Ioánnis Kapodístrias

Ioánnis Kapodístrias
Ioánnis Kapodístrias

Ioánnis Kapodístrias (en grec : Ἰωάννης Καποδίστριας / Ioánnis Kapodístrias ; en français : Jean Capo d'Istria ; en italien : Giovanni Capo d’Istria, et en russe : граф Иоанн Каподистрия / Ioann Kapodistria), comte Kapodístrias (ou Capo d'Istria), est né à Corfou, dans ce qui était alors une dépendance de Venise, le 11 février 1776, et est mort assassiné à Nauplie, en Grèce, le 9 octobre 1831. Homme d'État, il est tour à tour membre du gouvernement de la République des Sept-Îles (1802-1807), diplomate au service de l'Empire russe (1808-1815), ministre des Affaires étrangères du tsar Alexandre Ier (1816-1822) et gouverneur de la Grèce indépendante (1827-1831).

Sommaire

Famille

Ioannis Kapodístrias est issu d'une famille noble inscrite au Libro d'Oro des Îles ioniennes et originaire de Capo d'Istria, en actuelle Slovénie.

Son père est le comte Antoine-Marie Kapodistrias et sa mère appartient à une autre famille noble, les Gonemis. Il a quatre frères : Viaro, Jean, Augustinos et Georges.

Biographie

Jeunesse

Ioannis Kapodistrias naît à Corfou (Kerkyra) dans les Îles Ioniennes, alors qu'elles appartiennent encore à la République de Venise. Comme son père, il fait des études de médecine, de philosophie et de droit, d'abord à Corfou puis à Padoue, comme l'y obligeait un décret du Sénat vénitien.

Âgé de 21 ans, en 1797, il s'installe comme médecin sur son île natale. En 1799, lorsque les troupes russes reprennent Corfou aux Français, il devint directeur de l'hôpital militaire.

Gouverneur des Îles Ioniennes

Article connexe : République des Sept-Îles.

En 1801, les Îles Ioniennes deviennent indépendantes sous le nom de République des Sept-Îles. Kapodistrias entre alors au gouvernement du nouvel État et y reste de 1802 à 1807. Dès son arrivée aux affaires, il calme, par sa simple présence et ses discours, une rébellion à Céphalonie. Sachant écouter la population, il initie une révision des institutions de la République allant dans le sens d'une démocratisation de la Constitution Byzantine imposée par les Russes et les Ottomans.

À cette époque, les qualités de Kapodistrias sont remarquées par les fonctionnaires russes présents dans l'archipel. En 1808, il est donc invité par Saint-Pétersbourg à rejoindre la diplomatie du tsar[1].

Ambassadeur du tsar

En novembre 1813, Kapodistrias est nommé ambassadeur non officiel de l'Empire russe dans la Confédération helvétique. Il est alors chargé d'aider le pays à se soustraire à l'influence napoléonienne.

Membre de la délégation russe au Congrès de Vienne, il n'a ensuite de cesse de garantir l'unité, l'indépendance et la neutralité de la Suisse dont il a contribué à rédiger la constitution. Une fois l'indépendance du pays reconnue, il favorise également l'intégration de la république genèvoise dans la Confédération des XXII cantons et il contribua à la reconnaissance du Canton de Vaud au sein de la jeune Confédération. En signe de remerciement, le Canton de Vaud lui accorda en 1816 la première citoyenneté d'honneur et la Ville de Lausanne la première bourgeoisie d'honneur, la Ville de Genève fit de même.

En 1815, Kapodistrias est également plénipotentiaire de la Russie lors de la signature du traité de Paris.

Ministre des affaires étrangères du tsar

De 1816 à 1822, Kapodistrias est ministre des affaires étrangères du tsar Alexandre Ier de Russie. Il doit cependant quitter la diplomatie impériale à cause de la guerre d'indépendance grecque, en 1822.

Gouverneur de Grèce

Exilé, Kapodistrias retourne en Suisse et se réfugie à Genève. Il soutient alors la cause des Grecs lors de leur insurrection contre l'Empire ottoman. Il ne prend cependant pas les armes, alors même que ses frères Viaro et Augustinos sont membres de la Filikí Etería.

En 1827, il est toutefois désigné kivernitis (κυβερνήτης), c'est-à-dire gouverneur du jeune État grec indépendant par l'Assemblée de Trézène. Après avoir parcouru l'Europe pour obtenir des soutiens pour la Grèce, il débarque à Nauplie en janvier 1828. C'est alors la première fois de sa vie qu'il met le pied en Grèce continentale. Il s'installe avec son gouvernement à Égine qui devient ainsi la première capitale de l'État grec.

Kapodistrias est très vite découragé par la situation dans laquelle se trouve le pays. Le conflit des factions, qui a commencé dès les débuts de la Guerre d'indépendance, se poursuit. Surtout, la Grèce est ruinée et en faillite. Ce n'est que grâce au soutien de nombreux mécènes philhellènes que l'État parvient à survivre.

Très grand ami du banquier genevois Jean-Gabriel Eynard, qui donne beaucoup à la cause des insurgés, Kapodistrias est introduit dans les milieux philhellènes de l'Europe, et aussi dans le milieu genevois, où de nombreux amis de la Grèce lui inspirent sa future réforme de l'éducation. Dans ce domaine, il projette de se baser sur les idées de Rousseau.

Kapodistrias lance un grand programme de modernisation du pays. Il met fin à la guerre civile, instaure le système de la quarantaine, qui va permettre de lutter contre les épidémies de typhoïde et de choléra. Il introduit la culture de la pomme de terre en Grèce et emploie tout son pouvoir à rétablir l'ordre et la prospérité.

Mais, cherchant à lutter contre les divers chefs de clans, héritiers des klephtes, il se heurte au capétan du Magne Petrobey Mavromichalis, contre lequel il demande l'aide des troupes russes et qu'il fait mettre en prison au printemps 1831. En juillet, il est confronté à une insurrection des insulaires d'Hydra, aboutissant début août au sabordage de la flotte grecque à Poros par l'amiral Miaoulis.

Assassinat et succession

Il est assassiné le 27 septembre (9 octobre) 1831 sur les marches de l'église Saint Spyridon de Nauplie, par le frère et le fils de Petrobey Mavromichalis, Constantin et Georges.

Son jeune frère Augustinos lui succède brièvement à la tête de la Grèce, ouvrant une nouvelle période d'anarchie.

Postérité

Source partielle

Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Ioánnis Kapodístrias » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878  (Wikisource)

Références

  • Fabrizio Frigerio, "Capodistrias, Jean-Antoine", in: Schweizer Lexikon, Mengis & Ziehr Ed., Luzern, 1991-1993, t.1, p. 817-818.
  • Stella Ghervas, « Le philhellénisme russe : union d’amour ou d’intérêt ? », in Regards sur le philhellénisme, Genève, Mission permanente de la Grèce auprès de l’ONU, 2008.
  • Stella Ghervas, Réinventer la tradition. Alexandre Stourdza et l'Europe de la Sainte-Alliance, Paris, Honoré Champion, 2008. ISBN 978-2-7453-1669-1
  • Stella Ghervas, « Spas' political virtues : Capodistria at Ems (1826) » in Analecta Histórico Médica, IV, 2006 (with A. Franceschetti).

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Notes

  1. David Brewer, The Greek War of Independence. The Struggle for Freedom from Ottoman Oppression and the Birth of the Modern Greek Nation., The Overlook Press, New York, 2001. (ISBN 1585673951), p. 31.

Liens externes


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