Honoré d'Estienne d'Orves

Honoré d'Estienne d'Orves
Honoré d’Estienne d’Orves
Monument d'Estienne d'Orves, Paris (détail)
Monument d'Estienne d'Orves, Paris (détail)

Naissance 5 juin 1901
Verrières-le-Buisson, France
Décès 29 août 1941 (à 40 ans)
Suresnes, France
Mort au combat
Origine Drapeau de France France
Arme Marine nationale française
Grade Lieutenant de vaisseau (Capitaine de frégate à titre posthume)
Années de service 1923 - 1941
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Héros de la Résistance (†)
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Hommages Un aviso de la marine nationale (aujourd'hui désarmé). Une station de métro à Paris Trinité - d'Estienne d'Orves

Honoré d’Estienne d’Orves (5 juin 1901 à Verrières-le-Buisson - 29 août 1941 à Suresnes) est un officier de marine français, héros de la Seconde Guerre mondiale, martyr de la Résistance.

Le réseau de renseignement de la France libre, qu'il a dirigé, porte son nom « Estienne d'Orves ».

Sommaire

Biographie

Issu d'une vieille famille légitimiste provençale, le comte Honoré d'Estienne d'Orves naît le 5 juin 1901 à Verrières-le-Buisson. En 1910, il entre à Saint-Louis-de-Gonzague[1], puis rejoint Louis-le-Grand en 1919 pour préparer le concours d'entrée à l'École polytechnique, où il entre en 1921[2]. Parallèlement, il participe au groupement confessionnel catholique des Équipes sociales de Robert Garric[3], avant de s'engager dans l'Action française lycéenne, mais abandonne la politique en entrant à Polytechnique[4]. Sorti de l'École polytechnique en 1923[5], Honoré d'Estienne d'Orves s'engage dans la marine, élève officier à l'Ecole navale. Il participe à la campagne d'application à bord du croiseur école Jeanne d'Arc. Lieutenant de vaisseau depuis 1930, il est affecté en décembre 1939 à bord du croiseur lourd Duquesne, en tant qu'officier d'ordonnance de l'amiral Godfroy[5], commandant la Force X. Cette escadre se trouvant internée à Alexandrie au moment de l'armistice de juin 1940, d'Estienne d'Orves ne se satisfait pas de l'inaction à laquelle il est contraint.

La volonté de continuer le combat

En juillet 1940, avec plusieurs de ses camarades, il tente de rejoindre le général Legentilhomme, commandant supérieur des troupes de la Côte française des Somalis, qui a annoncé son intention de refuser l'armistice[5]. La colonie s'étant finalement ralliée au gouvernement de Vichy en évinçant le général Legentilhomme, d'Estiennes d'Orves décide, en août 1940, de rejoindre l'Angleterre[5].

Il parvient à Londres à la fin de septembre après un long périple autour de l'Afrique et se présente au quartier-général du général de Gaulle. Il est affecté au 2e bureau des Forces navales françaises libres[5].

Mission en France

Le 21 décembre 1940, il est envoyé en mission en France : il fait la traversée de la Manche à bord d'un petit chalutier, accompagné du quartier-maître radiotélégraphiste Georges Marty[5] ; ils sont débarqués à Plogoff (Finistère). Installé à Nantes dans le quartier de Chantenay[5], il organise un réseau de renseignement pour la Bretagne, le réseau Nemrod[5]. Il établit la première liaison radio entre la France occupée et Londres. Du 6 au 19 janvier 1941, il est à Paris, où il séjourne entre autres chez Max André, une connaissance d'avant-guerre, qui accepte, à sa demande, de monter un réseau de renseignement dans la capitale.

Arrestation

À son retour à Nantes, il est trahi par Marty qui est en réalité un agent du contre-espionnage allemand du nom de Gaessler[5]. Il est arrêté le 22 janvier 1941[5], ainsi que les époux Clément, chez qui il se trouvait, et, par la suite, les vingt-trois autres membres du réseau. Les accusés sont transférés à Berlin puis à Paris où, le 23 mai, la cour martiale allemande condamne à mort d'Estienne d'Orves ainsi que huit de ses camarades[5] qui sont transférés à Fresnes. Cependant les condamnés ne sont pas immédiatement exécutés. Ce sursis peut s'expliquer par la volonté du général von Stülpnagel, commandant des forces d'occupation en France, de garder des otages pour une occasion spectaculaire[5]. Il est aussi possible qu'il ait été tenu compte de la forte émotion provoqué par la condamnation d'un officier de marine, au point de susciter l'intervention du gouvernement de Vichy auprès des autorités allemandes[5]. L'amiral Darlan, vice-président du Conseil, intervient, le 25 mai 1941, dans le cadre de ses tractations avec les Allemands concernant les Protocoles de Paris[6], pour demander la grâce de d'Estienne d'Orves à l'amiral Canaris, en proposant en échange la fourniture de renseignements provenant du centre d'écoutes secret des Oudaïas (Rabat), afin que les Allemands soient informés sur les mouvements de la Marine britannique[6] et le 27 mai des militaires français, proches de la Résistance, sont arrêtés, dont André Beaufre, semble-t-il (selon Loustaunau-Lacau[6]) sur instructions de Darlan[6].

Exécution

Proclamation de l'exécution de d'Estienne d'Orves et de ses compagnons par l'occupant.

