartient, est alors dominée par des proches de la Gauche socialiste.


Rapidement, l'UNEF-ID reprend sa progression face à la FAGE et à PDE, alors que l'UNEF-Solidarité étudiante se délite. Dans sa réorganisation, elle est aidée par le mouvement de grève réussi de 1995 pour des moyens supplémentaires à l'université, qui partit des campus de Rouen puis de Metz et s'étend vite à l'ensemble du pays. Le mouvement étudiant sera rejoint peu après par le mouvement des salariés contre la réforme de la Sécurité Sociale d'Alain Juppé. En 1996, l'UNEF-ID retrouve son leadership dans le monde étudiant qu'elle ne lâchera plus.

Cependant, de fortes tensions ont éclaté pendant le mouvement étudiant de 1995 entre la direction de l'UNEF-ID et la coordination nationale étudiante. Prenant parti pour la seconde, la direction de l'UNEF-ID de Montpellier-III est exclue et crée le Syndicat étudiant unitaire et laïque.

Un groupe à Lille organisa aussi localement l'Unef-id sur des bases maoistes et influencera ensuite différents mouvements.

De 2001 à nos jours : l'après réunification

2001-2005 : l'UNEF continue son développement

Le 24 juin 2001, une assemblée générale de « réunification du syndicalisme étudiant » se tient, et aboutit à la fusion de l'UNEF-ID et d'une partie de l'UNEF-SE, sous le nom UNEF. Cette nouvelle organisation reprend ainsi la dénomination antérieure à 1971. C'est l'aboutissement d'un processus commencé un an plus tôt avec la présentation d'une liste commune pour le CNESER. Quelques syndicats locaux de Sud Étudiant et les AGE de l'UNEF dite SE dirigées par des membres de la LCR avaient déjà rejoint l'UNEF-ID lors du congrès de Paris qui avait eu lieu début mai. Elles ont principalement renforcé la tendance trotskiste de l'UNEF-ID qui change alors son nom de Tendance Unité et Démocratie (TUD) en Tendance Tous Ensemble (TTE).

Après cette réunification, la nouvelle UNEF conserve la place de première organisation étudiante au sein du CNESER (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) et du CNOUS qu'avait l'UNEF-ID, sans progresser significativement lors des premières élections suivant la réunifaication. Il faudra attendre les deuxièmes élections, deux ans pls tard, pour voir atteint l'objectif de la réunification.

Une majorité des AGE de l'UNEF dite parfois SE ont cependant refusé de participer à ce processus. Dès juin 2000, l'UNEF Caen a fondé la Fédération syndicale étudiante, qui est ensuite rejointe par quelques autres (Dijon, Bordeaux et, pour un an seulement, Paris IV et Paris XII). L'UGEM-UNEF (Montpellier) finit quant à elle par rejoindre SUD Étudiant. Les autres disparaissent. La tentative des AGE d'Evry et de Lille de créer un réseau UNEF Résistance syndicale est un échec rapide.

En mars 2003 une des tendances de l'UNEF, la Tendance Syndicale quitte l'UNEF pour créer la Confédération Étudiante (). Ce divorce est mené par Julie Coudry, ancienne membre du bureau national de l'UNEF et Sébastien Couderc, ancien élu UNEF au CNESER. Ces derniers estimaient avoir constaté une "radicalisation" de l'UNEF depuis sa réunification. La Cé se créée avec l'aide financière et logistique de la CFDT.

L'UNEF continue cependant sa progression en 2004. Elle améliore son score et reste la première organisation étudiante avec 5 élus sur 8 au CNOUS et 5 sur 11 au CNESER, devant la FAGE, PDE, l'UNI, et les autres organisations sans élu national (FSE, SUD Étudiant, Confédération Étudiante, EMF...).

De nouvelles thèmatiques sont développées par l'UNEF. Fin 2004, l'UNEF commence à récréer des liens avec les organisations syndicales de salariés. Elle s'associe avec FO Jeunes, la CGT, la FSU, la CFTC et l'UNSA afin d'informer les étudiants salariés sur leurs droits. À l'image du partenariat réalisé entre la Confédération étudiante et la CFDT mi-2003, elle développe un guide à l'intention des étudiants effectuant des travaux saisonniers et développe plusieurs autres guides à cette occasion.

En 2005, l'UNEF participe au mouvement pour sauver la recherche en France (Analyses du projet de loi). Des états-généraux de l'enseignement supérieur ont aussi été organisé, ils ont débouché sur des propositions concrêtes de modifications de l'organisation de l'enseignement supérieur et de la recherche (Les 10 chantiers pour l'université de 3 millions d'étudiants)

L'UNEF s'engage contre l'adoption du Traité constitutionnel européen et appelle les étudiants à voter 'non' au referendum du 29 mai 2005. Le traité est finalement rejeté par 55 % des Français, mais néanmoins approuvé, selon un sondage, par la majorité des étudiants puisque 54 % d'entre-eux auraient voté 'oui'.

Du 1er au 4 décembre 2005 se tient le 79e Congrès de l'UNEF à Reims. Une tendance dispose alors d'une large majorité, ce qui stabilise l'organisation. Les résultats du vote des adhérents sont les suivants:

Bruno Julliard y est réélu président, secondé par Benjamin Vételé, vice-président, Anne Delbende, secrétaire générale et Caroline de Haas, trésorière. En sus de la mission de défense des droits des étudiants et en plein débat sur le 'voile', le congrès affirme l'engagement de l'UNEF pour la promotion et la défense de la laïcité à l'université. Le congrès sur le site de l'UNEF.

