Jacques-Guillaume Legrand

Jacques-Guillaume Legrand
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Jacques-Guillaume Legrand (1743 - 10 novembre 1808) était historien de l'architecture français .

Sommaire

Réalisations

Avec son ami et associé Jacques Molinos, il édifia la coupole en charpente de la Halle aux blés (dont est issue l'actuelle Bourse de commerce de Paris), qui démontrait les qualités de la charpente à petits bois conçue par Philibert de l'Orme au XVIe siècle (1782-1783). Cette réalisation fut très admirée, notamment par Thomas Jefferson, alors ministre des États-Unis à Paris. Sur le même principe, les deux architectes construisirent ensuite la Halle aux draps (1786, détruite en 1855). Sur la fin du XVIIIème siècle, le prince François-Xavier de Saxe l'employa pour faire des rénovation en son château de Chaumot.

En 1785, Legrand et lui visitèrent l'Italie. De retour à Paris, il épousa le 28 avril 1789 Marie-Joséphine Clérisseau, fille du peintre Charles-Louis Clérisseau, Molinos étant l'un de ses deux témoins de mariage. Tous deux construisirent en 1789 pour eux-mêmes deux immeubles rue Saint-Florentin où ils installèrent un « musée de l'ordre dorique ».

Molinos et Legrand réaménagèrent également l'hôtel Marbeuf, 31 rue du Faubourg-Saint-Honoré, célèbre pour le raffinement de sa décoration polychrome dans le goût de l'Antiquité (détruit), et construisirent le Théâtre Feydeau pour la Comédie-Italienne (1789-1790, détruit) et la mairie d'Auteuil, en forme de temple grec (1792).

Legrand est réputé avoir contribué à la conception d'une villa aux États-Unis, Gore Place à Waltham, Massachusetts, bâtiment emblématique du style fédéral, construite pour Rebecca Amory Payne et son mari Christopher Gore, sénateur et gouverneur de l'État (1805).

Biographie

Jacques-Guillaume Legrand naquit à Paris le 9 mai 1768. Après avoir fait ses études au collège de Louis-le-Grand, il entra dans l'École des Ponts-et-Chaussées, où se signalant par des dispositions peu communes, il fixa l'attention de Perronnet, fondateur de cet établissement. Très jeune encore, il dut à ses succès rapides l'inspection des travaux du pont de Tours, et justifia la confiance de ceux qui lui avaient fait obtenir cet emploi. Ce fut à cette époque que Legrand, inspiré par l'amour des arts, se livra au goût dominant qui le portait surtout vers l'étude de l'architecture. Blondel, professeur de l'académie, guida ses premiers pas dans cette vaste carrière ; Legrand suivit ses leçons, toutefois sans abandonner les Ponts-et-Chaussées : son esprit était capable d'embrasser ces deux arts à la fois. Ce fut à l'école de Blondel que s'établit entre Legrand et M. Molinos, dont les noms ont été depuis comme inséparables, cette heureuse intimité qui ne s'est jamais démentie , et dont l'influence s'est fait sentir dans toutes les circonstances de leur vie et de leurs travaux. Après la mort de Blondel, Legrand suivit les leçons de M. Clérisseau, qui sachant apprécier les talents et les qualités morales de son élève, se l'attacha par des liens indissolubles, en l'unissant à sa fille.

Il manquait à Legrand d'avoir vu l'Italie ; il en avait depuis longtemps communiqué le projet à M. Molinos. Ces deux amis firent enfin, d'un commun accord, ce voyage tant désire, objet de l'ambition de tous les artistes. Ils étaient déjà liés de travaux et de fortune, et avaient fait exécuter ensemble la coupole de la Halle-au-Blé, selon les principes de Philibert Delorme : cet essai, suivi du plus heureux succès, avait commencé leur réputation.

Arrivé sur le sol d'Italie, Legrand ne négligea rien de ce qui pouvait satisfaire sa noble curiosité et rendre son voyage instructif. Plein d'un esprit observateur, préparé d'avance à la vue des monuments qu'il venait examiner le Desgodets à la main, il en mesura plusieurs, en moula les détails les plus importants, et consigna ses remarques sur le livre même, dont il rectifia quelques erreurs. Cette opération était d'autant plus importante, qu'elle eût servi pour une édition nouvelle et correcte de cet ouvrage. Un abus de confiance fit perdre à Legrand le prix de son travail, qu'un autre s'est approprié depuis, en transcrivant sur son propre exemplaire ces notes précieuses dont il se fait passer pour être l'auteur.