Le 22 juin 1941, c'est l'entrée en guerre de l'URSS et le 21 août 1941, le résistant communiste Pierre Georges, le futur colonel Fabien, abat l'aspirant d'intendance de la Kriegsmarine Moser au métro Barbès[5]. Le lendemain, les Allemands promulguent une ordonnance transformant les prisonniers Français en otages[5] et le général von Stülpnagel profite de l'occasion pour faire un exemple[5].

En représailles, cent otages seront exécutés dont d’Estienne d’Orves le 29 août 1941 au Mont-Valérien, en compagnie de Maurice Barlier, sous-lieutenant FFL et de Jan Doornik, officier hollandais[5].

Il a laissé un journal où il exalte sa foi patriotique et sa ferveur religieuse, ainsi que des lettres émouvantes à sa famille.

Décorations

Hommages posthumes

Monument à la mémoire d'Estienne d'Orves dans le square d'Estienne d'Orves à Paris.
  • Le grand hall de l'École polytechnique porte son nom.
  • Son nom a été donné à un lieu parisien, square, place et station de métro :
    • La place (carrefour) et le square d'Estienne d'Orves situés devant l'église de la Trinité ; les plaques mentionnant la place débordent sur les rues adjacentes (rue de Clichy, rue Blanche).
    • La station de métro parisien correspondante porte aussi son nom : Trinité - d'Estienne d'Orves, ainsi qu'au parking pour voitures avoisinant, où une plaque de marbre commémorative lui est dédiée.
  • Un aviso de la marine nationale (1976-1999) a porté son nom, en tête d'une série de 17 unités, la classe d'Estienne d'Orves.
  • Louis Aragon lui a dédié, ainsi qu'à trois autres résistants (Gabriel Péri, Gilbert Dru et Guy Môquet, soit deux chrétiens et deux communistes), son poème La Rose et le Réséda, qui contient les célèbres vers : « Celui qui croyait au Ciel/ Celui qui n'y croyait pas ».
  • À Marseille une plazza piétonne à l'italienne appelée aussi Place aux Huiles porte le nom de cours d'Estienne d'Orves.
  • Une rue de l'île de Sein porte son nom, inaugurée par l'amiral Thierry d'Argenlieu en juillet 1955.
  • Le Parc d'Estienne d'Orves est un parc départemental de quinze hectares dans les Alpes-Maritimes[7].
  • La préparation militaire supérieure état-major (PMS état-major) de la Marine nationale, installée à l'École militaire (Paris), porte son nom depuis 2008.
  • Portent également son nom : une place et un quai du Guilvinec, une rue de Suresnes, une rue de Rueil-Malmaison, une rue de Brest, une rue de Colombes (Hauts de Seine), une rue de Fontenay-aux-Roses, une rue de Verrières-le-Buisson, un cours de Nantes, etc.
  • Dans l'enseignement, on trouve le Lycée Honoré-d'Estienne-d'Orves à Nice ; une école primaire portant son nom à Verrières-le-Buisson, sa ville natale.
  • Les auditeurs de la 186e session en région de l'Institut des hautes études de défense nationale (Nantes-Brest-Rennes de septembre à octobre 2011)ont choisi de donner le nom "Honoré d'Estienne d'Orves" a leur promotion.

Notes et références

  1. Honoré d'Estienne d'Orves, pionnier de la Résistance: papiers, carnets et lettres, France-Empire, 1985, 284 pages, p. 18.
  2. Honoré d'Estienne d'Orves, pionnier de la Résistance: papiers, carnets et lettres, 1985, p. }39.
  3. Olivier Forcade, « Les milieux militaires et l'Action française de 1898 à 1940 », in Michel Leymarie, Jacques Prévotat (éd.), L'Action française: culture, société, politique, Presses universitaires du Septentrion, 2008, 434 pages, p. 125 (ISBN 9782757400432).
  4. Michèle et Jean-Paul Cointet, Dictionnaire historique de la France sous l'occupation, Paris Tallandier, 2000, p 286.
  5. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p et q « Honoré d'Étienne d'Orves », sur le site cheminsdememoire.gouv.fr.
  6. a, b, c et d Marc Ferro, Pétain, éd. Fayard, Paris, 1987, 789 p. (ISBN 2213018332 et 978-2213018331) ; rééd. Hachette littérature, coll. « Pluriel », Paris, 2009, 789 p. (ISBN 978-2-01-270518-0), p. 318-319.
  7. « Estienne-d'Orves ouvre ses 15 hectares au public », Nice-Matin, 29 juin 2008. Consulté le 11 décembre 2009.

Bibliographie

  • Présenté par Pierre de Bénouville, La Vie exemplaire de d'Estienne d'Orves, éditions de Crémille, coll. « Histoire de la Résistance ».
  • Étienne de Montety, Honoré d’Estienne d’Orves, un héros français, éd. Perrin, 2001 (existe en poche dans la collection « Tempus »).
  • Rose et Philippe Honoré-d’Estienne d’Orves, Honoré d’Estienne d’Orves, pionnier de la Résistance, éd. France-Empire.
  • « Honoré d'Estienne d'Orves », dans Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, 2010. (Notice sur le site de l'ordre de la Libération)

Voir aussi

Lien interne

Liens externes


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