2006

Victoire contre le Contrat Première Embauche

Dès l'annonce du premier ministre Dominique de Villepin le 16 janvier 2006, l'UNEF se mobilise pour obtenir le retrait du projet de Contrat Première Embauche. Elle est à l'initiative de la première réunion de l'intersyndicale regroupant douze syndicats de salariés, d'étudiants et de lycéens.

Elle mène, avec d'autres syndicats étudiants, la mobilisation qui aboutit au retrait du CPE annoncé le 3 avril 2006 par Dominique de Villepin

En mars 2006, tandis que de nombreuses universités étaient bloquées ou perturbées par la mobilisation contre le CPE, le gouvernement choisi de maintenir les élections aux CROUS. L'UNEF affirme alors avoir été victime d'un chantage du ministre de l'éducation qui aurait demandé un arrêt de la mobilisation contre le CPE en échange du report des élections. L'UNEF choisit de donner la priorité au mouvement contre le CPE et appelle au boycott des élections aux Conseils d'administration des CROUS, que le ministre de l'éducation, Gilles de Robien choisi de maintenir. Ce maintien est critiqué par l'UNEF, arguant de la difficulté à organiser des élections alors que la majorité des universités sont fermées, bloquées, ou perturbées. Ainsi, les élections ont vu de nombreuses tentatives de fraude (des bourrages ou des vols d'urnes, comme à Montpellier, Nancy, Tours, Poitiers, Nanterre).


Victoire au CNESER 2006

Lors des élections des représentants étudiants au CNESER, dont le dépouillement a lieu le 13 juillet 2006, l'UNEF augmente son nombre de voix et atteint son meilleur score jamais obtenu.

Liste UNEF FAGE UNI PDE SUD Étudiant/FSE
Voix 805 429 240 237 147 68
% 42 % 22,3 % 12,5 % 12,3 % 7,6 % 3,5 %
Nombre d'élus 5 3 1 1 1 0

(1926 exprimés)


CNOUS 2006

Toutefois, lors des élections des représentants étudiants au CNOUS, dont le dépouillement a lieu le 30 mai 2006, l'UNEF, qui a maintenu ses candidats car leur retrait n'était plus possible, enregistre alors, logiquement, son plus mauvais résultat. Elle obtient tout de même 2 sièges sur 8 sans avoir mené campagne.

Liste UNEF FAGE UNI PDE
Voix 42 84 33 23
% 23,1 % 46,1 % 18,1 % 12,6 %
Nombre d'élus 2 4 1 1
Variation -3 +3 0 0

(182 exprimés)

2007

Les AGE de Clermont-Ferrand, Paris IV et Mulhouse font scission :

  • À Clermont-Ferrand, la plupart des militants et des élus étudiants recréent l'AGEC en dénonçant certaines pratiques au sein de l'UNEF Clermont ("refus de la charte d'Amiens, inactivité, sectarisme..."). Cette crise aurait été provoquée par l'influence au sein de la direction locale du secteur jeunes de la LCR et l'ingérence du Bureau national en soutien à sa direction locale officielle.
  • L'AGE de Paris IV, une des seules à avoir gardé la continuité juridique avec une ancienne AGE de l'UNEF dite parfois SE, redevient l'AGEPS (Association générale des étudiants de Paris-Sorbonne). Démunie, l'UNEF ne peut présenter de candidats aux élections étudiantes du 13 mars 2007, ce qui n'était jamais arrivé depuis la décision de l'UNEF-ID de participer aux élections en 1982. L'AGEPS remporte ces élections avec un score supérieur à celui obtenu en mars 2005 (de 37% des voix en 2005 à 42% en 2007), lorsqu'elle faisait encore partie de l'UNEF.
  • l'AGE de Mulhouse rejoint la Confédération étudiante.

Le Congrès de Lille

Un millier de personnes se réunissent à Lille du 22 au 25 mars pour le 80e Congrès national de l'UNEF, qui se trouve être le Congrès du centenaire. A cette occasion l'organisation célèbre le centenaire de sa création en présence de nombreux anciens dont Lionel Jospin, Clémentine Autain, Isabelle Thomas, etc. L'UNEF interpelle également les candidats à l'élection présidentielle (Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, Dominique Voynet et Ségolène Royal interviennent notamment devant les délégués étudiants du congrès).

La TUUD (Tendance pour une UNEF unitaire et démocratique) remplace la Tendance tous ensemble.

Références

  1. Cécile Hochard, "Étudiants et lycéens dans la guerre et l'Occupation, p. 65, in Jean-Philippe Legois, Alain Monchablon, Robi Morder (coord.), Cent ans de Mouvements étudiants, Collection GERME, Éditions Syllepse, 2005
  2. Biographie de Jean-Marie Le Pen
  3. Fonds UNEF (Union nationale des étudiants de France)
  4. Christine Fauré, Mai 68 jour et nuit.

Articles connexes

Liens externes

  • Tombeau pour l'UNEF (1971/2001) unef.org. site historique à l'initiative d'un groupe d'anciens de cette UNEF à (beaucoup de documents sur la dernière période (dont archives du forum), et grâce à la numérisation d'archives conservées par des anciens adhérents, de plus en plus de choses plus anciennes (textes de congrès, guides de l'étudiant, Nouveau Campus…). Publie aussi les statuts de 1929 et 1969 de la première UNEF, en vigueur officiellement jusqu'en 2001.
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