Après avoir visité les temples de Pæstum, Legrand, toujours accompagné de M. Molinos, allait porter ses pas dans la grande Grèce, lorsqu'un ordre supérieur le rappela en France. De retour à Paris, il n'a cessé, pendant vingt années, de s'occuper des travaux de l'architecture, soit pour le gouvernement, soit pour des particuliers, et de suivre en même temps sont goût naturel pour l'érudition et la critique de l'art. Il a laissé, dans l'un et l'autre genre, des monuments d'habileté, de goût et de sagacité : nous les indiquerons succinctement à la fin de cette notice.

Le ministre de l'intérieur, plein de confiance dans ses lumières et sa probité, lui confia la restauration des monuments de Paris ; dans le même temps, le préfet du département l'agrégea au comité qui remplace actuellement la chambre des bâtiments, chargée de surveiller les constructions, et le nomma inspecteur en chef de la deuxième section des travaux du département : Legrand remplit ces diverses fonctions avec autant de zèle que d'intégrité.

Chargé depuis environ deux années, par le ministre de l'intérieur, de restaurer l'église de Saint-Denis et d'y rétablir la sépulture des rois, il était allé s'installer sur les lieux mêmes pour se livrer entièrement à cette entreprise ; mais il consulta plus son ardeur que ses forces physiques : usé par une multiplicité de travaux de toute espèce qu'il ne savait pas refuser, il fut victime de son zèle. Une mort prématurée, suite d'une maladie de langueur, lui a ravi la gloire de rendre à la France un de ses plus chers monuments. Il est mort à Saint - Denis le 10 novembre 1808. Il avait désiré que ses restes mortels fussent transportés dans la commune d'Auteuil, résidence habituelle de la famille de son épouse; les ouvriers des bâtiments de Saint - Denis se disputèrent l'honneur de porter son corps, et l'accompagnèrent, à pied, depuis Saint - Denis jusqu'au cimetière d'Auteuil. Avant le transport, un de ses amis, M. Quatremère de Quincy, membre de l'Institut, prononça sur son cercueil un discours concis et touchant.

Aussi désintéressé qu'il était modeste, obligeant, laborieux, Legrand ne s'occupa point assez de sa fortune. Il laisse un nom irréprochable, une réputation fondée sur des talents et des vertus.

La vie active de Legrand se partage en travaux de son art et en travaux littéraires. Les derniers n'appartiennent qu'à lui seul, les premiers ont été pour la plupart exécutés en communauté avec M. Molinos. Ce sont, outre la coupole de la Halle-au.Blé que nous avons citée précédemment : l'établissement du Marché des Innocents, le transport et la restauration de la fontaine décorée par J. Goujon ; la restauration de la Halle-aux-Draps d'après la méthode de Philibert de l'Orme ; l'établissement de la Cale où l'on construit les vaisseaux à Brest ; le Théâtre Feydeau ; la restauration de la décoration intérieure de l'hôtel Marbœuf ; le projet d'un salle pour l'assemblée législative, dans l'église de la Madeleine, et dont les désordres civils empêchèrent l'exécution , etc.

Les arts doivent à Legrand plusieurs ouvrages littéraires. Il avait entrepris une Histoire générale de l'Architecture, ou Comparaison des Monuments de tous les âges chez les différents peuples ; ce travail immense, fruit de longues études, devait former au moins trente volumes, et eût été peut-être l'ouvrage le plus propre à répandre les connaissances de l'art ; malheureusement il est resté manuscrit et incomplet : l'auteur en avait donné, antérieurement, un aperçu dans un ouvrage peu étendu qu'il avait rédigé pour servir de texte aux planches du Parallèle des Édifices anciens et modernes, par M. Durand, professeur d'Architecture de l'École Polytechnique.

Legrand a fourni la Nomenclature des Antiquités de la France[1], publiée par M. Clérisseau, son beau-père ; une traduction nouvelle du Songe de Polyphile ; le texte d'un recueil de monuments d'architecture grecque, publié sous le titre de Galerie Antique ; celui de la Description de Paris et de ses Édifices, etc.

Principales réalisations

Publications

Notes et références

  1. Cet ouvrage se trouve également chez L. Ch. Soyer.

Source

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